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Ainsi, après la phase du « chaos planétaire », qui a été, depuis 2008, notre grille de lecture des
événements, nous voilà entrés dans une phase de « mutation explosive », qui peut être porteuse de
surprenants renouvellements. Rien ne sert de tenter de deviner ce que sera la nouvelle « figure du
monde » au sortir de cette phase ; le plus sage est de patienter jusqu’en 2021, où le tableau final
apparaîtra certainement de façon beaucoup plus claire.
STRATEGIES EN ŒUVRE AUTOUR DES BOULEVERSEMENTS DU MONDE ARABE
7 - La conjonction JU-UR de janvier 2011
La conjonction Jupiter-Uranus du 4 janvier 2011 est la signature des mouvements de révolte qui
ont secoué le monde arabe, à partir de la Tunisie et de l’Égypte. Située à 27° des Poissons, cette
conjonction se trouve au carré des conjonctions Saturne-Uranus de 1988 et de 2032 (cycle en
corrélation avec les États-Unis). Cette conjonction apparaît ainsi comme un relais important dans le
cycle Saturne-Uranus de 1988 à 2032, caractéristique de l’hyper-puissance des États-Unis. En outre, la
zone de la conjonction Soleil-Lune, est le lieu du transit du carré Uranus-Pluton du printemps 2014 à
la fin 2016. Cette conjonction des luminaires se situe dans l’axe très chargé Mars/Pluton au carré de
Saturne : présage de violence, de brutalité, de rage destructrice.
Les révoltes arabes du printemps 2011 s’inscrivent dans le cadre d’une reconfiguration politique
du Maghreb et du Moyen-Orient projetée par les stratèges américains dès 2003, sous la présidence de
George W. Bush, qui émit alors l’idée d’un « Grand Moyen-Orient ». Ce projet fut mis à mal par
l’enlisement américain en Irak et en Afghanistan. Mais le monde arabe est loin de constituer un
ensemble homogène, et il convient de distinguer la situation particulière de chaque État. On peut
néanmoins distinguer schématiquement deux groupes : les États -nations capables de maintenir leur
unité au travers d’un changement de régime, tels la Tunisie ou l’Égypte ; les pays dont l’unité est au
contraire liée à la nature même de leur régime, comme Bahreïn, le Yémen ou la Libye. Dans ce dernier
cas, d’ailleurs, il n’a pas fallu attendre longtemps, après la chute de Kadhafi, pour assister à
l’éclatement du pays : le 6 mars 2012, en effet, la Cyrénaïque a proclamé son autonomie : l’ensemble
des tribus de cette région orientale reconnaissent désormais comme leur chef Ahmed Zubaïr al-
Sanussi, parent du roi Idriss I° renversé en 1969 par le colonel Kadhafi, et membre éminent de la
famille-confrérie sénoussiste qui régnait sur la région à l’époque ottomane. Ainsi, le CNT installé à
Tripoli n’a plus d’autorité sur Benghazi. Partout, cependant, le résultat de cette agitation va dans le
même sens : l’accès au pouvoir des islamistes, non seulement en Égypte, en Tunisie et en Libye, mais
aussi au Maroc, et encore, vraisemblablement, demain, en Algérie, de même qu’en Syrie si le régime
de Bachar el-Assad devait tomber. Face à un modèle occidental qui, pour la jeunesse de cette région
du monde, apparaît à la fois comme fascinant et haï, l’Islam traditionnel, après l’échec des
nationalismes arabes sous la forme du nassérisme et du baasisme, représente un élément protecteur,
même s’il peut être ressenti à maints égards comme étouffant. Pour l’heure, la tendance est nettement
à une poussée islamiste en profondeur, comme en témoigne ce fait récent : le vendredi 16 mars,
plusieurs milliers de manifestants ont réclamé devant le siège de l’Assemblée nationale constituante à
Tunis l’application de la charia dans la future Constitution du pays ; parmi les slogans : « Pas de
Constitution sans la charia » et « Ni laïque ni scientifique, la Tunisie est un État islamique ».
On ne saurait trop rappeler que la stratégie anglo-saxonne, dès le XIXe siècle, a toujours joué la
carte des mouvements islamistes les plus obscurantistes et anti-laïques contre ceux qui, dans ces
sociétés mêmes, souhaitaient des réformes susceptibles de permettre à ces pays d’adapter le droit
musulman et l’Islam en général aux exigences des temps modernes. Dans son ouvrage Islamisme et
États-Unis, sous-titré « Une alliance contre l’Europe, Alexandre Del Valle présente comme l’une des
constantes de la diplomatie anglo-saxonne inaugurée depuis le milieu du XIXe siècle par les Anglais et
relayée par les Américains depuis la fin de la Première Guerre mondiale, le soutien direct ou indirect,
quasi systématique, aux puissances et mouvances islamiques. En encourageant les mouvements
« communautaristes » islamistes du Pakistan, d’Inde et d’Égypte (Muslim League, Jamaat-i-islami,
Frères musulmans), les Anglais aideront les Musulmans les plus intégristes à réduire leurs adversaires
laïcs. Les Américains feront de même en consolidant le pouvoir des Wahhabites dans le Golfe. Le
wahhabisme est un mouvement créé au XVIIIe siècle, dont l’objectif est l’application intégrale de la
Charia. Alliés au clan bédouin des Séoud, les Wahhabites édifieront, dès cette époque, un État
islamique qui - après un siècle d’occupation ottomane - deviendra l’actuelle monarchie islamique