Universität Würzburg Examenskurs Sprachgeschichte Französisch
Dr. Martine Guille Übung
Substrats et superstrats
Substrat : définition : « [lat. sub- « unter » ; stratum « Schicht »]. Im Rahmen von Sprachkontakt
bzw. mischung, sowohl die bodenständige (ursprüngliche) Sprache eines unterlegenen Volkes,
die von der Sprache der Eroberer überlagert wird, als auch ihr Einfluss auf die dominierende
Sprache der Eroberer ; vgl. die keltischen Relikte in roman. Sprachen […] » Bußmann. (1983)
Les substrats en Gaule:
Ligures ; Ibères (Aquitains); Grecs; Celtes
Ligures:
Leur origine assez mal connue ; lors de la conquête romaine ils habitaient les régions alpestres de
la Haute Italie et la région de la vallée du Rhône en Gaule depuis environ 500 av. J.-C. (peut-être
depuis plus longtemps). En ce qui concerne leur langue là encore incertitude, peut-être indo-
européenne, peut-être non.
On considère comme ligures (même si ils ne le sont pas spécifiquement) les suffixes:
-asko: Manosque (Alpes de Haute Provence), Cagnosc (Var), Vénasque (Vaucluse) ;
-inko: (difficile à séparer du -ing germanique !): Gap (Hautes Alpes)
-elo.: Cimiez (Quartier de Nice).1
Ibères:
On sait également peu de choses d’eux, ils venaient peut-être d'Afrique2 et après s’être installés en
Espagne ont passé les Pyrénées et ont occupé le le Languedoc actuel et une partie du sud-ouest. Ils
ont ensuite été refoulés par les Gaulois et se cantonnent à l'Aquitaine (avec Bordeaux mais sans
Toulouse) région importante pour les limites linguistiques de l'occitan, du gascon et du catalan.
Est supposé ibère le type illi-berri (ville neuve) que l'on retrouve dans le nom de la ville de
Collioure (Pyrénées orientales).
Grecs:
Déjà au 7e siècle av. J.-C. (donc avant l'arrivée des Celtes) ils étaient installé sur les côtes de la
Méditerrannée. En 600 les Grecs phéniciens fondent Massilia (Marseille)3. Plusieurs noms de
villes sur la côte méditerrannénne sont d’origine grecque :
- Nice < Nikaia < Niké (la victoire), 1er siècle av. J.-C.
- Antibes < Antipolis (la ville en face) 5e s. av.J.-C.
- Agde (Hérault ) < Agathe (la bonne fortune)
- Leucate (Aude) < Leukos (Blanc),
- Ceyreste4< Citharista (joueur de cithare)
Celtes
Celtes d’Europe de l’ouest sont le résulat du mélange entre les émigrants indo-européens venus
d'Europe centrale et des paysans des cités lacustres (Pfahlbauten) du Bodensee.
Puis ils se sont déplacés vers le nord de la Gaule et là les dates différent selon les savants.
Wartburg situe ce moment vers 700 av. J.-C. ; Tagliavini en 800 av. J.-C 5. De là ils sont
descendus du Nord vers le Sud.
1Wolf 42
2Wolf 43
3Tagliavini 86
4 Wolf 41
5Tagliavini 98
Universität Würzburg Examenskurs Sprachgeschichte Französisch
Dr. Martine Guille Übung
Carte de Martinet, A.: Des steppes aux océans, L'Indo-européen et les "Indo-européens" Paris 1987, 39.
La langue celte en Gaule est une branche du celte continental (Festlandkeltisch). Pourtant peu
d’unité entre eux, selon Caesar: „Hi omnes lingua, institutis, legibus inter se differunt“.6
Peu de témoignages sur la langue: des noms, des monnaies, quelques textes épars, un calendrier
(le calendrier de Coligny daté du 2e siècle).
La romanisation :
Les conditions de la romanisation. Les Romains étaient en nombre restreint: quelque 80 à 100 000
hommes sont face à quelques millions (entre 5 et 10)7 de Gaulois (Felixberger 2003, 595). Le sud
a vu très tôt la création d’une province romaine (Provincia Narbonensis 118 av. J.-C.) ; la
romanisation et la latinisation y ont été rapides et profondes (<culture citadine des villes
grecques). Les provinces du nord conquises par César entre 58-51, connaissaient déjà quelques
bribes de latin (latinité précoce prouvée dans l’Est) (Felixberger 2003, 595), grâce au commerce
avec le sud. Mais là encore grande différence selon les villes et la campagne et selon les couches
sociales. L’élite a été rapidement latinisée, le peuple plus lentement, les villes en premier, les
villages en dernier.
6 Lodge 61
7 Là encore les chiffres divergent: Hermann parle de 15 à 20 millions de Gaulois au moment de la conquête
(Hermann, 1990 :150).
Universität Würzburg Examenskurs Sprachgeschichte Französisch
Dr. Martine Guille Übung
Caractéristiques de la conquête en Gaule du nord: sa rapidité.
Mode d'implantation du latin en Gaule. Scolarisation des élites, infrastructure routière permettant
le commerce.
-C'est la langue qui a été remplacée et non la population.
Donc cas de bilinguisme ou diglossie plus ou moins longue et très différente selon les régions et
les populations.
- l'implantation a duré plusieurs siècles. Le gaulois était pratiqué au 3e siècle et encore courant au
4e.
Les derniers documents en gaulois sont datés du 4e siècle (Felixberger, 2003 595).
Sur la durée de la diglossie celte / latin il n’y a pas d’unanimité dans la recherche.
Selon Vidos le celte meurt au 4e s. ap. J.-C. 8 Selon Tagliavini c'est au 5e s.9
Selon Walter c'est sans doute plus tard, peut-être jusqu'au 8e siécle. Certains chercheurs comme
Hubschmied (cité par Felixberger 2003, p. 595) ont voulu voir une survivance jusqu’au pré-
moyen-âge, ce qui est rejeté par la plupart des chercheurs.
Le breton a certainement vécu plus longtemps pour se mélanger avec le celte insulaire des émigrés
des 5e et 6e siècles.
Traces du substrat celte (traces différemment reconnues comme celtiques dans la recherche) :
Phonétique: - Palatalisation de u > ü;
- du nexus -ct- > -it-;
- Sonorisation des occlusives intervocaliques p-, -t-, -k-
Discussion dans la recherche : en ce qui concerne les reliquats consonantiques et en particulier la
palatalisation du k dans le nexus ct, il y a un consensus général.
Même reconnaissance pour la sonorisation des consonnes intervocaliques.
Vigesimales Zahlsystem: quatre-vingts (là le consensus est beaucoup moins unanime: cela
pourrait aussi provenir d’un superstrat normand !)
Toponymes (après latinisation):
Suffixation par ex.: -dunum > Lugdunum (Lyon), Virodunum (Verdun),
Augustodunum (Autun)
-acum > Montignac, Bellac, Cognac etc.
Formation sur un substantif gaulois: par exemple le nom d’un arbre:
if (Eibe) = eburo > Evreux. Embrun, Ivry
bouleau (Birke) = betua/betullus > Belloy, Le Boulois, La Boulaye, Bouleuse.
Pommier (Apfelbaum) = aballo (cf. Apfel, Apple) Avallon, Avalleur.
Chêne (Eiche) < cassanos > le mot gaulois cassanos a donné plusieurs résultats selon la
région : 1.Que- : Quesnoy, Le Quesne
2.Ca- : Cassagne, Cassagnoles, Lacassagne, Cassano (Heute Corse)
3. Cha-,Che-: Chassagne Chanoy, Chessenaz, Le Chesnaye10
Vocabulaire (environ 70 mots courants):
- Dans le domaine du travail sur bois, de la brasserie ; tonneau (Faß), bonde
(Spund)cervoise (Kräuterbier) brasser (brauen)…
8Vidos 235
9Tagliavini 99
1
10
0
Walter 1995, 42
Universität Würzburg Examenskurs Sprachgeschichte Französisch
Dr. Martine Guille Übung
- Dans la vie de tous les jours (les femmes et les paysans ont été romanisées
le plus tard): berceau (Wiege); boue (Schlamm), grève (Sand), lieue
(Meile)
- mots de la faune et de la flore: mouton, bouc, saumon, alouette, bouleau,
bruyère, chêne, ("cassanus" chêne était l'arbre sacré des druides.)11
Le superstrat germanique.
Superstrat:
Définition: « [lat. stratum « Schicht »]. Im Rahmen von Sprachkontakt bzw. mischung, sowohl die (untergehende)
Sprache von Eroberern als auch ihr Einfluss auf die bodenständige (urspr.) Sprache, die die Sprache der Eroberer
überlagert bzw. Verdrängt, vgl. den Einfluss germ. auf roman. Sprachen […] » Bußmann. (1983)
Les tribus germaniques en Gaule :
Les Wisigoths venus sans doute de l'île de Gotland, avaient pris Rome en 410 apr. J.-C. Pour les
éloigner de Rome, l'empereur Honorius leur assigne le sud de la Gaule, de la Loire à la Durance.
