Amour, érotisme, sexualité

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Amour, érotisme, sexualité
Vie quotidienne
Politique
Le papyrus érotique
de Turin
Comment les Égyptiens
s'aimaient-ils ?
Les pharaons sans tabous
Hathor, déesse de l'amour
Les femmes au pouvoir
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Sacré
L 13256 - 4 H - F: 6,95 ! - RD
Polémique
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en Égypte ancienne
Edgi[da^d
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Scène 1 à droite. Une femme debout, repliée sur elle-même, la tête est près des
chevilles, l’homme se tient derrière, sur les pieds, pour aider à la pénétration.
L’homme était sans doute pressé de faire l’amour à la prostituée, il porte encore sur
son dos, un sac ! Sur la partie gauche, scène 2 : un homme est derrière une femme
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Scandaleux, obscène pour les uns,
fascinant pour les autres, le papyrus
mesurant 2,60 mètres fait parler
de lui. Il fut si sulfureux qu’il fallut
attendre 1973 pour bénéficier d’une
publication exhaustive du document
antique ! Et les responsables du
musée n’hésitèrent pas à le remiser
sous un drap pudique ou dans les
réserves. Ces aléas modernes firent
perdre de précieux fragments,
seuls des dessins fidèles du 19e
siècle permettent aujourd’hui de
retrouver l’intégralité du papyrus
tel qu’il fut découvert… Pourquoi
un simple papyrus fait-il scandale
même encore de nos jours ? À cause
des douze scènes pornographiques
que l’on y voit. Mais en réalité, le
document comporte deux thèmes
principaux : la pornographie et la
parodie animalière. Cette parodie,
ou satire, représente des animaux
jouant le rôle des humains, mais
surtout, ce sont les bêtes « faibles » qui
dominent les forts, par exemple, les
souris qui sortent victorieuses d’une
bataille avec des chats. Plusieurs
jeunes femmes, jolies et maquillées,
sans doute des prostituées, font
l’amour avec plusieurs hommes,
les clients, dans différentes pièces et
positions. La datation du papyrus
(très difficile) est admise entre les
règnes de Ramsès II et de Ramsès VI.
Quelle est la nature exacte de
ce papyrus unique dans toute
l’histoire de l’Égypte ? Pascal Vernus
propose une lecture surprenante du
document. Il explique pourquoi le
papyrus érotique de Turin n’est pas
un papyrus érotique et que chaque
détail a son importance !
1) Les photos ont été prises avec l’aimable autorisation du Museo Egizio di Torino.
E]VgVdc=dghH‚g^ZC•)
(
Edgi[da^d
De droite à gauche,
les scènes 3, 4, 5, 6
(partiellement à gauche).
Scène 3. La jeune femme est assise sur
un petit tabouret, sous celui-ci, un sistre,
instrument de la déesse Hathor. Elle porte
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rester en l’air. Sa main droite aide le pénis
de l’homme à la pénétrer. Ce dernier regarde
en arrière. Le texte semble être un dialogue
entre les deux amants.
)
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Edgi[da^d
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l’homme tient l’autre soulevée. La dame se retient d’une main à un tabouret.
E]VgVdc=dghH‚g^ZC•)
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D.R.
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Pharaon : Le monde de l’amour semble être un
monde caché. Est-ce lié à la structure de la société
égyptienne ? Un tabou ? Ou alors faut-il faire une
différence entre l’amour divin, l’amour de tout un
chacun, donc relevant de la vie privée ?
Pascal Vernus : La société égyptienne avait des conventions
très prudes. Dans la haute société, la sexualité n’est
jamais montrée crûment. On l’évoque, on la suggère,
mais elle demeure voilée. Dans les merveilleux poèmes
d’amour que nous a légués l’Égypte pharaonique, elle
est bel et bien présente, mais seulement à demi-mot,
par allusions discrètes, sans être ouvertement décrite.
Dans le papyrus érotique de Turin, la pornographie est
rendue tolérable parce que les hommes qui s’y livrent
sont systématiquement marqués comme des brutes mal
dégrossies, étrangers à la bonne société. On distinguera
soigneusement cette pruderie du riche apparat
symbolique mis en œuvre dans les croyances religieuses.
Là, pour exprimer les principes qui règlent la marche
du monde, on n’hésite pas à manier des représentations
dont le caractère sexuel est manifeste, voire ostentatoire.
