Timbres magazine - Novembre 2010 - 27
permet de débarquer des troupes.
Et les batailles particulièrement
sanglantes de Gaza – Beersheba
en mars, avril et octobre 1917
puis l’entrée du général britan-
nique Allenby à Jérusalem le
11 décembre sont les prémices de
la défaite annoncée des troupes
ottomanes, même si celles-ci
bénéficient de l’assistance et des
conseils d’officiers allemands.
L’objectif suivant est fixé : la
conquête de Damas, la capitale
de la Syrie. Allenby prend Mediggo
en septembre puis Damas le
3 octobre 1918. Les troupes de
Fayçal sont arrivées, avec retard,
combattre aux côtés de celles
de la Force expéditionnaire. Les
Anglais signent (sans les Français)
la défaite de l’empire Ottoman
le 30 octobre 1918 ; les grandes
manœuvres politiques vont pou-
voir commencer.
L’éphémère royaume
arabe de Syrie
Les Britanniques installent immé-
diatement Fayçal à Damas pour
qu’il puisse former un gouverne-
ment et administrer la Syrie pour le
compte de son père. Les Français,
eux, inquiets de voir la situation
leur échapper malgré les accords
(toujours secrets) signés avec les
Britanniques, ont débarqué tar-
divement (le 7) un petit contin-
gent à Beyrouth. Le rapport de
force est évidemment en défaveur
des Français, de plus, la participa-
tion militaire quasi dérisoire de la
France durant la campagne permet
aux Britanniques de renforcer leur
influence en Syrie et de limiter
celle des Français au seul Liban.
Les accords Sykes-Picot sont-ils
devenus un chiffon de papier ?
Bon nombre de Britanniques
pensent qu’ils sont devenus
caduques et de fait, Clémenceau
se voit obligé de négocier avec
le Premier Ministre Lloyd George
en décembre. Les Britanniques
obtiennent la région de Mossoul
(contre un intéressement sur les
extractions de pétrole), l’abandon
du projet de condominium sur la
Palestine (les accords initiaux pré-
voyaient une administration inter-
nationale). En échange la France
obtient le contrôle de la Syrie et
de la Cilicie et peut espérer le sou-
tien de la Grande-Bretagne pour
la question de la Rhénanie (ce
qui n’a pas été le cas : voir article
dans le n° 110 de TM).
Quant à Fayçal, il aimerait bien
que l’on reconnaisse la légitimité
du royaume qui a été promis à
son père. Les ambitions de ce
dernier doivent être revues à la
baisse et Fayçal vient à Paris pour
la Conférence de la Paix qui a
débuté au mois de janvier.
Les Britanniques ont fait beaucoup
de promesses et notamment la
fameuse déclaration Balfour du
2 novembre 1917 par laquelle
le gouvernement de sa Majesté
considère avec bienveillance
l’établissement d’un foyer natio-
nal juif en Palestine et en faci-
litera l’accomplissement. L’émir
Fayçal a rencontré le docteur
Chaïm Weizmann représentant le
Mouvement sioniste et tout deux
se sont entendus ; un accord est
signé qui entérine le développe-
ment du foyer national juif en
Palestine.
Sur place, les Syriens ne sont évi-
demment pas d’accord et rejet-
tent également les accords franco-
britanniques. Les Alliés n’en ont
cure et conformément à ce qu’ils
avaient négocié, les troupes bri-
tanniques quittent Damas en
novembre 1919 laissant Fayçal
seul face aux Français. Ces der-
niers se seraient bien passés de
l’émir, ce « cadeau » laissé par
leurs alliés et rivaux anglais. Mais
Fayçal, toujours conseillé par le
colonel Lawrence, expose ses
revendications : la reconnaissance
d’un royaume arabe indépendant
et unifié avec l’aide et même les
conseils de la France. Un traité
connu sous le nom d’« accord
Clémenceau-Fayçal » est même
signé le 6 janvier 1920.
Le 7 mars, le congrès syrien pro-
clame l’émir Fayçal roi de Syrie.
Cette Syrie est particulièrement
étendue puisqu’aux yeux des
Arabes, elle est constituée de la
Syrie, du Liban et de la Palestine !
Quelques jours après, c’est aux
Français de proclamer l’indépen-
dance du Liban car ils comptent
s’appuyer sur les populations chré-
tiennes qui leur sont favorables.
Le 25 avril débute la conférence
de San Remo qui pérennise les
accords franco-britanniques,
confirme la déclaration Balfour et
confie les mandats du Royaume-
Uni sur la Palestine (qui englobe
aussi ce qui n’est pas encore la
Jordanie et l’Irak), et pour la France
les mandats sur la Syrie, la Cilicie
et le Liban.
L’annonce de ces décisions sus-
cite évidemment la révolte des
nationalistes arabes et il devient
alors difficile à Fayçal de respecter
les accords pris avec les Français.
D’autant que le Congrès syrien
fait lever des troupes. Le général
français Gouraud qui a obtenu
des renforts décide de les engager
contre les troupes de Fayçal. Battu
le 24 juillet à Maysaloun, Fayçal
doit s’exiler en Palestine.
Depuis le Hedjaz, son frère,
Abdallah, fait remonter ses troupes
pour lui venir en secours et en
découdre avec les troupes fran-
çaises. Mais Churchill lui ● ● ●
Ici, la surcharge se
lit verticalement:
«Gouvernement
arabe de l’Est.
Commémoration
de l’indépendance.
25 mai 1925».
Ce timbre de
1millième a ici été
surchargé à l’encre
dorée (150 €).
Emis vers novembre
1925, ce timbre
appartient à la
dernière série de
surcharges «Est du
Jourdain» réalisée
par l’émirat. Elle
restera en cours
jusqu’à l’émission
en 1927 de la
première série
défi nitive à l’effi gie
de l’émir Abdallah.
Entériné à la
conférence de
San Remo, le
partage du mandat
britannique en deux
territoires distincts: la
Palestine à l’ouest et
la Transjordanie à l’est
séparés par le Jourdain.