SARCOMES DES PARTIES MOLLES :

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SARCOMES DES PARTIES MOLLES :
CE QUE DOIT REPONDRE LE RADIOLOGUE
R Latib, L Jroundi, F El ounani, I Ennafaa, I chami, N Boujida
Service de radiologie, Institut National d’oncologie, Rabat
INTRODUCTION
ƒ Sarcomes des PM: groupe hétérogène de lésions
dérivant du tissu mésodermique comprenant les tissus
musculaire, adipeux, vasculaire et nerveux.
ƒ Dénommées en fonction de de la différenciation
tumorale.
ƒ Lésions agressives : pronostic dépend d’un traitement
rigoureux
ƒ Imagerie : IRM indispensable pour le diagnostic,
l’extension locale et le suivi post thérapeutique
EPIDEMIOLOGIE
ƒ Tumeurs rares : 1 % des lésions malignes
100 fois moins fréquentes que les tumeurs bénignes
lncidence annuelle : 3 à 8/100000 selon l’âge
ƒ Localisations principales :
Membres inférieurs (35 %),
Tronc et racine des membres (30 %)
Membres supérieurs (20 %)
Rétropéritoine: 10 %
ƒ Fréquence selon l’âge :
40% chez les sujets de > 55 ans
15% chez l’enfant < 15 ans
ƒ Types fréquents : Histiocytofibrome malin,
liposarcome
Léiomyosarcome
HISTOLOGIE
Grande hétérogénéité : 70 types et sous types recensés
„ 50% tissu identifiable :
‡
‡
‡
‡
„
45% tissu peu différencié :
‡
„
Tumeur adipeuse
T. muscul. lisse ou striée
T. synoviale
T. nerveuse
Tumeur fibro-histiocytaire et inclassables
5% type histologique particulier :
‡
‡
‡
T. épithélioïde
Sarcomes alvéolaire, à cellules claires
Sarcome d’Ewing extra squelettique
ETIOPATHOGENIE
¾
Pas d’étiopathogénie connue
¾
Certains facteurs de risque :
„
Lymphoedème chronique : angiosarcome
„
Irradiation : sarcome radio-induit 10-15 ans, 1-2/1000 patients.
histiocytofibrome malin, rhabdomyosarcome
„
Exposition professionnelle : Pesticides
„
Maladie de Recklinghausen
Modes de progression tumorale
ƒ Croissance tumorale locale:
- Souvent longitudinale de proche en proche
- Caractère invasif MAIS respecte le plus souvent l’os et les barrières
anatomiques
ƒ Diffusion métastatique :
pulmonaire par voie hématogène
ƒ Extension ganglionnaire:
rare sauf dans quelques entités
ƒLes aponévroses superficielles ou musculaires
• Barrières efficaces contre l’extension tumorale.
•Délimitent des compartiments musculaires: groupe musculaire limité
par une cloison commune et ayant la même fonction .
• Notion de lésion Compartimentale
Extra-compartimentale : chirurgie délicate
Risque métastatique élevé
• Masses des espaces non clos( creux axillaire, poplité, sus claviculaire…): extra
compartimentales
Au niveau des membres supérieurs:
Bras: Compartiment antérieur
Compartiment postérieur
Avant bras: Compartiment ventral
Compartiment dorsal
E. Robinson, Radiographics. Nov-Dec 2008,
Vol28,N°7,P 2069-85
Au niveau des membres inférieurs:
Cuisse: Compartiment antérieur
Compartiment médial
Compartiment postérieur
Jambe: Compartiment antérieur
Compartiment latéral
C. post superficiel
C. post profond
CLINIQUE
ƒ Masse indolore et longtemps peu évolutive +++
ƒ Modifications
cutanées
ƒ Brusque augmentation volume tumoral: hémorragie
ƒ Examen clinique:
palpation+/Nodules multiples: rares
Adénopathies
ATTENTION : traumatisme pas toujours = hématome
Pourquoi il est fondamental de diagnostiquer un
sarcome devant une masse des parties molles ?
ƒ Une chirurgie optimale est seule garante d’un bon pronostic
ƒQualité de l’exérèse: facteur pronostique majeur de contrôle
local déterminant le risque de récidive, de dissémination
métastatique et donc de survie globale.
