feuille - Ville de Genève

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la
FEUILLE
VERTE
JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – VILLE DE GENÈVE
DÉPARTEMENT DE LA CULTURE – N° 38 – DÉCEMBRE 2007
Brèves -Actuel
sommaire
impressum
100 000 visiteurs pour REAGIR
es week-ends de la Fête du développement durable, du marché ProSpecieRara et de l’inauguration de notre nouvel espace pour la petite
enfance, la Forêt enchantée, et enfin la Marche de l’espoir le 14 octobre ont largement contribué à ce succès. Plus de 55 visites guidées (hors publics
scolaires) ont été conduites par les commissaires de l’exposition REAGIR, Didier
Roguet et Pascal Peduzzi de mai à octobre. Plus de 200 classes ont visité l’exposition avec leurs enseignants. Plus de 120 coupures de presse et de nombreux
passages sur les radios et télévisions nationales et locales ont balisé ces 6 mois de
prise de conscience et de réaction aux grandes catastrophes environnementales
qui déchirent notre planète. Les réactions des visiteurs ont été très positives et
nous avons probablement contribué, avec nos partenaires, à un certain éveil des
BRÈVES - ACTUEL
2
EDITORIAL
3-4
JARDIN
5à8
BIBLIOTHÈQUE
9 - 10
CONSERVATION
11
RECHERCHE
12 à 16
PARTENAIRES
17
RÉTROSPECTIVE
18 à 21
COOPÉRATION
22 - 23
AGENDA - PROGRAMME
24 à 27
Rédacteurs responsables D. Roguet, P. Perret
Rédacteurs D. Aeschimann; A. Breda; P. Bungener; L. Burgisser; D. Fischer
Huelin; D. Gautier; L. Gautier; V. Gerritsen; C. Golé; D. Jeanmonod;
C. Lambelet; P.-A. Loizeau; P. Martin; P. Mugny; Y. Naciri;
M. Perret; A. Pin; P. Steinmann; M. Stitelmann (traduction);
A. Traoré; C. Vaz
Photographies B. Baumler; R. Braito; L. Gautier; D. Girod; C. Lambelet;
P.-A. Loizeau; B. Renaud; D. Roguet
Photographie de couverture D. Roguet
Conception graphique M. Berthod
Impression Atar Roto-Press SA, Genève
Le journal des Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville
de Genève paraît une fois l’an.
© 2007 Conservatoire et Jardin botaniques, Genève.
Toute reproduction intégrale ou partielle des textes ou
des illustrations de cette édition est strictement interdite
sans accord préalable des CJB.
Vous pouvez télécharger la feuille verte au format pdf
sur notre site internet:
www.ville-ge.ch/cjb
consciences et surtout à une mise en pratique des gestes qui sauveront notre
planète. Le mouvement est en marche et les CJB ont ajouté une petite pierre à
l’édifice. L’exposition REAGIR se poursuit de manière virtuelle sur le site du
GRID-PNUE:
www.grid.unep.ch/activities/global_change/atlas/ex_2007.fr.php
L’exposition (panneaux) dans son intégralité est téléchargeable, ainsi que les
documents pédagogiques qui ont été produits par les CJB et les enseignants pour
REAGIR. Nous profitons de ce message pour remercier tous les contributeurs,
participants et visiteurs qui ont œuvré d’une manière ou d’une autre au succès
de cette entreprise.
Wollemia NOBILIS
es CJB et plus particulièrement sa serre tempérée
accueillent depuis le mois de
novembre 2007 un nouvel hôte de
marque: Wollemia nobilis, le pin
wollemi. Cette Araucariacée
d’Australie, véritable fossile vivant,
est une curiosité botanique. Elle
est originaire des Montagnes
bleues au nord-ouest de Sidney,
où elle a été redécouverte en 1994
sous la forme d’une population
relictuelle de moins de 100 individus. Des boutures ont été prélevées et l’espèce multipliée. C’est
un de ces exemplaires originaux
que vous pouvez admirer dans
notre serre tempérée. Venez nombreux admirer ce «dinosaure
botanique» vivant!
WI-FI public
n réseau Wi-Fi public et gratuit a été mis en place début octobre dans
le parc des Conservatoire et Jardin botaniques, autour des principaux
bâtiments. Cette couverture concerne aujourd'hui la zone comprise entre le
chemin de l'Impératrice et l'avenue de la Paix et la Console.
Cet accès au Wi-Fi, s’il ne s'étend pas à l'intérieur des bâtiments, couvre néanmoins les sous-sols abritant
la collection générale de l’herbier genevois.
Musées en été
Découverte, éveil culturel et scientifique
n 2007 et pour la seconde fois, les musées
de la Ville de Genève ont proposé, fin août,
une semaine d’ateliers itinérants aux enfants de
8 à 11 ans. Fédérés autour de l’idée de permettre
aux jeunes visiteurs d’apprivoiser leurs musées,
ceux-ci ont trouvé des partenaires efficaces auprès
du Service des Loisirs de la Jeunesse SLJ (pour la
gestion administrative et la communication) et
du Groupement intercommunal pour l’animation parascolaire GIAP (pour l’encadrement des
enfants durant la pause de midi). Les participants,
munis d’un carnet de route, sont ainsi entrés
dans la peau de chercheurs et de professionnels de
terrain de tous bords.
Signé : Les musées CJB, MAH, MEG, MHN et MHS
Convaincus que l’on pouvait faire du «pointu
- sympa», nous avons cherché à stimuler chez
eux la créativité, le sens de l’observation et le
plaisir de la découverte, par le biais d’activités
longuement mijotées et savamment minutées.
Les enfants et les parents nous l’ont dit et écrit:
«J’ai eu beaucoup de plaisir», «Je serai scientifique, comme Louis», «C’était génial», «Merci
pour cette magnifique semaine!». La semaine
d’ateliers itinérants Musées en été – ateliers
aura donc certainement à nouveau lieu en
août 2008. Renseignements et inscriptions sur
le site du SLJ : http://www.geneve.ch/slj/.
PAGE 2 – N° 38 – DÉCEMBRE 07 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES
Editorial
Réagissons !
Patrice Mugny Maire de Genève
Les Conservatoire et Jardin botaniques
sont une porte ouverte sur la nature.
Cette porte, ils sont chaque année
des centaines de milliers à en passer
le seuil, pour admirer, découvrir ou
se ressourcer au contact des trésors
végétaux de ce véritable musée vivant
endant six mois, les visiteurs des CJB ont aussi
été conviés à se frotter à des espaces révélateurs des grandes catastrophes environnementales qui menacent notre planète en ce
début du 21e siècle. Organisée sous le label «Tout peut arriver», thème choisi par le Département de la culture pour
s’interroger sur la notion même de catastrophe, l’exposi-
Ces catastrophes sont interdépendantes et nous
en sommes tous peu ou prou responsables
tion REAGIR a proposé des approches complémentaires
des problèmes liés au changement climatique, à la déforestation et à la désertification, aux pollutions ainsi qu’à
la perte de la biodiversité.
Ces approches se voulaient tout à la fois interactives, jardinées et imagées, afin de bien faire comprendre un message essentiel: ces catastrophes sont interdépendantes et
nous en sommes tous peu ou prou responsables.
Que puis-je faire, à mon modeste niveau, pour contribuer
au sauvetage de la planète? Quel est le «juste» prix à payer
pour cela ? Est-il possible de vivre aussi bien, tout en
respectant mieux mon environnement? Ces questions, et
bien d’autres, trouvaient des réponses appropriées, c’està-dire accessibles à tous, au fil d’une ballade intelligemment ludique à travers les phénomènes catastrophiques
que nous engendrons, sans toujours le savoir, mais aussi
parfois sans y croire vraiment.
Au final, l’exposition REAGIR aura réussi à relever le défi
de parler simplement de problèmes éminemment sérieux;
à faire prendre conscience de l’impérieuse nécessité d’opter pour des gestes écologiques et citoyens, si l’on veut pouvoir faire mentir les sombres perspectives que laissent entrevoir les connaissances scientifiques actuelles. Ainsi, les CJB
prouvent une fois encore qu’ils sont très présents dans le
débat sur nos modes de vie, sur ce que notre environnement peut supporter. Ces questionnements et ces préoccupations sont au cœur de la politique de la Ville de Genève.
garde s’applique pleinement aux espaces urbains, dans
lesquels se concentrent aujourd’hui les quatre cinquièmes de l’humanité et sur lesquels s’exercent les plus fortes pressions sur la qualité de vie.
Défendre la nature en ville ne relève pas du
simple slogan écolo
Il est donc temps de «réagir» en favorisant la création
d’éco-quartiers, où le contact avec la nature est aussi le
lieu d’expériences d’ouverture, d’échanges, un facteur
d’intégration et de cohésion sociale au service d’un développement harmonieux et durable.
Car nous le savons bien, la nature ne s’arrête pas aux portes de la cité. Défendre la nature en ville ne relève pas du
simple slogan écolo, pas plus d’ailleurs qu’il ne répond
à de purs enjeux esthétiques.
Au contraire, c’est militer pour que la sauvegarde d’un
environnement sain ne se limite pas à la création de zones
artificiellement protégées ; lutter pour que cette sauve-
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N° 38 – DÉCEMBRE 07 – PAGE 3
Une CANDIDATURE utile
Pourquoi la candidature non retenue des CJB à l'organisation du Congrès
des botanistes africains de 2010 est-elle profitable?
Pierre-André Loizeau Directeur
es CJB ont été sollicités au
début de l'année par nos collègues de Zürich afin que nous
déposions notre candidature
pour l'organisation du Congrès des botanistes travaillant sur l'Afrique. Ceux-ci sont
regroupés au sein d'une association dont
l'acronyme est AETFAT, soit l'Association pour
l'Etude Taxonomique de la Flore d'Afrique
Tropicale. Intéressés par la tribune que représentait cette candidature, nous avons monté
un projet en un mois, afin d'aller le présenter au congrès qui se tenait fin février 2007 à
Yaoundé, au Caméroun.
En concurrence avec Madagascar, notre
candidature pour l'organisation du congrès
2010 a échoué dans une proportion de deux
contre un face à une offre alléchante, en particulier sur le plan touristique.
Aucune amertume du côté suisse, car ce fut
pour nous l'occasion de présenter ou rappeler à une assemblée réunissant les plus grands
spécialistes du domaine la richesse de l'herbier et de la bibliothèque de Genève, et de
mettre en avant l'achèvement de la base de
données la plus complète au plan mondial
sur la nomenclature des plantes d'Afrique.
Nous avons d’ailleurs observé une augmentation des demandes de prêts d'échantillons
d'herbier grâce à cette présentation. Par
ailleurs des contacts lors de ce congrès nous
ont permis de signer en octobre une convention avec le «Missouri Botanical Garden» et
La venue au congrès a permis d'aller consulter l'herbier national du Caméroun
le «South African National Biodiversity Institute» sur des échanges de données sur la
nomenclature des plantes de Madagascar.
africaine. A noter que cette base de données
peut être consultée à l'adresse ci-dessous:
www.ville-ge.ch/cjb/bd/africa/
De plus, dans le cadre de cette convention, le
«Missouri Botanical Garden» mandatera un
scientifique suisse pour une période de trois
ans, qui sera basé aux CJB et qui travaillera
au bénéfice des trois partenaires sur la constitution de la base de données nomenclaturale malgache, celle-ci venant compléter de
façon quasi exhaustive la base de données
Il se pourrait donc qu'en 2010 les scientifiques
des CJB aillent à Madagascar présenter la liste
des espèces malgaches connues (rappelons
qu'elles sont à près de 90% endémiques de
l'Ile) qui aura été constituée à Genève. C'est
une autre façon de faire de la coopération avec
le Sud, et ce sera une autre manière de participer activement au prochain congrès.
Ci-dessus Une vue de Yaoundé, Caméroun, prise depuis le Palais des Congrès
A droite Les marches du Palais des Congrès de Yaoundé
PAGE 4 – N° 38 – DÉCEMBRE 07 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES
Jardin
Un Jardin botanique
de COLLECTIONS
190 ans après leur création, les Conservatoire et Jardin botaniques, forts des lignes
directrices tracées par leur fondateur, l'illustre Augustin-Pyramus de Candolle, gardent
pour mission la conservation d'un patrimoine, à travers notamment les collections vivantes
es collections sont constituées autour de
familles (ex.: Arecaceae ou famille des
palmiers), de genres botaniques (ex.: Iris),
de thèmes (ex.: Plantes à huile), de provenances géographiques (ex.: Plantes de l'Himalaya) ou
encore d'associations végétales (ex.: Drabo-Seslerion,
représentant le milieu «Dalles calcaires et lapiez de montagne»). Elles jouent un grand rôle pour la recherche,
l'éducation, la conservation, la protection et requièrent
également diverses explorations pour leur constitution.
RÉPARTITION EN TAXONS DE LA COLLECTION DANS LES SECTEURS DU JARDIN
04
29
78
28
L'ensemble des quelques 16 000 spécimens concernés,
représente plus de 10 000 taxons, dont la valeur est
essentielle pour les travaux de connaissance et de classification de la flore.
266
Serres
Rocailles
4181
Des rencontres annuelles entre conservateurs et jardiniers permettent d'ajuster les attentes des scientifiques,
celles du jardinier-chef et des chefs de cultures et de jauger les possibilités de réalisation pratique en matière de
collections.
