Amour, érotisme, sexualité Vie quotidienne Politique Le papyrus érotique de Turin Comment les Égyptiens s'aimaient-ils ? Les pharaons sans tabous Hathor, déesse de l'amour Les femmes au pouvoir ?Vck^Zg";kg^Zg"BVgh'%&' BVgh"6kg^a"BV^$'%&& Sacré L 13256 - 4 H - F: 6,95 ! - RD Polémique 7:A$AJM,!*%€"Hj^hhZ&'8=; 86C/&'869"Edgi#8dci#,!.%€ en Égypte ancienne Edgi[da^d F_j[jslomÀlincko_Á ^_Nolch Scène 1 à droite. Une femme debout, repliée sur elle-même, la tête est près des chevilles, l’homme se tient derrière, sur les pieds, pour aider à la pénétration. L’homme était sans doute pressé de faire l’amour à la prostituée, il porte encore sur son dos, un sac ! Sur la partie gauche, scène 2 : un homme est derrière une femme VâDJULSSDQW¿XQFKDU/âKRPPHWLHQWXQñDFRQGHSDUIXP KdfWfohkil_[knZ[fbkiZ[)(&&Wdi\W_jiYWdZWb[Z[fk_i'/&Wdibehigk[9^Wcfebb_ed" b[ZY^_\\h[khZ[i^_he]bof^[i"b[ZYeklh[fekhbWfh[c_h[\e_iZWdibWfh[ij_]_[ki[ Yebb[Yj_ed]ofj_[dd[Z[Jkh_dgkÊ_bZe_jeh]Wd_i[h[j_dl[djeh_[h$ J[nj[[jf^eje]hWf^_[i'Z[<hWde_iJed_Y Scandaleux, obscène pour les uns, fascinant pour les autres, le papyrus mesurant 2,60 mètres fait parler de lui. Il fut si sulfureux qu’il fallut attendre 1973 pour bénéficier d’une publication exhaustive du document antique ! Et les responsables du musée n’hésitèrent pas à le remiser sous un drap pudique ou dans les réserves. Ces aléas modernes firent perdre de précieux fragments, seuls des dessins fidèles du 19e siècle permettent aujourd’hui de retrouver l’intégralité du papyrus tel qu’il fut découvert… Pourquoi un simple papyrus fait-il scandale même encore de nos jours ? À cause des douze scènes pornographiques que l’on y voit. Mais en réalité, le document comporte deux thèmes principaux : la pornographie et la parodie animalière. Cette parodie, ou satire, représente des animaux jouant le rôle des humains, mais surtout, ce sont les bêtes « faibles » qui dominent les forts, par exemple, les souris qui sortent victorieuses d’une bataille avec des chats. Plusieurs jeunes femmes, jolies et maquillées, sans doute des prostituées, font l’amour avec plusieurs hommes, les clients, dans différentes pièces et positions. La datation du papyrus (très difficile) est admise entre les règnes de Ramsès II et de Ramsès VI. Quelle est la nature exacte de ce papyrus unique dans toute l’histoire de l’Égypte ? Pascal Vernus propose une lecture surprenante du document. Il explique pourquoi le papyrus érotique de Turin n’est pas un papyrus érotique et que chaque détail a son importance ! 1) Les photos ont été prises avec l’aimable autorisation du Museo Egizio di Torino. E]VgVdc=dghHg^ZC) ( Edgi[da^d De droite à gauche, les scènes 3, 4, 5, 6 (partiellement à gauche). Scène 3. La jeune femme est assise sur un petit tabouret, sous celui-ci, un sistre, instrument de la déesse Hathor. Elle porte XQHñHXUGHORWXVVXUVDSHUUXTXH(OOH OÑYHOHVMDPEHVTXHVDPDLQJDXFKHDLGH¿ rester en l’air. Sa main droite aide le pénis de l’homme à la pénétrer. Ce dernier regarde en arrière. Le texte semble être un dialogue entre les deux amants. ) E]VgVdc=dghHg^ZC) Edgi[da^d 6FÑQH /D MHXQH IHPPH HQ YÒULWDEOH ÒTXLOLEULVWH WLHQW HQ ÒTXLOLEUH VXU XQH MDPEH WDQGLV TXH l’homme tient l’autre soulevée. La dame se retient d’une main à un tabouret. E]VgVdc=dghHg^ZC) , D.R. >ciZgk^Zl L_h]ihnl_[p_] J[m][fP_lhom&mocn_ Fekhik_ledi dejh[ [djh[lk[ Wl[Y bÊ]ofjebe]k[ FWiYWb L[hdki$ 7k#Z[b} Zk fWfohki hej_gk[Z[Jkh_d"dekiWXehZediZWdiY[jj[i[YedZ[fWhj_[Z[bÊ_dj[hl_[mbWi[nkWb_j ]ofj_[dd[[jikhjekjbWb_jjhWjkh[Wcekh[ki[$ Pharaon : Le monde de l’amour semble être un monde caché. Est-ce lié à la structure de la société égyptienne ? Un tabou ? Ou alors faut-il faire une différence entre l’amour divin, l’amour de tout un chacun, donc relevant de la vie privée ? Pascal Vernus : La société égyptienne avait des conventions très prudes. Dans la haute société, la sexualité n’est jamais montrée crûment. On l’évoque, on la suggère, mais elle demeure voilée. Dans les merveilleux poèmes d’amour que nous a légués l’Égypte pharaonique, elle est bel et bien présente, mais seulement à demi-mot, par allusions discrètes, sans être ouvertement décrite. Dans le papyrus érotique de Turin, la pornographie est rendue tolérable parce que les hommes qui s’y livrent sont systématiquement marqués comme des brutes mal dégrossies, étrangers à la bonne société. On distinguera soigneusement cette pruderie du riche apparat symbolique mis en œuvre dans les croyances religieuses. Là, pour exprimer les principes qui règlent la marche du monde, on n’hésite pas à manier des représentations dont le caractère sexuel est manifeste, voire ostentatoire. Ainsi les dieux Min et Amon dans certaines de leurs formes font valoir sans vergogne leur glorieuse virilité. Certains mythes reposent sur l’inceste. La déesse du ciel, Nout, se courbe nue sur le dieu de la terre Geb, lequel marque sa satisfaction par une érection. Pascal Vernus : II y a des interdits et des mises en garde. La Sagesse de Ptahhotep (Moyen Empire) incite à se méfier de la femme inconnue comme à se méfier de la femme d’un ami, et ce, pour une raison fondamentale : ce genre de convoitise peut provoquer la ruine des relations sociales. Dans le Livre des morts, apparaît, semble-t-il, un interdit de certaines pratiques homosexuelles, mais c’est très limité. De même, un passage de Ptahhotep, dont l’interprétation &% E]VgVdc=dghHg^ZC) Photo : François Tonic Pharaon : Dans les confessions négatives, il y a des allusions très concrètes sur des relations sexuelles que le défunt n’est pas censé faire de son vivant et qu’il dit ne pas avoir faites. Qu’est-ce qu’un Égyptien pouvait faire ou ne pas faire ? Finalement, existe-t-il de véritables tabous ? demeure discutée, proscrit les relations sexuelles avec un jeune garçon, peut-être aussi avec une fillette impubère. Par ailleurs, un haut dignitaire se vante de ne pas avoir fait l’amour avec les maîtresses de son père. Derrière cet exemple amusant de rigueur morale, on discerne le souci d’éviter les dissensions propres à mettre en péril l’unité familiale. Pharaon : À vous écouter, nous pourrions croire que O¶KRPPHGRLWVHPp¿HUGHODIHPPH" Pascal Vernus : La Sagesse de Ptahhotep ou celle d’Ani dénonce le danger que représentent les femmes pour qui ne contrôle pas ses pulsions. Pour un instant de plaisir, qui ne dure pas plus qu’un rêve, il prend le risque de ruiner sa vie entière. Le Conte des deux frères attribue à une femme un comportement particulièrement honteux. Touchée par la beauté du frère cadet de son époux, elle tente vainement de coucher avec lui. Mortifiée par son refus, elle l’accuse alors de l’avoir