Les maladies infectieuses et le passage des barrières d’espèces La Fondation pour la Recherche Médicale attribue son soutien à neuf équipes de recherche Communiqué Paris, le 14 décembre 2009 La Fondation pour la Recherche Médicale (FRM) vient de sélectionner neuf recherches, dans le cadre de son appel à projets « Mécanismes de l’émergence des maladies infectieuses et coévolution hôte pathogène » lancé en 2009. Ces recherches seront financées pendant 3 ans pour un montant total de 2 381 555 €. Elles ont été sélectionnées parmi 170 demandes reçues à l’origine. La finalité de cet appel à projets est de disposer des armes qui permettront de contrôler les épidémies. L’amélioration des connaissances sur les mécanismes d’émergence ou d’évolution des agents pathogènes - qu’il s’agisse d’agents bactériens (méningocoque, pneumocoque…), viraux (Chikungunya, Dengue, Ebola…) ou parasitaires (plasmodium falciparum...) - est indispensable pour développer des stratégies thérapeutiques contre les maladies infectieuses qui tuent 17 millions de personnes chaque année dans le monde. La Fondation pour la Recherche Médicale a lancé début 2009 un appel à projets auprès de l’ensemble des laboratoires publics de recherche français, ciblé sur 3 axes innovants : - les bases moléculaires des interactions hôte pathogènes - les mécanismes évolutifs qui expliquent les passages des barrières d’espèces - le transfert d’information génétique aboutissant à l’émergence ou à la résistance d’agents pathogènes pour l’homme. Le Comité de pilotage de cet appel à projets était présidé par le Pr Philippe Sansonetti, membre de l’Académie des sciences, professeur au Collège de France et directeur de l’unité de pathogénie microbienne moléculaire, à l’Institut Pasteur à Paris. Les projets retenus Ulcère de Buruli : identifier les sujets à risque devant bénéficier d’un vaccin Alexandre Alcaïs, laboratoire de génétique humaine des maladies infectieuses, hôpital Necker, Paris L’ulcère de Buruli, troisième mycobactériose après la tuberculose et la lèpre, fait partie des maladies tropicales les plus négligées, alors qu'il peut être traité. La bactérie causale produit une ulcération cutanée massive, pouvant s’étendre aux tendons, aux articulations et aux os. Environ 25% des patients traités, en particulier les enfants, présentent des difformités dramatiques conduisant à de graves handicaps. Son incidence est en large augmentation. L’objectif de ce programme de recherche est d’identifier les sujets à risque devant bénéficier en priorité d’un vaccin. Soutien accordé par la FRM au projet : 296 000 € Infections graves par le pneumocoque et défauts génétiques de l’immunité innée Capucine Picard, laboratoire de génétique humaine des maladies infectieuses, hôpital Necker, Paris Le pneumocoque est une bactérie dont le portage asymptomatique est fréquent chez l’enfant, mais qui est parfois responsable d’infections graves (méningites et septicémies). Seule une minorité des infections invasives à pneumocoque de l’enfant sont expliquées par des facteurs de risque connus (déficit immunitaire, fistule cérébro-méningée). Ce projet de recherche vise à caractériser de nouveaux types de déficits immunitaires héréditaires, en particulier des défauts de l’immunité innée, qui pourraient être liés à certaines de ces infections invasives. Soutien accordé par la FRM au projet : 288 000 € Méningites aigues : mécanismes de survenue à partir de colonies non invasives du nasopharynx Xavier Nassif, unité de pathogénie des infections systémiques, hôpital Necker, Paris Neisseria meningitidis est une bactérie du nasopharynx, le plus souvent non pathogène, retrouvée dans 5 à 15 % de la population, mais qui, dans certaines circonstances, peut être responsable de redoutables méningites et/ou de septicémies. Les causes de l’apparition de cette virulence sont inconnues. En comparant les souches isolées chez des malades et des porteurs asymptomatiques, il a été montré qu’un phage (ou virus bactérien) filamenteux était très souvent présent au sein des souches de patients. Le but du projet est d’identifier les mécanismes par lesquels ce phage augmenterait le risque du passage à un état virulent. Soutien accordé par la FRM au projet : 225 000 € Virus de la Dengue : mécanismes de l’infection et implications thérapeutiques Ali Amara, laboratoire « pathologie et virologie moléculaire », hôpital St Louis, Paris Les infections par les flavivirus (dont le virus de la Dengue) qui sont transmis à l’homme par des moustiques, sont responsables de pathologies sévères (fièvres hémorragiques, encéphalites) pour lesquelles aucun traitement n’est actuellement disponible. L’objectif