Les tensions internationales et le Moyen-Orient
0 - Paris - Notre-Dame
LA TOILE DE FOND - LE CHOC DES CIVILISATIONS
1 - La structure fondamentale des cycles des lentes
L’astrologie mondiale repose sur l’analyse des cycles des planètes lentes (de Jupiter à Pluton dans
l’astrologie « classique », celle de Gustave-Lambert Brahy et d’AndBarbault, de Charles Harvey et
de Nick Campion, pour n’évoquer que ses plus illustres représentants). En fait, elle repose sur une
hiérarchie des dix cycles, dans laquelle les cycles des trois transsaturniennes définissent la « qualité »
des temps sur une durée de cinq siècles, au rythme des conjonctions Neptune-Pluton. Le regretté
Claude Ganeau avait défini plus précisément un rythme de 498 ans (correspondant à un cycle
Neptune-Pluton, deux cycles Uranus-Neptune et trois cycles Uranus-Pluton). Sur cette basse
fondamentale viennent se greffer les cycles combinés des trois transsaturniennes avec Saturne et
Jupiter, formant trois courants distincts : le courant plutonien, le courant neptunien, le courant uranien,
qui se déclinent selon les deux modalités jupitérienne ou saturnienne. Enfin, le cycle majeur de
l’astrologie ancienne, Jupiter-Saturne, avec sa dialectique propre d’expansion-concentration.
2 - Séquence cyclique UR-NE-PL
A l’échelle des grands cycles de cinq siècles, notre époque reproduit, entre 1965 et 2020, une
séquence cyclique particulièrement dense, consécutive à une conjonction Neptune-Pluton antérieure
d’un demi-siècle environ, et marquée d’abord par les deux conjonctions Uranus-Pluton (1965) et
Uranus-Neptune (1993), puis par les deux phases dissonantes du carré Uranus-Pluton (2012) et du
semi-carré Uranus-Neptune (2017).
Lors du grand cycle Neptune-Pluton précédent, celui de 1399-1891, que l’on peut considérer
comme le cycle des « Temps modernes » sur le plan historique, la conjonction Uranus-Pluton a
correspondu à deux événements majeurs de l’histoire européenne : la fin de la guerre de Cent Ans, qui
avait ravagé l’Europe occidentale à partir de 1328 ; la chute de Constantinople, conquise par les Turcs
ottomans, événement qui signifiait en fait la véritable fin de l’Empire romain, maintenu en Orient
durant de nombreux siècles après la chute de l’Empire d’Occident en 476. Cette chute, qui allait livrer
aux Turcs toute la péninsule balkanique et menacer la sécurité des États occidentaux jusqu’à la fin du
XVIIe siècle, eut un retentissement considérable sur le plan géopolitique, car après la fin de Byzance,
qui représentait le cœur de l’orthodoxie, c’est Moscou qui va prendre la relève avec la fameuse
théorie, forgée au temps d’Ivan le Terrible, de « Moscou Troisième Rome ». La conjonction Uranus-
Neptune de 1479 inaugure la phase d’hégémonie de l’Espagne, consécutive à l’unification de la
péninsule ibérique sous les règnes de Ferdinand d’Aragon et d’Isabelle la Catholique ; cette
hégémonie est elle-même en correspondance étroite avec l’événement majeur dans l’histoire de ce
temps qui est constitué par la découverte du Nouveau Monde et par l’ouverture de tous les continents à
la civilisation européenne. Les phases subséquentes du carré Uranus-Pluton de 1498 et du semi-carré
Uranus-Neptune de 1502 viennent concrétiser les promesses contenues dans la conjonction Uranus-
Neptune de 1479. En 1498, c’est l’arrivée de Vasco de Gama en Inde ; en 1502, Amerigo Vespucci
découvre le site de Rio de Janeiro. En Perse, le chah Ismaïl Ier crée la dynastie des Séfévides et le
chiisme devient la religion de la Perse.
