n°15 N°15 - 2ÈME SEMESTRE 2006 Votre lettre UNIFA traite de sujets variés, mais tous en lien direct avec notre métier : la nutrition des plantes. Cette lettre N° 15 se consacre aux fondamentaux de l’agronomie et revient sur les principes de la fertilisation, principes anciens mais dont la connaissance et les applications ne font que progresser d’année en année. Le champ d’investigation est d’ailleurs toujours aussi vaste, tant par le nombre d’espèces cultivées, les moyens disponibles pour raisonner les pratiques agricoles et pour améliorer l’efficacité d’apports plus précis et les connaissances sur la nutrition des plantes en éléments minéraux. Bien sûr, vous connaissez la trilogie des éléments majeurs, azote, phosphore et potasse, mais de nombreux autres éléments sont nécessaires à la croissance des plantes et à l’alimentation des hommes. Bien nourrir les plantes pour mieux nourrir les hommes Le premier rôle de l’agriculture, depuis ses origines, est de nourrir les hommes, et les végétaux que nous consommons apportent des protéines, lipides et glucides mais aussi des éléments minéraux qui doivent être fournis en quantité et en qualité suffisantes. Bien au delà de la nutrition des plantes, la fertilisation évolue donc vers la fourniture, via la plante, de minéraux essentiels à l’alimentation humaine et animale. Mario SCARDIGLI Président de l’UNIFA • Éditorial p.1 • Bien nourrir les plantes pour mieux nourrir les hommes p.2 > > > > > éléments minéraux et santé humaine éléments minéraux et fertilisation éléments minéraux dans le sol exigences des plantes en minéraux engrais formulés pour répondre aux besoins spécifiques > améliorer la qualité des aliments par la fertilisation raisonnée p.2 p.3 p.3 p.4 p.5 p.6 "Les agriculteurs s'adaptent... et vous ?" Réponse lors de 2èmes journées de la fertilisation, les 16 et 17 novembre 2006. Programme et dossier d'inscription sur www.unifa.fr Union des industries de la fertilisation Site web : http://www.unifa.fr En Bref p.7 à 8 > Bilan de la fertilisation en P et K > Campagne 2005/06 > Nouvelles publications > Mélange produits phytopharmaceutiques et engrais > Recyclage des emballages Bien nourrir les plantes pour mieux nourrir les hommes Mieux se nourrir devient une préoccupation de notre société dans les pays développés. Elle accompagne la recherche d’une meilleure qualité de vie associée à l’augmentation de notre espérance de vie. Pourtant, la FAO estime que, dans les pays en développement, 850 millions d’hommes souffrent encore de malnutrition dont une partie du fait d’une alimentation carencée en protéines et en éléments minéraux. En 2002, l’OMS plaçait les carences en zinc et en fer parmi les dix premières causes de maladie avec une incidence aggravée chez les femmes enceintes et chez les jeunes enfants. Nourrir les plantes, en corrigeant les déficiences des sols, accroît les teneurs et les quantités d’éléments minéraux transférées tout au long de la chaîne alimentaire depuis la plante jusqu’à l’animal et à l’homme. I• Eléments minéraux et santé humaine En plus des protéines, glucides et lipides, notre corps a absolument besoin d’éléments minéraux au même titre que de vitamines. Certains de ces éléments minéraux, comme le calcium, le phosphore, le magnésium, le potassium, le sodium, le soufre, sont nécessaires en assez grande quantité. D’autres sont indispensables mais en quantité infime. Ce sont les oligo-éléments : fer, zinc, cuivre, fluor, iode, sélénium, chrome. Le total de ces oligo-élements pèse moins de 7g dans le corps d’un homme de 70kg. Ils accélèrent les réactions métaboliques (catalyseurs d’enzymes) et interviennent dans la production et la régulation des hormones (iode), dans l’expression des défenses immunitaires et la protection contre certains composés oxydants (sélénium). Tous ces éléments minéraux, pour lesquels les diététiciens ont déterminé des apports nutritionnels conseillés (ANC) dont l’objectif est de prévenir les carences, nous sont fournis par notre alimentation à la fois à base de produits végétaux et animaux. En variant les sources de nos aliments, végétaux et animaux, on augmente la probabilité de - 2/3 - mieux couvrir nos besoins en oligo-éléments. On évite ainsi le recours aux pilules ou aux cures de minéraux qui ne sont pas sans risques puisque certains des oligo-éléments strictement indispensables s’avèrent être aussi des éléments toxiques s’ils sont absorbés à trop forte dose. APPORTS NUTRITIONNELS CONSEILLÉS EN ÉLÉMENTS MINÉRAUX En mg/jour Ca : calcium P : phosphore Mg : magnésium Fe : fer Zn : zinc Cu : cuivre F : fluor I : iode Se : sélénium Cr : chrome Enfant 10/12 ans 1200 830 280 10 12 1,5 1,5 0,15 0,05 0,05 Femme 900 750 360 16 10 1,5 2 0,15 0,05 0,06 Homme 900 750 420 9 12 2 2,5 0,15 0,06 0,10 Source : A.Martin, Cnerna-Afssa, ed Tec&Doc 2001 Des ANC précis ne sont pas proposés pour le sodium, le potassium et le chlore. Toutefois, une modération des apports de chlorure de sodium (sel) est conseillée (6-8 g par jour) et il est important d’élever l’apport de potassium aux environs de 3,5 à 4 g par jour pour diminuer la tension artérielle. Une consommation suffisante de fruits et légumes est donc la mesure la plus efficace pour prévenir le déficit de potassium. II• Eléments minéraux et fertilisation La fertilisation s’est d’abord préoccupée de procurer aux plantes des éléments majeurs : azote, phosphore et potassium, le manque de ces éléments minéraux étant souvent responsable des faibles rendements des cultures. L’importance des éléments secondaires (calcium, magnésium, soufre) et des oligo-éléments (fer, manganèse, zinc, cuivre, bore, molybdène et cobalt) a été comprise dès le XIXème siècle par les agronomes mais la correction des carences grâce à la fertilisation ne s’est développée qu’après les années 50. Des recherches plus récentes ont démontré que d’autres éléments étaient aussi indispensables à certaines plantes (chlore, silicium, nickel…). Mais ces éléments ne sont pas encore reconnus pour l’instant dans la réglementation de mise sur le marché des produits. Enfin certains éléments, tel le sélénium, l’iode ou le fluor, sont indispensables aux animaux et aux hommes et ne leur sont fournis que par les plantes qui toutefois ne semblent pas en tirer profit pour elles-mêmes. solution du sol alors que les conditions de pH conduiraient à leur insolubilisation. A l’extrême, les sols très organiques retiennent si bien le Cu qu’il peut devenir indisponible pour la plante. L’augmentation des rendements grâce à la sélection variétale et à la fertilisation n’a pas provoqué de baisse des teneurs en oligo-éléments dans les récoltes. Par contre, elle accroît les prélèvements totaux des éléments par les cultures. C’est pourquoi les oligo éléments peuvent devenir à leur tour, après les éléments majeurs et les éléments secondaires, des facteurs limitant les rendements ou la qualité des récoltes. L’analyse de terre constitue le premier indicateur d’une déficience des sols en l’un ou l’autre des éléments nutritifs. • Les racines des plantes excrètent des protons H+ qui provoquent une baisse du pH localisée autour des racines et favorisent la dissolution et l’absorption de certains éléments comme le phosphore et les oligo-éléments métalliques. Pour bien nourrir les plantes, la fertilisation raisonnée doit se préoccuper de l’ensemble des éléments minéraux, incluant les oligo-éléments, indispensables aux plantes et/ou essentiels dans la chaîne alimentaire conduisant à l’homme. Évaluation nutritionnelle et sanitaire des aliments issus de l’agriculture biologique (conclusion du rapport Afssa de juillet 2003, Agence française de sécurité sanitaire des aliments) “Les nombreuses études comparatives analysées s’accordent, pour leur très grande majorité, sur l’absence de différences significatives de teneurs en minéraux et oligoéléments liées au mode de production (biologique et conventionnel). Une faible tendance positive pour le fer et le magnésium et négative pour le manganèse peut être évoquée pour certains légumes biologiques”. Consultable sur www.afssa.fr III• Eléments minéraux dans le sol • Enfin les conditions de sol favorables à l’oxydation (sol aéré, sables) réduisent fortement l’assimilabilité de Fe et de Mn qui sont transformés en formes trivalentes Fe+++ et Mn+++ pratiquement insolubles, donc inassimilables pour les plantes. L’analyse de terre, clé d’entrée de la connaissance de la fertilité du sol L’échantillon de terre est réalisé pour un type de sol dans une zone homogène à l’intérieur de la parcelle. S’il existe une variabilité à l’intérieur de la parcelle qu’on suppose provoquée par une déficience, deux échantillons peuvent être prélevés séparément pour comparaison. Les résultats d’analyse, interprétés grâce à un référentiel régionalisé prenant en compte le type de sol, et le type de culture, constituent un premier indicateur indispensable pour l’agronome, le conseiller technique et l’agriculteur. Les carences d’une culture en un ou plusieurs oligo-éléments, peuvent avoir pour origine la teneur initiale de la roche mère. Mais elles sont, le plus souvent, dues à des problèmes d’assimilabilité des éléments dont l’origine réside dans des caractéristiques liées à la nature même des terres tels le pH, la teneur et la nature des matières organiques, l’hydromorphie,... La correction de la carence passe alors autant par des apports que par des techniques culturales adaptées. La détermination des teneurs totales des éléments minéraux dans une terre ne renseigne pas valablement sur la quantité réellement assimilable ou biodisponible. La fraction assimilable de l’élément, susceptible d’être absorbée par la plante, dépend de nombreux facteurs : pH du sol, matière organique, texture, activité microbienne, humidité du sol, conditions d’oxydo-réduction… • Le pH alcalin réduit la solubilité et l’absorption par la plante de Cu, Fe, Zn et plus particulièrement de Mn. Par contre, il accroît celle du Mo. • La matière organique peut retenir les cations métalliques (Cu, Fe, Zn, Mn) par complexation ou chélation dans la Carence en Zn sur maïs Source : SADEF Bien nourrir les plantes pour mieux nourrir les hommes IV• Exigences des plantes en minéraux Les plantes puisent dans la solution du sol les éléments dont elles ont besoin par l’action de leurs racines. L’absorption des éléments se fait sous leur forme minérale d’anions ou de cations. Le manque d’un seul élément, même en infime quantité, suffit à limiter la croissance de la plante, à diminuer sa résistance et peut conduire à des maladies de carences comme chez les animaux et les hommes. EXIGENCES EN P2O5 ET K2O DES CULTURES P2O5 K2O Exigence élevée Betterave, colza, luzerne, pomme de terre Betterave, pomme de terre Exigence moyenne Blé dur, maïs ensilage, orge, pois, ray-grass, sorgho Colza, luzerne, maïs ensilage, maïs grain, pois, ray-grass, soja, tournesol Exigence faible Avoine, blé tendre, maïs grain, soja, tournesol Avoine, blé dur, sorgho, blé tendre, orge Source : Fertilisation phosphatée et potassique COMIFER, 1995 Les éléments m i n é r a u x absorbés par la plante interviennent dans de très nombreuses réactions métaboliques : pas de synthèse de chlorophylle sans fer et sans magnésium, pas de synthèse de protéines sans azote et sans soufre, pas de réduction des nitrates en ammonium pour assurer la synthèse des protéines sans fer et sans manganèse, pas de fixation symbiotique de l’azote chez les légumineuses sans molybdène, sans cobalt et parfois sans nickel,... GRANDES CULTURES LES PLUS SENSIBLES À UNE DÉFICIENCE EN OLIGO-ÉLÉMENTS Fe Pois, Soja Mn Blé, Avoine, Sorgho, Betterave, Pois, Soja Cu Blé, Escourgeon, Avoine, Ray-Grass