I) Les étoiles massives comme traceurs de la structure de
notre Galaxie
I. 1) Notre Galaxie: historique
Cette entité a longtemps eu le statut Universel tenu aujourd'hui par l'Univers et a été l'Oméga de
nombreux chercheurs depuis la renaissance, depuis l'époque où nous avons enfin réalisé que ni la
Terre ni le Soleil n'avaient le statut de centre de l'Univers. Même de nos jours, une grande partie des
bases de l'astrophysique tirent leur substance du terreau galactique et il est d'ailleurs cocasse de
noter que dans une bonne partie des illustrations des manifestations cosmologiques continuent de
figurer des paysages galactiques. Malgré ces siècles d'étude, le sujet n'est pas clos et d'importants
progrès restent à faire, même dans des sujets aussi basiques que le nombre de bras dont est pourvu
cet univers-île. De fait, et depuis longtemps, les astronomes se sont penchés sur l'étude de la
structure de notre Galaxie. Ce n'est qu'en 1610 que Galilée, avec l'invention de la lunette, observa
pour la première fois que la Voie Lactée était en fait, non pas fluide comme on le pensait alors à
l'époque, mais était constituée d'un nombre incommensurable d'étoiles. En 1750, Thomas Wright
imagina que les étoiles de la Voie Lactée formaient une structure aplatie dans laquelle se trouvait
notre Soleil. Il faut malgré tout attendre la fin du XVIII siècle pour que William Herschel effectue la
première étude scientifique de notre Galaxie et abandonne la vision héliocentrique du système
galactique. Postulant que les étoiles étaient réparties de manière uniforme et étaient toutes
identiques et observables, il effectua des comptages d'étoiles dans exactement 683 directions. En
effet, le nombre d'étoiles dans une direction donnée étant proportionnel à l'extension de la Galaxie
dans cette direction, il était alors possible d'accéder à la distribution des étoiles et donc à la forme et
l'étendue de notre Galaxie. Il montra ainsi que la Galaxie était un disque aux contours irréguliers, et
que le Soleil n'occupait donc pas le centre de ce système. Avec le développement des méthodes
spectroscopiques et de la photographie, de nouvelles observations devenaient possibles. Ainsi vers
1901, Kapteyn ré-appliqua la méthode des comptages d'étoiles dans quelques 200 directions à partir
de plaques photographiques collectées à travers le monde, en y ajoutant des mesures de brillance, de
mouvements propres, de vitesses radiales et des estimations du type spectral. Mais, ne prenant pas
en compte l'absorption due au milieu interstellaire (qui vient biaiser la détermination de la distance
des étoiles), son modèle était similaire à celui de W. Herschel. Il y ajouta malgré tout une échelle de
distance, en estimant que notre Galaxie était 5 fois plus longue dans la direction du plan galactique
que perpendiculairement à celui-ci. Ce n'est qu'en 1917 que H. Shapley, par l'étude de la distribution
des amas globulaires, donna une idée correcte des dimensions de la Galaxie en estimant à 10 kpc la
distance du Soleil au centre galactique.
En parallèle, en 1914, V. Sliper montra que les galaxies sont en rotation et H. Hubble montra en
1923, en découvrant des céphéides dans la galaxie d'Andromède, que les galaxies sont en fait des
objets extra-galactiques. Ces découvertes posent les bases de l'échelle des distances et suggèrent
ainsi que la Galaxie n'est qu'une entité parmi les autres.
Les premiers modèles décrivant la rotation de notre Galaxie sont le travail de B. Lindblad en 1926.
Il propose que le Soleil et les étoiles de faible vitesse présentent une rotation circulaire autour du
centre galactique. En particulier, J.H. Oort développe une théorie cinématique en accord avec les
observations, dans laquelle la rotation est différentielle. Ainsi la représentation de notre Galaxie
tend vers une structure spirale.
Parallèlement, dès 1920, il est communément accepté que la matière interstellaire absorbant la
lumière des étoiles existe dans notre Galaxie, mais ce n'est qu'en 1930 que les travaux de R.J
Trumpler, basés sur des mesures de couleurs, de brillances et de types spectraux d'amas galactiques
montrent que le rayonnement est d'autant plus atténué que l'étoile est loin de nous. Les poussières,
en absorbant la lumière dans le visible et l'ultra-violet, gênent la connaissance de notre Galaxie en
rendant inaccessibles les régions lointaines. Heureusement, le voile put être levé grâce aux radio-
télescopes et notamment la découverte en 1951 de la raie de l'hydrogène atomique à 21 cm. Les
ondes radio, n'étant pas absorbées par le milieu interstellaire permettent de sonder à grande distance
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