Alexandre Breda Jardinier-chef
Pascale Steinmann Adjointe au Jardinier-chef
Parc et dendrologie
Horticulture et animaux
CRÉATION D'UNE COLLECTION
En 2003, une collection sud-américaine de Gesnériacées,
de grande valeur scientifique, a été présentée dans une
serre d'exposition publique, mettant en valeur les travaux
de certains conservateurs et fournissant ainsi plus de
matériel végétal vivant pour des recherches.
La collection des bégonias, qui occupait jusqu'alors cette
serre, a été transférée dans l'annexe de Pregny. Près de 100
espèces rassemblées patiemment, puis cultivées, ont été
mises en scène dans un compartiment de serre tempérée.
Avec savoir-faire, 32 m2 de rocailles ont été agencés avec
des blocs de roches poreuses (cornioles et tuf) recréant les
affleurements ou parois rocheuses des montagnes de la côte
atlantique brésilienne. Une grotte «suintante» a été conçue
pour les espèces d'ombre qui aiment l'humidité.
Constituer une collection est un travail d'équipe entre les
conservateurs de l'Institut qui valorisent et déterminent
botaniquement les collections vivantes, et les jardiniers
qui se procurent, élèvent et plantent les multiples spécimens. L'implication de tous, pour les projets touchant à
la conservation est primordiale. Les différents réseaux
entre jardins botaniques permettent, par échange, d'enrichir les collections, soit en commandant des graines via
les Index Seminum (catalogues des graines proposées
par chaque institution), soit quelquefois en se procurant
directement des spécimens, multipliés ou divisés dans
d’autres jardins botaniques. Certaines plantes proviennent également de milieux naturels, et dans ce cas il est
indispensable d'obtenir les autorisations officielles préalables de collecte et d’exportation.
Chacun de ces échanges est soumis aux règles du réseau
IPEN (International Plant Exchange Network) auquel les
CJB ont adhéré en 2006. L'IPEN permet la libre circulation, entre les jardins botaniques, du matériel végétal
vivant utilisé à but non commercial. Tout matériel échangé
(graines, plantes, etc.) est muni d'un numéro qui permet
sa traçabilité.
Pour mener à bien ses missions au travers de ses collections, le Jardin botanique de Genève entretient également
des liens avec des acteurs de la conservation de la flore
au niveau national, la Commission suisse pour la conservation des plantes sauvages (CPS), la Commission suisse
pour la conservation des plantes cultivées (CPC), le
Centre du Réseau Suisse de Floristique (CRSF), ProSpecieRara (PSR, Fondation suisse pour la diversité patrimoniale et génétique liée aux végétaux et aux animaux).
ENTRETIEN SPÉCIALISÉ DES COLLECTIONS
BOTANIQUES
Les objectifs fixés requièrent une organisation complexe et
la formation continue des personnes travaillant sur le terrain. Les jardiniers des CJB possèdent, outre une formation
professionnelle classique, des compétences de spécialistes
de collections qui s'acquièrent au long des années de pratique au côté des plus expérimentés. En effet, les plantes
proviennent de milieux naturels très différents, et il n'existe
pas, pour chaque taxon, de mode de culture référencé.
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N° 38 – DÉCEMBRE 07 – PAGE 5
Ambiance tropicale de la serre d'exposition avec palmiers et épiphytes
Une formation continue spécialisée se révèle nécessaire.
Ainsi, pour améliorer la qualité de la collection des Gesnériacées, deux horticultrices ont suivi un stage
d'approfondissement auprès de leurs collègues du Jardin botanique royal d'Edinburgh.
A L'EXTÉRIEUR DES CJB AUSSI...
Propriété de la Société Académique de Genève, le Jardin alpin
de La Linnaea est géré par les CJB. Plusieurs fois par an, des
jardiniers partent quelques jours à Bourg-Saint-Pierre
(Valais) pour entretenir ou rénover les biotopes alpins.
Le Jardin est également appelé pour des missions ponctuelles d'expertise ou de remise en état de collections
étrangères:
En 2001, Raymond Tripod, ancien jardinier-chef, a été
sollicité pour l’expertise d’un arboretum à Bamako. A
Dakar, il a dirigé le travail de réhabilitation du jardin botanique de l’université et, avec Gilles Nussbaum, chef de
culture, il s’est également investi pour des aménagements
zoologiques au parc de Hann.
Maurice Thomet et Pierre Mattille, chefs de culture,
ont travaillé en 2002, en Amérique du Sud, à la création
d’une collection de référence de plantes médicinales pour
l’université d’Asuncion (Paraguay) et à un projet de serre
ethnobotanique pour le Centre d’éducation environnementale Kusillo de La Paz en Bolivie.
Cette année, Alexandre Breda, jardinier-chef, a participé
à une expertise botanique et horticole dans le cadre d'un
projet d'aide au développement dans le nord de l'Inde.
voises. Les professeurs, ainsi formés par une médiatrice,
sont à même de proposer des visites autonomes et des
activités à leur classe.
TRANSMISSION DU SAVOIR, ÉDUCATION AUTOUR
DES COLLECTIONS
Par le biais de visites guidées, il est également possible
à chacun d'approcher nos collections et de s'informer
directement auprès des horticulteurs ou des botanistes.
Des ateliers sont également mis sur pied pour les enfants.
Pour les amateurs comme pour les botanistes qui visitent
en nombre le jardin, interprétation et signalétique sont
organisées pour permettre d'enrichir leurs connaissances au contact des collections:
Chaque plante est munie d'une étiquette gravée qui indique,
de manière très précise, le genre et l'espèce (binôme latin),
le nom d'auteur (de la première description de l'espèce), la
famille botanique et, s'il existe, le nom vernaculaire (français).
Des panneaux de vulgarisation, des portfolios, voire des
vitrines didactiques mettent en valeur certaines collections
comme les terrasses des officinales, les plantes utiles du jardin d'hiver ou les animaux du programme PSR. Ils permettent la diffusion des connaissances. Une autre signalétique,
ponctuelle et provisoire (entretien différencié, lutte biologique), sensibilise nos publics au respect de la biodiversité
au travers de notre pratique de gestion des collections.
Une des fonctions du secteur Education environnementale consiste à transmettre des connaissances relatives aux collections aux enseignants des écoles gene-
Enfin, de nombreux élèves viennent suivre des stages
de formation professionnelle dans notre institution et
acquérir des connaissances en travaillant avec nos jardiniers-botanistes à la gestion des collections.
RECHERCHE
Un article scientifique sur les Gesneriacées, co-signé par 5
auteurs dont trois conservateurs des CJB, Mathieu Perret,
Alain Chautems et Rodolphe Spichiger, vient de paraître
dans la revue Evolution, couronnant ainsi des années de
travaux en lien avec la collection récemment exposée.
Avec 123 exemplaires répartis en 29 genres et 56 espèces,
les CJB possèdent la collection de palmiers la plus riche de
toute la Suisse. Dans le but de promouvoir la recherche sur
les palmiers aux CJB, le 6e congrès du «Réseau européen
des spécialistes scientifiques des palmiers» s'est tenu dans
notre institution en mai 2006.
Enfin, des botanistes étrangers visitent et améliorent régulièrement nos collections dans le cadre de leurs travaux.
PAGE 6 – N° 38 – DÉCEMBRE 07 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES
Photo: Robert Braito
Photo: Delphine Girod
Campanula fragilis subsp. cavolinii (Ten.) Dambolt ramenée lors
d'une expédition botanique dans les Abruzzes (Italie) en juillet
2007 pour nos collections (nouveau groupe Apennins)
Honoré du Prix Schulthess 2007 de Patrimoine Suisse,
le Jardin alpin Flore-Alpe de Champex est à l’aube d’une nouvelle ère
Jardin
Le JARDIN ALPIN de Champex
passe en mains valaisannes
Pierre-André Loizeau Directeur
'est le 13 juillet 2007 que Patrimoine Suisse (Heimatschutz) a
attribué au Jardin alpin FloreAlpe à Champex son Prix
Schulthess des Jardins 2007, d'une valeur de
CHF 30 000.–. Ce prix a pour but de faire
connaître la culture des jardins en Suisse et
de susciter l'intérêt pour ces trésors de notre
patrimoine.
Cette récompense rejaillit sur les Conservatoire et Jardin botaniques (CJB), car nous participons à la gestion de ce jardin depuis 40
ans. En effet, fondé en 1927 par Jean-Marcel
Aubert, il fût, dès 1967, dirigé et développé par
une fondation dont l'un des partenaires était
la Ville de Genève, à travers les CJB. C'est l'histoire de ce jardin que nous souhaitons vous
conter.
LA PASSION D'UN INDUSTRIEL POUR LA
MONTAGNE
Jean-Marcel Aubert (1875-1968), industriel
vaudois qui fit fortune avec les Câbleries et
Tréfileries de Cossonay, passionné de montagne, achète en 1924 une parcelle de 600 m2
à Champex. Un jardin est aménagé autour
d'un petit chalet dissimulé dans les arbres.
En 1927, il demande à Henri Correvon, le
célèbre horticulteur né en 1854 à Yverdon et
qui fit une grande partie de sa carrière à
Genève (il est le créateur du premier jardin
alpin La Linnaea en 1889 à Bourg-St-Pierre
et du Floraire de Chêne-Bourg en 1902), de
l'aménager. Agé de 73 ans, Henri Correvon ne
Jean-Paul Theurillat, directeur de la Fondation Aubert, à gauche, fait visiter
Flore-Alpe aux membres de Patrimoine suisse
peut que déléguer ces travaux qu'il supervise
à différentes entreprises. Les travaux d'entretien annuel sont ensuite confiés à un soustraitant de Correvon, Théodor Katz, horticulteur à Chêne-Bougeries. Dès 1931, Aubert
ouvre son jardin au public. On imagine que
les acquisitions sont importantes, car il doit
Remise du Prix Schulthess des Jardins 2007 de Patrimoine Suisse
(Heimatschutz) le 13 juillet 2007
A droite Monsieur Philippe Biéler, président de Patrimoine suisse, à gauche
Monsieur Pierre-André Loizeau, président de la Fondation Aubert
assez rapidement faire appel à un jardinier
engagé à demeure pour en assurer l'entretien.
Le premier est Paul Kleiner. Le Jardin s'agrandit au fil des années et des opportunités, pour
atteindre aujourd'hui une surface d'un peu
plus d'un hectare. C'est en 1953 que JeanMarcel Aubert engage Egidio Anchisi, qui
consacrera sa vie entière au jardin.
rain et des bâtiments, ainsi que d'un capital
dont les intérêts sont utilisés pour poursuivre
des activités scientifiques. C'est ainsi que
depuis le 22 mai 1967, ces deux partenaires
assurent le budget de fonctionnement de
Flore-Alpe à parts égales.
Sa très grande puissance de travail, son intérêt pour la botanique, sa passion pour les
voyages le conduisent à parcourir le monde
pour en ramener des plantes destinées à augmenter la collection de Champex. Egidio
Anchisi prend sa retraite en 1997, après 44 ans
de bons et loyaux services dédiés à Flore-Alpe.
En 1991, le canton hôte, soit l'Etat du Valais
et la commune d'Orsières, rejoint le comité et
apporte une contribution financière équivalente à chacun des autres partenaires. Cet
apport permet d'engager un directeur, le Dr
Jean-Paul Theurillat, dont les missions sont
de développer l'activité scientifique de la fondation, d'orienter l'évolution de la collection
et de la présenter au public.
LA FONDATION JEAN-MARCEL AUBERT
L'INFLUENCE DES JARDINIERS
Jean-Marcel Aubert veut que son Jardin lui
survive. Proche du terme de sa vie (1968), il
obtient, probablement grâce à ses bons
contacts avec les Professeurs de botanique
Jacques Miège et Claude Favarger, que la Ville
de Genève et l'Etat de Neuchâtel endossent la
responsabilité de constituer une fondation destinée à diriger et assurer le financement du
fonctionnement du Jardin de Champex.
Aubert dote par ailleurs la fondation du ter-
On a planté pendant les 25 premières années
de la vie du jardin des plantes spectaculaires
et multicolores, dont l'unique raison d'être est
la délectation des yeux et certainement le plaisir des sens des visiteurs.
Egidio Anchisi est lui plus attiré par les espèces
sauvages. Il élève Flore-Alpe au rang de jardin botanique. Il n'achète pas de plantes, mais
se rend dans la nature pour y collecter des
graines ou les reçoit au travers des échanges
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N° 38 – DÉCEMBRE 07 – PAGE 7
reprise intégrale de la Fondation
Aubert par l'Etat du Valais et la
commune d'Orsières, élevant
Flore-Alpe au rang de premier jardin botanique valaisan à part
entière.
Les rocailles du Jardin alpin Flore-Alpe
avec d'autres jardins botaniques. Son jardin
ressemble à un jardin de curiosités où sont
amassées les plantes qu'il trouve lors de ses
pérégrinations ou qui font l'objet de ses coups
de coeur. Le jardin Flore-Alpe compte aujourd'hui plus de 3000 espèces de plantes venant
des massifs montagneux du monde entier, avec
une spécialisation sur les joubarbes, les primevères européennes, les saxifrages de haute
montagne, les gentianes et les roses. On y
trouve aussi des conifères du monde entier rapportés par Egidio Anchisi. L'actuel jardinier,
Jean-Luc Poligné, en collaboration avec le
directeur Jean-Paul Theurillat, imprime une
vision un peu différente, plus thématique, en
resserrant la collection sur les espèces alpines
suisses, en regroupant les espèces dans leur
communauté végétale (on notera ici le très bel
arrangement présentant la pelouse steppique
valaisanne) et en présentant des espèces médicinales.
