La nature en ville et dans les villages, version imprimable

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6. La nature en ville et dans les villages
Quelle est la place de la nature dans les villes de demain ?
Préserver la biodiversité urbaine et renforcer le rôle de la nature en ville est aujourd'hui une
préoccupation centrale des politiques d’urbanisme durable. Désormais, les écosystèmes se
développent plus librement au cœur des villes, rompant avec la nature maîtrisée des siècles
passés. Une nature qui reprend ses droits dans la cité est souvent généreuse, car elle améliore
le cadre de vie des habitants tout en luttant contre le bruit, le stress et la pollution.
La biodiversité urbaine est encore mal connue. Et pourtant, un kilomètre carré en ville ou dans
un village contient plus d'espèces que la même surface en pleine campagne ! Cette richesse
s'explique notamment par la grande variété d'habitats et de ressources alimentaires
disponibles.
Les services rendus par la biodiversité et la nature en ville sont nombreux : diminution du
stress et du bruit, dépollution de l'air et des cours d'eau, création d'espaces récréatifs,
habillage esthétique des quartiers; la nature fait désormais partie intégrante du patrimoine
urbanistique des villes. Dans cette nouvelle alliance entre la ville et la nature, la biodiversité
joue un rôle essentiel pour la qualité de vie des espaces urbains.
La protection de la biodiversité urbaine englobe aussi bien la conservation et la recréation
d'habitats naturels, que la préservation et la régulation des espèces. Cela implique un
engagement à tous les niveaux des acteurs publics et privés pour réserver les surfaces
nécessaires au développement de la biodiversité en ville. L‘expérience montre qu’une gestion
différenciée et extensive des espaces verts, ainsi que leur mise en réseau écologique,
permettent à la nature de s'autoréguler, diminuant ainsi les coûts d'entretien. Ces efforts
s'additionnent et permettent le maintien d'un réseau d'espaces accueillants tant pour la nature
que pour la population. Veiller aujourd’hui sur la biodiversité et la nature en ville, c’est donc
contribuer à la qualité de vie des villes de demain !
Les villes, les villages, diversité des habitats
L'impact des constructions sur la biodiversité est généralement perçu comme négatif;
destruction et fragmentation des habitats naturels, emprise au sol, bruit, pollution et éclairage
sont autant de menaces pour la faune et la flore. Et pourtant, la diversité biologique d'une
grande ville est supérieure à celle des paysages cultivés qui l'entourent. A titre d'exemple, la
ville de Lausanne abrite à elle seule plus d'un tiers des espèces de la flore suisse. Avec 1363
espèces recensées dont 16% sont des espèces rares et protégées, l'inventaire de la flore
lausannoise illustre combien la biodiversité urbaine peut se révéler importante. Plusieurs
facteurs expliquent cette étonnante situation.
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La ruine de Rome (ou cymbalaire),
une petite plante tenace qui s'installe
dans la moindre anfractuosité © C.
Bornand
La nature s'infiltre entre les pavés de
la rue de Bourg à Lausanne © C.
Bornand
Un lambeau de prairie maigre derrière
l'université de Lausanne offre aux
orchidées un espace pour se
développer © C. Bornand
Le paysage urbain est constitué d'une multitude de milieux offrant à la faune et à la flore des
conditions écologiques variées: cimetières, parcs, jardins historiques, jardins familiaux,
vergers, prairies, haies, toits végétalisés, murs de pierres sèches, surfaces rudérales, ballast
des voies ferrées, étangs et petits cours d'eau en sont quelques exemples. La biodiversité
s'immisce dans le moindre espace où la vie est possible. La variété de ces micro-habitats
permet à de nombreuses espèces de trouver un lieu convenant à leurs besoins. La ville offre
également des conditions qui lui sont propres et qui peuvent se révéler favorables à certaines
espèces de plantes ou d'animaux. Ainsi, la température y est généralement supérieure de 2 à
3°C à celle des régions rurales environnantes ce qui permet une période de floraison plus
étendue et favorise les espèces thermophiles. D'autres espèces béficieront de la plus faible
présence de prédateurs. Un exemple emblématique de ces conditions urbaines favorables est
celui de l'abeille, qui profite de l'abondance de fleurs et de l'usage plus faible de pesticides
pour s'épanouir. Enfin, certaines espèces ont une écologie étroitement associée à l'homme et
ont fait de l'espace urbain leur habitat privilégié. La cohabitation avec l'homme leur assure
ressources, abris et mode de dispersion.
