les Population: 516 habitants en

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CHINDRIEUX
Appellations anciennes : Croitriacum
1146, Chindriou XIVe s., Chintriacum
1420.
Habitants : les...
Population: 516 habitants en 1561,
871 en 1776, 1054 en 1783, 1128 en
1801, 1302 en 1861, 1167 en 1901, 825
en 1936, 805 en 1968, 800 en 1975 et 951
en 1982.
Altitude : 300 mètres
Superficie : 1642 hectares
A 30 kilomètres de Chambéry
Province de Savoie. A la Révolution
District de Chambéry, canton de Ruffieux, puis Province de Rumilly (18161818) et de Savoie Propre, mandement
de Ruffieux (1818-1860) .
Judicature mage de Chambéry
Tabellion de Rumilly depuis 1697.
Diocèse de Genève, décanat de Ceyzérieu du Moyen Age à la Révolution,
puis Diocèse de Chambéry et Genève
(1802-1820) et de Chambéry depuis
1820.
Hameaux et lieux dits
Les Collets+, Les Carrets +, Chef
lieu, avec La Tour, Champfleuri, Châtillon, Chaudieu, Lachat, Chevigneu,
La Combe+, Les Cordis +, les
Déprimaz +, Expilly, Les Goddards +,
Groisin, Praz, Les Rattes+, Partout,
Rigalet, Vars, Veraz +, Viuz.
Chindrieux épouse l'extrémité nord
du lac du Bourget et s'étend le long du
Rhône à travers un vaste marais
jusqu'au versant ouest de la montagne
du Sapenay, qui culmine à 950 mètres.
Sa situation géographique lui procure
un climat tempéré et un ensoleillement
exceptionnel. Le torrent de Vinant la
sépare de la commune de Ruffieux au
nord. Par le col du Sapenay (896 rn) il
est possible de rejoindre Cessens en
Albanais.
La région fut occupés par l'homme
dès l'âge du bronze :en 1864 fut découverte une station lacustre dans une anse,
à l'extrémité nord est du lac , entre le
monticule sur lequel s'élève le chateau
de Châtillon et le viaduc du chemin de
fer. A une profondeur de 2 à 4 mètres,
Le lac du Bourget à Chindrieux
348
deux sortes de pieux apparurent, sortant
de la vase, sur une longueur de 80 à 110
mètres. Ils étaient inclinés à 45° vers
l'est. Les objets trouvés consistaient en
couteaux de fabrication locale à lame
ondulée, ornés de gravures sur la partie
supérieure, le dos et la poignée, en poterie peinte et vases ornés par incrustation
de petites bandes d'étain. En 1968 on
découvrit une hache à douille de section
carrée, rattachée aux haches de type
armoricain, et d'un type pratiquement
inconnu dans les stations lacustres de
Suisse occidentale ou de Savoie. Elle
décèlerait des influences bretonnes. Une
céramique à marque de potier allobroge
SEVERINUS dénote l'occupation
romaine, ainsi que la "Solitude", déposée au Musée Lapidaire d'Aix les Bains.
Le cimetière de Chindrieux est situé
sur l'emplacement d 'une importante
villa gallo romaine, mais il a été miné.
On y trouva des monnaies et un fragment d'autel.
Seigneurs et châteaux
La commune abonde en châteaux et
maisons fortes. Le plus ancien est celui
de Chatillon , dont le lac porta le nom à
l'origine. Situé sur la pointe Nord du
Lac, chargé de la surveillance du trafic
portuaire, il fut construit en pierre calcaire et en tuf. Ses fortifications datent
de 1307, puis il fut agrandi et restauré en
1537 par Louis de Seyssel. La tour octogonale de la terrasse nord semble dater
de l'époque romaine. Dès le Xe s. Chatillon parait avoir été la principale seigneurie de la région. Elle appartenait à
la branche cadette de la famille de
Montluel. Quand la Chautagne fut divisée en deux juridictions, en 1465 , Chatillon fut attribué au fils ainé de Jean de
Montluel et Chateaufort à Motz. En
1477 Françoise de Montluel apporta en
dot Chatillon à Claude de Seyssel. Les
Seyssel le gardèrent jusqu'en 1756, date
à laquelle ils le vendirent à un magistrat,
Joseph Rambert, qui agrandit le châ-
teau, "l'embellit" et aménagea ses terrasses . Il en fut investi en 1757, mais à la
révolution, redevenu le citoyen Rambert, il ne fut pas inquiété et put rester
sur place. Ses descendants sont les
Anglejan -Chatillon.