UN TRANSFERT EN DOUCEUR
A l'heure où nous écrivons ses lignes (octobre
2007), les tractations vont bon train pour une
En effet, l'Etat de Neuchâtel et la
Ville de Genève, confrontés à des
problèmes financiers, mais aussi
face à l'état de maturité atteint par
le Jardin alpin de Champex, ont
décidé que le temps était venu de
se retirer de la Fondation Aubert.
Cependant les deux partenaires ne
voulaient en aucun cas se retirer
sans pérenniser la fondation.
Suite à un travail important des
membres du conseil de fondation,
ceci fut rendu possible par une
décision du Conseil d'Etat valaisan en septembre 2007, portée par la voix du
Conseiller d'Etat Claude Roch lors d'une
entrevue informelle à Champex, qui réunissait en outre Mme la Conseillère d'Etat neuchâteloise Sylvie Perrinjaquet et les membres
du comité.
Le Valais, dans le cadre d'un nouveau partenariat impliquant l'Etat du Valais et la commune d'Orsières, a décidé de reprendre les
buts de la fondation à son compte, et de subvenir par des fonds adéquats au maintien du
jardin alpin et de ses activités scientifiques.
Les partenaires anciens et nouveaux ont toutefois négocié une année de transition, Neuchâtel et Genève participant encore à 20% du
budget de fonctionnement en 2008.
Les problèmes juridiques doivent encore être
réglés dans les détails, mais l'essentiel est clairement affirmé, à savoir la volonté des partenaires de maintenir vivant ce bijou alpin,
dans les meilleures conditions possibles.
FLORE-ALPE, PREMIER JARDIN
BOTANIQUE VALAISAN
En tant que président de la Fondation Aubert,
je suis très fier d'avoir été le successeur de
nombre de personnalités du monde scientifique romand qui ont présidé aux destinées de
Flore-Alpe, et de partager avec les membres
du conseil de fondation le succès de ce tournant important de son existence.
L'attribution du Prix Schulthess 2007 des jardins botaniques de Patrimoine suisse (Heimatschutz) est le signe que le jardin botanique
de Champex a atteint un niveau de maturité
remarquable grâce au travail des jardiniers et
des scientifiques qui y ont œuvré.
L'Etat de Neuchâtel et la Ville de Genève peuvent dès lors avec fierté transmettre un instrument touristique, scientifique et didactique
de grande qualité aux habitants du canton
du Valais.
Le Jardin alpin Flore-Alpe domine le lac de Champex
A droite Jean-Luc Poligné, jardinier responsable de Flore-Alpe, et à gauche PierreAndré Loizeau, président de la Fondation Aubert
PAGE 8 – N° 38 – DÉCEMBRE 07 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES
L’inventaire informatisé et la numérisation de la correspondance
du botaniste Augustin-Pyramus de Candolle ont débuté en collaboration
avec la famille de Candolle
ien n'est plus propre à nourrir, si l'on peut
parler ainsi, la réputation d'un homme de
lettres et quelquefois même à la fonder, au
moins pour un temps, qu'un grand commerce épistolaire». Cette citation de l'encyclopédiste
d'Alembert illustre à merveille ce que fut la correspondance du botaniste genevois Augustin-Pyramus de Candolle (1778-1841), fondateur des CJB. Un exceptionnel
corpus épistolaire imposant par sa taille, fascinant par les
patronymes de bon nombre de ses épistoliers et resté préservé jusqu'à aujourd'hui. Il présente ainsi quelques 5546
lettres dites passives (parce qu'envoyées à Candolle) écrites par un total de 1229 correspondants issus de 24 nationalités différentes. Les noms des expéditeurs ne peuvent
que laisser songeur notre lecteur: de célèbres hommes
de lettres comme Honoré de Balzac ou François-René de
Chateaubriand y cotoient des ministres de Bonaparte
comme le duc de Bassano, des notables philantropes tels
que le genevois Jean-Gabriel Eynard ou l'industriel Benjamin Delessert et des savants comme André-Marie
Ampère ou Georges Cuvier.
Patrick Bungener
Collaborateur scientifique
Bibliothèque
Projet de digitalisation
de la CORRESPONDANCE
d'Augustin-Pyramus de Candolle
UN CORPUS EXCEPTIONNEL RESTÉ INÉDIT
Retracer l'histoire de cette collection d'autographes permet de mieux comprendre comment cette collection a pu
arriver jusqu'à nous. A la mort de son père, Alphonse de
Candolle (1806-1893) va soigneusement conserver et
classer cette correspondance en vue de son édition qu'il
ne réalisera que très partiellement. Par la suite, son fils
Casimir (1836-1918) et son petit fils Augustin (18681920) prendront le relais. A la mort de ce dernier, sa
veuve décide de céder en 1924 une partie de la collection aux CJB, comprenant aussi les lettres reçues par
Alphonse et Casimir, en sus de l'herbier et la bibliothèque
personnelle légués en 1921.
«Le désir de la famille a été de fournir, par le don de ces
archives, un complément utile à l'Herbier de Candolle»,
relate ainsi le rapport annuel des CJB de 1924-1925.
L'inventaire de la collection réalisé à l'époque atteste
que les lettres données ont été sélectionnées sur la base
de leur contenu. Seules les lettres traitant de botanique
On totalise quelques 11 000 lettres échangées,
sur une période de 43 ans
ont ainsi été léguées, les autres, considérées comme des
missives personnelles, restant en main de la famille. Au
total, ce ne sont donc pas moins de 2891 lettres (52%
du total de la correspondance reçue d'Augustin-Pyramus) qui entrent dans les archives des CJB. Une centaine de lettres écrites de sa main, représentant 8% du
total de sa correspondance active (ou envoyée) restée
présente sur Genève, est encore léguée aux CJB. Les
autres lettres envoyées par Candolle étant dispersées aux
quatre coins de l'Europe (quand elles n'ont pas été
Exemple de lettre envoyée par Augustin-Pyramus de Candolle, adressée
au naturaliste Sabin Berthelot (1794-1880)
détruites par leur destinataire) et Candolle n'ayant pas
tenu un registre de copie de ses lettres, il est très difficile de déterminer le total de sa correspondance active.
Néanmoins, si on compte une lettre envoyée pour une
reçue, on totalise quelques 11 000 lettres échangées,
soit 5 lettres envoyées ou reçues en moyenne chaque
semaine sur une période de 43 ans (de l'âge de 20 ans
à sa mort)!
En comparaison européenne, ce corpus est important. Certes, son nombre total de lettres est inférieur à celui du
médecin-naturaliste Albrecht von Haller (1708-1777)
(17 000 lettres) ou du botaniste Joseph Banks (1743-1820)
(20 000 lettres), mais est nettement supérieur à celui de
Linné (1707-1778) (5500 lettres) ou du naturaliste genevois Charles Bonnet (1720-1793) (6000 lettres). En terme
du nombre total de correspondants (1247, si on tient
compte des lettres actives), cette correspondance rejoint
celle de Haller (avec 1200 correspondants), légèrement
derrière celle estimée du botaniste André Thouin (17471824) (avec 1900 correspondants), jardinier en chef du
Jardin des Plantes de Paris dès la fin du 18e siècle.
UN OUTIL DE PREMIÈRE UTILITÉ POUR L'HISTORIEN
DES SCIENCES
L'historien confronté à l'étude et l'édition du corpus épistolaire de Candolle se heurte à un problème majeur. La
scission de la correspondance de 1924 (une partie étant
déposée chez la famille et l'autre aux CJB) a entraîné bien
souvent la coupure de grande série de lettres d'un même
expéditeur, rendant leur consultation par conséquent difficile. De plus, bon nombre de lettres en main familial traitent, même brièvement, de botanique! La lettre au 18e siècle évoquant une multitude de sujets, il est bien difficile de
faire la part de ce qui concerne strictement la botanique et
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N° 38 – DÉCEMBRE 07 – PAGE 9
de ce qui ne la concerne pas et la coupure de 1924 apparaît, à ce titre, bien arbitraire. Plusieurs lettres, enfin, sont
issues de botanistes amateurs. Parce que ces derniers
n'étaient pas des grands botanistes, leurs lettres ont été
considérées par la famille lors du legs comme des lettres
personnelles d'Augustin-Pyramus et conservées par elle.
Il est important de relever que la correspondance d'un
savant, qu'elle soit privée ou liée à son activité, fournit
des détails permettant de mieux appréhender le
contexte social et intellectuel du moment. Elle offre
bien souvent un extraordinaire témoignage sur la diffusion des idées de l'homme de science et ses pratiques
de sociabilité au sein de la communauté savante.
(en particulier sur la création des CJB en 1817) et la
genèse des écrits d'Augustin-Pyramus de Candolle.
En bref, elle permet de restituer les étapes de la construction de son savoir, la genèse de son œuvre et des
institutions qu'il peut amener à fonder. L'historien ne
peut donc se passer de la correspondance privée et
publique pour retracer la vie, les rôles institutionnels
En sus de cet intérêt historique, la bibliothèque des CJB
est de plus en plus sollicitée par le public ou des institutions extérieures pour consulter telle ou telle lettre
envoyée à Candolle que, bien souvent, notre institution ne
possède pas.
PROJET DE NUMÉRISATION
C'est pourquoi, au vu de l'importance de ces documents
manuscrits, une collaboration avec la famille de Candolle
a conduit les CJB à mettre en place un projet de numérisation de l'ensemble des lettres encore en leur main
(quelques 3700 lettres). Dès l'automne 2007, des images scanographiques des lettres seront peu à peu réalisées par un membre de la famille et stockées sur un serveur informatique des CJB. Elles seront progressivement
transférées dans une base de données qui comprendra
aussi des informations attenantes aux lettres (date de la
lettre, lieu d'envoi, etc.) et à leurs auteurs (nom de l'expéditeur, date de naissance et de mort, etc). A long terme,
cette base de données intégrera encore les scanographies
des lettres appartenant aux CJB, voire celles envoyées par
Candolle et déposées dans des institutions et musées en
Europe. Elle permettra la publication de l'inventaire de
la correspondance d'Augustin-Pyramus en sus d'une probable mise en ligne sur le site internet des CJB, pour le
plaisir des chercheurs comme celui de tous les curieux
avides de documents d'histoire...
Exemple de masque de saisie de la base de données des CJB intégrant les données de la
correspondance d'Augustin-Pyramus de Candolle
Exemple de lettre adressée à Augustin-Pyramus de Candolle, envoyée par le naturaliste et préfet du Puy-de-Dôme Louis Ramond de
Carbonnières (1755-1827)
PAGE 10 – N° 38 – DÉCEMBRE 07 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES
la LISTE ROUGE cantonale
des plantes vasculaires
Fin 2006, les CJB ont publié une Liste Rouge cantonale
concernant les plantes à fleurs et les fougères, avec le soutien
actif du Domaine Nature et Paysage
Catherine Lambelet-Haueter
David Aeschimann Conservateurs
e Domaine Nature et Paysage
du canton de Genève désire
disposer d’outils pour mieux
préciser les besoins de sa politique de protection de l’environnement, ceci
afin de pouvoir engager les ressources disponibles à bon escient. La Liste Rouge est l’un
des premiers instruments d’une telle politique.
On y trouve une liste des espèces historiquement présentes dans le canton et une évaluation de leur risque d’extinction.
Un exemple est constitué par la gratiole (Gratiola officinalis) redécouverte après 40 ans
aux Marais de Sionnet suite à des mesures de
renaturation. Menacée, en très faible effectif,
elle a été l’objet de différentes mesures: prise
en compte dans les plans de gestion des
marais, étude écologique, culture ex situ au
jardin botanique, réintroduction. La sauvegarde de cette espèce a été entreprise en collaboration avec des partenaires français dans
le cadre d’un projet Interreg. La dernière sta-
servi de base à l’élaboration de notre Liste,
indique que la flore indigène subit des pertes régulières depuis la deuxième moitié du
19e siècle (la proportion d’espèce indigènes
dans la flore a passé de 69% à 53% de 1870
à nos jours). Cette évolution de la diversité
floristique s’accompagne de l’apparition
dans la deuxième moitié du 20e siècle
d’espèces exotiques envahissantes, comme
la renouée du Japon, la berce du Caucase
ou les solidages.
Conservation
Un outil au service des plantes menacées à Genève
Parmi les 236 espèces en danger d’extinction, beaucoup
sont liées à des milieux en
forte régression à Genève. Il
s’agit des milieux humides
(forêts, marais, bords des
étangs, rives des cours d’eau,
prairies humides), des
milieux aquatiques, des
champs cultivés (céréales),
des prairies très sèches et des
lisières thermophiles.
Une Liste Rouge constitue un
bilan et permet de faire le
point sur les pertes et sur les
menaces existantes. De nombreuses espèces
de la faune sont liées – parfois spécifiquement – à la flore, aussi la disparition
d’espèces végétales est un indicateur d’une
perte globale de la biodiversité sur un ter-
La flore indigène subit des pertes
régulières depuis la deuxième
moitié du 19e siècle
ritoire donné. La disparition totale des espèces menacées serait le signe d’une banalisation quasi complète de ces milieux et
représenterait donc une très grosse perte
pour l’environnement dans notre canton.
L’étude historique de la végétation, qui a
Photos: Catherine Lambelet
Globalement, 38% des espèces
dont on a évalué le danger
d’extinction à Genève sont
menacées. 158 d’entre elles
sont même considérées comme
éteintes régionalement. Pratiquement tout le cortège floristique des rives lacustres et des
champs sablonneux a disparu.
De plus, la proportion d’espèces proches de l’extinction est
particulièrement forte.