Après la bataille de Vouillé en 507 où ils sont battus par les Francs de Clovis, ils doivent se
réfugier en Espagne et déplacent leur capitale de Toulouse à Toledo.
Les Burgondes, originaires d'une île de la Baltique, Burgundarholm (Bornholm), ont été chassés
en 443 de la région du Rhin moyen (Mittelrhein) par les Huns et installés par Aetius (chef du
pouvoir Romain en Gaule) dans la région de la Savoie (< Sapaudia = sapinière). Puis ils ont bougé
et finalement ont occupé un territoire correspondant en gros à la Bourgogne, la Franche-Comté,
Rhône-Alpes.
Les Francs, dont l’origine est peu claire, se partageaient entre plusieurs tribus. Les Francs saliens
(salische Franken) ont envahi la Gaule.
Les infiltrations germaniques avaient commencé dès les 2 et 3e s. apr. J.-C. mais les grandes
invasions interviennent au 5e. siècle.
Les Francs arrivent de Toxandrie12 et de la région de Cologne dans le nord de la Gaule. Clovis
Franc Salien (premier de la dynastie de Mérovingiens) envahit le domaine gallo-roman en battant
le général Romain Syagrius à la bataille de Soissons en 486 (c’est-à dire dix ans après la fin de
l’Empire romain d’occident en 476). Il se convertit au christianisme en 496, ce qui lui rallie les
évêques et la population gallo-romaine catholique, face aux Burgondes, païens et aux Wisigoths
ariens. Il bat ces derniers à Vouillé (près de Poitiers) en 507, et réunit le royaume des Burgondes à
celui des Francs en 534.13
Les francs dirigent le pays et jouissent d’un certain prestige, ce qui explique qu’ »au 9e siècle les
neuf dixiémes des prénoms étaient francs ».14 Pourtant la langue du peuple reste la langue gallo-
romane et la langue de l’administration, de l’église et de la justice reste le latin.
Entre le 5e et le 9e siècle régne une situation de diglossie. La langue des classes dirigeantes
franques est toujours le germanique (c‘est la langue maternelle de Charlemagne). Hugues Capet
11Wolf 39
12 Wartburg 1951, 108
13 Perret 30.
14 Huchon 48
Universität Würzburg Examenskurs Sprachgeschichte Französisch
Dr. Martine Guille Übung
couronné en 987 et fondateur de la dynastie des Capétiens sera le premier roi à ne plus maîtriser la
langue franque.
Le terme Francia apparait en littérature au 3e siècle, mais a sans doute été crée dès le 2es. Ce n'est
qu’après le 6e siècle qu'il sert à désigner la Gaule du nord.15
Chez les auteurs bas latins comme Ausone et Ammien Marcellin (4e siécle) la Francia était la
région occupée par les Francs sur la Rive gauche de la Meuse, la Toxandrie où l'empereur Julien
les avait installés en 358. Au 7e siécle le nom Francia, regnum Franciae se généralise pour
désigner l'ensemble du royaume Mérovingien. On distingue la francia rhinensis, désignant les
pays rhénans (Capitale: Metz) et la francia orientalis , qui correspond à la région du Main autour
de Würzburg.
Au 9e siècle la Germanie (domaine de Louis le germanique après le traité de Verdun en 843) est
encore appelée Francia orientalis et seulement à partir de 1050, que le nom Germania va
concurrencer Francia16.
1. Traces en français :
1 Phonétique :
a) w > gw > gw < g (occurrence en 878)
werra > gwerra
fk. wardon > afr. guarder >garder
fk waschen > fr. gâcher (verderben)
want > gant
waidanjan > gagner
wahi > gai warjan (d. wehren) > guérir
*wahton (d. wachen) > guetter
*witan (d. den Weg zeigen= > guider.
D. werwulf > loup-garou
Waffel > gaufre
*waigero (= viel= > guère
[gw] s'est conservé partiellement en picard, wallon, et lorrain.
Des formes analogiques ont été formées avec des mots dorigine latine:
gâter < lt. vastare
goupil < lv. vulpiculum
gaine < vagina
guivre < vispera
guêpe < vespa (passage wespa > gwespa > guepe)
La graphie actuelle gu- est une graphie diacritique pour indiquer le son [g] devant e, i:
Ex: lt. gula > gueule
La majorité des noms en g- gu- proviennent d'anciens emprunts germaniques.
b) le h germanique:
1. devant une autre consonne:
1
15
5
Walter 1988, 52
16
Bouet 24
1 / 12 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !