Universität Würzburg Dr. Martine Guille Examenskurs Sprachgeschichte Französisch Übung Substrats et superstrats Substrat : définition : « [lat. sub- « unter » ; stratum « Schicht »]. Im Rahmen von Sprachkontakt bzw. –mischung, sowohl die bodenständige (ursprüngliche) Sprache eines unterlegenen Volkes, die von der Sprache der Eroberer überlagert wird, als auch ihr Einfluss auf die dominierende Sprache der Eroberer ; vgl. die keltischen Relikte in roman. Sprachen […] » Bußmann. (1983) Les substrats en Gaule: Ligures ; Ibères (Aquitains); Grecs; Celtes Ligures: Leur origine assez mal connue ; lors de la conquête romaine ils habitaient les régions alpestres de la Haute Italie et la région de la vallée du Rhône en Gaule depuis environ 500 av. J.-C. (peut-être depuis plus longtemps). En ce qui concerne leur langue là encore incertitude, peut-être indoeuropéenne, peut-être non. On considère comme ligures (même si ils ne le sont pas spécifiquement) les suffixes: -asko: Manosque (Alpes de Haute Provence), Cagnosc (Var), Vénasque (Vaucluse) ; -inko: (difficile à séparer du -ing germanique !): Gap (Hautes Alpes) -elo.: Cimiez (Quartier de Nice).1 Ibères: On sait également peu de choses d’eux, ils venaient peut-être d'Afrique2 et après s’être installés en Espagne ont passé les Pyrénées et ont occupé le le Languedoc actuel et une partie du sud-ouest. Ils ont ensuite été refoulés par les Gaulois et se cantonnent à l'Aquitaine (avec Bordeaux mais sans Toulouse) région importante pour les limites linguistiques de l'occitan, du gascon et du catalan. Est supposé ibère le type illi-berri (ville neuve) que l'on retrouve dans le nom de la ville de Collioure (Pyrénées orientales). Grecs: Déjà au 7e siècle av. J.-C. (donc avant l'arrivée des Celtes) ils étaient installé sur les côtes de la Méditerrannée. En 600 les Grecs phéniciens fondent Massilia (Marseille)3. Plusieurs noms de villes sur la côte méditerrannénne sont d’origine grecque : - Nice < Nikaia < Niké (la victoire), 1er siècle av. J.-C. - Antibes < Antipolis (la ville en face) 5e s. av.J.-C. - Agde (Hérault ) < Agathe (la bonne fortune) - Leucate (Aude) < Leukos (Blanc), - Ceyreste4< Citharista (joueur de cithare) Celtes Celtes d’Europe de l’ouest sont le résulat du mélange entre les émigrants indo-européens venus d'Europe centrale et des paysans des cités lacustres (Pfahlbauten) du Bodensee. Puis ils se sont déplacés vers le nord de la Gaule et là les dates différent selon les savants. Wartburg situe ce moment vers 700 av. J.-C. ; Tagliavini en 800 av. J.-C 5. De là ils sont descendus du Nord vers le Sud. 1 Wolf 42 Wolf 43 3 Tagliavini 86 4 Wolf 41 5 Tagliavini 98 2 Universität Würzburg Dr. Martine Guille Examenskurs Sprachgeschichte Französisch Übung Carte de Martinet, A.: Des steppes aux océans, L'Indo-européen et les "Indo-européens" Paris 1987, 39. La langue celte en Gaule est une branche du celte continental (Festlandkeltisch). Pourtant peu d’unité entre eux, selon Caesar: „Hi omnes lingua, institutis, legibus inter se differunt“.6 Peu de témoignages sur la langue: des noms, des monnaies, quelques textes épars, un calendrier (le calendrier de Coligny daté du 2e siècle). La romanisation : Les conditions de la romanisation. Les Romains étaient en nombre restreint: quelque 80 à 100 000 hommes sont face à quelques millions (entre 5 et 10)7 de Gaulois (Felixberger 2003, 595). Le sud a vu très tôt la création d’une province romaine (Provincia Narbonensis 118 av. J.