Zn Maïs, Lin, Riz, Haricot B Betterave, Luzerne, Tournesol Mo Pois, Soja, Trèfle Source : Guide de la fertilisation raisonnée COMIFER 2005 Edition France Agricole (p285) Au niveau des racines, les interactions entre éléments nutritifs se traduisent soit par des antagonismes (le phosphore en excès réduit l’assimilation du zinc) soit par des synergies d’absorption. Certaines déficiences sont expliquées soit par une faible migration de l’élément de la racine vers les organes aériens soit par une faible remobilisation de l’élément au sein de la plante. Symptômes, analyses de plante et diagnostic L’identification visuelle des symptômes de carences demeure un outil indispensable pour le spécialiste, mais les signes, en début de carence, sont souvent difficiles à distinguer. En situation de subcarence, ils ne sont pas encore visibles alors que les dommages sur la culture peuvent déjà être importants. Des méthodes physiques, comme la fluorimétrie basée sur la ré-émission lumineuse associée à l’activité photosynthétique, permettent de détecter précocement l’existence de ces subcarences. Pour confirmer le diagnostic, le prélèvement d’échantillons de plantes ou de feuilles selon un protocole rigoureux et l’envoi au laboratoire pour analyse, s’avère indispensable. Quand il existe dans la parcelle, des zones visuellement différentes, un échantillon peut être prélevé dans chaque zone pour améliorer le diagnostic. Enfin, la réalisation d’une expérimentation simple, permettant de comparer une ou plusieurs modalités d’apport à une zone témoin non traitée dans la parcelle, achèvera de confirmer et de valider le diagnostic. Certaines plantes peuvent extraire plus efficacement que d’autres les oligo-éléments dans des sols peu pourvus grâce à l’excrétion par leurs racines de protons mais surtout de molécules complexantes. La combinaison de la capacité des plantes à extraire les éléments et de leur exigence pour ces éléments définit une grille de sensibilité pour les principales cultures. Traitement de la carence en zinc sur céréales. Source : Cakmak / Turquie - 4/5 - V• Engrais formulés pour répondre aux besoins spécifiques des cultures d’accroître l’efficacité des apports au sol. L’enrobage de semences avec un ou plusieurs éléments nutritifs est actuellement une voie de recherche. Selon l’intensité de la déficience et de son origine (carence induite par blocage de l’élément dans le sol), la stratégie d’apport d’un oligo-élément peut passer par le sol ou directement par la plante grâce à la pulvérisation foliaire de mieux en mieux maîtrisée. En cas d’apport foliaire, la formulation permet en général d’accroître l’efficacité et de réduire la quantité à apporter par rapport à l’apport au sol. La forme chimique de l’élément (minérale, complexée ou chelatée pour les cations métalliques) augmente le coût de l’apport mais améliore parfois très significativement son efficacité. Deux normes françaises concernent spécifiquement les engrais à teneur déclarée en oligo-éléments. La norme NF U-42 002 concerne les produits destinés aux apports au sol et la NF U-42 003, les produits destinés aux apports foliaires. Ces normes définissent pour chaque forme de l’élément, la dose minimale permettant un emploi efficace ainsi qu’une dose maximale annuelle à ne pas dépasser afin de prévenir le risque d’un effet cumulatif des apports sur les teneurs du sol à long terme. La voie de l’homologation est aussi possible pour la mise sur le marché de ces spécialités. L’industrie de la fertilisation propose des engrais simples ou composés PK- NPK avec ajout d’un ou de plusieurs éléments secondaires ou oligo-éléments pour permettre l’apport au sol en un seul épandage. Des engrais hautement solubles sont destinés à la réalisation de solutions nutritives utilisables en ferti-irrigation et en cultures hors-sol. Enfin des spécialités apportant un seul oligo ou une combinaison d’oligoéléments permettent de répondre aux exigences spécifiques des différentes cultures. Plus récemment, la micro-granulation de petites quantités d’éléments nutritifs localisées dans la raie de semis est un moyen Homologation des engrais : nouveau rôle de l’Afssa, Agence française de sécurité sanitaire des aliments Etablissement public, l’agence a pour mission d’évaluer et d’être un appui scientifique et technique pour l’ensemble des activités liées à la chaîne alimentaire depuis la production des matières premières jusqu’à la distribution au consommateur. Elle a le devoir d’alerte, de transparence et d’information auprès du public et des ministères concernés. La loi d’orientation agricole du 5 janvier 2006 lui a confié, à partir du 2nd semestre 2006, la mission d’évaluer les demandes de mise en marché des produits phytopharmaceutiques ainsi que les demandes d’homologation des nouvelles matières fertilisantes et supports de culture. L’agence transmettra son avis sur chacune de ces demandes au Ministre de l’Agriculture qui prendra sur cette base la décision d’homologuer ou non, la nouvelle matière fertilisante. Bien nourrir les plantes pour mieux nourrir les hommes VI• Améliorer la qualité de nos aliments grâce à la fertilisation raisonnée Une nutrition des plantes bien pilotée permet de produire des aliments sains et riches en protéines, en huile, en sucres et en amidon. L’azote, par exemple, entre dans la composition de tous les acides aminés (le soufre dans 3 d’entre eux) et des protéines. La fertilisation raisonnée du blé améliore la teneur et la qualité des protéines, deux paramètres impliqués dans l’expression de la force boulangère nécessaire à la fabrication d’un pain bien levé. Notre alimentation de base doit aussi couvrir les apports nutritionnels conseillés (ANC) en minéraux et en oligo-éléments. Deux exemples à travers le monde viennent illustrer la contribution que des pratiques raisonnées de fertilisation peuvent apporter pour améliorer l’alimentation de base des populations. CARTE DU MONDE DES SOLS DÉFICIENTS EN ZN En Finlande, plus proche de nos conditions, l’apport en sélénium dans l’alimentation se situait à un niveau significativement inférieur au seuil conseillé. En 1984, le gouvernement finlandais a pris la décision, pour des raisons de santé publique, de rendre obligatoire l’ajout de sélénium à l’état de trace dans les engrais destinés aux fourrages et à l’ensemble des cultures (10mg de séléniate par kg). Très rapidement les teneurs du sélénium ont augmenté dans les céréales, mais aussi dans les produits animaux (lait, viandes…) permettant de couvrir les besoins de sélénium pour l’ensemble de la population sans recours aux pilules de sélénium minéral qui peuvent être dangereuses en cas de surdosage. Ces apports réguliers effectués depuis plus de 20 ans n’ont pas entraîné d’impact sur l’environnement au niveau des teneurs mesurées dans les eaux et dans les milieux naturels mais ont eu un résultat tout à fait positif en matière de santé publique. La fertilisation des cultures, chaque fois qu’elle est raisonnée en tenant compte des besoins des plantes, des animaux et des hommes qui en vivent, peut contribuer, aux côtés de la sélection des variétés, à améliorer la santé des populations en augmentant les teneurs de certains éléments minéraux et oligo-éléments dans nos aliments. Cette approche doit cependant se faire dans le cadre de recherches pluridisciplinaires associant des agronomes qui disposent des outils pour raisonner la nutrition des plantes, des sélectionneurs, des spécialistes de l’environnement mais aussi des spécialistes en alimentation animale et humaine. L’industrie de la fertilisation peut prendre toute sa part dans cet effort de recherche et développement qui doit aussi bénéficier de nos connaissances acquises sur la nutrition des plantes. Source : Alloway, 2004 / IZA Dans une vaste région s’étendant de la Turquie à l’Inde, les sols sont couramment déficients en zinc et produisent des céréales pauvres dans cet élément. Les populations de cette zone, qui dépendent pour une très large part des céréales dans leur alimentation, présentent des symptômes graves de carences qui vont jusqu’à se traduire par des retards de développement chez l’enfant. L’ajout de zinc dans les engrais utilisés par les agriculteurs en Turquie, ou en Iran par exemple permet dans un délai très court de multiplier par 2 ou 3 la teneur du zinc dans les céréales et de fournir à l’ensemble de la population une nourriture permettant de satisfaire les besoins nutritionnels en Zn. POUR EN SAVOIR PLUS : • Oligo-éléments en agriculture 1993 A. Loué Editions Nathan (577p) • Guide de la fertilisation raisonnée COMIFER 2005 Editions France Agricole (414p) Consulter les sites • www.afssa.fr • www.gemas.asso.fr Groupe d’études méthodologiques pour l’analyse des sols • www.comifer.asso.fr Comité français d’étude et de développement de la fertilisation raisonnée • http://www.fertilizer.org/ifa/publicat/PDF/2005_ifa_nutrition_ security.pdf International Fertilizer Manufacturers Association Association http://www.mtt.fi/SeWG2005 20 years of Se fertilization in Finland - 6/7 - En Bref BILAN DE LA FERTILISATION EN PHOSPHORE P ET POTASSIUM DES RÉGIONS CÉRÉALIÈRES EN SOLDE NÉGATIF Les cultures exportent des éléments minéraux. Sans apports, le sol s’appauvrit. Pour évaluer la fertilisation, l’UNIFA a développé un indicateur actualisé chaque année, basé sur les soldes de bilan en phosphore et potassium des sols agricoles. L’ensemble des apports (engrais + excrétions des animaux) est rapporté aux exportations (récoltes + herbe consommée) pour calculer le solde de bilan par région. • Fertilisants minéraux • Excrétions des animaux d’élevage • Récoltes des cultures SOLS AGRICOLES • Herbe consommée par les ruminants Méthode du bilan CORPEN adoptée par le SCEES (Service d’Etudes du Ministère de l’Agriculture) K: En 2004-2005, 6 régions ont un solde négatif pour le phosphore et 6 autres pour le potassium. Plusieurs de ces régions sont en bilan déficitaire depuis plus de 6 campagnes du fait de la diminution importante des apports. La diminution concerne à la fois les apports d’engrais et les excrétions des animaux d’élevage (baisse des effectifs ovins, bovins). Elle conduit depuis quinze ans, en toutes régions, à une forte réduction des soldes moyens. On n’oubliera pas que les moyennes en kg/ha cachent de très fortes disparités entre exploitations et entre parcelles. Le pilotage de la fertilisation sur la base des analyses de terre et des bilans par parcelle est indispensable pour prendre en compte la forte variabilité des états de fertilité des sols. EVOLUTION DU SOLDE P2O5 EN KT SOLDE P2O5 EN KG/HA FERTILISABLE CAMPAGNE 2004-2005 - FRANCE 6 KG/HA 2 500 2 000 -11 kg -16 kg -16 kg 5 kg 1 500 1 kg -21 kg 4 kg 30 kg 7 kg 1 000 -8 kg -0 kg 11 kg -5 kg > 45 kg/ha 5 kg 11 kg 14 kg 500 de 30 à 45 kg/ha 13 kg de 15 à 30 kg/ha 29 kg 9 kg 0 13 kg 32 kg de 0 à 15 kg/ha de -15 à 0 kg/.ha 88/89 89/90 90/91 91/92 92/93 93/94 94/95 95/96 96/97 97/98 98/99 99/00 00/01 01/02 02/03 03/04 04/05 de -30 à -15 kg/ha Apport total Export total Solde P2O5 EVOLUTION DU SOLDE K2O EN KT SOLDE K2O EN KG/HA FERTILISABLE CAMPAGNE 2004-2005 - FRANCE 10 KG/HA 4 500 4 000 35 kg 3 500 3 kg 6 kg 3 000 11 kg 2 500 3 kg -7 kg -20 kg 28 kg 48 kg 12 kg 2 000 1 500 -2 kg -7 kg -4 kg > 45 kg/ha 5 kg 3 kg 1 000 21 kg 20 kg 500 -4 kg 0 14 kg 88/89 89/90 90/91 91/92 92/93 93/94 94/95 95/96 96/97 97/98 98/99 99/00 00/01 01/02 02/03 03/04 04/05 Apport Total Export Total de 30 à 45 kg/ha de 15 à 30 kg/ha 42 kg Solde K2O Le rapport complet est téléchargeable sur www.unifa.fr – rubrique “chiffres clés”. 13 kg de 0 à 15 kg/ha de -15 à 0 kg/.ha de -30 à -15 kg/ha En Bref CAMPAGNE 2005/2006 NOUVELLES PUBLICATIONS Une nouvelle série de fiches agronomiques intitulées FERTI-pratiques sur la fertilisation raisonnée a été inaugurée en juillet 2006 par son N° 1 traitant de “Colza & céréales, de vrais besoins en P & K”. La fiche N°2 porte sur “Comprendre & utiliser l’analyse de terre”. Sa publication est prévue à l’automne 2006. Ces fiches sont téléchargeables sur www.unifa.fr, rubrique “agriculteurs”. MÉLANGES EXTEMPORANÉS ENTRE PRODUITS PHYTOPHARMACEUTIQUES ET ENGRAIS Pour des raisons agronomiques et économiques, des mélanges de produits phytopharmaceutiques ou de produits phytopharmaceutiques et engrais sont couramment réalisés juste avant leur application sur les plantes ou les cultures. La pratique de ces mélanges est désormais précisée par l’arrêté du 13 mars 2006 relatif à l’utilisation des mélanges extemporanés CAMPAGNE 2005 - 2006 PRODUITS kt Var.% 2005 - 2006 SIMPLES N (A) 5 880 -4 P2O5 (B) 352 -15 K2O (B) 578 -15 N 1 892 ÉLÉMENTS FERTILISANTS (kt) Var.% P 2O 5 Var.% K2O Var.% -3 118 -13 331 -16 BINAIRES PK (B) 739 -23 127 -21 164 -25 NP + NK + NPK (A) 2 060 -14 313 -15 352 -9 240 -18 2 799 -17 313 -15 479 -12 404 -21 9 609 -9 2 205 -5 -13 735 -18 TOTAL COMPOSÉS TOTAL GÉNÉRAL 597 Rappel 2004 - 05 10 576 2 324 683 900 2003 - 04 10 688 2 331 721 930 CAMPAGNE : (A) 1er juin - 31 mai • (B) 1er mai - 30 avril Var.% : Variation par rapport à la même période de la campagne précédente de produits phytopharmaceutiques, paru au Journal officiel de la République française du 5 avril 2006. Il ne concerne que les produits phytopharmaceutiques. Les engrais n’y sont pas mentionnés. Il soumet à évaluation préalable les mélanges de produits phytopharmaceutiques présentant le plus de risque (voir annexe de l’arrêté).Ces derniers figureront sur une liste publiée au Bulletin Officiel du Ministère de l’Agriculture et de la Pêche, si leur évaluation est favorable. Tous les autres mélanges extemporanés, y compris les mélanges avec engrais, sont envisageables sans évaluation à condition de respecter les bonnes pratiques agricoles. Celles-ci seront reprises dans un Guide de Bonnes Pratiques qui devrait être publié pour fin 2006. RECYCLAGE DES EMBALLAGES D’ENGRAIS ET D’AMENDEMENT MINÉRAUX Après avoir estimé un potentiel d’emballages à recycler, environ 5,5 millions de bigbags représentant près de 9 000 tonnes de plastiques (PP+PE), la profession a validé son adhésion aux principes généraux du système ADIVALOR tout en rappelant que les distributeurs notamment les mélangeurs ainsi que les importateurs qui livrent aussi sous emballages devaient être partenaires de cette action. Une étude est actuellement en cours au niveau de la distribution. Les objectifs de recyclage pour l’année 2006 se basent sur 5% du gisement pour atteindre en 2010 les 50%. PUBLICATION VOUS NE RECEVEZ PAS ENCORE LA LETTRE DE L’UNIFA ? Gilles Poidevin les lettres sont téléchargeables sur le site : www.unifa.fr, rubrique "actualités" RÉDACTION Laurence Planquette VOUS SOUHAITEZ FAIRE PARTIE DES DESTINATAIRES ? Philippe Eveillard ALORS, CONTACTEZ-NOUS : UNIFA Le Diamant A 92909 Paris La Défense cedex Tél : 01 46 53 10 30 CONCEPTION - RÉALISATION Fax : 01 46 53 10 35 e-mail : [email protected] Site Web : www.unifa.fr Brett’com DIRECTEUR DE LA ISSN : 1623-7064 - conception - réalisation : www.brettcom.com - Photos : Cakmak, Grande Paroisse, IZA, K+S, Sadef, Unifa, Yara Les livraisons en France d’engrais toutes origines se sont élevées à 9,6 millions de tonnes de produits sur la campagne 2005/2006, en chute de 9 % par rapport à la campagne précédente. Cette baisse concerne toutes les catégories d'engrais simples et composés. Par élément, le N est en diminution de 5 %, le P2O5 et le K2O poursuivent leur chute, respectivement -13 % et -18%. En azote, les agriculteurs ont tenu compte de forts reliquats d'azote analysés dans les sols à la sortie de l'hiver pour diminuer les doses.