Atteintes isolées des nerfs crâniens [17-085-B-10] Bernard Lechevalier : Professeur de Neurologie Service de neurologie Dejerine, centre hospitalo-universitaire de Caen, avenue de la Côte de Nacre, 14033 Caen cedex France Vincent de la Sayette : Praticien hospitalier Stéphane Schaeffer : Chef de clinique Christian Schupp : Attaché d'audiologie Françoise Bertran : Praticien hospitalier Gwénaël Raoul : Interne en chirurgie centre hospitalo-universitaire de Lille, 59000 Lille France Résumé Introduction Noyaux efférents Noyaux afférents Nerf olfactif Sémiologie Étiologies des anosmies et des hyposmies Nerf optique Rappel anatomique Imagerie du nerf optique Sémiologie du nerf optique Étiologie des neuropathies optiques Paralysies isolées des nerfs oculomoteurs Aspects anatomiques Aspects cliniques Imagerie des nerfs oculomoteurs Étiologies Nerf trijumeau Rappels anatomiques Aspects cliniques Nerf facial Rappel anatomique Séméiologie Diagnostic topographique Électromyographie Stimulation magnétique Étiologie des paralysies faciales périphériques Traitement des séquelles d'une paralysie faciale périphérique Spasmes faciaux non paralytiques Nerf cochléovestibulaire Nerf cochléaire Nerf vestibulaire Nerf glossopharyngien Rappel anatomique Sémiologie Étiologies Nerf pneumogastrique ou nerf vague Rappel anatomique Sémiologie Étiologies Nerf spinal Rappel anatomique Sémiologie Étiologies Nerf grand hypoglosse Rappel anatomique Sémiologie Étiologies Introduction À part le nerf olfactif (1e paire crânienne) et le nerf optique (2e paire crânienne) qui ne sont pas de vrais nerfs crâniens, les dix autres comprennent des fibres nerveuses afférentes, efférentes ou le plus souvent les deux, qui prennent naissance ou se terminent dans les noyaux du tronc cérébral dont la systématisation en six colonnes nucléaires est aujourd'hui adoptée universellement [23, 24, 86]. Le sulcus limitans visible sur le plancher du 4e ventricule sépare les noyaux efférents en dedans et les noyaux afférents en dehors. Noyaux efférents Les noyaux efférents somatiques généraux (GSE) forment une longue colonne qui prolonge vers le haut la corne antérieure de la moelle, située sous le plancher du 4e ventricule près de la ligne médiane. Ils comprennent les noyaux du III, IV, VI, XII. Ils innervent des muscles d'origine somitique. Les noyaux efférents viscéraux spéciaux (SVE) situés en dehors des précédents comprennent les noyaux du trijumeau moteur, du facial, et le noyau ambigu constitué de neurones moteurs distribués aux IX, X, XI. Les noyaux efférents viscéraux généraux (GVE) d'origine parasympathique comprennent dans le mésencéphale le noyau d'Edinger-Westphal, partie la plus rostrale du noyau du III, dans la protubérance le noyau salivaire supérieur (VII), dans le bulbe les noyaux salivaire inférieur (IX) et dorsal du X. C'est la colonne la plus externe des noyaux efférents. Le faisceau corticobulbaire ou géniculé (ainsi appelé parce qu'il descend dans le genou de la capsule interne) est considéré comme une partie du faisceau corticospinal (ou pyramidal). Dans son trajet il détache des fibres pour les noyaux des nerfs crâniens auxquels il s'unit soit directement soit par l'intermédiaire d'interneurones ou de la formation réticulée. Les projections sont bilatérales pour les noyaux des muscles oculomoteurs, masticateurs sauf le ptérygoïdien externe, supérieurs de la face, linguaux sauf le géniogliose et pour le noyau ambigu. Elles sont controlatérales pour les noyaux du territoire facial inférieur, du ptérygoïdien externe du géniogliose. Elles sont ipsilatérales pour le noyau du spinal externe. [24] Noyaux afférents Noyaux afférents viscéraux généraux et spéciaux Les afférences générales viscérales (GVA) issues de cavités et des viscères céphaliques (pharynx, larynx, fosses nasales, trachée, oesophage) se terminent via le IX et le X dans le faisceau solitaire. Les afférences gustatives véhiculées par la corde du tympan appartenant au VII bis, le IX et le X se terminent également dans le faisceau solitaire, dans sa partie rostrale. Les noyaux afférents somatiques généraux (GSA) situés en dehors des précédents, sont les trois noyaux du trijumeau qui assurent l'innervation sensitive cutanéomuqueuse de la face. La sensibilité thermoalgésique gagne la racine descendante qui reçoit également des fibres des VII bis, IX, X et d'après Burt [24] quelques fibres sensitives mêlées aux fibres motrices des III, IV, VI, XII. Les afférences somatiques spéciales (SSA) sont représentées par les noyaux cochléovestibulaires situés en dehors des précédents. Un contrôle du faisceau corticobulbaire sur les noyaux afférents des nerfs crâniens est depuis longtemps admis [23]. Actuellement, on insiste surtout sur le rôle antalgique de la substance grise périaqueducale enképhalinergique et du nucleus raphe magnus sérotoninergique. Nerf olfactif La muqueuse olfactive de la partie postérieure des fosses nasales ou " tache olfactive " contient des cellules épithéliales et des neurones olfactifs, seuls neurones de l'organisme à régénérer après leur mort, à partir de cellules épithéliales spéciales dites basales [24]. Ces neurones sont munis de cils, porteurs à leur extrémité de chimiorécepteurs dont les gènes sont aujourd'hui codés [6] et qui sont excités par les gaz odorants. Leurs axones traversent la lame criblée de l'éthmoïde et se terminent dans le bulbe olfactif où ils font relais dans trois couches de cellules nerveuses : les couches granulaires, mitrales, glomérulaires. Le fonctionnement du bulbe olfactif n'est pas encore totalement élucidé. Il est possible que chaque neurone sensoriel dispose de plusieurs types de récepteurs moléculaires [49] et que les axones se terminent sur plusieurs granules. A chaque odeur correspondrait une représentation spatiale définie des glomérules et des cellules mitrales excitées (ibidem). Le bulbe olfactif reçoit en outre des projections non olfactives : noradrénergiques (du locus caerulus), sérotoninergiques et surtout cholinergiques issues de la bandelette diagonale de Broca et des noyaux médians du septum. Certaines cellules distinctes de l'épithélium olfactif principal appelées voméronasales ne sont sensibles qu'aux odeurs impliquant un comportement sexuel (phéromones) et se projettent dans le noyau amygdalien et non dans le cortex olfactif. Ce qui a fait écrire à Axel [6] " La plupart des mammifères y compris l'homme possèdent un "nez sexuel" ". Le tractus ou pédoncule olfactif prolonge vers l'arrière le bulbe olfactif. Il se divise en deux racines, ou stries olfactives, qui délimitent l'espace perforé antérieur, une troisième racine plus petite est visible entre les deux précédentes. La terminaison des stries olfactives est complexe. La description varie d'un ouvrage à l'autre. La strie olfactive latérale (ou externe) se termine d'après Burt [24] dans le cortex olfactif dit piriforme et le noyau amygdalien. Le cortex piriforme est la partie antérieure du gyrus parahippocampique (appartenant à T5) ; il comprend trois couches de neurones (paléocortex), il recouvre l'amygdale et se recourbe pour former l'uncus. Quelques fibres se terminent dans l'espace perforé antérieur, dans le noyau de la strie latérale (paléocortex appelé gyrus olfactif latéral), le cortex entorhinal (aire 28), l'hippocampe, la strie terminale. La strie olfactive médiale est composée de fibres venant du noyau olfactif antérieur situé dans le pédoncule olfactif. Les fibres controlatérales atteignent le bulbe par la commissure blanche antérieure. Des fibres ipsilatérales gagnent l'espace perforé antérieur les noyaux médians du septum, la strie terminale. La strie intermédiaire se termine dans le tubercule olfactif qui la prolonge. Des fibres secondaires gagnent le noyau dorsomédian du thalamus, l'hypothalamus, le cortex orbitofrontal, le cortex piriforme. Le bulbe et le nerf olfactifs sont vascularisés par les artères ethmoïdales antérieures et postérieures, branches de l'artère ophtalmique. Sémiologie Doty [97] a constaté que la qualité de l'odorat était meilleure chez la femme que chez l'homme. Dans les deux sexes, les meilleures performances s'observent entre 30 et 50 ans, elles diminuent après 60 ans. Le plus souvent méconnue l'anosmie est une découverte de l'examen systématique. Souvent, le malade se plaint de troubles fins de la gustation (d'origine olfactive) alors que les quatre perceptions élémentaires gustatives vraies (amer, acide, salé, sucré) sont conservées. Pour explorer l'olfaction, on demande au sujet d'identifier les yeux fermés des substances non irritantes (ammoniaque, acide citrique). Le café, le musc, le phényl-éthanol n'excitent que les terminaisons olfactives. On explore chaque narine séparément. Une étude quantitative précise peut être faite par un olfactomètre, rarement utilisé. On peut déterminer un " seuil olfactif " et une " fatigabilité olfactive ". Les perturbations qualitatives de l'olfaction, appelées parosmies ou cacosmies, quand elles sont nauséabondes, sont fréquentes chez les sujets âgés déprimés. L'anosmie hystérique se décèle par l'absence totale de perturbation du goût. Des hallucinations olfactives sont fréquentes dans l'épilepsie partielle complexe, elles sont généralement critiquées par le malade. Au contraire, dans la psychose hallucinatoire chronique, les hallucinations s'intègrent dans un contexte délirant. La mémoire olfactive a des propriétés tout à fait différentes des autres types de mémoire. En particulier, elle ne permet généralement pas le rappel vrai [69]. Étiologies des anosmies et des hyposmies Ce diagnostic étiologique nécessite un bon examen rhinoscopique et une bonne imagerie des diverses formations de la base antérieure du crâne. • • • • Il faut tout d'abord rechercher une rhinite, une tumeur des fosses nasales. Les fractures de l'étage antérieur de la base du crâne, en particulier de l'éthmoïde, de simples traumatismes crâniens sans fractures s'accompagnent souvent d'anosmie par étirements des filets du nerf olfactif immobilisés dans la lame criblée. La régression complète s'observe dans 40 % des cas mais elle peut demander plusieurs années. Le bulbe olfactif et les filets du nerf peuvent être atteints par une méningite purulente ou tuberculeuse, un envahissement néoplasique, une maladie de Paget. On peut observer une anosmie, parfois révélatrice dans les tumeurs de l'étage antérieur de la base du crâne (méningiomes, tumeurs frontales médianes) de l'étage moyen (craniopharyngiomes, adénome hypophysaire chordome, tumeurs du IIIe ventricule) mais aussi au cours des anévrysmes des artères communicante antérieure et cérébrale antérieure. L'encéphalite herpétique qui atteint avec prédilection le lobe temporal peut • • • comporter avant tout autre symptôme des hallucinations olfactives. Enfin, l'examen d'imagerie par résonance magnétique (IRM) permettra parfois de découvrir des lésions temporales minimes dans le cadre des hallucinations au cours de crises partielles complexes. Le diabète, l'avitaminose B12 sont réputés pouvoir donner des anosmies. La dysplasie olfactogénitale ou syndrome de De Morsier et Kallmann est souvent associée à d'autres troubles neurologiques portant sur la vision des couleurs, l'acuité auditive. Ce syndrome serait lié à l'X et de transmission dominante à pénétrance incomplète. L'hyposmie peut être associée à un hypogonadisme, ou isolée (pour revue cf [73]). Dans les maladies dégénératives du système nerveux central on a signalé des anosmies et des hyposmies [97]. Dans la maladie d'Alzheimer, Becker et al [13] notent leur existence dans 29 % des cas. Kesslack et al [61] ont trouvé un déficit de l'identification des odeurs et de la mémoire olfactive contrastant avec une bonne discrimination des odeurs. Morgan et al [79] font du défaut d'identification des odeurs un " marqueur " précoce de la maladie. Dans la maladie de Parkinson, Ward [97] a montré la grande fréquence des troubles de la détection et de la discrimination des odeurs. Moberg [76] a fait la même constatation en ce qui concerne la maladie de Huntington. Nerf optique Le nerf optique, simple évagination du tube neural n'a pas la structure d'un nerf périphérique. Par sa myélinisation et les trois tuniques méningées qui se prolongent sur toute sa longueur il appartient en propre au système nerveux central. Son éloignement anatomique du tronc cérébral achève de le distinguer des 10 dernières paires crâniennes. Ces caractéristiques fondent l'originalité des processus pathologiques qui peuvent l'affecter aux confins de la neurologie et de l'ophtalmologie. Rappel anatomique Le nerf optique relie la papille au chiasma. Il est formé des fibres issues des cellules ganglionnaires de la rétine, deutoneurones de la voie visuelle. Elles font suite directement aux cellules bipolaires (premier neurone) qui sont elles-mêmes directement reliées aux cellules photosensibles, cônes et bâtonnets. Les prolongements des cellules ganglionnaires convergent vers la papille pour former le nerf optique qui comprend trois segments : orbitaire, intracanaliculaire, intracrânien. • • La papille est un disque ovalaire de 1,5 mm de grand axe vertical situé légèrement en dedans du pôle postérieur de la rétine. Les fibres nerveuses rétiniennes convergent vers la papille dont elles forment la partie la plus superficielle (couche des fibres optiques) puis s'incurvent à angle droit vers l'arrière. La structure centrale de la papille est la lame criblée, percée d'orifices pour le passage des fibres optiques. En arrière de la lame criblée, le nerf optique est constitué et les fibres deviennent myélinisées. Accessible à l'ophtalmoscope, véritable image endoscopique du système nerveux central, la papille est un élément sémiologique fondamental du nerf optique et de sa pathologie. Elle apparaît rose pâle, à bord net légèrement excavé, l'artère et la veine centrale de la rétine émergeant et se divisant au fond de l'excavation. Le nerf optique est entouré sur toute sa longueur par les trois feuillets méningés, la dure-mère se prolongeant au-delà de la lame criblée par la sclère. Son segment orbitaire, le plus long, chemine dans la graisse du cône musculoaponévrotique dont il constitue l'axe. Il est croisé (dans 73 % des cas par au-dessus) par l'artère et la veine centrale de la rétine ; en dehors, il est en contact avec le ganglion ophtalmique (ganglion ciliaire) et ses racines issues du sympathique, du nerf nasal et du nerf du petit oblique. Le nerf optique quitte l'orbite, avec l'artère ophtalmique, en passant par un orifice musculotendineux. Les éléments vasculonerveux qui pénètrent dans l'orbite par la fente sphénoïdale (III, VI, nerf nasal, racine sympathique du ganglion ciliaire, veine ophtalmique) traversent l'anneau de Zinn au-dessous et en dehors du nerf optique. Il chemine alors dans son segment intracanaliculaire formé du canal optique entre les racines de la petite aile du sphénoïde. Dans sa portion intracrânienne, il occupe la citerne optochiasmatique, s'aplatit de haut en bas et se dirige en dedans et en arrière vers l'angle antérieur du chiasma. Ses rapports sont : en bas le diaphragme sellaire, latéralement et au-dessous l'artère ophtalmique qui naît de la carotide à son émergence de la loge caverneuse, en haut l'artère cérébrale antérieure et l'espace perforé antérieur. Vascularisation du nerf optique [46] La vascularisation antérieure se divise en quatre segments correspondant à des systèmes artériels différents : • • • • couche des fibres optiques : vascularisation assurée par les vaisseaux et capillaires rétiniens ; région prélaminaire : vascularisation assurée par des branches centripètes des artères choroïdiennes péripapillaires ; l'artère centrale de la rétine ne donne aucune branche ; région de la lame criblée : vascularisation assurée par des branches centripètes des artères ciliaires postérieures courtes ; l'artère centrale de la rétine n'a aucun rôle ; segment orbitaire antérieur. Il s'étend sur 1 cm environ de la lame criblée au point de pénétration de l'artère centrale de la rétine dans le nerf optique et possède deux systèmes artériels : o un " système axial centrifuge ", présent dans 75 % des cas, formé de branches de la partie intraneurale de l'artère centrale de la rétine ; o un " système périphérique centripète ", constant, formé de branches piales récurrentes provenant de la choroïde péripapillaire, de l'artère centrale de la rétine, de l'artère ophtalmique et de ses branches. Cette systématisation vasculaire est sujette à d'importantes variations interindividuelles et, chez un même individu, d'un oeil à l'autre ; le rôle des artères ciliaires postérieures est essentiel. La vascularisation postérieure concerne le reste du nerf optique. Elle est constituée d'artères piales, centripètes, issues directement de l'artère ophtalmique ou plus rarement de ses branches intraorbitaires. Systématisation anatomique du nerf optique Les fibres optique se réorganisent dans le chiasma. Dans le nerf optique à son origine, les fibres optiques ont une répartition calquée sur celle de la papille : • fibre de l'hémirétine supérieure à la partie supérieure du nerf ; • • • • fibre de l'hémirétine inférieure à la partie inférieure ; contingent nasal interne ; contingent temporal externe ; faisceau maculaire occupant un secteur de forme triangulaire et temporal. Le faisceau maculaire devient ensuite central puis ses fibres tendent à s'éparpiller à l'approche du chiasma. Systématisation fonctionnelle Il existe deux systèmes majeurs du traitement de l'information visuelle organisés et hiérarchisés dans le cortex visuel primaire et plus encore dans le cortex visuel secondaire mais qui, anatomiquement et fonctionnellement, prennent naissance dès la rétine. Le premier d'entre eux, " occipitotemporal ", traite plus particulièrement la forme et la couleur ; le second " occipitopariétal " traite essentiellement le mouvement et les paramètres spatiaux [116]. La ségrégation de l'information visuelle commence dans les cellules ganglionnaires de la rétine qui comportent deux types aux propriétés distinctes [123]. Les cellules P (parvocellulaires) sont les plus nombreuses (80 %). Elles possèdent un axone de petite taille et un champ récepteur limité, sont sensibles à la longueur d'onde (donc à la couleur), ont une réponse tonique et une conduction lente. Elles projettent sur la couche parvocellulaire du corps genouillé latéral et appartiennent au " système occipitotemporal ". Les cellules M (magnocellulaires) possèdent un axone de grande taille, un champ réceptif étendu, sont insensibles à la longueur d'onde, sensibles au mouvement, ont une réponse brève phasique et une conduction rapide. Elles projettent sur la couche magnocellulaire du corps genouillé latéral et appartiennent au " système occipitopariétal ". Imagerie du nerf optique Trois examens d'imagerie se partagent l'exploration morphologique du nerf optique et de la papille : l'angiographie à la fluoréscéine, le scanner X et l'IRM. • • • L'angiofluorographie