Télécharger - Théâtre de l`Odéon

publicité
ANGÉLICA LIDDELL
RISQUER L’ÉCARTÈLEMENT
OD ON
Jusqu'où l'art peut-il aller
Entretien avec Thaddaeus Ropac
JOËL POMMERAT
DES POINTILLÉS QUI
TRACENT PEU À PEU
LES CONTOURS
LES BIBLIOTHÈQUES DE L’ODÉON
DÉPOUSSIÉREZ
VOS LIVRES ET VOS IDÉES !
o
Lettre N 12
Odéon-Théâtre de l’Europe
décembre 2014
FAIRE CHUCHOTER LES
MORTS DANS LA VOIX
DES VIVANTS
2
sommaire
3
Liddell, ou l’enfance ? Liddell, ou la douceur ? On croira peut-être à un paradoxe. Ce n’est pas
l’avis d’Anne Dufourmantelle : à ses yeux, les armes que brandit l’artiste espagnole sont celles
d’un «réalisme magique» où règne en souveraine une invincible innocence. L’auteur d’En cas
p. 2 à 5
RISQUER L'ÉCARTÈLEMENT
d’amour détaille pour nous les raisons de son admiration.
JUSQU'OU L'ART PEUT-IL ALLER
YOU ARE MY DESTINY
(Lo stupro di Lucrezia)
Angélica Liddell
Daniel Loayza : Anne Dufourmantelle,
vous êtes psychanalyste et philosophe. Vous avez découvert Angélica
Liddell à l’Odéon avec son dernier spectacle, Todo el cielo sobre la tierra (El
síndrome de Wendy). Qu’en avez-vous
pensé ?
p. 6 et p. 11
DES POINTILLÉS QUI
TRACENT PEU A PEU
LES CONTOURS
Anne Dufourmantelle : Ça a été un choc
extraordinaire. J’ai découvert la pièce
d’Angélica Liddell grâce à ma fille qui a
mis le doigt, dans un beau texte qu’elle
a écrit, sur «l’innocence radicale» du
monde de Liddell, qui est celui de l’enfance. Une enfance à laquelle on ne
parvient qu’au prix d'un combat sans
merci avec la médiocrité du réel. Cette
enfance inviolable et inviolée, c’est ce
que ma fille appelle le «miracle» de ce
théâtre. Il ouvre à un univers qui ne s’est
pas déconnecté de sa propre magie. À
un réalisme magique où l’animal et l’humain, le jour et la nuit, sont dans une
proximité sensible, l’un tout contre
l’autre. Où les morts ne sont pas relégués loin des vivants. Peut-être que
l’Espagne et les pays latins ont mieux
su préserver le sens de cette contiguïté ? Nous, nous serions plutôt du
genre à vouloir éradiquer la mort ! Mais
Liddell, elle, ne l’oublie jamais. Ni la mort,
ni la vie, ni le corps. Elle sait que vivre
fait mal, et c’est pourquoi son théâtre
est un théâtre de l’émerveillement. Au
Moyen Âge, la «merveille», c’était le
hors-normes, qu’il soit magnifique ou
terrifiant. Ce qui déchirait le cours ordinaire du monde. En ce sens, les batailles
étaient aussi une merveille. Son théâtre,
c’est cela : il montre la coexistence des
choses et de leur envers, il fait chuchoter les morts dans les voix des vivants,
il rend présent un autre monde. Cela a
un prix : il n’y a pas d’émerveillement
sans terreur. Notre premier rapport au
monde, c’est peut-être cet émerveillement, cette exposition à quelque chose
d’insoutenable, dans un lieu où personne ne peut rester et habiter, un lieu
impossible et pourtant...
LA RÉUNIFICATION
DES DEUX CORÉES
Joël Pommerat
p. 7 à 10
LES BIBLIOTHÈQUES
DE L’ODÉON
FAIRE LE VIDE EN SOI
La Vie matérielle de Marguerite Duras
Laure Adler / Sonia Wieder-Atherton
IL NE FAUDRAIT PAS PRÊTER
UN LIVRE MAIS LE DONNER
Ma bibliothèque idéale
LE TREIZIÈME
DES TRAVAUX D'HERCULE
Mythes et Épopées
p. 12
UN QUART DE SIÈCLE
À LA MANŒUVRE
Entretien avec Michel Pons
p. 13
SENTIR FRÉMIR LES AUTRES
UNE APPROCHE
DE L'AUDIODESCRIPTION
Entretien avec Delphine Harmel
SOUTENEZ LA CRÉATION
THÉÂTRALE
LE CERCLE DE L'ODÉON
p. 14
TOUTE PHOTOGRAPHIE
FAIT ÉNIGME POUR LE REGARD
AVANTAGES ABONNÉS
Invitations et tarifs préférentiels
p. 15
ACHETER ET RÉSERVER
SES PLACES
p. 16
LE CAFÉ DE L'ODÉON
SUIVEZ-NOUS
Twitter
@TheatreOdeon
#MyDestiny
#Réunification
@Bibliodeon
Facebook
Odéon-Théâtre de l’Europe
Retrouvez la lettre et son contenu
augmenté (entretiens, sons, vidéos...)
sur theatre-odeon.eu / le-magazine
Angélica Liddell © Brigitte Enguérand
fait penser le travail d’Angélica Liddell.
Elle pose des balises autour d’un tel
cratère. Elle procède en quelque sorte
à la manière du trauma lui-même : par
déflagration, dispersion de détails, et
reprise à partir de ces détails. Et par les
détails, le sujet revient, de très loin. Un
joyau intact sous le désastre, comme dit
Mallarmé. L’enfance pure.
D. L. : Ce théâtre-là a-t-il des affinités
avec «l’autre scène» de l’inconscient ?
A. D. : Liddell est en effet ultrasensible à
une logique de l’être même qui est tout
sauf morale. L’inconscient fonctionne
par plans d’intensité qui n’ont aucun
lien avec la moralité. Angélica Liddell
explore ce genre de terrain, et pour le
dégager, elle dynamite la morale très
systématiquement. C’est comme si elle
retrouvait à sa façon l’une des intuitions
les plus extrêmes de Lévinas, lorsqu’il
signifie qu’il faudrait pousser l’éthique
Un joyau
intact sous
le désastre.
D. L. : Ce n’est peut-être pas un hasard
si ce spectacle est né à Venise...
jusqu’à atteindre ce qu’on pourrait
appeler une hyper-éthique. Angélica
Liddell, pour aller vers cet au-delà de
l’éthique, ne cesse d’aller jusqu’à l’extrême bord : chaque fois qu’on lui
oppose une morale, même très audacieuse, elle la balance, elle la fracasse,
avec une frénésie qui est à la fois réjouissante et terrifiante. Terrifiante, parce
que si on la prend à la lettre, à certains
moments, alors le fait est qu’on ne peut
fonder aucune communauté humaine
sur ces bases. Mais réjouissante aussi,
parce qu’il y a quelque chose qui est
profondément libérateur et vrai dans
ce mouvement. Quelque chose qui,
contrairement à ce qui a beaucoup été
dit sur elle, n’est pas hystérique, même
si ça y ressemble ! A. D. : La scène selon Liddell, c’est peutêtre le seul endroit où un tel lieu puisse
advenir, et même être partagé quelque
temps : la beauté d’un volcan où pour
une fois on survivrait à l’explosion...
Mais pour répondre plus exactement, il
faut que je parle de ce qu’est le trauma.
J’appelle trauma quelque chose dont la
force d’implosion souffle le sujet hors
de la scène. Il ne s’agit pas de quelque
chose de mesurable, d’objectif : un événement terrible n’est pas nécessairement traumatique. Un trauma, c’est ce
qu’un sujet ne peut soutenir sans être
fragmenté, sans se retrouver dans les
bords de la scène, dans les bordures,
dans les détails. C’est dans ces détails
que le sujet se retrouve, se ressaisit.
Ce peut être une couleur, un oiseau, une
matière, une étoffe, qui vont servir à dire
le trauma, à le faire advenir à nouveau
mais sous forme fragmentée, parce que
le sujet ne peut pas être au centre de
la scène. Il se promène, pour ainsi dire,
au bord du cratère. C’est à cela que me
D. L. : Pourquoi ?
A. D. : Parce qu’il y a chez elle une grande
tendresse. Chez l’hystérique, il n’y a
pas de tendresse : l’hystérique passe
son temps à chercher son maître. Alors
que chez Liddell, il y a des moments
d’une tendresse qui me laisse sans
voix. Après la frénésie, les hurlements,
tout à coup cela arrive, cette compassion qui est paradoxalement tout sauf
de la compassion. Elle n’a aucune compassion pour ceux qu’elle accuse, pour
les bourgeois, pour ceux qui ne sont pas
droits, pour tous ceux qui ne luttent pas
pour l’enfance – c’est-à-dire presque
tout le monde. Elle a une tendresse et
un amour fou pour les innocents, ceux
qui gardent, d’une façon ou d’une autre,
l’enfance en eux. Et sa haine pour le reste
de l’humanité, c’est une haine de louve
envers ceux qui menacent cette innocence-là. – C’est comme une mer qui
se retire après un déferlement, et cela
me bouleverse, elle nous donne accès
au cœur, au centre, à l’intouchable, tout
à coup. Les valses, dans son dernier
spectacle, produisaient cette douceur
énorme. Pour réussir cela, cette douceur et cette violence ensemble, il faut
une forme d’intelligence qui va au-delà
de l’instinct. Il faut une pensée de l’extrême amour. Oui, le cœur est là. Voilà
pourquoi elle me fait penser à Lévinas.
Elle ne veut pas d’un lieu où l’on puisse
se tenir tranquille.
D. L. : L’amour, entendu en ce sens, peutil être autre chose qu’extrême ?
A. D. : En fait, il me semble qu’on
appelle souvent «amour» toutes les
manières qu’on a de liquider l’amour...
Est-ce trop paradoxal ? Alors disons :
le problème qu’est l’amour, qu’il commence à poser quand il n’est pas dissocié du désir. Car l’amour non dissocié
du désir est souvent une chose insupportable, intenable, ingérable, subversive. Et donc, l’amour essaie de régler
son compte au désir de la façon la plus
«sympathique» qui soit : par l’harmonie,
par le temps, par la tendresse, dans le
meilleur des cas – ou quand c’est moins
brillant, par la convention, l’habitude,
l’attachement. Mais le désir, c’est l’évidence, ne peut pas être cadenassé.
Il est dans le discontinu là où l’amour
est dans le continu. D’ailleurs, prenez une à une toutes les oppositions,
et vous verrez qu’amour et désir, dans
leurs logiques respectives, s’affrontent
toujours terme à terme. Or je trouve
qu’Angélica Liddell remonte au-delà
de cette opposition. Elle est radicale,
ce qui veut dire qu’elle creuse jusqu’à
la racine de l’amour, jusqu’au point où
il s’enfonce obscurément dans le désir,
où il est hanté par les fantasmes et les
angoisses de la dévoration, de l’abandon... toute cette «boue», comme elle
dit, que la civilisation essaie de tamiser, de stabiliser, du côté des pulsions
premières de l’être, très profondes et
très archaïques. Le langage, la civilisation, l’éducation sont des décantations,
des sublimations de ces pulsions. Elles
sont essentielles, bien sûr. Mais les pulsions ne disparaissent jamais tout à fait
sans reste.
Propos recueillis par Daniel Loayza
Paris, 20 septembre 2014
Anne Dufourmantelle
Philosophe, psychanalyste, directrice de
collection, Anne Dufourmantelle est née
en 1964. Seule ou en collaboration, elle a
publié une vingtaine d’ouvrages. Dernières
parutions : En cas d’amour. Psychopathologie de la vie amoureuse (Rivages, 2012) ;
Puissance de la douceur (Payot, 2013) ;
Se trouver. Dialogue sur les nouvelles
souffrances contemporaines
(avec Laure Leter, Lattès, 2014).
4
«Il avait 29 ans.
Selon les uns,
il s’agissait
d’une dernière
performance
extrême, selon
d’autres, d’un
suicide.»
3 – 14 décembre / Odéon 6e
YOU ARE
MY DESTINY
(Lo stupro
di Lucrezia)
«Lucrece,» quoth he, this night I must
[enjoy thee:
If thou deny, then force must work my way,
For in thy bed I purpose to destroy thee:
That done, some worthless slave of thine
[I’ll slay,
To kill thine honour with thy life’s decay;
And in thy dead arms do I mean
[to place him,
Swearing I slew him, seeing thee
[embrace him.
«So thy surviving husband shall remain
The scornful mark of every open eye;
Thy kinsmen hang their heads
[at this disdain,
Thy issue blurr’d with nameless bastardy:
And thou, the author of their obloquy,
Shalt have thy trespass cited up in rhymes,
And sung by children in succeeding times.»
William Shakespeare : The Rape of Lucrece, stanzas 74-75
Il faut que cette nuit je jouisse de toi, chère Lucrèce ; si tu me
refuses, je saurai employer la force ; je t’immole dans mon lit
et j’égorge ensuite un de tes vils esclaves pour t’ôter l’honneur
avec la vie, et je le place dans tes bras morts, jurant que je l’ai
tué en te surprenant à l’embrasser.
texte et mise en scène
Angélica Liddell
en espagnol et italien, surtitré
scénographie et costumes
Angélica Liddell
lumière
Carlos Marquerie
son
Antonio Navarro
traduction en français
Christilla Vasserot
traduction en italien
Marilena de Chiara
avec
Joele Anastasi
Fabián Augusto
Ugo Giacomazzi
Julian Isenia
Lola Jiménez
Antonio L. Pedraza
Andrea Lanciotti
Angélica Liddell
Borja López
Emilio Marchese
Antonio Pauletta
Roberto de Sarno
Isaac Torres
Antonio Veneziano
chœur ukrainien
Free Voice : Anatolii Landar,
Oleksii Ievdokimov, Mykhailo
Lytvynenko
production déléguée
Iaquinandi, S.L.
production exécutive
Prospero : Théâtre National de Bretagne
– Rennes, Théâtre de Liège, Emilia
Romagna Teatro Fondazione, Schaubühne
am Lehniner Platz, Göteborgs Stadsteater,
World Theatre Festival Zagreb, Festival of
Athens and Epidaurus
coproduction
Odéon-Théâtre de l’Europe,
Festival d’Automne à Paris, deSingel
campus des arts international – Anvers,
Holland Festival – Amsterdam,
Le Parvis – Scène nationale Tarbes
Pyrénées, Comédie de Valence
– Centre dramatique national Drôme-Ardèche
avec le soutien
de la Comunidad de Madrid, Ministerio
de Educación, Cultura y Deporte – INAEM
remerciements
Àlex Rigola et Biennale de Venise
créé le
26 septembre 2014 au Théâtre National de
Croatie / World Theatre Festival Zagreb
durée
2h15
De sorte que ton époux deviendra un objet de mépris pour tous
ceux qui le verront. Tes parents baisseront la tête et ta progé-
certaines scènes de ce spectacle peuvent
heurter la sensibilité des plus jeunes, il est
déconseillé aux moins de 16 ans
niture sera souillée par le titre de bâtards. Toi-même, auteur
de leur honte, tu iras à la postérité dans des couplets que les
avec le Festival d’Automne à Paris
enfants chanteront à l’avenir.
William Shakespeare : La mort de Lucrèce, in «Œuvres complètes de Shakespeare»,
traduites par Letourneur, nouvelle édition revue et corrigée
par F. Guizot et A. P. traducteur de Lord Byron, Paris, Ladvocat, 1821.
La traduction a été adaptée à la version qui en est donnée dans la pièce
d’Angélica Liddell. (N.d.T.)
1965
Georg Baselitz
Die großen Freunde
(Les Grands amis)
1965
Günter Brus,
Selbstverstümmelung
(Automutilation), Vienne
Culmination de la série picturale des
«Héros», le tableau a été qualifié
d’élégie tragique sur le paysage perdu
de l’Allemagne.
Brus, l’un des fondateurs de l’actionnisme viennois, met en œuvre la souffrance de son propre corps dans une
performance captée par le cinéaste
Kurt Kren.
en tournée
Festival de Otoño a Primavera
– Madrid (Espagne)
9 – 11 janvier 2015
Comédie de Valence
23 et 24 janvier 2015
RISQUER L’ÉCARTÈLEMENT
Entretien avec Thaddaeus Ropac
Depuis le milieu des années
1980, Thaddaeus Ropac n’a
cessé d’accompagner des
artistes aussi différents que
Beuys, Basquiat, Haring,
Baselitz ou Kiefer. Jusqu’où
un créateur peut-il aller ?
À l’occasion du prochain
spectacle d’Angélica Liddell,
Thaddaeus Ropac nous fait
part de son point de vue.
Daniel Loayza : Un artiste a-t-il tous les
droits ?
Thaddaeus Ropac : Il m’est arrivé
de l’affirmer. Je ne suis pas sûr de
le redire en ces termes aujourd’hui.
Mais pour en parler, prenons des
exemples extrêmes. Quand je pense
aux limites de ce qu’un artiste peut
tenter, les deux premiers noms qui me
viennent à l’esprit, entre tant d’autres,
sont ceux de Günter Brus et de Rudolf
Schwarzkogler, deux figures majeures
de l’actionnisme viennois. En 1970,
Günter Brus a fait une performance,
Zerreißprobe, au cours de laquelle il a
risqué l’écartèlement. La décision de
s’arrêter ou de continuer lui revenait
à lui seul. Le visionnage du film est
impressionnant, encore aujourd’hui.
Après Zerreißprobe, Brus n’a plus
jamais fait de performance. Il est passé
à autre chose, à l’écriture et au dessin.
S’il avait continué dans la même voie,
il se serait probablement tué.
D. L. : Et au théâtre ?
T. R. : Il me semble qu’actuellement,
le théâtre et l’art contemporain sont
en train de converger comme jamais
peut-être auparavant. Il y a déjà eu des
moments historiques où leurs domaines
se sont rapprochés, du temps du surréalisme, par exemple. Mais aujourd’hui,
les points d’intersection sont de plus
en plus nombreux. La performance
est devenue une forme d’expression
majeure. Nous avons d’ailleurs réservé
aux arts performatifs l’un des bâtiments
de notre galerie de Pantin, ouverte il y
a deux ans. Je suis très fier d’avoir pu
l’inaugurer en y accueillant les éléments
historiques et les documents relatifs à
l’Iphigenie/Titus Andronicus de Joseph
Beuys, qui datait de 1969. Le même
espace présente jusqu'au 15 novembre
2014 un jeune artiste britannique,
Oliver Beer : son installation Diabolus in
musica est un ensemble qui fait appel à
des échos sonores, à des projections de
films... Les résonances avec certaines
recherches dramatiques sont d’autant
plus étonnantes que jusqu’ici, très souvent, les artistes ne se connaissaient
pas. Il n’était pas si courant que les
créateurs sortent de leur propre bulle
pour prendre connaissance d’autres
domaines. Mais les choses sont en train
de bouger très vite. J’étais hier à la première de Qui a peur de Virginia Woolf ?,
d’Edward Albee, mis en scène à Munich
par mon compatriote Martin Kušej...
D. L. : Martin Kušej, que Luc Bondy a
invité à deux reprises à l’Odéon avec
Der Weibsteufel et Die bitteren Tränen
der Petra von Kant...
D. L. : Et Rudolf Schwarzkogler ?
T. R. : Il s’est défenestré à Vienne le
20 juin 1969, dans des circonstances
obscures. Il avait 29 ans. Selon les
uns, il s’agissait d’une dernière performance extrême, selon d’autres,
d’un suicide. Nous allons ouvrir, le 23
octobre 2014, une exposition dont le
curateur est Jack Pierson, un artiste
américain. Les quatre très jeunes
créateurs new-yorkais qui seront présentés ont tenu à y intégrer certaines
traces du travail de Schwarzkogler,
en particulier des photographies. De
quel droit pourrait-on juger de ce qu’il
voulait faire, ou de quel droit pouvait-on lui interdire de le faire ? Il est
sans doute trop simple, trop rapide et
confortable de déclarer que «tout est
permis». Je préfère dire que l’artiste
a tous les droits, mais au sens où ces
droits lui reviennent, lui appartiennent.
À lui de voir que faire, comment le faire
et jusqu’où. C’est à l’artiste que ce
problème se pose. Le public, lui, doit
l’accompagner, accepter ce qu’il fait.
Cela dit, je suis sûr qu’il y a des limites,
même si elles sont très difficiles à
décrire, et donc à anticiper.
T. R. : Oui. Ceux qui ont vu ces spectacles
savent déjà que sa façon de travailler l’espace-temps du plateau relève vraiment
de l’art contemporain. Cette fois-ci, la
scénographie était d’un noir opaque, et
les éclairages au néon divisaient l’action
en scènes, ponctuaient en éblouissant.
Kušej est un artiste qui visite beaucoup
les musées et les galeries, et cela se voit.
J’ai eu le privilège de lui présenter Anselm
Kiefer... Même à l’opéra, qui est peut-être
une forme plus conservatrice, un mouvement est amorcé. Un peintre et plasticien
comme Daniel Richter a pu signer une
mise en scène très remarquée de la Lulu
d'Alban Berg. J’ai le sentiment que les
créateurs sont de plus en plus nombreux
à s’observer depuis leurs champs respectifs, avec une curiosité prudente, et à
croiser le théâtre, la performance, les arts
plastiques, la danse, à des niveaux très
intéressants. L’art ne peut jamais échapper à un certain esprit de son temps.
D. L. : Vous êtes-vous jamais senti en
danger devant des images, des performances ? Avez-vous éprouvé que le
danger, la violence étaient des éléments
nécessaires de certaines œuvres ?
septembre 1966
Rudolf Schwarzkogler
Action 6, Vienne
Une série de photos hermétiques et
troublantes où une figure enveloppée
de bandelettes manipule divers objets
(dont des fils électriques,
un stéthoscope, une ampoule,
des poulets morts).
T. R. : L’art doit vous émouvoir, d’une
façon ou d’une autre. Cela, c’est la base.
Tout le reste est construit sur cette base.
Ensuite, l’artiste peut partir dans toutes
sortes de directions. Il peut provoquer
ou non, mettre en question, mettre à
l’épreuve, irriter, donner à penser. Il peut
le faire bruyamment ou silencieusement. Tout est permis au sens où toutes
les voies sont ouvertes. Et parmi elles,
la théâtralité a sans doute une puissance de confrontation et de provocation presque inévitable. Ce qui fait que
le théâtre a un certain rapport possible à
la douleur, qui fait partie de ses moyens
propres... Joseph Beuys le savait, lui qui
a intégré comme personne avant lui la
théâtralité parmi ses moyens d’expression. Mais Beuys ne cherchait pas à
vous faire violence, ni à vous mettre en
danger. Il connaissait les côtés les plus
sombres de la vie, mais son art était
aussi, à certains égards, une pratique
quasiment chamanique. Qu’il mette son
propre corps en jeu ou qu’il dessine sur
papier, il visait à nettoyer, à purifier.
À apaiser la souffrance. Mais les voies
sont tellement diverses... Connaissezvous Ilya Kabakov ? Son travail se nourrit
des pages les plus sombres de l’URSS.
Et pourtant, il nous tient à une certaine distance, comme si nous lisions
un livre ou assistions à un film sur la
cruauté de cette époque. Est-ce que le
théâtre permet ce genre de distance ?
Par contraste, Anselm Kiefer provoque
en moi une sensation très différente.
Avec lui, on est confronté à un passé
qui ne passe toujours pas, après toutes
ces années, et qui ne cesse de hanter
l’âme allemande. Même pour moi, un
Autrichien né vingt ans après la guerre,
le miroir qu’il me tend est toujours aussi
actuel... Un dernier exemple. Hier, avant
d’aller au théâtre, j’étais à la Haus der
Kunst de Munich pour une exposition de peintures récentes de Georg
Baselitz. Baselitz, dès les années 1960,
a peint le «héros allemand», mais torturé, abîmé, dépouillé de son héroïsme.
Ce qu’il nous montre dans son œuvre
nous parle immédiatement. Il ne s’agit
pas de danger physique, ni de provocation – mais de douleur ou de souffrance,
certainement.
D. L. : Beuys, Kabakov, Kiefer, Baselitz...
Les noms que vous citez sont ceux
d’artistes qui ont un rapport intime à
l’Histoire.
T. R. : C’est vrai. À la violence de
l’Histoire. Mais ce n’est pas une
Histoire à laquelle on puisse assister en
voyeurs. Leur art vous implique, il fait de
vous une partie de l’Histoire – soit un
lecteur, soit un acteur sensible, mais pas
un voyeur. Bien sûr, chez Kabakov, l’implication est d’un tout autre ordre que
chez Kiefer ou Baselitz. Vu mes origines,
leur travail me parvient de façon plus
directe. C’est d’autant plus vrai qu’on
30 mai 1969
Joseph Beuys
Iphigenie/Titus
Andronicus, Francfort
Une performance historique sur la
scène du Theater am Turm, associant
Goethe et Shakespeare.
Peter Handke est dans la salle.
Joseph Beuys, Iphigenie/Titus Andronicus,
1985, Positif et négatif photographique sur
film, estampage à la peinture brune, plaques
de verre (107 x 79 x 5 cm)
19 juin 1970
Günter Brus
Zerreißprobe
(Tentative de déchirement),
Munich
Ultime action de Brus, réalisée en
exil à la suite d’une condamnation en
Autriche à six mois de prison ferme.
5
a le sentiment aujourd’hui que cette
Histoire dont ils nous parlent n’est surtout pas de l’ordre du passé. On a l'impression que cela pourrait se répéter...
Devant de tels artistes, on ne passe pas
d’une œuvre à l’autre comme on feuillette un magazine. Ils rendent l’Histoire
présente. Avec eux, l’art contemporain est ce qui rend contemporain le
temps lui-même. Je pense à l’extraordinaire série de ces derniers tableaux
de Baselitz que j’ai vus hier. Ils les a
peints au cours des deux dernières
années. L’un d’eux représente un aigle
tombant du ciel, complètement déchiqueté. Un tournoiement de plumes, brutal, puissant. L’aigle est un symbole très
fort, un emblème qui figure sur le drapeau allemand, l’oiseau de Zeus et de
Jupiter. On pourrait dire qu’il est le symbole même de l’Occident. La toile fait
plus de trois mètres sur deux. Le corps
noir du rapace, le bleu-noir du ciel,
luttent et se confondent. On ne peut
plus les séparer. Le titre du tableau,
en langue allemande, confirme cette
impression de chaos tragique : Adzer
schwarler mélange les mots comme
les couleurs le sont sur la toile, car en
allemand, «aigle noir» devrait se dire
Schwarzer Adler. C’est à la fois impressionnant et désespérant. Comme si la
peinture vous vidait de presque tout
votre espoir tout en vous communiquant quelque chose de sa force. Et
elle peut faire cet effet parce qu’elle est
présente et restitue au présent le drame
qui se joue. Elle date d’il y a quelques
mois à peine. Comparez-la avec cet
autre grand tableau de Baselitz, Die
großen Freunde, peint il y a presque
un demi-siècle. Les corps sont déformés, le drapeau est brûlé. Le paysage
est fait de ruines consumées. Le ciel
est déjà noir. Les mains ne se touchent
pas, les regards ne se croisent pas.
Voilà les «grands amis» selon Baselitz,
voilà le monde où il situe ce qui reste de
l’amitié. Est-ce qu’elle survit ou est-elle
déjà morte ? Cinquante ans après, le noir
du ciel a désormais tout envahi, comme
si c’était le ciel lui-même qui tombait,
un tourbillon de ciel en cendres, tout
ce qui reste d’un vol, d’un élan qui voulait s’arracher au monde... Si l’art a partie liée avec la violence, c’est là qu’elle
se situe pour moi. Elle peut être silencieuse, presque invisible si vous passez
sans regarder. Mais le grand art, si vous
consentez à le voir, ne vous fait pas de
cadeau. Il fera tout ce qu’il doit faire pour
vous toucher.
Propos recueillis et traduits
par Daniel Loayza
Paris, 19 septembre 2014
2012
Georg Baselitz
Adzer schwarler
L’un des derniers tableaux de
Baselitz, tiré d’une série «à la manière
noire» actuellement exposée à la
Haus der Kunst de Munich.
Thaddaeus Ropac
Né en 1960 à Klagenfurt (Autriche), il fonde
sa première galerie à Salzbourg en 1983.
Sept ans plus tard, il ouvre au cœur du
Marais une deuxième galerie qui s’étend
aujourd’hui sur trois étages d’un immeuble
historique, avant d’inaugurer en 2012, dans
les huit bâtiments d’un ancien site industriel de Pantin, des espaces d’exposition,
un lieu de performances, une salle de
projection ou des ateliers, entre autres.
Il représente aujourd’hui une cinquantaine
d’artistes internationaux.
Galerie Thaddaeus Ropac Marais 7 rue Debelleyme, Paris 3e
Galerie Thaddaeus Ropac Paris Pantin
69 avenue du Général-Leclerc, 93500 Pantin
Plus d’informations sur ropac.net
LES
BIBLIOTHÈQUES
DES POINTILLÉS
QUI TRACENT
PEU À PEU LES
CONTOURS
6
7
décembre – janvier 2015
Lire en attendant de voir... Il y a un an, La Réunification des deux Corées faisait salle comble, et les admirateurs de
Joël Pommerat découvraient enfin ce que l’énigme de ce titre signifiait. Son mystère n’est pas pour autant éventé : simplement,
ce titre est maintenant comparable à une clef de chiffrage publique – on a beau savoir ce qu’il veut dire, il reste impossible de
le comprendre à moins d’assister à son tour au spectacle. Le texte de la pièce ayant été publié (Actes-Sud Papiers, 2013), nous
pouvons désormais le feuilleter à notre rythme, scruter le mouvement de chaque scène ou sauter de l’une à l’autre pour opérer notre propre montage. Joël Pommerat, qui n’aime pas se laisser enfermer dans des oppositions trop tranchées, préfère
se définir comme «créateur de spectacles» plutôt que comme auteur ou metteur en scène. Mais il est aussi auteur, même s’il
conçoit son écriture comme une face parmi d’autres d’un travail plus global. Ce travail se laisse approcher par diverses voies
qui se complètent. Le spectateur pourra retrouver La Réunification dès le 10 décembre ; d’ici là, le lecteur peut en explorer le
texte en toute liberté, et son plaisir à venir n’y perdra rien.
Philtre,
Argent,
Clés,
Amour,
Attente.
Ces titres tournent-ils ou non autour d'un
point central ? Sont-ils comme des pointillés qui tracent peu à peu les contours
d'un domaine partagé ? Et quel rapport
avec ce titre général, si bizarre au premier abord, La Réunification des deux
Corées ? Bornons-nous ici à relever que
le seul mot à être répété dans la liste des
titres est le mot «Amour», mais que justement, cette répétition sert peut-être à
indiquer que l'amour ne permet pas de
couvrir à lui seul tout le champ parcouru
par la pièce (les deux titres en question
sont en effet «Amour» et «L'amour ne
suffit pas»). Et cela dit, concentronsnous sur le seul titre qui soit commun au
spectacle et au livre.
Qu'est-ce que «La Séparation des deux
Corées» ? Pour l'apprendre, il faut patienter jusqu'au début du dernier tiers du
spectacle. Dans la quatorzième scène,
«Mémoire», Philippe Frécon interprète
Serge, un homme obligé de dire comment il s'appelle à Cécile, sa femme
(Agnès Berthon), qu'il prend soin d'interpeller par son prénom. Il ne peut pas faire
autrement : elle semble avoir complètement perdu la mémoire. Dans l'amnésie
rétrograde, le patient ne parvient plus
à récupérer des souvenirs antérieurs
à l'épisode pathologique (qu'il s'agisse
d'une maladie dégénérative, d'une
tumeur ou d'un traumatisme importe
peu ici, et nous ne saurons jamais ce qui
est arrivé à Cécile, car Serge n'en peut
plus de revenir à «cette histoire»). Dans
l'amnésie antérograde, ce sont les événements postérieurs à l'épisode pathologique qui ne sont plus fixés : au-delà
d'un certain point, plus rien ne s'enregistre sur la bande mémorielle. Cécile
souffre d'une forme d'amnésie qui est
à la fois rétrograde (elle ne se rappelle
pas avoir été mariée, ni même avoir eu
des enfants) et antérograde (d'un jour ou
d'une semaine à l'autre, elle ne se souvient pas que Serge vient régulièrement
lui rendre visite).
Nous découvrons son état peu à peu, à
mesure que son mari, répondant à ses
questions, lui fournit les quelques informations nécessaires à leur stupéfiante
conversation. Lui la tutoie ; elle le vouvoie, puis le tutoie à sa demande, mais
on sent bien qu'elle risque à tout instant
(est-ce simple distraction, ou un effet de
sa maladie ?) de retomber dans le vouvoiement, ce qui finit d'ailleurs par lui
arriver parfois. Il est pour elle un parfait
inconnu, mais un inconnu qui détient
la clef de sa propre identité, car elle le
croit – malgré sa surprise, elle ne cesse
jamais de lui faire confiance. (Cette sorte
de foi en l'autre, si évidente qu'elle va
sans dire, est-ce là, déjà, une forme de
mémoire d'avant la mémoire ?) Et pourtant, de cet «inconnu», son mari, le père
de ses deux enfants également oubliés,
elle ne pense pas même avoir un souvenir physique. Cette scène pourrait être
d'une tristesse affreuse ; ce qui est bouleversant, c'est précisément qu'elle ne
l'est pas. Comme dit Serge : «C'est agaçant. Mais c'est pas grave... Il y a des vies
encore plus compliquées que la nôtre...
Faut pas se plaindre...». Et comme dit
Cécile : «Pour moi, j'ai l'impression que
c'est la première fois...» avant de confirmer quelques secondes plus tard, après
avoir pris cet homme dans ses bras :
«C'est la première fois».
Un puzzle de
temps.
La distance qui s'est creusée entre
ces deux êtres paraît immense, à la
mesure de l'écart entre la mémoire
et son absence ; et de fait, elle ne se
résorbe jamais. Mais c'est comme si,
petit à petit, obscurément, nous découvrions que cet abîme avait un envers,
une sorte de face indicible. Car Cécile –
comme si elle avait oublié son amnésie même, comme si cela pouvait servir
à quelque chose – veut tout à coup
savoir «comment on s'aimait […] quand
on s'est mariés». Alors Serge, pour
lui répondre, cherche à lui faire sentir ce qu'est l'amour dans un «couple
ordinaire qui vient de se marier». Et
comme elle ne comprend toujours pas
– comment le pourrait-elle, elle qui ne
se souvient pas même de ce qu'est un
couple ordinaire ? – Serge s'arrête, et
Pommerat nous précise qu'il regarde sa
femme dans ses yeux et explose. Voici
les mots de cette explosion :
«Mais non, quand on s'est rencontrés
c'était parfait. On était comme deux moitiés qui s'étaient perdues et qui se retrouvaient. C'était merveilleux. C'était comme
si la Corée du Nord et la Corée du Sud
ouvraient leurs frontières et se réunifiaient et que les gens qui avaient été
empêchés de se voir pendant des années
se retrouvaient. C'était la fête, on sentait
qu'on était reliés et que ça remontait très
loin.»
Serge parle de cette «fête» au passé. Mais
ce passé, malgré ce que suggère l'image
des deux Corées, n'est pas simplement
historique. Serge glisse d'un usage temporel de l'imparfait à son usage modal
(dans «c'était parfait» ou «c'était merveilleux», l'imparfait renvoie bien au moment
de la rencontre, mais quand il est question des Corées qui «ouvraient» leurs
frontières, nous ne sommes plus dans
une chronologie d'événements objectifs, mais dans l'irréalité d'une comparaison). Derrière ce passé qui n'en est pas
tout à fait un, quelque chose comme un
outre-temps se laisse entrevoir. Au verbe
«retrouver», que Serge prononce deux
fois, fait écho une longue série allitérante :
rencontrer, réunifier, relier, remonter,
comme s'il y avait retour à un état antérieur – mais cet état n'a jamais eu lieu ;
comme s'il y avait répétition d'une unité
primordiale – mais jamais cette singulière
unité ne se sera produite, pas une seule
fois, dans nul passé.
Ce ressurgissement d'un état originel,
figuré à travers l'image si concrète d'une
séparation situable dans l'espace-temps
de notre monde, n'a jamais été présent.
Son temps est celui du mythe dont parle
Aristophane dans Le Banquet de Platon.
Aristophane qui, rappelons-le, raconte
comment les humains de la race primordiale, avant d'être coupés en deux sur
l'ordre de Zeus, étaient formés de l'union
de deux humains actuels, donnant ainsi
lieu à «trois catégories d'êtres humains et
non pas deux comme maintenant» : aux
rejetons purement mâles, nés du Soleil,
et au purement femelles, rejetons de la
Terre, s'ajoutait «une troisième <catégorie> qui participait aux deux autres, dont
le nom subsiste aujourd'hui, mais qui,
elle, a disparu. En ce temps-là il y avait en
effet l'androgyne, un genre distinct qui,
pour le nom comme pour la forme, faisait la synthèse des deux autres, le mâle
et la femelle. Aujourd'hui cette catégorie n'existe plus [...]» (Le Banquet, 189e,
trad. Luc Brisson).
Retrouver.
Rencontrer.
Réunifier.
Relier.
Remonter.
À moins d'être poète, personne n'a
conservé la mémoire de «ce temps-là».
À moins de métaphores, comment le désigner ? Mais dans la perfection de la rencontre, il est devenu sensible ; sans être
là, il charge pour ainsi dire la présence
de son aura. Serge a rejoint Aristophane ;
avec ses mots simples, le vendeur de voitures du début du XXIe siècle a retrouvé
l'intuition d'un grand dramaturge, mis en
scène par un grand philosophe. Il n'en sait
peut-être rien, mais qu'importe : le lien qu'il
énonce remonte «très loin», en amont de
tout savoir, de toute conscience. Et que
Serge soit seul à porter le souvenir de cette
perfection pointant au-delà d'elle-même
n'y change rien. Cette charge, sans doute
écrasante, est sans doute aussi ce qui
l'anime. C'est elle qui le reconduit régulièrement auprès de sa bien-aimée ; et cette
charge, l'amnésique «émue», à défaut de
pouvoir se la remémorer, l'entend.
Quand Cécile demande à Serge s'il
l'aime, il lui répond sans hésiter : «Oui,
absolument.» L'absolu, étymologiquement, c'est l'absence de lien ; pour ce
«couple ordinaire» qui l'est tellement et
si peu, il faudrait ici préciser : l'absence
de tout lien qu'on puisse couper. Le
temps ne fait rien à l'affaire. «Mémoire»,
en quelques instants, quelques répliques
toutes simples, nous a reconduits sur un
seuil immémorial, là où l'effleurement
d'un corps contre un autre, «un petit
geste de la main, affectueux, presque
involontaire», suffit désormais à tout
résumer. Et c'est ainsi qu'à chaque visite,
au sein de la séparation, les deux amants
se rencontrent, presque comme dans les
contes, pour une nouvelle première fois.
Daniel Loayza
Paris, 25 septembre 2014
Couverture de l'ouvrage
Marguerite Duras. L'écriture de la passion
par Laetitia Cenac, éditions de La Martinière,
octobre 2013, réalisée par Floc’h
OD ON
En feuilletant le texte imprimé de
La Réunification des deux Corées, on
découvre d'abord que chacune des
scènes de la pièce porte un titre. Il y en a
une vingtaine. Leur liste est donnée dans
la table des matières. En voici quelquesuns, dans le désordre : «Philtre, Argent,
Clés, Amour, Attente». Le spectacle ne
permet pas à son public de deviner l'existence de ces titres. À l'inverse, la table
des matières ne fait nulle mention de la
présence, dans le spectacle, de «Celui
ou Celle qui chante», mystérieux androgyne qui vient par trois hanter la scène et
y faire résonner «une voix étrange».
8
FAIRE LE VIDE
EN SOI
IL NE FAUDRAIT PAS PRÊTER
UN LIVRE MAIS LE DONNER
Marguerite Duras
Laure Adler
Sonia Wieder-Atherton
Ma bibliothèque aussi s’écrit en pointillé… en raison des livres prêtés que l’on ne m’a jamais
rendus. Quand le rapt est fomenté par un étudiant, je tente de transformer ma déconvenue en
satisfaction, me disant qu’il s’agit là d’une victoire pédagogique. Mais la plupart du temps, je
n’ai pas cette élégance et je maugrée après le pilleur. En fait il ne faudrait pas prêter un livre
mais le donner. Ainsi la bibliothèque ne serait pas démembrée mais ouverte au monde et au
culot des écornifleurs.
Le cauchemar de la bibliothèque est aussi celui du trop-plein… Il est vrai que, volés ou
achetés, la pléthore de livres peut provoquer le malaise. L’Autodidacte, un personnage de
La Nausée est pris de vertige devant les rayonnages de la bibliothèque municipale. Il ne sait
pas par quel livre commencer. Pourtant il lui faut tout avaler. N’en omettre aucun. Alors il sera
méthodique et lira les ouvrages de A à Z. Par noms d’auteurs. Le classement alphabétique
empêchera ainsi tout oubli, en même temps qu’il annulera le plaisir et la liberté qui réside justement dans le fait de renoncer à telle ou telle œuvre. Ce caprice du lecteur est nécessaire.
Nos choix ou non-choix, nos amours ou désamours forgent notre jugement et, maintenant
celui-ci suspendu, rendent la surprise possible.
Pour moi, qui lisais pour la première
fois à voix haute ce texte que je croyais
connaître, ce fut un exercice périlleux où
tout le corps fut obligé de participer, sans
que je m’en rende compte véritablement,
tant j’avais l’impression de remonter à
la nage le cours d’une rivière, contrainte
d’éviter à tout moment les pierres
– petites ou grandes – qui pourraient freiner mon parcours, et il me semblait vital
– sans en connaître les raisons – de pouvoir être capable d’aller jusqu’au bout.
Ce n’est pas seulement une question
de souffle. C’est une histoire d’apprentissage du calme. Faire le vide en soi
pour pouvoir aborder les différents
continents qu’elle explore dans ce texte.
La Vie matérielle est composée de chapitres. Certains pourraient dire que c’est
un recueil de nouvelles. On y passe du
coq à l’âne. Et pourtant quand le texte est
sorti de moi, je n’y ai vu qu’un seul et long
lamento, comme si la substance qu’on
avait à l’intérieur s’écoulait, comme si le
procédé des associations libres, utilisé
en psychanalyse, était à ciel ouvert. Ce
livre peut apparaître comme une confession, un autoportrait tout morcelé, une
mise à nu. Marguerite Duras y parle de
la vie, de la mort, de l’amour, de la solitude, de la séparation d’avec les autres,
du désir fou de pouvoir les atteindre par
le biais de l’écriture. Son regard, qu’elle
le porte sur un enfant sur une plage de
Normandie ou sur une route pluvieuse
du centre de la France, renvoie toujours
à un éternel ressassement de soi, une
fatigue d’être, mais aussi un espoir de
pouvoir s’en sortir. Alors, bien sûr, il y a
toujours des parades pour faire comme
si. Savoir faire la cuisine et plus particulièrement la soupe aux poireaux,
savoir tenir une maison, se tenir dans le
monde, faire semblant d’avoir des occupations. Mais être écrivain c’est justement avoir su couper le lien social, savoir
descendre à l’intérieur de soi, prendre
des risques, sans même être conscient
qu’on les prend. Pouvoir dire les mots de
Marguerite Duras fut une épreuve initiatique, un exercice tant physique que psychique, dont je ne sais si je suis sortie
indemne, et qui restera longtemps dans
ma mémoire.
L’écriture de Duras est musicale. Ellemême le reconnaissait et elle jouait
du piano. Le son de Sonia WiederAtherton et l’étrange mélancolie qui
en émane constitue pour moi non un
accompagnement – Duras n’a pas besoin
d’être accompagnée – mais une sorte
de tissu interstitiel, une affinité secrète,
une résonance magnétique. Ce que nous
tentons de faire ce n’est pas texte et
musique mais respirations entremêlées.
Laure Adler, janvier 2014,
in «La Vie matérielle»
de Marguerite Duras,
lue par Laure Adler, Naïve livres lus
Grande salle
LES INATTENDUS
La Vie matérielle
de Marguerite Duras
Lundi 8 décembre / 20h
Lecture musicale de Laure Adler
Accompagnée au violoncelle
par Sonia Wieder-Atherton
Musique, extraits de Vita Monteverdi – Scelsi
Sonia Wieder-Atherton
© Xavier Arias
ET POURTANT,
ILS LISENT
ENCORE...
9
Cécile Ladjali, Ma bibliothèque. Lire, écrire, transmettre. Seuil, 2014
Texte publié avec l'aimable autorisation des éditions du Seuil
Cécile Ladjali
Agrégée de lettres modernes,
elle enseigne la littérature à l’Université
de Paris III (Sorbonne Nouvelle).
Elle a publié un essai, Mauvaise langue
(Seuil, 2007), couronné par le prix
Femina pour la défense de la langue
française. Ses romans sont publiés
chez Actes Sud, le dernier paru étant
Shâb ou la nuit (2013).
Cécile Ladjali sera l'invitée,
au salon Roger Blin de
À QUOI TENONS-NOUS VRAIMENT ?
LIRE C'EST VIVRE
jeudi 6 novembre / 18h
Clémentine Mélois est une artiste née
Ce jeu est aussi une façon de s’inter-
en 1980. Son travail se compose de
roger sur l’esthétique d’une couver-
détournements d’images, de références
ture, qui porte une double histoire,
décalées, d’appropriations visuelles,
celle de l’œuvre et de son destin, et
de pieds de nez, de clins d’œil et de
aussi celle de l’édition. Le premier
glissements sémantiques.
coup d’œil suggère un contenu, par
Dans Cent titres, elle pastiche par
la typographie employée, par le for-
l’image les classiques de la littéra-
mat, la composition. À chaque genre
ture et nous présente son étonnante
répondent une myriade de codes, qui le
bibliothèque. Lirons-nous aujourd’hui
rendent immédiatement identifiable :
Maudit Bic, d’Herman Melville, ou
fragilité d’un recueil de poèmes,
Père et Gay, de Léon Tolstoï ? Au
jaune et noir d’un roman policier,
fait, quel philosophe a-t-il écrit
sobriété d’un «grand» classique… ce
Le Crépuscule des idoles des jeunes ?
sont les lecteurs qui font les livres.
Pour
décrypter
les
anagrammes,
contrepèteries, homophonies, permutations et autres astuces de ces cent
titres, on passera de la culture classique à la culture populaire, puisant
dans des souvenirs de lectures, de
chansons, de publicités ou de films.
Cent titres, éditions Grasset,
préface de Jacques Roubaud.
En librairie le 22 octobre.
http://www.facebook.com/Clementine.Melois
Exer6 2 styl © Clémentine Mélois
LE TREIZIÈME DES
TRAVAUX D’HERCULE
salon Roger Blin
MA BIBLIOTHÈQUE IDÉALE
Pour clore le cinquantième anniversaire de la
collection, nous avons demandé à cinq écrivains
de puiser dans le catalogue de la GF-Flammarion
et de constituer leur propre bibliothèque idéale.
Après les écuries d’Augias, les oiseaux du lac Stymphale et
les pommes du jardin des Hespérides, Héraclès ouvre le cycle
Mythes et Épopées des Bibliothèques de l’Odéon.
Pour petits et grands monstres, à partir de huit ans.
Parmi les œuvres du patrimoine oral
de l’humanité, les épopées sont les
plus emblématiques de l’aventure des
hommes. Elles tiennent rassemblées
des communautés en perpétuant
leurs langues, croyances, traditions et
valeurs fondatrices. Si elles parlent
toujours de courage, c’est surtout du
courage silencieux de l’humain face
aux dieux et au destin.
Les mythes quant à eux sont des
récits fondateurs, anonymes et collectifs. Ils servent d’explication du monde.
Ce sont des récits de création et de fin
du monde. Ce sont des faits et gestes de
dieux et de héros. Ce sont encore des
superstitions qui restent puissantes
car les mythologies renferment toute
la poésie et la passion dont est
capable l’esprit humain. CLiO a
construit un cycle épique et mythologique qui donne à entendre quelquesuns de ces récits qui ont marqué notre
continent.
Le solitaire
mardi 2 décembre / 18h
en présence de Vincent Delecroix
Le cosmopolite
mardi 13 janvier / 18h
en présence de Dany Laferrière,
de l'Académie française
Une étude menée aux USA à l’automne
2013 montre que parmi les moins de
trente ans, plus de 88 % ont lu un livre
au cours de l’année, contre 79 % l’année
précédente.
Si la lecture est une activité principalement solitaire, les réseaux sociaux
et les flux d’informations numériques
transforment cette pratique. La lecture se partage aujourd’hui aussi sur
internet, et par effet boule de neige,
partout : quand l’émission télévisée
«La grande librairie», sur France 5,
appelle en septembre 2014 à témoigner sur «le livre qui a changé votre
vie», les réseaux sociaux s’enflamment
et chacun présente son livre fétiche.
Quand on aime un livre et qu’on a envie
d’en parler de manière vivante, quoi
de mieux qu’une vidéo postée sur un
réseau comme Youtube pour partager
ses coups de cœur littéraires ? La vogue
des «Booktubers» – ces jeunes et moins
jeunes qui parlent de livres sur Youtube –
née aux États-Unis, très présente aussi
dans les pays hispanophones, ne semble
pas avoir atteint la francophonie. Et si
vous vous lanciez ?
Au Québec, une initiative lancée sur
Facebook pendant l’été 2014 suggérait
«d’oublier un livre quelque part» pendant
la deuxième semaine de septembre. Le
but étant qu’un inconnu s’empare du
livre «oublié» et découvre à l’intérieur
une petite note expliquant pourquoi
on avait choisi de l’abandonner. 24 000
personnes auraient répondu à l’invitation.
Dans le même esprit, les «petites bibliothèques gratuites» (Little Free Library)
ou «biblioboîtes» poussent un peu partout en Amérique du Nord. À Berlin, ces
bibliothèques de rue se rencontrent
aussi très fréquemment. Le principe :
dans une boîte prévue à cet effet et disposée sur la voie publique de la même
manière qu’une boîte à lettres, vous disposez des ouvrages que vous souhaitez
faire lire à d’autres. Le passant peut en
prendre un ou plusieurs, à condition de
disposer à la place un nombre équivalent d’ouvrages.
En Italie, la pratique du don de livre en
librairie est en vogue : Il libro sospeso (le
livre suspendu). On achète un livre qu’on
aime pour qu’il soit donné à la prochaine
personne qui entre dans la librairie, en
laissant pour elle une dédicace sur un
post-it. Il y aurait trois millions d’occurrences du hashtag #librosospeso sur
twitter.
source : actualitte.com
salon Roger Blin
MYTHES ET ÉPOPÉES
Heraklès
mercredi 10 décembre / 15h
par Magda Kossidas
accompagnée de Petros Satrazanis
(percussions, cordes)
à partir de 9 ans
Le Chant du
Rossignol Brigand
mercredi 14 janvier / 15h
par Magda Lena Gorska
récit, chant, accordéon
à partir de 10 ans
En 1955, Paul Grimault futur collaborateur
de Jacques Prévert (Le Roi et
l’Oiseau) réalise pour la société «La vache
qui rit», une campagne publicitaire imprimée sur papier buvard pour écolier et
reprenant sous un mode humoristique
Les douze travaux d’Hercule
10
DÉCEMBRE – JANVIER
11
10 décembre – 31 janvier
Berthier 17e
salon Roger Blin
MA BIBLIOTHÈQUE IDÉALE
animé par Daniel Loayza
Le solitaire mardi 2 décembre / 18h
en présence de Vincent Delecroix
Le cosmopolite mardi 13 janvier / 18h
en présence de Dany Laferrière, de l'Académie française
LA RÉUNIFICATION
DES DEUX
CORÉES
studio Gémier
XXIe SCÈNE / NOUVELLES VOIX CONTEMPORAINES
une proposition de Sophie Loucachevsky
avec les jeunes acteurs de l’ESAD
de Joël Pommerat
lundi 8 décembre / 18h
Carine Lacroix et Moreau (Collectif Le train de vie)
lundi 19 janvier / 18h
Sam Holcroft et Allistair Mac Dowell
scénographie et lumière
Éric Soyer
costumes Isabelle Deffin
son François Leymarie, Grégoire Leymarie
musique originale
Antonin Leymarie
vidéo Renaud Rubiano
Grande salle
LES INATTENDUS
La Vie matérielle / Marguerite Duras lundi 8 décembre / 20h
Manuscrit de Lol V. Stein de Marguerite Duras
Fonds Marguerite Duras/IMEC
lecture musicale / lu par Laure Adler
accompagnée au violoncelle par Sonia Wieder-Atherton
salon Roger Blin
LIRE LE THÉÂTRE
Cette espèce de livre
qui n’est pas un livre
Ce livre n’a ni commencement ni fin, il n’a pas de
milieu. Du moment qu’il n’y a pas de livre sans
raison d’être, ce livre n’en est pas un. Il n’est pas
un journal, il n’est pas du journalisme, il est dégagé
de l’événement quotidien. Disons qu’il est un livre de
lecture. Loin du roman mais plus proche de son écriture
– c’est curieux du moment qu’il est oral – que
celle de l’éditorial d’un quotidien. ]’ai hésité à le
publier mais aucune formation livresque prévue ou en
cours n’aurait pu contenir cette écriture flottante de
«La Vie matérielle», ces aller-et-retour entre moi et
moi, entre vous et moi dans ce temps qui nous est
commun.
L’autoroute de la parole
Dans cette espèce de livre qui n’est pas un livre
j’aurais voulu parler de tout et de rien comme chaque
jour, au cours d’une journée comme les autres, banale.
Prendre la grande autoroute, la voie générale de la
parole, ne m’attarder sur rien de particulier. C’est
impossible à faire, sortir du sens, aller nulle part,
ne faire que parler sans partir d’un point donné de
connaissance ou d’ignorance et arriver au hasard, dans
la cohue des paroles. On ne peut pas. On ne peut pas
à la fois savoir et ne pas savoir. Donc ce livre dont
j’aurais voulu qu’il soit comme une autoroute en
question, qui aurait dû aller partout en même temps, il
restera un livre qui veut aller partout et qui ne va que
dans un seul endroit à la fois et qui reviendra et qui
repartira encore, comme tout le monde, comme tous les
livres à moins de se taire mais ça, cela ne s’écrit pas.
animé par Jean-Yves Tadié
Médée mardi 9 décembre / 18h
de Sénèque / en présence de Blandine Le Callet, texte lu par Marie Micla
salon Roger Blin
MYTHES ET ÉPOPÉES
à partir de 9/10 ans
Heraklès mercredi 10 décembre / 15h
par Magda Kossidas accompagnée de Petros Satrazanis (percussions, cordes)
Le Chant du Rossignol Brigand mercredi 14 janvier / 15h
par Magda Lena Gorska (récit, chant, accordéon)
salon Roger Blin
L’EUROPE INSPIRÉE
animé par Martine Méheut / textes lus par Anne Alvaro
Racines de l’Europe
– de la Grèce aux Lumières samedi 13 décembre / 17h
en présence de Heinz Wismann et Jean-Louis Bourlanges
lecture de textes de Paul Valéry, Denis de Rougemont, Jacques Le Goff
L’Europe – berceau du roman.
Lieu de liberté, lieu d’intranquillité samedi 17 janvier / 17h
en présence de Pascal Lamy
lecture de textes de Stefan Zweig, Romain Rolland, Fernando Pessoa,
Romain Gary, Thomas Mann
salon Roger Blin
LES RENDEZ-VOUS DU CNT
La Finance lieu de théâtre ? lundi 15 décembre / 19h30
table ronde animée par Daniel Loayza
en présence de David Lescot, Nathalie Fillion, Arnaud Meunier,
Fausto Paravidino, Alexandre Plank
salon Roger Blin
À QUOI TENONS-NOUS VRAIMENT ?
animé par Catherine Portevin
À quoi, à qui faut-il donc
accorder notre attention ? jeudi 18 décembre / 18h
en présence d'Yves Citton
Papier, écrans,
un nouveau vagabondage jeudi 22 janvier / 18h
en présence de Françoise Benhamou
salon Roger Blin
L’ÉPREUVE DE LA HAINE
animé par Marc Crépon
1914, l’indépendance de l’esprit
à l’épreuve de la guerre vendredi 16 janvier / 18h
en présence de Frédéric Worms, lecture de textes de Romain Rolland et Alain
Grande salle
EXILS
présenté par Paula Jacques
Albert Cohen / Tobie Nathan lundi 19 janvier / 20h
textes lus par Bruno Abraham-Kremer
Grande salle
POLITIQUE DE LA PENSÉE
préparé et animé par Raphaël Enthoven
Platon : en haine de la démocratie samedi 24 janvier / 15h
en présence de Fulcran Teisserenc
salon Roger Blin
LES PETITS PLATONS À L'ODÉON
à partir de 8 ans
Marguerite Duras, La Vie matérielle, P.O.L, 1987
La mort du divin Socrate samedi 24 janvier / 15h
avec Jean-Paul Mongin
TARIFS
Grande salle
Plein tarif 10€ / Tarif réduit 6€
CARTE
LES BIBLIOTHÈQUES DE L’ODÉON
Carte 10 entrées 50€
Salon Roger Blin
Tarif unique 6€
date limite d’utilisation : 30 juin 2015
XXIe scène
entrée libre sur réservation
[email protected]
Rendez-vous du CNT
entrée libre sur réservation
[email protected]
(à l’exception de Gainsbourg, poète majeur
et Bestiaire d’amour)
01 44 85 40 40 theatre-odeon.eu
SUIVEZ-NOUS
@Bibliodeon
ÇA A COMMENCÉ QUAND ?
Vous repoussez l’idée de ne plus l’aimer.
Vous n’imaginez pas qu’il faudra le lui dire.
Alors vous en faites votre affaire. Vous vous
accommodez. Vous acceptez de ne plus
supporter : sa démarche, sa conduite, la
musique qu’il écoute. Sans en faire un drame.
Vous êtes désagréable. Parfois blessante,
mais vous camouflez. Puis vous n’y tenez
plus. Ça vous échappe. Vous alignez les
reproches, vous ressemblez à votre mère.
Vous vous détestez. Vous vous ressaisissez,
donnez encore une chance à votre histoire.
Vous êtes douce, conciliante, juste ce qu’il
faut pour relancer la machine. Ne pas être
obligée de parler de cela. Une semaine
s’écoule, parfois deux. Vous allez au cinéma,
vous invitez des amis, vous partez en weekend à la montagne. Vous pensez que vous
vous égarez. C’est bien l’homme de votre
vie. Vous avez été injuste, impatiente, d’une
exigence maladive. Vous vous prenez pour
qui ? Puis il oublie ses clés et ça vous crispe,
il tente de vous embrasser dans le cou et
vous repoussez son élan. Vous dites que
vous n’avez pas le temps. Vous êtes bardée
d’excuses. Vous pensez que tout est sa faute.
Depuis quand est-ce sa faute ?
Ça a commencé quand ?
Brigitte Giraud, L’amour est très surestimé, éd. J’AI LU
avec
Saadia Bentaïeb
Agnès Berthon
Yannick Choirat
Philippe Frécon
Ruth Olaizola
Marie Piemontese
Anne Rotger
David Sighicelli
Maxime Tshibangu
durée 1h50
production
Odéon-Théâtre de l’Europe,
Compagnie Louis Brouillard
coproduction
Théâtre National – Bruxelles, Folkteatern
– Göteborg, Teatro Stabile di Napoli – Naples,
Théâtre français du Centre national
des Arts du Canada – Ottawa, CNCDC de
Châteauvallon, La Filature Scène Nationale
– Mulhouse, les Théâtre de la Ville de
Luxembourg, Le Parapluie (Centre des
Arts de Rue – Aurillac)
en collaboration avec
le Teatrul National Radu Stanca – Sibiu
avec le soutien du Programme Culture de
l’Union européenne, dans le cadre du
projet Villes en scène/Cities on stage
Joël Pommerat est artiste associé au Théâtre
National – Bruxelles et à l’Odéon-Théâtre de
l’Europe. Il fait partie de l’association
d’artistes de Nanterre-Amandiers
la Compagnie Louis Brouillard reçoit le soutien du Ministère de la Culture/Drac-Île-deFrance et de la Région Île-de-France
extrait de «Scènes de la vie conjugale»
d’Ingmar Bergman dans la traduction de
Lucie Albertini Guillevic
et Carl Gustav Bjurström
© Éditions Gallimard
créé le 17 janvier 2013 aux Ateliers
Berthier de l’Odéon-Théâtre de l’Europe
CHAMPAGNE !
SOIRÉE DE NOUVEL AN
mercredi 31 décembre à 20h
représentation et coupe de champagne
tarif unique 45€
représentations avec
audiodescription
dimanche 18 janvier à 15h
mardi 20 janvier à 20h
SENTIR FRÉMIR
LES AUTRES
«J’ai eu
l’occasion de
voir les textes
de scène
d'Isabelle
Huppert : ils
sont noirs,
noirs de notes
page après
page.»
12
Delphine Harmel est chargée de mission «culture et justice» au Ministère de
la Culture. Elle est devenue non-voyante à l’âge de vingt ans. Entretien, sous
l’œil complice du chien Edel, avec une spectatrice qui sait voir autrement.
Juliette Caron : Delphine, alliez-vous au
théâtre avant de perdre la vue ?
Conduite et programme de salle de Orlando, de Virginia Woolf,
mis en scène par Robert Wilson au Théâtre de l'Odéon, septembre 1993
UN QUART DE
SIÈCLE À LA
MANŒUVRE
Entretien avec Michel Pons,
régisseur général à
l’Odéon-Théâtre de l’Europe
Diplomate et confident, concierge
et officier de quart, premier arrivé et
dernier parti : le régisseur général, cet
homme-orchestre du théâtre, est tout
cela et plus encore. Avant son départ
en retraite, nous avons demandé à
Michel Pons de nous parler de sa profession omniprésente et invisible. Mais
pas moyen de faire tenir tant de savoir,
d'expérience et d'amour des planches
en une seule page : les souvenirs l'ont
emporté. Pour en savoir plus sur les
arcanes du métier, rendez-vous sur
notre site !
ROBERT WILSON
J’ai travaillé deux fois avec Robert
Wilson. Sur Orlando, il y a... 20 ans ? Et
sur Quartett. Les deux fois avec Isabelle
Huppert. Je l’avais connue avant, sur le
Mesure pour mesure mis en scène par
Peter Zadek, il y a... allez, on oublie ! J’ai
la mémoire des histoires, des émotions,
je n’ai pas celle des dates. Orlando...
J’avais une trouille monstre ! Pour la
première fois, je devais reprendre un
spectacle d’une complexité technique
inimaginable. Les Suisses de VidyLausanne avaient tout, l’infrastructure, les appareils. Et nous, pas grandchose. On débutait dans les tournées.
On a dû acheter du matériel, constituer des équipes. On n’était pas préparés au théâtre wilsonien. À l’Odéon,
techniquement, on était à la ramasse...
On venait du théâtre de texte. En trois
mois, on a fait un bond en avant de
plusieurs années. J’avais eu tellement peur que j’avais déposé ma candidature à la Comédie-Française, qui
l’avait acceptée ! J’avais pourtant cinq
ans d’expérience comme régisseur,
j’avais travaillé au Châtelet, au Théâtre
de Paris, sur Cats, sur Starmania, des
grosses machines compliquées. Mais,
là, cet OVNI qui me tombait dessus... et
cette comédienne tellement exigeante !
Je suis resté une semaine à Lausanne
Delphine Harmel : Oui, j’allais au théâtre
et j’aimais cela. Mais je pense que s’est
opéré un tournant au moment où j’ai
perdu la vue. J’étais très cinéphile et
du jour au lendemain je me suis éloignée du cinéma parce que perdre les
images a été une grande douleur. Du
coup je me suis rapprochée du théâtre
petit à petit. J’ai découvert au théâtre
des sensations que je n’éprouvais pas
auparavant et un plaisir supplémentaire. Quand on ne voit pas on glane
le maximum d’information par tous
les canaux de perception possibles.
On est en état d’alerte permanent. Au
théâtre il y a une atmosphère particulière, quelle que soit la salle. Il y a le
bruit des pas sur le plancher, l’attente
des spectateurs, leurs murmures. On
partage une émotion qu’on ne partage
pas au cinéma, un lieu déshumanisé.
Au théâtre le spectacle est vivant, on le
perçoit pleinement. Quand on est près
de la scène on peut entendre les mouvements, les souffles, les froissements
d'étoffe, les tiroirs que l'on ouvre... Je
me sens parfois privilégiée de percevoir particulièrement ces détails que
le public dans son ensemble ne perçoit pas nécessairement.
rien que pour voir le spectacle et plus
je le voyais, plus je me disais : «Jamais
tu n’arriveras à faire ça, jamais». Puis je
me suis tâté, j’ai eu un sursaut d’orgueil
comme on en a tous dans nos métiers.
L’Odéon est devenu ma maison, et je ne
l’ai jamais regretté.
RENAUD,
COLUCHE,
DEPARDIEU
Ma fierté, c’est d’avoir toujours été
régisseur. Je ne suis jamais passé par la
case machiniste, éclairagiste, sonorisateur. J’ai tout appris sur le tas, dans une
MJC, à Rodez. On faisait tous les spectacles d’accueil : les conférences d’explorateur, les galas de danse... Il faut
savoir tout faire, c’est une bonne école.
Et avant, j’étais photographe. C’est
pour ça que je pouvais créer des éclairages. Mais encore avant, au tout, tout
début, j’étais musicien. J’ai commencé
avec Renaud... La musique m’a beaucoup aidé, bien sûr. Elle m’a donné l’expérience de la scène. Avec Renaud, je
m’étais retrouvé à faire la première partie du spectacle de Coluche en 1974. Voilà
une date dont je me souviens... Mon premier théâtre à Paris était rue Blanche, la
petite salle du Théâtre Moderne. Ma première pièce, un Dubillard, Toute différente est la langouste, mise en scène par
Élisabeth Depardieu. Encore un OVNI...
J’étais ravi. Gérard Depardieu venait de
temps en temps aux répétitions. Il ne
pouvait pas se retenir, il ne tenait pas
en place sur son fauteuil. Je l’ai vu un
jour monter sur le plateau, arracher la
conduite à un des trois comédiens. Il
leur a passé une de ces soufflantes...
Il leur a expliqué qu’être un comédien,
c’est être humble, une façon d’être qui
doit être la plus humble possible... Puis
il leur a dit «Attendez, je vais vous faire
voir.» Et là, il leur a montré. Trois rôles
en même temps texte en main, depuis
trois points différents de la petite scène.
© Charlotte Klein
Dernière des Fausses Confidences, le 23 mars 2014.
Au premier plan, Michel Pons et Luc Bondy
«Et là,
Depardieu
leur a montré.
Trois rôles en
même temps
texte en
main...»
C’était époustouflant. Les trois personnages étaient complètement là et pourtant c’était le même bonhomme – en
trente secondes tout était dit. Alors là...
respect. Ce jour-là j’ai appris qu’avec
la scène il faut se remettre en cause,
encore et toujours. On n’a jamais fini
d’apprendre. Je n’ai jamais oublié ça.
L’ODÉON
Je suis arrivé avec Lluis Pasqual. Après
Strehler, il fallait vraiment fonder le
Théâtre de l’Europe dans la durée et
ce n’était pas facile. Il a fallu ouvrir la
maison sur l'extérieur. Pasqual a insufflé un autre élan, et de quelle façon !...
Mais la grande période de théâtre, pour
moi, ça a été la direction de Georges
Lavaudant. C'est aussi la période la
plus longue, onze ans, trois mandats.
C'est grâce à lui que j'ai travaillé avec
Luc Bondy pour la première fois, sur
Viol de Botho Strauss, une aventure
formidable. Avec Jo, le courant est vite
passé, avec son humanité à outrance,
dans la continuité de Pasqual. Il embarquait tout le monde dans son histoire...
Ça aussi c’est un don. Son Orestie est un
de mes grands moments. Et c’est lui qui
a invité Ariel Garcia-Valdès à mettre en
scène Dialogue en ré majeur avec Michel
Aumont et Roland Blanche. Roland était
quelqu’un de merveilleux, de touchant,
d’une humanité et d’une générosité fantastiques, et son duo avec Aumont, tous
les soirs, reste un de mes trésors personnels de théâtre. Comme l'est la ren-
J. C. : Qu’est-ce que vous apporte
l’audiodescription ? En quoi cela
consiste-t-il ?
contre avec Philippe Girard sur Adagio,
où il jouait le rôle de Mitterrand. C'est le
spectacle d'Olivier Py que j'ai préféré.
ISABELLE HUPPERT
J’ai fait chacune des créations d’Isabelle
Huppert à l’Odéon depuis les 114 représentations d’Orlando jusqu'aux Fausses
Confidences de Marivaux dans la mise
en scène de Bondy. Elle a accompagné
toute ma carrière ici. Jo le disait en souriant : «Isabelle était là avant nous, elle
sera là après nous». Un ami m’a dit un
jour que les comédiens sont comme des
astronautes en mission, et nous autres,
aux régies, les ingénieurs restés sur
Terre, devant les écrans de contrôle.
C’est tout à fait ça. Eux, ils sont en apesanteur, et ils ont besoin de nous... Je
me suis senti comme cela avec elle.
Isabelle n’est pas seulement une grande
artiste avec un don : c’est une immense
professionnelle. Franchement, est-ce
qu’elle a... besoin du théâtre ? S’il ne
s’agissait que de carrière ou de notoriété, pourquoi viendrait-elle à l’Odéon ?
Ce qu’elle recherche sur la scène, c’est
au nom de sa propre exigence qu’elle le
cherche. Les gens ne se doutent pas du
travail qu’elle accomplit. Et elle-même
n’en parle pas, elle est extrêmement discrète. Mais moi, je suis bien placé pour
savoir que quand elle demande quelque
chose, c’est toujours fondé. Elle a toujours une vision d’ensemble du projet
dans lequel elle s’engage, et en même
temps, elle veille aux détails. J’ai eu l’occasion de voir ses textes de scène : ils
sont noirs, noirs de notes page après
page. Je crois que je la respecte encore
plus que je ne l’admire... Elle m’a appris
beaucoup. Elle va énormément me
manquer.
© DR
D. H. : L’audiodescription est une aide
technique proposée sur certains spectacles et à certaines dates. On donne au
déficient visuel un système sonore qui lui
permet de comprendre ce qui se passe
sur la scène. Le texte de la description
est pré-enregistré par un comédien et
on le diffuse pendant le spectacle par
le biais d’écouteurs, avec quelqu’un
en régie pour lancer la description au
bon moment, comme pour le système
de surtitrage. C’est Accès Culture qui
fait ces descriptions et ces enregistrements. Il ne s’agit pas d’en faire
trop, la personne déficiente visuelle
n'est pas déficiente intellectuelle !
Par exemple, pour Le Roi Lear aux
Ateliers Berthier, un truc m’avait beaucoup énervée. Il y avait un coup de feu.
L’audiodescription avait décrit le coup
de feu et son auteur, alors qu’on avait
parfaitement compris, et qu’on était
dans le paroxysme de la tension à ce
moment-là. Le commentaire venait
briser l’émotion.
J. C. : Est-ce que vous voyez des spectacles non audio-décrits ? Certains
spectacles sont-ils plus difficiles à percevoir que d’autres ?
D. H. : J’ai vu l’an dernier un spectacle de
cirque au Théâtre du Rond-Point. C’était
très visuel, mais sentir frémir les autres,
sentir mes enfants réagir, c’est un plaisir, ça me réjouit. Je suis allée à l’Opéra
Comique voir Cendrillon sans audiodescription, et comme j’étais proche
de la scène je percevais les déplacements, ma fille vibrait à côté de moi,
elle me décrivait les costumes et le
décor, je ne me sentais pas larguée,
c’était vraiment beau. J’ai assisté
récemment à un spectacle de danse
en audio-description, eh bien ça ne
fonctionne pas ! On n’a pas besoin
13
UNE APPROCHE
SENSIBLE DE
L’AUDIODESCRIPTION
que quelqu’un vous dise «il lève le bras
gauche, il s’allonge par terre» ! C’est
peut-être impossible à décrire.
J. C. : Quelles sont les réactions du
public voyant ?
D. H. : Si on n’utilise qu’une seule des
deux oreillettes du casque, le public peut
entendre le son émis par l’autre oreillette.
Personne ne m’a jamais fait de remarque.
Mais il ne faut pas que ce soit une gêne.
C’est pour ça que l’initiative des «souffleurs d’images», où un comédien vient
souffler des descriptions à l’oreille, est
une belle idée, mais qui me pose un
problème.
J. C. : Et Edel dans tout ça ?
D. H. : Mon chien – un Golden retriever –
prend une certaine place... mais on ne
l’entend jamais ; il est très discret, il
se glisse sous les sièges. Parfois les
spectateurs voisins ne le remarquent
qu’à l’entracte ou à la fin du spectacle !
Il arrive qu’un chien soit ému par un
bruit d’orage, par exemple, et se mette
à trembler, voire à aboyer, mais c’est
vraiment rare. Les chiens sont vraiment éduqués pour ça. Ils sont très
zen.
Il est important d’aller au spectacle, le
spectacle se vit. Il faut vibrer, frémir, les
déficients visuels ne doivent pas s’en priver ! C’est comme aller au musée. Écouter les commentaires d’un audio-guide
chez soi, ce n’est pas la même chose que
d’écouter l’audio-guide dans un musée,
avec un public qui réagit face aux œuvres
présentées. C’est passionnant.
Les déficients visuels ont leur place partout, et c’est leur droit d’être accompagné par leur chien-guide. Les lieux qui
reçoivent du public ont l’obligation d’accueillir les chiens-guides, mais on ne le
sait pas toujours, il faut se battre souvent pour que la loi soit respectée. Je n’ai
jamais eu de difficultés dans un théâtre,
mais ça pourrait arriver. Il faut dire haut et
fort qu’une personne aveugle a sa place
dans une salle de spectacle... même pour
un spectacle de danse ! (rires)
Propos recueillis par Juliette Caron
Paris, 12 septembre 2014
J. C. : Comment se passe le «retour-surspectacle» avec les accompagnants ?
Visite du Théâtre de l’Odéon
en langue des signes française
Samedi 15 novembre / 11h
6€ par personne
Réservation
06 22 19 01 76 (sms)
[email protected]
D. H. : Après il y a toujours un débriefing, c’est un passage obligé, mais tout
le monde le fait plus ou moins, non ? Je
demande des précisions, ou qu’on me
raconte certains passages difficiles à
percevoir.
Représentations avec audiodescription
La Réunification des deux Corées
Joël Pommerat
Ateliers Berthier 17e
Les 18 et 20 janvier
en partenariat avec Accès Culture
SOUTENEZ
LA CRÉATION THÉÂTRALE
Le Cercle de l’Odéon rassemble tous les passionnés de théâtre
qui désirent se retrouver autour d’un des foyers majeurs de
la création européenne.
Chaque saison, le Cercle de l’Odéon participe au financement
de quatre spectacles-phares de la programmation, autour
desquels sont proposées des rencontres et des soirées en
présence des équipes artistiques.
Devenez membre à partir de 200€.
L’Odéon remercie l’ensemble des membres du Cercle pour
leur soutien à la création théâtrale.
Hervé Digne est président du Cercle de l’Odéon.
Information et contact
Pauline Rouer
01 44 85 40 19
[email protected]
Propos recueillis par Daniel Loayza
Paris, 18 septembre 2014
*Les dons versés à l’Odéon donnent droit à une déduction fiscale.
Soirée du Cercle sur la terrasse du Théâtre de l’Odéon
© Jacob Khrist
14
15
Avantages abonnés
Acheter et réserver ses places
Tarifs préférentiels, invitations... (nombre de places restreint)
Des propositions élaborées avec les partenaires culturels de l’Odéon-Théâtre de l’Europe
Toute photographie
fait énigme pour le regard
À l’occasion du Mois de la Photographie à Paris en novembre,
l’Odéon-Théâtre de l’Europe a souhaité mettre en avant
plusieurs de ses partenaires qui participent à l’événement.
Rencontre avec le commissaire de l’exposition présentée
à la Maison Européenne de la Photographie, Michel Frizot.
Comment en vient-on à s’intéresser à la photographie d’anonymes ?
Si je suis aujourd'hui spécialisé dans l'histoire de la photographie, je viens plutôt de l'histoire de l'art. Autour de 1980, j'ai commencé à travailler sur des fonds
qui n'étaient pas du tout étudiés à l'époque, dont celui du chronophotographe
Étienne-Jules Marey. Quand j'ai commencé à faire un cours universitaire sur
l'histoire de la photographie, j'ai essayé de maintenir un certain équilibre entre la
photographie d'auteur et celle qui n'en relevait pas. J'ai essayé de relier les deux
versants, en particulier dans ma Nouvelle histoire de la photographie*.
Quelles qualités l’anonymat confère-t-il à ces photographies ?
Voyez par exemple ces cartes postales prises sur les marchés ou dans les
bistrots, au tournant du XXe siècle. Ce n'est pas de la grande photo, mais on y lit
autre chose : une proximité, un échange. L'importance des regards est ici primordiale, dans la photographie lors de la prise de vue, et ultérieurement. Ici, mon
propre regard joue aussi un rôle, et c'est pourquoi j'ai tenu à sous-titrer l'exposition «une collecte de regards».
Maison Européenne
de la Photographie
EXPOSITION «TOUTE PHOTOGRAPHIE FAIT ÉNIGME»
12 novembre – 11 janvier
Une collecte de regards, conçue et présentée par Michel Frizot
> laissez-passer offerts
> réservation au 01 44 85 41 17 / [email protected]
> Maison Européenne de la Photographie, 5 rue de Fourcy, Paris 4e
Photographie anonyme,
réunion de modélistes, photo de presse.
Exposition «Toute photographie fait
énigme» MEP, Mois de la Photo 2014
Vous avez écrit que «toute photographie fait énigme pour le regard...»
Cette expression définit le synopsis de l'exposition. Il n'y a pas de photo sans intentions. Or ces intentions ne peuvent jamais être retrouvées intégralement dans
la photographie elle-même. Il y a toujours un moment où le regard reste retenu,
en suspens, hors d'état de restituer toutes les données qui ont «fait» telle photographie. Aucune photographie n'est tout à fait transparente. Si elle l'était, elle
n'arrêterait pas notre regard et ne serait donc pas pleinement une photographie.
La photo n'est que cela : quelque chose d'offert au regard et ce regard suscite
de l'énigme, de l'interrogation, du suspens de résolution.
Propos recueillis par Daniel Loayza
Paris, 22 septembre 2014
* Bordas et Adam Biro, 1994
Musée d’Art moderne
de la Ville de Paris
EXPOSITION «SONIA DELAUNAY,
LES COULEURS DE L’ABSTRACTION»
17 octobre – 22 février
Première grande rétrospective parisienne consacrée à
Sonia Delaunay depuis 1967, l’exposition organisée par le
Musée d’Art moderne de la Ville de Paris rassemble, aux
côtés de trois reconstitutions exceptionnelles d’environnements, plus de 400 œuvres : peintures, décorations murales,
gouaches, estampes, mode et textiles. Cette monographie
qui suit l’évolution de l’artiste de l’aube du XXe siècle à la fin
des années 1970, met en lumière l’importance de son activité dans les arts appliqués, sa place spécifique au sein des
avant-gardes européennes, ainsi que son rôle majeur dans
l’abstraction dont elle figure parmi les pionniers.
> laissez-passer offerts (deux entrées par personne maximum)
> envoyez le code «SONIA14» ainsi que votre adresse postale à l’adresse :
[email protected]
Cette participation vous fera bénéficier d’autres offres grâce à
l’inscription automatique à la newsletter du MAMVP
> Musée d’Art moderne de la Ville de Paris,
11 avenue du Président Wilson, Paris 16e
Hall de gare, Anhalter Bahnhof, près de Potsdamer Platz
Berlin, 1929 – début des années 1930
© Mara Vishniac Kohn, courtesy International Center of Photography
Musée d’art et d’histoire du Judaïsme
EXPOSITION «ROMAN VISHNIAC, DE BERLIN À NEW YORK, 1920-1975»
17 septembre – 25 janvier
Rassemblant environ 220 œuvres, dont de nombreuses inédites, l’exposition «Roman Vishniac. De Berlin à New York, 1920-1975», donne à voir un
ensemble de travaux d’une extrême diversité provenant du vaste fonds des
archives Roman Vishniac conservées à l’International Center of Photography.
L’exposition replace ses photographies iconiques du judaïsme esteuropéen au sein d’un mouvement plus large, celui de la photographie documentaire humaniste des années 1930.
> tarifs réduits 4,50€ (au lieu de 7€) pour l’exposition et 7€ (au lieu de 10€) pour l’exposition et
le Musée (collections permanentes) sur présentation de la carte abonné Odéon
> Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, Hôtel de Saint-Aignan, 71 rue du Temple, Paris 3e
Portrait de Sonia
Delaunay,
cliché André
Villers 1971
© Pracusa
2013057 © BNF
André Villers
© Adagp, Paris
2014
Ouvertures de location tout public
Calendrier
YOU ARE MY DESTINY (Lo stupro di Lucrezia)
theatre-odeon.eu mercredi 8 octobre
guichet / téléphone mercredi 15 octobre
DÉCEMBRE
LA RÉUNIFICATION DES DEUX CORÉES
theatre-odeon.eu mercredi 5 novembre
guichet / téléphone mercredi 12 novembre
LES BIBLIOTHÈQUES DE L’ODÉON
Vous pouvez réserver pour l’ensemble de la saison 14/15
PAR TÉLÉPHONE
01 44 85 40 40 du lundi au samedi de 11h à 18h30
AU GUICHET DU THÉÂTRE DE L’ODÉON
du lundi au samedi de 11h à 18h
Abonnés
Si vous n’avez pas choisi vos dates de spectacles :
– Vous pourrez réserver vos dates, à tout moment de l’année.
Merci de vérifier la disponibilité de la date choisie auprès du service
abonnement avant de retourner votre contremarque.
– Nous vous conseillons de choisir vos dates avant l’ouverture de
réservation tout public, afin que nous puissions vous placer au mieux.
Vous bénéficiez d’un tarif réduit pour Les Bibliothèques de l’Odéon, en grande salle.
CONTACT 01 44 85 40 38 [email protected]
Représentations
YOU ARE MY DESTINY
du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h, relâche le lundi
à l'exception du 24 décembre, représentation à 19h30
vacances scolaires
zone A
zone B
zone C
** Soirée de nouvel an
Tarif particulier
*** Représentations
avec audiodescription
Bibliothèque nationale de France
EXPOSITION «ALIX CLÉO ROUBAUD
PHOTOGRAPHIES "QUINZE MINUTES
LA NUIT AU RYTHME DE LA RESPIRATION"»
28 octobre – 1er février
Alix Cléo Roubaud (1952-1983) a produit, le temps de
sa vie brève et fulgurante, une œuvre dense mêlant
littérature, philosophie et photographie. Proche du
réalisateur Jean Eustache qui lui consacra un courtmétrage, complice et épouse du poète Jacques
Roubaud, elle est de ces figures mystérieuses et
fascinantes dont on connaît le nom sans avoir pu
voir l’œuvre dans son intégralité. Les récentes
donations de Jacques Roubaud à des collections
nationales ont permis de découvrir l’ampleur, la
puissance et la diversité jusqu’alors ignorées de
sa production photographique. La BnF organise la
première exposition monographique de son travail,
réunissant plus de 200 photographies ainsi que des
textes et documents inédits.
> invitations pour la visite guidée
du dimanche 30 novembre à 15h
> réservation au 01 44 85 41 17
> Bibliothèque nationale de France, Quai François-Mauriac,
Paris 13e François Mitterrand / Galerie 1
2
3
4
5
6
7
8
mar
mer
jeu
ven
sam
dim
lun
mar
mer
jeu
ven
sam
dim
lun
mar
mer
jeu
ven
sam
dim
lun
mar
mer
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
Grande salle / salon Roger Blin / studio Gémier
Ma bibliothèque idéale / Le solitaire / Vincent Delecroix 18h
You Are My Destiny 20h
You Are My Destiny 20h
You Are My Destiny 20h
You Are My Destiny 20h
You Are My Destiny 15h
You Are My Destiny 20h
You Are My Destiny 20h
You Are My Destiny 20h
You Are My Destiny 20h
You Are My Destiny 20h
You Are My Destiny 15h
XXIe Scène / Carine Lacroix et Moreau 18h
Les Inattendus / La Vie matérielle / Marguerite Duras 20h
Lire le théâtre / Médée – Sénèque 18h
Mythes et Épopées / Heraklès 15h
La Réunification... 20h
La Réunification... 20h
La Réunification... 20h
La Réunification... 20h
La Réunification... 15h
L’Europe inspirée / Racines de l’Europe... 17h
Les rendez-vous du CNT 19h30
La Réunification... 20h
La Réunification... 20h
La Réunification... 20h
La Réunification... 20h
La Réunification... 20h
La Réunification... 15h
À quoi tenons-nous vraiment ? 18h
La Réunification... 20h
La Réunification... 19h30
Relâche
La Réunification... 20h
La Réunification... 20h
La Réunification... 15h
La Réunification... 20h
La Réunification... 20h**
Les Bibliothèques de l’Odéon 6e
Odéon 6e
Vous avez la possibilité de réserver des places supplémentaires
aux dates d’ouverture de location de chaque spectacle.
Champagne !
Soirée de nouvel an :
mercredi 31 décembre à 20h
représentation et coupe de champagne
tarif unique 45€
mar
mer
jeu
ven
sam
dim
lun
Berthier 17e
JANVIER
LA RÉUNIFICATION DES DEUX CORÉES
du mardi au samedi à 20h,
le dimanche à 15h, relâche le lundi
Alix Cléo Roubaud,
Si quelque chose
noir, Saint Felix
1980 – épreuve
argentique
© Jacques
Roubaud / Hélène
Giannecchini |
BnF, Estampes et
photographie
Les Bibliothèques de l’Odéon 6e
Odéon 6e
jeu
ven
sam
dim
lun
mar
mer
jeu
ven
sam
dim
lun
mar
mer
jeu
ven
sam
dim
lun
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
mar
mer
jeu
ven
sam
20
21
22
23
24
dim
lun
mar
mer
jeu
ven
sam
25
26
27
28
29
30
31
Berthier 17e
Férié
La Réunification... 20h
La Réunification... 20h
La Réunification... 15h
Grande salle / salon Roger Blin / studio Gémier
La Réunification... 20h
La Réunification... 20h
La Réunification... 20h
La Réunification... 20h
La Réunification... 20h
La Réunification... 15h
La Réunification... 20h
La Réunification... 20h
La Réunification... 20h
La Réunification... 20h
La Réunification... 20h
La Réunification... 15h***
Ma bibliothèque idéale / Le cosmopolite 18h
Mythes et Épopées / Le Chant du Rossignol Brigand 15h
L’épreuve de la haine / 1914, l’indépendance... 18h
L’Europe inspirée / L’Europe – berceau du roman... 17h
XXI e Scène / Sam Holcroft et Allistair Mac Dowell 18h
Exils / Albert Cohen / Tobie Nathan 20h
La Réunification... 20h***
La Réunification... 20h
La Réunification... 20h
À quoi tenons-nous vraiment ? / Papier, écrans...18h
La Réunification... 20h
La Réunification... 20h
Politique de la pensée / Platon... 15h
Les petits Platons / La mort du divin Socrate 15h
La Réunification... 15h
La Réunification... 20h
La Réunification... 20h
La Réunification... 20h
La Réunification... 20h
La Réunification... 20h
Tarifs
Spectacles
Plein tarif
Moins de 28 ans, étudiant, bénéficiaire du RSA*
Public en situation de handicap
Demandeur d’emploi*
Élève d’école de théâtre* (2h avant la représentation)
Lever de rideau (2h avant la représentation)
Pass 17* (dates spécifiques)**
Théâtre de l’Odéon 6e
Ateliers Berthier 17e
série 1
série 2
série 3
série 4
série unique
38 €
26 €
16 €
12 €
34 €
19 €
20 €
6€
—
—
13 €
16 €
6€
—
—
8€
10 €
6€
—
—
6€
6€
6€
6€
—
17 €
20 €
6€
—
17 €
* Justificatif indispensable lors du retrait des places
** La Réunification des deux Corées : 14 déc. / 15h ; 17 déc. / 20h ; 8 janv. / 20h
Les Bibliothèques de l’Odéon
Théâtre de l’Odéon 6e
Grande salle
Plein tarif
Carte les Bibliothèques de l’Odéon
Abonné Odéon
Moins de 28 ans, étudiant, bénéficiaire du RSA*
Public en situation de handicap
Demandeur d’emploi*
Élève d’école de théâtre* (2h avant la représentation)
*
Justificatif indispensable lors du retrait des places
Roger Blin
Tarifs exceptionnels
Gainsbourg, poète majeur
Bestiaire d’amour
série 1
série 2
série 3
série 4
10 €
—
6€
6€
—
6€
38 € 26 €
28 € 19 €
28 € 19 €
16 €
12 €
12 €
12 €
6€
6€
6€
6€
6€
6€
6€
6€
19 €
20 €
6€
8€
10 €
6€
6€
6€
6€
13 €
16 €
6€
Contacts
Groupe d’adultes, amis, association,
comité d’entreprise,
01 44 85 40 37
[email protected]
Public de l’enseignement
01 44 85 40 39 / 4118
[email protected]
Public de proximité des Ateliers Berthier,
public du champ social et public en
situation de handicap
01 44 85 40 47 / 4118
[email protected]
Carte Les Bibliothèques de l’Odéon
Carte 10 entrées 50€
(à l’exception de Gainsbourg,
poète majeur et Bestiaire d’amour)
Carte à utiliser librement ; une ou plusieurs
places lors de la même manifestation.
Réservation fortement conseillée
Attention : pour Gainsbourg, poète majeur
et Bestiaire d’amour, un tarif préférentiel est
cependant consenti aux abonnés Odéon et aux
détenteurs de la Carte Les Bibliothèques de l’Odéon
(cf. tarifs exceptionnels, voir ci-contre).
Restaurant
Bar & Salon de thé
Brunch du dimanche
Jeux de société & Presse
Odéon-Théâtre de l’Europe
16
Le Café de l’Odéon
prend ses quartiers
d’automne dans le
cadre exceptionnel
du grand foyer du
Théâtre et sous la
galerie Rotrou
3 octobre – 21 novembre / Odéon 6e
LES NÈGRES
Jean Genet / Robert Wilson
création
avec le Festival d’Automne à Paris
9 octobre – 14 novembre / Berthier 17e
LES PARTICULES ÉLÉMENTAIRES
Michel Houellebecq / Julien Gosselin
avec le Festival d’Automne à Paris
3 – 14 décembre / Odéon 6e
YOU ARE MY DESTINY
(Lo stupro di Lucrezia)
Angélica Liddell
avec le Festival d’Automne à Paris
10 décembre – 31 janvier / Berthier 17 e
LA RÉUNIFICATION DES DEUX CORÉES
Joël Pommerat
(sauf le dimanche soir)
IVANOV
Anton Tchekhov / Luc Bondy
création
14 mars – 2 avril / Berthier 17 e
TOUJOURS LA TEMPÊTE
Peter Handke / Alain Françon
11 – 29 mars / Odéon 6e
DAS WEISSE VOM EI
(Une île flottante)
Eugène Labiche / Christoph Marthaler
2 – 17 mai / Berthier 17 e
HENRY VI
William Shakespeare / Thomas Jolly
15 mai – 27 juin / Odéon 6e
Ils sont
mécènes de la saison
2014-2015
LES
FAUSSES
CONFIDENCES
Marivaux / Luc Bondy
28 mai – 28 juin / Berthier 17 e
LILIOM
Ferenc Molnár / Jean Bellorini
octobre 2014 – juin 2015
LES BIBLIOTHÈQUES DE L’ODÉON
5
Théâtre de l’Odéon
Place de l’Odéon Paris 6 e
Métro Odéon RER B Luxembourg
Ateliers Berthier
1 rue André Suarès (angle du Bd Berthier) Paris 17e
Métro et RER C Porte de Clichy
Salles accessibles aux personnes à mobilité réduite,
nous prévenir impérativement au 01 44 85 40 40
Toute correspondance est à adresser à
Odéon-Théâtre de l’Europe – 2 rue Corneille – 75006 Paris
theatre-odeon.eu
01 44 85 40 40
couverture : You Are My Destiny © Thierry Pasquet / Licences d’entrepreneur de spectacles 1064581 – 1064582
ouvert
tous les jours
de midi
à minuit
16 janvier – 28 février
8 – 29 avril / Odéon 6e
Téléchargement