violée ! L’histoire de Joseph dans l’Ancien Testament comporte une anecdote du même genre. Pharaon : Théoriquement, la femme pharaonique a un statut légal et juridique égal de l’homme. Peut-on dire la même chose pour l’amour et la sexualité ? Pascal Vernus : Un conte, Vérité et Mensonge, met en scène ce que nous appellerions un comportement de femme libérée. Voici comment. Deux frères s’opposent en tout. L’un, Mensonge, qui a tous les défauts, hait son frère Vérité, qui a toutes les qualités. Il le fait condamner à être aveuglé. Jeté à la rue, l’aveugle est recueilli par une dame. Cette dame, qui vit seule, est séduite par sa beauté. Elle a une relation passagère avec lui, puis elle le rejette en le cantonnant dans un emploi de portier. Le fils né de cette union éphémère vengera son père. L’anecdote appelle une double lecture. D’une part, la dame traite Vérité comme un objet. Mais, paradoxalement, alors que c’est elle qui prend l’initiative et impose la relation sexuelle, le texte dit : « il coucha avec elle et la connut d’une connaissance d’homme » ! La formulation demeure machiste alors que la situation ne l’est guère. Amenhotep et sa femme Renenoutet. 19e dynastie. Provenant d’Assiout. Musée égyptien de Berlin. HIOP?;O F>7H7EDC7=7P?D;IKH_FWZ Pharaon vous plonge au coeur de l'ancienne Egypte. Directement sur votre tablette Apple iPad, découvrez les plus belles photos de votre magazine préféré, visitez les sites pharaoniques. Pharaon Magazine version iPad inclut l'accès au magazine complet au format PDF, des fonctions de géolocalisation pour les visites, des commentaires audio. 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Date et signature........................................................................ N° de téléphone.......................................................................... Offre réservée aux nouveaux abonnements. Tarifs France, pour les autres pays, voir page abonnement. &) E]VgVdc=dghHg^ZC) Edjkd^g >_m`_gg_m^_jiopiclFioril4 ,**[hm[o]Èol^o]f_la^Î;gih :khWdj Z[kn i_Yb[i" Z[i \[cc[i ledj Zj[d_h b[ fekle_h feb_j_gk[ [j h[b_]_[kn } Bekneh[jZWdibÊ[di[cXb[Z[bW>Wkj[x]ofj[$x]Wb[iZ[if^WhWedi"[bb[iledj jh[ b[ifeki[iZkZ_[k7ced$Dekib[iYeddW_iiediiekib[j_jh[fh[ij_]_[knZ[Z_l_d[i WZehWjh_Y[iZÊ7ced$ FWh<hWde_iJed_Y Chepenoupet II dans la chapelle funéraire d’Amerardis à Médinet Habou. La divine adoratrice porte sa haute coiffe. Son nom est inscrit dans deux cartouches comme le pharaon. E]VgVdc=dghHg^ZC) &* HZmjVa^i Ko_fmchn_l^cnm_hg[ncl_ ^_m_ro[fcn9 9ecfh[dZh[bWcWd_h[ZedjbWieY_jl_lW_j"`k][W_j[j_dj[hfhjW_jbWi[nkWb_j[ij kd[]W][kh[fekhb[i]ofjebe]k[i$7behigk[decXh[ki[iiedjb[ih[fhi[djWj_edi h[b_]_[ki[i[jcoj^ebe]_gk[i"b[iiekhY[iikhbWl_[i[nk[bb[Z[ix]ofj_[diiedjhWh[i$ :[i cWn_c[i Z[ iW][ii[" _b h[iiehj kd[ YedZWcdWj_ed Zk l_eb [j iWdi Zekj[ Z[ bW fZef^_b_[$B[h[if[YjZkfWhj[dW_h[[ijh_][dlWb[khcehWb[$:WdiY[jj[i[nkWb_j" b[i[kblh_jWXb[_dj[hZ_ji[cXb[X_[d jh[bÊWZkbjh[$ Imaginegypt FWhFWkb[LWbe_i Le dieu Geb se masturbe pour s’autocréer et créer le monde. Parfois, on le voit se faire une fellation, là encore, pour s’autocréer. Il semble que les Égyptiens n’hésitaient pas à traiter la sexualité avec humour. Par exemple, ils nommaient les testicules « les deux qui sont dessous ». La sexualité n’est pas considérée comme quelque chose de mal et