C’est à l’aune de ces mutations en profondeur qu’il convient de scruter le sens des configurations
actuelles, durant les deux premières décennies du XXIe siècle. C’est au temps de ces premiers
développements cycliques du carré Uranus-Pluton suivi par le semi-carré Uranus-Neptune que se
concrétise le changement de la « figure du monde » dont le germe est à rechercher dans la conjonction
Neptune-Pluton précédente (pour nous, celle de 1891). L’Histoire ne se répète pas, mais l’on peut
déceler des constantes rythmiques derrière les évolutions qui se relaient tous les cinq siècles. Le
monde d’aujourd’hui connaît à la fois une unification sans précédent (notamment avec Internet), mais
aussi la remise en cause de l’hégémonie européenne au sens large (avec ses deux excroissances que
2
sont la Russie et l’Amérique) et le retour au premier plan des anciennes civilisations, notamment la
Chine et l’Inde.
3 - Période 2008-2021 - Carré UR-PL et semi-carré UR-NE
Les deux phases critiques du carré Uranus-Pluton et du semi-carré Uranus-Neptune s’étendent sur
la période 2008-2021. Le carré Uranus-Pluton est exact à sept reprises entre 2012 et 2016 ; cependant,
il est en orbe et déjà activé, une première fois, lors de la Pleine Lune du 15 septembre 2008, le jour
même du déclenchement de la crise des subprimes qui a entraîné les bouleversements financiers et
économiques dont nous ne sommes pas encore sortis. La dernière activation de ce carré évolutif
Uranus-Pluton se produira lors de la Pleine Lune du 11 avril 2017, Jupiter se trouvant alors au relais
du carré Uranus-Pluton. Mais entretemps, à partir du 1er septembre 2015, c’est le semi-carré Uranus-
Neptune qui commence à être activé ; il le sera une dernière fois le 10 avril 2021, une fois passé le cap
des conjonctions Jupiter-Saturne et Saturne-Pluton au début du Verseau en 2020. Ce n’est qu’à la fin
de ce déroulement cyclique que l’on sera vraiment en état de prendre la mesure des transformations en
profondeur qu’aura connu le monde durant ces deux premières décennies du XXIe siècle.
C’est autour de la question clé du rapport entre le monde et l’Occident que se situe le basculement
des perspectives. Le cycle Neptune-Pluton de 1399 à 1891 a été marqué par la conquête du monde par
l’Europe. De 1891 à 1965 se joue, de façon accélérée, un processus de décolonisation. A partir de
1989, suite à la chute de l’empire soviétique, nous assistons à une nouvelle confrontation pour
l’hégémonie entre les États-Unis et la Chine.
En 1952, il y a aujourd’hui soixante ans de cela, le grand historien britannique Arnold J. Toynbee
donnait à la BBC une série de conférences sur la rencontre entre le monde et l’Occident, événement
qu’il estimait le plus important de l’histoire moderne1. On peut dire que ce fut là, du XVIe siècle
jusqu’à la fin du XIXe siècle, le premier grand « choc des civilisations » : le monde eut alors à subir les
assauts terribles de l’Occident. me une civilisation aussi proche, par une commune référence au
christianisme, que la Russie orthodoxe, fut envahie à plusieurs reprises par les armées occidentales :
par les Polonais en 1610, par les Suédois en 1709, par la Grande Armée napoléonienne en 1812, par
les empires allemand et austro-hongrois en 1915, par Hitler en 1941. Alors que la Russie subissait,
trois siècles durant le joug tartare, les Occidentaux en profitèrent pour faire des conquêtes à son
détriment ; cela ne fut pas sans conséquences - durables aujourd’hui encore, sur la politique intérieure
de la Russie : en effet, le peuple russe a accepté le joug d’un régime autocratique, venu de Moscou, qui
impose à la Russie l’unité politique nécessaire à sa survie. La résignation du peuple à l’égard d’un
régime autoritaire est devenu une tradition en Russie, et cela constitue un obstacle aux bonnes
relations entre la Russie et l’Occident. En guise de parade aux menaces que faisait peser sur la
survivance de l’État russe la menace occidentale, une voie fut imposée par Pierre le Grand : celle
d’une occidentalisation forcée, l’accent étant mis sur la technique afin de rendre la Russie capable de
résister militairement aux assauts occidentaux. Une réponse analogue, mais beaucoup plus profonde,
fut mise en œuvre en Turquie sous la dictature de Mustafa Kemal Atatürk, qui imposa durant les
années 1920 la conversion totale des Turcs au mode de vie occidental ; Toynbee estime que ce fut là le
programme le plus révolutionnaire jamais appliqué délibérément et systématiquement en si peu de
temps. En Asie, l’Inde fut la seule grande civilisation non occidentale qui ait été envahie et conquise
complètement par l’Occident. L’Inde connut ainsi une expérience plus pénible et plus humiliante que
celle de la Chine et de la Turquie, ou que celle du Japon et de la Russie. Avec la constitution de
l’Union Indienne au sortir de la Seconde Guerre mondiale, les Hindous sont maîtres chez eux pour la
première fois depuis le début de la conquête musulmane au XIIe siècle. En Chine et au Japon, il y eut,
au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, un échec de l’occidentalisation par le biais de la religion. Aux
XIXe et XXe siècles, elle finit par s’imposer par le biais de la technique occidentale, adoptée comme
outil de résistance à l’Occident. Tel fut le sens de la révolution Meïji au Japon (1860) et du projet du
Kuomintang en Chine (1920).
LE TRANSFERT DHEGEMONIE POLITIQUE ET CULTURELLE
4 - 1989 et 2010
3
Depuis la découverte d’Uranus qui a marqué un irrésistible élan vers la liberté à l’époque des
révolutions en Amérique et en France, avec des conséquences diverses, la place prépondérante du
Vieux Monde a été progressivement remise en question par la montée en puissance des deux
excroissances européennes que constituent l’Amérique et la Russie que leur expansion a conduit l’une
et l’autre jusqu’aux rivages du Pacifique. A l’issue de la Seconde Guerre mondiale, de Yalta jusqu’à la
chute du Mur de Berlin en 1989, les États-Unis et l’Union soviétique ont exercé leur hégémonie sur un
monde bipolaire. La question qui se pose aujourd’hui est de savoir si, à la suite de l’effondrement de
l’empire soviétique ne va pas répondre prochainement un effondrement de l’empire américain.
Les configurations de 2010, avec la conjonction Jupiter-Uranus au début du Bélier opposée à
Saturne en Balance et au carré de Pluton en Cancer, entrent en résonance avec la doriphorie de 1989,
Pluton commençant son transit sur la triple conjonction Saturne-Uranus-Neptune. Voiqui suggère
une sorte de relais entre ce qui s’est joué en 1989 - la chute de l’empire soviétique, mais aussi
l’orientation décisive de la Chine, sous l’impulsion de son guide Deng Xiaoping, vers la conquête de
l’hégémonie mondiale - et ce qui se joue à partir de 2010, à savoir l’ébranlement de la puissance
américaine et la montée en puissance de la Chine.
5 - OTAN et OCS
L’implosion de l’Union soviétique, en décembre 1991, a entraîné un démembrement colossal qui
a mis fin à plusieurs siècles de patiente construction de l’empire russe vers l’Asie centrale, le Caucase
et les mers du Sud. Alors que d’aucuns, tels que Francis Fukuyama, imaginaient une fin de l’histoire
culminant avec l’hyperpuissance américaine, le monde évolue plutôt, semble-t-il, vers une formule
multipolaire, avec l’émergence des BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) ; la part des économies
émergentes dans le PIB mondial est passé de 36% en 1980 à 45% en 2008, et l’on estime qu’elle
devrait atteindre 51% en 20142. Depuis la chute de l’Union soviétique, l’objectif fondamental des
États-Unis est d’empêcher, partout dans le monde, l’émergence d’un compétiteur capable de rivaliser
avec eux. A cet égard, la déclaration émise en octobre 2011 par le candidat républicain favori dans la
course à la présidence des États-Unis, Mitt Romney, est éloquente :
<quote> Ce siècle doit être un siècle américain. Dans un siècle américain, l’Amérique a la
plus forte économie et la plus forte armée du monde. Dieu n’a pas créé ce pays pour être une
nation de suiveurs. L’Amérique n’est pas destinée à être sur un pied d’égalité avec plusieurs
puissances mondiales d’importance comparable. L’Amérique doit guider le monde, ou
quelqu’un d’autre le fera. </quote>
D’où, afin de contrôler l’Eurasie, une stratégie d’encerclement de la Russie et de la Chine, ce qui
passe par l’installation de nouvelles bases militaires en Europe orientale, l’implantation de systèmes de
défense antimissiles en Pologne, en publique tchèque et en Roumanie. D’également la poursuite
d’une politique visant à disloquer l’influence russe dans les régions névralgiques de la mer Noire, de la
mer Caspienne et du Caucase. C’est ainsi que des révolutions « de couleur » ont été soutenues, et
parfois inspirées par Washington, en Serbie (2000), en Géorgie (2003, en Ukraine (2004), au
Kirghizistan (2005). Alors qu’après la dissolution du Pacte de Varsovie on aurait pu imaginer un geste
semblable dans le camp occidental, l’OTAN a non seulement été maintenu, mais a connu un
élargissement massif en Europe orientale et balkanique jusqu’aux frontières de la Russie. Bien plus,
lors du sommet atlantique de Prague, en novembre 2002, l’OTAN est passé d’une structure statique de
défense à un modèle expéditionnaire d’interventions occidentales tous azimuts. Le maintien de
l’OTAN vise à la fois à dissuader l’Union européenne de bâtir une défense européenne indépendante
et à empêcher un rapprochement trop étroit de la Russie avec l’Europe de l’Ouest. Face à la stratégie
eurasiatique des États-Unis, la réaction de la Russie a été un rapprochement significatif avec la Chine,
avec la création de l’OCS (le 15 juin 2001).
On notera que le thème de l’OTAN est en résonance avec les cycles Saturne-Neptune et Uranus-
Pluton, mais également avec le cycle Saturne-Uranus (en corrélation avec les États-Unis), du fait de la
position de Jupiter dans l’axe Saturne/Uranus. Position de Jupiter qui sera transitée de façon
importante en 2020, lors des conjonctions Jupiter-Saturne et Saturne-Pluton au début du Verseau.
Quant au thème de l’OCS (Organisation de Coopération de Shanghai), fortement charpenté autour
d’une opposition de Mars en Sagittaire à l’amas autour de Soleil-Jupiter à la fin des Gémeaux, et avec
4
une opposition Saturne-Pluton dans le même axe, on relèvera l’impact de la rétrogradation de Mars sur
cette zone sensible au cours du premier semestre 2012.
6 - L’heure de la Chine
Après la chute de l’empire soviétique, la nouvelle Russie n’a pas repris sa place dans un jeu
bipolaire avec les États-Unis, devenus, à partir de la conjonction Saturne-Uranus de 1988, l’unique
hyperpuissance dans un monde unipolaire. Mais la « fin de l’Histoire » n’a pas eu lieu : d’une part,
grâce à Vladimir Poutine, la Russie nouvelle a reconquis, après son abaissement durant l’ère de Boris
Eltsine, une place éminente parmi les puissances émergentes (les BRIC) ; d’autre part, la Chine
apparaît, depuis la crise de 2008, comme un rival en puissance de contester l’hégémonie exercée
encore - pour combien de temps ? - par les États-Unis. Il est paru en 2011 un ouvrage fort intéressant,
sous la plume de deux membres du Cercle Turgot, qui mettent en garde contre les visées
hégémoniques de la Chine. Antoine Brunet et Jean-Paul Guichard soulignent le contraste entre l’image
que l’on se fait ordinairement de la Chine - « un partenaire incontournable avec lequel le monde fait de
bonnes affaires » - et son projet qui consiste « en la domination du monde et la généralisation du mode
d’organisation totalitaire qui prévaut déjà chez elle ». C’est le successeur de Mao Tsé-toung, Deng
Xiaoping, qui dès la fin des années 1970, a fixé à la Chine populaire ses objectifs à long terme :
<quote> De l’expérience soviétique Deng Xiaoping avait retenu que l’on ne peut s’emparer
de l’hégémonie mondiale par la seule confrontation diplomatique et militaire. Il réalisa qu’il
était indispensable d’obtenir d’abord l’hégémonie économique ; conscient qu’un système
bureaucratique ne permettrait jamais de l’atteindre, il se résolut à ce que la Chine renonce en
1978 à la bureaucratie et opte définitivement pour le capitalisme, ce qui impliquait la
restauration de l’entreprise privée et une organisation économique décentralisée. Le grave
contresens commis par les Occidentaux fut de penser que la Chine venait d’opter à la fois
pour le capitalisme et pour la démocratie3. </quote>
La Chine actuelle dispose d’un instrument d’une efficacité redoutable : le protectionnisme
monétaire. Par la stratégie qu’elle met en œuvre, elle déstabilise les pays développés afin de leur ravir
l’hégémonie mondiale. Les auteurs considèrent la Chine comme une superpuissance, à la fois
capitaliste et totalitaire, dont le succès repose sur une stratégie mercantiliste très efficace d’excédents
commerciaux. Le conflit avec la Chine totalitaire n’est plus à venir, il est présent : il s’agit d’un conflit
qui oppose un impérialisme montant, aspirant à une domination mondiale, à un impérialisme dominant
encore la scène mondiale mais sur le déclin. Relevons que c’est précisément dans ces périodes de
relève d’une puissance à une autre que les dangers de conflit général sont les plus fortes, du fait du
déséquilibre introduit dans les relations internationales. Ces transferts d’hégémonie relèvent en
premier lieu du cycle Uranus-Neptune ; on peut se demander si la phase prochaine du semi-carré
évolutif de 2017 à 2021 ne pourrait pas être une période cruciale du conflit entre Chine et États-Unis.
Conflit qui se joue déjà, en fait, par puissances interposées, depuis la guerre du Vietnam au temps de
la conjonction Uranus-Pluton, au milieu des années soixante.
Les Directions Secondaires aussi bien que les transits sont évocateurs de l’approche d’un
prochain moment fort dans les destinées de la Chine : en 2017, Vénus et Jupiter progressés seront
conjoints sur la Lune à l’Ascendant dans la thème de la Chine populaire ; à l’automne 2020, la triple
conjonction Jupiter-Saturne-Pluton transitera le Jupiter natal de la Chine.
Les réponses qui seront données aux défis que soulèvent les deux phases du carré Uranus-Pluton
et du semi-carré Uranus-Neptune, d’ici à 2021, orienteront l’histoire à venir du XXIe siècle dans des
voies distinctes, selon que se formera un monde unipolaire (autour de la Chine) ou multipolaire (les
États-Unis et les BRIC), selon que s’installera un nouvel équilibre des puissances ou un chaos
international. Un spécialiste de l’anticipation économique et politique, Franck Biancheri, évoque dans
son ouvrage sur la crise mondiale4, l’alternative entre deux scénarios : la crise en cours, dont la
première phase (de 2008 à 2012) a consisté dans la déconstruction chaotique de l’ordre ancien (celui
qui a régné depuis Yalta), peut être suivie soit par la mise en place progressive et essentiellement
pacifique d’un « nouvel ordre mondial » (scénario 1), soit par la constitution de blocs antagonistes,
dans un climat chaotique persistant porteur de guerre (scénario n° 2).
5
Ainsi, après la phase du « chaos planétaire », qui a été, depuis 2008, notre grille de lecture des
événements, nous voilà entrés dans une phase de « mutation explosive », qui peut être porteuse de
surprenants renouvellements. Rien ne sert de tenter de deviner ce que sera la nouvelle « figure du
monde » au sortir de cette phase ; le plus sage est de patienter jusqu’en 2021, le tableau final
apparaîtra certainement de façon beaucoup plus claire.
STRATEGIES EN ŒUVRE AUTOUR DES BOULEVERSEMENTS DU MONDE ARABE
7 - La conjonction JU-UR de janvier 2011
La conjonction Jupiter-Uranus du 4 janvier 2011 est la signature des mouvements de révolte qui
ont secoué le monde arabe, à partir de la Tunisie et de l’Égypte. Située à 27° des Poissons, cette
conjonction se trouve au carré des conjonctions Saturne-Uranus de 1988 et de 2032 (cycle en
corrélation avec les États-Unis). Cette conjonction apparaît ainsi comme un relais important dans le
cycle Saturne-Uranus de 1988 à 2032, caractéristique de l’hyper-puissance des États-Unis. En outre, la
zone de la conjonction Soleil-Lune, est le lieu du transit du carré Uranus-Pluton du printemps 2014 à
la fin 2016. Cette conjonction des luminaires se situe dans l’axe très chargé Mars/Pluton au carré de
Saturne : présage de violence, de brutalité, de rage destructrice.