-C.) ; la romanisation et la latinisation y ont été rapides et profondes (<culture citadine des villes grecques). Les provinces du nord conquises par César entre 58-51, connaissaient déjà quelques bribes de latin (latinité précoce prouvée dans l’Est) (Felixberger 2003, 595), grâce au commerce avec le sud. Mais là encore grande différence selon les villes et la campagne et selon les couches sociales. L’élite a été rapidement latinisée, le peuple plus lentement, les villes en premier, les villages en dernier. 6 Lodge 61 Là encore les chiffres divergent: Hermann parle de 15 à 20 millions de Gaulois au moment de la conquête (Hermann, 1990 :150). 7 Universität Würzburg Dr. Martine Guille Examenskurs Sprachgeschichte Französisch Übung Caractéristiques de la conquête en Gaule du nord: sa rapidité. Mode d'implantation du latin en Gaule. Scolarisation des élites, infrastructure routière permettant le commerce. -C'est la langue qui a été remplacée et non la population. Donc cas de bilinguisme ou diglossie plus ou moins longue et très différente selon les régions et les populations. - l'implantation a duré plusieurs siècles. Le gaulois était pratiqué au 3e siècle et encore courant au 4e. Les derniers documents en gaulois sont datés du 4e siècle (Felixberger, 2003 595). Sur la durée de la diglossie celte / latin il n’y a pas d’unanimité dans la recherche. Selon Vidos le celte meurt au 4e s. ap. J.-C. 8 Selon Tagliavini c'est au 5e s.9 Selon Walter c'est sans doute plus tard, peut-être jusqu'au 8e siécle. Certains chercheurs comme Hubschmied (cité par Felixberger 2003, p. 595) ont voulu voir une survivance jusqu’au prémoyen-âge, ce qui est rejeté par la plupart des chercheurs. Le breton a certainement vécu plus longtemps pour se mélanger avec le celte insulaire des émigrés des 5e et 6e siècles. Traces du substrat celte (traces différemment reconnues comme celtiques dans la recherche) : Phonétique: - Palatalisation de u > ü; du nexus -ct- > -it-; - Sonorisation des occlusives intervocaliques –p-, -t-, -k- Discussion dans la recherche : en ce qui concerne les reliquats consonantiques et en particulier la palatalisation du k dans le nexus ct, il y a un consensus général. Même reconnaissance pour la sonorisation des consonnes intervocaliques. Vigesimales Zahlsystem: quatre-vingts (là le consensus est beaucoup moins unanime: cela pourrait aussi provenir d’un superstrat normand !) Toponymes (après latinisation): Suffixation par ex.: -dunum > Lugdunum (Lyon), Virodunum (Verdun), Augustodunum (Autun) -acum > Montignac, Bellac, Cognac etc. Formation sur un substantif gaulois: par exemple le nom d’un arbre: if (Eibe) = eburo > Evreux. Embrun, Ivry bouleau (Birke) = betua/betullus > Belloy, Le Boulois, La Boulaye, Bouleuse. Pommier (Apfelbaum) = aballo (cf. Apfel, Apple) Avallon, Avalleur. Chêne (Eiche) < cassanos > le mot gaulois cassanos a donné plusieurs résultats selon la région : 1.Que- : Quesnoy, Le Quesne 2.Ca- : Cassagne, Cassagnoles, Lacassagne, Cassano (Heute Corse) 3. Cha-,Che-: Chassagne Chanoy, Chessenaz, Le Chesnaye10 Vocabulaire (environ 70 mots courants): - Dans le domaine du travail sur bois, de la brasserie ; tonneau (Faß), bonde (Spund)cervoise (Kräuterbier) brasser (brauen)… 8 Vidos 235 Tagliavini 99 10 Walter 1995, 42 9 Universität Würzburg Dr. Martine Guille - - Examenskurs Sprachgeschichte Französisch Übung Dans la vie de tous les jours (les