Ainsi les dieux Min et Amon dans certaines de leurs
formes font valoir sans vergogne leur glorieuse virilité.
Certains mythes reposent sur l’inceste. La déesse du ciel,
Nout, se courbe nue sur le dieu de la terre Geb, lequel
marque sa satisfaction par une érection.
Pascal Vernus : II y a des interdits et des
mises en garde. La Sagesse de Ptahhotep
(Moyen Empire) incite à se méfier de la
femme inconnue comme à se méfier
de la femme d’un ami, et ce, pour une
raison fondamentale : ce genre de
convoitise peut provoquer la ruine des
relations sociales. Dans le Livre des morts,
apparaît, semble-t-il, un interdit de
certaines pratiques homosexuelles, mais
c’est très limité. De même, un passage
de Ptahhotep, dont l’interprétation
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Photo : François Tonic
Pharaon : Dans les confessions négatives, il y a des
allusions très concrètes sur des relations sexuelles
que le défunt n’est pas censé faire
de son vivant et qu’il dit ne pas avoir
faites. Qu’est-ce qu’un Égyptien
pouvait faire ou ne pas faire ?
Finalement, existe-t-il de véritables
tabous ?
demeure discutée, proscrit les relations sexuelles avec un
jeune garçon, peut-être aussi avec une fillette impubère.
Par ailleurs, un haut dignitaire se vante de ne pas avoir
fait l’amour avec les maîtresses de son père. Derrière
cet exemple amusant de rigueur morale, on discerne le
souci d’éviter les dissensions propres à mettre en péril
l’unité familiale.
Pharaon : À vous écouter, nous pourrions croire que
O¶KRPPHGRLWVHPp¿HUGHODIHPPH"
Pascal Vernus : La Sagesse de Ptahhotep ou celle d’Ani
dénonce le danger que représentent les femmes pour qui
ne contrôle pas ses pulsions. Pour un instant de plaisir,
qui ne dure pas plus qu’un rêve, il prend le risque de
ruiner sa vie entière. Le Conte des deux frères attribue à
une femme un comportement particulièrement honteux.
Touchée par la beauté du frère cadet de son époux, elle
tente vainement de coucher avec lui. Mortifiée par son
refus, elle l’accuse alors de l’avoir violée ! L’histoire de
Joseph dans l’Ancien Testament comporte une anecdote
du même genre.
Pharaon : Théoriquement, la femme pharaonique a un
statut légal et juridique égal de l’homme. Peut-on dire
la même chose pour l’amour et la sexualité ?
Pascal Vernus : Un conte, Vérité et Mensonge, met en
scène ce que nous appellerions un comportement de
femme libérée. Voici comment. Deux frères s’opposent
en tout. L’un, Mensonge, qui a tous
les défauts, hait son frère Vérité, qui a
toutes les qualités. Il le fait condamner
à être aveuglé. Jeté à la rue, l’aveugle
est recueilli par une dame. Cette dame,
qui vit seule, est séduite par sa beauté.
Elle a une relation passagère avec lui,
puis elle le rejette en le cantonnant
dans un emploi de portier. Le fils né de
cette union éphémère vengera son père.
L’anecdote appelle une double lecture.
D’une part, la dame traite Vérité comme
un objet. Mais, paradoxalement, alors
que c’est elle qui prend l’initiative et
impose la relation sexuelle, le texte
dit : « il coucha avec elle et la connut
d’une connaissance d’homme » ! La
formulation demeure machiste alors
que la situation ne l’est guère.
Amenhotep et sa femme Renenoutet. 19e dynastie.
Provenant d’Assiout. Musée égyptien de Berlin.
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Chepenoupet II dans la chapelle funéraire d’Amerardis à Médinet Habou.
La divine adoratrice porte sa haute coiffe. Son nom est inscrit dans deux
cartouches comme le pharaon.
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Imaginegypt
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Le dieu Geb se masturbe pour s’autocréer et créer le monde. Parfois, on le
voit se faire une fellation, là encore, pour s’autocréer.
Il semble que les Égyptiens
n’hésitaient pas à traiter la sexualité
avec humour. Par exemple, ils
nommaient les testicules « les deux
qui sont dessous ». La sexualité
n’est pas considérée comme quelque
chose de mal et elle est largement
représentée dans les tombes et
sur les objets quotidiens. Suivant
la référence mythique, forcément
importante dans une culture, l’acte
sexuel est lié à la régénération vitale.
