Compte rendu n°3 Les jardins à papillons par Sonia Richaud

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Compte rendu n°3 Les jardins à papillons par Sonia Richaud, naturaliste.
Présentation de l’association :
Sonia Richaud, naturaliste et animatrice, fait partie de l’association Proserpine, situé à Digne-lesBains. Celle-ci possède un jardin, créé dans le but de valoriser un lieu favorable à une diversité de
papillons, et il y a actuellement plus de 160 espèces dites diurnes sur les 270 recensées en France.
La meilleure période pour observer les papillons est entre mi-mai et mi-juillet. Mais toutes les espèces se répartissent entre le début du printemps jusqu’à l’automne. Le jardin est ouvert durant ces
mois pour couvrir toute la période des papillons.
Il existe plusieurs guides pour déterminer les papillons : ceux que propose l’association Proserpine,
et une participante présente un livre assez complet « Papillons de France », mais qui est intéressant
a utiliser si on connaît déjà un peu les papillons.
Quelques informations sur les papillons :
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Les papillons sont très fragiles, ils possèdent sur les ailes des écailles (« panneaux solaires »)
qui leur permettent de réguler leur température. En effet, le corps d’un papillon est à température extérieure, et il a besoin du soleil pour réchauffer ses écailles, qui à leur tour vont chauffer les nervures
du papillon et son liquide vital.
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C’est pour cela que la capture demande un certain savoir-faire pour ne pas nuire aux papillons qu’on attrape. En effet, capturé, le papillon va devenir très nerveux et peut s’abimer les ailes
et les écailles, encore plus si on touche les ailes à mains nues. Le mieux est de le bloquer à un endroit du filet, en tenant le filet uniquement.
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Les papillons se nourrissent de nectar et puisent dans l’eau pour récupérer des minéraux (cela
peut être aussi la transpiration des êtres vivants).
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Ils sont souvent intimement liés à une ou plusieurs plantes (mais souvent de la même famille), pour pondre leurs œufs et assurer le développement des chenilles. C’est un indicateur de
présence, et de survie très important.
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Les papillons sont répartis en 2 grandes catégories, les papillons dits de « jour » dont 270
sont répertoriés en France, et les papillons dits de « nuit », qui sont plus de 5000 en France.
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Cependant, les papillons qu’on appelle de nuit peuvent avoir une activité diurne ! En effet, ce
sont uniquement la forme des antennes, et la position des ailes (mais pas toujours) qui font la différence entre papillons nocturnes et diurnes. La contradiction vient du fait que la plupart des papillons
à antennes et positions dits nocturne ont une activité de nuit, mais il en existe qui ont des activités
de jour.
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Les papillons de « jour » possèdent des antennes à « massue » avec une boule au bout, et les
espèces nocturnes ont toutes les autres formes possibles (plumeuses, renflées, sans boule…). De
plus, on peut reconnaître les papillons de jour à la forme des ailes au repos : les unes collées contre
les autres à la verticale, tandis que ceux de nuit les posent en triangle le long de leur abdomen
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Par exemple, les zygènes, des papillons de « nuit » actifs le jour. Ils sont tachetés de rouge
vif, couleurs aposématiques, pour informer les prédateurs de leur toxicité. Ils sont parfois imités
dans l’apparence par d’autres papillons qui utilisent la technique de dissuasion des zygènes, alors
qu’ils ne sont pas toxiques. C’est une technique de survie.
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La saisie est, lui, un imitateur de la guêpe et/ou des mouches, avec des ailes en partie transparentes.
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Les papillons ont beaucoup de prédateurs, pendant tous leurs stades de maturité : les œufs
sont dévorés par des fourmis, les chenilles intéressent les oiseaux (surtout des mésanges) et sont
sensibles aux maladies et aux parasites. Les chrysalides sont mangées par des petits rongeurs (rats,
mulots…) et enfin les adultes par des oiseaux, des reptiles, des araignées…
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La larve du papillon possède 6 vraies pattes (qui se situent au début de l’abdomen) et 10
fausses pattes.
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Le papillon a une transformation complète.
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La plupart des papillons vivent en moyenne 1 mois, certains un peu plus, d’autres un peu
moins, cela dépend de leur nervosité, et de la vitesse à laquelle ils s’abîment. Cependant, il existe
aussi des papillons hivernant, qui peuvent vivre plus d’un an, comme le Citron de Provence, et
d’autres au contraire qui ne peuvent vivre que quelques jours car ils sont privés de trompe et meurent de faim rapidement.
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La famille des Satyrinae est reconnaissable par le point en forme d’œil noir, avec un point
blanc, qu’ils possèdent sur le coin extérieur de l’aile postérieure.
Résumé :
Nous partons en direction du jardin des collines et assez rapidement, tombons sur un premier papillon : l’Amaryllis de Valentin (Pyronia tithonus), de la famille des Satyre (Satyrinae). Il est typique du sud de la France, et aime les prairies sèches.
Ensuite, nous apercevons un petit Azuré commun (dont la famille Lycaenidae comprend une 60aine
d’espèces bleues). Sonia nous apprend qu’il s’agit d’un mâle, car la femelle est noire sur le dessus
des ailes. De plus, sa petite taille est due à la petitesse de la chenille qui n’a pas dû réussir à trouver
suffisamment de nourriture pour grandir plus.
L’azuré ne bouge pas, alors que nous sommes tous autour de lui. Nous apprenons que les papillons
discernent apparemment surtout les mouvements rapides, ainsi que certaines couleurs vives. Il se
repère aussi à l’odorat, dont les organes se situent dans les antennes, et les 2 pattes avant.
