Conférence introductive
L’avenir des ores microbiennes d’intérêt pour les procédés
alimentaires et la santé
M. Thomas (UMR Micalis, Jouy en Josas) et L. Beney (UMR PAM, Agro-
sup Dijon – Université de Bourgogne, Dijon)
Depuis des millénaires, nous mettons à prot les propriétés des bactéries pour améliorer la
conservation, le goût, l’aspect, la texture des aliments après fermentation. L’utilisation des bactéries,
très ancrée dans nos procédés alimentaires, subit une évolution permanente qui est marquée par la
disparition progressive de l’empirisme au prot de pratiques rationnelles tirées du développement
des connaissances scientiques. La richesse du programme de la journée démontre le dynamisme
dans le domaine des « ores microbiennes d’intérêt » tant sur le plan des nouvelles connaissances
que sur le plan de leurs répercussions économiques et sociétales. Nous espérons que ce colloque
sera particulièrement favorable à l’innovation, à la créativité et à l’émergence de nombreux projets.
Son format y est en tout cas propice puisqu’il réunit des chercheurs académiques et des industriels
du domaine. Nos unités respectives, Micalis et l’UMR PAM ainsi que l’Unité URTAL sont fortement
mobilisées pour cet évènement et nombre de leurs chercheurs vous montreront le grand potentiel
technique et scientique qu’elles abritent.
La première des thématiques abordées aujourd’hui concerne l’étude de la biodiversité et
l’identication de nouvelles souches d’intérêt. En eet, l’immense diversité du monde microbien se
révèle à travers l’étude des méta-génomes des aliments fermentés, de notre tractus digestif et de
notre environnement. Dans leur totalité les microorganismes constituent une richesse biologique
et génétique immense et sont le siège de millions d’activités biochimiques pour la plupart
inconnues. Il ne fait aucun doute que certains d’entre eux contribueront un jour à la préservation
de notre santé ou de notre environnement. Pour cela quelques challenges sont à relever, au-delà
de la signature génétique, il s’agit par exemple d’isoler et cultiver ces microorganismes pour en
étudier leurs activités.
Les trois sessions suivantes sont consacrées aux fonctions des ores d’intérêt. Les enjeux principaux
sont d’identier puis de préserver les fonctionnalités des souches et cela tout au long de la chaine qui
s’étend du fermenteur, dans lequel sont produits les microorganismes, jusqu’à l’aliment et le tractus
digestif. Toutes ces investigations sont essentielles à l’utilisation rationnelle des microorganismes
et au développement de procédés industriels adaptés.
Enn les derniers exposés concerneront les modes d’action des micro-organismes à la fois dans
le produit mais aussi sur la santé humaine. Les bactéries utilisées dans les procédés alimentaires
sont souvent associées à des valeurs « santé » ce qui confère une plus-value à un produit et
représente un potentiel d’innovation impliquant des acteurs académiques et privés; cependant les
preuves scientiques sur l’eet bénéque de leur consommation restent insusantes. Les seules
bactéries alimentaires bénéciant d’une allégation « santé » approuvée par l’EFSA (« European
Food Safety Autority ») sont les bactéries lactiques du yaourt, dont la consommation aide à une
meilleure digestion du lactose. Ce cas d’école, qui reste isolé, montre qu’il y a une grande marge
de progression pour prouver des eets santé de bactéries alimentaires. Dans un contexte, où de
nombreuses études décrivent l’impact des bactéries intestinales commensales ou alimentaires sur
la physiologie et la santé ; les argumentaires des allégations santé devraient pouvoir être étayés
an de concilier les exigences réglementaires, les attentes et la protection des consommateurs.
Nous remercions le comité d’organisation de ce premier colloque consacré à la « ore microbienne
d’intérêt » ainsi que le pôle Vitagora et le Gis Agrale pour leur implication déterminante. Nous vous
souhaitons un colloque riche d’échanges et de projets.