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Préface
Le Président de la Confédération, Ueli Maurer
Chef du DDPS
C’est en août 1953 que le premier contingent suisse de la Commission des nations neutres pour la surveilance
de l’armistice a débarqué en Corée. Nous célébrons donc cette année les soixante ans d’existence de cette
« Neutral Nations Supervisory Commission » (NNSC).
Est-ce là un anniversaire qu’il convient de célébrer ou qui doit engager à la réflexion sur la situation perdurant
dans la région? L’une et l’autre approches sont justifiées. Il est naturellement légitime de célébrer le succès -
certes discret et peu spectaculaire - de ce premier engagement de la Suisse dans la promotion militaire de la
paix : la présence permanente d’un contingent suisse renforce l’armistice entre les deux Etats coréens et leurs
alliés d’une part et, d’autre part, elle rehausse le renom de notre pays dans toute la région. Lors de ma visite en
Corée en juillet 2011, j’ai pu constater personnellement que, de toutes parts, le travail de l’ensemble de la NNSC
est jugé très professionnel et très utile. Particulièrement en Asie, la fiabilité, la discrétion et la persévérance sont
des qualités très prisées, non seulement en matière de politique de sécurité, mais aussi dans le domaine des
relations commerciales. Or la Corée est pour la Suisse un important partenaire commercial, dont l’importance va
en augmentant. L’on note donc avec intérêt que la réputation de notre travail dans la NNSC est aussi connue des
élites économiques locales.
On ne peut cependant que déplorer le fait que, soixante ans après la conclusion de l’armistice, la paix ne règne
toujours pas entre les deux Corées et que la présence de la NNSC demeure nécessaire. L’escalade actuelle de
la tension militaire entre les deux Corées, la course aux armements en Asie et la propension croissante de divers
protagonistes à prendre des risques pour la réalisation de leurs ambitions nationales ne laissent actuellement
rien présager de bon. Il y a donc lieu d’admettre que la présence d’observateurs neutres dans cette zone
fortement militarisée en Corée se poursuivra. En visitant l’aire conjointe de sécurité à Panmunjom, j’ai pu
éprouver de près la réalité du danger de conflagration militaire.
La brochure marquant le soixantième anniversaire de la NNSC se concentre en particulier sur les dix dernières
années de cette mission. Cela me semble justifié, car durant cette période, la NNSC a subi une métamorphose à
laquelle probablement personne ne s’attendait sous cette forme. Après plusieurs décennies pendant lesquelles
son rôle s’est trouvé réduit à des activités principalement formelles et représentatives, la NNSC s’est vue confier
soudain, au cours des cinq dernières années, de nouvelles tâches qui lui restituent un caractère proprement
opératif. Il s’agit pour l’essentiel d’activités qui visent à promouvoir la transparence militaire et donc aussi à
instaurer la confiance entre les parties. Dans ce domaine, la Suisse et la Suède ont de nombreuses années
d’expérience. Cet engagement est une chance pour la NNSC et pour la Suisse. Nous pouvons en tirer parti car,
même dans les années d’activité restreinte, la Suède et la Suisse ont accompli leurs tâches en toute neutralité et