Culture et réintroduction de la gratiole des
marais aux Marais de Sionnet (avril 2007)
Néanmoins, grâce aux résultats publiés, il
devient possible d’agir pour la protection
des espèces et de leurs milieux en mettant
en œuvre, par exemple, des actions de sauvegarde. Certaines espèces font déjà l’objet
de suivis ou de plans d’action grâce à une
collaboration entre le DNP, les CJB et différents autres partenaires comme les mandataires de projets, Pro Natura ou la CPS
(Commission suisse pour la conservation
des plantes sauvages).
La base de données réalisée suite à cette
étude permet aussi de tenir compte de la
présence d’espèces menacées lorsque l’on
établit des plans de gestion et que l’on effectue des études d’impact.
tion connue en France voisine se situe en effet à
quelques kilomètres de la
frontière. De tels projets,
menés dans le cadre de la
collaboration transfrontalière franco-genevoise,
visent à inscrire la protection des espèces et des
milieux dans l’espace
plus large du bassin
genevois, une entité biogéographique plus
rationnelle que celle
tracée par les frontières
politiques.
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N° 38 – DÉCEMBRE 07 – PAGE 11
Recherche et musée
sont-ils ANTINOMIQUES ?
Certaines questions surgissent souvent à propos de nos activités,
notamment deux qui, loin d'être anodines, sont au cœur même de
nos activités. Elles méritent quelques réponses
POURQUOI UN MUSÉE TEL QUE LES CJB
FAIT-IL DE LA RECHERCHE?
appelons que les CJB sont un
musée avec essentiellement 3
collections: celle des plantes
vivantes dans le jardin, généralement bien connue du public genevois,
celle des herbiers (6 millions d'échantillons)
et celle de la bibliothèque. Ce sont surtout ces
deux dernières qui sont connues internationalement pour leur très grande valeur.
Mais si un musée est avant tout une collection d'objets, celle-ci n'a de valeur que si elle
est constamment mise à jour et modernisée,
en d'autres termes, si elle est étudiée... Cela est
d'autant plus vrai dans une collection touchant aux organismes sur lesquels beaucoup
reste à découvrir, des organismes dont l'ap-
proche conceptuelle (espèces, familles) évolue depuis quelques années. Nos herbiers ne
sont donc pas une simple accumulation de
plantes pressées et séchées: ils sont surtout une
collection gigantesque de données grâce aux
indications qui accompagnent chacune des
Si un musée est avant tout une
collection d'objets, celle-ci n'a de
valeur que si elle est mise à jour
et modernisée
étiquettes que porte l'échantillon, mais aussi
par les échantillons eux-mêmes qui ont une
morphologie (forme des feuilles, pilosité,
structure de la fleur, etc.) qui est elle-même
une source informative permanente. De plus,
ces plantes qui se rencontrent dans la nature
à des milliers de kilomètres, sont rassemblées
Daniel Jeanmonod
Conservateur
à quelques mètres l'une de l'autre et peuvent
être comparées: c'est une chance inouïe pour
le chercheur qui étudie ce matériel sans avoir
à se rendre d'un bout de la planète à l'autre.
Il profite ainsi d'années d'efforts de ses prédécesseurs pour répondre à des questions telles que: quelles espèces poussent en Suisse? Y
a-t-il disparition d'espèces? Lesquelles? Pourquoi? Comment reconnaît-on telle espèce par
rapport à telle autre? Lesquelles disparaîtront
si le climat change? etc.
Dès lors n'est-il pas naturel que les conservateurs de ce musée tentent de répondre à
quelques-unes de ces questions quand ils travaillent au sein même des réponses présentes,
en grande partie, dans leurs herbiers. Ils
seraient bien bêtes de ne pas participer à cette
démarche à portée de main, sans bourse
délier, alors qu'ils constatent chaque semaine
que des chercheurs se déplacent du monde
entier, à grand frais, pour venir travailler à
Genève dans leurs collections. De plus, nos
conservateurs connaissent leurs collections
mieux que quiconque et savent trouver les
spécimens qui portent une histoire, en attestant par exemple de la présence de l'espèce à
Genève en 1900, alors qu'elle a disparu
aujourd'hui. Enfin, avec la technologie
moderne, nos collections ont pris une nouvelle valeur inestimable: ces plantes séchées
sont de l'ADN conservé et, au travers de l'analyse de celui-ci, on obtient une foule d'informations dont on ne soupçonnait pas
l'existence 30 ans plus tôt. Nos herbiers
«poussiéreux» sont redevenus un instrument
à la pointe de la recherche moderne.
LA RECHERCHE EST-ELLE L'APANAGE
EXCLUSIF DES UNIVERSITÉS?
La récolte sur le terrain: une face méconnue du musée
Penser qu'il n'existe qu'une «Recherche»
universitaire est très loin de la réalité. Si les
universités restent le symbole même de la
Recherche, elles sont de plus en plus contraintes à choisir les domaines les plus pointus, les
plus innovateurs (souvent aussi les plus
chers), dans une compétition certes stimulatrice mais qui les obligent à faire des choix et
à laisser de côté des pans entiers de connaissances et de recherches considérées comme
trop «classiques» et surtout trop chronophages. Parmi ceux-ci la taxonomie, c'est-à-dire
la connaissance des organismes dans leur globalité, et la floristique, c'est-à-dire la connaissance de la flore (ensemble des plantes) d'une
région. Ces domaines demandent notamment
du temps, comme toute recherche de terrain,
et font nécessairement appel à un vaste matériel se trouvant... dans les musées! Face au
travail expérimental de laboratoire, cher mais
aux résultats plus rapides (car indépendant
des saisons du terrain), ce type de recherches
est totalement délaissé par les universités. Il y
a aussi une incontestable affaire de mode et
celle-ci, en Europe, est à l'étude des mécanismes, de la génétique, de la molécule et non
plus à l'organisme dans son entier, à la biodiversité dans sa globalité. Si d'autres institutions que les universités et les écoles polytechniques ne maintiennent pas des
recherches dans ce sens, nos connaissances
sur la biodiversité s'arrêtent là, devant un
océan de méconnaissance (entre 300 000 et
500 000 espèces végétales restent à décrire
selon les estimations du World Conservation
Monitoring Center). Les herbiers, devenus
inutiles, ne seraient plus que des témoins discrets d'un monde végétal qui disparaît avant
même qu'on en connaisse toute la richesse,
alors que celle-ci est plus que jamais nécessaire pour nous nourrir, soigner, habiller, abriter, chauffer et même véhiculer. Il est donc
devenu un devoir et une nécessité que les
musées de «sciences naturelles» participent
au maintien de ces recherches, d'autant plus
que, comme nous l'avons vu plus haut, ils
sont au cœur même de cette connaissance.
Fort heureusement, la réalité de la «Recherche» en biologie n'est pas si dichotomique et
de nombreuses passerelles existent entre la
recherche universitaire et la nôtre. Elles
permettent de mettre en synergie les compétences complémentaires de chacun et elles
obligent les musées à se remettre sans cesse
en question. De fait, c'est en elles que résident
l'enrichissement et la force actuelle des
musées modernes: les herbiers qui s'en sont
coupés finissent bien souvent pas moisir au
fond d'une cave en perdant ainsi valeur et
savoir accumulés parfois pendant plusieurs
siècles.
UNE ÉTROITE INTÉGRATION DES
TÂCHES
Un herbier qui, comme le nôtre, débute au 18e
siècle, est également un témoin historique de
l'évolution de notre biodiversité, et il est donc
de notre devoir de poursuivre ce témoignage
en enrichissant nos collections de données
actuelles. C'est le volet exploratoire qui
conduit certains d'entre nous au Paraguay, à
PAGE 12 – N° 38 – DÉCEMBRE 07 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES
Recherche
La recherche dans nos collections: la face évidente du musée
Madagascar, en Corse ou... dans le canton de
Genève. Des échantillons sont alors récoltés et
séchés, des observations faites, des données
recueillies et stockées, des questions et des
recherches surgissent, de nouvelles espèces
sont découvertes qu'il s'agit alors de décrire.
Le conservateur va donc nécessairement naviguer entre herbier, terrain, laboratoire, bibliothèque et bases de données, en augmentant
ainsi la connaissance de la biodiversité dans
laquelle nous vivons tous. Pour ce faire, les
CJB se sont donc dotés depuis de nombreuses
années de structures facilitant cette démarche
groupes de plantes sont plus particulièrement
étudiés comme les usnées (lichens), les Gesneriacées (Saintpaulia), les Aquifoliacées
(Houx), les palmiers, etc. Par ailleurs des collaborations étroites existent avec la gestion
environnementale locale au travers du Système d'information territorial genevois, de la
Liste Rouge, de programmes de sauvegarde de
certaines espèces (Glaïeul des marais, Aster
amelle, orchis à odeur de bouc, etc.) qui
induisent des projets de recherches ponctuels
afin de mieux comprendre leur biologie. Les
directions que prennent ces recherches sont
actuellement définies par une structure de
«Conseil scientifique» créée récemment pour
intégrer au mieux ces recherches avec les
autres activités scientifiques et avec la gestion
des collections de notre institut. L'effet synergique de l'intégration de nos 5 missions
(Explorer, Conserver, Rechercher, Protéger et
Transmettre) est pour nous le garant d'une
collection vivante et utile à tous.
Un herbier qui, comme le nôtre
débute au 18e siècle, est un
témoin historique de l'évolution
de notre biodiversité
(laboratoires, système d'informations géoréférés, base de données, etc.) et mettent ensuite
à disposition les résultats de leurs recherches
au travers de publications scientifiques mais
aussi de base de données accessibles sur la
Toile (voir notre site www.ville-ge.ch/cjb/
rubrique base de données). Il s'agit réellement
d'une intégration d'activités qui part des collections en induisant une activité scientifique
qui fait nécessairement appel à la Recherche,
laquelle retourne à la collection en l'enrichissant et lui donnant davantage de valeur.
Les résultats de cette activité scientifique apparaissent souvent dans la Feuille Verte: Flore
des Alpes, Liste Rouge genevoise, Flora Corsica, Cryptogamie, etc. Ces recherches ne sont
pas menées au gré des vents mais dans des
directions définies par une tradition, par la
richesse de nos herbiers sur certaines régions,
par des compétences particulières, etc. Ainsi
les zones géographiques privilégiées sont la
Suisse et les Alpes, la Corse et la Région méditerranéenne, Madagascar et l'Afrique, le Paraguay et l'Amérique du Sud. De même, certains
Le travail en laboratoire: la troisième face qui complète les deux autres
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N° 38 – DÉCEMBRE 07 – PAGE 13
Flora CORSICA. Enfin !
On en parlait depuis 22 ans, on l'attendait depuis
un siècle: Flora Corsica est enfin sortie de presse
Daniel Jeanmonod Conservateur
UNE LONGUE GESTATION
n 1901, John Briquet, alors directeur des CJB
lançait un audacieux projet: «dresser un inventaire précis et critique des plantes présentes en
Corse en indiquant leur distribution tant verticale qu'horizontale». Le projet reste néanmoins inachevé après
l'édition du volume 3/2 en 1957. En 1985, le Prof. Gilbert Bocquet, alors directeur des CJB, décide de le relancer. Mais les temps
ont changé et les pratiques aussi. On décide donc de finir l'édition
des familles du «Prodrome» mais aussi de faire une synthèse en
créant l'OUTIL indispensable à tout botaniste de terrain: UNE
FLORE COMPACTE DE POCHE. Vingt-deux ans plus tard, elle est
là: petite (11 x 18 cm), pratique (fourre plastifiée et marquepages), compacte (3,2 cm grâce au papier bible), mais très complète puisqu'elle fait 1055 pages avec plus de 1000 dessins!
Si la gestation a été si longue, c'est que le projet était peut-être
trop ambitieux: explorer l'île, finir le Prodrome ET faire une
flore de poche. Bien des collaborateurs ont abandonné la partie
qui a dû être reprise par les 2 auteurs. Mais surtout les explorations ont révélé tant de découvertes qu'il a fallu les publier et
sans cesse remettre l'ouvrage sur le métier en les ajoutant.
Pendant ce temps, la biologie moléculaire est arrivée assurant
son lot de bouleversements comme toute nouvelle science. Les
concepts ont changé. Il a fallu faire des choix et remettre
encore, et sans cesse, l'ouvrage sur le métier.
L'OUVRAGE
Flora Corsica est avant tout:
!Un ouvrage de terrain (format poche) permettant de déterminer TOUTES les plantes vasculaires (plantes à fleurs, conifères et fougères) sauvages en Corse, soit 2858 taxons, grâce au
système classique des «clés dichotomiques de détermination»
permettant d'arriver à chacune des 156 familles présentes, 870
genres, 2468 espèces, etc.
!Une synthèse des connaissances sur ces plantes en donnant pour chacune d'elles:
– ses noms latins, français et corses ainsi que les synonymes
– sa biologie (annuelle, pérenne, etc.), sa taille et une
brève description de la plante
– la date de floraison
– son écologie par sa place dans les étages de
végétation, ses habitats préférentiels, parfois la nature
de la roche (calcaire, schistes, etc.) si l'information
s'avère importante
– la région où elle pousse ainsi que son degré de rareté
dans l'île
– sa répartition mondiale (type biogéographique).
!Un ouvrage résolument moderne tenant compte des dernières recherches en biologie moléculaire comme en floristique.
! Une collaboration
avec les
meilleurs spécialistes de la
région, dont
15 ont participé à l'élaboration d'une ou
de plusieurs
familles en complétant ainsi le
travail des 2
auteurs principaux: Daniel Jeanmonod et Jacques Gamisans.
