Porfirio Diaz est entouré d’ingénieur et d’intellectuels positivistes, les cientificos). Cependant certaines
élites restent attachées au catholicisme.
Les élites latino-américaines sont donc fortement imprégnées de culture européenne. Leur objectif
est de maintenir l’ordre social. La réalité de l’indigénisme et du métissage est donc ignorée. Les
métisses n’existent pas pour eux et sont ignorés sauf dans une certaines mesures au Mexique.
Coexiste donc deux cultures : la culture officielle de référence européenne et la culture indigène.
2. La difficile consolidations des États-nations au XIXe
L’histoire des États américains au XIXe a été particulièrement mouvementé : conflits inter-étatiques
(Bolivie/ Pérou, Pérou/Chili), luttes intra-étatiques entre centralistes et fédéralistes (comme en
Argentine). Les États américains sont, pour la plupart, des états fédéraux (Mexique, Argentine, Brésil)
non seulement en raison de la taille des États.
Dans ses conditions, certains hommes ambitieux disposant de la force militaire (les caudillos) ont pu
confisquer le pouvoir politique à leur profit, et exercer des dictatures plus ou moins violentes. Le
caudillo est un guide pour son pays, sa légitimité étant fondée sur sa valeur militaire qui suppose
des valeurs morales et politiques. L’exemple type du caudillo installé au pouvoir est celui de Porfirio
Diaz au Mexique de 1876 à 1910.
L’histoire de la consolidation des États-Nations au XIXe est celle d’un conflit permanant entre la
volonté centralisatrice de l’État et les forces centrifuges des pouvoirs locaux et régionaux. Ces
seigneurs territoriaux avec lesquels l’État devra négocier faute de pouvoir les contrôler, s’appuient sur
des formes de sociabilité traditionnelle et des réseaux locaux fortement ancrés dans le territoire. La
figure du cacique renvoie à la faiblesse de lÉtat et à la nécessité de la médiation pour assurer le
contrôle étatique.
On a la relation entre deux processus : la formation de l’État et celle de la Nation. Le premier
suppose la neutralisation des autonomies locales, le second la capacité de transmettre des valeurs,
des référents et des droits à l’ensemble de la population. Aussi la construction d’un ordre spatial et
social libéral met en confrontation pendant tout le XIXe siècle un centre faible et des pouvoirs locaux
vivaces.
Que l’on ait adopté une constitution plutôt présidentialiste ou parlementaire, le suffrage universel
n’est adopté en Argentine qu’en 1912, en URUGUAY en 1918 (y compris le suffrage féminin dans
ce dernier cas). Ailleurs on en est encore très loin. À la veille de la première guerre mondiale,
seulement 5% des adultes mâles votent en Colombie, 3% au Chili. Au Chili encore, dans les années
1960, il n’y a que 20% d’électeurs et 44 % seulement dans les années 70. De toute façon, le
système électoral fonctionne bien mal, parce que il y a de très fortes contraintes sur les votes et
parce que les résultats sont truqués.
Dans les pays où il existe un semblant de vie politique, celle-ci se divise en partis libéraux et
conservateurs, comme en Colombie. Il n’y a pas de différences majeurs sur les politiques
économiques et sociales et ils partagent le même mépris et la même indifférence à l’égard du peuple.
Les libéraux sont plus européens i.e. anglophiles, liés au milieu du négoce, tandis que les
conservateurs sont plus hispanophiles, catholiques et militaires. Malgré tout, les affrontements
peuvent être violents : ainsi durant la “guerre des milles jours” entre octobre 1899 et novembre 1902
qui opposa libéraux et conservateurs il y eut plus de 100 000 morts en Colombie.
À l’exception de l’Uruguay où José Battle y Ordoñez par deux fois président de la république entre
1903 et 1915 fit adopter une législation sociale très avancée : journée de travail de 8 heures, droit de
grève, législation des syndicats, divorce en plus d’une constitution réellement démocratique. Ailleurs,
les institutions de la démocratie ne sont que purement théoriques. Dans beaucoup de cas, cela s’est
estompé au profit d’une dictature pure et simple celle de Vicente Gomez (1908 - 1935) au
Venezuela ou encore celle de Porfirio Diaz au Mexique de 1876 à 1910.
Au début du siècle, seuls l’Argentine, l’Uruguay, le Chili, la Colombie et le Costa Rica ont l’apparence
de régime constitutionnels à peu près représentatifs. Dans la plupart des états, le choix politique est
entre une oligarchie de propriétaire ou encore un caudillo exerçant le pouvoir de façon dictatorial se
raccommodant ou pas avec l’oligarchie.