Du mythe sur le "Peuple élu de Dieu" au mythe sur la "Tribu perdue

Du mythe sur le "Peuple élu de Dieu" au mythe sur la "Tribu perdue d'Israël" en Afrique:
Contribution à la Renaissance de la conscience collective et spirituelle Kamite.
Par K. Kofi FOLIKPO [1]
Introduction.
La publication d'un article intitulé "La preuve du choix du Togo par Dieu comme 2eme
Israël" faite le 12 Février 2017 sur le site togolais www.icilome.com par Monsieur le Pasteur
Georges David ADA ouvre un débat très important allant au-delà de l'appartenance (ou de la non-
appartenance) à une confession judéo-chrétienne, car cet article touche des points très sensibles
relevant de plusieurs domaines et concernant non seulement le Peuple Eʋe (Ewe) mais aussi le
TOGO tout entier et l'Afrique toute entière.
L'article cité ici soulève beaucoup de questions cruciales sur la parenté supposée des Populations
d'Agu avec les Juifs depuis la Haute Antiquité et sur l'Histoire récente du groupe social des
"Àgùàwó" au sein du Peuple Èʋè (Èwè), dans la mesure de telles allégations ne s'appuient
visiblement sur aucune considération scientifiquement objective.
Cet article soulève également des questions cruciales sur le rôle nocif des religions exotiques dites
abrahamiques et "monothéistes" non seulement face à la nécessité du développement holiste de la
personnalité (psychologique, caractérielle et intellectuelle) de chaque individu mais aussi du point
de vue de la lutte collective d'émancipation socio-économique et socio-culturelle des Peuples
Africains.
Il soulève enfin la question de l'interaction entre le fait religieux et le fait politique d'une part, et
celle relative aux rapports entre le mythe et l'Histoire d'autre part.
Cet article n'aurait pas mérité que l'on s'y attarde s'il n'était pas un mélange de
révisionnisme historiographique dangereux, d'un prosélytisme judéo-centriste incongru et d'un
missionarisme chrétien crétinisant qui risquent de pousser dangereusement la Jeunesse Togolaise (et
la Jeunesse Africaine en général) désireuse de se ressourcer dans l'Histoire authentique du Terroir
Africain et de son Peuple vers un obscurantisme dangereux, hautement inhibiteur et contre-
productif. Un Peuple (tout comme un Être humain) qui n'a ni Histoire ni Passé qui lui sont propres
tant en éléments positifs que négatifs est comparable à un arbre sans racine ou encore à un fleuve
sans source ni embouchure qui lui sont propres.
Vouloir lire forcément aujourd'hui l'Histoire des Peuples Africains à travers la grille
idéologique biblique et vouloir interpréter coûte que coûte aujourd'hui le fait politique dans les pays
africains à travers le prisme judéo-chrétien sont devenus depuis quelques temps des pratiques
étranges qui demandent que l'on y accorde une analyse attentive.
Le phénomène de l'interprétation falsificatrice et fallacieuse des écrits bibliques pour les
adapter vaille que vaille aux différents contextes socio-politiques en Afrique a toujours visé à
plonger les Citoyens opprimés et paupérisés dans une léthargie de résignation et de messianisme
utopique tout en délivrant cyniquement des prêches laudatives et glorificatrices à l'endroit des
violents oppresseurs impénitents afin d'être dans leur bonne grâce.
Le phénomène n'est pas nouveau sur la scène socio-politique togolaise. Déjà dans les années 1980,
un "éminent" prélat catholique aujourd'hui décédé avait eu l'outrecuidance de prononcer devant les
micros et caméras de la télévision togolaise une homélie très fallacieuse et laudative en déclarant
que la localité de Pya en pays Kabyè serait le "Bethlehem" pour le Peuple Togolais, que Maman
Ndanida serait la "Vierge Marie" togolaise, que papa Gnassingbé serait le "Saint Joseph" qui aurait
donné aux Togolais leur "Jésus" en la personne du violent tyran défunt Éyadéma!
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La prolifération anarchique et très inquiétante des hordes de sectes chrétiennes bigotes et
ultra-fanatiques depuis quelques années au Togo a malheureusement embrigadé mentalement une
bonne frange de la population dans ce nombrilisme judéo-chrétien très aliénateur pour les Africains
et les focalise dangereusement sur un messianisme passif au lieu de les encourager à se libérer par
l'Action pragmatique.
Cette propension actuelle chez de nombreux nègres consistant à vouloir coûte que coûte
trouver leur "filiation" (biologique ou spirituelle) "irréfutable" avec l'Israël de l'Antiquité semble
provenir d'une grave Crise identitaire chez un large pan de la Jeunesse africaine en général et de la
Jeunesse togolaise en particulier. Elle débouche dangereusement sur de véritables absurdités
anthropologiques et sociologiques par lesquelles ces jeunes africains et togolais veulent croire qu'il
existerait une "race juive" ou une "race israélienne", comme Adolf Hitler et ses théoriciens Nazis
l'avaient bêtement propagé de façon démagogique au siècle dernier.
C'est ainsi qu'il s'avère nécessaire de saisir l'occasion offerte par de telles sorties
hasardeuses comme celle du Pasteur Georges David ADA pour éclairer le grand Public à travers des
réponses idoines aux questions historiques, linguistiques, socio-politiques et socio-culturelles
soulevées par cette propension absurde de nombreux Noirs à vouloir réclamer à cor et à cri leur
"filiation" (biologique ou spirituelle) supposée avec un prétendu "Peuple élu de Dieu".
Une affirmation racialiste et obscurantiste a été construite depuis l'Antiquité autour de la
boutade de "Peuple élu de Dieu". À cette affirmation était venue s'ajouter une autre construite à
travers la boutade de "Tribu perdue d'Israël" que d'aucuns estiment retrouver tôt ou tard parmi les
Peuples Africains d'aujourd'hui sous la forme d'une "race pure" ou d'un "groupe ethnique pur".
Toute tentative de questionner objectivement sur la véracité (ou la non-véracité) de ces affirmations
se heurte souvent à l'accusation fallacieuse de "blasphème" voire d' "antisémitisme" venant souvent
des gens qui sont même incapables de montrer et de prouver objectivement leur propre filiation
(biologique ou spirituelle) au "Sémitisme".
La propagation plus intensive des sectes judéo-chrétiennes ultra-fanatiques d'origine américaine et
européenne en Afrique en ce moment a compliqué intentionnellement davantage tout effort d'ouvrir
un débat objectif et dépassionné sur les notions de "Peuple élu de Dieu" et de "tribu perdue d'Israël"
ainsi que leurs impacts psychologiques, sociologiques et idéologiques sur les Africaines et les
Africains sans être accusé d' "antichrist" ou d' "anti-sémite".
Les Travaux très objectifs et très fouillés des Historiens ISRAÉLIENS très probes tels que
Shlomo SAND et Israël FINKELSTEIN viennent pourtant déconstruire la fable racialiste judéo-
centriste ou israélo-centriste véhiculée idéologiquement à travers la bible depuis des siècles autour
de la boutade d'une prétendue "tribu perdue d'Israël" parmi les nègres.
Nul ne peut dénier les mariages mixtes et les métissages entre les Peuples à travers les âges!
Nul ne peut réfuter que les tribus hébraïques ou juives se sont brassées avec des tribus d'autres
Peuples et que cela peut avoir contribué à des échanges culturels et à des emprunts linguistiques ou
culturels mutuels. L'Humanité entière n'a pu exister et se procréer que grâce à cela!
Mais lorsqu'on a de plus en plus l'impression que la fumeuse théorie de "peuple élu de
Dieu" sert de moyen à certaines personnes pour embrouiller gravement les gens et les maintenir
dans l'ignorance rétrograde et suicidaire, il devient nécessaire de donner magistralement un cours
clair et concis au grand Public sur certaines choses irréfutables.
Voici donc ce qui est historiquement bien établi au sujet de l'Ethnogenèse du Peuple d'Israël
et au sujet de ses rapports avec les Africains depuis la Haute Antiquité, au-delà des affabulations
mythiques dans la bible judéo-chrétienne de nos jours:
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1) Les Hébreux, ancêtres des Juifs d'aujourd'hui, étaient un groupe social issu du MÉTISSAGE
entre des Hyksos Canaanéens (un peuple sémite, marchand et semi-nomade à peau claire) et
des habitants sédentaires de KMT (Égypte) dans le delta du Nil. L'immigration des Hyksos
en Terre égyptienne par vagues successives commença durant le règne des Pharaons Nehesi
et Meredjefare (ou Merdjefare) au début de la Période dite intermédiaire en Égyptologie,
c'est-à-dire entre 1648 et 1550 avant l'ère chrétienne!
2) Selon plusieurs Travaux sérieux en Linguistique, en Histoire, en Archéologie et en
Égyptologie, l'Ethnonyme "hébreux" est dérivé du terme "Hebera" dérivé à son tour du
terme "Habiru" et signifiant "Maraudeur/Vagabond" en Akkadien (une langue parlée jadis
en Mésopotamie du 3e au 1er Millénaire avant l'ère chrétienne et devenue aujourd'hui une
langue désuète, morte). Une telle désignation renvoie sans doute au mode de vie nomade
mené par ces peuples sémites, en opposition aux peuples sédentaires voisins de la
Mésopotamie (royaume des Sumériens et des Akkadiens) et de l'Égypte des peuples
Kamites.
3) Le groupe social des Hébreux (auquel des personnages mythiques tels que Abraham avaient
appartenu) était donc un GROUPE MÉTIS issu d'immigrants Hyksos allogènes sémites à
peau claire et d'autochtones sédentaires égyptiens à peau foncée!
4) On peut donc comprendre pourquoi les Hébreux présentés dans les récits bibliques tels que
Abraham ont fini par adopter les us et coutumes égyptiens comme la circoncision qui n'était
pas pratiquée jadis au sein des peuples sémites durant la Haute Antiquité!
5) Et on peut comprendre également comment cette acculturation a conduit une partie des
Hébreux à adopter le culte foncièrement kamito-égyptien autour du Concept sacré de la
TRIPLE TRINITÉ (désigné avec le terme YEƲE et conservé comme tel jusqu'aujourd'hui
en Eʋegbe) en tant qu'Expression de l'Ordre Divin fondamental dans l'ensemble de la
Création.
6) Ce métissage biologique et social a même permis à certains descendants aristocrates Hyksos
à devenir des Souverains (Pharaons) et à régner sur l'Égypte pendant 108 ans!
7) Les Hébreux, descendants métis des Hyksos allogènes et d'Égyptiens autochtones, sont
entrés avec le temps en conflit avec d'autres composantes de la société égyptienne, et plus
particulièrement avec le Haut Clergé égyptien pour des questions de culte et de succession
royale.
8) C'est ainsi qu'à partir du temps de règne du Pharaon Kamose de la 17e Dynastie (vers 1550
avant l'ère chrétienne) une politique hostile aux descendants des immigrants Hyskos (donc y
compris les Hébreux) a vu le jour et s'est poursuivie avec le Pharaon Ahmose I, successeur
du Pharaon Kamose.
9) Une première conséquence de cette hostilité envers ces descendants des Hyskos consista à
les expulser vers la péninsule du Sinaï et dans la région dénommée Midian certains
s'organisèrent en de petites communautés semi-sédentaires autour des valeurs cultuelles
rudimentaires empruntées à leurs parents égyptiens avec lesquels ils sont entrés en conflit.
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10) C'est ainsi que virent le jour les toutes premières communautés cultuelles du YAHVISME
primitif hébraïque dans le Sinaï et dans la localité de "Shasu Yevhe" dans la région du
Midian. Le Yahvisme primitif hébraïque, ancêtre cultuel et religieux du Judaïsme qui donna
à son tour la naissance au christianisme d'aujourd'hui, n'est rien d'autre qu'un emprunt
travesti et galvaudé du culte kamito-égyptien de la TRIPLE TRINITÉ (YEƲE) et dont la
forme populaire est connue aujourd'hui sous l'appellation de l' Ennéade, comme les figures
ci-après en donnent respectivement l'illustration.
Le Symbole de la Triple Trinité (YEƲE)
sous sa forme hautement sacrée
(Crédit: PYRAMID OF YEƲE, 2017)
Le Symbole de la Triple Trinité (YEƲE)
sous sa forme populaire communément
appelée Ennéade (Crédit:
www.wikipedia.org )
11) C'est également dès cette époque que les Pharaons égyptiens avaient intensifié leur politique
de colonisation des contrées hellènes (la Grèce et ses îles) afin de pousser
une partie de ces communautés allogènes d'Égypte à aller s'implanter
comme colons égyptiens sur les îles de la Grèce actuelle telles que l'île de la
Crète naîtra plus tard la Haute Culture Minoenne, dans la parfaite
continuité civilisationnelle de l'Égypte pharaonique. Les objets de culte
sacrés typiquement africains tels que le "Labrys" ou "Hache de Crète"
(Sofiagã en Eʋègbè, comme l'image ci-après l'illustre) sont ainsi arrivés au
Temple sacré de Knossos sur l'île de Crète!
12) L'hostilité envers les descendants métis des Hyksos, envers de nouveaux immigrants
allogènes non-égyptiens et envers les peuples voisins des Égyptiens s'est particulièrement
exacerbée durant le règne de Ramsès II de 1279 à 1213 avant l'ère chrétienne. Cette
hostilité s'expliquait par les crises socio-économiques provoquées par des changements
climatiques inattendus (baisse des crues du Nil entraînant le ralentissement des activités
économiques) et aggravées par de nouvelles immigrations massives d'autres populations
allogènes.
13) Le Pharaon Ramsès II (ayant régné de 1279 à 1213) était obligé dans ces conditions
d'expulser vers Canaan les Hébreux qui ne voulaient pas se plier aux mesures d'austérité
imposées à l'ensemble des populations égyptiennes en raison des problèmes socio-
économiques qui frappaient le pays tout entier. C'est cette expulsion qui est mentionnée dans
les récits bibliques comme étant l'Exode des Hébreux vers Canaan à partir de l'Égypte.
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14) À la suite de leur installation à Canaan et dans les autres régions environnantes un ensemble
de clans hébreux essentiellement MATRILINÉAIRES qui continuaient de pratiquer une
forme abâtardie de ce Yahvisme primitif s'était donné le nom ISRAËL et avait voulu
s'opposer au droit de suzeraineté des Pharaons égyptiens. Cela obligea le Pharaon
Merenptah (Successeur de Ramsès II) à mener une campagne militaire contre ces
populations Canaanéennes et à désorganiser gravement leur fondement social axé
essentiellement sur le culte abâtardi du Yahvisme primitif . L'Histoire inscrite sur la Stèle du
Pharaon Merenptah reproduite ci-après en fait largement mention. Et c'était dans ces
conditions de désolation généralisée que le mythe de "peuple élu de Dieu" est créé autour de
l'an 1208 avant l'ère chrétienne, car il y avait eu parmi ces clans hébreux considérés par les
Souverains égyptiens comme des frondeurs téméraires quelques groupes de survivants
malgré la terrible férocité militaire des Égyptiens.
La Stèle du Pharaon Merenptah datant de l'an 1208 avant l'ère chrétienne conservée au
Musée du Caire en Égypte (Crédit: www.wikipedia.org )
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