femmes et les paysans ont été romanisées le plus tard): berceau (Wiege); boue (Schlamm), grève (Sand), lieue (Meile)… mots de la faune et de la flore: mouton, bouc, saumon, alouette, bouleau, bruyère, chêne, ("cassanus" chêne était l'arbre sacré des druides.)11 Le superstrat germanique. Superstrat: Définition: « [lat. stratum « Schicht »]. Im Rahmen von Sprachkontakt bzw. –mischung, sowohl die (untergehende) Sprache von Eroberern als auch ihr Einfluss auf die bodenständige (urspr.) Sprache, die die Sprache der Eroberer überlagert bzw. Verdrängt, vgl. den Einfluss germ. auf roman. Sprachen […] » Bußmann. (1983) Les tribus germaniques en Gaule : Les Wisigoths venus sans doute de l'île de Gotland, avaient pris Rome en 410 apr. J.-C. Pour les éloigner de Rome, l'empereur Honorius leur assigne le sud de la Gaule, de la Loire à la Durance. Après la bataille de Vouillé en 507 où ils sont battus par les Francs de Clovis, ils doivent se réfugier en Espagne et déplacent leur capitale de Toulouse à Toledo. Les Burgondes, originaires d'une île de la Baltique, Burgundarholm (Bornholm), ont été chassés en 443 de la région du Rhin moyen (Mittelrhein) par les Huns et installés par Aetius (chef du pouvoir Romain en Gaule) dans la région de la Savoie (< Sapaudia = sapinière). Puis ils ont bougé et finalement ont occupé un territoire correspondant en gros à la Bourgogne, la Franche-Comté, Rhône-Alpes. Les Francs, dont l’origine est peu claire, se partageaient entre plusieurs tribus. Les Francs saliens (salische Franken) ont envahi la Gaule. Les infiltrations germaniques avaient commencé dès les 2 et 3e s. apr. J.-C. mais les grandes invasions interviennent au 5e. siècle. Les Francs arrivent de Toxandrie12 et de la région de Cologne dans le nord de la Gaule. Clovis Franc Salien (premier de la dynastie de Mérovingiens) envahit le domaine gallo-roman en battant le général Romain Syagrius à la bataille de Soissons en 486 (c’est-à dire dix ans après la fin de l’Empire romain d’occident en 476). Il se convertit au christianisme en 496, ce qui lui rallie les évêques et la population gallo-romaine catholique, face aux Burgondes, païens et aux Wisigoths ariens. Il bat ces derniers à Vouillé (près de Poitiers) en 507, et réunit le royaume des Burgondes à celui des Francs en 534.13 Les francs dirigent le pays et jouissent d’un certain prestige, ce qui explique qu’ »au 9e siècle les neuf dixiémes des prénoms étaient francs ».14 Pourtant la langue du peuple reste la langue galloromane et la langue de l’administration, de l’église et de la justice reste le latin. Entre le 5e et le 9e siècle régne une situation de diglossie. La langue des classes dirigeantes franques est toujours le germanique (c‘est la langue maternelle de Charlemagne). Hugues Capet 11 Wolf 39 Wartburg 1951, 108 13 Perret 30. 14 Huchon 48 12 Universität Würzburg Dr. Martine Guille Examenskurs Sprachgeschichte Französisch Übung couronné en 987 et fondateur de la dynastie des Capétiens sera le premier roi à ne plus maîtriser la langue franque. Le terme Francia apparait en littérature au 3e siècle, mais a sans doute été crée dès le 2es. Ce n'est qu’après le 6e siècle qu'il sert à désigner la Gaule du nord.15 Chez les auteurs bas latins comme Ausone et Ammien Marcellin (4e siécle) la Francia était la région occupée par les Francs sur la Rive gauche de la Meuse, la Toxandrie où l'empereur Julien les avait installés en 358. Au 7e siécle le nom Francia, regnum Franciae se généralise pour désigner l'ensemble du royaume Mérovingien. On distingue la francia rhinensis, désignant les pays rhénans (Capitale: Metz) et la francia orientalis , qui correspond à la région du Main autour de Würzburg. Au 9e siècle la Germanie (domaine de Louis le germanique après le traité de Verdun en 843) est encore appelée Francia orientalis et seulement à partir de 1050, que le nom Germania va concurrencer Francia16. 