elle est largement représentée dans les tombes et sur les objets quotidiens. Suivant la référence mythique, forcément importante dans une culture, l’acte sexuel est lié à la régénération vitale. '% E]VgVdc=dghHg^ZC) En accord avec le geste du dieu Atoum dans la cosmogonie héliopolitaine, la masturbation n’était pas classée parmi les gestes honteux. De même pour la fellation, le dieu Geb a même recours à l’autofellation. Il est intéressant de noter que dans cette société où la femme possède des droits équivalents à ceux des hommes dans la plupart des domaines, elle en a aussi dans le choix de ses partenaires et l’expression de ses attirances. Le désir féminin est raconté par des histoires dont le conte Vérité et Mensonge dans lequel une femme attire chez elle un jeune homme, Vérité, tout simplement parce qu’elle le désire. Les textes de sagesse demandent aux hommes de respecter leurs épouses. F7I:;I;N;:7DIB;IJ;CFB;I On a beaucoup recours aux auteurs © V.T. HZmjVa^i ') Tombe de Niankhnoum et de Khnoumhotep. Elle suscite toujours de QRPEUHXVHVTXHVWLRQVVXUOHVOLHQVHQWUHOHVGHX[KRPPHV E]VgVdc=dghHg^ZC) HZmjVa^i F_jb[l[ih [niomf_m^licnm BWi[nkWb_jheoWb[[ijkd[Z[ijhe_ii[nkWb_jigk[dekilegk_ediWkZXkjZk cW]Wp_d[0i[nkWb_jZ_l_d["i[nkWb_jheoWb[[ji[nkWb_jZkf[kfb[[jZ[bÊb_j[$ I_bWi[nkWb_jZ_l_d["Y[bb[Z[iZ_[kn"[ijWlWdjjekjiocXeb_gk[[jb_[}Z[i coj^[i"bWi[nkWb_jheoWb[[ij[bb[X_[dh[bb[$BW\Wc_bb[heoWb[f[kj\W_h[Z[i Y^ei[igk[b[f[kfb["[jc c[bÊb_j["d[\W_jfWi"YWhY[dÊ[ijfWiZWdib[icÄkhi ]ofj_[dd[ic c[i_h_[dd[bÊ_dj[hZ_j0cWh_W][[djh[\hh[[jiÄkh"le_h[[djh[ b[fh[[jiWÓbb["febo]Wc_[$ 9[jj[i[nkWb_jheoWb[hfedZ}Z[iX[ie_diYhkY_WknfekhbÊx]ofj[0]WhZ[h kdiWd]fkhWki[_dZ[bW\Wc_bb[heoWb["b]_j_c[hkdYekhedd[c[dj"kd[ WiY[dZWdY[$ 9ecc[dekib[l[hhedi"_b\Wkj\W_h[kd[Z_ij_dYj_ed[djh[bÊx]ofj[f^WhWed_gk[[j bÊx]ofj[jWhZ_l[Z[bÊfegk[]hYe#hecW_d[}fWhj_hZ[bWYedgk j[ZÊ7b[nWdZh[b[ =hWdZ"eb[icÄkhiZ[bW\Wc_bb[heoWb[Z[l_[dd[dj[njh c[i[jZYWZ[dj[i$ :eii_[hZ[<hWde_iJed_Y F.T. Séthy Ier et la déesse Hathor. Hathor offre au roi le collier menat, V\PEROHÒURWLTXHSDUH[FHOOHQFHTXLHVWLFLSOXWŊWXQVLJQHGH protection. Musée du Louvre. '- E]VgVdc=dghHg^ZC) HZmjVa^i F[h[cmm[h]_ ^cpch_^_mJb[l[ihm ?b[n_ij[kd[fhefW]WdZ[heoWb[jhifWhj_Ykb_h[ZkhWdjb[Dekl[b;cf_h[0bWdW_iiWdY[ Z_l_d[$BWb]_j_c_jZkf^WhWedfhel_[djZ[iedWiY[dZWdY[b[ifWh[dji"cW_ikd[ Yecfb[n[ _Zebe]_[ lW i[ c[jjh[ [d fbWY[ } fWhj_h Z[ bW h[_d[ >Wji^[fiekj$ B[ Xkj [ij Z[ Zcedjh[h iW dW_iiWdY[ Z_l_d[" ied fh[ jWdj b[ Z_[k 7ced$ Fbki_[khi he_i ]hWl[hedjZWdibWf_[hh[Y[jj[j^ebe]_[i_fWhj_Ykb_h[$Kdf[j_jj[cfb[lWc c[ jh[ YhfekhbÊeYYWi_ed0b[cWcc_i_$ 5 Ce stratagème est longuement expliqué et montré dans la salle de la naissance divine du temple de Louxor (Aménophis III) et au temple d’Hatshepsout à Deir el-Bahari (2e terrasse). © V.T. Pour désigner la naissance divine, les spécialistes utilisent le terme « théogamie », theogamia, signifiant littéralement « mariage divin ». La naissance divine montre l’union entre un humain et une divinité. De cette union naît le roi, qui par cette « manœuvre » démontre son origine divine. À l’origine, la théogamie devait servir à justifier ou appuyer la légitimité du roi. () E]VgVdc=dghHg^ZC) La théogamie d’Hatshepsout a pour objectif de conforter son accession au trône. À la mort de Thoutmosis II, son fils Thoutmosis III monte sur le trône. Trop jeune, Hatshepsout devient régente du royaume. Ce n’est que plusieurs années plus tard qu’elle se fait couronner et devient roi, l’égal de Thoutmosis III. Pour réaliser cela, la reine cumule les artifices : fille de roi (Thoutmosis I), grande épouse royale (et épouse du dieu) de Thoutmosis II, oracle d’Amon favorable au couronnement de la reine, transformation de l’image de la reine (cette image devient masculine), et la naissance divine. La théogamie montre la naissance du garçon Hatshepsout ! Mais, les textes accompagnant les images évoquent bel et bien une fille… AZhVk^Zo"kdjh4 =cl]ih]cmcih4 oh_jl[ncko_]iol[hn_9 BWY_hYedY_i_edYedi_ij[}Yekf[hb[fhfkY[Zkfd_i$B[fhfkY[[ijkd[Y^W_hYeklhWdj jejWb[c[djb[]bWdZ$BWY_hYedY_i_ed[ijYekhWcc[djfhWj_gk[ZWdiY[hjW_difWoi$ CW_igkÊ[d[ij#_bZ[bÊWdY_[dd[x]ofj[5 Son origine demeure incertaine. Il semblerait que cette pratique soit venue du Proche-Orient pour être importée en Égypte durant l’Ancien Empire (ou avant). La circoncision est pratiquée, cela ne fait aucun doute. Quelques documents parlent et montrent cette « opération ». Deux décors célèbres nous la montrent : à Saqqarah dans la tombe d’Ankhmahor (6e dynastie) et un des temples de la déesse Mout à Karnak. Il ne semble pas avoir de sens précis à cette opération. Sur le décor de Karnak, il semblerait qu’il s’agit de garçons de moins de 10 ans bien que le décor soit endommagé. Dans la tombe d’Ankhmahor, les circoncis sont plus âgés. FEKHGKE?<7?H;5 9ECC;DJ9;B7 I;:xHEKB;#J#?B5 Les décors expliquent parfaitement l’opération. Tout d’abord, la circoncision se fait en groupe, tout le moins à en croire les décors. L’homme se tient debout. Il est maintenu (pas toujours) par une personne derrière lui et le futur circoncis pose une main sur la tête du « chirurgien ». Ce dernier est accroupi tenant d’une main le pénis ou le prépuce à couper et de l’autre l’instrument, une sorte de scalpel. L’opération est douloureuse, mais sans réel risque hormis qu’il faut appliquer pansement et désinfectant. L’opération est sans doute pratiquée par un prêtre ou un médecin. Et nous ne savons pas si le circoncis prend un « médicament » pour diminuer la douleur avant et/ ou après l’opération. Pour les femmes, l'excision Sujet sensible et souvent tabou, l’excision n’est pas clairement identifiée pour l’Égypte pharaonique. Cette pratique, heureusement dénoncée et combattue, mais toujours pratiquée dans de nombreux pays dont l’Égypte, va de la coupe partielle du clitoris à son ablation totale et infibulation du vagin. Rien n’indique que l’excision existât à l’époque pharaonique, seuls quelques textes évoqueraient cette « opération ». F.T. Pour quelle raison pratique-t-on la circoncision en Égypte ? Nous ne le savons pas ! Plusieurs hypothèses sont souvent évoquées : hygiène, religion, pureté. Quelle population était concernée par la circoncision ? Impossible de répondre, les prêtres ou futurs prêtres pouvaient être concernés par cette opération pour des raisons de pureté, mais soyons prudents, aucun document ne précise la raison de la circoncision, ni si à telle époque, elle est plus pratiquée que dans une autre. Ce serait peut-être un rite de passage à l’âge adulte. (- E]VgVdc=dghHg^ZC) Scène de circoncision d’un jeune homme / adolescent. Domaine sacré du temple de Mout, Karnak. HVXg F_mjf_ol_om_m4 Kd[Z[iiYd[ib[ifbki Yeddk[i Z[i jecX[i ]ofj_[dd[i [ij Y[bb[ e Z[i\[cc[ifb[kh[dj"Yh_[dj" W]_j[dj b[i XhWi" i[ jWf[dj bW j j["le_h[i[`[jj[djZ[bWj[hh[ ekZkiWXb[ikhbWj j[$9[iedj b[i fb[kh[ki[i$ Gk_ iedj#[bb[i 5 Gk[bihb[i`ek[dj#[bb[iZkhWdjb[i \kdhW_bb[i5 FWh<hWde_iJed_Y )% E]VgVdc=dghHg^ZC) HVXg _hnl_lcn_m_n f[g_hn[ncihm Les pleureuses remontent au moins à l’Ancien Empire (3e millénaire avant notre ère). Peut-être cette pratique existait-elle avant. Dès l’Ancien Empire, les scènes de lamentations durant les funérailles ou lors de la mort d’une personne s’observent. Mille ans plus tard, nous retrouvons les mêmes scènes, les mêmes femmes pleurant durant les funérailles. Youri Volokine a magistralement repris le dossier dans « Tristesse rituelle et lamentations funéraires en Égypte ancienne ». (1) Pour les anciens Égyptiens, la mort est un état ambigu. La personne n’est plus vivante et attend la renaissance dans le monde d’Osiris. Montrer le cadavre est quelque chose de répugnant pour un Égyptien. La momie, ou la statue du défunt, masque la mort en elle-même. ;NFH?C;HB7:EKB;KH;JB; :;K?B0B;IxCEJ?EDI En ancienne Égypte, comme dans d’autres civilisations de l’Antiquité, la mort, les funérailles s’organisent autour de rites, d’une mise en scène. Des historiens de la religion parlent de théâtralisation, voire d’un drame en plusieurs actes. Dans le deuil, Pleureuses du Nouvel Empire, après Toutankhamon. Musée du Louvre. l’émotion est quelque chose qui explose. En ancienne Égypte, des règles strictes « réglementent » les émotions (Youri Volokine). Il ne faut pas oublier que l’Égyptien de l’Antiquité se définit par rapport à sa place sociale. Durant les funérailles, les émotions apparaissent dans les textes et les gestes des personnes représentées dans les décors. Là, on y trouve le deuil, le chagrin, la tristesse, la douleur. On parle alors de lamentations funéraires. Et ces lamentations prennent des apparences différentes (dans la forme et l’expression émotionnelle) selon la nature des funérailles : royale, d’un animal sacré ou privée. Par exemple, la mort d’un roi provoque un deuil national et là, comme le note Youri Volokine, les lamentations sont différentes selon la population : pleureuses moins expressives, dignitaires muets et pleurs du peuple. L’auteur note une différence entre l’attitude des hommes (prostrés, la tête dans les genoux) et des femmes, qui seraient plus expressives. Si l’émotion intérieure d’un proche du roi est rarement exprimée, nous connaissons quelques exemples de manifestation. À l’entrée de la tombe du pharaon Osorkon II à Tanis, un texte a été gravé. Il décrit la douleur de Pachereniset, général des troupes de Haute et de Basse Égypte. Cette tristesse s’exprime aussi dans la 1) Dans Revue de l’histoire des religions, tome 225, fascicule 2, avril – juin 2008. E]VgVdc=dghHg^ZC) )& HZmjVa^i ;eb_h[nihlpifoncihh_fÎ[ln4 oh[lnh[nol[fcmn__nÀm_hmo_fÁ 7lWdj 7a^[dWjed" _b [ij hWh[ Z[ le_h b[ Yekfb[ heoWb Wl[Y i[i [d\Wdji ikh kd ZYeh ZÊkdj[cfb["ZÊkd[jecX[$9Ê[ijfekhY[jj[hW_iedgk[dekiYeddW_iiedii_cWbb[i fhe]d_jkh[iheoWb[iZ[bW'.[ZodWij_[$7cdef^_i?LÅ7a^[dWjedY^Wd][b[ih]b[i [d\W_iWdjZ[bW\Wc_bb[heoWb[kdj^c[ZYehWj_\Y[djhWbfekhcedjh[hb[dekl[Wk Z_[ki[kb7a^[dWjedf[kjWZeh[hb[Z_[kiebW_h[7jed[jb[he_$ J[nj[f^ejeiZ[<hWde_iJed_Y 1 La reine tend au roi, s’appuyant sur une longue canne, des mandragores, DORUVTXHGHOâDXWUHPDLQHOOHWLHQW GHVORWXV6\PEROHÒURWLTXHSDU excellence. L’identité du couple royal suscite de nombreux débats : Akhenaton – Néfertiti, Smenkhkharê et Merytaton, voire, Toutankhamon… Musée égyptien de Berlin. visage marqué (figure 2). Nous sommes loin de la jeunesse éternelle que transmet habituellement l’art pharaonique. La reine est ici naturelle, âgée d’à peine 30-35 ans, mais les grossesses successives (6 enfants en 7 ou 8 ans), la vie difficile de l’époque lui ont volé sa jeunesse. KD7HJ7I;NKx5 Vous avez certainement vu au Musée du Louvre ou à celui du Caire, les statues colossales d’Aménophis IV le montrant déformé : grosses cuisses, larges hanches, visage très fin. Certaines de ces statues représentent le roi nu, mais sans organes génitaux L’art d’Akhenaton (dit art amarnien) est souvent qualifié de naturaliste, dans le sens où on représente la nature. Les gestes des personnages deviennent plus souples, plus dynamiques, bref, plus naturels. Certains parlent d’art expressionniste (Jean-Pierre Corteggiani). Mais cet « art nouveau » va réellement apparaître à partir de la 3e année de règne ; avant cette date, il s’agit d’une évolution des canons *+ E]VgVdc=dghHg^ZC) artistiques du règne précédent, celui d’Aménophis III. Une des merveilles de l’art naturaliste est incontestablement la statue de Néfertiti du Musée de Berlin. Nous pourrions dire qu’il s’agit d’une représentation réelle de la reine au moment de la sculpture. Réalisée dans la capitale, Amarna, Néfertiti y est fatiguée, le trait tiré, les seins tombants, épaules tombantes, La statue de Néfertiti « âgée » du musée égyptien de Berlin. Le visage de ODUHLQHHVWPDUTXÒYRLU détail). Il s’agit sans doute d’une statue « réaliste » de Néfertiti, loin de la beauté intemporelle. 2 HdbbV^gZ :Y^id ;]igg_;giol& M]igg_M_ro[fcn Fehj\eb_e Le papyrus érotique de Turin ...............................3 ?dj[hl_[mi Rencontre avec Pascal Vernus ...........................10 Rencontre avec Violaine Vanoyeke ...................14 Fekle_h Des femmes de pouvoir à Louxor ......................15 Comment les anciens Egyptiens s’aimaientils ? Comment parlaient-ils de la sexualité ? Ces deux questions révèlent un monde souvent méconnu du public. La société pharaonique est à la fois prude et sans tabous ! Ce paradoxe s’explique par des mœurs, une morale très rigides : tout y est codifié. La sexualité se cache derrière des gestes, des mots. Elle ne se montre pas sauf pour les dieux. Et pourtant, il n’existe pas de réels tabous ou d’interdits, cependant les pratiques amoureuses ne seront pas les mêmes pour le peuple, le roi et les « riches ». Dans ce hors série, nous allons vous faire découvrir un univers surprenant. Pascal Vernus, égyptologue français mondialement connu, dévoile toutes les subtilités de l’amour des Egyptiens, la littérature amoureuse. Nous nous plongerons dans l’étonnant papyrus érotique de Turin ou encore sur l’acceptation, ou non, de l’homosexualité. I[nkWb_j Quels interdits en matière de sexualité .............20 L’homosexualité .................................................24 Le pharaon a tous les droits ! ............................28 Passer un jour heureux… ..................................60 B[iWl_[p#leki Circoncision .......................................................38 Accouchement ...................................................45 La médecine égyptienne ....................................51 Pour conclure, nous avons le plaisir de vous annoncer l’arrivée de Pharaon sur iPad d’Apple. Vous aurez accès à un contenu interactif, la visite de sites archéologiques. La version iPad du magazine apporte du contenu supplémentaire pour les rubriques portfolio et sites. La rubrique visite devient interactive mêlant géolocalisation et commentaires audio. Toute l’équipe de Pharaon vous souhaite une excellente année 2012. <hWde_iJed_Y >_ijeh_[d"HZWYj[kh[dY^[\ \hWdYe_ijed_Y6XXen$\h 7YjkWb_ji Hors série N°4 @7DL?;H#<xLH?;H#C7HI(&'( 74, rue du Gros Chêne 54410 Laneuveville-devant-Nancy tél. : 03 83 57 91 06. fax : 03 83 51 20 08 E-mail : [email protected] http://www.pharaon-magazine.com Directeur de la rédaction Christian Gustin Rédacteur en chef : François Tonic Mise en page & Graphisme Franck Toussaint Secrétaire de rédaction Carole Durocher Ont collaboré à ce numéro Paule Valois, Fernand Schwarz, Henri Doranlo Crédits photos imaginegypt, François Tonic, D.R., MRAH, Valérie Turmel, Fernand Schwarz, Henri Doranlo Crédits couverture : © François Tonic : Papyrus érotique de Turin, photographie prise avec l’autorisation du musée, peintures de Nebamon, stèle d’Amarna (Berlin), cuillère (Louvre) Impression Artes Gráficas Jiménez Godoy, s.a. Carretera de Alicante, Km. 3 30160 MURCIA - España Publicité : Objectif Plus Martine et Alain Perro 6 route de Beurey 55000 Tremont Tél. : 03 29 75 45 70 Fax : 03 29 75 42 96 Mail : [email protected] Service des ventes et réassorts ACP : 01 64 66 16 39 Les propos exprimés dans les articles n’engagent que leurs auteurs Pharaon Magazine est une publication trimestrielle éditée par E.N.D, Sarl au capital de 26000 euros Rédaction, administration, au siège social : 74, rue du Gros Chêne 54410 Laneuveville-devant-Nancy Directeur de la publication Christian Gustin Principaux associés C. Gustin, E. Bertelle, N. Abboud, J.C Bertrand Les derniers livres parus.....................................39 Les dernières nouvelles .....................................64 IWYh Imprimé en espagne Printed in Spain Les pleureuses ....................................................40 La sexualité divine et le rôle de la féminité ......46 7XYZW_h[ Abécédaire de l’amour .............52 Distribution MLP. Dépôt légal à parution. n° commission paritaire : 1007 K 82239. n° ISSN : 1636-5224. Les documents, manuscrits et photographies transmis à la rédaction ne sont pas retournés et leur envoi implique l’accord des auteurs pour leur publication. Copyright : Pharaon Magazine. Toute reproduction intégrale ou partielle des textes et/ou photographies, illustrations, est interdite sans l’accord préalable écrit des auteurs et du directeur de la publication. L’envoi de textes ou d’illustrations implique l’accord des auteurs pour une utilisation libre de droit et suppose que l’auteur soit muni des autorisations éventuellement nécessaires à la diffusion. Le prix de vente indiqué en couverture inclut la TVA de 2,1%. 7cWhdW Akhenaton révolutionne l’art .................56 :_l[hi ++ E]VgVdc=dghHg^ZC) V.T., mars 2011 Abonnement ......................11 Offres spéciales .........13 & 44