Traumatismes de l’appareil locomoteur : fractures Os = tissu le plus dur de l’organisme. Tissus osseux compact / tissus osseux spongieux I. Généralités 1. Physiopathologie de la fracture Tissu osseux présente des propriétés biomécaniques lui conférant une élasticité de déformation qui lui permet de résister à certaines contraintes. Quand la contrainte est excessive et dépasse les capacités d’amortissement du tissu osseux = fracture 2. Définition et origine des fractures Fracture = interruption de la continuité d’un os. Elle présente une variabilité suivant la localisation sur le squelette, la localisation sur l’os, ses rapport avec un articulation sus ou sous jacente. Il existe 2 étiologies de fractures : v Fractures traumatiques Induite par un choc mécanique dont l’énergie dépasse la capacité de résistance du tissu osseux v Fractures pathologiques Induite par une fragilité de l’os consécutive à une altération de la structure osseuse entrainant un amoindrissement de sa résistance physiologique. C etype de fracture faire découvrir une pathologie sous-jacente comme une tumeur ou un kyste à l’os 3. Mécanismes d’apparition 3 mécanismes : o Mécanisme direct : os se rompt au point d’application de la force o Mécanisme indirect : l’os se rompt à distance de l’application de la force par flexion, torsion, compression o II. Mécanisme de fatigue : l’os se rompt sous la répétition de microtraumatismes Anatomie osseuse 1. Os longs Forment les membres Entourés par les muscles striés Diaphyse : corps de l’os – os compact Epiphyses : têtes osseuses – os spongieux – recouvertes de cartilage articulaire 1 Métaphyses : jonction diaphyse et épiphyse – cartilage de conjugaison permettant la croissance de l’os en longueur qui disparaissent à l’âge adulte Périoste : membrane qui recouvre l’os et qui assure la vascularisation + croissance en épaisseur de l’os. Rôle de protection 2. Os courts Os du carpe (poignet), tarse (cheville) et les vertèbres Constitués d’os spongieux + recouverts d’une couche d’os compact 3. Os plats Crâne, omoplate, sternum, côtes Constitués de 2 couches d’os compact séparées d’os spongieux III. Les aspects anatomiques des fractures – Typologie 1. Siège des fractures • Fracture diaphysaire : au niveau du corps de l’os • Fracture épiphysaire : au niveau de l’extrémité supérieure ou inférieure de l’os • Fracture articulaire : au niveau de l’articulation • Fracture métaphysaire : que chez l’enfant et l’adolescence 2. Type de fracture • Fracture incomplète : il persiste une continuité des deux fragments osseux grâce au périoste qui n’est pas totalement rompu • Fracture complète : discontinuité de l’os est totale • Fracture fermée : il n’existe pas de contact avec l’extérieur au niveau du foyer de fracture • Fracture ouverte : la fracture communique avec l’extérieur par l’intermédiaire d’une plaie des téguments • Fracture stable : fracture dont on pourra maintenir le positionnement des fragments osseux dans leur axe anatomique par une contention plâtrée • Fracture instable : quand il faut mettre des broches 3. Traits de fracture • Fissure : fêlure de l’os qui survient à la suite d’un traumatisme tolérable pour le tissu osseux. Trait de fracture qui se consolide spontanément • Fracture en « bois de vert » : fracture particulière diaphysaire ou métaphysaire de l’enfant • Trait de fracture transversale : discontinuité de la corticale. Os rompu en 2 fragments distincts 2 • Trait de fracture spiroide : trait de fracture qui tourne autour de la diaphyse • Fracture comminutive : caractérisée par la présence de nombreux fragments osseux au niveau de la fracture. C’est une fracture instable • Fracture bifocale : fracture à double étage : deux traites de fracture séparent un fragment osseux • Fracture par compression : fracture par tassement de la partie antérieure du corps vertébral • Fracture par arrachement des apophyses : arrachement d’un fragment osseux sous la rétraction d’un muscle 4. Les déplacements Le déplacement de la fracture = espace qui existe entre les fragments osseux séparés par le trait de fracture. Il peut être initial (conséquence immédiate du traumatisme) ou secondaire Il existe 4 types de déplacement - déplacement par translation - déplacement par chevauchement - déplacement avec angulation - déplacement avec rotation IV. Examen clinique 1. Symptômes physiques o Douleur Douleur aigues, localisée intense, majorée par la mobilisation et la palpation o Déformation axiale Attitude aberrante de l’axe du membre ou du segment o Impotence fonctionnelle Impossibilité d’effectuer un mouvement volontaire. Elle peut être totale ou relative o Mobilité Mobilité anormale associée à une crépitation osseuse o Signes locaux d’inflammation : hématome, œdème 2. Symptômes psychiques Peuvent prendre différentes formes : hyperexcitation, panique, détachement face àç la situation… V. Examens complémentaires 1. Les investigations - Bilan radiologique : rayons X en 2D 3 - Arthroscopie : examen de l’intérieur de l’articulation à l’aide d’une caméra. Indiquée lors des lésions articulaires - Artériographie : examen qui met en évidence les tronc artérielle après injection d’un produit de contraste. Indiqué lors d’une suspicion d’ischémie (= absence de vascularisation) traumatique - Scanner : rayons X, image en 3D - IRM - Echographie 2. Gravité des fractures Le patient ayant subi un traumatisme de l’appareil locomoteur doit faire l’objet d’une surveillance particulière car il peut présenter des signes de complications précoces et des lésions associées. a. Complications précoces * Atteintes vasculaires Toute lésion osseuse entraine un saignement. Les lésions vasculaires se manifestent par différents signes : - hématome : la fracture est fermée, mais saignement qui va constituer un hématome - syndrome des loges : compression par un saignement interne dans une cavité non extensible. - rupture des vaisseaux par embrochage provoqué par un fragment osseux - thrombose : écrasement du vaisseau - ischémie : Signes d’une liaison vasculaire = froideur des extrémités + anesthésies de celles-ci + absence de pouls distal + douleur * Etat de choc Il est dans ce contexte essentiellement hypovolémique. Signes : froideur + pouls rapide et peu perceptible + chute de pression artérielle b. Lésions associées - Les lésions des tissus mous - Les atteintes nerveuses : - compression d’un nerf par un hématome - section de la moelle épinière - embrochage d’un nerf par un fragment osseux 4 - Les lésions articulaires : les articulations peuvent être lésées du fait de la mobilité du fragment osseux. Celle peut être - une hydarthrose (présence de liquide synovial dans l’articulation) - hémarthrose (présence de sang dans l’articulation) - Les atteintes viscérales VI. Processus de réparation tissulaire Tissu osseux doté d’une capacité physiologique à se réparer : ostéogénèse réparatrice ou consolidation osseuse -> aboutit à la cicatrisation du tissu osseux Ostéoblastes = rôle d’élaboration du tissu osseux Ostéoclastes = cellules responsables de la résorption osseuse Le processus d’ostéogénèse se fait en 4 étapes : - formation d’un hématome périfracturaire - prolifération cellulaire - formation du cal osseux - modelage du cal Facteurs favorisants la consolidation : - facteurs mécaniques : mise en compression ou en traction des fragments fracturés - apport d’oxygène : car garantir la vie cellulaire + favorise la différenciation des cellules en ostéoblastes - vascularisation : oxygénation + nutrition des cellules impliquées dans le processus d’ostéogénèse réparatrice VII. Axes thérapeutiques La prise en charge thérapeutique consiste en 4 principes : o Soulagement de la douleur Plusieurs moyens : - immobilisation provisoire du foyer de fracture par une attelle - traitements médicamenteux : -antalgiques : sédatifs de la douleur – anti inflammatoires non stéroïdiens (AINS) : contrôlent les effets de la réaction inflammatoire - morphiniques : antalgique qui agit sur le système nerveux pour soulager les douleurs aigues o Réduction de la fracture manuelle / chirurgicale Rétablissement anatomique des surfaces articulaires et de l’axe osseux. 5 o Contention orthopédique / chirurgicale Immobilisation est le moyen de maintenir les fragments osseux réduits dans leur rapport anatomique jusqu’à la formation du cal osseux. La réalisation peut être réalisée à l’aide de moyens de contention externes (bandage, plâtre, attelle, traction) ou de moyens de contention internes (vis, plaques, broches, clous…) o Rééducation L’objectif est de permettre à la personne de récupérer la fonction locomotrice. VIII. Les moyens de contention 1. Traitement orthopédique a. Contention plâtrée ou en résine Il doit obligatoirement bloquer l’articulation sus ou sous jacente. Il peut engendrer des complications : - Il peut comprimer l’œdème périfracturaire et avoir un effet garrot sur le muscle -> Syndrome de Volkmann (compression vasculaire) + Compression nerveuse - Complications cutanées : de la rougeur à l’escarre - Déplacement sous plâtre : lorsque l’œdème se résorbe le plâtre peut devenir trop large et ne plus assurer son rôle de contention -> ne maintient plus es fragments osseux dans leur axe anatomique - Raideur articulaire : liée à l’immobilisation de l’articulation sus ou sous jacente. - Algodystrophie b. Traction ou l’extension - Extension trans-osseuse : Consiste à exercer une traction sur l’un des fragments de l’os fracturé, une traction en sens opposé étant exercée par le poids du corps. L’action de ces deux forces opposées maintient les fragments osseux alignés. Nécessite la pose d’une broche à travers l’os sur laquelle sera fixé un étrier qui supportera le poids des tractions opposées - Extension collée : Même système, mais les poids sont fixés sur des bades adhésives appliquée en forme de U de part et d’autre du membre. Complications : risque infectieux par contamination osseuse au niveau de la broche c. Orthèses 6 Appareillage mécanique qui vise à compenser une fonction absente 2. Traitement chirurgical Réunion de 2 ou plusieurs fragments par différents moyens internes : fils d’acier, broches, vis, plaques … IX. Complications 1. Complication thrombo-emboliques a. Etiologie Chirurgie orthopédique et la traumatologie sont des contextes hautement embolinogènes car : - la chirurgie orthopédique ne peut se faire sans toucher à des zones très vascularisées - l’accident traumatique et l’orthopédie imposent souvent un décubitus prolongé ou immobilisation -> stase veineuse b. Anatomopathologie de la phlébite Formation de caillot débute dans le mollet puis évolue par segment jusqu’à l’obstruction des voies veineuses principales c. Symptomatologie de la phlébite - Signe de la pancarte : augmentation thermique minime + élévation du pouls + suites op Analyse quotidienne de la courbe de température et du pouls est essentielle en terme de dépistage. - Symptomatologie locale comporte : - douleur spontanée du mollet - douleur à la palpation du mollet - douleur à la dorsiflexion du pied - perte du ballotement naturel du mollet - œdème dur - dilatation des veines superficielles d. Prévention thérapeutique - Injection héparine de bas poids moléculaire - Mobilisation précoce - Lutte contre la stase veineuse par le port de bas de contention 2. Complications infectieuses Contamination du tissu osseux par un agent pathogène (essentiellement staphylocoque doré et Escherichia coli) 7 a. Etiologie Deux voies principales : Voie directe : contamination à partir d’une plaie ouverte Voie sanguine : contamination provient de l’existence d’un foyer septique dans l’organisme b. Anatomopathologie Tissu osseux est mal irrigué (concentration en leucocytes faible) -> mauvaise protection contre les infections Ostéite = infection qui touche la corticale de l’os (os compact) Ostéomyélite = infection qui touche la corticale + le périoste + la moelle osseuse c. Symptomatologie - Symptomatologie générale : - fièvre - frissons - douleurs osseuses - Symptomatologie locale : - infection du foyer de fracture avec suppuration de la plaie - signes locaux inflammatoires (chaleur + œdème + rougeur + douleur) - augmentation du volume du membre - Symptomatologie biologique : NFS rlève une hyperleucocytose - Symptomatologie bactériologique : montre la présence de germes pathogènes d. Prévention thérapeutique Mesures d’hygiène : de la peau du patient, des soignants, asepsie des soins Prophylaxie antibiotique avant, pendant et après la chirurgie 3. Complications mécaniques v Retard de consolidation Allongement du délai de consolidation d’une fracture. Normalement consolidation en 6 semaines. v Pseudoarthrose Absence de consolidation ou impossibilité d’obtenir un cal unissant les fragments fracturés. v Cal vicieux Formation d’un cal osseux entre les fragments qui ne respecte pas l’axe anatomique Différents types : cal vicieux en rotation, en chevauchement, angulaire v Déplacement secondaire 8 Perte de l’alignement anatomique obtenu après la réduction. Peut aboutir à la formation d’un cal vicieux. 4. Complications du décubitus prolongé v Complications cutanées Escarres v Complications cardio-vasculaires : en décubitus les volumes sanguins se répartissent différemment, tonus vasculaire est affaibli -> apparition de thromboses veineuses Mesures préventives : - bas de contention - verticalisation précoce - contraction musculaires des membres inférieurs si possible - traitement antithrombotique v Complications infectieuses broncho-pulmonaires Décubitus perturbe les phénomènes sécrétoires pulmonaires + modifie les mouvements diaphragmiques. Mesures préventives de kinésithérapie. v Complications de l’appareil locomoteur Orthostasisme perturbe l’équilibre entre la résorption et la formation osseuse Raideurs articulaires Fonte musculaire Diminution capacités d’endurance Mesures préventives : - travail musculaire + mobilisation articulations - vertialisation précoce - maintient d’un positionnement anatomique des articulations v Complications urinaires Perte de mobilité ->modification des habitudes d’élimination Risque de stase urinaire à l’origine d’infections urinaires v Complications intestinales Constipation Décubitus favorise les reflux gastrooesophagiens et les fausses routes Mesures préventives : - position semi-assise après les repas - adaptation diététique - verticalisation 9 - hydratation - prévention par laxatif osmotique v Perturbation du concept de soi La personne a une perception négative de sa situation. Réactions d’angoisse Relation sociales perturbées 10