1. Traces en français : 1 Phonétique : a) w > gw > gw < g (occurrence en 878) werra > gwerra fk. wardon > afr. guarder >garder fk waschen > fr. gâcher (verderben) want > gant waidanjan > gagner wahi > gai warjan (d. wehren) > guérir *wahton (d. wachen) > guetter *witan (d. den Weg zeigen= > guider. D. werwulf > loup-garou Waffel > gaufre *waigero (= viel= > guère [gw] s'est conservé partiellement en picard, wallon, et lorrain. Des formes analogiques ont été formées avec des mots d’origine latine: gâter < lt. vastare goupil < lv. vulpiculum gaine < vagina guivre < vispera guêpe < vespa (passage wespa > gwespa > guepe) La graphie actuelle gu- est une graphie diacritique pour indiquer le son [g] devant e, i: Ex: lt. gula > gueule La majorité des noms en g- gu- proviennent d'anciens emprunts germaniques. b) le h germanique: 1. devant une autre consonne: 15 16 Walter 1988, 52 Bouet 24 Universität Würzburg Dr. Martine Guille Examenskurs Sprachgeschichte Französisch Übung Première remarque: le h graphique servait à noter deux sons en germanique: [x] = (comme dans ach), fricative vélaire sourde [h] = consonne aspirée (Hauchlaut) devant l, n. r. =>deux évolutions en gallo-roman soit : - une autre articulation ( > k = occlusive écrit, <c> ou <ch> ex: *hlamika (Peronenname) > Clamecy ( Ortsname) - un autre lieu d'articulation: > avec les lêvres et les dents > f, ex: *hlo > flou (Schwach, weich) *hlank > flanc (Seite) hrok > froc 2. devant une voyelle: [tš] puis [š] ex: frk. *Hilperic ( h=x)> Chilperic (graphie ch latine) Deuxième phase de l'évolution: Chronologiquement plus tardive: [x] est devenu en germanique [h] deux possibilités en français: 1. h + l, n. r 1. > voyelle de soutien : hn > han; hr > her ex: *hring (Versammlung) > harangue (feierliche Rede) 2. tombe: hn > n. ex: ring > renc > rang (Reihe) 2. h devant voyelle: Perte de l'aspiration dès le début du 13e siécle, et au 16e dans la capitale et certaines provinces. Au 17e, hésitation: l'haut de chausse chez Molière ; dans la "bonne langue" l’aspiration persiste > fin du 18e. Aujourd'hui, encore partiellement conservé dans les provinces de l’est et du nord, il est conservé dans la graphie et empêche la liaison et l'élision: le h est devenu un signe diacritique, du h expiratif nous sommes passés à un h disjonctif ou phonème zéro. Les héros # les zéros Donc deux traitement du <h> aujourd'hui, provenant de deux origines différentes : le h latin graphie étymologique et le h germanique disjonctif. ex: la hache, la haie, le houx, le hibou etc Opposition phonologique: Je te hais # je t'ai Le hêtre # l'être La hauteur # l'auteur Le haut # l'eau Les Huns # les uns La hauteur # l’auteur La haine # l’aine Exceptions : Parfois certains mots même d'origine latine sont prononcés (aussi pour des raisons phonétiques) avec un h germanique ex. Hierarchie ( 1332) # hiératique ( 1868) Parfois croisement entre le latin et le germanique: Haut < altus + *hôh H sans aucun rôle étymologique dans