L'ouvrage s'adresse à tous les amateurs de plantes et de Corse,
qu'ils soient professionnels (forestiers, agronomes, gestionnaires
de la nature, universitaires, étudiants, etc.) ou simplement intéressés ou passionnés par le riche patrimoine de l'île. Il est accompagné de textes généraux introductifs, traitant de la géographie,
la végétation, les menaces et la protection de la flore et la végétation de l'île. Il comporte aussi un glossaire des termes botaniques ainsi que de nombreux dessins de détail qui vont aider la
détermination, de même que des dessins généraux pour illustrer
certaines espèces parmi les plus communes ou les plus intéressantes (endémiques par exemple). Ces dessins sont, pour le tiers
d'entre eux, originaux (fait par André Schlüssel, adjoint scientifique aux CJB) et pour le reste proviennent d'autres ouvrages.
un enseignement à retenir lorsqu'on introduit à tout va
n'importe quelle belle espèce exotique comme les «griffes
de sorcières». Par ailleurs, une analyse fine de l'origine des
espèces indigènes permet de retracer l'histoire ancienne de
l'île, puisque certaines espèces sont communes avec la Sardaigne, mais aussi les Baléares et la Sierra Nevada, du temps
(10-20 millions d'années) où ces îles formaient un ensemble proche du sud de l'Espagne d'où elles ont progressivement dérivé avant de se disloquer. Enfin la rareté actuelle de
certaines espèces (cf. tableau ci-joint) nous oblige à réfléchir sur leur devenir et sur les raisons de leur rareté. Est-ce
dû à l'action de l'homme et à la raréfaction d'un milieu particulier ? Flora Corsica est donc aussi un outil pour la
gestion de l'environnement et des espèces protégées (indiquées dans l'ouvrage par un P !), ainsi que des milieux.
DES DONNÉES QUI RACONTENT UNE HISTOIRE
LA FACE CACHÉE
Outre l'outil de terrain, cette flore permet une synthèse des
connaissances et représente de ce fait un formidable outil
pour mesurer la biodiversité corse et son état actuel. On peut
ainsi constater que la flore corse comporte quelques 404
taxons introduits dont 153 se sont naturalisés (ils se reproduisent spontanément dans la nature).
A partir de leur date d'introduction, on peut suivre leur histoire et leur cheminement jusqu'à aujourd'hui où elles
font dorénavant partie du paysage. Certaines deviennent
toutefois envahissantes en détruisant la végétation actuelle:
Flora Corsica n'est pas que le fruit d'une synthèse. C'est aussi, et
surtout, le résultat d'un programme de recherche mené par les
CJB depuis 25 ans qui a impliqué de nombreuses expéditions sur
le terrain, induisant la découverte de 250 espèces nouvelles pour
l'île et de 5 taxons nouveaux pour la science. Il a impliqué thèses
et diplômes universitaires dirigés par notre institut et par d'autres, ainsi que des recherches effectuées par plusieurs d'entre nous.
Ces recherches sont menées dans un cadre taxonomique traditionnel mais parfois aussi moléculaire lorsque ces techniques
s'avéraient nécessaires (cas des Orobanchacées). Cette activité
scientifique a conduit à la publication de nombreux articles
ou ouvrages scientifiques (env. 60), mais aussi à l'enrichissement de notre herbier (environ 6200 échantillons) et de notre
iconothèque. Ces données ont été envoyées aux divers
organismes de gestion de l'environnement en Corse (Conservatoire du littoral, Office de l'Environnement de la Corse,
Conservatoire botanique de Corse) et servent à définir les zones
à protéger comme à établir les Listes Rouges (espèces soumises à une protection légale) et les listes noires (espèces envahissantes à éradiquer, indiquées comme telles dans l'ouvrage).
Au-delà de l'ouvrage lui-même, Flora Corsica est donc le reflet
et le produit direct des 5 missions de notre institut: Explorer,
Conserver (herbiers), Rechercher, Protéger et Transmettre.
LA CORSE, LA SUISSE ET LEURS FLORES
EN QUELQUES CHIFFRES
Corse
Corse
Suisse
Territoire
8748 km2
41284 km2
Altitudes
0-2710 m
193-4634 m
Taxons traités
2858
3144
Taxons indigènes
2325
2593
Taxons endémiques
316
1
Taxons rares
789
180
(Romandie: 8718 km2)
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le suivi d’espèces en danger :
l’exemple du PANICAUT DES ALPES
Divers facteurs détruisent ou menacent la biodiversité, que les
causes soient locales (destruction de milieux) ou globales
(réchauffement climatique). Certains travaux de recherche
permettent toutefois de mettre en oeuvre des actions concrètes
Yamama Naciri Chargée de recherche
Catherine Lambelet Conservatrice
Recherche
Des MARQUEURS génétiques pour
ans ce contexte, une bonne
connaissance de la diversité
génétique des populations est
un outil important pour
contribuer à la protection des espèces en
danger.
L’évaluation de la biodiversité et de son
évolution récente a donné lieu, ces dernières années, à de nombreuses publications et listes d’espèces en régression ou
en danger d’extinction (Listes Rouges), telles que celles parues récemment pour le
canton de Genève (Vust & von Arx, 2005;
Lambelet-Haueter & al., 2006) ou celles
concernant le territoire helvétique (Moser
& al., 2002; Scheidegger & Clerc, 2002).
Sur la base des données fournies par ces
publications, des programmes de sauvegarde sont parfois mis en place pour
freiner l’érosion constatée. Ils visent, en
premier lieu, à conserver les milieux dans
lesquels ces espèces se développent préférentiellement (conservation in situ).
Dans les cas les plus graves, l’espèce doit
être conservée et multipliée hors de son
milieu (conservation ex situ, banque de
Des programmes de sauvegarde
sont mis en place pour freiner
l’érosion constatée
Le chardon bleu (Eryngium alpinum L.)
Photos: Beat Baumler, CRSF
graines). Il arrive également que les deux
approches soient combinées. Pour pouvoir optimiser les stratégies mises en place
dans les deux cas de figure, il est souvent
utile de pouvoir répondre à des questions
telles que: Dans quelle population faut-il
ramasser préférentiellement des graines
pour une banque de semences ? Quelles
sont les populations les plus menacées de
consanguinité et qu’il faudrait prioritairement renforcer par un apport de «sang
neuf»? Quelles sont celles qui sont les plus
variables génétiquement? C’est là que les
marqueurs génétiques* (voir glossaire)
peuvent être d’une grande utilité.
Une telle approche a été appliquée à la
conservation du chardon bleu (Eryngium
alpinum L.), une ombellifère emblématique de l’arc alpin et des massifs avoisinants. Aussi connue sous le nom de panicaut des Alpes, cette plante aux belles
inflorescences bleues est en forte régression en Suisse et en Europe où elle est partout protégée (Wyse Jackson & Ackeroyd,
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N° 38 – DÉCEMBRE 07 – PAGE 15
Fig. 1 Diversité génétique dans les populations, selon deux indices différents: la
diversité génique (variant entre 0 et 1), qui, quand elle est proche de zéro indique
que la variabilité est réduite, et la richesse allélique qui permet de comparer le
niveau moyen de diversité entre populations. Chaque paire de barres verticales
caractérise une population dont le code est donné en bas du graphique:
MO: Moléson; U: Urqui; JA1 et JA2: Jaman 1 et 2; S: Sautodo; TA: Tanay; TSE: Teysachaux; TE2: Tanay 2; TD: Tour du Don; VV: Vallée de la Vare; SUS: Susanfe; SUR:
Surenen; K: Klosters; NUF: Nufenen
*GLOSSAIRE
ADN L’Acide Désoxyribo-Nucléique est
la molécule support de l’hérédité
Marqueurs génétiques Portion
d’ADN servant de «code barre».
La comparaison d’un même fragment
d’ADN entre différents individus
permet de les comparer entre eux
et de calculer leur distance génétique.
De tels marqueurs sont aussi utilisés
dans d’autres domaines, comme les
tests de paternité par exemple
Noyau Le noyau est le centre de
commande de la cellule. C’est lui
qui renferme l’information génétique
(chromosomes constitués d’ADN et de
protéines). Il transmet les instructions
nécessaires aux autres parties de la
cellule. C’est comme cela que le
fonctionnement de la cellule est assuré
Chloroplaste Les chloroplastes sont
des structures situées à intérieur de la
cellule et qui contiennent de la
chlorophylle. C’est la présence de la
chlorophylle qui donne la couleur verte
aux végétaux. Le chloroplaste assure
plusieurs fonctions, dont la principale
est la photosynthèse (transformation
du carbone de l’air en carbone des tissus végétaux sous l’effet de la lumière)
1994). La Commission pour la conservation des plantes sauvages de Suisse a
d’ailleurs établi un plan d’action pour la
conservation de cette espèce attractive
dans les cantons des Grisons, d’Uri, du
Valais et d’Obwald (Käsermann, 2000).
Nous avons utilisé cinq marqueurs du
noyau* des cellules et deux marqueurs des
chloroplastes* de façon à identifier, parmi
les populations étudiées en Suisse, celles
qui méritent une attention toute particulière, du fait de leur composition ou de
leur spécificité génétique.
Les résultats tirés de l’analyse de l’ensemble de ces marqueurs montrent que:
1. Des populations proches géographiquement peuvent être très différentes
génétiquement, de sorte que le critère de
proximité géographique ne dit rien de la
proximité génétique.
2. Les populations suisses sont en moyenne
plus semblables entre elles que les populations françaises, et moins diversifiées
(Gaudeul & al., 2004; Naciri & Gaudeul,
2007). Elles sont aussi plus menacées, du
fait de leur taille en général faible.
3. La décroissance de l’espèce serait essentiellement due à l’influence humaine
(cueillette) ou au changement de type d’exploitation de la montagne plutôt qu’à des
raisons biologiques propres à l’espèce (telles que l’accumulation de mutations défavorables dues à la consanguinité). En effet,
toutes les populations sont génétiquement
variables (fig. 1), bien que certaines
d’entre elles le soient plus que d’autres.
Vu la forte menace pesant sur les populations
suisses, il faut rapidement mettre en place
une gestion plus favorable des sites menacés
et renforcer les mesures de conservation ex
Des renforcements des populations les plus précaires doivent
également être envisagés
situ de l’espèce. Les analyses génétiques ont
ainsi permis d’identifier quelles populations
doivent être impérativement surveillées et
protégées du fait de leur diversité ou de leur
particularités génétiques (pour récolter des
graines dans l’optique d’une banque de
semence par exemple), ou du fait de leur vulnérabilité (faible diversité, taille peu importante): il s’agit des populations de Tanay
(Valais), de Jaman et du Sautodo (Vaud), du
Moléson (Fribourg), de Surenen (UriObwald) et de Klosters (Grisons). Des renforcements des populations les plus précieuses et les plus précaires doivent également
être envisagés, particulièrement pour la population de Klosters. Ces conclusions vont être
communiquées aux cantons concernés, seuls
habilités à prendre les mesures adéquates.
BIBLIOGRAPHIE
Gaudeul, M., I. Till-Battraud, F. Barjon & S. Manel (2004).
Genetic diversity and differentiation in Eryngium alpinum
L. (Apiaceae) : comparison of AFLP and microsatellite
markers. Heredity, 92:508-518.
Käsermann, C. (2000). Alpen-Mannstreu, Eryngium alpinum L. Aktionsplan für die Erhaltung und Förderung dieser gefährdeten Art (ausserhalb des Hauptverbreitungsgebiets in den westlichen Voralpen). FloraConsult, Bern.
Lambelet-Haueter, C., C. Schneider & R. Mayor (2006).
Inventaire des plantes vasculaires du canton de Genève
avec Liste Rouge. Hors Série N° 10. Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève, Genève.
Moser, D., A. Gygax, B. Bäumler & al. (2002). Liste Rouge
des Espèces Menacées de Suisse: Fougère et Plantes à
Fleurs. OFEFP, Bern, Switzerland.
Naciri, Y. & M. Gaudeul (2007). Phylogeography of the
endangered Eryngium alpinum L. (Apiaceae), in the
European Alps. Molecular Ecology, 16: 2721-2733.
Scheidegger, C. & P. Clerc (2002). Liste rouge des espèces
menacées en Suisse: Lichens épiphytes et terricoles.
Ed. Office fédéral de l'environnement, des forêts et du
paysage OFEFP, Berne, Institut fédéral de recherches WSL,
Birmensdorf, et Conservatoire et Jardin botaniques de la
Ville de Genève. OFEFP-Série: L'environnement pratique.
Vust, M. & B. von Arx (2005). Les lichens terricoles du
canton de Genève. Inventaire, Liste Rouge et mesures de
conservation. DT, DNP, Genève.
Wyse Jackson, P. S. & J. R. Ackeroyd (1994). Guidelines to
be followed in the design of plant conservation or recovery plans. Conseil de l' Europe, Strasbourg, France.
Données sur Eryngium alpinum et sa
conservation sous
http://www.crsf.ch
http://www.cps-skew.ch/francais/actions_en_cours.htm
PAGE 16 – N° 38 – DÉCEMBRE 07 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES
Les 25 ans de l’AAJB
Christine Vaz Coordinatrice
Laurent Burgisser Membre du comité
L’anthèse de la fleur de l’âge doit se situer aux alentours
du quart de siècle. Cette année, la fringante Association
des Amis du Jardin Botanique a fêté ses 25 ans
our célébrer cet anniversaire, nous avons invité Pierre Lieutaghi, ethnobotaniste spécialiste
du domaine européen, pour une conférence exceptionnelle le 13 septembre 2007 au Jardin
botanique.
Un apéritif avec vue (sur le Mont Blanc) ne pouvait que présager du bonheur botanique quant à la suite:
ainsi, devant 80 auditeurs ravis, M. Lieutaghi a très joliment conté l’Histoire des plantes fondatrices du
jardin européen.
Partenaires
L’ANTHÈSE de la fleur de l’âge,
Rien de tel pour continuer à la Maison des Jardiniers où nous avons sacrifié, sur l’autel du phanérogame consentant, quelques succulents végétaux, en tranches, en rondelles, en petits cubes, voire en
charpie; bref, un fort sympathique repas campagnard. Nous avons ensuite terminé la soirée, digestifs
et rêveurs, la tête dans le pistil (ou l’anthère) jusqu’à très tard dans la nuit (rappelons que nous avons
25 ans... et à 25 ans...).
L’AAJB a été fondée en 1982 par le Prof. Gilbert Bocquet. Il souhaitait offrir au Jardin botanique un appui
moral au travers de cette association. Il avait également la volonté de mieux faire connaître le Jardin et
la nature en général et ainsi de sensibiliser le public aux problématiques de l’environnement.
Aujourd’hui, l’AAJB propose des cours, des sorties et autres activités botaniques pour le grand public, ainsi
que des visites guidées du Jardin botanique pour des groupes.
En terme de soutien au Jardin botanique, l’AAJB finance l’achat de 2 périodiques de la bibliothèque pour
un montant avoisinant les 1000.– par année. Un soutien est également offert à un projet par année (cette
année la fête des 10 ans des Ateliers Verts, l’année dernière la tenue d’un Workshop sur les palmiers
(EUNOPS) au sein des CJB).
Pierre Lieutaghi
Alors, c’est avec vous que nous avons voulu faire la fête, et
elle fut belle tout au long du mois de septembre. Elle a
débuté le week-end des 1 et 2 septembre, sur la place du marché de la ville historique de Berne. Vous êtes 12 000 à être
venus goûter à de rares délices ou caresser des animaux un
temps presque disparus.
En Suisse romande, les festivités ont coïncidé avec le vernissage de l’exposition «C’est pour ma pomme» – la présentation de 365 modèles de pommes naturelles de la Fondation ProSpecieRara – un grand marché de produits issus de
nos races et variétés menacées et l’ouverture de notre nouvel espace permanant aux CJB. Ce massif, où nos légumes
sont présentés de manière ornementale, a été intégré à la
grandiose manifestation des CJB présentée cette année sur
la pelouse de la villa «Le Chêne».
ProSpecieRara
Denise Gautier
Coordinatrice romande
n quart de siècle d’activités nous a permis de nous
positionner comme les champions de la conservation de la diversité des races et variétés agricoles.
Notre Fondation compte maintenant 4500 membres, s’occupe de la conservation de 1800 variétés de fruits, 900 variétés de plantes de jardin et de plein champ et de 27 races
d’animaux de rente. Si nous sommes arrivés à ce fantastique
résultat, c’est grâce à vous, fidèles défenseurs de la diversité.
Augmenter et favoriser la diversité perdue au fil des décennies par une agriculture de plus en plus intensive, c’est la
manière de «Réagir» que ProSpecieRara propose pour préserver nos ressources génétiques et garder la possibilité
d’adapter la production agricole future aux changements
qui pourraient intervenir, dans les conditions du marché, de
production et d’environnement, y compris les changements
climatiques et pour garantir notre souveraineté alimentaire.
En 25 ans, de beaux résultats ont été obtenus. Cependant,
beaucoup reste à faire et nous nous réjouissons de pouvoir
compter sur votre soutien dans les années à venir et de poursuivre notre fructueuse collaboration avec les CJB.
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1
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3
4
REAGIR
1
Epicéas coupés pour la Cité des métiers, récupérés et décorés par les
collaborateurs des CJB fin 2006. Ils formeront la future forêt calcinée de REAGIR
2
On brûle des arbres déjà morts (samedi 17 mars, 8h00)
3
Une des Rencontres apéritives organisée dans le cadre de REAGIR, le 29 mai avec
Jacques Grinevald
4
Exposition évolutive, citoyenne et interactive de REAGIR sous tente.
Elle abritait entre autres le Salon de lecture nomade dédié à l’environnement
5/6 Plus de 100 000 visiteurs pour REAGIR, de mai à octobre
Fidèle à sa tradition, la Feuille Verte
vous présente une rétrospective
photographique des événements
marquants de l’année écoulée
Rétrospective
5
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2
REAGIR
1 Les commissaires de l’exposition, Pascal Peduzzi du PNUE (casquette) et Didier Roguet (baguette de sourcier),
lors d’une des nombreuses visites guidées de l’exposition-jardin
2 Une des lectures automnales du programme de REAGIR, goûter littéraire en musique organisé par les éditions Encre fraîche
3 Inauguration de l’exposition-jardin REAGIR, le jeudi 10 mai
4 Pierre-André Loizeau, directeur des CJB, en conversation lors de l’inauguration avec Frits Schlingemann, directeur et représentant
pour l’Europe du PNUE
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3
4
ANNUELLE
REAGIR
1 Une des vitrines consacrée à la 6e extinction et à la commémoration du tricentenaire de Carl von Linné
2 Contes autour de la Forêt Enchantée par Madame Lise Berthoud
3 Une des rondelles de bois de l’Arbre à palabres
4 Atelier musical de la Bulle d’Air
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2
1 Les Ateliers d’été organisés par les
musées de la Ville de Genève ont fait
le plein. Les participants ont appris
aux CJB, entre autres, à se servir d’un
binoculaire pour déterminer une plante
2 Formation in situ sur la forêt genevoise
(végétation et ethnobotanique) pour les
enseignants, dans le cadre du projet
Climatic, organisée par la Passerelle
Sciences et Cité de l’Université de Genève
et dispensée par les CJB (L. Nusbaumer &
D. Roguet, 10 octobre)
3 Présentation de la nouvelle Flore de Corse
de Daniel Jeanmonod et Jacques
Gamisans (mai)
4 Café scientifique organisé aux CJB par le
Forum des sciences sur le thème de la
nouvelle gestion des espaces verts (30 mai)
5 10 ans des Ateliers verts (13 juin)
La découverte du tronc et de ses hôtes
6 10 ans des Ateliers verts
La partie officielle et le goûter offert par
la Ville de Genève, en présence des
enfants, de leurs parents et des directions
respectives (CJB et UNI3)
7 Nombreux participants de la Marche
de l’Espoir 2007 traversant
le Jardin botanique (13 octobre)
8 Nicolas Wyler, Raoul Palese et Pascal
Martin représentaient les CJB aux
journées SITG - Système d'Information du
Territoire Genevois (18 au 22 avril)
3
4
Rétrospective
6
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8
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ANNUELLE
1
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4
C’est notre manière de relater la multiplicité des
rapports que nous entretenons avec nos différents publics.
Qu’ils en soient ici remerciés!
5
1 Passage du traditionnel Marathon de
Genève à la Console (6 mai)
2 Inauguration d’un nouvel espace de jeux pour
nos plus jeunes visiteurs, la Forêt enchantée
3 Goûter inaugural pour plus de
500 personnes! (9 septembre)
4 Première Fête du développement durable
aux CJB: présence du chef du peuple Surui
(Amazonie), ici en compagnie d’Agnès
Soral, marraine d’Aquaverde, des autorités
consulaires brésiliennes, des représentants
des autorités genevoises et de la direction
des CJB
5 Une des œuvres éphémères installée pour la
Fête du développement durable
«ARACHNE», par Muriel Décaillet
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N° 38 – DÉCEMBRE 07 – PAGE 21
EXPOSITION «Nuestras plantas, nuestra
gente»: 3e édition en la ville d’Aregua
Ana Pin Responsable du projet Etnobotánica Paraguaya & Magali Stitelmann Traduction
Cette fois-ci, l’exposition itinérante «Nuestras plantas, nuestra gente» a été présentée
en dehors d’Asunción. La ville d’Aregua a accueilli la troisième édition de cet évènement éducatif: du 7 juin au 6 juillet 2007, l’exposition a été ouverte au public et,
de façon privilégiée, au secteur scolaire local
es activités liées à cette exposition se réalisent dans le
cadre du projet Etnobotánica
Paraguaya (EPY), fruit de la coopération
entre les municipalités d’Asunción et de
Genève. L’exposition d’Aregua a été organisée par le projet EPY en collaboration
avec la Municipalité d’Aregua, la Préfecture centrale du Département et l’organisation PRONATURA. Elle a été présentée
dans l’un des bâtiments de la Préfecture,
situé à quelques mètres du lac Ypacarai,
au centre de la ville d’Aregua.
Les acquis de notre première exposition,
présentée en 2006 dans le Jardin botanique d’Asunción, ont permis de l’enrichir. Cette troisième édition a été enrichie
d’éléments sur le thème des usages du
«piri» (Schoenoplectus californicus et
Cyperus giganteus) et de la «totora»
(Typha sp.) pour lequel nous avons élaboré un poster complétant l’ensemble déjà existant. Nous avons ouvert les jeudi, vendredi et samedi, ainsi que quelques dimanche, au total 17 jours,
et reçu quelques 1015 visiteurs dont 830 étudiants (provenant
de 14 établissements éducatifs d’Aregua et des villes voisines),
80 enseignants et une centaine de visiteurs tout public. Les groupes d’étudiants qui ont visité l’exposition étaient reçus par deux
guides, ainsi que deux bénévoles, étudiants de biologie.
En parallèle, 13 séminaires étaient proposés au grand public
par des professionnels paraguayens. De plus, d’autres séminaires à l’attention des étudiants et enseignants étaient offerts
afin d’approfondir leurs connaissances en sciences naturelles
qui font partie intégrante de leur plan d’étude.
La participation des «piriceros» (les artisans qui travaillent
le Piri) a été très appréciée. Ils ont parlé de leur expérience
professionnelle et ont fait une démonstration de fabrication
d’objets d’artisanat. Alma, une petite fille artisane, nous a
enseigné comment fabriquer un pose-plat pour la table. Le
piri se récolte dans le lac Ypacarai, puis après séchage, divers
objets sont élaborés et commercialisés sur le marché local
à très bas prix.
Par le biais de ces expositions itinérantes, le projet EPY peut
se rapprocher des gens qui utilisent les ressources naturelles
et lancer avec eux un travail de sensibilisation et de partage
des connaissances en matière de conservation et gestion durable des espèces végétales indigènes. C’est un défi passionnant!
Le PROJET «fragmentation forestière dans
le Sud-Ouest de la Côte d’Ivoire» RÉCOMPENSÉ
Pascal Martin Doctorant & Laurent Gautier Conservateur
Depuis plusieurs années, les Conservatoire et Jardin botaniques
de la Ville de Genève sont engagés en partenariat avec la Côte
d’Ivoire sur des projets de botanique, de floristique, d’écologie
végétale et d’éducation environnementale
n 1999, un projet sur l’influence
de la fragmentation forestière a
vu le jour avec l’Université de
Cocody-Abidjan et le Centre Suisse de
Recherches Scientifiques en Côte d’Ivoire
(CSRS). Ce projet est né du constat suivant:
dans les régions tropicales, la déforestation
a entraîné un morcellement important des
grands blocs forestiers. En Côte d’Ivoire, le
paysage est maintenant composé de cultures, de jachères et de fragments forestiers.
Ces îlots de forêts constituent désormais des
refuges importants pour la faune et la flore
tropicale. La conservation de ces fragments
de forêts est donc d’une importance capitale pour la biodiversité et pour le maintien
des conditions climatiques. Fort de ce constat, les CJB ont initié sous l’impulsion de
Laurent Gautier et de Rodolphe Spichiger
un projet financé par le Fond National
Suisse pour la Recherche Scientifique visant
à mieux comprendre l’influence de la fragmentation sur la composition floristique, la
structure végétale et la régénération des
fragments forestiers du Sud-Ouest de la Côte
d’Ivoire. La région d’étude est adjacente au
Parc National de Taï (www.parc-nationalde-tai.org) qui constitue la plus grande forêt
humide protégée en Afrique de l’Ouest,
inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco.
Un travail préparatoire mené par Cyrille
Chatelain sur la base d’images satellites a
permis de reconstituer l’historique de la fragmentation dans la région. Durant plus de
deux années, des inventaires botaniques ont
été menés par deux étudiants: Adama
Bakayoko de l’Université de Côte d’Ivoire et
Pascal Martin de l’Université de Genève.
Leurs travaux montrent que les fragments
Adama Bakayoko et Pascal Martin reçoivent le prix WWF-CSRS pour la conservation du Parc National de Taï
forestiers sont encore très riches floristiquement et qu’ils sont d’une importance socioéconomique très élevée pour les populations
rurales (plus de 50 % des espèces sont utilisées par les populations en phytothérapie, en
matériel de construction ou pour l’artisanat).
Dans les fragments étudiés, la régénération
des espèces forestières est viable ce qui permet d’affirmer que leur conservation dans
les régions tropicales est une garantie pour
l’avenir des écosystèmes forestiers. L’engagement et les résultats des deux étudiants
ont été récompensés en septembre 2007 par
le Prix WWF-CSRS pour la conservation
du Parc National de Taï (PNT).
Ce prix, attribué tous les deux ans, récompense les travaux qui aident à mettre en place
une politique de conservation et d’aménagement durable du PNT et des zones riveraines.
