DOSSIER DE PRODUCTION LES ENFANTS D’HERACLES - PAGE 5
Au départ, il y avait le désir de poser le regard sur une Suisse profondément
post-migratoire qui se défend de l'être. Mais après Lampedusa, les foules qui
s'amassent aux portes de l'Europe, après les bunkers, après la “Jungle” de
Calais, les asiles incendiés, il fallait parler du voyage, il fallait raconter ce qui
pousse un homme, une femme, un enfant à tout abandonner, ce qu'ils ont
traversé, et ce qu'ils vivent ici.
Alors pour parler de cela, nous sommes partis en Grèce. Plus précisément à
Athènes en l'an 426 avant Jésus Christ. Nous avons suivi pas à pas l'histoire
des 60 enfants d'Héraclès persécutés, bannis, dans toute la Macédoine et qui
se retrouvent aux portes d'Athènes dans l'ultime espoir d'y trouver asile.
Une quinzaine de jeunes entre 15 et 25 ans se sont emparés de cette histoire
afin de mieux pouvoir raconter la leur. Que veut dire “sacrifice”? Resterons-
nous? C'est quoi une terre d'accueil? Qui je suis? Qui faut-il que je sois pour
toi?
Le résultat est un texte à cheval entre Euripide et les mots de Latcheen,
Daryoush, Alexandra, Thomas, Alexandre, Laure, Ibrahim, Bakary et les
autres, une histoire genevoise contemporaine et antique, dont chaque mot
sera ensuite joué sur scène.
La deuxième phase du projet est en effet la création de ce spectacle avec
l’aide de 60 jeunes de 15 à 25 ans dont certains sont requérants d’asile et 15
aînés qui forment le Chœur Muet des Exilés et le Chœur des Vieillards
d’Athènes.
Pour les accompagner dans la découverte du « je » et du « jeu », nous avons
fait appel à un chorégraphe, un slammeur professionnel, un coach vocal, qui
les suivent dans des ateliers tout au long de la saison 15-16.
Sur scène, pour les accompagner, quatre comédiens professionnels leur
donnent la réplique.
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Plus qu’un spectacle, c’est un projet de médiation théâtrale où l’art
puise dans le réel et où le réel s’enrichit de la pratique artistique.
C’est un enjeu colossal de faire se rencontrer soixante quinze
personnes d’âges et d’origines différentes autour d’un texte qui va
puiser dans leur mémoire individuelle et de les impliquer à chaque
étape de la création. Au final, les artistes se substituent à ces
hommes et ces femmes qui seuls portent cette œuvre et son
message.