Au chef lieu il reste deux châteaux,
La Tour, à gauche de la route venant
d'Aix et le château Journet. La Tour
date du XIIIe s., de sa construction à la
révolution ce bâtiment appartint à la
famille de La Tour, nommée en 1264.
Acheté comme bien national par un
avocat, il fut revendu à Hyacinthe Rambert. La tour semble avoir été le siège de
la chatellenie de Chautagne et possédait
encore il y a très peu d'années des dizaines de mètres cubes d'archives - rouleaux de parchemins -qui ont été déversées dans le marais ou brulées sans autre
forme de procès, ce qui est bien regrettable pour les historiens locaux. Les Services de la Démoustication s'y sont installés .
Très. défiguré, le Château Journet,
converti en grosse ferme indivise mériterait un meilleur sort.
Au croisement des routes RN 491 et
RN 514, le charmant petit château de
Chaudieu enclos dans ses murs, apparaît dès 1356. Le chef de la famille qui
l'occupe est alors Natermerio de Choudieu. Début XVIIe s. les Choudieu
s'éteignirent et leurs rentes revinrent
aux seigneurs de Châteaufort. Puis les
terres furent partagées entre les seigneurs de Mécoras et les Rubelin, bourgeois de Rumilly établis en Chautagne
depuis peu. Choudieu, ou Chaudieu,
appartint par la suite à François Mansoz, fermier du marquis d'Yenne, à son
allié le docteur Carret de Chambéry, et
enfin à la famille de l'aquarelliste lyonnais Drevet.
Enfin Champfleury, bien méconnaissable, est à l'extrémité sud de la commune, dominant le lac. Son seigneur est
au XVe s. Claude Robert. Dès 1511 on y
trouve les Terrier. Au début du XVIIe
s., Pierre Becchi, dit de Caramagne, fer349
CHINDRII!UX. • CafO-RestA~nnt de la Gare
L e hameau de la gare
mier des revenus de Mécoraz en 1607,
épouse en secondes noces Françoise
Cochet, la veuve de noble Antoine Terrier seigneur de Champfleury, et en
devient à son tour seigneur. A la révolution le domaine fut morcelé et vendu à
divers cultivateurs dont Claude Gruffat,
fermier d'Hautecombe et son frère.
A Viuz, le hameau qui jouxte Ruffieux, une charmante demeure, le pavillon, ne manque pas d'intérêt.
La maison des Apôtres
du monastère de Nantua. Il était habité
par deux moines bénédictins, le prieur et
le sacristain, et avait sous son patronage
trois églises : Chindrieux , Ruffieux et
Serrières. La première visite pastorale
connue date du 7 juin 1411 :l'évêque de
Genève Jean de Bertrand constate que
l'église est d'une extrême pauvreté. En
1414 la paroisse compte 80 feux mais
elle n'en a plus que 60 en 1444. Cette
même année l'évêque ordonne dans
l'église plusieurs clercs appartenant à
des familles de Chautagne, dont certai-
Enigmatique, à l'orée du village de la
gare, cette maison présente une frise de
statues des 12 apôtres. Elle aurait été
édifiée au XIXe s. à la suite d'un voeu
de son propriétaire.
Le prieuré et l'évolution de la paroisse
Dès 1145 on connaît par une bulle du
Pape Eugène III l'existence à Chindrieux d'un prieuré clunisien placé sous
le vocable de Saint Laurent, dépendant
350
Détail de la ferme des Ap6tres
-
nes accèderont plus tard à la noblesse :
Guigues Rossi, Amédée Bartholomé,
Pierre et Henri de Choudieu. La meilJeure façon pour une famille au XVe s.
d'améliorer sa situation était souvent
d'avoir un prêtre parmi ses membres,
prêtre qui serait en rapport avec les châteaux, comme leurs frères, devenus
notaires, parviendraient à devenir officiers des châteaux et obtenir quelquefois
des contrats d'arrière fief. En 1481 la
paroisse compte 70 feux et le prieur,
Louis du Clos, fait élever dans l'église
de Chindrieux une chapelle consacrée à
Saint André, qui sera encore annexée au
fief de la sacristie en 1516. A cette date,
l'église possède également une chapelle
de construction récente dédiée à Saint
Sébastien, appartenant aux seigneurs de
Chautagne, et une autre, sous le vocable
de Saint Antoine et Saint Blaise, qui a
pour patrons des parents du recteur,
Robert Terrier de Champfleury et
Ludovicus et Petrimandus Joguoz. La
quatrième, consacrée à Saint Côme et
Saint Damien, saints très en vogue au
début du XVIe s. car ils étaient les
patrons des Médicis, et que le Pape
Léon X appartenait à cette famille, est
aux frères Alexandre et Jean du Clos.
