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© Université de Liège - http://reflexions.ulg.ac.be/ - 20 April 2017
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de lumière d'une très grande précision. En particulier, CoRoT a enregistré un grand nombre de modes de
gravité, relatifs à des ondes qui traversent les couches profondes de l'étoile, jusqu'à atteindre les couches
entourant le cœur convectif. L'étude de ces modes de gravité fournit donc une porte ouverte sur la structure
profonde de cette étoile.
L'analyse des courbes de lumière de HD50230 a été réalisée par une équipe de la KUL autour de Pieter
Degroote. Leur interprétation revient aux astrophysiciens de l'Institut d'Astrophysique et de Géophysique
de l'Université de Liège qui voient leurs prédictions théoriques confirmées, comme l'explique l'astrophysicienne
Arlette Noels : «La théorie asymptotique prédit que, dans une étoile homogène en composition chimique,
les modes de gravité d'ordre élevé sont régulièrement espacés en période. L'introduction d'une telle zone de
transition en composition chimique a pour conséquence d'introduire une variation périodique de l'espacement
en période autour d'une valeur moyenne, et ce, avec une période liée à la localisation précise de cette zone
dans l'étoile. CoRoT confirme cela : c'est la première fois que cette zone de transition, si proche du centre de
l'étoile, est observée, par l'intermédiaire de la sismologie stellaire.»
En fait, les observations de CoRoT sont tellement fines qu'elles permettent d'aller beaucoup plus loin. «En
2008, nous avions montré que l'amplitude de cette oscillation décroissait pour les modes de gravité de
périodes de plus en plus grandes (2), reprend notre astrophysicienne. L'analyse théorique montre que plus cet
amortissement est important, plus la transition en composition chimique est douce. La localisation, la forme
et l'étendue de la zone de transition apportent des contraintes importantes sur la présence et l'efficacité des
processus additionnels de mélange.»
(2) Miglio A., Montalban J., Noels A., Eggenberger P., Probing the properties of convective cores through g modes: high-order g modes in SPB and # Doradus
stars, Monthly Notices of the Royal Astronomical Society, 386 (2008), 1487 - 1502.
Les informations que renferme cette zone de transition dépassent largement le cadre de l'étoile concernée.
En effet, la théorie de l'évolution stellaire prédit que la limite inférieure de la masse des étoiles qui vont finir
leur vie en supernova dépend de l'étendue du cœur mélangé et par conséquent de la localisation de la zone
de transition. En effet, pour les étoiles ici concernées, deux scénarios de fin de vie sont possibles : la naine
blanche ou la supernova. Une étoile comme notre soleil et la majorité des étoiles, finit en naine blanche :
une fois la combustion centrale de l'hélium terminée, les couches centrales se contractent, l'étoile devient de
plus en plus lumineuse et au-delà d'un certain éclat, les couches extérieures sont expulsées dans le milieu
interstellaire. Ceci forme une magnifique nébuleuse planétaire qui entourera le reste de l'étoile qui deviendra
à terme un corps compact froid, à savoir une naine blanche.