Un tapis de vipérines dans le parc de
Valency à Lausanne © C. Bornand Cette fougère semble prendre son
envol © C. Bornand La promenade du Mont Blanc à Nyon
© Ville de Nyon
La biodiversité en ville dépend largement des types d'aménagement et d'entretien des
constructions et des possibilités d'échange qui subsistent entre les espaces naturels. Depuis les
années 1990, la préservation et la gestion de la nature en ville font partie intégrante des
politiques d'urbanisme. L'exemple le plus frappant est sans doute la mise en place d'entretien
différencié et extensif pour les espaces verts et les jardins familiaux. Ceux-ci offrent des
espaces privilégiés par la flore et la faune des campagnes environnantes car ils sont
suffisamment grands pour accueillir l'assemblage de plantes et d'animaux qui cohabitent dans
leur habitat d'origine. En considérant chacun de ces espaces séparément et en adaptant leur
gestion aux besoins et aux différents usages, on crée une variété d'habitats propices au cycle
de vie des espèces naturelles. Ce mode de gestion des espaces verts présente plusieurs
avantages:
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- Ecologique: En offrant une grande variété d'habitats, on favorise l'installation durable
d'une plus grande diversité d'espèces
- Economique: Un milieu semi-naturel nécessite beaucoup moins d'entretien qu'une
pelouse bien tondue ou qu'une nature organisée, ce qui diminue évidemment les coûts
d'entretien.
- Esthétique: Les espaces verts permettent à une nature plus généreuse en formes, en
couleurs et en diversité biologique de s'exprimer.
Plusieurs villes, comme Lausanne, Nyon, Pully ou Yverdon-les-Bains qui pratiquent ce mode
de gestion différenciée, ont également mis en place des programmes de suivi floristique et
faunistique des espaces verts. Ceux-ci permettent de mesurer la qualité écologique de ces
derniers et d’améliorer le cas échéant la gestion de ces espaces.
Un verger en ville © Ph. Curdy Des jardins familiaux en ville © Ph.
Curdy Nichoirs pour abeilles sauvages © Ph.
Curdy
La gestion de la biodiversité urbaine ne saurait se limiter à l'entretien d'espaces verts isolés. Il
est en effet nécessaire d'assurer une connexion entre ces espaces ainsi qu'avec la nature
périurbaine afin de soutenir l'apport en espèces dans ces îlots urbains. La création de réseaux
à travers les villes (appelés trames vertes pour les réseaux terrestres et trames bleues pour
les réseaux aquatiques) assure un continuum d'espaces naturels entre le centre ville et la
campagne. Ces réseaux s'appuient sur des structures existantes autour desquels on favorise la
croissance de la végétation : avenues bordées d'arbres, talus de chemin de fer, berges de
cours d'eau sont autant de corridors permettant à la faune et à la flore de circuler entre les
obstacles urbains. Pour ce faire un inventaire à jour des valeurs naturelles sur le terrain est un
outil précieux. La création de parcs naturels périurbains (zones naturelles protégées en
périphérie des villes) permet également de renforcer ces réseaux en assurant un réservoir de
biodiversité de taille importante à proximité des centres-villes. Un projet de parc naturel
périurbain au nord de Lausanne, le parc du Jorat, est à l'étude en ce moment.
La Sorge (ici derrière l'EPFL): un cours
d'eau urbain revitalisé et habité par le
castor © J. Pellet
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Les exemples de mesures favorisant la biodiversité urbaine sont nombreux et n'ont pour limite
que la créativité des urbanistes et des citadins. On peut par exemple planter des espèces
indigènes, remplacer un gazon par une prairie fleurie, laisser des zones de friche, construire
des murs en pierre sèche, installer une haie naturelle, laisser des surfaces pionnières,
remplacer le bitume des parkings par des pavés ajourés, créer des toitures et façades
végétalisées, poser des nichoirs ou créer des abris pour la petite faune ou les abeilles, et la
liste est encore longue…
Le saviez-vous?
Créer une toiture végétalisée est à la fois simple et très utile. Ces
"enveloppes vertes" améliorent en effet l'isolation phonique et thermique de
votre maison. Elles luttent également contre la pollution car elles retiennent
les particules émises des routes et ralentissent l'écoulement des eaux. Enfin,
elles fournissent un habitat à une faune variée (bourdons, abeilles, oiseaux)
tout en ajoutant une touche esthétique à votre quartier. On choisira les
espèces à planter en fonction des conditions du bâtiment tels que
l'ensoleillement, les types de matériaux ou les structures de soutien et on
privilégiera si possible les espèces indigènes.
Voulez-vous impliquer ?
Pour les privés
La charte des jardins est un document qui explique dix bonnes pratiques à
adopter pour favoriser la nature dans votre jardin. Ce n'est pas une liste
d'exigences à remplir pour obtenir un label qui sera contrôlé, ni un document
juridique: en la signant, on s'engage moralement à en suivre les principes.
Cet engagement se signale par l'emblème de la charte exposé à la vue de
tous. La Charte des Jardins peut s'appliquer sur n'importe quel terrain, petit
ou grand, anciennement ou nouvellement planté. Même si un jardin est
constitué uniquement d'une haie de laurelles, d'un gazon ras et de
rhododendrons exotiques, on peut cesser d'utiliser des pesticides, tondre
différemment, pratiquer une petite ouverture dans sa barrière, éteindre
l'éclairage extérieur quand il est inutile, et opter pour des plantes sauvages
indigènes lorsque l'occasion de renouveler des plantations se présente.
Pour plus de renseignements : Charte des jardins (http://www.energie-
environnement.ch/fr/maison/jardin/charte-des-jardins)
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Les villes et les villages, diversité des espèces
La flore et la faune des villes et des villages sont parfois si discrètes que certaines espèces
passent complètement inaperçues et ne sont révélées qu'à l'occasion d'inventaires et d'études
scientifiques. A l'inverse, certaines espèces adoptent l'espace urbain avec tant d'aisance
qu'elles se répandent et posent de sérieux problèmes aux gestionnaires urbains.
La flore des villes présente une incroyable diversité; qu'elles soient pionnières ou rudérales,
plantes d'ornement, arbres ou buissons, plantes potagères, fleurs des prairies maigres et
sèches ou encore plantes aquatiques, des centaines d'espèces trouvent en ville un espace
convenant à leurs besoins. Quelques exemples illustrant l'étonnante variété d'adaptations au
milieu urbain par les espèces végétales vous sont présentés.
Souvent considérés comme des espaces mal entretenus, les friches industrielles et ferroviaires
sont pourtant de première importance pour la flore urbaine. L'absence d'entretien, de fauche,
d'engrais ou de traitements chimiques permet à de nombreuses espèces d'accomplir leur cycle
de développement, à l'exemple de la chicorée sauvage, du coquelicot ou la molène. Ces
milieux accueillent également de multiples espèces d'insectes et des reptiles. D'autres plantes,
comme le grand plantain ou la renouée des oiseaux trouvent un refuge de choix dans les
espaces piétinés tels que les chemins de terre ou les parkings non revêtus. Ces espèces, dites
pionnières, profitent de l'absence de compétition et de l'espace dégagé pour se développer.
Les espèces de petite taille nécessitant peu de profondeur de sol colonisent aisément les
interstices des sols pavés et les endroits piétinés. La diversité spécifique de ces espaces peut
être étonnamment élevée. Sagine couchée, pâturin annuel et euphorbe maculée sont quelques
représentants de la flore des pavés.
La salicaire à feuilles d'hysope, une
espèce rarissime en Suisse présente
dans un parking à dalles ajourées à
Echandens © F. Hofer
Les prairies et talus extensifs pourront accueillir des plantes comme la sauge des prés, la
vipérine ou une orchidée indigène, l'orchis pyramidal. La fertilité et l'humidité du sol
définissent différents types de prairies (prairies maigres ou grasses, sèches ou humides) : à
chacune desquelles correspond un cortège floristique bien particulier.
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