rétinienne apporte une analyse précise de la vascularisation de la papille qui complète l'ophtalmoscopie. Elle peut montrer des obstructions vasculaires, un défaut de remplissage, un retard du retour veineux, une imprégnation du colorant lente, progressive, persistante ou débordant dans les tissus péripapillaires. Le scanner X a offert la première vision in vivo du nerf optique et de ses " gaines " [25]. Largement supplanté par l'IRM, il garde cependant une indéniable supériorité dans l'exploration des lésions osseuses de l'orbite, traumatiques ou tumorales, ou dans le diagnostic des druses (parfois difficiles à distinguer d'un oedème papillaire) qui peuvent s'accompagner de calcifications nodulaires prélaminaires (in [25]). L'IRM est l'examen de choix. Deux plans de coupe sont essentiels à l'exploration du nerf optique [25] : • • le premier, axial, (plan neuro-optique - PNO) est orienté selon le plan horizontal des deux nerfs optiques ; le second vertical et oblique, orthogonal au précédent, est orienté selon le plan vertical d'un des nerf optique (plan PNOTO). L'intérêt de l'IRM est multiple : local, locorégional et général. Dans l'orbite : visualisation des lésions tumorales, traumatiques, démyélinisantes du nerf optique, des tumeurs (méningiome) des lésions inflammatoires des méninges périoptiques (granulome), des tumeurs extrinsèques et • • • lésions vasculaires de l'orbite (angiome). L'IRM apporte des arguments importants dans les affections locorégionales notamment ORL (sinusite). Enfin l'IRM est la méthode d'investigation de choix : des hypertensions intracrâniennes permettant : o le diagnostic des lésions cérébrales responsables (tumeurs, lésions infectieuses, vasculaires, etc) ; o l'étude de la cinétique du liquide céphalorachidien ; o la démonstration de la dilatation des espaces sous-arachnoïdiens périoptiques ; des maladies démyélinisantes ; des anomalies morphologiques accompagnant les maladies dégénératives du système nerveux central. Sémiologie du nerf optique La sémiologie du nerf optique est dominée par deux grand syndromes souvent associés l'un à l'autre : • • le syndrome de neuropathie optique se traduisant toujours par des manifestations fonctionnelles visuelles ; le syndrome d'oedème de la papille qui n'a pas toujours, au moins au début, de retentissement fonctionnel. Neuropathie optique On entend par neuropathie optique toute pathologie atteignant les fibres du nerf optique en un point quelconque de leur trajet et quelle que soit la pathologie en cause. Le signe d'appel d'une neuropathie optique est la baisse de l'acuité visuelle variable dans son intensité et son mode d'installation. La mesure de l'acuité visuelle, en vision monoculaire, avec et sans correction, de près et de loin, doit donc être soigneuse. L'examen ophtalmologique permet d'éliminer une atteinte du segment antérieur (cornée, iris), du cristallin, de la rétine ; le fond d'oeil, étape essentielle du diagnostic, s'assure dans un premier temps de la transparence des milieux. Les anomalies de la papille permettent ensuite d'orienter le diagnostic, mais le fond d'oeil peut être tout à fait normal, nécessitant le recours à d'autres examens pour retenir le diagnostic de neuropathie optique. Le réflexe photomoteur est altéré, voire aboli, de façon asymétrique dans les neuropathies unilatérales. L'étude périmétrique et campimétrique du champ visuel, étape essentielle permettant de cerner la localisation de l'atteinte et d'orienter le diagnostic étiologique, révèle des déficits de disposition fasciculaires évocateurs d'une atteinte des fibres optiques [44] : scotome central, paracentral, ou caecocentral, en " doigt de gant ", en quadrant, hémianopsique altitudinal. La vision des couleurs est perturbée, souvent très précocement, avec des anomalies de l'axe bleu/jaune puis rouge/vert. Lorsque la sensibilité au contraste est étudiée, celle-ci s'avère diminuée. L'électrorétinogramme n'est modifié qu'en cas de lésion rétinienne associée. Les potentiels évoqués visuels (PEV) montrent une altération de la morphologie, de l'amplitude et surtout une augmentation des latences particulièrement utile dans le diagnostic des formes frustes démyélinisantes. oedème papillaire Le terme d'oedème papillaire, en dépit d'un usage largement consacré, n'est pas approprié. La saillie de la papille ainsi qualifiée est provoquée par l'amoncellement massif d'organelles survenant lors de l'interruption du flux axonal antérograde, quelle qu'en soit la cause, flux qui vient " sur la lame criblée. L'oedème papillaire peut être, ou non, associé à des signes de neuropathie optique. - La sémiologie de la papille est donc une étape essentielle dans le diagnostic de la pathologie du nerf optique (in [25]). L'ophtalmoscopie permet également de s'assurer de la transparence des milieux et de l'absence de lésion rétinienne. Volume papillaire paraissant augmenter de volume • • • • • • La bilatéralité des lésions, l'hyperhémie associée à des hémorragies, l'absence de déficit périmétrique et de baisse de l'acuité visuelle au début, la rétention de colorant aux temps tardifs de l'angiographie font évoquer une hypertension intracrânienne. L'oedème papillaire peut s'intégrer à un tableau clinique évocateur ou être pur. L'hypertension du liquide céphalorachidien se répercute dans les méninges intraorbitaires jusqu'à l'espace vaginal situé en arrière de la papille. La compression des axones est alors responsable du gonflement des fibres nerveuses, et donc du ralentissement du flux axonal antérograde et du drainage veineux (in [25]). L'IRM peut alors montrer l'élargissement des espaces sous-arachnoïdiens du nerf optique (hyposignal relatif) qui " flotte " dans le liquide céphalorachidien de très haut signal (in [25]). L'oedème papillaire saillant peut également être visualisé sous la forme d'un hyposignal. Nous soulignerons que le diagnostic d'hypertension intracrânienne bénigne est un diagnostic d'élimination qui ne peut être retenu qu'après l'exploration morphologique non seulement de l'encéphale mais également du rachis et des espaces sous-arachnoïdiens lombosacrés. La papille est hyperhémiée et il existe une chute brutale et indolore de l'acuité visuelle chez un sujet jeune, d'abord uni- puis bilatérale : le diagnostic évoqué est celui de maladie de Leber. La papille est modérément augmentée de volume, pâle et parfois hémorragique, la baisse d'acuité visuelle est variable : le diagnostic d'ischémie papillaire aiguë est confirmé à l'angiographie. La papille est de coloration normale, saillante à bord net, laissant voir les vaisseaux centraux : il s'agit de druses papillaires. La papille est hyperhémiée, le volume veineux augmenté, il existe éventuellement des hémorragies, l'acuité visuelle est abaissée ou normale : chez un sujet jeune une papillophlébite (forme d'occlusion de la veine centrale de la rétine) peut être évoquée. La papille est un peu augmentée de volume et mal visible, il existe des signes d'inflammation du segment antérieur, du vitré ou des zones périveineuses : il s'agit d'une papillite inflammatoire dont les causes peuvent être locorégionales ou générales : sarcoïdose, maladie de Behçet. Papille normale Les signes fonctionnels visuels (baisse de l'acuité, douleur à la mobilisation des globes oculaires, altération périmétrique, altération des PEV) autorisent le diagnostic de neuropathie sans signe ophtalmoscopique (névrite optique rétrobulbaire). Papille décolorée Le plus souvent il existe une atrophie optique séquelle d'un processus dégénératif se caractérisant par une décoloration de la papille et une altération fonctionnelle visuelle d'importance très variable. À elle seule, cette constatation ne donne aucune orientation diagnostique. La pâleur papillaire n'est par ailleurs pas synonyme d'atrophie optique puisque, si le faisceau maculaire est épargné, l'acuité visuelle peut être normale. Étiologie des neuropathies optiques L'ensemble des processus pathologiques impliqués dans les lésions du nerf optique relèvent d'une énumération rapidement fastidieuse, d'où la nécessité de dégager quelques grandes causes dont les mécanismes essentiels sont vasculaires, inflammatoires, toxiques, nutritionnels ou héréditaires. Névrite optique ischémique antérieure [46] Elle résulte d'une ischémie aiguë de la partie antérieure du nerf optique vascularisée par les artères ciliaires postérieures par un mécanisme thrombotique (le plus fréquent), embolique ou une hypoperfusion. C'est la cause la plus fréquente des névrites optiques du sujet âgé. S'agissant de phénomènes ischémiques, la gravité de l'atteinte peut être très variable d'un individu à l'autre et chez un même patient d'un moment à l'autre. La baisse de l'acuité visuelle est brutale, indolore, unilatérale, souvent constatée le matin au réveil, parfois précédée d'épisodes d'amaurose transitoire ; elle peut évoluer en plusieurs heures ou jours vers une cécité [85]. Le champ visuel inférieur est souvent amputé. Le réflexe pupillaire peut être aboli. L'oedème de la papille est constant (oedème pâle) et les hémorragies en " flammèches " fréquentes en bordure de la papille. La pâleur du disque optique s'installe en quelques semaines à la suite de l'oedème. Une artérite gigantocellulaire doit être évoquée de parti pris et faire rechercher par l'interrogatoire les symptômes systémiques : céphalée, sensibilité du scalp, claudication de la mâchoire, perte de poids et asthénie, douleurs musculaires. La perte de l'acuité visuelle est habituellement massive, l'aspect blanc crayeux de la papille est classique [46, 85], les signes d'ischémie rétinienne fréquents (infarctus rétiniens, taches cotonneuses de la rétine). L'atteinte controlatérale est habituelle, contemporaine ou différée de quelque jours ou semaines. La vitesse de sédimentation est augmentée, et l'angiographie rétinienne montre un retard ou une absence de remplissage dans la circulation choroïdienne. La biopsie de l'artère temporale ne doit pas retarder l'instauration de la corticothérapie à fortes doses puisque les signes histologiques spécifiques persistent habituellement une quinzaine de jours après l'instauration du traitement. Les autres vascularites sont beaucoup plus rares : lupus érythémateux disséminé, périartérite noueuse, zona, maladie de Lyme, sida, maladie de Behçet, maladie de Churg et Strauss, maladie de Crohn [46]. Les neuropathies optiques ischémiques dues à des emboles dans la circulation carotidienne ont la réputation d'être rares [46, 85]. Dans les atteintes par défaut de perfusion, l'acuité visuelle peut être relativement préservée. L'atteinte controlatérale est habituelle, souvent différée de quelques semaines ou mois. L'association à une hypertension artérielle (43 %) et à un diabète (29 %) est fréquente [47]. Certaines formes progressives associées à une sténose ou occlusion de la carotide ont été rapportées [19] et exceptionnellement peuvent se constituer au même moment qu'un infarctus cérébral [20]. Mais pour Fry et al [39], les lésions carotidiennes ipsilatérales ne constitueraient pas un facteur de risque. Les mécanismes physiopathologiques proposés impliquent une diminution de la pression de perfusion dans les petits vaisseaux issus de la circulation choroïdienne [46, 85]. Des décompressions chirurgicales de la gaine du nerf optique ont été proposées mais l'indication et les résultats sont critiqués. Une amélioration spontanée peut survenir. Toutes les causes d'hypoperfusion permanente ou transitoire peuvent, en fait, être à l'origine d'une neuropathie ischémique : hypotension, choc circulatoire, hémorragie massive ou chronique, affections hématologiques. Quant à l'association neuropathie ischémique migraine parfois citée, elle ne repose sur aucun lien de causalité fermement établi. La neuropathie optique ischémique postérieure est une entité rare reconnue initialement par Hayreh [45] correspondant à une ischémie aiguë du nerf optique en arrière de son segment orbitaire antérieur. Il n'existe donc aucun signe ophtalmoscopique ni angiographique. Les étiologies sont superposables à celles de la neuropathie antérieure, la difficulté essentielle résultant du diagnostic différentiel avec la névrite optique rétrobulbaire. Névrite optique Il s'agit d'une neuropathie inflammatoire aiguë habituellement unilatérale, qui est l'apanage des adultes jeunes (pic de fréquence entre 20 et 30 ans), plus fréquente chez les femmes, et dont l'étiologie est dominée par la sclérose en plaques. Les douleurs sont fréquentes, plus particulièrement lors des mouvements oculaires. Dans environ un tiers des cas, un oedème de la papille est constaté à la phase aiguë. Les déficits du champ visuel sont variés, ne pouvant se résumer au classique scotome central ; certaines amputations sont également compatibles avec des lésions chiasmatiques ou rétrochiasmatiques [85]. Les lésions infracliniques de l'oeil controlatéral, (détectées notamment lors de l'étude périmétrique) sont fréquentes, et correspondraient le plus souvent à une atteinte concomitante [12]. L'aspect IRM de la lésion du nerf optique est très variable et sans corrélation simple avec les données des PEV ou l'amputation du champ visuel (in [25]) : • • • effacement ou prise de contraste des espaces sous-arachnoïdiens ; hypersignal spontané en T2 ; prise de contraste massive du gadolinium. L'IRM encéphalique révèle dans presque la moitié des cas de névrite optique " isolée " des anomalies compatibles avec des plaques de démyélinisation [10]. Cette constatation est prédictive d'une évolution ultérieure vers une sclérose en plaques définie [9, 11], les autres facteurs étant des antécédents de névrite optique controlatérale, des symptômes neurologiques mal définis, une histoire familiale de SEP [12]. La récupération spontanée est la règle, débutant habituellement avant le premier mois. Une corticothérapie intraveineuse par bolus permettrait une récupération plus rapide et diminuerait le risque de survenue d'une SEP dans les 2 premières années sans cependant apporter de bénéfice à long terme [10, 11]. Nous rapprocherons de la SEP la myélite optique de Devic, la maladie de Schilder et la sclérose concentrique de Baló. D'autres névrites optiques inflammatoires peuvent se rencontrer dans la sarcoïdose, et souvent en association à une uvéonévraxite dans la maladie de Behçet et la maladie de Harada-Vogt-Koyanagi. Neuropathies optiques toxiques et nutritionnelles La baisse de l'acuité visuelle y est progressive, bilatérale et symétrique. Elle affecte surtout le champ central et la perception des couleurs et aboutit à une pâleur du secteur temporal du disque optique [85]. Les causes sont presque toujours multifactorielles à l'exception des classiques intoxications par l'éthambutol. L'association éthylisme / tabagisme est le plus souvent évoquée avec un risque accru chez les fumeurs de cigares et de pipes. La pathogénie reste mal connue mais privilégie des carences multiples notamment vitaminiques (vitamines B1, B6, B12, PP). Dans certaines circonstances de malnutrition généralisée, une neuropathie optique associée à d'autres syndromes neurologiques (neuropathie sensitive, surdité, myélopathie) peut prendre un caractère épidémique (in [85]). Les autres causes toxiques sont innombrables et d'énumération fastidieuse [44]. Sans prétention à l'exhaustivité nous citerons : méthanol, drogues, antimitotiques, antituberculeux, antiparasitaires, vaccinations, disulfiram, pexid, antibiotiques, immunosuppresseurs, corticoïdes, solvants organiques, carburants, plomb, mercure, insecticides. Neuropathies optiques héréditaires • • • • • Pathologie du métabolisme mitochondrial, la maladie de Leber est la plus fréquente de ces neuropathies optiques. Transmise par la mère, elle se manifeste surtout chez des hommes jeunes par une diminution progressive et bilatérale de l'acuité visuelle, un scotome central ou paracentral, et ultérieurement une atrophie optique (in [85]). Généralement isolée, elle peut coexister avec des troubles de la conduction cardiaque (in [85]), d'autres symptômes neurologiques ou psychiatriques. L'association à une sclérose en plaques est relativement fréquente [36, 94]. Des mutations primaires de l'acide désoxyribonucléique (ADN) mitochondrial ont été mises en évidence aux points 11 778, 3 460 et 14 484 [85, 94]. La mutation 11 778 est la plus fréquente, la mutation 14 484 correspondant, quant à elle, à un phénotype de meilleur pronostic [94]. Les phénotypes comportant des manifestations neurologiques peuvent avoir d'autres mutations associées. Les facteurs déterminant l'expression de la maladie restent mal connus, certaines formes restant asymptomatiques. On évoque la quantité d'ADN muté (hétéroplasmie), d'autres anomalies mitochondriales associées, l'influence de l'ADN nucléaire et des facteurs externes [85]. En raison même de cette grande variabilité d'expression, le diagnostic de maladie de Leber doit être envisagé devant toute neuropathie optique non expliquée sans considération d'âge, de sexe ni de maladie familiale. Parmi les autres dégénérescences primitives du nerf optique, nous citerons la maladie de Kjer, neuropathie optique autosomique dominante se manifestant dans la première décennie par une dyschromatopsie bleu/jaune, un scotome central et une baisse très variable de l'acuité visuelle [67, 85]. Les neuropathies optiques autosomiques récessives sont rares et hétérogènes, souvent associées à d'autres anomalies neurologiques et comportent une importante perte de vision [67]. D'autres dégénérescences multiples peuvent par ailleurs comporter une atteinte du nerf optique : o dégénérescences tapétorétiniennes, où l'atteinte du nerf optique prolonge celle des cellules sensorielles rétiniennes ; o dégénérescence sensorielles multiples comportant une surdité ; o maladie dégénératives du système nerveux (hérédodégénérescences cérébelleuses et spinocérébelleuses, etc) [67]. Nous consacrerons une place particulière à la maladie d'Alzheimer où les plaintes visuelles fréquentes, parfois prédominantes et précoces sont habituellement rattachées à une dégénérescence du cortex visuel associatif. Certaines études neuropathologiques [48, 99] montrent cependant qu'il peut exister des lésions de la rétine et du nerf optique : ballonnisation et dépopulation des cellules ganglionnaires surtout de type M, dégénérescence axonale, uniformisation de la taille • et éparpillement des fibres. Ces constations pourraient rendre compte de certains des troubles visuels rencontrés dans la maladie d'Alzheimer, corroborées, notamment, par l'allongement fréquent des latences des PEV et la perte de la sensibilité au contraste spatial qui dépendent particulièrement de l'intégrité des cellules ganglionnaires de type M (in [99]). Parmi les autres étiologies de neuropathies optiques, nous mentionnerons les rares syndromes paranéoplasiques dont les observations les plus convaincantes sont associées à des encéphalomyélites paranéoplasiques [4]. Nous ne ferons que citer les tumeurs du nerf