certains noms comme signe diacritique : ex huile, huit flottement pour un certain nombre de mots: sans h: l'ouate ou la ouate, le onze, = le huit< analogie avec le 2, le 3 Universität Würzburg Dr. Martine Guille Examenskurs Sprachgeschichte Französisch Übung Aujourd'hui le h dit aspiré ( à tort) se constate dans les mots d'origine étrangère avec ou sans h ( les All-Blacks) , le hasard (< arabe), le haricot (< mexicain), le handicap (<anglais) Mais tendance du fr. populaire à ne plus faire de disjonction dans les noms plus connus : Le handicap (h disjonctif) # les handicaps (souvent avec liaison). L’accentuation : La forte accentuation germanique serait responsable de la chute des voyelles atones (à l’intérieur du mot (sairement > serment) et en finale: chute de toutes les voyelles atones finales en français sauf –a). Là encore forte réticence de la recherche ! 2. Morphosyntaxe: - Evolution du pronom impersonnel on < homo sur le modèle man - conservation d'un système casuel qui serait d'origine germanique et remplacement du système à trois positions du démonstratif latin par un système à deux positions. - position de l'adjectif épithète en français: Francheville # Villefranche - inversion du sujet en phrase principale (Subjektinversion im Hauptsatz) - Report du verbe en dernière position dans la subordonnée (Endstellungs des Verbs im Nebensatz) - Emploi généralisé du pronom personnel sujet Aujourd’hui il semble s’établir un consensus pour dire que ces éléments ne sont pas d’origine germaniques mais que le superstrat n’a fait que renforcer des tendances déjà existantes en galloroman (Felixberger 2003, 602). 3.Morphologie : Sufixes –ard ; -aud et afr. -enc. : Selon Felixberger, seul –enc est d’origine germanique, les autres sont devenus suffixes à la suite d’une évolution interne à la Romania. (Felixberger 2003, 602). En ce qui concerne les préfixes mes- et for- ils peuvent venir du germanique miss- et ver- mais pourraient aussi bien venir du latin minus ou foris. (Pas d’accord je pense que cela aurait donné « men « et non « mes ») Les calque linguistiques sont là encore soumis à caution : verre (Material + trinkgefäß) ; jouer ( karten + Instrument # esp.: jugar /tocar), il pourrait s’agir d’évolutions particulières au français, qui auraient elles-même influencé l’allemand ! (Felixberger 2003, 602). 4. Onomastique : a) Toponymes: En ce qui concerne les composés germaniques, comme dans les noms propres les toponymes sont marqués par l'ordre déterminant / déterminé (Francheville). On rencontre surtout dans le Sud mais aussi dans le nord l'ordre inverse qui vient du latin vulgaire et qui est marqué par le régime absolu (Châtelguyon; Mont-L'hery > Montlhéry), Clermont; Pommard (pom = Sumpf) mard = marche donc "marécageuse limite)17, Neuchâtel. b) Anthroponymes: Garnier (Werner), Albert, Gilbert, Gerard (lance+ puissant), Bernard (ours + puissant), Thibaud (peuple + audacieux) hardu +ragin- >Renard hardu + gairu > Girard 17 Walter 1995, 93 Universität Würzburg Dr. Martine Guille Examenskurs Sprachgeschichte Französisch Übung hardu +magin- > Ménard "Quinze siècles après les grandes invasions la France, dans ses noms de famille,a gardé un proportion de noms germaniques dix ou vingt fois plus grande que dans son vocabulaire."18 Selon les régions les mêmes noms peuvent évoluer différemment: ainsi pour le germanisme latinisé Wilhelmus: Willem au Nord, Vuillaume au nord-est; Guillaume en français, Guilhem en Occitanie.19 5. Lexique : Difficulté de déterminer s'il s'agit d'un emprunt germanique commun ou spécialement francique. Il y a un grand nombre de mots qui se sont implantés dans l'ensemble de la Romania et qui viennent d'un fond germanique ancien: guerre, blanc, brun, gris, frais, hardi, banc, savon, épargner, garder, gagner etc. Nombre de mots germanique: 200 à 300, mais si l'on compte les dialectes près de 700.20 Des 51 mots franciques répandus par les chancelleries mérovinginnnes, seulement 24 se sont conservés en FM: p.ex.: maréchal, chambellan, gage, baron, trève,rang. Flore et faune Vie des champs Blé (Weizen) Bois (Holz) Bûche (Holzscheit) Caille (Wachtel) Chouette (Eule) Crapaud (Kröte) Fourrage (Futter) Fourrure (Pelz) Framboise (Himbeere) frelon (Hornisse) Gerbe (Garbe) Grappe (Traube) Haie (Hecke) Hameau (Weiler) Hanneton (Maikäfer ) Héron (Reiher) hêtre (Buche) houx (Stechpalme) jardin (Garten) laie(Wildsau) marais(Sumpf) osier(Korbweide) saule(Weide) troène (Liguster) mésange (Meise) 18 Dauzat, cité par Fabre 26 Fabre 15 20 Felixberger/Berschin 175. 19 Guerre et chevalerie Vie domestique bande (Fahne); baron (Baron) blason (Wappen) butin (Beute); caste (Rasse/Kaste) convoi dard (Spieß); éperon (Sporn) escrime (Fechten) espion (Spion); étrier (Steigbügel) félon (Verräter) fief (Lehen) flèche ( Pfeil) gain (Gewinn) garçon (Diener) garde /garder (Wache-n); garnir (besetzen) guerre (Krieg) guider (führen) Guise (Weise) hache (Axt) haine (Hass) heaume (Helm) honte (Scham) maréchal (Marschall) Orgueil (Hochmut); rang trêve (Waffenstillstand) auberge (Herberge) ; banc bâtir (bauen) beignet(Krapfen) blanc (weiß); bleu (blau) blond brun (braun) broder (sticken) crèche (Krippe) choisir (wählen) coiffe (Haube) danser (tanzen) déchirer(zerreißen) écharpe (Schal) fard (Schminke) fauteuil (Sessel) fauve (fahlgelb) gris (grau) feutre (Filz) flacon (Fläschchen) frais (frisch) flanc (Flanke) froc (Mönschskutte) gai (fröhlich) galant gant (Handschuh) hanche (Hüfte) housse (Hülle) long (lang) Universität Würzburg Dr. Martine Guille Examenskurs Sprachgeschichte Französisch Übung maçon (Maurer) robe (Kleid) savon (Seife) sale (Saal) Superstrat normand: Aux 9e et 10e siècles peu d’influence sur le français car assimilation relativement rapide: Restes: a) Toponymes comme Honfleur, Harfleur, Barfleur (-fleur =‚baie, crique’), Le Houlme (-holm = ‚rivage, île’), Le Torp Mesnil (torp = village’), Esquetot (‚la ferme du frêne’, toft = ferme, village’), Appetot (‚la ferme du pommier’, engl. apple ‚pomme’), Robertot (‚la ferme de Robert’), Criquebeuf (à l'abri de l'église ;-beuf = abri)… latin-scandinave: Criqueville, Querqueville = kirkja(église) + ville Sotteville = Soti (Name) + ville Tocqueville < nom propre Toki + ville. Tourville < nom propre Thouri + ville Trouville < nom propre Turold + ville b) Vocabulaire maritime: cingler, hauban, hune, ris, turbot, vague Contact de langues: Conditions des contacts: Ces contacts peuvent être superficiels et ils ne conduisent qu’à des influences plus ou moins réciproques (adstrat), mais quand ils sont plus profonds ils conduisent à une créolisation ou à une disparition totale de la langue dominée. Universität Würzburg Dr. Martine Guille Examenskurs Sprachgeschichte Französisch Übung Les raisons linguistiques : 1. L’élaboration de la langue et le rôle de l’écrit. 2. La ressemblances entre les langues: Ressemblance entre mots celtes et mots latins 21: Mot gaulois Mot latin alto altus bovi bos,bovis devu deus medio medius rix rex viro verus Sens en français « profond » “boeuf” “dieu” « au milei » « roi » « vrai » Les raisons socio-culturelles, politique, et économiques22. - Données infrastructurelles: population largement urbanisée comme en Italie et dans le domaine d’oc, ou au contraire rurale comme dans le Nord de la France et en Ibérie du nord. - Densité de peuplement - Modèle économique et politique - Modèle socio-culturel (traduction de la Bible, psaumes et écrits hagiographiques par ex.) - Les institutions: église et limites diocésaires comme agent de délimitation dialectale et de cohésion interne des variétés régionales.23 Les théories sur l’influence des substrats et superstrats : 1. Contact linguistique et fragmentation de la Romania24 Diglossie avec des peuplades diverses, dans l’empire romain du 4e siècle apr. J.-C., on trouve des témoignages de ces contacts dans les témoignages d’écrivains : « Saint Jérôme compare la langue des barbares gaulois de Trêves avec celle des Galates (Celtes) vivant prés d’Ankara ; Saint Augustin rapporte que dans son Afrique natale, les couches sociales inférieures parlent punique en dépit de l’élite latinophone. » 25 Pourtant le latin ne s’impose pas partout: une grande partie de la Grèce ainsi que l’Orient hellénisé n’utilisent le latin que comme langue véhiculaire et l’abandonneront ensuite ; même chose pour l’Angleterre, les provinces germaniques et celtiques à l’est du Rhin (Germania II et Rhetia II),une partie des Balkans et l’Afrique du Nord. En dehors de ces régions le latin était la langue majoritairement utilisée et devint la langue maternelle. a) Substrat : Influence différente selon les contacts et les régions. On trouve surtout des traces de ces peuplades pré-romaines dans les toponymes ce qui selon Glessgen 26 prouve une continuité de peuplement. Le poids des substrats est encore aujourd’hui discuté. Ce qui est sûr c’est leur trace dans le lexique et la toponymie27. La théorie des 21 Bertrand 25 Glessgen 305 23 Glessgen, 306 24 Cf. Glessgen 310 et suivantes 25 Glessgen 310 26 Glessgen 311 27 Stefenelli 80 22 Universität Würzburg Dr. Martine Guille Examenskurs Sprachgeschichte Französisch Übung substrats (Substrattheorie) est due à G.I. Ascoli. Il impute la palatalisation du u en ü aux Celtes et base son observation sur 3 critères28: - La correspondance entre l’aire linguistique et l’aire géographique du phénomène - La constation du même phénomène dans les langues celtiques : le ü s'est trransformé dans les langues celtiques modernes en i: vieil irlandais (altirisch) "rún" (geheim) > gallois (kymrisch) rhin. pareil pour "dun" > "dir" ou pour le latin "durus" qui est devenu en breton "dir" L’apparition du même phénomène dans les langues non romanes avec le même substrat (selon Ascoli, le néerlandais) Néanmoins si le substrat selon Stefenelli peut jouer une influence plus ou moins grande selon le grade de la romanisation, il ne peut servir seul de critère distinctif pour la classification des langues romanes29. En outre les frontières linguistiques en Gaule correspondent aux anciennes frontières ethniques celtes, qui ont été conservées par l’administration romaine et qui ensuite seront reprises dans la répartition des diocèses de l’église (voir l’adéquation constatée par Morf entre la frontière linguistique du franco-provençal et celle