Que dit-on généralement en sa faveur

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Cours Poncet – Philosophie – M. Cieniewicz
Que dit-on généralement en sa faveur ?
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Tout homme a, en tout état de cause, une philosophie, c’est-à-dire un ensemble de
représentations du monde, de croyances, d’idées générales. Mais cette philosophie « spontanée » est
souvent incohérente (chacun a acquis des croyances d’origines diverses ; il arrive que des idées
contradictoires coexistent en lui sans même qu’il en voie l’incompatibilité), et elle est toujours non
réfléchie, non critique1. Alors il faut savoir si l’on veut atteindre une maîtrise consciente et critique
de ses propres options philosophiques, ou continuer à être gouvernés inconsciemment par cette
philosophie « spontanée » c’est-à-dire non réexaminée.
Tout le monde s’accorde aujourd’hui à dire, dans cette perspective, qu’enseigner la
philosophie ce n’est pas déverser un contenu dans un récipient qui serait au préalable vide, ce n’est
pas combler une ignorance. Et, comme corollaire 2, l’enseignement de la philosophie (c’est là une de
ses spécificités) doit largement donner la parole à l’élève pour qu’il exprime ses opinions, en
débattre avec ses pairs et le professeur, et enfin adopter une attitude critique à l’égard de toutes ces
choses qui lui semblaient évidentes.
On peut même dire de ce point de vue que la philosophie a pour objet la parole de l’élève,
parole qu’elle s’attache à transformer : y mettre de la cohérence, plus de logique et de réflexion. Un
cours de philosophie politique n’a pas à changer vos opinions politiques, mais la manière dont vous
avez ces opinions. L’enseignement de la philosophie vise précisément une modification de forme de
la « philosophie spontanée » et non la transmission d’un contenu ; voilà pourquoi on vous dit que ce
que pense votre professeur n’a guère d’importance.
Cette conception, je le répète, est très largement admise au point qu’il est devenu plus
courant de parler d’enseignement philosophique que d’enseignement de la philosophie.
L’enseignement philosophique est une manière de vous apprendre à re-questionner, à ré-interroger,
à philosopher activement, alors qu’avant cet enseignement vous aviez une philosophie, sur le mode
passif et pesant, comme on peut avoir un boulet attaché à la cheville. Apprendre à philosopher, à
regarder toutes les idées comme si aucune n’allait de soi, ne vous rendra pas plus lourds de savoir,
mais plus légers d’adhésion à des croyances.
Michèle LE DOEUFF, La Philosophie renseignée, 1980.
Questions :
1) L'auteur distingue deux types de philosophie, lesquels ? Donnez les caractéristiques
principales de ces deux types de philosophie.
2) En quoi consiste, selon l'auteur, l'enseignement philosophique ?
3) Quelle est l'utilité, selon l'auteur, de l'enseignement philosophique ?
1 Critique dans le sens de juger, analyser, sans connotation négative ou péjorative.
2 Conséquence naturelle.
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