optique (gliome chez l'enfant, méningiome chez l'adulte), les compressions extrinsèques (méningiomes, angiome, adénome hypophysaire, envahissement métastatique de la base du crâne) où l'atteinte est progressive, unilatérale et l'atrophie optique habituelle, les traumatismes, les infections locales (ORL, dentaires), les anomalies malformatives, les affections générales dont les infections [44] ainsi que le classique mais rarissime syndrome de Foster-Kennedy, habituellement dû à une tumeur de la base du crâne ou à une tumeur du lobe frontal, et qui comporte une atrophie optique ipsilatérale à la lésion et un oedème de la papille controlatérale. Paralysies isolées des nerfs oculomoteurs Les nerfs oculomoteurs sont au nombre de trois : le nerf moteur oculaire commun (III), le nerf pathétique (IV) et le nerf moteur oculaire externe (VI). Ils commandent la contraction des muscles oculomoteurs et, à ce titre, constituent la voie effectrice finale et commune permettant tous les mouvements des yeux et l'orientation du regard déterminés par les structures " supranucléaires ". Aspects anatomiques Nerf moteur oculaire commun Son noyau est paramédian, situé dans le tegmentum mésencéphalique en avant de l'aqueduc, s'étendant en haut jusqu'à la commissure postérieure, en bas jusqu'au noyau du IV. Il est constitué de six sous-noyaux, cinq correspondant à chacun des muscles innervés, le sixième (noyau d'Edinger-Westphall) ayant une fonction motrice viscérale. Son trajet à l'intérieur même du tronc cérébral est très court. Son émergence des pédoncules cérébraux se fait près de la ligne médiane, dans la pince vasculaire constituée par les artères cérébrale postérieure et cérébelleuse supérieure. Il passe latéralement et sous la clinoïde postérieure, croise le bord libre de la tente du cervelet avant de gagner le sinus caverneux, la fissure orbitaire supérieure et l'anneau de Zinn. Il se divise dans l'orbite en ses branches supérieure et inférieure. Le diamètre moyen du III étant de 1,88 mm à sa partie médiane, son identification en IRM est relativement aisée dans les trois plans de coupe, axial, sagittal et coronal [34]. Sur les coupes axiales, il apparaît sous le chiasma au bord interne des pédoncules cérébraux au niveau du colliculus, et se dirige en dehors vers la fissure orbitaire supérieure en s'intégrant à la partie supérieure du sinus caverneux. Dans le plan sagittal, il est situé 5 à 10 mm latéralement à la ligne médiane dans la pince vasculaire artère cérébrale postérieure / artère cérébelleuse supérieure, et se dirige en avant sous les voies optiques vers le sinus caverneux. Dans le plan coronal, il est visible sur plusieurs coupes ; il est dans le sinus caverneux au-dessus et en dehors de la carotide interne. Le nerf oculomoteur commun comporte des fibres motrices somatiques (III extrinsèque) qui innervent les muscles releveurs de la paupière supérieure, droit interne, droit supérieur, droit inférieur et petit oblique. Le droit interne est adducteur, le droit supérieur est essentiellement élévateur, le droit inférieur est essentiellement abaisseur, le petit oblique est extorteur, élévateur et adducteur. Le III comporte également des fibres motrices viscérales parasympathiques (III intrinsèque) pour le muscle ciliaire (accommodation) et le sphincter de l'iris (constriction pupillaire). Nerf pathétique (IV) Son noyau est situé sous le plancher de l'aqueduc de Sylvius, dans le prolongement inférieur et postérieur du noyau du III, proche de la jonction pontomésencéphalique. Il émerge en arrière de cette jonction, chemine sur le versant interne du bord libre de la tente du cervelet puis dans le sinus caverneux, latéralement à la carotide et sous le III, et gagne l'orbite par la fissure orbitaire supérieure en dehors de l'anneau de Zinn. Son petit diamètre, 0,3 mm en moyenne, rend impossible sa visualisation par l'IRM. Le muscle grand oblique qu'il innerve est intorteur, abaisseur et abducteur. Nerf moteur oculaire externe (VI) Son noyau est situé à la partie inférieure de la protubérance sous le plancher du IVe ventricule, en position paramédiane. Il émerge près de la ligne médiane à la jonction bulboprotubérantielle puis, par un long trajet sur la base du crâne, se dirige très obliquement en haut et en dehors le long du clivus vers le sinus caverneux. Les radicelles qui le forment peuvent rester indépendantes sur un trajet assez long. Il marque son empreinte sur l'apex pétreux. Son diamètre de 0,3 à 1 mm permet son identification en IRM dans les plans axial et coronal [34]. Il est visible à son émergence, dans la citerne prépontique, sur la coupe axiale qui dégage le paquet acousticofacial, en dedans du VII et du VIII et en dehors du tronc basilaire qui lui est parallèle. Les coupes coronales permettent de le visualiser dans le sinus caverneux sous et en dedans du VI. Il innerve le muscle moteur oculaire externe qui est abducteur. Aspects cliniques Une paralysie acquise d'un nerf oculomoteur se manifeste par une diplopie et un strabisme qui se modifient en fonction de la position et du déplacement des globes oculaires. La position anormale de la tête vise à minimiser la perversion sensorielle. L'impotence motrice s'étudie oeil par oeil pour le champ d'action de chacun des six muscles. La paralysie se traduit par une excursion oculaire impossible, incomplète ou seulement ralentie. Le strabisme s'étudie en vision binoculaire, également dans les six directions. Lorsque l'oeil sain fixe, l'oeil atteint est attiré par l'antagoniste du muscle paralysé. Quand la fixation est exercée par l'oeil paralysé, l'oeil sain réalise le mouvement que tente d'effectuer le muscle paralysé. Le test de Lancaster est l'examen complémentaire le plus largement employé, particulièrement utile pour le diagnostic des parésies minimes. Le patient, placé à 1 m d'un écran quadrillé, porte des lunettes munies d'un verre rouge conventionnellement placé devant l'oeil droit et d'un verre vert devant l'oeil gauche. Deux torches projettent sur l'écran une flèche rouge (qui ne peut donc être vue que par l'oeil droit) et une verte (vue uniquement par l'oeil gauche). Une des flèches manipulées par l'examinateur est projetée en différents points de l'écran, le patient devant superposer la seconde flèche, qu'il manipule à sa guise, sur la première. Pour explorer l'oeil droit, l'examinateur projette la torche verte et pour l'oeil gauche la torche rouge. Le défaut de superposition des deux flèches, reporté sur un graphique, traduit le défaut d'orientation de l'oeil testé. Paralysie du III Le syndrome tronculaire de paralysie du III constitue la forme typique ; il fait suite à une lésion située entre l'émergence du tronc cérébral et la division intraorbitaire du nerf. La diplopie est croisée avec un décalage vertical des images. L'oeil atteint présente un ptosis de la paupière supérieure qui, soulevée, laisse voir, en position primaire, une exotropie (divergence) un léger abaissement et une mydriase aréactive à la lumière avec préservation du réflexe consensuel. La paralysie de l'élévation, de l'abaissement et de l'adduction est totale ou partielle ; l'abduction peut paraître limitée car l'oeil est spontanément divergent. Le test de Lancaster confirme ces données et met en évidence l'hyperaction dans tous les mouvements, en dehors de l'adduction, de l'oeil controlatéral. Les paralysies parcellaires tronculaires sont assez fréquentes. Certaines épargnent la motricité intrinsèque comme c'est le cas de la plupart des atteintes microvasculaires. Une paralysie intrinsèque isolée peut également précéder une paralysie totale notamment dans les étiologies compressives (anévrysme carotidien, engagement temporal). La paralysie de la branche supérieure atteint le releveur de la paupière et le droit supérieur. Le globe oculaire est abaissé, la tête rejetée en arrière, il existe un ptosis et une paralysie de l'élévation. La paralysie de la branche inférieure est beaucoup plus rare ; elle atteint le droit interne, le droit inférieur et le petit oblique. L'oeil est en hypertropie et exotropie, il existe une paralysie de l'adduction et de l'abaissement et une mydriase, puisque les fibres intrinsèques cheminent dans le nerf du petit oblique. La paralysie isolée d'un seul muscle est exceptionnellement d'origine neurogène et doit surtout faire rechercher une myopathie. Le syndrome nucléaire [90] se caractérise par une symptomatologie bilatérale constituant un pseudosyndrome de Parinaud. Il existe une paralysie totale du III homolatérale à la lésion et, du côté controlatéral, un abaissement spontané de l'oeil et une paralysie de l'élévation car les neurones destinés au droit supérieur et au petit oblique naissent dans le noyau controlatéral au muscle innervé, leurs fibres transitant ensuite dans le noyau homologue de l'autre côté. Un ptosis et une mydriase sont également fréquemment observés en raison de la position médiane du noyau du releveur de la paupière et du noyau d'Edinger-Westphall. Les atteintes fasciculaires s'accompagnent le plus souvent d'un syndrome alterne du tronc cérébral : syndrome de Benedikt (III et mouvements involontaires controlatéraux), syndrome de Weber (III et hémiparésie controlatérale), syndrome de Claude (III et ataxie controlatérale). - Les autres syndromes constituent des paralysies de fonction du III. L'ophtalmoplégie internucléaire résulte d'une lésion du faisceau longitudinal médian qui relie le VI au noyau du III controlatéral. Il existe alors une paralysie de l'adduction de l'oeil controlatéral à la lésion et un nystagmus de l'oeil abducteur ; dans les formes partielles, il peut n'exister qu'un simple ralentissement de l'adduction. Le syndrome de Parinaud résulte d'une lésion supranucléaire prétectale. Il se traduit par une paralysie globale de la verticalité parfois dissociée (mouvement d'élévation, plus rarement mouvement d'abaissement), respectant les mouvements oculomoteurs réflexes ; une paralysie de la convergence est habituelle. Le syndrome prénucléaire du III est rare. Il témoigne d'une lésion juxtanucléaire atteignant le faisceau longitudinal médian et les fibres supranucléaires destinées au sous-noyau du droit supérieur. Il comporte donc une ophtalmoplégie internucléaire homolatérale à la lésion et une paralysie de l'élévation de l'oeil controlatéral. Le syndrome " un et demi " de Fisher vertical est exceptionnel. Paralysie du IV L'expression clinique de la paralysie du IV est identique, quel que soit le siège de la lésion. La diplopie est verticale et prédomine dans le regard vers le bas et en dedans, rendant particulièrement gênante la lecture ou la descente d'escalier. Spontanément, le sujet peut adopter une attitude compensatrice, la tête inclinée et tournée du côté sain. Le diagnostic peut être relativement difficile. Au repos et en position primaire, l'oeil atteint adopte une position discrètement hypertropique ; chez des patients qui ne peuvent participer à une exploration de l'oculomotricité, on ne dispose que de ce seul élément. Sinon l'examen de l'oeil atteint révèle une paralysie vers le bas et en dedans, la tentative de réalisation de cette position majorant la diplopie verticale et rotatoire (excyclotorsion mieux appréciée au fond d'oeil). Chez les patients qui peuvent maintenir la position assise, la manoeuvre de Bielschowsky consiste à incliner la tête sur l'épaule du côté paralysé, ce qui accentue la diplopie et l'hypertropie. Le diagnostic différentiel peut être difficile avec une paralysie partielle du III et surtout une skew deviation [59]. Le test de Lancaster confirme la paralysie du grand oblique et l'hyperaction du droit inférieur controlatéral. Dans les paralysies bilatérales, il existe dans le regard vers le bas une hypertropie " alternante " de l'oeil en adduction. Paralysie du VI La paralysie du VI tronculaire qui réalise la forme typique se manifeste par une diplopie horizontale prédominant du côté paralysé. La tête est tournée du côté déficitaire. Au repos et en position primaire, l'oeil paralysé est ésotropique (strabisme convergent) et la déviation en convergence augmente lorsque cet oeil fixe. La paralysie en abduction est totale ou partielle. Le test de Lancaster confirme ce déficit, et objective également l'hyperactivité compensatrice du droit interne controlatéral spécifique du caractère acquis de ce déficit. Dans l'atteinte nucléaire il existe toujours une paralysie de la latéralité (atteinte simultanée des motoneurones abducens et des neurones internucléaires). Les atteintes fasciculaires sont habituellement associées à un syndrome alterne (syndrome de Foville, syndrome de MillardGubler). Le syndrome " un et demi " de Fisher réalise l'association d'une paralysie de la latéralité par atteinte du VI ou de la formation réticulée pontique paramédiane et d'une ophtalmoplégie internucléaire homolatérale : l'oeil paralysé ne peut effectuer horizontalement qu'un mouvement de convergence ; l'oeil opposé peut effectuer un mouvement d'abduction nystagmique. Les paralysies du VI n'ont pas toujours une grande valeur localisatrice en raison de la vulnérabilité de ce nerf. Le tableau clinique de paralysies des nerfs oculomoteurs est assez typique et ne pose guère de difficulté de diagnostic. Dans les parésies minimes et extrinsèques du III, une paralysie du IV ou une skew deviation peuvent se discuter. Le diagnostic différentiel peut également se poser avec les myopathies oculaires. Dans la myasthénie, les paralysies des muscles oculomoteurs sont fréquentes, parfois isolées, et affectent plus particulièrement le releveur de la paupière et le droit interne. Le caractère fluctuant du déficit, lié à la fatigue et sensible à la prostigmine, constitue donc un argument décisif. Dans les diplopies secondaires aux dysthyroïdies, il existe habituellement une exophtalmie avec rétraction de la paupière supérieure. Par ailleurs le scanner X et l'IRM montrent des anomalies musculaires évocatrices. Dans les ophtalmoplégies externes liées aux myopathies, le ptosis est le signe le plus précoce suivi de la paralysie de l'élévation puis de l'abduction. Le déficit est habituellement bilatéral, symétrique et progressif. Imagerie des nerfs oculomoteurs [25] Comme nous l'avons déjà précisé, les diamètres tronculaires du III et du VI sont suffisants pour que ces nerfs puissent être visualisés en IRM dans des plans de coupe adaptés [34]. Mais l'IRM permet surtout de localiser et de préciser les structures environnantes normales et leurs lésions : • • • • • dans le tronc cérébral, proches des noyaux ou du trajet fasciculaire des nerfs oculomoteurs ; dans les citernes de la base et les méninges ; dans le sinus caverneux ; dans la fissure orbitaire supérieure et l'orbite ; dans les troncs nerveux eux-mêmes qui peuvent paraître élargis et comporter des anomalies de signal avec rehaussement après injection de gadolinium évocateur de lésions inflammatoires ou infiltratives (in [25]). L'IRM est également un moyen d'investigation privilégié des structures vasculaires, normales et anormales de l'hexagone de Willis et du sinus caverneux (anévrysmes, fistule carotidocaverneuse, angiome caverneux, thrombophlébites). En revanche, l'apport de l'IRM est actuellement modeste dans les paralysies myogènes (ophtalmoplégie progressive, dystrophie myotonique, myosite), à l'exception cependant des myopathies dysthyroïdiennes. Le scanner X garde, quant à lui, tout son intérêt dans le diagnostic des lésions et érosions osseuses de la base du crâne [101] et de l'apex orbitaire. Étiologies Un très grand nombre de processus pathologiques peuvent donner lieu à une paralysie oculomotrice, certains fréquents, d'autres rares ou exceptionnels. Le diagnostic étiologique présente donc une difficulté très variable. Parfois évident parce que la paralysie s'inscrit dans un contexte précis (diabète, néoplasie), il peut aussi s'avérer particulièrement ardu lorsqu'il n'existe aucun élément d'orientation. L'examen clinique permet de reconnaître le type de l'atteinte pour le III (paralysie totale, extrinsèque ou intrinsèque) et éventuellement le siège lésionnel (paralysie nucléaire, fasciculaire ou tronculaire). Le mode de survenue, progressif, brutal, douloureux ou indolore est un élément essentiel du diagnostic, en gardant à l'esprit qu'une paralysie oculomotrice isolée peut n'être que la première manifestation d'une paralysie multiple des nerfs crâniens, notamment dans les classiques syndromes de la pointe du rocher, du sinus caverneux ou de l'orbite. Parmi les examens complémentaires, l'IRM a acquis une place de tout premier plan mais le scanner X et surtout l'angiographie cérébrale gardent des indications précises. Le recours à une ponction lombaire doit être large. Les étiologies étant pour l'essentiel identiques pour les trois nerfs, nous les traiterons de façon globale en soulignant pour chacune d'elles les particularités propres à chaque nerf. L'étude de Richards et al [93] analyse, dans ce domaine, les données de 4 278 patients dont 3 000 proviennent de la compilation de trois études antérieures (in [93]) et 1 278 sont de nouveaux cas. Cent deux paralysies congénitales, qui concernent essentiellement le IV (79/102), ont été a priori exclues. La distribution des atteintes oculomotrices est la suivante : • • • • VI : 45 % ; III : 26 % ; IV : 15 % ; paralysies oculomotrices multiples : 13 %. Seules les paralysie du IV sont corrélées avec l'âge en raison de la fréquence des traumatismes chez les sujets jeunes. Quatre grandes étiologies ressortent : • • • • néoplasies : 16 % ; traumatismes : 16 % ; causes vasculaires : 15 % ; anévrysmes artériels : 7 %. Les autres causes, très diverses, représentent 20 % des étiologies. Selon cette étude, les chances d'aboutir à un diagnostic précis sont significativement corrélées avec l'âge (moins de 18 ans), et augmentent lorsqu'il existe d'autres signes neurologiques ou une paralysie oculomotrice multiple. L'indétermination de la cause reste fréquente (24 %) avec une surreprésentation du IV dont un tiers des paralysies restent d'étiologie inconnue. Les paralysies isolée du IV (sans autre signe neuro-ophtalmologique ou neurologique) sont par ailleurs relativement rares (5 % dans la série de 215 patients de Keane [57]). Les paralysies du VI n'ont pas toujours de valeur localisatrice. Les lésions du tronc cérébral associées à une paralysie isolée ont la réputation d'être rares mais cette donnée est en partie remise en cause depuis le recours à l'IRM. Nous n'aborderons pas dans ce chapitre les déficits congénitaux et brièvement les pathologies affectant l'orbite. Causes néoplasiques Elles constituent la cause la plus fréquente des paralysies du VI (22 % dans l'étude de Richards [93]) en partie en raison du long trajet de ce nerf sur la base du crâne. Les paralysies isolées du IV sont en revanche rares (4 % dans la série de Richards [93], 0 % dans la série de Keane [57]). Au-delà des mécanismes habituels de compression et d'infiltration, un " effet à distance " par le biais d'une hypertension intracrânienne peut affecter le VI, voire le III. Les métastases (40 %) dominent par leur fréquence. Nous aborderons les différentes étiologies tumorales en fonction de leur localisation. Tumeurs de la fosse postérieure Elles sont surtout fréquentes chez l'enfant et souvent accompagnées d'une paralysie du VI (nucléaire, fasciculaire ou tronculaire) qui peut être révélatrice dans un quart des cas [112] : gliome de la protubérance, hémangiome, médulloblastome, pinéalome, craniopharyngiome, méningiome. Chez l'adulte où les métastases dominent, une paralysie oculomotrice isolée (III, VI) peut exceptionnellement être révélatrice. Tumeurs du clivus Il s'agit essentiellement de chordomes et de méningiomes qui affectent précocement les nerfs oculomoteurs, essentiellement le VI. Tumeurs hypophysaires Leur extension latérale dans le sinus caverneux peut se manifester par une paralysie isolée et révélatrice du III, totale ou partielle [112]. Dans les rares adénomes se manifestant ainsi, le mécanisme en cause est une compression lente, parfois une apoplexie pituitaire, brutale et accompagnée de céphalées intenses. Il peut également s'agir de métastases sellaires [43], de craniopharyngiome, de chordome parasellaires. Tumeurs du sinus caverneux Elles peuvent se manifester par une paralysie du III, du VI ou des deux. Les métastases sont les plus fréquentes (sein, poumon, prostate) parfois révélatrices du cancer. À la paralysie oculomotrice s'associent des céphalées unilatérales supraorbitaires et frontales continues et lancinantes. La radiothérapie améliore douleurs et paralysies [43]. Les autres processus tumoraux comportent des lymphomes, des méningiomes et des schwannomes du VI. Ceux-ci peuvent se développer soit dans la région du sinus caverneux où, en dépit d'une taille assez considérable, la paralysie du VI peut rester isolée, soit dans la région prépontique où ils s'accompagnent d'une hypertension intracrânienne obstructive [113]. Le diagnostic différentiel des tumeurs se pose avec les autres syndromes du sinus caverneux : anévrysmes carotidiens et syndrome de Tolosa-Hunt. Tumeurs du nasopharynx et du sinus sphénoïde Adénocarcinome, carcinome épidermoïde, lymphoépithéliome, lymphosarcome, lymphome mais aussi des métastases peuvent s'étendre de proche en proche, infiltrer les méninges et les nerfs, et déterminer une ophtalmoplégie douloureuse. Les paralysies des nerfs crâniens sont le plus souvent multiples [101] mais parfois limitées au VI, voire au III. Le diagnostic repose sur le scanner X (lyse osseuse) et l'IRM qui peut révéler les lésions des méninges et des troncs nerveux [101]. Tumeurs de l'orbite Elles sont d'origine très variée, primitives ou secondaires, et comportent précocement des paralysies oculomotrices par compression ou envahissement des nerfs. Nous ne ferons que citer les méningites carcinomateuses qui peuvent se manifester par un double VI. Exceptionnellement, une paralysie " tumorale " du VI ou du III peut être transitoire (leucémie aiguë, tumeur de la base du crâne, lymphome méningé). Les syndromes paranéoplasiques comportant une atteinte du III, IV ou VI sont exceptionnels. Le syndrome de Lambert-Eaton peut en revanche comporter une atteinte des muscles oculomoteurs. Causes traumatiques Le diagnostic d'une paralysie d'un nerf oculomoteur peut être particulièrement difficile chez un patient comateux en dehors d'une mydriase aréactive, assez souvent différée, qui évoque un engagement temporal et nécessite une sanction chirurgicale d'extrême urgence. Des lésions faciales ou orbitaires (engourdissement sous-orbitaire fréquent) peuvent également donner une mydriase aréactive, voire en imposer pour une paralysie complète du III en cas d'oedème orbitaire [59] d'où l'intérêt du scanner X et de l'IRM. Exceptionnellement, une paralysie du III par engagement temporal peut ne pas comporter d'anomalie pupillaire [55]. En dehors de l'engagement temporal, le III peut également être comprimé peu après son émergence du tronc cérébral, entre la pince vasculaire rigide (cérébrale postérieure-cérébelleuse supérieure) et le bord libre de la tente du cervelet. Les traumatismes représentent la cause la plus fréquente des paralysies tronculaires du IV (29 % dans la série de Richards [93], 59 % dans la série de Keane [57]) mais le diagnostic est souvent retardé. Une atteinte isolée est fréquente (74 % dans la série de Keane [57]) souvent bilatérale. Le nerf peut être lésé directement sur la tente du cervelet, ou à son point de décussation qui est particulièrement vulnérable (in [25, 57]). Le scanner X et plus encore l'IRM jouent un rôle essentiel dans le diagnostic du mécanisme impliqué, et montrent fréquemment une hémorragie dans la citerne ambiante ou une contusion du tronc cérébral dans sa partie dorsolatérale [57]. Une paralysie du IV peut être exceptionnellement différée par rapport au traumatisme causal. Le VI est particulièrement sensible aux traumatismes en raison de son long trajet basioccipital, de son attachement très ferme à la dure-mère et de ses rapports étroits avec le bord du rocher sur lequel il s'incurve à 90°. Il peut ainsi être directement blessé lors des fractures de la clinoïde ou du temporal, ou être comprimé par des hémorragies locales. Les paralysies sont souvent bilatérales et de diagnostic difficile au moment du traumatisme car la pleine coopération du patient est nécessaire. Lorsqu'elle est différée, une paralysie résulte presque toujours d'une hypertension intracrânienne ou d'une hémorragie méningée [59]. Les fractures du sinus caverneux et de l'orbite donnent lieu habituellement à des paralysies multiples. Un traumatisme crânien mineur sans perte de connaissance mais suivi d'une paralysie oculomotrice isolée, peut être révélateur d'un anévrysme (III) [120] ou d'une tumeur de la base du crâne (VI). Des causes traumatiques nous rapprocherons les séquelles d'intervention chirurgicale qui affectent le plus souvent le IV [57]. Causes microvasculaires Nous entendons sous ce terme les lésions vasculaires ischémiques affectant les troncs nerveux. Elles représentent la cause la plus fréquente des paralysies isolées du III (20 % dans la série de Richards [93]) surtout chez les sujets âgés. L'IRM est normale dans ce type de pathologie. Nous excluons, en revanche, les anévrysmes, les malformations vasculaires ainsi que les accidents ischémiques du tronc cérébral qui seront abordés ultérieurement. Dans leur trajet cisternal, les nerfs oculomoteurs sont vascularisés par des branches issues du système basilaire et, dans la région supracaverneuse, le III et le IV sont vascularisés par l'artère de Bernasconi ou artère du bord libre de la tente issue du siphon carotidien. Dans la loge caverneuse, la vascularisation dépend du tronc inférolatéral qui provient de la carotide interne dans le siphon. Sa branche supérieure, ou tentorielle, vascularise le tronc du III et du IV dans les deux tiers postérieurs de leur trajet caverneux. Sa branche inférieure ou antéromédiane vascularise le III et le IV dans leur trajet antérieur, le VI, le V1 et plus exceptionnellement le II et le VII [66]. Une paralysie " vasculaire " du III peut donc être associée à d'autres atteintes, notamment du IV, du VI et du V. Une paralysie du III extrinsèque, indolore, isolée ou associée à un IV est très évocatrice d'une pathologie vasculaire [66]. La fréquente discordance entre une paralysie extrinsèque importante et une pupille normale peut s'expliquer par la disposition centrale des fibres extrinsèques et périphériques des fibres intrinsèques qui sont donc mieux protégées [93]. L'hypertension artérielle et surtout le diabète dominent les étiologies. La paralysie affecte par ordre de fréquence le III, le VI, rarement le IV. Elle est d'installation brutale, fréquemment associée au début à une douleur orbitaire ou rétro-orbitaire. Les lésions sont surtout démyélinisantes. La récupération est habituelle en 6 à 8 semaines, mais les récidives sont assez fréquentes affectant éventuellement d'autres nerfs. Certaines lésions microvasculaires peuvent aussi être liées à une pathologie infectieuse ou toxique. Une dissection de la carotide interne doit être évoquée de parti pris devant une paralysie oculomotrice (III mais aussi VI et IV) associée à un syndrome de Claude Bernard-Horner [78]. Une céphalée ipsilatérale ou diffuse, des douleurs orbitaires, jugales ou mandibulaires, des signes focaux d'ischémie cérébrale renforcent la probabilité de ce diagnostic. Mais une dissection spontanée de la carotide peut aussi se révéler par une paralysie intrinsèque du III (in [25]). L'IRM couplée à l'angiographie par résonance magnétique nucléaire (ARM) constitue l'examen de choix en montrant l'hématome pariétal carotidien pathognomonique de la dissection. Son extension en hauteur, la perméabilité des axes artériels et du polygone de Willis, la présence d'infarctus cérébraux peuvent également être précisés. Anévrysmes Le diagnostic d'anévrysme de la carotide interne ou de la communicante postérieure est à évoquer de parti pris et à retenir jusqu'à preuve du contraire lorsqu'il existe une paralysie du III, extrinsèque (totale ou partielle) et intrinsèque associée à une douleur ipsilatérale souvent rétro-orbitaire. L'absence d'anomalie pupillaire est relativement rare mais la mydriase peut être différée [64]. Une paralysie partielle et dissociée est possible [8] mais presque toujours douloureuse : ptosis et mydriase sans diplopie, mydriase et diplopie sans ptosis, mydriase seule. Le mécanisme en cause, en dehors des ruptures avec hémorragies, est compressif ; il peut s'exercer par le faux sac anévrysmal, l'anévrysme lui-même ou un hématome intracrânien (in [25]). Le siège de l'anévrysme est par ordre de fréquence sur la carotide intracaverneuse ou supraclinoïdienne, la communicante postérieure, la terminaison du tronc basilaire, l'origine de la cérébrale postérieure. Le diagnostic repose sur l'IRM, l'ARM et l'angiographie cérébrale conventionnelle. En cas de rupture anévrysmale et d'hémorragie sous-arachnoïdienne, une paralysie du VI n'a aucune valeur localisatrice. Autres causes vasculaires Les fistules carotidocaverneuses sont les malformations vasculaires les plus fréquentes après les anévrysmes, souvent d'origine traumatique. Elles comportent une infiltration oedémateuse conjonctivale, une protrusion du globe oculaire, des céphalées parfois pulsatiles et dans la moitié des cas une ophtalmoplégie le plus souvent du VI, parfois du III, rarement du IV. Parfois une paralysie isolée du VI ou du III (complet ou extrinsèque) [75] constitue la seule manifestation, éventuellement associée à des douleurs orbitaires. Le mécanisme de l'atteinte des nerfs oculomoteurs est mal connu, compressif ou ischémique [75]. Le diagnostic repose sur l'ARM et l'angiographie conventionnelle. Les angiomes caverneux et les malformations artérioveineuses du tronc cérébral sont rarement en cause de même que les conflits vasculonerveux. Dans les thrombophlébites du sinus caverneux, la paralysie du VI est le plus souvent précoce [118]. Hémorragies, ischémie, lacunes du tronc cérébral Les paralysies isolées d'un nerf oculomoteur secondaires à ce type de lésions ont la réputation d'être rares car elles s'accompagnent habituellement d'un syndrome alterne : • • à l'étage mésencéphalique, syndrome de Weber, de Claude, de Benedikt ; à l'étage protubérentiel, syndrome de Foville, de Millard-Gubler. La sensibilité diagnostique du scanner X et surtout de l'IRM a cependant permis la description d'assez nombreux cas récents de paralysies oculomotrices isolées : • • • • • infarctus mésencéphaliques et paralysie du III par atteinte fasciculaire (identique à une paralysie tronculaire) [16, 40, 83], épargnant éventuellement la motricité intrinsèque [22] ou syndrome nucléaire du III ; infarctus du tegmentum pontin responsable d'une paralysie du VI fasciculaire [62] ; hématome mésencéphalique responsable d'une paralysie fasciculaire du III unilatérale [56, 100] ou bilatérale [41] ; hématome de la région de l'aqueduc de Sylvius responsable d'une paralysie isolée du IV controlatéral [62] ; hématome pontique responsable d'une paralysie du VI [40]. Migraine ophtalmoplégique Cette forme rare de migraine se caractérise par une aura comportant une paralysie isolée affectant par ordre de fréquence, le III intrinsèque, le III extrinsèque, le IV, le VI. Des anomalies de signal de la gaine du III se rehaussant avec le gadolinium ont été rapportées lors de paralysie complète du III (in [25]). Causes inflammatoires Sclérose en plaques Les paralysies oculomotrices sont fréquentes, le plus souvent du fait d'une atteinte supranucléaire. Les atteintes isolées des nerfs oculomoteurs plutôt rares affectent surtout le VI et rarement le III [74] dont la paralysie peut exceptionnellement inaugurer la maladie. Le diagnostic repose sur le contexte clinique, la constatation d'hypersignaux multiples de la substance blanche à l'IRM, et une sécrétion intrathécale d'immunoglobulines G (IgG) avec un profil oligoclonal. Syndrome de Tolosa-Hunt Il constitue une ophtalmoplégie douloureuse secondaire à un processus inflammatoire du sinus caverneux. L'atteinte des nerfs oculomoteurs est multiple et peut être étendue à d'autres nerfs crâniens (II, VI, VII) [118]. Mais une atteinte isolée du III, complète ou seulement extrinsèque est possible [96], exceptionnellement une atteinte isolée du IV [57]. La sensibilité aux corticoïdes est habituellement spectaculaire mais les récidives sont assez fréquentes. Le scanner X est souvent en défaut ; l'IRM peut montrer un élargissement du sinus caverneux et des anomalies de signal avec rehaussement par le gadolinium (in [25, 96]) s'étendant parfois à l'apex orbitaire et à la méninge adjacente, et pouvant également affecter la gaine du III. Radiologiquement, les diagnostics de neurosarcoïdose, de lymphome doivent cependant être évoqués, et à un moindre degré, une thrombophlébite ou un méningiome [96]. Autres causes D'autres maladies peuvent comporter, au moins initialement, une paralysie isolée le plus souvent du III : sarcoïdose, maladie de Churg et Strauss, syndrome de Gougerot-Sjögren primitif, granulomatose de Wegener, artérite gigantocellulaire, neuro-Behçet, périatérite, lupus. Causes locales ORL et stomatologiques non tumorales Elles peuvent occasionner des paralysies tronculaires partielles : mucocèle du sinus frontal, sinusite sphénoïdale éventuellement associée à une pachyméningite localisée. Infections Leur fréquence est faible et les mécanismes en cause sont multiples : infectieux proprement dits, inflammatoires, microvasculaires parfois compressifs. • • • • • • • Les encéphalites et les méningites, quelle que soit leur nature, peuvent comporter une paralysie oculomotrice souvent du VI ou du III plus rarement du IV. Quelques rares cas d'abcès hypophysaires ont été rapportés [93]. Les méningites tuberculeuses comportent souvent une paralysie complète du III. Pereira et al [89] ont rapporté le cas exceptionnel d'un tuberculome hypophysaire se manifestant par une paralysie du VI. La syphilis a longtemps constitué une cause fréquente de paralysie oculomotrice essentiellement du III [112]. La forme méningovasculaire est le plus souvent en cause, par un mécanisme inflammatoire (méningite de la base) ou microvasculaire. La régression sous traitement antibiotique est habituelle. Le tabès peut également comporter une paralysie du III. Une neuroborréliose peut se révéler par une paralysie isolée d'un nerf oculomoteur [63, 112]. Parmi les étiologies virales, le zona est le plus fréquent. La paralysie affecte le III plus rarement le VI, la récupération est habituelle et un mécanisme vasculaire évoqué. Le sida peut comporter une paralysie isolée d'un nerf oculomoteur (III, VI) qui peut être révélatrice de la maladie [5]. Une paralysie du VI et de l'accommodation sont les signes précoces d'un botulisme [102]. Causes diverses Nous citerons tout d'abord les intoxications et troubles métaboliques qui peuvent provoquer des paralysies oculomotrices comme elles induisent des neuropathies des membres. Nous insisterons sur l'encéphalopathie de Gayet-Wernicke où l'atteinte oculomotrice constante peut précéder de plusieurs jours les troubles de la vigilance et le syndrome cérébelleux [118]. Le tableau réalisé peut être celui d'une paralysie isolée du VI, bilatérale mais asymétrique. Ce diagnostic doit être envisagé systématiquement en raison de la gravité du pronostic en l'absence de traitement précoce. Nous avons déjà souligné que les paralysies du VI sont banales et sans valeur localisatrice au cours de l'hypertension intracrânienne. Une hypotension intracrânienne peut aussi être en cause, faisant suite à une ponction lombaire, une rachianesthésie, une myélographie, ou la pose d'une valve de dérivation intraventriculaire [35]. Ces paralysies sont alors transitoires, liées à la traction exercée sur le nerf et à l'ischémie focale secondaire [35]. Les maladie dégénératives spinocérébelleuses, une syringobulbie, les malformations de la charnière peuvent, rarement, comporter une paralysie oculomotrice isolée. Nerf trijumeau Le nerf trijumeau est un nerf mixte. La racine sensitive, volumineuse, émerge à la face ventrale ou antérieure de la protubérance à la frontière entre celle-ci et le pédoncule cérébelleux moyen. Après 1 à 2 cm, elle se renfle et forme le ganglion de Gasser (ou semilunaire) logé dans le cavum de Meckel à la face antérosupérieure du rocher séparé du lobe temporal par la dure-mère. Il contient la majorité des neurones des fibres sensitives du nerf à l'exception de ceux des fibres de la sensibilité proprioceptive des muscles masticateurs. De son extrémité antérieure se détachent trois branches, de dedans en dehors : • • • l'ophtalmique de Willis (V1) ; le maxillaire supérieur (V2) ; le maxillaire inférieure (V3). La branche motrice, beaucoup plus fine, naît collée au bord interne de la racine sensitive, elle passe au-dessous du ganglion de Gasser, puis s'unit au nerf maxillaire inférieur, elle sort avec lui par le trou ovale. Rappels anatomiques Systématisation générale La racine sensitive est constituée de fibres afférentes somatiques générales qui innervent la face depuis l'angle de la mâchoire exclusivement (c'est l'encoche du trijumeau) jusqu'au sommet du scalp et latéralement jusqu'à la partie antérieure du pavillon de l'oreille incluant la partie antérieure du conduit auditif externe, les cavités buccales, orbitaires, nasales, les globes oculaires, les dents, le palais, l'articulation temporomaxillaire, la dure-mère (en collaboration avec les 9e et 10e paires crâniennes et les 2e et 3e racines cervicales pour la dure-mère de la fosse postérieure). Elle véhicule les afférences proprioceptives des muscles masticateurs mais celles des autres muscles de la face empruntent le nerf facial. La racine motrice, faite de fibres efférentes spéciales, innerve les muscles masticateurs, le muscle du marteau et en partie le voile