des diocèses de Vienne et Lyon)30. - b) Superstrat : là encore même principe selon Stefenelli31 que pour les substrats : seule l’influence est indéniable. La théorie des superstrats principalement représentée par W. von Wartburg n’est aujourd’hui, toujours selon Stefenelli32, plus acceptable. Die « Germanenthese » entspricht « in ihrer Formulierung und Verienfachung nicht mehr dem heutigen Forschungsstand »33. Selon Stefenelli qui résume les idées de Pfister, les traits particuliers que Wartburg met au compte des Francs sont explicables par l’évolution interne du latin régional protoroman central, traits que les invasions germaniques n’ont fait que renforcer. Le rôle des langue germaniques a joué historiquement un grand rôle dans l’interprétation de l’évolution de la langue notamment en Espagne et en Italie : la « corruption » du latin des bas-siècles par les langues barbares aurait ainsi été responsable de l’éloignement des langues romanes du latin. Bibliographie: Baylon, Ch./Fabre, P. Les noms de lieux et de personnes. Paris: Nathan. 1982 Bertrand, Olivier: Histoire du vocabulaire français. Nantes: Éd. du Temps. 2008 Berschin, Helmut; Felixberger, Josef; Goebl, Hans: Französische Sprachgeschichte. Lateinische Basis; interne und externe Geschichte; sprachliche Gliederung Frankreichs. Darmstadt: Hueber. 20082 Bouet, P./ Conso, D./ Kerlouegan, F.: Initiation au système de la langue latine. Du latin classique aux langues romanes. Paris:Nathan, 1975 Fabre, Paul: Les noms de famille en France. Paris: PUF Que sais-je. 1998 Felixberger, Josef: „Sub-, Ad- und Superstrate und ihre Wirkung auf die romanischen Sprachen: Galloromania.“ In: Ernst, Gerhard; Gleßgen, Martin-Dietrich; Schmitt, Christian; Schweichart, Wolfgang (Hrsg.) (1), 2003, S. 594–607. Glessgen, Martin-Friedrich : Linguistique romane. Domaines et méthodes en linguistique française et romane. Paris :Colin 2007. 28 Stefenelli 80 Stefenelli 81 30 Stefenelli 85 31 Stefenelli 82 32 Stefenelli 82 33 Pfister cité par Stefenelli 83 29 Universität Würzburg Dr. Martine Guille Examenskurs Sprachgeschichte Französisch Übung Guinet, L.: Les emprunts gallo-romans au germanique. Paris 1993. Herman, J. : Du latin aux langues romanes. Tübingen: Niemeyer. 1990. Huchon, Mireille: Histoire de la langue française. Paris : le Livre de poche. 2002 Kontzi, R: Substrate und Superstrate in den romanischen Sprachen, Darmstadt, 1982 Lambert, P.-Y.: La langue gauloise. Paris:Errance. 1994 Lodge, R.A.: Le français, histoire d’un dialecte devenu langue. Paris:Fayard. 1997 Martinet. A.: Des steppes aux océans, L'Indo-européen et les "Indo-européens" Paris 1987 Perret. Michèle : Introduction à l’histoire de la langue française. Paris :Armand Colin. 20083 Stefenelli, Arnulf: „Thesen zur Entstehung und Ausgliederung der romanischen Sprachen“. In: Holtus, Günter; Metzeltin, Michael; Schmitt, Christian (Hg.): Lexikon der Romanistischen Linguistik. Bd. II/1: „Latein und Romanisch, historisch-vergleichende Grammatik der romanischen Sprachen“. Tübingen: Niemeyer, 1996, S. 73–90. Tagliavini,Carlo: Einführung in die romanische Philologie.München, 1973 Vidos,B.E.: Handbuch der rom. Sprachwissenschaft. München, 1968. Walter, H.: Le français dans tous les sens. Paris 1988 Walter, H.: L'aventure des mots venus d'ailleurs. Paris 1995 Wartburg, W. von: Die Entstehung der romanischen Völker. Tübingen, 1951. Wolf,H.J.: Französische Sprachgeschichte. Heidelberg 1979