La robe de ma mère

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DOSSIER DE PRESSE
La robe de ma mère: souvenirs de toi | Éric Moreault | Théâtre
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Publié le 03 novembre 2010 à 05h00 | Mis à jour à 05h00
La robe de ma mère: souvenirs de toi
Éric Moreault
Le Soleil
Emportés par leurs réminiscences, les jeux et les rituels, Gaston et Émile
(Simon Boulerice et Maxime Desjardins) retombent en enfance.
Le Soleil, Patrice Laroche
(Québec) Nombreuses sont les
oeuvres qui ont évoqué la place
centrale et l'importance capitale de
la mère dans l'enfance. La robe de
ma mère, de Serge Marois, s'inscrit
dans ce courant qui porte un regard
tendre et nostalgique sur la période
de l'innocence. La pièce présentée
aux Gros Becs s'attarde aux
souvenirs croisés de deux hommes
qui, l'espace d'un moment,
redeviennent de petits garçons
planqués sous les jupes de leur
mère.
C'est l'été à la plage, avec ses
parasols aux couleurs vives et son
bois de grève. Il fait beau, il fait
chaud. Deux hommes (Simon
Boulerice et Maxime Desjardins, très bons) s'y retrouvent dans l'attente d'une femme. Ils l'évoquent par
l'entremise de dialogues très courts, qui se répondent et se complètent. Ces mots qui se lient nous amènent peu
à peu à comprendre qu'ils partagent une connivence toute fraternelle.
Emportés par leurs réminiscences, les jeux et les rituels, Gaston et Émile retombent en enfance et retrouvent les
plaisirs simples d'une bataille de nourriture - toujours un succès auprès des tout-petits, qui ont bien rigolé, hier
matin.
La mise en scène de Sylviane Fortuny nous les présente comme deux clowns qui abandonnent petit à petit leur
pudeur pour déclamer, de façon naïve et touchante, leur amour pour leur mère. Celle-ci est incarnée, de façon
symbolique, par les morceaux qu'interprète la mezzo-soprano Claudine Ledoux en s'accompagnant au piano. La
musique est omniprésente.
La metteure en scène propose une succession de tableaux colorés et vivants qui déploient des trésors
.
5 juin 2009
2009-05-15
Radio-Canada 95, 1 C’est bien meilleur le matin
Vers 6h45
Animateur : Franco Nuovo
Chroniqueure culturelle : Catherine Perrin
CP: Ça fait longtemps que je suis allée faire un tour à la Maison Théâtre, j’avais envie d’y remettre les pieds,
c’est toujours un espèce de petit bain de bulles parce que quand vous entendez une salle... - hier matin c’était
frappant, c’était full 5 ans - , près de 300 paires de petites mains de 5 ans qui applaudissent... ça fait un beau
petit son, unique et impossible à reproduire.
Cela dit, c’était un test très important pour la pièce qui nous était présentée parce que c’est l’âge limite inférieur
pour cette production-là et je vous dirais que la pièce a passé le test, mais un petit peu de justesse. Donc,
première recommandation: y aller peut-ëtre avec des enfants un tout petit peu plus vieux, à partir 7 ans j’ai
l’impression, jusque vers 10-11 ans, j’ai l’impression que cette pièce-là devrait éveiller la curiosité... Hier donc,
avec cette salle-là, ils ont tenu le coup, ils étaient là, mais par moment, il y a des choses qui ne semblaient pas
opérer sur eux.
Ça s’intitule La Robe de ma mère, c’est une production de l’Arrière Scène, une compagnie qui existe depuis
plus de 30 ans, qui a son port d’attache à Beloeil, une pièce de l’auteur Serge Marois qui est un des fondateurs
de cette compagnie-là. Cette fois-ci, La Robe de ma mère, il est question de la figure maternelle, de l’enfance,
et de l’enfance qui reste en nous. On est sur une plage... on voit entrer sur scène une femme qui court d’une
manière très stylisée, c’est assez rigolo, les enfants éclatent de rire, tous en même temps, on est dans une
espèce de pantomime. Et là on en entend un (un enfant) qui fait shhhuuut!, et un autre qui dit “on a le droit
de rire”. Et là, il y a deux hommes qui arrivent... à l’autre bout de la plage, et ces deux hommes-là, on a
l’impression que ce sont des inconnus, qu’ils ne se connaissent pas, et en même temps, on se dit : c’est fou ce
qu’ils se ressemblent... et ils commencent à parler... et tout le texte est dit d’une manière... on est pas loin de
Ionesco: “perdu l’habitude”... “pas d’ici”, retrouver une femme”. Ils se parlent comme ça par verbes à l’infinitif,
d’une manière très fleurie...
Animateur: Et les enfants comment est-ce qu’ils réagissent ?
Ça n’a pas l’air à les déranger pas une seconde. Ce n’est pas ça va les déranger. C’est que cette femme
qui est à l’autre bout de la plage - en fait c’est Claudine Ledoux, une chanteuse qui une voix de mezzo
soprano extraordinaire - va s’exprimer et exprimer tout de sorte de climats liés à la présence maternelle parce
que c’est la figure maternelle que ces deux hommes-là recherchent et on va comprendre peu à peu que ce
sont des frères, des frères jumeaux... Et cette chanteuse évoque la figure maternelle, mais tout ça est d’une
subtilité, d’une quasi abstraction. On est dans un monde poétique et comme je vous dis, c’est assez étonnant,
les enfants suivent ça... je l’ai toujours remarqué à la Maison Théâtre, on peut leur proposer des concepts
théâtraux assez éclatés et on a l’impression qu’eux embarquent là-dedans sans se poser de questions, sans
remettre en question la façon dont l’histoire leur est raconté.