Les révoltes arabes du printemps 2011 s’inscrivent dans le cadre d’une reconfiguration politique
du Maghreb et du Moyen-Orient projetée par les stratèges américains dès 2003, sous la présidence de
George W. Bush, qui émit alors l’idée d’un « Grand Moyen-Orient ». Ce projet fut mis à mal par
l’enlisement américain en Irak et en Afghanistan. Mais le monde arabe est loin de constituer un
ensemble homogène, et il convient de distinguer la situation particulière de chaque État. On peut
néanmoins distinguer schématiquement deux groupes : les États -nations capables de maintenir leur
unité au travers d’un changement de régime, tels la Tunisie ou l’Égypte ; les pays dont l’unité est au
contraire liée à la nature même de leur régime, comme Bahreïn, le Yémen ou la Libye. Dans ce dernier
cas, d’ailleurs, il n’a pas fallu attendre longtemps, après la chute de Kadhafi, pour assister à
l’éclatement du pays : le 6 mars 2012, en effet, la Cyrénaïque a proclamé son autonomie : l’ensemble
des tribus de cette région orientale reconnaissent désormais comme leur chef Ahmed Zubaïr al-
Sanussi, parent du roi Idriss renversé en 1969 par le colonel Kadhafi, et membre éminent de la
famille-confrérie sénoussiste qui régnait sur la région à l’époque ottomane. Ainsi, le CNT installé à
Tripoli n’a plus d’autorité sur Benghazi. Partout, cependant, le résultat de cette agitation va dans le
même sens : l’accès au pouvoir des islamistes, non seulement en Égypte, en Tunisie et en Libye, mais
aussi au Maroc, et encore, vraisemblablement, demain, en Algérie, de même qu’en Syrie si le régime
de Bachar el-Assad devait tomber. Face à un modèle occidental qui, pour la jeunesse de cette région
du monde, apparaît à la fois comme fascinant et haï, l’Islam traditionnel, après l’échec des
nationalismes arabes sous la forme du nassérisme et du baasisme, représente un élément protecteur,
même s’il peut être ressenti à maints égards comme étouffant. Pour l’heure, la tendance est nettement
à une poussée islamiste en profondeur, comme en témoigne ce fait récent : le vendredi 16 mars,
plusieurs milliers de manifestants ont réclamé devant le siège de l’Assemblée nationale constituante à
Tunis l’application de la charia dans la future Constitution du pays ; parmi les slogans : « Pas de
Constitution sans la charia » et « Ni laïque ni scientifique, la Tunisie est un État islamique ».
On ne saurait trop rappeler que la stratégie anglo-saxonne, dès le XIXe siècle, a toujours joué la
carte des mouvements islamistes les plus obscurantistes et anti-laïques contre ceux qui, dans ces
sociétés mêmes, souhaitaient des réformes susceptibles de permettre à ces pays d’adapter le droit
musulman et l’Islam en général aux exigences des temps modernes. Dans son ouvrage Islamisme et
États-Unis, sous-titré « Une alliance contre l’Europe, Alexandre Del Valle présente comme l’une des
constantes de la diplomatie anglo-saxonne inaugurée depuis le milieu du XIXe siècle par les Anglais et
relayée par les Américains depuis la fin de la Première Guerre mondiale, le soutien direct ou indirect,
quasi systématique, aux puissances et mouvances islamiques. En encourageant les mouvements
« communautaristes » islamistes du Pakistan, d’Inde et d’Égypte (Muslim League, Jamaat-i-islami,
Frères musulmans), les Anglais aideront les Musulmans les plus intégristes à réduire leurs adversaires
laïcs. Les Américains feront de même en consolidant le pouvoir des Wahhabites dans le Golfe. Le
wahhabisme est un mouvement créé au XVIIIe siècle, dont l’objectif est l’application intégrale de la
Charia. Alliés au clan bédouin des Séoud, les Wahhabites édifieront, dès cette époque, un État
islamique qui - après un siècle d’occupation ottomane - deviendra l’actuelle monarchie islamique
1 / 15 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !