La guerre froide en Allemagne Luftbrücke gegen die Berliner Blockade 1948-1949 p. 1 Introduction A partir de 1947, les deux grandes puissances victorieuses de la seconde guerre mondiale s'opposent jusqu'à la fin des années 1980 par l'intermédiaire de pays interposés sans jamais se faire directement la guerre. Cette période est appelée : la guerre froide. I- Naissance de deux Allemagnes sur les ruines du IIIe Reich Après la capitulation de l'Allemagne hitlérienne, la conférence de Potsdam1 (17 juillet - 2 août 1945) organise le sort du pays : réparations en nature, établissement de la frontière orientale sur l'Oder-Neisse, indépendance de l'Autriche, jugement des dirigeants nazis... Les commandants en chef des quatre armées alliées (soviétique, américaine, anglaise et française) administrent chacun leur zone d'occupation. La capitale, Berlin, enclavée dans la zone soviétique, est elle-même partagée entre les «Quatre Grands». Mais très vite se font jour les rivalités entre l'Union soviétique de Staline et les trois Occidentaux. Churchill, bien que n'étant plus Premier ministre, manifeste publiquement sa crainte d'une nouvelle guerre entre les anciens alliés. C'est le début de la guerre froide. Il s'ensuit en Allemagne une montée des tensions. Elle va aboutir à la création de deux États rivaux sur les ruines du IIIe Reich hitlérien : à l'ouest, sur les zones d'occupation américaine, anglaise et française, une République fédérale allemande (RFA, en allemand Bundesrepublik Deutschland), démocratique et libérale ; à l'est, sur la zone d'occupation soviétique, une République démocratique allemande (RDA, en allemand Deutsche Demokratische Republik). La partie occidentale de Berlin est rattachée de façon informelle à l'Allemagne fédérale. p. 2 A- le monde se divise en deux blocs. Avant même la fin de la seconde guerre mondiale, les deux grands (États-Unis et URSS) se méfient l’un de l'autre. Deux idéologies s'affrontent : -d'un côté le libéralisme économique et démocratique pour les États-Unis. -De l’autre côté, le communisme pour l’URSS. Afin de limiter l’avance communiste, les Américains proposent un plan Marshal² (1947) et la création de l'OTAN3. Les pays qui acceptent cette aide financière américaine, ainsi que la protection militaire des Etats-Unis doivent accepter leur idéologie. Marshall p. 3 Pour qu'il soit applicable à l'Allemagne, une nouvelle monnaie doit être créée. Les Occidentaux s'y consacrent malgré l'opposition des Soviétiques. C'est ainsi que le 18 juin 1948, les Allemands sont invités à échanger leurs anciennes coupures (ReichsMark, RM) contre des nouvelles (Deutsche Mark, DM) Les affaires reprennent à l'ouest. Mais à l'est, rien ne change. Les Soviétiques, suivis par l’Europe de l’Est refusent le plan Marshal, s’appuyant sur la doctrine Jdanov4. Dès le 23 juin 1948, les soviétiques mettent en place une monnaie concurrente et, surtout, décrètent le blocus terrestre de Berlin-Ouest pour y empêcher l'introduction du Deutsche Mark. Ils mettent également en place une aide économique le CAEM5 et une aide militaire : le Pacte de Varsovie6, pacte de défense réciproque en cas d’agression. Dès lors, un « rideau de fer » coupe l’Europe en deux. Chaque pays doit désormais choisir son camp. B- de Berlin-Ouest à la Corée. À partir de 1945, l'Allemagne et sa capitale, Berlin, sont découpés en quatre zones occupées par les alliés. Sa situation, en plein cœur de la zone soviétique, comme son passé d'ancienne capitale du Reich, font de Berlin un enjeu politique et symbolique décisif. L'URSS souhaitant mettre la main sur Berlin-Ouest instaure le blocus de la ville (avril 1948-Mai 1949). Le 24 juin 1948, à l’issue d’une longue dégradation des relations entre les quatre occupants de l’Allemagne, l’Union soviétique bloque les voies d’accès terrestre à Berlin-Ouest. Commence alors le « blocus de Berlin », qui dure jusqu’au 12 mai 1949. C’est l'une des toutes premières crises d’une nouvelle période qui s’ouvre dans les relations internationales, la guerre froide. Berlin est alors au cœur de l’affrontement entre les États-Unis et l’Union soviétique de Staline. Pour empêcher la ville de tomber dans sous l’emprise soviétique, les États-Unis et leurs alliés mettent en place un gigantesque pont aérien qui lui permet de résister et de continuer à vivre. Cette première crise de Berlin accélère l’organisation de l’Europe en deux camps antagonistes et la partition de l’Allemagne en deux États indépendants. Rien ne peut plus empêcher la division de l’Allemagne deux Etats (RFA : Allemagne de l’ouest ; RDA : Allemagne de l’est). En 1950, la Corée du nord envahit la Corée du sud. Les 2 camps vont s’affronter indirectement dans ce pays : -la Corée du Nord est soutenue par l'URSS et la Chine communiste -la Corée du Sud est soutenue par les États-Unis et l'ONU. Le monde prend peur d’une guerre nucléaire entre les Américains, et les Russes. p. 4 Finalement en 1953, la frontière entre les deux Corées redevient celle de 1950 c’est l’apogée de la guerre froide. II- la création du mur de Berlin, symbole d'une Europe divisée (1961 – 1989) Staline meurt en 1953. Le nouveau dirigeant de l’URSS Khrouchtchev7 propose alors aux Etats-Unis une coexistence pacifique (1959). Il rencontre même le président Américain Kennedy (1961). Pourtant, les deux pays restent méfiants : -ils se livrent à une course aux armements atomiques -Dans la nuit du 12 au 13 aout 1961, avec l’autorisation de l’URSS (qui avait exigé sans succès la réunification de la ville, en lançant un ultimatum) la RDA édifie le mur de Berlin (en allemand Die Berliner Mauer) « mur de la honte » pour empêcher les allemands de l’est de passer en Allemagne de l’ouest. Berlin est désormais divisé en deux municipalités rivales qui se font face et représentent chacune une Allemagne et un modèle politique et économique opposé. Les contacts restent pourtant fréquents et de nombreux berlinois, pour travailler, passent chaque jour d'un secteur à l'autre. En dix ans, 2,6 millions d'Allemands de l’est en profitent pour fuir la dictature communiste et s'installer définitivement à l'ouest. p. 5 Plus qu'un simple mur, il s'agit d'un dispositif militaire complexe comportant deux murs de 3,6 mètres de haut avec chemin de ronde, 302 miradors et dispositifs d'alarme, 14 000 gardes, 600 chiens et des barbelés dressés vers le ciel. Environ 160 ressortissants de la RDA perdent la vie en essayant de le franchir, les gardes-frontière est-allemands et soldats soviétiques n'hésitant pas à tirer sur les fugitifs Ce mur est le symbole de la guerre froide et de la séparation du monde en deux blocs opposés sur le plan idéologique. Le président Kennedy lors de son discours en 1963 devant le mur de Berlin montre que ce mur n'est pas seulement une séparation entre Berlin Est et Ouest mais bien le symbole visible de la séparation entre deux mondes : d'un côté, le monde libre, démocratique à l'ouest qu'il défend et de l'autre un monde communiste privant les populations de liberté. C'est pourquoi, en tant que président américain, il dit être un berlinois « ich bin ein berliner » comme tout citoyen appartenant au monde libre. Ce mur construit en 1961, par les communistes est le symbole mondial de cette division idéologique entre les deux blocs. Cependant, les relations entre les deux blocs évoluent. A partir de la crise de cuba en 1962, les deux blocs entament des tentatives plus ou moins réussies de rapprochement. Ainsi en Allemagne, devant le désastre des séparations humaines du mur de Berlin, le Chancelier allemand de RFA, Willy Brandt, lance une politique d'ouverture en direction de la RDA appelée « Ostpolitik » qui aboutit à la signature d'accords bilatéraux d'aides économiques et humanitaires entre les deux Allemagne. III- l’effondrement du bloc communiste A- La chute du mur de Berlin, 1989-1990 L'affaiblissement de l'Union soviétique, la perestroïka8, conduite par Mikhaïl Gorbatchev et la détermination des Allemands de l'Est, qui organisent de grandes manifestations, provoquent, le 9 novembre 1989, la chute du « mur de la honte ». Dans les démocraties populaires, les habitants se dressent contre le régiment communiste, synonyme de perte de liberté et d’échec économique. Les émeutes se succèdent. En Pologne, Solidarnosc, un syndicat non communiste est même créé en 1980. Mais l’armée rouge intervient pour mater, réprimer ses mécontentements… Avec l’arrivée en 1985 de Gorbatchev à la tête de l’URSS, un vent de liberté souffle sur l’est. En septembre 1989, la Hongrie ouvre ses frontières avec l'Autriche, des milliers d'Allemands fuient alors. L’URSS décide de ne plus intervenir dans les affaires intérieures des démocraties populaires. C’est alors l’effondrement du communisme en Pologne, en Hongrie, en RDA, en Tchécoslovaquie. En 1989, sous la pression des manifestants en RDA et ne pouvant plus compter sur le soutien de l'URSS, le mur de Berlin est détruit, et en 1990, l’Allemagne est réunifiée. Des élections libres ont lieu. Et en 1991, Berlin en redevient la capitale. Presque totalement détruit, le Mur laisse cependant dans l'organisation urbaine de la capitale allemande des cicatrices qui ne sont toujours pas effacées aujourd'hui. p. 6 B- La nouvelle donne internationale En 1991, le CAEM et le pacte de Varsovie sont dissouts. Pour les Etats de l’ancien bloc soviétique s’engage une période difficile de transition vers la démocratie, l’économie de marché, et d’instabilité politique. Les Etats-Unis sont désormais une puissance sans rivale. Ils en font la démonstration en 1991 lors de la première guerre en Irak (problème du Koweït) (Guerre du Golfe). L’ONU est en plein renouveau. Les interventions sont plus fréquentes, car les membres de l’ONU sont moins divisés depuis la fin de la guerre froide. Conclusion Entre 1945 et 1990, l'histoire de l'Allemagne résume ainsi à elle seule l'histoire du monde de la guerre froide. Notes 1-Conférence de Potsdam: La conférence de Potsdam a été organisée par les puissances alliées (les États-Unis représentés par Harry Truman, l'URSS par Joseph Staline, et le Royaume-Uni par Winston Churchill puis Clement Attlee) pour fixer le sort des nations ennemies. Elle a débuté le 17 juillet et s'est terminée le 2 août 1945 au château de Cecilienhof, près de Potsdam, à l'ouest de Berlin. Potsdam est précédée des conférences interalliées de Téhéran, de Casablanca en janvier 1943 et de Yalta en février 1945. 2-Plan Marshall : Le plan Marshall (après son élaboration, il fut officiellement appelé « Programme de rétablissement européen », en anglais European Recovery Program : ERP) était un plan américain pour aider la reconstruction de l'Europe après la Seconde Guerre mondiale. 3-OTAN : Le Traité de l'Atlantique Nord, signé à Washington le 4 avril 1949, a institué l'Alliance Atlantique. L'objectif de l'Otan consiste à garantir la liberté et la sécurité de tous ses membres par des moyens politiques et militaires, à défendre les valeurs que constituent la démocratie, les droits de l'homme et l'Etat de droit, et à contribuer à la paix et à la stabilité dans le monde. Depuis 1991, la disparition de l'URSS lui a enlevé sa raison d'être initiale. Cependant, l'Otan a su s'adapter à cette évolution pour rester un pilier essentiel de la sécurité de ses membres. 4-Doctrine Jdanov (1947) : Formulée par Andreï Jdanov en septembre 1947 lors de la conférence de Szklarska Poreba (Pologne) où sont réunis les partis communistes d’Europe de l’Est, de France et d’Italie, la doctrine Jdanov affirme la partition du monde en deux camps opposés : le camp « impérialiste » dirigé par les Etats-Unis, le camp « démocratique et anti-impérialiste » dirigé par l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques. Il affirme que là où les communistes n’ont pas encore pris le pouvoir, ils doivent en prendre la totalité. La doctrine condamne la neutralité. La rupture est consommée. C’est le début de la Guerre froide. 5-Le CAEM (Conseil d'Aide Economique Mutuelle) ou COMECON est créé en 1949 mais ne devient efficace pas avant 1959. C'est une réplique soviétique de l'OECE, organisation qui lie les pays européens bénéficiant du plan Marshall. Le CAEM instaure des liens économiques très étroits entre les pays d'Europe de l'Est et l'URSS. Les activités économiques des différents pays sont décidées par Moscou. Le CAEM participe donc à l'encadrement économique des pays satellites de l'URSS. 6-Pacte de Varsovie: organisation militaire des pays socialistes d'Europe de l'Est fondée en 1955. Pacte de défense réciproque en cas d'agression, il comptait: l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), l'Albanie (jusqu'en 1968), la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, l'Allemagne de l'Est (jusqu'en 1990), la Roumanie p. 7 et la Tchécoslovaquie. À la suite de l'éclatement de l'Union soviétique (URSS) et des mouvements de démocratisation qui vont marquer l'Europe de l'Est, le Pacte de Varsovie sera dissous le premier juillet 1991. Le Pacte de Varsovie était le bras militaire du camp socialiste; il répondait, dans sa forme et sa puissance, à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), réunissant les pays occidentaux. 7-Khrouchtchev : Nikita Khrouchtchev, après avoir participé à la révolution bolchevique en 1917, entame une carrière politique qui lui fera intégrer le Comité central du Parti communiste d'URSS en 1934 et le Soviet suprême en 1937. Suite à son rôle actif dans la Seconde Guerre mondiale où il participe notamment à la défense de l'Ukraine et de Stalingrad, il est nommé général. En 1953, il succède à Staline comme premier secrétaire du Parti communiste d'URSS et mène une politique de "déstalinisation", dénonçant le culte de la personnalité instauré par son prédécesseur. Khrouchtchev devient Premier ministre en 1958, mais ses réformes agricoles sont un échec, de même que sa politique étrangère, qui mène à la crise des missiles de Cuba. Il est donc démis de ses fonctions en 1964. 8- La perestroïka (« перестройка » en russe, qui signifie : reconstruction, restructuration ; avec un élément novateur de péré- = re-, et stroïka = construction) est le nom donné aux réformes économiques et sociales menées par Mikhaïl Gorbatchev en URSS d'avril 1985 à décembre 1991. SCHLAGWORTE Der kalte Krieg Die Übereinkünfte Die Unruhen Der Ausfall Der Konflikt Die Teilung Die Meinungsverschiedenheiten Der Bruch Die Berliner Mauer Die Politik Deutschland Die Demokratie Liberal KEYWORDS The cold war The Agreements the Riot the Failure the conflicts the division the desagreements the break the Berlin wall the Policy Germany The democracy Liberal The soviet The totalitarian regime Die Sowjets Das totalitäre Regime p. 8