ƒExérèse radicale : Récidive locale à 5 ans de 5 à 10 %.
Exérèse marginale ou intratumorale : Récidive > 90 %.
ROLE DE L’IMAGERIE
ƒ Prise en charge adaptée :
•
•
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
Ne pas surtraiter une lésion bénigne
Proposer un traitement adapté si sarcome
Diagnostic positif
Eléments pronostiques
Bilan d’extension
Surveillance post thérapeutique
BILAN INITIAL
Objectifs:
Sélectionner les lésions potentiellement malignes
Nécessitant un bilan d’extension local par IRM et un avis
spécialisé
2 examens indissociables: Radiographie standard
échographie-doppler
⇒
2 éléments essentiels: Profondeur
Taille
Radiographies standards
„
Eliminer :
• Pseudomasse (exostose, cal osseux hypertrophique)
• Lésion osseuse à extension dans les parties molles
• Etiologies dégénérative, inflammatoire, articulaire
„
Rechercher une atteinte osseuse par contigüité
„
Déterminer les composantes tumorales :
•
•
Zones radio-claires: liposarcome
Calcifications: synovialosarcome, chondrosarcome, sarcome
épithéloide…
Radiographies standards
∗
∗
Liposarcome
rétropéritonéal :opacité
gauche refoulant les
anses digestives
Liposarcome de la cuisse droite :
opacité de la loge interne
effaçant et refoulant les fascias
graisseux intermusculaires
ostéosarcome de la cuisse
gauche: Calcifications
multiples des parties molles
Echographie et Echo-doppler
ƒ Examen de première intention
ƒ Très sensible mais peu spécifique
(sarcomes < 3 cm)
ƒRôle :
• Différencier les lésions solides ou
liquides
• Taille : < 3cm: bénigne (93%)
> 5cm: maligne (70 à 75%)
• siège /à l’aponévrose superficielle :
superficielle ou profonde
sarcome de la fesse droite : masse
hypoéchogène hétérogène polylobée
superficielle
Echographie et Echo-doppler
Localisation/ aponévrose superficielle :
Lésion superficielle:
cutanée, sous cutanée et fasciale
Lésion profonde ou sous aponévrotique:
intra ou inter musculaire.
Bénigne
Maligne
Echographie et Echo-doppler
ƒAnalyse en mode couleur.
Signes de malignité
Existence de > 3 vaisseaux,
Variabilité de calibre
Distribution anarchique des vaisseaux au sein d’une lésion
ƒAnalyse spectrale: 2 types de flux doppler peuvent coexister
Haute résistance (shunt artérioveineux)
Basse résistance (shunt capillaire).
Indice de résistance de 0,5 ++: spécificité 91%
Mais l’absence de Vx n’exclut pas la malignité
Au terme de ce bilan initial, 2 situations :
Lésion superficielle < 3cm non typiquement bénigne →
biopsie exérèse + étude histologique
Lésion profonde ou lésion superficielle > 3 cm non
typiquement bénigne → une IRM est indiquée
Imagerie par résonance magnétique +++
ƒExamen de référence
ƒDifférencier Lésion bénigne/maligne +++: Sensibilité 93%
spécificité 82%
ƒCaractérisation Lésionnelle +/ƒTechnique de base :
- Coupes axiales en séquence pondérée T1
- Coupes T2 dans deux plans orthogonaux, de préférence Fat/Sat
- Coupes en T1 gadolinium
Imagerie par résonance magnétique
Intérêt :
Séquences T1 sans
saturation de graisse
- étude anatomique surtout
pour l’extension
vasculonerveuse : disparition
du liséré graisseux de sécurité
- Composition tumorale:
graisseuse, hématique ou
mélanique..
Leiomyosarcome: masse en
hyposignal hétérogène T1
refoulant l’axe vasculaire
Synovialosarcome de la cheville : masse en
hyposignal T1 envahissant La corticale
osseuse en regard
Imagerie par résonance magnétique
Intérêt :
Séquences T2
- Taille, localisation, limites
- Caractérisation lésionnelle
- Recherche d’autres lésions associées
Imagerie par résonance magnétique
Injection de chélates de gadolinium:
ƒ Différentier les zones nécrotiques
des zones solides∗.