du projet consiste à identifier les stratégies mises en place par ces virus pour infecter les cellules humaines et de moustiques. Ceci permettra d’apporter les bases conceptuelles indispensables pour le développement de nouvelles approches thérapeutiques. Soutien accordé par la FRM au projet : 300 000 € Apparition de nouveaux pathogènes intestinaux : les transferts de gènes entre bactéries responsables Marie Agnes Petit, INRA, Jouy en Josas De nombreux pathogènes opportunistes responsables d’infections nosocomiales appartiennent à des espèces comprenant à la fois des souches non pathogènes et pathogènes. Il semble que des phages (ou virus bactériens) soient des contributeurs majeurs de l’émergence de nouveaux pathogènes bactériens, via le transfert horizontal de gènes de virulence. Ce projet vise à caractériser le rôle des phages dans les échanges de gènes entre bactéries dans le tube digestif de souris. Des actions visant à limiter ces événements et à lutter contre les infections microbiennes multi-résistantes, pourront ainsi être définies. Soutien accordé par la FRM au projet : 226 555 € Poliomyélite : risques de ré émergence à travers des échanges génétiques entre virus de la polio et coxsackie Francis Delpeyroux, laboratoire de biologie des virus entériques, Institut Pasteur, Paris On constate actuellement la survenue d’épidémies de poliomyélite (dont deux à Madagascar) en relation avec l'émergence de poliovirus pathogènes circulants, dérivés du vaccin polio oral. Il s’agit dans la plupart des cas de recombinaisons entre le poliovirus et d'autres entérovirus dont les coxsackievirus. L’objectif est d’identifier les virus capables de recombiner avec le poliovirus, d’analyser le rôle de la recombinaison dans l'émergence de virus pathogènes et d’identifier les régions du génome viral impliquées. Ces études permettront de prévenir les épidémies de poliomyélite, et d’améliorer la sécurité des futurs vaccins viraux. Soutien accordé par la FRM au projet : 150 000 € Paludisme : développement de nouvelles stratégies d’intervention Artur Scherf, laboratoire de biologie des interactions hôte parasite, Institut Pasteur, Paris Plasmodium falciparum est responsable de la forme la plus grave de paludisme humain, causant plus d'un million de morts chaque année. Ceci est généralement la résultante de variations de l’expression de molécules de surface, ce qui permet de limiter l’efficacité de la réponse immunitaire et de prolonger la durée de l’infection. L’objectif est de mieux comprendre la régulation génique chez ce pathogène humain afin de développer de nouvelles stratégies d’intervention qui cibleraient les mécanismes d’échappement du parasite au système immunitaire. Soutien accordé par la FRM au projet : 300 000 € Virus Chikungunya : variations de la susceptibilité à l’infection Dimitri Lavillette, laboratoire « enveloppe virale et ingénierie des rétrovirus », Ecole Normale Supérieure, Lyon Des formes cliniques sévères sont survenues lors des récentes épidémies de Chikungunya en lien avec des modifications des glycoprotéines de l’enveloppe virale. La susceptibilité de l’hôte dépend de la reconnaissance des glycoprotéines virales par une molécule de la surface cellulaire appelée récepteur viral. Le récepteur du virus Chikungunya n’est pas connu. Son identification permettra d’accroitre nos connaissances sur les processus d’entrée du virus dans les cellules et de développer des médicaments susceptibles de bloquer cette étape de l’infection. Soutien accordé par la FRM au projet : 296 000 € Virus Ebola et Marburg : mécanismes de passage de la barrière des espèces Viktor Volchkov, laboratoire de biologie des filovirus, Ecole Normale Supérieure, Lyon Les virus Ebola et Marburg sont des virus émergents de la famille des filovirus, responsables d’infections extrêmement sévères le plus souvent mortelles. Les chauves souris frugivores en sont à la fois les vecteurs et les réservoirs naturels, mais d’autres espèces animales seraient des hôtes accidentels impliqués dans la circulation du virus et sa transmission à l’homme. Lors de l’infection de nouveaux hôtes, des variants du virus seraient sélectionnés pour leurs capacités à bloquer la réponse innée antivirale. L’objectif de ce projet est d’étudier ces mécanismes de passage de la barrière des espèces. Soutien accordé par la FRM au projet : 300 000 € Des rencontres avec les chercheurs lauréats peuvent être organisées sur simple demande. Contacts presse : Fondation pour la Recherche Médicale Valérie RIEDINGER Tél : 01 44 39 75 57 [email protected] Agence Wellcom Camille PIGER & Yoann MOISAN Tél : 01 46 34 60 60 [email protected] & [email protected]