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Lorsque Louis Napoléon Bonaparte devient Empereur des
Français le 2 Décembre 1851, il bénéficie d’un large soutien
populaire et de la connivence d’un certain nombre de forces
politiques modérées et conservatrices qui ne veulent plus
revivre les journées sanglantes de Juin 1848. Las des
expériences politiques qui s’achèvent dans le désordre et la
banqueroute, beaucoup de français voient en Louis Napoléon,
l’homme providentiel qui va rétablir l’ordre et la confiance
dans le pays. Louis Napoléon a lui même été assez habile pour
justifier son coup d’Etat au nom de la défense du suffrage
universel, dont les conservateurs orléanistes de l’Assemblée
avait voulu exclure un tiers des électeurs en aggravant les
exigences de conditions de résidence pour pouvoir voter.
Napoléon va donc légitimer sa prise du pouvoir, par le
rétablissement –au moins formellement- du principe de
Souveraineté du Peuple.
Par ailleurs, Louis Napoléon bénéficie également des 17
années de règne de Louis-Philippe entre 1830 et 1848, au
cours desquelles la monarchie d’Orléans n’a cessé de
magnifier l’œuvre de l’Empereur ( épopée sur les champs de
batailles européens, Code Civil, réalisations
architecturales…). Le « 2 Décembre » a donc en partie réussi,
parce que les français étaient prêts à accueillir à nouveau un
Bonaparte comme Chef.
Dans un premier mouvement de notre réflexion, nous allons
voir qu’au lendemain des journées insurrectionnelles des 27,
28 et 29 Juillet 1830, la jeune monarchie de Juillet s’est
retrouvée totalement isolée sur la scène politique française et
qu’en se positionnant sur la voie du « Juste Milieu »,
l’orléanisme s’est aliéné à la fois les forces progressistes
républicaines se réclamant de la « Souveraineté du Peuple » et
les tenants du « principe monarchique » qui rassemblaient les
éléments conservateurs de la société dont Louis-Philippe
aurait pourtant eu besoin au départ pour asseoir son autorité.
Dans la seconde partie de nos propos, nous verrons comment
la monarchie de Juillet s’est appropriée la période
napoléonienne, n’en retenant que la « gloire », pour asseoir sa
légitimité. Nous constaterons que les politiques
gouvernementales, parlementaires et des services de la Liste
Civile du Roi Louis-Philippe, ont en pleine connaissance de
cause, favorisé l’émergence d’un climat favorable au
bonapartisme, croyant en cela assurer la survie de la jeune