Plus loin, nous apercevons un Mélitée orangé (Melitaea didyma), qui est d’une couleur vive, ce qui
signifie qu’il s’agit d’un mâle. Il se reproduit sur le plantin olléocé, plante très ordinaire, qui permet
au papillon de s’étendre très facilement. Il manquait cependant à celui-ci une aile (l’inférieure gauche), mais il était toujours capable de voler (mais un peu de travers).
Ensuite, nous longeons le canal de Manosque et dans un jardin, nous apercevons un buddleia, le fameux « arbre à papillons ». Cette espèce importée de Chine, déclarée invasive, se reproduit très vite
le long des cours d’eau. Il faut donc l’entretenir par la coupe des fleurs une fois qu’elles ont séché,
car c’est comme ça que la plante se répand. L’arbre à papillon est cependant très intéressant pour les
papillons car ses très nombreuses fleurs sont très riches en nectar. Elles sont accessibles cependant
seulement aux papillons avec de grandes trompes, car le nectar est assez loin de l’ouverture de la
fleur.
Ensuite, Sonia nous montre un fenouil, qui est l’hôte idéal de la chenille du Machaon (Papilio machaon) qui grandit avant l’été.
Ensuite, Sonia fait une première capture, c’est une Grisette commune, de la famille des Hespérie.
Elle a un vol au ras du sol, et se reproduit sur les plantes de la famille des mauves. On peut la reconnaître avec ses deux antennes de chaque côté de la tête.
Peu après, nous apercevons un Fadet commun (Coenonympha pamphilus), de la famille des satyrs,
dont les chenilles mangent toutes sortes de graminées, et un Azuré porte-queue (Lampides boeticus),
qui est « migrateur » (Sonia entend par là, qu’il quitte son lieu de naissance), arboricole et qui se
reproduit sur le baguenaudier.
Nous voyons aussi un Sylvain azuré (Limenitis camilla), qui a la faculté de changer de couleur au
soleil. Celui-ci était noir au dessus, et rouge brique en dessous.
Conseils pour un jardin :
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Choisir une diversité de plantes à fleurs pour toute l’année (floraison printanière, estivale et
automnale).
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Faucher le terrain qu’une fois par an (ou pas du tout), à la fin de l’automne.
A défaut, laisser une partie de terrain non fauchée.
Les différentes plantes qui accueillent les papillons :
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La badasse hirsute nourrit les chenilles des azurés.
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Euphorbe nourrit la chenille du Sphinx de l’euphorbe (Hyles euphorbiae). Le Micocoulier,
celle du papillon échancré (Libythea celtis) avec des ailes dentelées et un nez pointu.
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Les différentes plantes aromatiques (thym, sarriette des montagnes, sauge, serpolet, qui est
un thym rampant...) sont très intéressantes pour les papillons car elles contiennent énormément de
nectar dans leurs fleurs qui sont petites et accessibles à tous les papillons.
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La scabiose, ainsi qu’une autre espèce de la même famille, la céphalaire aux fleurs blanches
nourrissent la chenille du Damier de la succise (Euphydryas aurinia provincialis) qui est une espèce
protégée nationalement.
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Le cerisier st Lucie sauvage est un hôte apprécié des chenilles du Flambé (Iphiclides podalirius) et du Grand paon d’Europe (Saturnia pyri, qui est le plus grand papillon d’Europe). Sonia nous
a d’ailleurs montré les œufs noirs du Flambé.
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L’ortie est apprécié de très nombreux papillons, dont le Vulcain (Vanessa atalanta).
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La clématite est butinée.
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La carotte sauvage est l’hôte des chenilles du Machaon (Papilio machaon).
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Le chardon est intéressant car il est riche en nectar, tout comme le faux genêt d’Espagne.
La Proserpine :
Nous passons ensuite dans un espace de garrigue pierreux, ou nous trouvons une plante nommée
aristoloche crénelée (Cephalaria leucantha) qui est l’unique plante nourricière de la chenille du très
beau papillon Proserpine (Zerynthia rumina), protégé nationalement depuis 1993, et qui doit son
nom à l’association. La plante vit uniquement dans ces milieux arides et pierreux.
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La chenille du Proserpine est d’abord noire, puis jaune et enfin rose. Petite, elle vit dans le
tube de la fleur, qui se referme avec un « capuchon », pour se protéger.
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Le papillon vole entre avril et mai.
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Il existe une cousine du Proserpine, qui est la Diane (Zerynthia polyxena), et dont on a déjà
vu des hybrides stériles.
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Il y a encore 20 ans, il existait une déviation génétique de l’espèce Proserpine, qui était nommée Thais donorate, et dont l’aile inférieur était rose. Existant uniquement dans le département, et
plus précisément vers Digne, cette espèce à disparue aujourd’hui, victime des prélèvements intensifs.
Autres espèces observées :
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Des criquets, végétariens, dont les antennes sont courtes (c’est ce qui les différencie des sauterelles,
qui sont carnivores, dont la longueur atteint au minimum la taille du corps de l’insecte). Ils se transforment
par mues successives jusqu’à l’âge adulte où ils ont des ailes. C’est une transformation incomplète.
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Le fourmillon, qui ressemble à une petite libellule, croisé à un éphémère est reconnaissable par
l’étoile violette dans ses yeux si on regarde de près. Sa larve est un redoutable prédateur qui fabrique un
entonnoir dans le sable pour piéger les fourmis qui passent à proximité, en les noyant dans le sable.
Quelques photos et cartes:
Le petit sylvain :
MAIRIE
JARDIN DES COLLINES
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