ƒ Etudier l’angiogenèse tumorale à la
recherche de signes de malignité
ƒ Apprécier l’extension aux
structures vasculaires.
ƒ Guider la biopsie sur les zones
actives.
∗
Imagerie par résonance magnétique
Recherche de critères de malignité:
‡
Analyse morphologique
ƒ Taille: grand axe de > 5 cm
ƒ Forme: lobulations
ƒ Contours: pseudocapsule en
hyposignal T2 → faussement
rassurant
ƒ Œdème péritumoral
ƒ Hémoragie intratumorale +++
ƒ Extension locorégionale( vx,
nerfs, articulations) : rare mais
très en faveur de malignité
Dermatofibrosarcome lombaire:
volumineuse masse polylobée de signal
hétérogène
Imagerie par résonance magnétique
Recherche de critères de malignité:
‡
Prise de contraste:
„
„
„
‡
Précoce (< 6 s ): sensibilité de
91 % et spécificité de 72 %
De longue durée ou en légère
décroissance (wash out)
Périphérique (sensibilité: 96 %
et VPP: 94 %)
Spectro-IRM:
Pic de choline++: marqueur de
prolifération cellulaire
Imagerie par résonance magnétique
Caractérisation lésionnelle:
- Fiabilité ne dépasse pas les 50 %
- Confrontation : Age, topographie, composition tumorale
- Histiocytofibrome Malin: nécrose et hémorragie
calcifications ponctuées
- Liposarcome: contingent adipeux en hyper T1 et T2,
s’effaçant au Fat/sat
- Synovialosarcome: masse bien limitée
septas
niveaux liquide/liquide
AU TOTAL:
Un compte rendu d’IRM doit préciser:
- La Taille : > ou < 5 cm
- La localisation: Compartimentale/extracompartimentale
- Les composantes intra tumorales: surtout NECROSE
- Les rapports vasculaires, nerveux et ostéo-articulaires
Et La tomodensitométrie ?
Performances restent inférieures à l’IRM pour l’étude locorégionale
ƒIndications:
bilan d’extension (scanner thoracique)
biopsie de la tumeur
IRM contre-indiquée ou indisponible
ƒLimites: Mauvaise délimitation tumorale /aux structures musculaires et fascias,
Différencier les différentes composantes intratumorales
ƒTechnique:
Coupes sans injection: calcifications intratumorales, atteinte osseuse
Coupes après injection multiphasique : localisation, taille, extension
Tomodensitométrie
Processus étendu de la cuisse gauche, à composante liquidienne
prédominante, avec des septas
et des calcifications
Tomodensitométrie
Ostéosarcome : masse calcifiée avec réaction osseuse adjacente
extension aux tissus cutané et sous cutané
et
Tomodensitométrie
Sarcome d’Ewing : Processus fessier
droit avec lyse osseuse et extension
endopelvienne
Liposarcome myxoïde: masse tissulaire
hétérogène postéro-interne venant au
contact de l’axe fémoral
TDM de la cuisse droite en coupe axiale et reconstructions sagittale et coronale oblique:
doubles lésions postérieures superficielles fortement rehaussées, avec infiltration de la
graisse sous cutanée adjacente
BILAN D’EXTENSION
‡
Le parenchyme pulmonaire:
Site métastatique préférentiel (20 à 38%)
Surtout pour les sarcomes à haut grade
TDM thoracique:
Lésions de 2 à 5 mm
Sensibilité >> Rx standard (1 cm)
Spécificité: médiocre
nodule isolé: contrôle à 4–6 semaines
Pet scan: plus spécifique que TDM thoracique
BILAN D’EXTENSION
Rhabdomyosarcome: localisations secondaires pulmonaires multiples
BILAN D’EXTENSION
‡
Dissémination ganglionnaire:
Peu fréquentes : 5 %
Certains types histologiques : sarcome épithélioïde, à cellules claires,
rhabdomyosarcome
Synovialosarcome de la cheville:
Volumineuse adénopathie inguinale
gauche
Suivi post-thérapeutique
1/3 patients traités → Récidive:
locale/ métastatique (pulmonaire ++)/ les 2.