La chose qui les a fait décrocher, c’est la voix et je me disais ok... à 5 ans, on a jamais entendu ça une voix de
chanteuse d’opéra. Ou bien ils éclataient de rire, ou bien, quand elle se mettait à chanter du Puccini a cappella,
mais très bien, elle est très bonne, les enfants se mettaient placoter, ils ne comprenaient pas exactement ce
qui se passait.
Animateur: Ils pensent que c’est une caricature l’opéra...
Cela dit, c’est une histoire qui est racontée de manière très audacieuse mais qui est une jolie histoire de deux
frères dont on va voir se renouer le lien et qu’on va voir se rappeler les souvenirs de leur petite enfance et
carrément revivre des plaisirs de leur petite enfance : le plaisir d’être sur une plage, le plaisir de manger des
spaghettis, le plaisir du jeu, le plaisir de prendre deux planches, deux freezbees pour faire des phares en avant
et s’imaginer qu’on est dans une voiture et qu’on part à l’aventure. Et tout cela est vraiment finement mis en
scène par une metteure en scène française qui s’appelle Sylviane Fortuny, dans une ambiance d’une très très
grande douceur.
Alors un spectacle qui vraiment, dans ce sens-là, est parfaitement réussi, mais qui s’adresse peut-être à public
un tout petit peu plus vieux.
Je tiens quand même à dire que les deux comédiens qui font les deux frères - j’ai parlé de la mezzo soprano
Claudine.., c’est Denis Lavalou et Marcel Pomerlo, des hommes de théâtre vraiment accomplis. Ça nous
prouve une chose, c’est qu’au Québec en ce moment, le théâtre jeunesse n’est plus considéré comme un
genre inférieur à faire si on n’a pas assez de talent pour faire l’autre théâtre. Les comédiens de plus en plus
circulent d’un univers à l’autre, du théâtre jeunesse au public adulte... ils font des aller-retour en raison des
propositions théâtrales qui en valent la peine, des metteurs en scène qui proposent des défis à ces comédienslà et ça c’est vraiment admirable.
Justement hier on lançait la saison 2009-2010 de la Maison théâtre, vous pouvez également aller voir sur le site internet,
il y a des abonnements familiaux en plus de toutes ces représentations jeune public.
par David Lefebvre
En attendant maman
Simplicité et tendresse, voici les mots que nous retenons à la sortie de la Maison Théâtre, après la nouvelle
pièce de Serge Marois, La robe de ma mère. Deux hommes se rencontrent sur une plage, près de la mer.
Plusieurs parasols sont déjà en place, fermés, mais prêts à protéger du soleil les visiteurs et vacanciers. Les
deux inconnus attendent quelqu’un, puis échangent quelques mots, et s’aperçoivent qu’ils ont beaucoup de
choses en commun. Une connivence s’installe. Coïncidence ou jeu innocent de deux frères?
Portés et bercés par la voix fabuleuse de la mezzo-soprano Claudine Leroux, qui impressionne autant par
sa technique de chant que par son registre, Gaston (Denis Lavalou) et Émile (Marcel Pomerlo) conversent
par de courtes phrases économes, hachurées, des bouts de conversation qui, si nous sommes attentifs,
racontent l’histoire d’une jeune fille devenue femme puis mère. Les deux hommes jouent, mangent,
transforment la plage en un terrain de jeu et une scène où les souvenirs jaillissent et revivent pour quelques
instants. Bien entendu, nous comprenons rapidement le lien indéfectible entre eux deux, puisqu’avec la
notion de mère, vient celui de l’enfant. Ou plutôt des enfants. Jumeaux, Émile se sent «second», délaissé,
assuré que l’autre est le préféré, le meilleur. Mais Gaston lui fait comprendre le contraire, qu’ils s’aiment et
qu’ils s’acceptent tels qu’ils sont. Comme deux frères.
Pièce dépouillée, simple, La robe de ma mère nous accroche par la sensibilité de ses thèmes : liens
maternel et fraternel et part d’enfance qui nous habite toujours. La scène reproduit une plage, au sol couleur
de sable. Un grand écran éclairé d’un bleu azur donne l’impression d’un horizon de jour d’été. Une chaise
longue, des accessoires (petits bancs, ballons, rouleau de polythène bleu pour imiter l’eau) et un piano
viennent compléter le tableau.
La musique prend une place importante dans le récit mis en scène par Sylviane Fortuny. Autant la voix
enchanteresse de Claudine Leroux peut nous séduire, autant le choix de certaines musiques pourrait faire
décrocher certains enfants, moins sensibles au genre musical plus classique. Alors que des succès comme
Les chemins d’été de Steve Fiset, lors d’une scène où les personnages se remémorent les balades en
voiture, ou le hit de Janis Joplin, Me and Bobby McGee, lorsque les deux frères parlent des histoires d’amour
passées de leur mère, viennent égayer l’histoire, d’autres moments, légers, comme un repas au spaghetti,
sont étonnamment soutenus par des thèmes plus graves, empruntant parfois quelques notes à l’opéra.
Très joli hymne aux mamans, La robe de ma mère est une pièce lumineuse, ludique, teintée d’humour et
d’amour, toute en finesse et élégance.
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