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E]VgVdc=dghH‚g^ZC•)
En accord avec le geste du dieu Atoum
dans la cosmogonie héliopolitaine,
la masturbation n’était pas classée
parmi les gestes honteux. De même
pour la fellation, le dieu Geb a même
recours à l’autofellation.
Il est intéressant de noter que dans
cette société où la femme possède des
droits équivalents à ceux des hommes
dans la plupart des domaines,
elle en a aussi dans le choix de
ses partenaires et l’expression de
ses attirances. Le désir féminin est
raconté par des histoires dont le
conte Vérité et Mensonge dans lequel
une femme attire chez elle un jeune
homme, Vérité, tout simplement
parce qu’elle le désire. Les textes de
sagesse demandent aux hommes de
respecter leurs épouses.
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On a beaucoup recours aux auteurs
© V.T.
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Tombe de Niankhnoum et de Khnoumhotep. Elle suscite toujours de
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F.T.
Séthy Ier et la déesse Hathor. Hathor offre au roi le collier menat,
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protection. Musée du Louvre.
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5
Ce stratagème est longuement
expliqué et montré dans la salle de
la naissance divine du temple de
Louxor (Aménophis III) et au temple
d’Hatshepsout à Deir el-Bahari (2e
terrasse).
© V.T.
Pour désigner la naissance divine,
les spécialistes utilisent le terme
« théogamie », theogamia, signifiant
littéralement « mariage divin ». La
naissance divine montre l’union
entre un humain et une divinité. De
cette union naît le roi, qui par cette
« manœuvre » démontre son origine
divine. À l’origine, la théogamie
devait servir à justifier ou appuyer la
légitimité du roi.
()
E]VgVdc=dghH‚g^ZC•)
La théogamie d’Hatshepsout a pour
objectif de conforter son accession au
trône. À la mort de Thoutmosis II,
son fils Thoutmosis III monte sur
le trône. Trop jeune, Hatshepsout
devient régente du royaume. Ce
n’est que plusieurs années plus tard
qu’elle se fait couronner et devient
roi, l’égal de Thoutmosis III. Pour
réaliser cela, la reine cumule les
artifices : fille de roi (Thoutmosis I),
grande épouse royale (et épouse
du dieu) de Thoutmosis II, oracle
d’Amon favorable au couronnement
de la reine, transformation de l’image
de la reine (cette image devient
masculine), et la naissance divine.
La théogamie montre la naissance
du garçon Hatshepsout ! Mais, les
textes accompagnant les images
évoquent bel et bien une fille…
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CW_igkÊ[d[ij#_bZ[bÊWdY_[dd[x]ofj[5
Son origine demeure incertaine. Il
semblerait que cette pratique soit
venue du Proche-Orient pour être
importée en Égypte durant l’Ancien
Empire (ou avant).
La circoncision est pratiquée, cela
ne fait aucun doute. Quelques
documents parlent et montrent cette
« opération ». Deux décors célèbres
nous la montrent : à Saqqarah dans
la tombe d’Ankhmahor (6e dynastie)
et un des temples de la déesse Mout
à Karnak. Il ne semble pas avoir de
sens précis à cette opération. Sur le
décor de Karnak, il semblerait qu’il
s’agit de garçons de moins de 10 ans
bien que le décor soit endommagé.
Dans la tombe d’Ankhmahor, les
circoncis sont plus âgés.
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I;:xHEKB;#J#?B5
Les décors expliquent parfaitement
l’opération.
Tout
d’abord,
la
circoncision se fait en groupe, tout le
moins à en croire les décors. L’homme
se tient debout. Il est maintenu (pas
toujours) par une personne derrière
lui et le futur circoncis pose une
main sur la tête du « chirurgien ».
Ce dernier est accroupi tenant d’une
main le pénis ou le prépuce à couper
et de l’autre l’instrument, une sorte de
scalpel. L’opération est douloureuse,
mais sans réel risque hormis qu’il
faut
appliquer
pansement
et
désinfectant. L’opération est sans
doute pratiquée par un prêtre ou un
médecin. Et nous ne savons pas si le
circoncis prend un « médicament »
pour diminuer la douleur avant et/
ou après l’opération.
Pour les femmes,
l'excision
Sujet sensible et souvent tabou,
l’excision n’est pas clairement
identifiée
pour
l’Égypte
pharaonique. Cette pratique,
heureusement dénoncée et
combattue,
mais
toujours
pratiquée dans de nombreux
pays dont l’Égypte, va de la
coupe partielle du clitoris à son
ablation totale et infibulation
du vagin. Rien n’indique que
l’excision existât à l’époque
pharaonique, seuls quelques
textes
évoqueraient
cette
« opération ».
F.T.
Pour quelle raison pratique-t-on la
circoncision en Égypte ? Nous ne le
savons pas ! Plusieurs hypothèses
sont souvent évoquées : hygiène,
religion, pureté. Quelle population
était concernée par la circoncision ?
Impossible de répondre, les prêtres
ou futurs prêtres pouvaient être
concernés par cette opération pour
des raisons de pureté, mais soyons
prudents, aucun document ne
précise la raison de la circoncision,
ni si à telle époque, elle est plus
pratiquée que dans une autre. Ce
serait peut-être un rite de passage à
l’âge adulte.
(-
E]VgVdc=dghH‚g^ZC•)
Scène de circoncision d’un jeune homme / adolescent. Domaine
sacré du temple de Mout, Karnak.
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Les
pleureuses
remontent au moins
à l’Ancien Empire (3e
millénaire avant notre
ère). Peut-être cette
pratique
existait-elle
avant. Dès l’Ancien
Empire, les scènes de
lamentations
durant
les funérailles ou lors de
la mort d’une personne
s’observent. Mille ans plus
tard, nous retrouvons les
mêmes scènes, les mêmes
femmes pleurant durant
les funérailles. Youri Volokine
a magistralement repris le
dossier dans « Tristesse rituelle et
lamentations funéraires en Égypte
ancienne ». (1)
Pour les anciens Égyptiens, la mort
est un état ambigu. La personne
n’est plus vivante et attend la
renaissance dans le monde d’Osiris.
Montrer le cadavre est quelque chose
de répugnant pour un Égyptien.
La momie, ou la statue du défunt,
masque la mort en elle-même.
;NFH?C;HB7:EKB;KH;JB;
:;K?B0B;IxCEJ?EDI
En ancienne Égypte, comme dans
d’autres civilisations de l’Antiquité,
la mort, les funérailles s’organisent
autour de rites, d’une mise en scène.
Des historiens de la religion parlent
de théâtralisation, voire d’un drame
en plusieurs actes. Dans le deuil,
Pleureuses du Nouvel Empire, après Toutankhamon.
Musée du Louvre.
l’émotion est quelque chose qui
explose. En ancienne Égypte, des
règles strictes « réglementent » les
émotions (Youri Volokine). Il ne
faut pas oublier que l’Égyptien de
l’Antiquité se définit par rapport à
sa place sociale.
Durant les funérailles, les émotions
apparaissent dans les textes et les
gestes des personnes représentées
dans les décors. Là, on y trouve le deuil,
le chagrin, la tristesse, la douleur.
On parle alors de lamentations
funéraires. Et ces lamentations
prennent des apparences différentes
(dans la forme et l’expression
émotionnelle) selon la nature des
funérailles : royale, d’un animal
sacré ou privée.
Par exemple, la mort d’un roi
provoque un deuil national et là,
comme le note Youri Volokine, les
lamentations sont différentes selon
la population : pleureuses moins
expressives, dignitaires muets et
pleurs du peuple. L’auteur note
une différence entre l’attitude
des hommes (prostrés, la tête
dans les genoux) et des femmes,
qui seraient plus expressives. Si
l’émotion intérieure d’un proche
du roi est rarement exprimée, nous
connaissons quelques exemples de
manifestation. À l’entrée de la tombe
du pharaon Osorkon II à Tanis, un
texte a été gravé. Il décrit la douleur
de Pachereniset, général des troupes
de Haute et de Basse Égypte. Cette
tristesse s’exprime aussi dans la
1) Dans Revue de l’histoire des religions, tome 225, fascicule 2, avril – juin 2008.
E]VgVdc=dghH‚g^ZC•)
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1
La reine tend au roi, s’appuyant sur
une longue canne, des mandragores,
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excellence. L’identité du couple
royal suscite de nombreux débats :
Akhenaton – Néfertiti, Smenkhkharê
et Merytaton, voire, Toutankhamon…
Musée égyptien de Berlin.
visage marqué (figure 2). Nous
sommes loin de la jeunesse éternelle
que transmet habituellement
l’art pharaonique. La reine est
ici naturelle, âgée d’à peine
30-35 ans, mais les grossesses
successives (6 enfants en 7 ou 8
ans), la vie difficile de l’époque lui
ont volé sa jeunesse.
