comportement et de consommation doivent être massifs et profonds, et qu'il ne peut se faire autrement que
solidairement... Nous ne pourrons faire face que ENSEMBLE ! S'il y a avait une chose positive qui puisse
émerger de ce dérèglement c'est qu'il nous unisse pour l'affronter ! Mais je n'entends pas cela et je ne sens pas
que les propositions de nos dirigeants soient à la mesure des problèmes.
Sinon, vous en tant qu’océanographe que pouvez-vous dire sur l’impact des changements
climatiques sur le milieu naturel des requins ?
Le réchauffement est un fait, nous le mesurons : la température moyenne des océans et des mers a augmenté
de 0.8° depuis un siècle ce qui est considérable. De même l’atmosphère s’est fortement réchauffée, ce qui est
normale car l’océan et l’atmosphère, les deux fluides de la planète, sont indissociables. Ce réchauffement qui
s’accélère dramatiquement depuis 15 ans, est inégal : très intense dans les régions polaires et un peu moins
dans les régions tropicales. Sur l’ensemble de la planète, les glaciers des montagnes, du Groenland et de
l’Antarctique, ainsi que les banquises polaires fondent, alimentant massivement en eau douce les océans et
mers. Ces modifications de salinité et de température changent la densité de l’eau de mer qui conditionne la
formation et la puissance des courants marins. Ces grands courants marins qui font le tour du monde régulent
le climat et transportent les sels nutritifs responsables de la richesse planctonique. C’est cette richesse
planctonique qui conditionne à son tour la richesse des écosystèmes et donc la vie des requins… mais
également celle des pêcheurs et la nôtre.
Ce réchauffement a déjà et aura certainement un impact sur l’ensemble des écosystèmes marins dont
dépendent les requins. Personne, aujourd’hui, ne peut mesurer cet impact, personne ne peut prévoir quelles
seront les conséquences sur les écosystèmes et encore moins sur les requins. Car il y a beaucoup de trop de
facteurs inconnus et parce que nous ne connaissons pas grand-chose à la vie et au déplacement des requins !
Il est dramatique de se rendre compte aujourd’hui, bien tard, que, comme des gamins capricieux et insouciants,
nous avons exploité, consommé, bouleversé, détruit sans connaître le monde dont nous dépendons. Soudain,
nous réalisons que nous sommes directement menacés par les catastrophes que nous avons engendrées. Et
que nous sommes terriblement fragiles.
Et comment réduire, ou éviter, ces impacts ?
D’abord dans les pays où la consommation (d’énergie, de ressource, de gadgets…) est la plus forte, il nous faut
réduire drastiquement cette consommation. Dans les pays où le gaspillage d’énergie fossile est le plus flagrant,
il est urgent de penser économie, et ressources renouvelables ! Plus facile à dire qu’à faire !... Mais nous
n’avons plus le choix !
Nous avions encore le choix de le faire, il y a 30 ans lorsque les signes de ce dérèglement climatique nous
avaient alarmés ! Nous avions encore le choix de le faire lorsque nous avons alerté les dirigeants de la planète
lors de la Conférence de Rio en 1992. Aujourd’hui la Planète ne nous laisse plus le choix ; l’océan ne nous laisse
plus le droit de ne rien faire.
Le changement se fera ! Il est inéluctable, il est déjà en cours. A nous de l’accompagner, tous ensemble, pour
qu’il se fasse en paix ! C’est notre défi commun à tous, nous les 7,5 milliards d’Humains. A nous de penser
solidarité, à nous de comprendre l’obligation d’un partage équitable des ressources, non seulement entre nous
les hommes – les 10 milliards d’Hommes qui habiteront demain sur Terre – mais également avec les autres
êtres vivants, nos « colocaTerres sauvages ». Dans le cas contraire, je pense que le monde sera très très dur
pour nos enfants. Et ce n’est vraiment pas ce que je souhaite !
En ce qui concerne les requins, ne reproduisons pas les mêmes erreurs que celles déjà commises : étudions
avant d’exploiter ! Car aujourd’hui nous nous poursuivons tête baissée l’exploitation massive de poissons et de
requins dont nous ne connaissons même pas le nombre et la capacité de renouvellement. Pour un bénéfice à