Mesure cutanée du CO2 au lobe de l`oreille pour évaluer la

V Dubernard – Mission Information et Communication scientifique – 8/6/11
GH Saint-Louis, Lariboisière, Fernand Widal - AP-HP
Mesure cutanée du CO2 au lobe de l’oreille pour évaluer la
défaillance circulatoire dans les états de choc
Des travaux de recherche de l’équipe de réanimation chirurgicale de l’hôpital
Lariboisière ont permis de démontrer l’utilité d’une mesure du CO2 cutané, au
lobe de l’oreille, pour vérifier l’état de l’irrigation sanguine des tissus chez les
patients en état de choc. Ces travaux réalisés par le Dr Fabrice Vallée dans
l’équipe du Pr Didier Payen ont été publiés dans la revue Chest*.
Depuis une dizaine dannées, il est clairement établi que l’augmentation du CO2 tissulaire et
veineux, observée au cours des états de choc, principalement d’origine septique, ne provient pas
d’une augmentation de la production de CO2 par les cellules mais dun défaut d’élimination du CO2.
En effet, malgré la restauration chez les patients dunbit cardiaque satisfaisant, une anomalie de
la microcirculation sanguine peut persister provoquant un défaut d’irrigation des tissus, soit une
hypoperfusion tissulaire. Un état qui génère l’accumulation du CO2 dans les tissus et peut
directement engager le pronostic vital du patient.
C’est au niveau de la peau que la mesure du CO2 tissulaire est particulièrement sensible car au
cours des états de choc, lhypoperfusion tissulaire en y est majeure et précoce.
Dans cette étude et de manière intéressante, il est montré que la mesure cutanée du CO2 au lobe
de l’oreille, qui est une zone richement vascularisée, augmente la réactivité de la mesure. Surtout,
les résultats obtenus démontrent l’efficacité de la mesure qui permet d’évaluer de manière très
fiable l’état de la microcirculation tissulaire, soit l’état de la perfusion tissulaire.
La mesure est effectuée en limitant la température du capteur à 37°C, ce qui permet d’éviter la
vasodilatation « artificielle » habituellement induite en chauffant la peau avec le capteur entre 42°C
et 44°C pour « artérialiser » le sang capillaire et obtenir, dans ce cas, une mesure qui reflète la
pression artérielle de CO2, et non l’état de la perfusion tissulaire.
En service de réanimation, le suivi de la pression tissulaire de CO2 à 37°C semble particulièrement
important à la phase initiale d’un état de choc. Cela peut renseigner sur la graviet l’évolution de
l’état du patient mais également guider la thérapeutique et suivre son efficacité.
De plus, pour le patient, la mesure au lobe de l’oreille offre l’avantage d’être facilement accessible
et sans inconfort. Elle permet un monitorage facile, non invasif et continu pour le patient intubé.
Les Drs Fabrice Vallée, Joaquim Mateo et le Pr Didier Payen sont co-inventeurs d’un brevet AP-HP
sur lutilisation de la PCO2 cutanée en normothermie au lobe de l’oreille : brevet
PCT/IB2009/006903.
*Source :
Cutaneous Ear Lobe PCO2 at 37°C To Evaluate Microperfusion in Patients With Septic Shock. Chest
2010;138(5):1062-70. Fabrice Vallée, Joaquim Mateo, Guillaume Dubreuil, Thomas Poussant, Guillaume
Tachon, Ingrid Ouanounou and Didier Payen. http://chestjournal.chestpubs.org/content/138/5/1062.full.html
From the Réanimation Chirurgicale et Laboratoire de Recherche du Département d’Anesthésie-Réanimation-
SMUR (Equipe d’Accueil EA 3509 Université Paris 7 Denis Diderot), Hôpital Lariboisière, Assistance Publique-
Hôpitaux de Paris, Paris, France.
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