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Vous avez certainement vu
au Musée du Louvre ou à
celui du Caire, les statues
colossales d’Aménophis IV
le montrant déformé :
grosses cuisses, larges
hanches, visage très
fin. Certaines de ces
statues
représentent
le roi nu, mais sans
organes
génitaux
L’art d’Akhenaton (dit art amarnien)
est souvent qualifié de naturaliste,
dans le sens où on représente la
nature. Les gestes des personnages
deviennent plus souples, plus
dynamiques, bref, plus naturels.
Certains parlent d’art expressionniste
(Jean-Pierre
Corteggiani).
Mais
cet « art nouveau » va réellement
apparaître à partir de la 3e année
de règne ; avant cette date, il
s’agit d’une évolution des canons
*+
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artistiques du règne précédent,
celui d’Aménophis III.
Une des merveilles de l’art
naturaliste est incontestablement
la statue de Néfertiti du Musée
de Berlin. Nous pourrions dire
qu’il s’agit d’une représentation
réelle de la reine au moment de
la sculpture. Réalisée dans la
capitale, Amarna, Néfertiti y est
fatiguée, le trait tiré, les seins
tombants, épaules tombantes,
La statue de Néfertiti
« âgée » du musée égyptien
de Berlin. Le visage de
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détail). Il s’agit sans doute
d’une statue « réaliste » de
Néfertiti, loin de la beauté
intemporelle.
2
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Fehj\eb_e
Le papyrus érotique de Turin ...............................3
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Rencontre avec Pascal Vernus ...........................10
Rencontre avec Violaine Vanoyeke ...................14
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Des femmes de pouvoir à Louxor ......................15
Comment les anciens Egyptiens s’aimaientils ? Comment parlaient-ils de la sexualité ?
Ces deux questions révèlent un monde
souvent méconnu du public. La société
pharaonique est à la fois prude et sans
tabous ! Ce paradoxe s’explique par des
mœurs, une morale très rigides : tout y est
codifié. La sexualité se cache derrière des
gestes, des mots. Elle ne se montre pas sauf
pour les dieux. Et pourtant, il n’existe pas
de réels tabous ou d’interdits, cependant
les pratiques amoureuses ne seront pas les
mêmes pour le peuple, le roi et les « riches ».
Dans ce hors série, nous allons vous faire
découvrir un univers surprenant. Pascal
Vernus, égyptologue français mondialement
connu, dévoile toutes les subtilités de
l’amour des Egyptiens, la littérature
amoureuse. Nous nous plongerons dans
l’étonnant papyrus érotique de Turin
ou encore sur l’acceptation, ou non, de
l’homosexualité.
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Quels interdits en matière de sexualité .............20
L’homosexualité .................................................24
Le pharaon a tous les droits ! ............................28
Passer un jour heureux… ..................................60
B[iWl_[p#leki
Circoncision .......................................................38
Accouchement ...................................................45
La médecine égyptienne ....................................51
Pour conclure, nous avons le plaisir de vous
annoncer l’arrivée de Pharaon sur iPad
d’Apple. Vous aurez accès à un contenu
interactif, la visite de sites archéologiques.
La version iPad du magazine apporte du
contenu supplémentaire pour les rubriques
portfolio et sites. La rubrique visite devient
interactive mêlant géolocalisation et
commentaires audio.
Toute l’équipe de Pharaon vous souhaite une
excellente année 2012.
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Hors série N°4
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Directeur de la rédaction
Christian Gustin
Rédacteur en chef :
François Tonic
Mise en page & Graphisme
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Secrétaire de rédaction
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Ont collaboré à ce numéro
Paule Valois, Fernand Schwarz,
Henri Doranlo
Crédits photos
imaginegypt, François Tonic, D.R., MRAH,
Valérie Turmel, Fernand Schwarz,
Henri Doranlo
Crédits couverture :
© François Tonic : Papyrus érotique
de Turin, photographie prise avec
l’autorisation du musée, peintures de
Nebamon, stèle d’Amarna (Berlin), cuillère
(Louvre)
Impression
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Akhenaton
révolutionne l’art .................56
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V.T., mars 2011
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