Ces travaux menés par les CJB en partenariat
avec les universitaires ivoiriens s’intègrent
dans une politique à long terme d’acquisition et de partage des connaissances visant à
protéger les milieux naturels.
PAGE 22 – N° 38 – DÉCEMBRE 07 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES
au Centre d’Education Environnementale du
Parc de Hann (CEEH)
Altiné Traoré Responsable du projet CEEH
Coopération
CENTRE AÉRÉ « spécial environnement »
De jolis dessins ont été produits. Pour ce qui
est du théâtre, le conte de l’écrivain sénégalais Cheikh Alioune Ndao, «Le Rat des Villes
et le Rat des Champs», a été mise en scène et
joué par les enfants. Le rat des villes invite son
ami le rat des champs à venir passer quelques
jours en ville avec lui. Ce dernier refuse car en
ville, il y a la pollution et les gens jettent les
ordures dans les rues. Cette pollution et ces
saletés peuvent entraîner des maladies graves.
Le rat des villes n’est pas d’accord mais n’arrive pas à convaincre son ami qui préfère rester en campagne et respirer de l’air pur.
!Atelier photographie
Les enfants ont appris à prendre des photos
avec des appareils photos simples ou numériques. La photo illustrant cet article a été prise
par les enfants.
e Centre d’Education Environnementale du Parc de Hann a
apporté quelques innovations
durant les vacances en organisant conjointement avec une école maternelle (3 POM) et une association de la Commune d’Arrondissement de Hann dénommée
ADES (Action pour le Développement,
l’Entraide et la Solidarité), un centre aéré,
du 23 juillet au 11 août 2007. Trente-sept
enfants, âgés de 3 à 13 ans, ont prit part à ce
centre aéré, 17 de l’Ecole 3 POM et 20 de
l’Association ADES. Ces enfants étaient encadrés par douze moniteurs. Le CEEH a donné
une partie des ressources humaines, les supports techniques et le local pour abriter les
activités. 3 POM a assuré la prise en charge
des moniteurs, du transport et de la restauration des élèves et l’association ADES a pris
en charge l’éducation sportive.
Les objectifs de ce centre aéré sont:
!Contribuer à l’éveil écologique des enfants
par le biais d’ateliers scientifiques, artistiques
et ludiques en rapport avec l’environnement.
!Inculquer aux enfants les bons réflexes et
comportements environnementaux.
!Et faire des enfants des messagers auprès
des familles et dans les quartiers.
Durant ces trois semaines, plusieurs
activités ont été menées:
– Recyclage du plastique: après ramassage
de sachets en plastique, les enfants ont
appris à confectionner des dessous de
verre, des chapeaux, etc. Avant de travailler
sur le plastique, les monitrices ont appris
aux enfants comment tricoter (faire des
brides, des mailles simples et doubles avec
du fil pendant une semaine).
– Sensibilisation sur les déchets: des posters,
! Activités d’éducation environnementale
– Identification des espèces végétales dans le
jardin ethnobotanique et des espèces animales du parc zoologique.
– Semis de gombo: les enfants ont appris
qu’il faut d’abord nettoyer, labourer et
niveler la terre, puis tracer les lignes de
semis, faire des trous de semis, mettre les
graines dans les trous et refermer les trous
ensuite et enfin arroser la parcelle semée.
– Reboisement: les enfants sont intervenus dans le jardin en renforçant les
haies de filaos. Deux-cent pieds de filaos
ont été plantés.
«La Terre n’est pas une Poubelle», nous
ont été offerts par Océanium, une ONG
intervenant dans le domaine de l’environnement. Ces posters expliquent la
durée de vie des déchets. Ils ont permis aux
enfants de mieux comprendre l’impact des
déchets sur notre environnement.
!Activités artistiques (danse, dessin et théâtre)
Le matin et après la pause déjeuner, les
enfants chantent pour «se réveiller».
Avec l’aide d’un professeur d’art plastique, les
enfants ont appris comment dessiner. Ces
cours ont été bénéfiques non seulement pour
les enfants mais aussi pour les monitrices.
!Activités sportives (arts martiaux)
Après une journée bien remplie, les enfants
font du sport. Un maître en Tækwondo a
travaillé avec les enfants durant tout le
centre aéré.
Ce premier centre aéré organisé par le CEEH
et ses partenaires a été une réussite. Une des
radios de la place a été invitée pour enregistrer quelques ateliers du centre aéré (jardinage,
recyclage plastique et dessin) le jeudi 9 Août
pour la diffuser le mercredi 15 Août de 14H à
17H dans l’émission destinée aux enfants
«Droit de Savoir».
Cette innovation apportée aux activités du
CEEH est le fruit d’une collaboration franche avec des acteurs de l’éducation et de la
protection de l’environnement, et avec le
soutien de la Direction de l’Environnement,
des ONG Syto et Océanium. Le CEEH compte
élargir cette collaboration et organiser, les
années à venir, d’autres centres aérés avec un
effectif plus important d’enfants sur une
durée plus longue.
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N° 38 – DÉCEMBRE 07 – PAGE 23
Une NOUVELLE VITRINE
pour présenter au public
les activités des CJB
Au printemps 2008, la salle d’exposition temporaire des CJB changera d’affectation et explorera de
nouveaux horizons; guidés par un objectif institutionnel, nous présenterons dans cet espace des
réalisations artistiques illustrant des problématiques scientifiques rattachées aux domaines
de compétences de l’institut et s’articulant autour du thème Art et Environnement
usqu’ici ouvert au public de
mars à octobre, et mis à disposition de créateurs extérieurs
pour présentation de leurs travaux personnels durant des périodes de trois
semaines, cet endroit idéalement situé sera
désormais consacré à des projets en liaison
avec les missions de l’institution. La pratique
en vigueur jusqu’alors, instaurée il y a plus
de vingt ans, a permis d’offrir une tribune,
voire un tremplin, à de nombreux artistes que
nous saluons ici et qui ont saisi l’opportunité
de faire connaître leurs œuvres à un auditoire
amateur de botanique. Ce cycle s’est achevé
sur un bilan positif et nous remercions toutes
les personnes qui, de près ou de loin, se sont
associées à cette aventure.
pour valoriser d’avantage auprès de la population genevoise et des touristes suisses et
étrangers la diversité des travaux menés
dans notre institut; nous sommes particulièrement attentifs à la mise en lumière de
notre Conservatoire qui en constitue la face
cachée. Celui-ci est actif dans des domaines
aussi multiples que l’exploration, la recher-
La salle d’exposition de la Villa le Chêne constitue la seule vitrine des CJB qui ne disposent
pas en leurs murs d’autre emplacement pour promouvoir leurs activités.
En investissant ce lieu de diffusion par
la présentation d’événements en lien
avec leurs propres actions, les CJB affirment leur volonté d’intensifier la communication en direction de leurs visiteurs, autour de thèmes en prise directe
avec leurs missions fondamentales.
che, l’enseignement, la conservation ainsi
que la protection de la nature, et il compte
notamment un herbier et une bibliothèque
qui le hissent au rang d’institution patrimoniale d’importance majeure.
Les Conservatoire et Jardin botaniques
sont reconnus sur le plan local,
national et international et sont actifs
dans de nombreux programmes de
recherche. Il nous apparaît cependant
essentiel de tout mettre en œuvre
La concrétisation de ce dessein passe par la
mise en œuvre de projets touchant ces spécialités et mêlant des approches qui empruntent aux sphères de l’art et de la science,
incluant une ouverture sur l’écriture, la pédagogie et la communication.
Nouveaux PANNEAUX
décoratifs du tunnel piétonnier
es panneaux peints par des élèves agrémentant le tunnel piétonnier sous
la Route suisse seront renouvelés en mai 2008. La réalisation dépendra
de l’inspiration du maître d’arts visuels, bien que le sujet choisi sera en rapport
direct avec le monde végétal. Elle suivra aussi l’actualité 2008 des CJBG qui se
concentrera sur le lien entre les plantes, les jardins et les mathématiques.
Plusieurs enseignantes ont répondu à notre appel, et nous nous réjouissons
d’avance de pouvoir bientôt présenter le travail créatif de leurs élèves aux visiteurs du Jardin botanique, d’autant que l’éclairage du tunnel a été rénové et
amélioré.
ANNÉE de la pomme de terre 2008
es CJB fêteront la pomme de terre en accueillant une exposition automnale de
ProSpecie Rara consacrée à ce tubercule magique et incontournable. Vous saurez
tout ou presque sur notre vénérable patate et ses nombreuses variétés régionales. Expositions, ateliers-récoltes et petit marché seront au rendez-vous.
Notre propos va s’articuler plus
particulièrement autour de la
thématique de l’art et
l’environnement
Danièle Fischer Huelin Administratrice
Notre propos va s’articuler plus particulièrement autour de la thématique de l’art et
l’environnement, l’art opérant ici un rôle
important de vecteur entre l’institut et le
grand public, qui aura l’occasion d’admirer
à la Villa le Chêne des travaux artistiques
portant sur nos champs d’investigation
scientifique. Des artistes seront sollicités dans
ce sens.
Le concept développé pour ce lieu a été pensé
en concertation avec les différents protagonistes des CJB, dans l’optique notamment de
nouer un lien solide entre le programme de
cet espace et les projets présentés dans le
Jardin. Aussi notre exposition inaugurale
s’inscrit-elle en liaison étroite avec la manifestation Jardin de Maths, qui s’étendra dans
le parc de fin mai à octobre 2008, et vous
êtes d’ores et déjà tous invités à venir découvrir ce printemps une intervention artistique
fondée sur la thématique des maths dans la
nature.
Les horaires d’ouverture de cet espace seront
communiqués par les voies habituelles.
MIROIR du ciel
ous la direction et à l’initiative du
sculpteur Jo Fontaine «Miroir du
ciel» est un projet de création interactive
d’une sculpture monumentale en pierre.
Des enfants des classes primaires et des
Centres de jour participent à tour de rôle
à cette création dans le cadre de L’Art et les
enfants (DIP).
Le projet, échelonné sur trois ans et abrité
dans une «tente-bulle», mise à disposition
par les CJB, consiste à tailler dans un bloc
de granit de trente tonnes un cercle de 3,60
de diamètre, légèrement incliné, symbolisant un réceptacle. La partie supérieure qui
est polie représente le «Ciel» et la partie
inférieure striée et brute la «Terre».
Le chantier est ouvert en permanence
au(x )public(s).
PAGE 24 – N° 38 – DÉCEMBRE 07 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES
Christophe Golé
Professeur au Smith College, Boston
Qu’est-ce qu’ont en commun les arrangements de feuilles
le long de la tige d’une plante, des écailles d’un ananas,
ou de celles d’une pomme de pin, ou bien encore la
disposition des graines sur la fleur d’un tournesol?
l se trouve que ces structures à première vue
disparates sont très souvent arrangées en un
réseau formé par deux familles de spirales (ou
hélices), s'enroulant en sens opposés. Lorsque l'on compte
le nombre de spirales dans chaque famille, on obtient le
plus souvent deux nombres qui sont consécutifs dans la
célèbre suite de Fibonacci:
1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, 55, 89, 144, etc.
De plus, l'angle entre les paires de feuilles successives le
long des tiges se rapproche très souvent de «l'angle d'or»,
à peu près 137.51º, relié à une autre célébrité, le nombre
d'or (lui même apparenté aux nombres de Fibonacci).
On pourrait penser que Fibonacci a basé sa théorie sur l’observation du monde. Il n’en est rien, puisque cette corrélation a été établie plus de 400 ans après sa mort.
Coïncidences? Les plantes contiennent-elles Fibonacci dans
leurs gènes? Est-ce une intervention divine? Les plantes
savent-elles compter?
L'exposition «Fibonacci et ses plantes», qui s'ouvrira en
mai 2008 aux CJB tentera de vous convaincre qu'il n'est
pas nécessaire d'invoquer de telles hypothèses pour expli-
avec des membres du Smith College au Massachusetts
quer ce phénomène. Depuis le milieu du 19e siècle, les
(USA), s’adressera à tous, en proposant de nombreux
botanistes ont observé la création de ces structures à l'apex
exemples et activités jardinées.
(point de croissance) de la plante. Les différents organes
apparaissent successivement comme
des protubérances microscopiques de
cellules qui s'organisent en réseaux
dès leur apparition.
De simples modèles géométriques et
LÉONARD DE PISE, DIT FIBONACCI
dynamiques, basés sur des hypothèses
découlant d'observations de l'apex,
Léonard de Pise (12e-13e siècle) créa une série de
peuvent reproduire ces structures avec
nombres aux propriétés remarquables:
une fiabilité remarquable, et offrir une
1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, 55, ... 233, 377, 610...
explication mathématique à celles-ci.
où chaque nombre (sauf les deux premiers) est la
Fibonacci et l’angle d’or seraient des
somme des deux nombres qui précèdent.
conséquences de règles du jeu éle1+1=2; 1+2=3; 2+3=5; 3+5=8; 5+8=13; 8+13=21;
mentaire et de la structure initiale de
13+21=34; 21+34=55 etc.
la graine d’une plante, et non la règle
Bien plus tard, on découvrit que, sauf pour le début de
même.
la série, chaque nombre divisé par son précédent donne le résultat constant
Venez découvrir ce dialogue poétique
entre la botanique et les mathématiques. L'exposition, bilingue (français-anglais) créée en collaboration
1,618 (soit 34 : 21 = 1,618; 610 : 377 = 1,618...).
Ce ratio est le nombre d’or, la divine proportion des grecs anciens, qui est la
seule à avoir la propriété de lier deux segments entre eux dans la même proportion que le plus grand et le segment total.