Dès 1581 cette chapelle avait cessé
d'exister, remplacée par celle de Saint
Maurice appartenant aux seigneurs de
Saint Maurice, les du Four de Valérieu,
successeurs des du Clos.
Le 23 novembre 1605 le futur Saint
François de Sales visite le prieuré rural
de Nostre Dame et Saint Laurent, toujours dépendant de Nantua, le couvert
du prieuré et le plancher des chambres
demandent des réparations, ainsi que le
couvert de la nef, ses murs et ceux du
clocher. Il y a 4 chapelles intérieures :
Saint André, unie au maitre autel, Saint
Maurice, Saint Antoine, et Saint Sébastien, de la présentation du marquis
d'Aix, c'est-à-dire des Seyssel. On
admet 5 personnes à la tonsure et 7 aux
ordres mineurs. En 1607, par contre, la
visite porte surtout sur la conduite scan-
daleuse des moines : le prieur est accusé
d'entretenir chez lui une chambrière et
de "vaquer plus à la chasse qu'au service divin", d'avoir chez lui des chiens,
des oiseaux, de fort rarement célébrer la
messe et de ne pas faire les aumônes
qu'il devrait. Quant au sacristain, il ne
célèbre aucune messe mais aurait des
enfants naturels et débaucherait les filles
de la paroisse ...
Les désordres se poursuivent à un
plus haut niveau, et, en 1630, le prieuré
est cédé, dans des conditions irrégulières
aux Bénédictins de Talloires. Talloires,
dépendant de l'abbaye de Savigny, était
1'un des monastères où les moines
étaient le plus corrompus. Saint François de Sales voulut tenter sa réforme
avec le consentement du duc de Savoie
et de l'abbé de Savigny. Les religieux
réformés de Talloires furent alors soustraits à Savigny et autorisés à former
une nouvelle congrégation : les "bénédictins allobroges de 1'Observance"
(Bref du pape Urbain VIII en 1624), à
condition de réunir 5 communautés en
Savoie. Or Chindrieux, dont le prieur
commendataire était désigné par la
Cour de Savoie, était 1'un des plus
riches prieurés bénédictins de la région.
L'abbé Louis de Gerbaix prenait l'habit
bénédictin à Talloires. En 1650, la
régente Christine de France fit nommer
comme prieur commendataire le célèbre
François Bertrand de La Pérouse, docteur en Sorbonne, Doyen de la Sainte
chapelle de Chambéry, l'un des plus éloquents prédicateurs de son siècle.
Les visites pastorales de 1666 et 1679
sont interessantes : elles signalent 1'existence des trois chapelles précédentes,
Saint Sébastien, Saint Antoine et Saint
André, et d'une quatrième consacrée à
Sainte Anne, créée par les seigneurs de
la Tour. L'évêque adresse une injonction au curé pour qu'il fasse régulièrement le cathéchisme aux enfants, mais
aussi, conformément aux instructions
synodales de Madame Royale (Jeanne
Baptiste de Savoie Nemours, alors
351
-,.-régente) d'avoir à tenir de "petites écoles" .
Tandis que Nantua et Talloires se disputaient le prieuré, les moines, souvent
très jeunes, recommençaient à donner
de déplorables exemples, et la rivalité
était grande entre eux et le curé. Les
archives paroissiales sont remplies de
doléances et de plaintes. Dès 1732 le
curé Jaquemard rédigea un journal
"manoeuvres des moines de Chindrieu,
moi présent, dès mon arrivée dans ladite
paroisse", mais il est amusant de remarquer que ces gens qui semblaient se
détester, passaient leur temps à souper
ensemble. L'attitude du Conseil syndical de Chindrieux dans ces querelles
était variable, ce qui ne simplifiait pas
les rapports.
La visite pastorale de 1767 indique
160 feux dans la paroisse, soit 900 habitants (5,65 personnes par feu) , dont 600
communiants. Les moines sont partis ,
les 4 chapelles existent toujours .
Peu après interviendront les édits
relatifs aux affranchissements. Celui de
1762 prescrit le rachat des servitudes
personnelles (taillabilité et corvées) et
celui de 1771 le rachat des servitudes
réelles. De 1773 à 1792 la paroisse se
libère donc des droits seigneuriaux : elle
versera 59 026 livres au prieuré, à Rambert seigneur de Chatillon, l'abbaye
d'Hautecombe, l'abbaye de Talloires, la
Cathédrale de Chambéry et cinq autres
seigneurs laïcs dont les Dufour de Valérieux.
A l'entrée de l'armée française en
Savoie, les principes révolutionnaires
triomphent à Chindrieux, une municipalité provisoire s'établit, qui demande
l'autorisation de saisir les revenus du
prieuré pour faire face aux obligations
du prieur, qui dut émigrer par la suite.
Le curé, Blaise Clerc, refuse le serment,
mais, trop âgé pour émigrer, sera emprisonné à Chambéry, et les biens confisqués par la Nation. L' ancien fief de la
sacristie, une maison et 10 journaux de
terre, furent vendus 9000 livres au capi352
taine d'artillerie Pierre Marc Fortis, et
passèrent ensuite à son frère Amédée
Fortis. Le 27 thermidor an IV, le prieuré
et son domaine furent achetés par un
agent d'affaires de Rumilly, Jean Louis
Pelletaz pour 27 000 francs et revendus
à des cultivateurs.
L 'arbre de la Liberté
C'est en 1793 que se situe l'anecdote
suivante : les habitants de Chindrieux
ayant érigé un ' 'arbre de la Liberté'', les
patriotes, non latinistes, contraignirent
le curé à en faire la bénédiction solennelle. Il aspergea donc l'arbre d'eau
bénite en récitant la formule consacrée
par le rituel pour la bénédiction de
l'encens ... " ab illo benedicaris in cujus
honore cremaberis" c'est à dire : "soit
béni par celui en l' honneur de qui tu vas
brûler" . ..
Les bâtiments du prieuré et
de l'ancienne église
Le prieuré ancien, qui servit longtemps de presbytère, déj à en mauvais
état, fut incendié en octobre 1872. On
lui adjoignit deux tourelles en 1874. Il
est situé à gauche de l'ancienne église,
dont une partie a été transformée en
remise de la pompe à incendie.
Ce bâtiment, d'origine gothique, subsiste en effet partiellement. Son clocher
fut a battu en 1794, et le curé missionnaire Viviant la trouva en piteux état
lorsqu' ilia réconcilia en 1797. Les murs
et les voûtes étaient à peu près en état, à
part le mur de la grande porte et la partie attenante à la voûte "qui souffre de
ce que le clocher attigu du mur de la
grande porte, à laquelle il sert de pavillon" (comme on le voit encore à
Motz)", soit de chapiteau, en partie
abattu, est absolument découvert". En
1805 le maitre autel est dans un état
décent, comme celui du Rosaire, mais
les deux autels des chapelles particuliè-
L 'ancienne église
res sont abandonnés . En 1819 la visite
de l'ingénieur Trivelli, envoyé par
l' Intendant général de Savoie, sera suivie de la démolition de la voûte, qui va
accélérer Je délabrement de l'édifice . Il
fallut donc le réparer en 1825, mais en
suivant un plan défectueux, et en conservant le choeur. Les murs bien trop
minces de la nouvelle nef étaient déjà
lézardés en 1833.
En 1874, Je Conseil de la fabrique de
Chindrieux, "vivement sollicité" céda à
la commune les trois nefs de la vieille
église pour y établir la remise des pompes à incendie, tout en se réservant le
choeur et la sacristie pour les transformer en chapelle mortuaire.
Elle mesure 43 rn de long, 19 rn de
large, 16 rn de hauteur sous clé de
voûte , et la flèche du clocher s'élève à
48 m. Le choix de son emplacement fut
comme bien souvent l'objet d 'une vive
opposition entre Nordistes et Sudistes.
Au vote, la décision finale de l'implantation au sud du presbytère l'emporta.
La nouvelle église
En effet, depuis 1866, Chindrieux
possédait une église neuve, fort grande,
de ce style gothique cher au XIXe s.,
due à l'architecte Duvernay, de Chambéry, après un premier projet Pellegrini.
Plan de la nouvelle église
353
Ouverte au culte en 1869, elle fut consacrée le 1er avril 1875 par Mgr Pierre
Athanase Pichenot archevêque de
Chambéry. Elle avait coûté, avec le terrain Goddard 136 000 francs.
La même année, le maire, Alfred Bellile, fit faire quelques travaux à l'ancien
édifice : on établit des murs de clôture
entre les 6 colonnes de la grande nef de
1825, un mur de clôture entre le choeur
et la nef, un mur de façade pour remplacer celui du clocher, et 1000 tuiles furent
posées sur le toit.
Une épidémie spécifique en 1753
La plus grave épidémie de Chautagne
est celle qui frappa Chindrieux dans les
six premiers mois de 1753, connue grâce
à la chronique paroissiale du curé
Jaquemard. Les causes? l'hygiène
déplorable, la misère de la population
dûe en partie aux sévices de l'occupation espagnole, et aux impôts écrasants
levés sur l'ordre de l'Infant don Philippe qui gouvernait la Savoie pour le
roi d'Espagne, ainsi que des inondations successives, facteurs de miasmes.
Les symptômes ? Des envies de vomir,
des maux de tête, des points de côté, et
des douleurs dans tout le corps succédant "aux douleurs des jambes, des
cuisses et des bras, avec une altération
extraordinaire et continuelle, outre une
espèce de constipation''.
Toujours est-il qu'elle frappa mortellement la classe d'âge des 20-40 ans. Le
Conseil de Santé de Chambéry fit
autopsier 4 cadavres en avril, au cimetière, en présence de "presque tous les
paroissiens assemblés avec plusieurs
étrangers" ; drôle de prophylaxie .. . En
six mois l'épidémie causa 102 décès à
Chindrieux sur les 1200 habitants. La
communauté se tourna vers Saint Sébastien, patron d'un e chapelle de
1'ancienne église, saint thérapeute des
cas de peste.
354
Le marais de Chautagne et son
influence sur la vie économique
de la commune
Dans la zone de Chindrieux prédomine le marais tourbeux. "Cet immense
espace semi aquatique, réputé incultivable" (J .P. Bravard) était cependant
d'une part l'auxiliaire de la viticulture
(engrais vert) et le support principal de
l'élevage du gros bétail, fournissant du
foin de coupe, la litière et des pâturages.
Les habitants en eurent une connaissance très affinée et 1'utilisèrent à fond
jusqu'au début du XXe s. un texte de
1832 en faisait une description avec
analyse sommaire de la tourbe. Le problème de l'exploitation du marais a été
relié à celui des endiguements du
Rhône.
Au XVIIIe s., l'essentiel de la surface
des prés marais était indivis entre les
communiers de Chindrieux, Ruffieux et
Vions : de 1er mai au 1er août, ces trois
mois de chaleur et d'inondation qui
assuraient la croissance de la blache et
du foin de cheval, le marais était fermé ;
le premier jour de la fauche était
annoncé au son des cloches ; les contestations étaient fréquentes. Après l'enlèvement de la récolte, au bout d'un quinzaine de jours, on posait des plateaux de
sapin en travers des fossés pour permettre au bétail de gagner son pâturage,
vaine pâture qui durait toute la mauvaise saison jusqu'au printemps (J.P.
Bravard). Le marais accueillait des
bovins, mulets et chevaux, dans des
conditions déplorables : le gros bétail
s'enfonçait dans les endroits fangeux,
jusqu'à en périr, foulait l'herbe naissante, diminuant les 3/ 4 de la production. Chindrieux dut attendre 1860 pour
obtenir que la date de clôture du marais
soit avancée au 1er avril, avant le
démarrage de la végétation à protéger.
La révolution accéléra le mouvement de
partage des marais : en 1824 la commune divisa ses 1100 journaux en deux
parties : 600 journaux répartis entre 243
familles de la commune (2,47 j de
moyenne), contre le paiement d'une
taxe de jouissance minime, et 500 journaux acensés aux "faisant feu", et à
défaut à des forains, par baux de 9 ans,
contre une taxe annuelle.
Le marais, qui concerne également les
communes de Vions, Ruffieux et Serrières, présente toujours un intérêt botanique certain (peupliers, chênes, saules,
aulnes, phragmites, typhas) et ornithologique, car, outre sa population de
courlis, il sert de lieu de nidification,
d 'aire de repos et de passage à de nombreuses espèces d'oiseaux.
A partir de 1878 l'utilisation du
marais reçut un coup très dur, pour une
triple cause : la crise viticole des année$·
1880, avec le phylloxera, réduisit jes
besoins en engrais vert. L'exode rl)ral
diminua le nombre des faucheurs, fait
aggravé par les morts de la guerre de
1914-18. Le prix du marais subit une
baisse, ce qui facilita son acquisition \par
l'administration des Domaines, et Pi!rmit d'envisager leur boisement, lancé en
1936 par le service de restauration des
terrains de montagne (SRTM), ce fut le
début de la peupleraie de Chautagne.