‡ 80 % des cas: 2 premières années
‡ 9 % des cas: récidives tardives
‡
Quel examen : Echographie ou IRM ?
Suivi post-thérapeutique
‰
Échographie: Fiabilité variable
‡
‡
Bonne: si masse vascularisée → biopsie percutanée
Faible: si Remaniements cicatriciels post opératoires
et post radiques
Suivi post-thérapeutique
‡
Imagerie par résonance magnétique +++
ƒ
Aspects post-thérapeutiques
‡
‡
cicatrices : hyposignal en T1 et T2 , parfois
nodulaire.
d l i
collections postopératoires: aspect hétérogène en T1
et T2 +/- prise de contraste périphérique non
nodulaire
Récidive à l’IRM
Syndrome de masse hypersignal T2
injection dynamique du PC
Pas de prise de contraste
surveillance rapprochée
/ biopsie percutanée.
Prise de
contraste rapide + précoce
récidive
IRM du bras gauche en coupes sagittales T1 et T2 et axiale T1 gado: Récidive tumorale
en isosignal T1 et hypersignal T2, rehaussé intensément après gadolinium
TDM abdominale: Progression évolutive d’un liposarcome rétro péritonéal
Biopsie d’un sarcome des PM+++
- Indispensable pour le diagnostic positif
- Biopsie exérèse chirurgicale: lésions superficielles de < 3cm
- Biopsie écho ou scanno-guidée :
lésion profonde
Lésion superficielle > 3cm
- Respecter certaines règles: Eviter les contingents nécrosés
Marquer le trajet biopsie
CONCLUSION
L’imagerie joue un rôle primordial:
„
Initialement : Eléments topographiques et sémiologiques
en faveur d’un sarcome : IRM +++
prise en charge diagnostique (biopsie) et thérapeutique
optimale.
„
Après traitement : détection précoce des récidives locale
ou à distance.
BIBLIOGRAPHIE
- S. Taieb, L. Ceugnart , H. Gauthier , N. Penel , L.Vanseymortier. Sarcomes
des tissus mous des extrémités. Rôle de l’imagerie dans la prise en charge
initiale. Cancer/Radiothérapie 10 (2006) 22–33
- M. van Vliet, M. Kliffen, G. P. Krestin, C. F. van Dijke .Soft tissue sarcomas
at a glance: clinical, histological, and MR imaging features of malignant
extremity soft tissue tumors . European Radiology,2009, vol. 19, 6, pp. 14991511
- E. Robinson, R. Bleakney,P. Ferguson,B. O’Sullivan, Oncodiagnosis Panel:
2007 Multidisciplinary Management of Soft-Tissue Sarcoma. Radiographics.
Nov-Dec 2008, Vol28,N°7,P 2069-85
- MJ. Kransdorf,MD. Murphey.Radiologic Evaluation of Soft-Tissue Masses
A Current Perspective AJR 2000; 175:575-587.
-D. Vanel, F. Bidault, S. Bonvalot, C. Le Pechoux, P. Terrier, A. Le Cesne.
Imagerie des sarcomes des tissus mous. Oncologie (2007) 9: 97–101
Test d’évaluation
1- Les sarcomes des parties molles :
A- représentent 50 % des lésions malignes
B- Epargnent l’enfant et l’adolescent
C- se manifeste par une masse indolore
D- sont 100 fois plus rares que les lésions bénignes
2- Dans le bilan d’une masse des parties molles:
A- La radio standard et l’échographie constitue le bilan initial
B- La TDM est l’examen de base
C- L’IRM est indiquée pour toute lésion profonde ou non typiquement
bénigne
D- La biopsie pose le diagnostic
Test d’évaluation
3- Les critères de malignité à l’IRM :
A- une taille < 5 cm
B- la présence d’une hémorragie intratumorale
C- Un rehaussement tardif
D- Un œdème péritumoral
2- Le suivi d’un sarcome des parties molles:
A- L’échographie est suffisante
B- L’injection dynamique de gadolinium est indispensable
C- La récidive se manifeste par un nodule en hyposignal T1 et T2
D- La récidive est toujours locale
REPONSES
1- C,D
2- A, C, D
3- B,D
4- B, D
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