Au fil du GÉNOME humain
LA BIOINFORMATIQUE ET GENÈVE:
UN ANNIVERSAIRE
l’occasion de ses 10 ans, l’Institut
suisse de bioinformatique propose
une balade le long du génome humain. Du
1er au 30 septembre 2008, 24 chromosomes semés dans un champ vous raconteront
le monde minuscule des gènes et protéines
ainsi que celui toujours grandissant de la
bioinformatique. Et pour attiser la curiosité
des petits, un jeu de piste les fera courir d’un
chromosome à l’autre en leur faisant palper
ainsi du bout de leurs pieds, la complexité
d’un univers invisible à nos yeux.
DEUX MÈTRES…
C’est la distance qu’il faudrait parcourir si
nous déroulions l’ADN qui constitue notre
génome. Ce génome se répète dans la
grande majorité de nos cellules qui se chiffrent à des milliards... Comment la Nature
fait-elle pour emballer deux mètres d’ADN
Evènement
Fibonacci et
ses PLANTES
dans une seule cellule qui, de surcroît, ne
peut se voir qu’au microscope optique? Sa
trouvaille: les chromosomes. Une bien jolie
ruse pour compacter l’ADN. Et à chaque
chromosome, sa taille. Aussi le parcours
Au fil du génome humain «déroulera»
chacun d’entre eux sous vos pas et sera
rythmé par leurs différentes longueurs.
LES CHROMOSOMES: X POUR
MADAME, Y POUR MONSIEUR
La balade commence ainsi par la visite d’un
premier chromosome qui vous conduira à
la découverte du suivant. Et de chromosome en chromosome, vous ferez le tour
complet de notre génome. En tout, vous
parcourrez 22 chromosomes, que nous
possédons en double, l’un venant de notre
mère et l’autre de notre père. Et pour finir,
vos pas vous mèneront à une paire toute
particulière: celle des chromosomes
sexuels. Les célèbres X et Y qui nous font,
respectivement, femme ou homme.
L’ADN: NOTRE LIVRE DE CUISINE
A quoi sert notre ADN? On peut se le représenter comme un livre de cuisine... de 24
tomes... soit un tome pour chaque chromosome. Et dans chaque tome se trouve un
certain nombre de recettes : les gènes. En
vous promenant, vous ferez connaissance
avec quelques-uns d’entre eux – les gènes
susceptibles de provoquer des maladies
comme la mucoviscidose, certains cancers
ou l’anémie par exemple, ou encore ceux
qui nous octroient certaines caractéristiques
comme la couleur de nos yeux.
LES PROTÉINES: NOS OUVRIÈRES
Bien que les gènes soient à l’origine de
tout ce que nous sommes, ce ne sont pas
eux qui font le boulot. Non. Les ouvrières
sont les protéines qui, elles, sont le produit des recettes. Sans protéines, nous ne
pourrions ni marcher, ni réfléchir, ni dormir. Et, comme pour les gènes, vous vous
Vivienne Gerritsen
Institut suisse de bioinformatique
introduirez dans leur univers et découvrirez leur étonnante nature biologique
comme leurs fascinantes structures tridimensionnelles ainsi que le rôle primordial qu’elles ont à entretenir la vie, comme
le battement de notre cœur mais parfois
aussi, la maladie.
L’AUTRE DIMENSION
La bioinformatique. Sans elle, notre
connaissance du monde des gènes et celui
des protéines serait beaucoup moins riche.
L’informatique appliquée à la biologie est
un des instruments – encore florissant –
qui participe à la compréhension de ce qui
nous fait... et de ce qui nous défait. Elle est,
en effet, un précieux outil dans la recherche et le design de thérapies pour toutes
sortes de maladies – le SIDA, les cancers
et le diabète par exemple – que le parcours
Au fil du génome humain vous propose
aussi de découvrir, chromosome après
chromosome.
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N° 38 – DÉCEMBRE 07 – PAGE 25
JARDIN de MATHS
DU
I AU
27 MA OBRE
12 OCT08
20
EXPOSITION – JARDIN aux Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville
de Genève. Musée vivant de la Cité / en plein air / entrée libre
Didier Roguet Conservateur
JARDIN DE MATHS, QUEZACO ?
UNE INVITATION?
• Un parcours-découverte, une exposition-jardin
• Une invitation à jouer aux mathématiques avec les
plantes dans un espace naturel, une proposition pour
dédramatiser les mathématiques en les emballant de
nature et de biodiversité
• Un point de vue aussi sur le rôle primordial que jouent
les théories mathématiques dans la construction végétale
Une invitation à faire des mathématiques différentes dans
la nature, parmi les végétaux et avec eux. Une expositionjardin, un parcours initiatique à travers des mathématiques appliquées, et naturelles, expliquant la nature et
la nature des choses, des mathématiques parlantes et utiles, révélatrices de formes et de savoirs.
Des mathématiques démythifiées et dédramatisées, favorisant une adhésion facilitée des élèves et de leurs parents
à des clés nouvelles de compréhension du monde végétal.
POUR QUI ?
végétaux. Les fougères en sont un exemple connu et frappant. Des modèles informatiques venant de l’astrophysique permettront de visualiser la construction quasimathématique des arbres. Expérience et observation
stupéfiante de voir se construire l’arborescence d’une
essence grâce à une formule mathématique. Ceci dans la
Villa le Chêne et en collaboration avec l’Observatoire de
Genève et la Société de Physique et d’Histoire Naturelle.
ECLAIRAGES CROISÉS
Des éclairages croisés, comme nous aimons à les pratiquer, permettront à nos publics de lire notre thématique
sous de multiples angles. Des visions tour à tour scientifiques, artistiques et musicales, poétiques et botaniques,
physiques, ludiques et festives seront proposées de fin mai
à octobre 2008. Une attention particulière aux enseignants
et à leurs desiderata sera proposée.
Conférences, visites guidées thématiques, intra et extramuros, fêtes et jeux seront déclinés pendant les 6 mois d’exposition-.jardin. A vos programmes dès le mois d’avril pour
les temps forts de notre saison «Jardin de maths».
tél.: 022 418 51 00 ou sur notre site: www.ville-ge.ch/cjb
C’est une proposition aux publics, à nos publics.
C’est notre projet pour l’année 2008. Un projet pour toute
la famille, grands et petits, matheux ou moins matheux,
aficionados des mathématiques, ou jouisseurs de calculette
certes, mais aussi et surtout désespérés de la fraction, malaimants du boulier, réfractaires géométriques et autres
rebelles de la règle de trois...
QUI SONT CES DÉÇUS DES MATHS?
Une majorité d’enfants disent des statistiques, une majorité
d’adultes probablement aussi: «On ne m’a jamais montré
à quoi cela pouvait servir (Lili, 40 ans)»; «on apprenait des
théorèmes sans méthode ni applicatif, pour les ressortir tels
des perroquets (Max, 36 ans)». Il y a sûrement un Max ou
une Lili qui se cache en chacun d’entre nous.
NOS OBJECTIFS?
On aimerait voir sortir les professeurs de mathématiques
de leurs collèges et s’amuser avec leurs élèves de la pratique des maths dans la nature. Le jardin, l’espace vert et
la forêt deviendraient des espaces de découvertes et d’applications mathématiques, des invitations à observer et
comprendre la fascinante construction du monde végétal,
cartésienne et rigoureuse.
L‘invitation est aussi lancée aux enseignants de physique,
de sciences naturelles, d’activités créatrices et de dessins.
Une partie de l’exposition étant bilingue, les enseignants
d’anglais, de français et de... latin sont évidemment les
bienvenus. Vive la transdisciplinarité!
COMMENT CELA SE PRÉSENTERA ?
«Jardin de maths» se présentera comme un parcours
initiatique avec des pôles d’interactions dans nos collections botaniques. Interactivité de la découverte pratiquée
le long du parcours et expositions «phares» seront au rendez-vous lors de cette balade dans les collections du Jardin botanique, au départ de la Villa le Chêne. Les publics
pourront expérimenter, toucher et même observer la
«chose» mathématique en action dans le grand dessein
de la Nature. Une exposition du Prof. Christophe Golé et
de son équipe du Smith College aux USA («Fibonacci et
ses plantes») sera présentée et illustrée
dans et autour de notre serre tempérée.
Elle met en évidence le rôle des spirales dans la formation des végétaux et
leur morphologie. Fascinantes séries
de Fibonacci et nombre d’or sous-tendent l’architecture de multiples végétaux et en expliquent la formation et
la croissance.
Les fractales, répétitions organisées et
extraordinaires, fournissent leur
modèle constructiviste à de nombreux
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Evènement
VOUS AVEZ DIT «JARDIN» ?
Le Jardin en effet ne sera pas en reste. Outre les ressources qu’il offrira, intégré à l’exposition à travers ses collections permanentes, de multiples interventions jardinées seront proposées en appui ou en décor au parcours
didactique.
Elles appuieront et baliseront tel ou tel propos. Démonstrations ou interactions par le fait floral et naturel, elles
imageront la découverte mathématique et naturaliste.
QUE POURRA-T-ON FAIRE ?
tion de cette essence dans une forêt, dans une strate de
cette forêt, construire un xylophone avec le bois de l’arbre
et en comprendre la signification mathématique et physique, calculer la surface biogéographique potentielle de
répartition de cette plante, montrer l’incidence des changements climatiques sur cette espèce et sa répartition par
modélisation, calculer son âge grâce à la dendrochronologie, etc. Peut-être pas tout cela, mais l’expérience et l’expérimentation pratiques seront au rendez-vous le long du
parcours à travers une dizaine de stations et de propositions mathématiques interactives.
• Surveillez le programme de «Jardin de maths» qui sera
à disposition sur le site des CJB dès le mois d’avril 2008,
pour tous les détails sur les événements qui jalonneront
cette manifestation: www.ville-ge.ch/cjb/
• Retenez d’ores et déjà le week-end des 6 et 7 septembre
2008 pour une grande fête familiale autour de mathématiques naturalistes, musicales et ludiques dans le Jardin botanique
QUAND ET OÙ ?
Mesurer un arbre, calculer son volume de bois, comprendre sa phyllotaxie (c’est-à-dire l’arrangement de ses ramifications sur son tronc), lire son cône et en extraire des
structures spiralées à travers les séries de Fibonacci, mesurer le potentiel germinatoire de cet arbre à travers un
comptage des graines, calculer le poids spécifique du bois
de cette essence, construire un labyrinthe avec son bois et
en comprendre le fonctionnement mathématique, s’intéresser à la construction morphologique de cette espèce
avec les fractales, faire une analyse statistique de réparti-
L’exposition-jardin («Jardin de maths») se déroulera du
27 mai au 12 octobre 2008, une médiation sera proposée
pendant les mois d’été. L’exposition «Fibonacci et ses plantes» (spirales végétales) prendra place dans et autour de la
Serre tempérée (médiation estivale). L’exposition art et
science «Fractales végétales» se déroulera dans la Salle du
Chêne aux mêmes dates (horaires à définir). Un parcoursdécouverte, «Maths de jardin» se déroulera dans le Jardin,
en boucle, au départ de cette dernière et aux mêmes dates.
Il englobera 10 stations expérimentales et interactives, montées en collaboration avec des enseignants de l’instruction
publique (DIP) et du domaine privé, ainsi que l’exposition
«Fibonacci et ses plantes», l’Atelier de sculpture de Jo Fontaine et le Botanic Shop (jeux).
Variations botaniques / VISITES GUIDÉES
vous intéresse ? Les CJB vous
convie à participer à des visites
guidées thématiques les mardis
durant la pause de midi.
De mars à décembre, quelques
25 visites, abordant autant de
thèmes, sont organisées par des
spécialistes, jardiniers et scientifiques, qui vous feront part de
leur passion et vous guideront
à travers les différentes collections et trésors que renferme
notre institution.
nvie de mieux connaître le
monde végétal ? Le travail des
botanistes et des horticulteurs
Au fil des saisons, ces «variations botaniques» vous permettront de vous
immerger dans la luxuriance tropicale de
nos serres, d’en savoir plus sur la flore
locale et les mesures entreprises pour sa
protection, d’obtenir des conseils sur la
culture des plantes horticoles, d’admirer
les trésors de la bibliothèque, de comprendre l’utilité d’un herbier, de s’initier
au décryptage de l’ADN..., et de découvrir bien d’autres thèmes encore.
C’est donc avec plaisir que nous vous
invitons à prendre connaissance du nouveau programme pour l’année 2008 et à
participer à ces rendez-vous botaniques.
Ces visites vous sont offertes gratuitement,
mais nous demandons une inscription
préalable par téléphone:
022 418 51 00 ou par e-mail:
[email protected]
Le programme des «Variations botaniques» est disponible sur notre site internet: www.ville-ge.ch/cjb/ et figure dans un
dépliant disponible à la réception du Jardin botanique. Les visites ont lieu le mardi
de 12h30 à 13h30.
Mathieu Perret Conservateur
Rendez-vous devant la Villa du Chêne,
ch. de l’Impératrice 1, proche du
parc aux animaux, entrée nord-est
du Jardin botanique
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N° 38 – DÉCEMBRE 07 – PAGE 27
Imprimé sur papier écologique Cyclus print ® recyclé, sans chlore
Conservatoire & Jardin botaniques – Case postale 60 – Chemin de l’Impératrice 1 – CH-1292 Chambésy/Genève – tél. 022/418 51 00 – Fax 022/418 51 01 – www.ville-ge.ch/cjb/
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