53_54 Protocoles avort - LE NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire

Chez la chatte, les demandes
d’avortement sont souvent tardives.
Cet article présente les différentes
méthodes possibles.
D
ans l’espèce féline, les manifestations
des chaleurs sont souvent spectacu-
laires, et les propriétaires, trop
contents de les voir se terminer, ne remar-
quent pas toujours que leur femelle a été
saillie. Parfois, les chaleurs passent inaper-
çues : l'animal vit à l'extérieur, les symptô-
mes ne sont pas détectés, ou les saillies,
courtes, ne sont pas observées, ...
Dans certains cas, il est possible de suspecter
une saillie : des pertes localisées de poils, des
égratignures ou des plaies de griffures sur le
cou ou sur le dos en sont des signes. Mais
ceux-ci ne sont pas systématiquement visi-
bles, et ne sont pas pathognomoniques.
Un frottis vaginal permet de préciser la
phase du cycle, et peut mettre en évidence
la présence de spermatozoïdes dans les
voies génitales, dans les heures qui suivent
le coït
(photo)
.
La gestation de la chatte présente des par-
ticularités
(encadré 1)
.
Les différentes méthodes pour provoquer
un avortement chez la chatte consistent à :
- empêcher l'implantation embryonnaire ;
- provoquer une résorption utérine ou un
avortement.
La plupart des protocoles d’interruption
de la mise bas développés chez la chienne
peuvent être utilisés chez la chatte.
Cependant, aucun d’entre eux ne dispose
d’une autorisation de mise sur le marché
pour l’espèce féline.
53
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE
AVRIL / MAI 2004 - 141
Francis Fiéni
Unité de Pathologie
de la Reproduction
E.N.V.N.
BP 40706
44307 Nantes Cedex 03
Après une saillie, l’avortement peut être effectué au stade
de l’implantation, avec des œstrogènes
ou des progestatifs (photo F. Fiéni).
Objectif pédagogique
Choisir un protocole
abortif adapté au stade
de gestation et à l’état
de santé de la chatte.
Essentiel
Réaliser un frottis vaginal
pour savoir si une chatte
a pu avoir été fécondée.
L’ovariectomie provoque
l’interruption de la gestation,
quel qu’en soit le stade.
Aucun protocole
d’avortement n’a d’A.M.M.
chez le chat.
90 à 95 p. cent
des chattes avortent
en cinq jours
avec l’aglépristone.
Les prostaglandines seules
peuvent être utilisées à partir
de 35 jours de gestation.
Associées
aux anti-prolactiniques,
les prostaglandines peuvent
être utilisées à partir
de 25 jours de gestation.
les méthodes
chez la chatte
FÉLINE
d’avortement
Après la saillie et la fécondation, l’embryon
descend le long des oviductes pendant quatre
à cinq jours. Sa période de vie libre dans la lu-
mière utérine est de dix jours.
Vers le 15ejour post-ovulation (J12 à J16), il s’im-
plante. Le taux de progestérone augmente après
l’ovulation, 24 à 50 heures après le pic de LH, pour
atteindre des valeurs de 100 à 200 nmol/L au maxi-
mum, entre le 20 eet le 25ejour de gestation [5].
Pendant toute la gestation, comme chez la
chienne, le corps jaune reste la source princi-
pale de progestérone.
Le placenta ne produirait que peu ou pas de pro-
gestérone. La progestérone placentaire ne serait
responsable que d’un effet paracrine, et sa
concentration est insuffisante pour maintenir à
elle seule l'état de gestation.
Tout au long de la gestation, l’ovariectomie est
suivie de la mort des embryons, et d’une vi-
dange utérine.
Encadré 1 - Les particularités du maintien de la gestation chez la chatte
NOTE
*Il existe de nombreuses spécialités vétérinaires : Cani-
pil®, Feliderm®, Felipil®, Mégécat®, Mégépil®, Mini-
pil®, Opochaleurs®, Pill’Kan®, Pilucalm®, Pilucalm®20,
Pruritex®Chat.
LA PRÉVENTION DE L’IMPLANTATION
Avec les œstrogènes
Pour retarder le transport de l’embryon dans
les oviductes et provoquer une dégénéres-
cence, le benzoate d’œstradiol, des œstrogè-
nes, peut être administré dans les six premiers
jours après la saillie (Mesalin®, 0,5 g à 1 g
deux fois à 48 heures d’intervalles, à J2et J4
post-saillie) [2].
Même si les effets secondaires sont moins
importants que chez la chienne, il convient
d’avertir les propriétaires des risques d’utili-
sation des œstrogènes : leur injection peut
induire un œstrus prolongé, une stérilité
consécutive ou une infection utérine.
Avec les progestatifs
Les progestatifs de synthèse, administrés
dans les 24 heures qui suivent la saillie, s’op-
posent à l’implantation. Ce sont :
- l’acétate de mégestrol*(2 mg
per os
) ;
- l’acétate de delmadinone (Tardak®, 2,5 mg
per os
).
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