La peupleraie de Chautagne
Le succès d'une plantation forestière
installée à Serrières, bien que le terrain
n'ait rien de comparable avec celui de la
tourbière, incita à étendre l'expérience
entre 1936 et 1940, tentative d'autant
plus remarquable que c'était la première
fois en France que l' on créait une plantation de peupliers - peupliers noirs de
Caroline ou peupliers Suisses - sur des
terres humides, après un assainissement
par drainage. En 1940 on atteignait 870
hectares, mais les difficultés rencontrées, mauvais terrain, incendies, maladies, ont provoqué "la recherche cons·tante de solutions de gestion optimale"
(Bravard) et de techniques expérimentales. En 1966 la gestion de la peupleraie
fut retirée au SRTM et confiée au service des Eaux et Forêts, les arbres sont
Plaotation de peupliers en décembre 1938 (Photothèque SRTM-ONF).
355
abattus quand ils atteignent 27 ans, ce
qui correspond à une rotation de 30 ans,
en considérant la période de vente des
bois sur pieds et la replantation.
De l'Annexion à nos jours
Avant l'annexion, en 1833, on sait
que Chindrieux, si ses céréales restaient
souvent insuffisantes pour sa consommation locale, produisait du maïs, du
chanvre, et un vin rouge très estimé. A
la Saint Mathieu, la foire du 21 septembre commercialisait gros et menu bétail,
des "poules d'Inde" et du chanvre.
Durant 6 mois de l'année, les ouvriers
fabriquaient des briques vendues à Aix
les Bains. Les terres plastiques de la
région servaient en effet à fabriquer des
tuiles plates à crochet (comme à Chanaz), du reste, en 1875, 1/5 des habitations étaient couvertes en tuiles .
Après l'Annexion, la période 18611875 a correspondu dans la commune
avec un fort déclin démographique, les
habitants se sont détournés des voûtes
supérieures de la montagne du Sapenay
et du Clergeon, les laissant presque à
l'abandon (Jean David). Si en 1822 la
commune possédait encore deux
hameaux occupés par une centaine de
personnes au delà de 800 mètres d'altitude, en 1980 ce n'étaient plus que ruines et granges désaffectées . Les prés
sont parfois fauchés par des agriculteurs
venus de l'Albanais, mais la population
n'y remonte que pour célébrer des fêtes
dominicales en juillet-août.
Chindrieux, qui offre un bon éventail
de services et de commerces, conserve
un caractère rural grâce à son vignoble
bien exposé, produisant un cru réputé,
le Gamay de Chautagne et propose de
bonnes possibilités touristiques et gastronomiques. La baie de Châtillon et
son petit port de plaisance bien aménagé
étale 500 mètres de plage de galets, on y
organise des régates en saison d'été. Les
vacanciers attirés par le lac, la pêche
(truites, perches etc ... ) et la chasse (lièvres, chevreuils, sangliers, faisans,
canards) sur 980 hectares de territoire de
chasse, atteignent 100 personnes en
hiver et 2200 en été. Mais, tout en
Vue générale
356
Peupliers dans les anciens marais communaux en 1949 (Photothèque SRTM-ONF).
s'ouvrant au tourisme, la commune
s'efforce de sauver son agriculture
(24,30Jo de ses actifs en 1975) par l'élevage et la viticulture. Elle arrivait à conserver 68,1% de ses actifs sur place, tandis que 20,3% d'entre eux étaient sujets
à migrations alternantes, allant chercher
du travail ailleurs. L'appropriation
extérieure des terres -résidences
secondaires- atteignait 29% de sa superficie, en 1966, avec 103 résidences
secondaires. Elle en comptera 161 en
1975 pour 292 résidences principales. La
commune avait perdu 7% de ses habitants entre les recensements de 1954
(767 hbts) et 1962 (733), mais depuis
cette date la tendance s'est largement
inversée. De 800-805 hbts elle a fait un
bond en avant en 1982 avec 951 hbts,
qui correspond probablement à la
recherche d' un nouveau mode d'existence, incitant à quitter la périphérie
immédiate des grosses agglomérations
pour des raisons de qualité de la vie,
autant qu 'en fonction de la cherté des
terrains.
Bien que n'étant pas le chef lieu du
canton, merveilleusement bien située,
Chindrieux en occupe le 1er rang pour
la démographie, la superficie, et le
second pour le potentiel fiscal total.
357
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