si utile Catherine Michel-Nozières Enseignante-Physicienne

si utile
Catherine Michel-Nozières
Enseignante-Physicienne reconvertie depuis une décade à
l'étude de
l'histoire de l'astronomie dans
l'antiquité -accueillie au Laboratoire
d'Astrophysique de Grenoble depuis 1992 (laboratoire
d'origine :
Laboratoire de Photophysique Moléculaire, 91-Orsay).
Activité grand public :
Outre cours et conférences, réalisation d'une exposition
itinérante sur
l'astronomie babylonienne et les techniques de mesure du temps.
"Le
Ciel de Babylone : la mesure du temps" a été exposé au centre de
Nancay, à l'Observatoire de
Paris et autres lieux., mais son titre de
gloire est sans conteste d'avoir été invitée à Bagdad
non loin de
l'ancienne Babylone en 1999 et traduite à cette occasion en arabe.
IMAGE
Gestion de l'exposition : "Centre Sciences" à Orléans.
[
Activité de recherche :
Analyse des textes anciens portant sur la
mesure du temps en
Mésopotamie
-> les textes d'astronomie
-et d'astrologie quand il s'agit d'époque très
ancienne-
donnent encore actuellement lieu à des interprétations
variées parmi les assyriologues en ce qui concerne
le mode
d'utilisation des horloges à eau cad l'interprétation des textes.
Article publié : "Second Millennium Babylonian Water Clocks
: a
physical
study" dans revue internationale d'histoire des sciences et
des techniques : Centaurus vol 42-3 /2000/ p.180-209
résumé d'article
non fait
Quelques éléments sur l'astronomie babylonienne.
par Catherine Nozières
I.
Astronomie : une certaine étrangeté
II.
Le calendrier
III.
Un texte majeur
d'astronomie : "mul APIN" -début du
premier millénaire avant J.-C.-
IV.
De l'astrologie à l'astronomie
V.
Les mesures et leurs unités.
VI.
Conclusion et héritages.
L'astronomie
babylonienne s'est développée au sein de la
civilisation "babylonienne"
ou plus précisément suméro-accadienne.
Sumer et Accad sont les deux premières régions qui se
sont organisées
en Mésopotamie entre Tigre
et Euphrate. Les empires qui se sont
succédés ont eu selon les époques des extensions plus
ou moins larges,
mais toujours centrées sur ces deux régions. Babylone
sera capitale à
partir du 18
e
sc. av. J.-C.
La riche civilisation qui s'est développée
en Mésopotamie (actuel
Irak) depuis que les
Sumériens eurent acquis la maîtrise de
l'irrigation (
3300 av. J.-C.) jusqu'à ce
qu'elle s'éteigne au tout début
de notre ère après moultes mélanges de population, a laissé
de
nombreux textes sur des
tablettes d'argile cuite ou crue. Ces textes
sont de tous ordres;
il s'agit au départ uniquement de comptabilité
mais cela se diversifiera rapidement. Parmi les divers procédés
de
calcul qui servaient dans
le quotidien l'un d'eux va se stabiliser très
tôt, le calcul en base 60 -avec
valeur de position (
index
)
1
comme dans
notre système décimal-. Ce système qui remonte à
3000 av. J.-C.
permet d'écrire aussi bien les grands nombres que
les nombres
inférieurs à l'unité; ces derniers se présentent sous une
forme qui
nous est bien connue :
en soixantième d'unité (nos minutes
(
index
)
2
)
puis
en soixantièmes de soixantièmes (nos secondes (
index
)
2
) etc..
Toutes les opérations (*, /, +, -)
se font relativement aisément (
index
)
3
1
sytème sexagésimal avec valeur de position : on écrit les nombres de 1 à 59
dans la colonne de "unités"; pour écrire 60 (comme pour écrire dix dans le
système décimal) on écrit 1 dans la colonne immédiatement à gauche et rien
dans la colonne des unités ou zero si le chiffre existe : soit 1, . ; ou 1, 0;
pour écrire 61 (60+1) on écrit 1, 1; et ainsi de suite jusqu' au nombre qui précède
3600 soit 3599 car 3600 =60
2
et sera noté 1 dans la colonne située encore à gauche
soit 1, 0, 0; . Succession de quelques nombres : 62 => 1, 2; . 71 => 1, 11; . 119 => 1, 59;
. 120 => 2, 0; . Le point virgule clôt l'entier : 1; 1 = 1 + 1/60 .
Exemple :
1, . , 59 ; 6, 1 en système sexagésimal = 3659,10028 en système décimal
1, . , 59 ; 6, 1.
= 1*60
2
+ 0*60
1
+ 59*60
0
+ 6*60
-1
+ 1*60
-2
= 1*3600 + 0*60 + 59*1
+ 6/60 + 1/3600
2
minutes et secondes : vient du latin pars
minuta
prima et pars minuta
secunda
.
noms donnés aux sous-unités en système sexagésimal : utilisé pour les valeurs
angulaires (arc) et pour le temps (heure); la minute est la soixantième partie de
l'unité et la seconde est la soixantième partie de la minute.
3
cf. article de James Ritter dans "Eléments d'Histoire des sciences"
éd. Bordas, page 39 : "Les Mathématiques en Egypte et en Mésopotamie"
à l'aide de table
d'inverses pour les divisions. Ce système de
numération
sera le seul système performant disponible dans
l'antiquité.
Son utilisation perdurera jusqu'au Moyen Age; hors de son pays d'origine
il
sera utilisé par les astronomes grecs puis arabes (en Espagne
partiellement
reconquise sur les arabes : les tables alphonsines -1252- sont
probablement
les dernières éphémérides utilisant la numération
en base 60; c'est une
commande de Alphonse X dit le Savant ou le Sage, roi de Castille et du Léon).
L'usage
du système sexagésimal ne restera pas cantonné aux calculs
de
salaires, de gains, de pertes, et de rendements de l'époque
sumérienne; une mathématique numérique assez élaborée
se
développera en Mésopotamie dès l'époque
du royaume d'Hammourabi
soit à partir du 18
e
sc. et jusqu'aux années 1500 avant J.-C.
On y trouve une table de chiffres qui traduisent la relation existant
entre
le carré des cotés d'un triangle rectangle (cf.
théorème de Pythagore), une
approximation du nombre
, des procédés d'extraction de
racines carrées et
bicarrées ....
Ensuite nous n'avons
plus de documents. On la retrouvera presqu'un
millénaire
plus tard dans les textes d'astronomie mathématique "sans
qu'elle ait perdu une
plume", bien au contraire mais nous ne savons
rien sur les circonstances de son retour en force.
L'Astronomie en tant que telle s'est donc développée
assez tard
(du 4
e
sc. av. J.-C. au début de notre ère) au cours de la
longue histoire
de la civilisation babylonienne. L'étude des cieux
par contre,
intimement liée à
la pratique de la religion, est certainement aussi
ancienne que
cette dernière mais les premiers textes (
index
)
4
dont
nous disposons datent seulement de la
période babylonienne ancienne
soit entre le 18
e
et le 15
e
sc. av. J.-C. Les
documents dont le contenu
relève partiellement de l'astronomie restent assez rares jusqu'à la
fin
du 2
e
millénaire
(1000 av. J.-C.); leur nombre croit vers le 7
e
sc. Vers
cette époque un
texte "somme" fournit une vision d'ensemble des
connaissances
en astronomie; les différentes versions de ce même
texte
peuvent être des copies de textes plus anciens -ce qui était une
pratique courante- et on peut fixer aux années -1000
l'époque du
début de connaissances structurées
en astronomie : elles incluent déjà
quelques règles de calcul.
Les textes d'astronomie qui ont été juqu'à présent étudiés
proviennent
essentiellement de deux villes : Babylone et Uruk plus au
sud; les
tablettes sont parfois signées mais il n'est pas
toujours facile
d'identifier leur auteur;
on pense que pour l'essentiel, c'est dans le
milieu religieux que ces textes ont vu le jour.
Le
calendrier, première manifestation d'une gestion du temps, sera
aussi le fait des
religieux; ceux-ci ont à l'époque sumérienne un
pouvoir administratif
important de gestion des possessions collectives
au sein des cités-états; on constate la constitution de calendriers
vers
3200 peu après les débuts de l'écriture (vers 3300
av. J.-C.) ; ces
4
Texte sur la découpe en 3 veilles égales de
la nuit et en 3 veilles égales du jour
selon les saisons -mesurée en poids d'eau- (cf. mesure de temps partie V).
Texte donnant pendant les dix années du règne d'Ammizadouga (
1580. av.
J.
-
C.) les moments d'apparition et de disparition de la
planète Venus -on constate
qu'elle est reconnue
comme unique aussi bien quand elle est visible le matin
("étoile" du Berger) que quand elle est visible le soir-.
calendriers "régionaux", assez similaires d'une cité-état à l'autre
seront
fondus en un calendrier unique lors de la
constitution de royaumes
sous l'égide de maîtres puissants. Le calendrier
sera complètement
fixé vers 450 av. J.-C.
I. Astronomie : une certaine étrangeté.
Autant l'astronomie grecque peut
nous paraître familière avec
ses références à des trajectoires d'astres (cercles ou
combinaison de
cercles) et ses
raisonnements de pure géométrie, autant l'astronomie
mathématique qui s'est développée
en Mésopotamie nous est
étrangère.
Aucune géométrie ne
participe au raisonnement qui permet
d'accéder à la position des planètes et du Soleil;
les procédés sont
uniquement numériques et s'appliquent
à un choix de configurations
limité; le
choix de ces configurations (conjonction ou opposition,
apparition ou disparition
de planètes, point de changement apparent
de direction sur le
fond des étoiles ...) semblent directement issues
d'une pratique ancienne d'astrologie liée
aux traditions de la religion
locale (
index
)
5
.
L'interprétation
mathématique des phénomènes célestes observés
consiste essentiellement à
traduire la variation périodique d'une
quantité (variation de forme sinusoïdale)
autour de sa valeur
moyenne par des valeurs
numériques régulièrement croissantes et
décroissantes
entre un maximum et un minimum (approximation
linéaire).
Pour traduire par exemple les variations de
vitesse du Soleil dans sa course
annuelle, les Babyloniens donnaient la
valeur de la variation de position
du Soleil (longitude) en chaque fin de mois comme si
cette variation était
régulièrement croissante
ou décroissante. Pour nous qui sommes visuels,
les variations se traduisent par une courbe zigzag autour de
la valeur
moyenne d'un peu plus que
29° par mois lunaire moyen -on constate ici
que la période (donc l'année) est de 12 ; 22, 8, 53, 20 mois lunaires moyen.
moyenne
Courbe obtenue à partir des valeurs numériques (•) 
des tablettes : zigzag linéaire symérique
L'espacement horizontal des points est un mois lunaire moyen.
5
La religion
traduit comment les hommes de ce pays concevaient leurs liens
avec les Dieux qui les avaient crées (cf. épopée
du Super Sage : Atrahasis); les
messages que les Dieux envoyaient
des astres qui les représentaient dans le ciel
étaient interprétés par les prêtres pour parer les mauvais coups ou les
fantaisies
destructrices de leurs Maîtres;
certains prêtres étaient donc aussi astronomes
-
astrologues mais
cette astrologie n'était pas individuelle, elle concernait
l'ensemble du royaume et donnaient lieu a ce que l'on nomme
des "prédictions
collectives"-. ex :
" Si les étoiles
du corbeau sont très brillantes : Addad
(Dieu de
l'Orage)
apportera des pluies abondantes "
Les
procédés numériques sont adaptés à l'étude de quelques
configurations choisies parce
qu'elles sont en nombre limité; il n'en
reste pas moins qu'il y a difficulté : celle-ci réside dans le
fait qu'il
faut être à même d'identifier les différentes
origines des variations de
positions des astres
et savoir les classer par ordre d'importance; par
exemple, pour les éclipses de Soleil, il faut identifier
le rôle de la
variation de latitude de la Lune, celui de la variation de sa
vitesse et
le rôle
de la variation de la vitesse du Soleil lors des conjonctions. Là,
on peut être épaté, rien n'est moins évident à
déceler. L'astronomie
babylonienne telle
qu'elle apparaît à travers les textes des 3 derniers
sc. avant
J.-C. permettait de prévoir moment et magnitude (cad degré
d'obscurité) d'une éclipse de Lune pour ne citer qu'un
exemple. Cette
astronomie fût
donc relativement performante mais elle souffre du
manque de généralité de son approche.
II. Le calendrier.
Le calendrier babylonien fut en
premier lieu lunaire; les mois
débutaient lorsque la Lune après une ou
deux nuits d'invisibilité
(autour de la nouvelle lune
: conjonction Lune-Soleil) réapparaissait
comme un
fin croissant au dessus de l'horizon ouest juste après le
coucher du Soleil; ces mois
lunaires (synodiques) comptent 29,53...
jours; le fin croissant réapparaît
donc irrégulièrement soit après 29
jours soit après 30 jours.
L'année des
saisons
(année tropique)
est
approximativement
de 12
mois lunaires et 11 jours.
En choisissant une
année de
12 mois les
Babyloniens ont
pu constater que petit
à
petit
le début de l'année
nouvelle
se décalait en
parcourant les
saisons à
rebours. Pour
rendre le
nouvel an
stable en
moyenne,
ils introduisaient
de temps en temps
un mois
supplémentaire dans l'année.
II
I
III
IV
V
VI
VII
VIII
IX
X
XI
XII
12 mois lunaires font 354 jours
11 j.
Dans un premier temps un mois était ajouté tous les 3
ans, mais c'était
trop peu; les Babyloniens choisirent alors d'intercaler 3 mois
parmi 8
années : l'année en moyenne était alors un peu
trop longue (365,434
jours au lieu de 365,242j). Ce système dura assez
longtemps;
l'intercalation n'était pas
toujours systèmatique : dans chaque région
un prêtre ou le chef d'état décidait du moment
propice à l'ajout d'un
mois. Datant de l'époque du puissant Hammourabi, un
texte nous
permet de constater que celui-ci veillait au calendrier et
aux
problèmes s'y rapportant : il s'adresse
ici à son gouverneur Sin
-
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