du palais. Distribution des fibres sensitives • • • • • • • L'ophtalmique de Willis (V1) chemine dans la partie externe du sinus caverneux audessous du pathétique, en dehors du moteur oculaire externe. Il donne des filets anastomotiques pour le plexus carotidien, des filets récurrents méningés pour la tente du cervelet, puis se divise en trois branches qui traversent la fente sphénoïdale et pénètrent dans l'orbite. Dans sa théorie vasculonerveuse de la migraine, Moskovitz [81] soutient que les afférences douloureuses prenant naissance dans les branches du polygone de Willis sont véhiculées par l'ophtalmique de Willis vers les territoires cutanés et oculaires concernés par la douleur migraineuse. Le nerf nasal (ou nasociliaire) donne les nerfs ethmoïdaux pour le sinus ethmoïdal, sphénoïdaux, la racine nasale du ganglion ophtalmique, les nerfs ciliaires longs qui innervent le globe oculaire y compris la cornée [24]. Il se divise en nerf nasal interne pour la cavité nasale et nasal externe pour les téguments de la racine du nez. Le nerf frontal par le nerf frontal externe, ou sus-orbitaire, innerve les téguments du front jusqu'au vertex ; par le nerf frontal interne, il innerve la région médiane du front, la paupière supérieure, la conjonctive et le sinus frontal. Le nerf lacrymal innerve la partie latérale des paupières supérieures, les glandes lacrymales (quelques fibres issues du ganglion sphénopalatin l'empruntent), la conjonctive [24], les téguments de la région temporale. Le nerf maxillaire supérieur (V2) traverse le trou grand rond, parcourt l'arrière-fond de la fosse ptérygomaxillaire, emprunte le canal sous-orbitaire, débouche à la face externe de l'os maxillaire supérieur. Il innerve les téguments de la joue, de la lèvre supérieure, de la paupière inférieure, la région zygomatique. Il donne les nerfs dentaires supérieurs, le nerf sphénopalatin qui innerve le palais, le rhinopharynx adjacent, la cloison des fosses nasales, l'orbite. Le V2 innerve la dure-mère de la fosse cérébrale moyenne. Le nerf maxillaire inférieur ou mandibulaire (V3) sort par le trou ovale, donnant immédiatement un rameau récurrent méningé qui remonte par le trou petit rond avec l'artère méningée moyenne. Il se divise en deux : le tronc postérieur donne : le nerf auriculotemporal qui traverse la glande parotide (il reçoit des filets parasympathiques qui empruntent le nerf) puis se distribue aux téguments du pavillon de l'oreille et de la tempe, le nerf dentaire inférieur qui innerve dents, lèvre inférieure et menton, le nerf buccal et le nerf lingual qui reçoit des afférences tactiles et thermoalgésiques des deux tiers antérieurs de la langue et gustatives provenant de la corde du tympan (VII bis). La branche antérieure donne presque exclusivement des fibres à destination motrice (sauf la branche buccale du temporobuccal). Noter que le nerf innerve l'articulation temporomaxillaire, la dure-mère de la fosse postérieure, l'oreille externe et la membrane tympanique. Distribution des fibres motrices • Le tronc antérieur du nerf maxillaire inférieur, presque exclusivement moteur, innerve les muscles : temporal, massetérin, ptérygoïdiens interne et externe, péristaphylin externe qui tend le voile du palais et le muscle du marteau (ou tensor tympani qui a un rôle d'atténuation réflexe des stimuli auditifs intenses). • Le tronc postérieur participe partiellement à l'innervation motrice ; par l'intermédiaire du nerf dentaire inférieur, il envoie des fibres au ventre antérieur du muscle digastrique et au muscle mylohyoïdien. Noyaux du trijumeau Ils sont au nombre de quatre : trois sensitifs et un moteur. • • • • Le noyau bulbospinal (ou noyau de la racine descendante, ou gélatineux) s'étend depuis le niveau d'émergence de la racine sensitive en haut jusqu'au troisième segment de la moelle cervicale inclusivement en bas, où il prolonge vers le haut la substance gélatineuse de Rolando située dans la corne postérieure de la moelle. Dans le bulbe bas, il forme une masse nucléaire égale en volume au noyau cuneatus en arrière et en dehors duquel il se trouve. Dans le bulbe haut, il est situé en arrière de la lame dorsale de l'olive bulbaire et en dedans du pédoncule cérébelleux inférieur. Il est subdivisé en trois parties égales : rostrale qui reçoit les sensations tactiles discriminatives, intercalaire et caudale qui reçoivent les sensations thermoalgésiques. D'autre part, les fibres du V1 se terminent dans la partie ventrale du noyau, les fibres du V3 dans les couches dorsales, celles du V2 entre les deux zones précédentes. Cette longue colonne nucléaire est partout cravatée en dehors par la racine descendante du V (ou faisceau spinal du V). Elle contient des petites fibres peu myélinisées (A5) ou pas myélinisées (C). Les fibres afférentes de grand diamètre, Ab, se terminent dans le noyau principal ou la partie orale du noyau bulbospinal. Le noyau principal est immédiatement rostral au précédent situé dans la partie moyenne de la protubérance. Il est l'homologue du noyau de la colonne dorsale de la moelle, dont il a en commun l'organisation somatotopique. Il reçoit la sensibilité tactile discriminative de la face. Le noyau mésencéphalique n'est pas un vrai noyau. Les neurones pseudo-unipolaires reçoivent des grandes fibres myélinisées qui véhiculent les afférences proprioceptives des muscles masticateurs sans synapse, ce sont leurs terminaisons dendritiques. Arrondis et de grande taille, les corps neuronaux sont situés à la périphérie de la substance grise périaqueducale du mésencéphale. Leurs courtes terminaisons axonales projettent au noyau moteur (boucle du réflexe myotatique) et au noyau principal du V. Le noyau moteur est situé juste en dedans du précédent. Il contient des neurones a et g. C'est le noyau des muscles masticateurs. Projections des noyaux sensitifs du V et voies réflexes • • Les fibres issues du noyau bulbospinal croisent presque horizontalement la ligne médiane et forment le faisceau lemiscus trigéminal ventral (ou quintothalamique ventral) qui se termine dans le noyau ventro-postéro-médial du thalamus. Des fibres comprenant plusieurs relais se terminent dans les noyaux de la formation réticulée du tronc cérébral et dans le noyau postéromédial et intralaminaire du thalamus. Les fibres issues du noyau principal véhiculant la sensibilité tactile discriminative croisent les fibres médianes dans le tegmentum pontin. La plupart rejoignent le lemiscus trigéminal ventral controlatéral qui se termine dans le noyau ventro-postéromédial du thalamus. Certaines, plus directes, de petit diamètre, empruntent le tractus trigéminothalamique dorsal homolatéral et se terminent dans les mêmes noyaux thalamiques que les précédents. • Les noyaux sensitif du V sont le point de départ d'arcs réflexes : les voies efférentes sont constituées par le VII (réflexe cornéen, réflexe lacrymal), le X (réflexe oculocardiaque, réflexe de vomissement), les filets moteurs du V (réflexe massetérin, il s'agit d'un réflexe monosynaptique : la percussion du menton pressé par le doigt de l'examinateur au-dessous de la lèvre inférieure, bouche demi-ouverte, entraîne une contraction des masséters ; ce réflexe est exagéré dans les lésions supranucléaires). Vascularisation du nerf trijumeau Selon Lapresle et Lasjaunias [66], le V1 est vascularisé par la branche antéromédiane du tronc inférolatéral issu du siphon carotidien dans son trajet intracaverneux. L'artère méningée moyenne, branche de la carotide externe irrigue les V2 et V3. Sémiologie motrice et sécrétoire du nerf trijumeau Si la paralysie est ancienne, l'atrophie des muscles masticateurs est visible. La palpation du muscle temporal ou des masséters quand on sollicite une forte striction de la mâchoire rend compte difficilement d'une asymétrie en raison des anomalies fréquentes de l'articulé dentaire. Le phénomène de la bouche oblique ovalaire est plus fidèle. Quand on demande au sujet d'ouvrir la bouche lentement, la mâchoire inférieure dévie du côté paralysé en raison de l'action du ptérygoïdien externe controlatéral, phénomène également visible dans les mouvements de propulsion et de rétropropulsion. Dans les atteinte bilatérales, la mastication est impossible et la mâchoire est tombante. La paralysie du muscle du marteau peut donner soit une hypoacousie, soit une hyperacousie, elle est appréciée par l'étude du réflexe stapédien au moyen de l'impédancemétrie. La paralysie supranucléaire des masticateurs s'observe dans les états pseudobulbaires, elle concerne surtout la motricité volontaire, les réflexes faciaux sont vifs, il peut exister un rire et un pleurer spasmodiques. Dans la sclérose latérale amyotrophique, la paralysie des masticateurs peut être nucléaire centrale ou mixte. Le trismus est une contracture des muscles masticateurs résultant le plus souvent d'une cause locale (dentaire). Il s'observe dans le tétanos et exceptionnellement au cours de tumeurs du tronc cérébral. Le trijumeau n'a pas de fonction sécrétoire en propre mais le trajet de quelques-unes de ses branches est emprunté par des fibres parasympathiques : • • dans le nerf lingual : fibres venues du ganglion sous-maxillaire pour les glandes sousmaxillaires et sublinguales ; dans le nerf auriculotemporal : fibres issues du ganglion optique destinées à la parotide. Le syndrome du nerf auriculotemporal comprend la survenue d'une sudation avec érythème préauriculaire au cours de la mastication, il succède à un traumatisme du nerf ou à une intervention sur la parotide ayant lésé une branche du nerf facial. Aspects cliniques Sémiologie sensitive du trijumeau La sémiologie sensitive du trijumeau est particulièrement riche, elle comprend les douleurs, les paresthésies et les zones d'hypoesthésies ou d'anesthésies. L'interrogatoire doit en préciser minutieusement les caractères. L'examen de la sensibilité de la face doit porter sur les différentes modalité de la sensibilité cutanée. En effet, l'anesthésie peut être dissociée comme dans le syndrome de Wallenberg (elle est uniquement thermoalgésique). La connaissance de l'encoche de l'angle de la mâchoire innervé par C2 et de la limite transversale au vertex du territoire du nerf pourra s'avérer utile pour affirmer l'organicité du trouble allégué. L'examen doit porter en outre sur la sensibilité des muqueuses nasales, jugales, palatines, linguales, la sensibilité de la cornée et le réflexe cornéen (en cas d'atteinte du trijumeau, le clignement est aboli bilatéralement, en cas d'atteinte du VII, il ne l'est que du côté stimulé). On distingue schématiquement deux types de douleurs trigéminales : la névralgie à type de douleur fulgurante de la face et la névralgie continue. Les termes d'" essentielles " et de " symptomatiques " prêtent à confusion. Si les névralgies continues sont toujours secondaires (symptomatiques), la névralgie à type de douleur fulgurante n'est pas constamment essentielle " les cas de névralgies symptomatiques présentant tous les caractères cliniques de la névralgie essentielle ne sont pas rares " [103]. Névralgie du trijumeau à type de douleur fulgurante (névralgie dite essentielle, tic douloureux de la face de Trousseau) Elle survient surtout après 50 ans, plus fréquente chez la femme. C'est une douleur fulgurante de la face d'une atroce intensité entraînant une mimique particulière. Le début est brutal, déclenché par une stimulation cutanée ou muqueuse précise (trigger zone) pendant la toilette, le rasage, le brossage des dents. Cette " zone gâchette " est bien connue du patient. Elle peut être également provoquée par la parole, le bâillement, le jeu d'instruments à vent. La douleur est brève, comparable à un éclair, une décharge électrique. Elle peut se répéter pendant l'accès qui dure de quelques secondes à quelques minutes. Elle est suivie d'une période réfractaire pendant laquelle la stimulation de la zone gâchette est inefficace. La névralgie est unilatérale. Elle occupe le territoire du maxillaire inférieur dans 20 % des cas, du maxillaire supérieur dans 15 % des cas, de ces deux nerfs dans 35 % des cas, des trois branches dans 15 % des cas. L'atteinte du seul V1 est rare, en revanche celle du V1 et du V2 simultanément occupe 15 % des cas [38]. Pendant la crise, l'examen neurologique est négatif. Il en est de même entre les accès, en particulier la sensibilité objective de la face, la sensibilité cornéenne sont normales, le reste de l'examen neurologique ne montre pas d'anomalies, pas plus que l'examen ORL, le scanner avec injection, examen standard indispensable. Évolution L'évolution de la maladie de Trousseau est capricieuse. La crise peut se répéter quatre à cinq fois dans la journée ou dans la nuit pendant plusieurs jours de suite, puis disparaître plusieurs semaines ou plusieurs mois. Traitement La conduite à tenir devant cette forme dite " essentielle " est simple. La carbamazépine constitue le traitement de choix en même temps que le test diagnostique. À la dose progressivement atteinte de 4 à 5 comprimés à 200 mg/j, elle fait rapidement disparaître la douleur sans entraîner d'inconvénients (à l'exception d'une légère somnolence parfois). En cas d'échec, le clonazépam (1 à 2 comprimés par jour), le diphénylhydantoïne (400 mg) gardent leur indication. Conduite diagnostique Devant une névralgie d'allure " essentielle ", certains faits doivent constituer des arguments contre ce diagnostic : • • • • l'âge relativement jeune du patient (avant 50 ans) fera rechercher une sclérose en plaques. Selon Mathews et al [74], elle survient dans 1 % des cas pouvant être révélatrice. Des formes bilatérales ont été décrites, Rushton et Olafson [98] en ont observé quatre cas. La douleur est en rapport avec des plaques de démyélinisation pontique, ce que peut montrer l'IRM avec injection de gadolinium. La réponse aux traitements médicamenteux et chirurgicaux est variable ; l'existence d'un fond douloureux permanent à type de brûlures ou de décharges électriques brèves entre les crises ; des phénomènes vasomoteurs associés pendant la crise ou à la fin de celle-ci ; et bien entendu une légère asymétrie de la sensibilité cutanéomuqueuse et spécialement de la cornée qui fera suspecter une compression sur le trajet du nerf. On demandera alors des examens otorhinolaryngologique[ORL], une IRM avec angioIRM, et au besoin une artériographie. On aura ainsi la chance de pouvoir traiter chirurgicalement une cause tumorale ou un conflit vasculonerveux. Dans une série de 473 tics douloureux de la face opérés par abord de la fosse postérieure, Dandy [31] trouvait 5,1 % de tumeurs bénignes, 1,8 % d'anévrysmes du tronc basilaire, 2,3 % d'angiomes, 3,2 % d'arachnoïdites. Cheng et al [27] purent rapporter à une origine tumorale une névralgie faciale chez 296 patients sur 2 972 souffrant de cette affection. Le diagnostic fut fait au bout de 6,3 ans en moyenne alors que les patients avaient été améliorés par les traitements médicaux ou chirurgicaux. Sur ces 296 patients, 58 n'avaient aucun signe neurologique objectif. Le CT-scan avec injection fut le plus souvent l'outil du diagnostic. Les variétés de tumeurs et de malformations vasculaires signalées dans la littérature sont multiples. Dans la série de Cheng [27], les méningiomes et les schwannomes de la fosse postérieure sont les causes les plus fréquentes, puis viennent les méningiomes de la fosse cérébrale moyenne, du cavum de Meckel, les tumeurs pituitaires et parasellaires. Les conflits vasculonerveux sont une cause possible de névralgie du trijumeau. Janetta [53, 54] a montré que celle-ci pouvait être guérie par la décompression chirurgicale du nerf. Rhoton [92] a divisé les " complexes neurovasculaires " de la fosse postérieure en trois étages, centrés chacun par une des artères cérébelleuses. La névralgie du V est due le plus souvent à un conflit dans l'étage supérieur. La SCA (artère cérébelleuse supérieure) chemine juste audessus de la racine sensitive du nerf. Si elle fait une boucle, elle la comprime. En outre, celleci peut l'être par les artères du pont qui lui sont sous-jacentes ou encore par un tronc basilaire tortueux. Les compressions par l'artère cérébelleuse antérieure et inférieure (AICA) ou de cause veineuse [84] (veine pétreuse supérieure) sont plus rares (cf schémas anatomiques [84, 86]. Névralgies trigéminales continues dites " névralgies symptomatiques " Elles diffèrent en principe des névralgies de type " essentiel " par le caractère continu de la douleur, l'absence de zone gâchette, l'existence d'un déficit sensitif objectif dans le territoire du nerf trijumeau (valeur de l'abolition du réflexe cornéen) ou d'une paralysie d'un ou plusieurs muscles masticateurs, ou de troubles vasomoteurs de la face ou encore d'autres signes neurologiques associés : atteinte d'autres paires crâniennes, signes de la série cérébelleuse. Il faut savoir que des envahissements néoplasiques des fibres du trijumeau peuvent donner des douleurs non pas continues mais de type " choc électrique " [80]. C'est dire l'intérêt de l'interrogatoire, d'un examen clinique rigoureux et du recours aux examens neuroradiologiques en cas de doute. Les causes des névralgies symptomatiques sont multiples : • • • • • zona du ganglion de Gasser, diagnostic difficile avant l'éruption vésiculaire ; lésions du tronc cérébral touchant les noyaux du trijumeau au cours d'un syndrome de Wallenberg, d'une syringobulbie, d'un angiome ; lésions de l'angle pontocérébelleux : neurinomes du nerf acoustique, rarement du nerf trijumeau, méningiomes, kystes épidermoïdes, angiomes ; syndrome du sinus caverneux ou du sinus sphénoïdal avec paralysie des oculomoteurs, d'origine tumorale ou angiomateuse ; chez l'adulte jeune, à part la sclérose en plaques déjà citée, d'autres maladies inflammatoires comme le syndrome de Gougerot-Sjögren, la sarcoïdose, les méningoradiculites virales peuvent s'accompagner d'une névralgie du V. Il faut ajouter les méningites carcinomateuses et les lésions néoplasiques primitives ou secondaires de la base du crâne et en rapprocher les paresthésies mentonnières par envahissement périneural à partir d'un cancer cutané de la face [80] ou du voisinage. D'exceptionnelles formes bénignes régressives ont été signalées [7]. Enfin, des atteintes du V au cours d'une dissection extracrânienne de la carotide interne ont été rapportées [78] Diagnostics différentiels Les névralgies du glossopharyngien, du nerf laryngé supérieur, et du VII bis diffèrent du tic douloureux de la face par leur topographie. Elles sont traitées avec les nerfs correspondants. Les névralgies continues peuvent être prises pour : • • des douleurs faciales ou crâniennes non neurologiques, soit d'origine ophtalmologiques (glaucome), soit d'origine ORL (sinusite), soit odontostomatologiques. La fréquence et l'intensité des douleurs dentaires et leur extension à un vaste territoire tiennent au fait que les nerfs dentaires sont particulièrement riches en fibres C véhiculant la sensibilité thermoalgésique (abcès dentaires, granulomes, caries, inclusions des dents de sagesse) ; l'arthrite subaiguë de l'articulation temporomaxillaire peut donner des douleurs unilatérales étendues avec souvent un aspect inflammatoire local, de même les anomalies de l'articulé dentaire et le syndrome algodystrophique des articulations temporomandibulaires de Costen. Parmi les douleurs neurologiques d'origine vasculaires rappelons les algies vasculaires de la face, les migraines, l'artérite gigantocellulaire de Horton. La théorie vasculonerveuse de la migraine [81] a permis un rapprochement entre les deux premières et la névralgie du V touchant l'ophtalmique de Willis. Nerf facial Le nerf facial est formé de deux racines accolées sur un long trajet intracrânien : • • le nerf facial proprement dit, racine motrice composée de fibres efférentes viscérales spéciales, innervant les muscles de la face impliqués dans la mimique, le muscle stylohyoïdien, le ventre postérieur du muscle digastrique et le muscle de l'étrier ; le nerf intermédiaire de Wrisberg (VII bis) composé : o de fibres sécrétoires (efférences viscérales générales) ; o de fibres gustatives (afférences viscérales spéciales) ; o d'un contingent plus faible de fibres sensitives (afférences somatiques générales). Rappel anatomique Trajet et destinée des fibres nerveuses Le nerf facial émerge du sillon bulboprotubérantiel à la face ventrale du tronc cérébral entre le nerf oculomoteur externe en dedans et le VII bis en dehors. Il chemine dans l'angle pontocérébelleux en dedans du nerf auditif puis pénètre dans le conduit auditif interne, accompagnée du nerf auditif, de l'artère auditive interne et du VII bis. Puis il s'engage dans l'aqueduc de Fallope qui décrit un trajet en " baïonnette ". • • • Le 1er segment (labyrinthique), débutant dans le fond du conduit auditif interne, est oblique en avant et en dehors (perpendiculaire à l'axe du rocher). La transition avec le second segment se fait à angle droit (le genou du nerf facial) ; le nerf facial et le VII bis s'unissent alors au niveau du ganglion géniculé, qui contient les corps cellulaires des neurones dont les fibres composent le VII bis, à l'exception du contingent parasympathique. Le 2e segment (typanique), oblique en arrière et en dehors, est parallèle au grand axe du rocher. Il passe sur la paroi interne de la caisse du tympan ; l'inflammation de la cavité tympanique peut facilement gagner par proximité ce segment. Le 3e segment (mastoïdien) est vertical, descend dans la paroi postérieure de la caisse du tympan puis dans la mastoïde pour se terminer au trou stylomastoïdien. Le nerf n'occupe que 25 à 50 % du diamètre du canal ; il est entouré d'une gaine conjonctive mince dans le premier segment mais plus épaisse dans les autres segments : un mécanisme inflammatoire à ce niveau peut donc facilement entraîner une compression des fibres nerveuses. Plusieurs branches naissent au cours de la traversée du canal de Fallope : • • le grand nerf pétreux superficiel se détache du ganglion géniculé pour rejoindre le grand nerf pétreux profond, issu du nerf de Jacobson (IX) et de fibres sympathiques provenant du plexus carotidien : ils forment le nerf vidien qui se rend vers le ganglion sphénopalatin. Les fibres postganglionnaires innervent les glandes lacrymales et les glandes muqueuses des cavités bucco-naso-pharyngées ; le petit nerf pétreux superficiel a la même origine. Il s'unit au petit nerf pétreux profond pour se jeter dans le ganglion otique ; • • le nerf du muscle de l'étrier (ou muscle stapédien) naît du segment vertical et traverse la mince paroi osseuse qui le sépare du muscle ; la corde du tympan naît 3 mm avant le trou stylomastoïdien, remonte vers la caisse du tympan qu'elle traverse puis redescend pour s'unir au nerf lingual. Les corps neuronaux des fibres composant cette branche siègent dans le ganglion géniculé. Cette branche comprend les fibres assurant la sensibilité gustative des deux tiers antérieurs de la langue et des fibres parasympathiques préganglionnaires faisant relais dans le ganglion sous-maxillaire avec des neurones postganglionnaires allant innerver les glandes sous-maxillaire et sublinguale. Il existe plusieurs branches collatérales extrapétreuses : • • • un tronc commun né juste au-dessous du trou stylomastoïdien donne les nerfs du stylohyoïdien et du ventre postérieur du digastrique ; le nerf auriculaire postérieur innerve les muscles du pavillon de l'oreille (auriculaires supérieur et postérieur) et le muscle occipital. Il s'anastomose au nerf occipital d'Arnold ; l'anse de Haller (ou un rameau lingual du nerf facial), inconstante, s'anastomose au IX pour se distribuer au styloglosse et à la muqueuse linguale. Le nerf pénètre ensuite dans la parotide où il se divise en deux branches terminales, responsables de l'innervation de l'ensemble des muscles de la face à l'exception du releveur de la paupière supérieure : • • la branche temporofaciale donne les rameaux temporal, frontal, palpébral, sousorbitaire et buccal supérieur. cette branche s'anastomose avec le nerf auriculotemporal, branche du maxillaire inférieur (branche terminale du V) ; la branche cervicofaciale donne les rameaux buccal inférieur, mentonnier et cervical. Noyaux du nerf facial Le noyau moteur du facial est situé à la partie caudale du tegmentum pontin, en arrière de l'olive supérieure. Il est formé de quatre groupes de neurones : • • • • ventromédian : pour le rameau cervical (peauciers du cou) de la branche cervicofaciale ; latéral : pour les branches buccales (muscles buccolabiaux et buccinateur) ; dorsomédian : pour le nerf auriculaire postérieur ; intermédiaire : pour les branches temporale, frontale et sous-orbitaire (muscle frontal, sourcilier, orbiculaire des paupières, zygomatique). On peut noter que la répartition spatiale des neurones dans ces groupes ne correspond pas à la répartition des fibres dans les deux branches terminales ; elle correspond aux territoires facial supérieur (noyaux dorsomédian et intermédiaire) et facial inférieur (noyaux latéral et ventromédian). Noyau moteur Il reçoit : • • • • des fibres corticoréticulaires et réticulonucléaires ; des fibres corticonucléaires qui naissent de l'opercule rolandique au pied de la frontale ascendante et participent au contingent bulboprotubérantiel du faisceau géniculé. La majorité des fibres croisent la ligne médiane au niveau du tronc ; une partie des fibres destinées au territoire facial supérieur ne croisent pas et se terminent dans le noyau ipsilatéral. Les groupes nucléaires assurant l'innervation du territoire facial supérieur reçoivent donc des afférences corticales bilatérales, d'où l'épargne relative du territoire facial supérieur dans les déficits faciaux d'origine centrale ; des fibres issues du noyau du VIII (réflexe stapédien) ; des fibres issues du noyau spinal du V (réflexe trigéminofacial ou blink reflex). Le contingent parasympathique du nerf (efférences viscérales générales) provient du noyau salivaire supérieur, qui prolonge vers le haut le noyau salivaire inférieur et le noyau dorsal du X. Les fibres préganglionnaires empruntent le VII bis puis quittent le nerf facial par : • • le grand nerf pétreux pour faire relais dans le ganglion sphénopalatin ; la corde du tympan pour faire relais dans le ganglion sous-maxillaire. Les fibres assurant la sensibilité gustative (afférences viscérales spéciales) ont leur corps cellulaire dans le ganglion géniculé. Le prolongement central se termine à la partie rostrale du noyau du faisceau solitaire, véritable noyau de la gustation qui reçoit aussi les afférences gustatives véhiculées par le IX (tiers postérieur de la langue) et le X (épiglotte et partie postérieure de la langue). Ce noyau est connecté par le lemniscus médian au noyau ventropostéro-latéral du thalamus controlatéral, d'où partent des projections vers la partie basse de la pariétale ascendante dans la région de la représentation de la langue. Le corps cellulaire des fibres assurant la sensibilité de la zone de Ramsay-Hunt (afférences somatiques générales) est contenu dans le ganglion géniculé. Le prolongement central gagne par le VII bis le noyau spinal du V, où il chemine à proximité des fibres impliquées dans la sensibilité de la région maxillaire inférieure. Le nerf facial véhiculerait la sensibilité proprioceptive des muscles de la face, expliquant la persistance d'une sensibilité à la pression après section du nerf trijumeau. Vascularisation L'artère auditive interne, branche de l'artère cérébelleuse antéro-inférieure remonte le conduit auditif interne jusqu'au ganglion géniculé. La branche pétreuse de l'artère méningée moyenne pénètre dans le hiatus de Fallope et vascularise la région du ganglion géniculé. L'artère stylomastoïdienne naît de l'artère auriculaire postérieure (branche collatérale de l'artère carotide externe) et remonte par le trou stylomastoïdien jusqu'au ganglion géniculé. Ces territoires vasculaires se chevauchent et sont abondamment anastomosés. Séméiologie Paralysie faciale périphérique Elle atteint à la fois le territoire facial inférieur et le territoire facial supérieur. Contrairement aux paralysies faciales centrales, on n'observe pas de dissociation automaticovolontaire. Paralysie du territoire facial supérieur Les rides de l'hémifront sont effacées. La fente palpébrale est élargie. L'occlusion de l'oeil est impossible et permet d'observer la contraction synergique, physiologique, du muscle droit supérieur qui porte le globe oculaire vers le haut : c'est le signe de Charles Bell. Le réflexe cornéen est diminué ou aboli (déficit de l'orbiculaire des paupières) mais le mouvement de retrait du globe persiste (préservation de la sensibilité cornéenne). La réponse controlatérale est préservée. Le réflexe de clignement des paupières est une réponse motrice réflexe à un stimulus visuel (réflexe de clignement à la menace), ou auditif ou tactile (percussion des téguments à la racine du nez : réflexe nasopalpébral). Ce réflexe est aboli du côté paralysé. Paralysie du territoire facial inférieur Le pli nasogénien est moins marqué que du côté sain. La bouche devient asymétrique : elle est attirée du côté sain, la chute de la commissure labiale du côté paralysé peut entraîner une stagnation ou un écoulement salivaire. La langue paraît attirée du côté sain mais n'est pas paralysée. Le patient ne peut montrer les dents que du côté sain. Il ne peut gonfler la joue du côté paralysé (muscle buccinateur), siffler ou prononcer correctement les labiales. La contraction des muscles peauciers du cou lors de l'ouverture contrariée de la bouche est asymétrique (signe du peaucier de Babinski). Troubles sécrétoires La diminution de la salivation est rarement rapportée par le malade. Elle peut être mesurée par cathétérisme du canal de Wharton. Le larmoiement est surtout en rapport avec l'éversion de la paupière inférieure. Le tarissement des larmes témoigne d'une lésion siégeant en amont du ganglion géniculé ; le réflexe nasolacrymal (larmoiement en réponse à une stimulation de la muqueuse nasale) est aboli. Le test de Shirmer mesure la différence d'imbibition d'un papier buvard appliqué sous la paupière inférieure entre côté paralysé et côté sain. Hyperacousie Elle signe une lésion du nerf en amont du nerf du muscle de l'étrier (nerf stapédien), qui naît au début de la portion verticale de canal de Fallope. Chez le sujet normal, une stimulation auditive d'intensité supérieure à un certain seuil entraîne une contraction réflexe du muscle de l'étrier : c'est le réflexe stapédien, dont l'étude par impédancemétrie est aujourd'hui très utilisée. Ce réflexe est aboli dans un pourcentage important de paralysies faciales périphériques. Association d'une agueusie des deux tiers antérieurs de la langue Elle signe une lésion située en amont de l'émergence de la corde du tympan. Une agueusie unilatérale sans paralysie faciale témoigne de l'atteinte de la corde du tympan avant qu'elle ne rejoigne le nerf lingual. L'association d'une agueusie et d'une anesthésie de l'hémilangue signe l'atteinte du nerf lingual. Le goût s'explore en appliquant sur la langue à l'aide d'un coton différentes solutions : chlorure de sodium, glucose, acide citrique, bromhydrate de quinidine. L'électrogustatométrie, qui utilise comme excitant un courant de très faible ampérage, n'est pas de pratique courante. L'insuffisance salivaire, une diminution de la motilité de la langue (myasthénie, sclérose latérale amyotrophique) représentent d'autres causes d'agueusie. Hypoesthésie de la zone de Ramsay-Hunt Rare, elle est surtout observée dans le zona du ganglion géniculé. La névralgie du VII bis, ou névralgie de Hunt est beaucoup plus rare que la névralgie du V ou du IX. Elle se caractérise par des douleurs paroxystiques dans l'oreille. Diagnostic topographique La combinaison des signes d'accompagnement d'une paralysie faciale périphérique peut permettre de préciser le siège de l'atteinte lésionnelle. • • • • L'association d'une diminution des sécrétions salivaire et lacrymale, d'une agueusie des deux tiers antérieurs de l'hémilangue et d'une abolition du réflexe stapédien signe une lésion du nerf dans le segment labyrinthique du canal de Fallope. L'association agueusie-préservation des sécrétions salivaire et lacrymale-absence d'abolition du réflexe stapédien signe une lésion du nerf après la naissance du nerf du muscle de l'étrier et avant l'émergence de la corde du tympan. L'atteinte isolée d'un territoire innervé par une branche du nerf facial est en faveur d'une lésion parotidienne ou plus distale. L'association d'une hémiplégie controlatérale témoigne d'une atteinte protubérantielle (syndrome de Millard-Gubler). Des outils d'évaluation du déficit moteur sont nécessaires pour suivre l'évolution d'une paralysie faciale périphérique. Le grading de House et Brackmann [51], qui distingue six grades, est le plus utilisé. Le testing proposé par Dejean, plus analytique, permet à un opérateur entraîné de mettre en évidence de discrètes modifications Électromyographie Cet examen donne des indices pronostiques, mais de façon retardée, puisqu'il faut environ 8 jours pour qu'une lésion intracrânienne entraîne des modifications électrophysiologiques sur le segment extracrânien étudié. La mise en évidence de potentiels de fibrillation lors de l'examen en détection permet d'affirmer l'existence de lésions de dégénérescence wallérienne, mais ne permet pas de les quantifier. La stimulodétection étudie les caractéristiques de la réponse évoquée par la stimulation du nerf facial à sa sortie du trou stylomastoïdien (latence, amplitude du potentiel d'action musculaire, seuil d'excitabilité) ; ces données sont comparées à celles obtenues du côté sain. L'étude de l'amplitude du potentiel d'action musculaire évoqué par la stimulation du nerf facial (électroneuronographie) est probablement la plus intéressante car la perte d'amplitude est fonction du pourcentage de fibres ayant subi une dégénérescence wallérienne ; une semaine après l'installation du déficit, une amplitude inférieure à 10 % de celle du côté sain est associée à une récupération partielle en 6 à 12 mois ; une amplitude supérieure à 30 % s'accompagnerait d'une récupération complète en 2 mois. L'intérêt pronostique de l'étude isolée de la latence distale est moindre puisqu'elle ne rend pas compte de l'atteinte axonale qui conditionne le pronostic. La stimulation électrique du nerf sus-orbitaire déclenche au niveau du muscle orbiculaire une réponse réflexe précoce R1 ipsilatérale et une réponse réflexe tardive R2 bilatérale : c'est le réflexe trigéminofacial (blink reflex). L'étude de la latence de R1 aurait un intérêt pronostique. Stimulation magnétique Elle permet d'enregistrer le potentiel d'action musculaire évoqué par une stimulation du nerf facial dans son trajet intracrânien. Dans un déficit facial central, le déficit porte essentiellement sur le territoire facial inférieur, même si les cils restent plus apparents du côté déficitaire lors de l'occlusion forcée des yeux (signe des cils de Souques). Le degré de l'asymétrie faciale peut varier selon une dissociation automaticovolontaire : • • dans les lésions du cortex moteur ou des fibres pyramidales, l'asymétrie franche au repos et dans la mimique forcée (volitionnelle) peut s'atténuer lorsqu'une émotion transparaît ; dans les lésions sous-corticales interrompant notamment des connexions entre la partie antérolatérale du thalamus et la partie interne du lobe frontal, l'asymétrie s'accentue ou apparaît lors de la mimique spontanée (sourire par exemple) [50] : c'est la dissociation inversée. D'autres signes neurologiques déficitaires sont retrouvés dans la grande majorité des cas (déficit moteur brachiofacial). Mais une lacune de la corona radiata [52] peut être responsable d'une paralysie faciale centrale isolée. La manoeuvre de Pierre Marie et Charles Foix, qui cherche à déclencher une réaction motrice en réponse à une pression douloureuse en arrière des angles de la mâchoire peut permettre de mettre en évidence un déficit facial chez un sujet présentant des troubles de la vigilance. À la différence de la paralysie faciale périphérique, il n'existe pas de modification sécrétoire, l'électromyogramme (EMG) est normal. On ne note pas de séquelles à type de contracture ou d'hémispasme. Une cicatrice corticale peut être à l'origine de clonies épileptiques de l'hémiface. Étiologie des paralysies faciales périphériques Paralysie faciale a frigore (paralysie de Bell) ou paralysie faciale idiopathique C'est la plus fréquente des paralysies faciales périphériques. La paralysie s'installe brusquement : elle est souvent constatée un matin au réveil. Elle peut s'installer en quelques heures, mais une phase d'installation supérieure à 48 heures doit faire rechercher une autre étiologie. Des douleurs rétroauriculaires ou prétragiennes ipsilatérales peuvent précéder la paralysie. Des troubles du goût sont fréquents. Le reste de l'examen est négatif ; il faut notamment s'assurer de l'absence de vésicules dans la conque de l'oreille, qui seraient en faveur d'un zona du ganglion géniculé. Le rôle du froid (notion d'un voyage en voiture la vitre ouverte) est classique mais incertain. Évolution Dans 80 % des cas, la récupération est complète sans séquelles, dans un délai variant de 3 semaines (pour les déficits incomplets) à 3 mois [1]. Dans 20 % des cas, l'évolution est prolongée, compliquée ou incomplète. On connaît quelques facteurs pronostiques : • • • l'âge : le pourcentage de récupération incomplète augmente avec l'âge ; le degré du déficit : un déficit incomplet est de bon pronostic ; les troubles du goût et la diminution du flux salivaire sous-maxillaire sont de mauvais pronostic : ils témoigneraient de l'atteinte de petites fibres (sensorielles ou végétatives) réputées plus résistantes que les fibres motrices. Ces facteurs pronostiques cliniques et électrophysiologiques ont perdu de leur intérêt depuis que le traitement chirurgical curatif (qui consistait à " décomprimer " le nerf facial dans le canal de Fallope) est presque complètement abandonné ; l'effet bénéfique de cette chirurgie était très discuté alors que les risques opératoires n'étaient pas négligeables [1]. Traitement La corticothérapie (prednisone), en diminuant le nombre de cas présentant des signes de dénervation totale [2], diminuerait le risque de séquelles. La dose habituellement prescrite est de 1 mg/kg/j. Adour [1] préconise de revoir les patients à J6 : si le déficit est toujours complet, le traitement est poursuivi à la même dose pendant 10 jours puis arrêté progressivement sur 5 jours. Des soins oculaires sont nécessaires pour prévenir une kératite. Ils comprennent l'application d'une pommade à la vitamine A durant la nuit et l'instillation de larmes artificielles. Le port de lunettes sombres est recommandé dans la journée. Complications et séquelles Les syncinésies correspondent à une synchronisation anormale de plusieurs muscles de la face : l'oeil peut s'occlure lors du sourire, le clignement de l'oeil peut s'accompagner d'une contraction du muscle mentonnier. Elles résultent probablement d'une régénération aberrante des fibres lésées. Le syndrome des " larmes de crocodile " correspond à un larmoiement du côté paralysé survenant en association au réflexe gustatosalivaire. Ce phénomène correspondrait à un défaut de réparation d'une lésion située en amont du ganglion géniculé : des fibres primitivement destinées aux glandes salivaires pourraient, après régénération, s'orienter vers la glande lacrymale. Il pourrait aussi résulter d'une transmission éphaptique entre ces différentes fibres. Ce syndrome doit être différencié de l'ectropion paralytique observé à la phase aiguë de la paralysie. Contracture L'hémiface paraît contractée, le pli nasogénien est plus profond, la fente palpébrale est diminuée. La physiopathologie reste discutée : il pourrait s'agir d'un mécanisme actif (activité électrique continue) ou passif (modifications trophiques des fibres musculaires). L'hémispasme facial postparalytique est rare. Le taux de récurrence des paralysies de Bell serait aux alentours de 10 % : ces cas pourraient témoigner d'une particulière étroitesse du canal de Fallope. L'intervention chirurgicale de décompression du nerf facial permettrait d'éviter la récidive [71]. Physiopathologie La physiopathologie de la paralysie faciale a frigore reste incertaine. En peropératoire, le nerf facial paraît oedématié, avec des vaisseaux turgescents en surface. L'atteinte du nerf facial siège le plus souvent au niveau de l'orifice méatal, portion la plus étroite du canal de Fallope ; l'étude électrophysiologique peropératoire permet de mettre en évidence un bloc de conduction à ce niveau. L'examen anatomique de cas autopsiques a mis en évidence des infiltrats inflammatoires au sein du nerf, dont le caractère primitif ou secondaire à la dégénérescence wallérienne est discuté. Le mécanisme initiateur pourrait être multiple : perturbation dysautonomique entraînant une constriction des vasa nervorum, inflammation du nerf d'origine infectieuse ou dysimmunitaire ; le froid pourrait favoriser ces deux conditions. Cette perturbation initie un cercle vicieux : l'oedème du nerf dans son canal inextensible entraîne une ischémie elle-même délétère. Paralysie faciale périphérique secondaire Paralysie faciale périphérique par lésion intraprotubérantielle L'atteinte du noyau moteur du nerf facial ou des fibres efférentes avant leur émergence au niveau du sillon bulboprotubérantiel entraîne une paralysie faciale périphérique homolatérale le plus souvent sans trouble du goût associé, le noyau du faisceau solitaire étant plus externe. L'atteinte des voies longues permet de localiser la lésion dans le système nerveux central. L'association d'une paralysie homolatérale du muscle oculomoteur externe est fréquente. Le syndrome de Millard-Gubler (VI et VII homolatéraux à la lésion associés à un déficit moteur controlatéral épargnant la face) est plus souvent lié à un processus tumoral qu'à une lacune protubérantielle [18]. Sclérose en plaques Une paralysie faciale périphérique est possible mais rare dans le cadre d'une sclérose en plaques. L'association d'une agueusie et d'une hyperacousie ipsilatérales a été rapportée [60]. Paralysie faciale secondaire à une lésion de la base du crâne Envahissement de la base du crâne L'envahissement néoplasique de la base du crâne peut être primitif (chordome, fibrosarcome), métastatique, résulter d'une extension tumorale locorégionale (tumeur du nasopharynx) ou d'une infiltration plus diffuse de cellules néoplasiques (maladie de Hodgkin, méningite carcinomateuse). L'atteinte d'autres nerfs crâniens ipsilatéraux vient souvent s'associer à la paralysie faciale (syndrome de Garcin). Atteinte du nerf facial dans l'angle pontocérébelleux La paralysie faciale n'est alors jamais isolée. • • • La paralysie faciale due à un neurinome de l'acoustique est souvent d'intensité modérée et précédée par les signes d'atteinte de la 8e paire crânienne homolatérale : surdité de perception et hypoexcitabilité vestibulaire. La plupart des neurinomes naissent du nerf vestibulaire supérieur dans le conduit auditif interne. Le neurinome du VIII représente 70 % des lésions de l'angle pontocérébelleux. Il est associé dans 10 % des cas à d'autres signes de neurofibromatose. Le méningiome de la face endocrânienne du rocher s'accompagne plus constamment de paralysie faciale que le neurinome de l'acoustique. Nous citerons également le cholestéatome et des malformations vasculaires situées dans cette région. Paralysie faciale d'origine otitique • • Une otite moyenne aiguë peut entraîner une paralysie faciale périphérique régressive après traitement efficace de l'otite ; la paracentèse associée au traitement antibiotique peut suffire, mais la mastoïdectomie est parfois nécessaire. Une paralysie faciale compliquant une otite chronique ostéïtique avec cholestéatome impose une intervention chirurgicale d'urgence. L'absence de cholestéatome doit faire rechercher une tuberculose de l'oreille, surtout s'il existe une atteinte associée de la 8e paire crânienne. Quelques cas de paralysie faciale périphérique associée à une perforation tympanique et le plus souvent à une surdité homolatérale ont été rapportés chez des soudeurs, après issue de particule métallique en fusion dans le conduit auditif externe [88]. L'augmentation de température locale pourrait léser le nerf facial à travers la paroi du canal de Fallope. Tumeurs intrapétreuses • • • • Le neurinome du nerf facial s'accompagne d'une paralysie faciale dans 70 % des cas. Il s'intègre parfois dans le cadre d'une neurofibromatose de type 2. Il siège le plus souvent sur le trajet intrapétreux, parfois dans la parotide. Les lésions de grande taille peuvent émerger aux deux extrémités du canal de Fallope prenant ainsi la forme d'un haltère. Il peut éroder l'oreille moyenne, détruire le tympan et être pris pour une otite chronique. Dans 10 % des cas, la paralysie faciale s'installe soudainement, mais l'aggravation secondaire du déficit permet de remettre en cause le diagnostic de paralysie de Bell. Des douleurs fulgurantes de l'oreille sont souvent associées à la surdité. L'hémangiome pétreux peut être responsable d'une paralysie faciale d'évolution fluctuante, parfois d'apparition soudaine. La tomodensitométrie (TDM) montre un aspect lacunaire de l'os en " rayon de miel ". L'exérèse complète de cette petite lésion est souvent possible. Un cancer de la caisse du tympan, une tumeur à myéloplaxes du rocher peuvent entraîner une paralysie faciale. Une tumeur du glomus jugulaire peut s'étendre vers l'oreille moyenne ou vers l'angle pontocérébelleux et le conduit auditif interne. La paralysie faciale n'est pas révélatrice et s'accompagne souvent de douleurs auriculaires et d'une surdité de transmission. Les examens neuroradiologiques montrent la tumeur associée à un élargissement du trou déchiré postérieur. Paralysie faciale secondaire à une intervention chirurgicale Le nerf facial peut être lésé lors de la chirurgie de l'oreille moyenne lorsqu'il existe une déhiscence spontanée ou pathologique (cholestéatome) de la caisse du tympan. Son atteinte est plus fréquente lors de la chirurgie des lésions de l'angle pontocérébelleux (neurinome de l'acoustique) au cours desquelles on recommande un monitoring peropératoire du nerf facial. La constitution immédiate d'une paralysie faciale impose une exploration chirurgicale immédiate afin d'éliminer une section nerveuse nécessitant une anastomose terminoterminale ou une greffe. L'apparition retardée d'une paralysie faciale est de bien meilleur pronostic. Fractures du rocher En cas de fracture du rocher, la paralysie faciale peut être d'apparition immédiate (par contusion directe du nerf) ou retardée (après constitution d'un oedème compressif). Dans le premier cas, une exploration chirurgicale est souhaitable. La prescription d'un traitement corticoïde après fracture du rocher avec otorragie permettrait de diminuer considérablement le risque d'apparition d'une paralysie faciale secondaire. Paralysie faciale congénitale La paralysie faciale peut s'intégrer dans un syndrome malformatif : • • • trouble du développement des 1er et 2e arcs branchiaux (syndrome otomandibulaire) ; association de malformations cardiaques et d'un déficit facial prédominant sur le territoire facial inférieur (syndrome cardiofacial) ; diplégie faciale et paralysie bilatérale de l'abduction du regard (syndrome de Moebius) rapportées à une agénésie nucléaire ou à une atteinte des nerfs périphériques. Il existe probablement des facteurs génétiques prédisposant à développer une paralysie faciale périphérique : on a pu retrouver dans quelques familles un grand nombre de sujets ayant présenté un épisode de paralysie faciale périphérique, parfois récidivant et alternant, et parfois des troubles oculomoteurs associés [3]. L'hérédité serait le plus souvent autosomique dominante. La paralysie faciale peut être la conséquence d'un traumatisme obstétrical durant l'accouchement. La compression du VII dans son trajet intraparotidien par le sacrum maternel représenterait le principal mécanisme. L'utilisation des forceps serait rarement en cause. Le syndrome de Melkersson-Rosenthal se caractérise par trois signes, d'apparition isolée ou combinée : • • • une paralysie faciale périphérique, rarement bilatérale, survenant le plus souvent avant l'âge de 16 ans ; un oedème de la face touchant essentiellement la lèvre supérieure, survenant parfois plusieurs années après la paralysie faciale ; un aspect plicaturé de la langue souvent noté dès la petite enfance. Paralysie faciale et oedème évoluent par poussées régressives ; l'oedème peut persister après un certain temps d'évolution. Des antécédents familiaux du même type sont parfois retrouvés. L'examen histologique du tissu oedématié montre des granulomes (cheilite granulomateuse) de type tuberculoïde, lymphonodulaire ou sarcoïdosique. Le traitement corticoïde serait efficace. Viroses - La paralysie faciale du zona du ganglion géniculé s'accompagne d'une éruption vésiculeuse dans la zone de Ramsay-Hunt. Les douleurs périauriculaires sont souvent plus importantes que dans la paralysie de Bell. Un syndrome fébrile avec céphalées est possible, ainsi que l'atteinte des 8e et 5e paires crâniennes avec parfois une éruption de la face ou de la cavité buccale. Le pronostic de la paralysie faciale est moins bon que dans la paralysie de Bell. Le traitement associe aciclovir par voie intraveineuse pendant 10 jours et une corticothérapie. D'autres virus que le virus varicellozonateux peuvent être en cause : • • • • le virus Herpès simplex de type 1 serait souvent présent à l'état latent dans le ganglion géniculé ; sa réactivation pourrait entraîner une inflammation au sein du canal de Fallope [105] ; les autres Herpès virus (Cytomégalovirus, Epstein-Barr), le virus de la rubéole, le virus des oreillons, les adénovirus et les entérovirus sont parfois impliqués ; la mononucléose infectieuse et la maladie des griffes du chat ont la particularité de pouvoir donner à la fois une parotidite et une paralysie faciale périphérique, tableau pouvant évoquer une tumeur parotidienne maligne ; chez les sujets infectés par le VIH, différentes étiologies peuvent être responsables de l'apparition d'une paralysie faciale : sarcome de Kaposi, localisation lymphomateuse, zona du ganglion géniculé, pathologie infectieuse de l'oreille moyenne. Elle pourrait survenir isolément lors de la phase de séroconversion [121, 122]. Une sérologie doit être pratiquée chez les sujets réputés à risque présentant une paralysie faciale périphérique isolée ; en cas de négativité, cet examen doit être contrôlé 3 mois plus tard. Autres causes infectieuses • • Le nerf facial est la paire crânienne la plus fréquemment atteinte dans la maladie de Lyme. La paralysie faciale peut être isolée : cette étiologie pourrait rendre compte de 20 % des paralysies étiquetées comme idiopathiques en zone d'endémie. L'atteinte devient bilatérale dans 35 % des cas [91]. L'atteinte faciale survient lors de la phase précoce de la maladie (l'examen du liquide céphalorachidien montre alors une méningite lymphocytaire) ; la sérologie de Lyme peut être négative lors de la première consultation, et doit alors être contrôlée 1 à 2 mois plus tard. La distribution de l'atteinte faciale est particulière dans la lèpre lépromateuse : l'atteinte prédominante des branches superficielles des nerfs faciaux, qui survient après l'installation des troubles sensitifs, modèle un faciès particulier : l'occlusion oculaire est incomplète, les rides médianes du front sont effacées alors que les rides latérales sont apparentes (configuration en V des rides lors de l'élévation des sourcils), la préservation relative du tonus du muscle buccinateur est à l'origine de rides concentriques au niveau du pli nasogénien, l'atteinte est asymétrique dans les territoires faciaux inférieurs. Dans la lèpre tuberculoïde, l'atteinte du facial est limitée aux branches sous-jacentes à la lésion cutanée. Atteintes du nerf facial dans son trajet extracrânien • • • • Toute lésion parotidienne à l'origine d'une paralysie faciale périphérique doit être considérée comme maligne. Mais plusieurs pathologies (viroses, sarcoïdose) peuvent associer neuropathie périphérique et parotidite. Une tumeur de la glande sous-maxillaire peut atteindre le rameau mentonnier du nerf facial. Un traumatisme de la face peut léser sélectivement une ou quelques branches terminales du nerf facial, donnant une paralysie parcellaire. Le tétanos céphalique de Rose, secondaire à une plaie de la face, associe une paralysie faciale parfois bilatérale, un trismus et des contractures. Paralysie faciale dans le cadre d'une neuropathie périphérique • • • • • Une paralysie faciale parfois bilatérale survient dans plus de la moitié des cas de syndrome de Guillain-Barré mais elle ne constitue le signe initial de la maladie que dans 5 % des cas [32]. Le nerf facial est un des nerfs crâniens les plus fréquemment atteints dans la porphyrie. Une diplégie est possible. Dans le diabète, l'atteinte du nerf facial est moins fréquente que celle des nerfs oculomoteurs. L'atteinte du nerf facial dans les collagénoses survient surtout dans le cadre d'une multinévrite. Elle serait plus fréquente dans la granulomatose de Wegener que dans la périartérite noueuse. Le nerf facial est atteint dans 37 % des cas de neurosarcoïdose [106]. Les deux nerfs sont parfois atteints, de façon asynchrone. D'autres paires crâniennes peuvent être atteintes dans un délai de quelques semaines à plusieurs mois. Des radiculalgies sont possibles. La paralysie faciale du syndrome de Heerfordt (paralysie faciale, hypertrophie parotidienne et iridocyclite) résulte de l'infiltration sarcoïdosique du nerf et non pas de l'atteinte parotidienne. Causes médicales de diplégie faciale • • • • • • Syndrome de Guillain-Barré. Porphyrie. Maladie de Lyme. Infection par le VIH. Sarcoïdose. Syndrome de Melkersson-Rosenthal. Traitement des séquelles d'une paralysie faciale périphérique Techniques de réinnervation Ces techniques d'anastomoses doivent être réalisées avant la disparition des plaques motrices (avant 2 ans). L'anastomose hypoglossofaciale est la plus utilisée. Le XII est disséqué le plus bas possible puis sectionné au niveau de sa branche descendante dont la partie proximale est anastomosée à la tranche de section distale du nerf facial au niveau de l'apophyse styloïde. L'intervention doit être suivie d'une physiothérapie spécifique postopératoire. Le nerf spinal peut remplacer le nerf grand hypoglosse. Des anastomoses entre des petites branches terminales du nerf facial sain et les branches du nerf facial lésé ont été réalisées. Cette technique impose l'utilisation de greffons (saphène interne) et des tests électrophysiologiques peropératoires afin d'identifier les branches dont la section n'aura pas de conséquence sur la motilité du côté sain. En cas d'exérèse de lésions nécessitant la section du nerf facial, l'anastomose nécessite parfois l'interposition d'un greffon (grand nerf auriculaire ou nerf sural). Le pronostic fonctionnel est nettement meilleur lorsque l'anastomose est pratiquée dans le même temps opératoire que l'exérèse. Techniques de transposition musculaire Le muscle masséter (innervé par le V) et le muscle temporal sont pédiculisés puis suturés notamment au niveau de la commissure labiale pour diminuer l'asymétrie faciale. Les techniques de suspension faciale utilisent du matériel prothétique pour diminuer l'affaissement de l'hémiface. Spasmes faciaux non paralytiques L'hémispasme facial se manifeste par des épisodes tonicocloniques d'une hémiface (seuls les muscles dépendant du nerf facial sont concernés). À l'occlusion de l'oeil succède la contraction du muscle zygomatique (qui relève la commissure labiale) et du muscle peaucier du cou. Les syncinésies sont constantes du côté atteint (contraction du mentonnier lors du clignement de paupière). Des synergies paradoxales (Babinski) signent l'organicité et la différencient des tics : ainsi le muscle frontal qui hausse le sourcil et la paupière supérieure se contracte en même temps que l'orbiculaire des paupières qui ferme l'oeil. L'accès débute par des contractions brèves dont la fréquence augmente rapidement pour aboutir à une tétanisation. Le nombre d'accès quotidiens serait accru par la fatigue et les émotions. L'examen en dehors des accès ne montre pas de paralysie faciale ; ceci permet de différencier l'hémispasme essentiel d'une contracture postparalysie faciale. Il résulterait d'une atteinte du nerf facial engendrant un phénomène d'autoexcitabilité des fibres nerveuses et une transmission éphaptique. Il est rarement symptomatique : l'IRM doit éliminer une pathologie de l'angle pontocérébelleux, un conflit vasculonerveux, une malformation de la charnière craniorachidienne ; des cas de tumeurs parotidiennes ont été rapportés. L'hémispasme facial idiopathique survient le plus souvent chez la femme dans la 6e décennie. Le traitement médical est efficace chez deux tiers des patients : en cas d'échec de la carbamazépine (300 à 600 mg/j), on peut essayer le baclofène. Le traitement chirurgical de première intention a été proposé, afin de séparer le nerf facial d'un vaisseau de proximité (PICA[artère cérébelleuse postéro-inférieure], AICA[artère cérébelleuse antéro-inférieure], plus rarement artère auditive interne) en interposant entre nerf et vaisseau un matériel spongieux. Mais la seule exploration de la fosse postérieure, sans dissection du nerf facial et sans interposition de matériel aurait le même effet. D'autre part, des études autopsiques de sujets n'ayant pas présenté d'hémispasme ont montré que le nerf facial est en rapport étroit avec l'un de ces vaisseaux dans 77 % des cas [95]. La contiguïté entre VII et vaisseau ne rend donc pas compte de toute la physiopathologie de l'hémispasme. Cette chirurgie entraîne des séquelles à type de paralysie faciale ou de surdité dans 25 % des cas. En cas d'échec du traitement médical, l'injection de toxine botulinique constitue à présent le traitement de choix. Le spasme facial médian de Meije (paraspasme facial) est aussi plus fréquent chez la femme après 50 ans. Il est bilatéral. La forme la plus fréquente atteint les orbiculaires des paupières : les patients ont d'abord présenté des clignements fréquents, souvent attribués à une irritation conjonctivale avant de présenter des épisodes de blépharospasme durant quelques secondes à quelques minutes. L'occlusion palpébrale n'est pas toujours complète et doit être différenciée d'un ptosis. Dans les formes évoluées, l'ensemble de la face peut participer au spasme tonique Les myokymies faciales donnent l'impression d'ondulations lentes et incessantes, visibles, parcourant les muscles d'une hémiface. Elles ne sont pas douloureuses et n'entraînent pas de mouvement. Elles sont très évocatrices de sclérose en plaques ou de gliome du tronc cérébral. Des myokymies faciales bilatérales ont été observées dans le syndrome de Guillain-Barré. Nerf cochléovestibulaire Nerf cochléaire Rappel anatomique Voies de l'audition Appareil récepteur Le nerf cochléaire fait suite aux récepteurs spécialisés de l'oreille interne. • • L'oreille moyenne, par l'intermédiaire de la chaîne des osselets, assure la transmission à l'oreille interne des vibrations du tympan. Le labyrinthe antérieur ou canal cochléaire constitue la partie acoustique de l'oreille interne. La cochlée est un canal membraneux enfermé dans le labyrinthe osseux ou limaçon ; longue de 35 mm, la cochlée, après un court trajet rectiligne, s'enroule ensuite sur elle-même sur deux tours et demi de spire en se rétrécissant de la base à la pointe. À la coupe, le canal cochléaire est divisé par la lame spirale osseuse (qui se prolonge en membrane basilaire et ligament spiral). L'étage inférieur constitue la rampe tympanique où s'ouvre la fenêtre ronde. L'étage supérieur est lui-même subdivisé en deux parties par la membrane de Reissner ; la rampe vestibulaire occupe la partie supérieure, elle correspond à la fenêtre ovale. La partie moyenne n'est autre que la rampe cochléaire qui repose sur la membrane basilaire. Les rampes vestibulaires et tympaniques sont remplies de liquide périlymphatique et communiquent avec l'espace périlymphatique du vestibule. Le canal cochléaire, rempli de liquide endolymphatique sécrété par stries vasculaires, contient l'organe de Corti qui repose sur la membrane basilaire. Cet organe récepteur renferme des cellules sensorielles ciliées et des cellules de soutien. Les cellules ciliées se répartissent en deux groupes de part et d'autre du tunnel de Corti. Elles reçoivent les contacts aquatiques des terminaisons nerveuses. Neurone du nerf auditif Il est situé dans le ganglion spiral de Golgi, lui-même situé au fond du labyrinthe osseux. Les prolongements dendritiques de ce neurone entrent en contact avec la base des cellules sensorielles de l'organe de Corti. Le prolongement central forme la racine acoustique du VIII qui rejoint la racine vestibulaire et parcourt avec elle le conduit auditif interne. Le nerf y est déprimé en " gouttière " à concavité postérosupérieure où reposent le VII et le VII bis. Il traverse l'angle pontocérébelleux avec le facial, son accessoire et les vaisseaux auditifs internes formant le paquet acousticofacial, puis il pénètre dans la protubérance par le sillon bulboprotubérantiel. Après bifurcation, les fibres auditives se terminent dans les noyaux cochléaires. Noyaux acoustiques et voies auditives centrales Les noyaux acoustiques occupent la partie latérale du bulbe au niveau de la jonction bulboprotubérantielle à la face externe des pédoncules cérébelleux inférieurs. Le noyau dorsal ou tubercule acoustique latéral siège en arrière du corps restiforme, il reçoit les fibres postérieures. Le noyau ventral ou accessoire se tient en avant et au-dessus du précédent. Il existe dans ces noyaux une disposition " tonotopique " qui correspond à celle de la cochlée. De ces noyaux naît le deuxième neurone de la voie auditive. La trajet de ces voies dans le tronc cérébral est encore incertain. • Du noyau ventral partent les voies acoustiques ventrales qui croisent la ligne médiane dans la partie ventrale du tegmentum en formant le corps trapézoïde, certaines d'entre elles montent directement dans le lemniscus latéral, d'autres se terminent dans l'olive supérieure et le noyau du corps trapézoïde controlatéral, d'autres enfin dans les mêmes noyaux mais ipsilatéraux. • • • Du noyau dorsal naît le faisceau dorsal. Il contourne dorsalement le pédoncule cérébelleux inférieur, croise la ligne médiane sous le plancher du 4e ventricule en formant les stries acoustiques et gagne le lemniscus latéral du côté opposé. Un faisceau dit intermédiaire, né du noyau ventral, suit le même trajet que le précédent mais croise plus profondément la ligne médiane. En outre, de l'olive supérieure et du noyau du corps trapézoïde partent des voies ipsilatérales qui gagnent le lemniscus latéral. Ces voies se terminent dans les tubercules quadrijumeaux postérieurs, un bon nombre se prolonge jusqu'au corps genouillé interne. Il existe de nombreuses connexions entre ces voies, la réticulée du tronc cérébral et les noyaux des nerfs crâniens. Le troisième neurone forme les radiations acoustiques qui unissent le corps genouillé interne aux aires acoustiques corticales. Elles cheminent dans la partie toute postérieure de la capsule interne. Les aires acoustiques corticales (41 et 42 de Brodmann) occupent une petite surface de la circonvolution temporale supérieure (cf Lobe temporal). Ainsi, la projection de chaque nerf auditif est bilatérale sur le cortex. Rasmussen a mis en évidence l'existence de fibres cochléaires efférentes issues de l'olive supérieure, qui empruntent le trajet du VI vestibulaire et se termineraient dans l'organe de Corti, sur lequel elles auraient un rôle inhibiteur. Rappel physiologique Le son capté par le pavillon de l'oreille met en vibration le tympan et les osselets. Ceux-ci assurent une transmission globale et massive des vibrations jusqu'aux fenêtres. Les muscles des osselets protègent l'oreille interne contre les vibrations sonores intenses. Sous l'effet de l'action de la platine de l'étrier, la fenêtre ovale se détend et transmet aux liquides périlymphatiques les vibrations acoustiques. La distension de la fenêtre ovale transmet au liquide périlymphatique incompressible contenu dans les rampes vestibulaire et tympanique une vibration qui va elle-même à l'autre bout de la colonne ébranler la fenêtre ronde qui, de ce fait subit les mêmes vibrations que la fenêtre ovale. L'énergie des vibrations du liquide périlymphatique entraîne des oscillations de la membrane basilaire. Par voie de conséquence, les cils des cellules sensorielles reposant sur cette membrane se déplacent plus ou moins, transformant une énergie mécanique en influx nerveux. La perception de l'intensité et de la fréquence d'un son n'est pas changée par l'ablation des aires corticales, en revanche, celles-ci sont indispensables à la localisation d'une source sonore et à la reconnaissance du son. Sémiologie L'examen endoscopique est indispensable. La perte auditive, surtout si elle est progressive n'est pas toujours remarquée par le patient et sa mise en évidence doit faire partie de tout bilan d'extension lésionnelle des nerfs crâniens. Acoumétrie Elle n'est qu'un moyen très sommaire de dépistage, les facteurs d'erreur sont nombreux, en aucun cas cette méthode ne saurait suffire et elle nécessite des explorations complémentaires. Certaines exigent la participation active du patient : audiométrie tonale et vocale. Pour les autres, dites objectives (impédancemétrie, potentiels évoqués auditifs [PEA], otoémission acoustique), le rôle du patient est passif. Audiométrie tonale associée à l'audiométrie vocale Elles n'ont cessé d'être la base obligée de la mesure de l'audition. L'audiométrie liminaire est la recherche des seuils minimaux de l'audition aérienne (à l'aide d'écouteurs) et de l'audition osseuse (vibreur placé sur la mastoïde ipsilatérale à l'oreille testée) pour les sons purs allant de 125 à 8 000 Hz. Les tests habituellement utilisés en acoumétrie sont transposés en audiométrie. • • • Test de Weber : perception indifférente ou latéralisée d'une oreille d'un son émis par un vibreur posé sur le front ou le vertex. En cas de surdité de perception, le son est perçu par l'oreille la plus saine. En cas de surdité de transmission, c'est l'oreille atteinte qui perçoit le son. Test de Rinne : normalement, le son émis par un émetteur sonore est mieux perçu par voie aérienne que par voie osseuse ; ceci est valable pour la surdité de perception : le " rinne " est dit positif. À l'inverse, dans les surdité de transmission, l'audition aérienne est inférieure à l'audition osseuse : le " rinne " est dit négatif. Les tests spéciaux d'audiométrie supraliminaire ayant pour intérêt d'orienter le diagnostic topographique de la surdité (cochléaire ou rétrocochléaire) ne sont plus guère utilisés actuellement eu égard à la pratique des PEA. Le test de Fowler pour la recherche d'un phénomène de recrutement (l'oreille lésée par un phénomène de distorsion perçoit plus qu'elle ne le devrait compte tenu de son seuil minimal) aide parfois. Audiométrie vocale Elle consiste à répéter des listes de mots dissyllabiques dont l'intensité vocale est calibrée. Elle se fait en champ libre ou avec des écouteurs. On dit qu'il existe 100 % d'intelligibilité si la répétition des mots est de dix sur dix. Elle corrobore souvent le niveau tonal, mais révèle aussi des surdités inavouées par les patients, ou des troubles rétrocochléaires de l'intégration auditive. Méthodes dites objectives Impédancemétrie et stapédoréflexométrie Elles étudient les variations de la compliance de l'ensemble tympano-ossiculaire, en l'absence de perforation du tympan. Normalement, la trompe d'Eustache assure l'équipression de la caisse du tympan avec l'air atmosphérique. Chez le sujet normal, le test consiste à freiner artificiellement la compétence de l'oreille moyenne à transmettre les sons, en appliquant au niveau du tympan une surpression puis une dépression. On décrit ainsi les deux branches triangulaires du tympanogramme. Le tympanogramme est plat en cas d'otite muqueuse mais il peut aussi renseigner sur d'autres anomalies de l'oreille moyenne. Réflexe stapédien C'est un réflexe de défense contre les sons forts que l'on peut déclencher en envoyant un son intense dans un écouteur. Le muscle de l'étrier se contracte et augmente de façon très fine la rigidité de la chaîne ossiculaire : le réflexe est présent dans les surdités modérées de perception, son absence peut témoigner d'une surdité de transmission ou de perception profonde. Otoémissions acoustiques Provoquées par une sonde placée dans le conduit auditif externe (CAE) elles explorent les propriétés contractiles des cellules ciliées externes de l'organe de Corti [30]. C'est la technique la plus récente pour tester objectivement l'audition de la cochlée et de son innervation efférente. Potentiels évoqués auditifs du tronc cérébral (PEATC) Chez l'humain, on peut recueillir par des électrodes de surface sur le scalp des réponses reproductibles dans les 10 ms qui suivent une stimulation auditive par des " clics " sonores. Sur les sept ondes numérotées de I à VII, trois ondes sont toujours retrouvées chez l'adulte normal. L'onde I qui correspond aux fibres nerveuses cochléaires, l'onde III au noyau cochléaire, l'onde V au passage de l'influx dans le lemniscus latéral au niveau du mésencéphale. Ces ondes sont définies par leur latence par rapport au début de la stimulation, comprises respectivement entre 1,8 et 5,9 ms pour les ondes I et V et la valeur de l'intervalle I-V est un critère de normalité (4 ms +/- 0,3 ms). Aide essentielle au diagnostic de surdité dès la naissance et chez l'adulte, les PEATC orientent vers le siège lésionnel, surtout rétrocochléaire du déficit auditif. Pour mémoire, le recueil des potentiels au-delà de 10 ms est possible, dit de moyenne latence (50 - 60 ms) et corticaux (100 - 150 ms) pour l'étude des " aires " de réception supratentorielle de l'audition. Diagnostic des surdités Surdités de transmission Elles sont dues aux lésions de l'oreille externe et moyenne.Le déficit porte plus volontiers sur les sons graves, la conduction aérienne (conduction aérienne) est seule atteinte, la conduction osseuse (CO) étant conservée (Rinne ouvert CA < CO), le tympanogramme est plat en cas d'otite muqueuse, les réflexes stapédiens sont abolis s'il y a une lésion ossiculaire. Surdités de perception Elles sont dues à des atteintes de l'oreille interne, du nerf auditif, plus rarement du tronc cérébral. Le déficit touche surtout les fréquences aiguës. Les conductions aériennes et osseuses sont également touchées (rinne fermé), les otoémissions peuvent être présentes, le tympanogramme est normal, les réflexes stapédiens peuvent être abolis, les PEATC sont retardés à partir de l'onde II et l'intervalle I-V est allongé. Étiologie des surdités Surdités de transmission Elles peuvent être dues à une affection de l'oreille externe : un corps étranger, une agénésie d'oreille, une obstruction tubaire (rhinite), une otite moyenne aiguë ou chronique, un traumatisme avec ou sans perforation du tympan (luxation de la chaîne des osselets) qui peut se transformer en surdité de perception en cas d'atteinte associée de la cochlée. L'otospongiose doit être envisagée devant toute surdité de transmission pure en raison de l'intérêt chirurgical à ce stade. Surdités de perception Les surdités unilatérales brusques seraient dues à une ischémie aiguë de la strie vasculaire. Les surdités progressives sont endo- ou rétrocochléaires : • • la cochlée est lésée : o au cours d'une labyrinthite infectieuse ou toxique (surtout quinine, salicylate, kanamycine, viomycine, diurétiques, plomb) ; o par traumatisme sonore chronique ; o par involution de l'organe de Corti d'origine génétique, ou avec l'âge ; o au cours de la maladie de Ménière, surdité progressive par à-coups ou d'un seul tenant (surdité horizontale sur les fréquences graves avec conservation de PEA) ; lors des atteintes rétrocochléaires, le nerf auditif peut être lésé par une atteinte toxique (diabète), infectieuse (zona, oreillons, VIH), par méningoradiculite néoplasique. Bien sûr, devant toute surdité de perception unilatérale progressive avec altération des PEATC, il faut évoquer une cause tumorale et en premier lieu un neurinome. Les surdités centrales, même unilatérales, longtemps considérées comme exceptionnelles apparaissent plus nombreuses avec la pratique des explorations neurophysiologiques et de l'IRM : lésions ischémiques des noyaux cochléaires, lenticulaires ou des régions temporales. Il s'agit le plus souvent de troubles agnosiques. Nerf vestibulaire Rappel anatomique Appareil vestibulaire ou labyrinthique postérieur Il est constitué par les canaux semi-circulaires et l'utricule qui communiquent avec le saccule par le canal endolymphatique. Ce labyrinthe membraneux contient l'endolymphe et baigne dans la périlymphe. Il est logé dans le labyrinthe osseux creusé dans le rocher. Trois canaux semi-circulaires Ils s'ouvrent dans l'utricule par cinq orifices, car les canaux frontal et sagittal ont une embouchure commune ; l'horizontal est isolé. Les canaux semi-circulaires occupent des plans perpendiculaires entre eux bien qu'ils ne soient pas exactement inscrits dans les trois plans de l'espace. Chaque canal se renfle à son extrémité en une ampoule qui renferme une crête ampullaire formée de cellules de soutien et de cellules sensorielles ciliées. Ces cellules comprennent : une zone superficielle surmontée de poils acoustiques, réunion d'environ 70 à 100 stéréocils et d'un binocil. Les stéréocils sont noyés dans une cupule gélatineuse tandis que le binocil est toujours orienté dans une même direction pour une zone sensorielle donnée ; une zone de jonction neurosensorielle qui donne naissance aux fibres afférentes au nerf vestibulaire. La rotation de la crête provoque un déplacement de l'endolymphe dans le sens opposé. Ce courant liquidien déforme la cupule dans le même sens mais la déformation ne se fait qu'en fonction d'une accélération ou d'une décélération angulaire. Le seuil d'activation est de deux degrés par seconde. Il existe cependant un tonus constant de ces récepteurs que traduit la décharge de repos. Pendant une rotation à vitesse constante, la décharge des impulsions retourne à sa valeur de base en 20 secondes environ, temps que met la cupule pour retrouver son point d'équilibre. Ces récepteurs jouent un rôle important dans les réactions d'équilibration. Macules otolithiques (ou récepteurs de position) Elles se trouvent dans l'utricule et le saccule ; l'épithélium sensoriel présente quelques particularités. Il occupe des " plaques " et non des crêtes ; toutes les cellules ciliées sont noyées dans une matrice gélatineuse riche en particules de chalcites : les otoconies soumises aux lois de la pesanteur. L'ensemble macule, matrice gélatineuse, otoconies a été dénommé " otolithes ". Il s'agit de récepteurs de position sensibles à la pesanteur, leur fréquence de décharge est fonction de la position de la tête dans l'espace. Ces récepteurs de position, peu influencés par le temps, interviennent dans les réactions d'adaptation statique. Nerf vestibulaire Le ganglion de Scarpa (ou vestibulaire) situé dans le fond du conduit auditif interne contient les corps neuronaux du nerf vestibulaire. Celui-ci s'accole au nerf cochléaire et pénètre dans le sillon bulboprotubérantiel juste en arrière du facial. Dans le bulbe, il se divise en trois branches : • • • ascendante destinée au noyau vestibulaire supérieur, triangulaire et au noyau du toit ; descendante vers les noyaux triangulaire et inférieur ; dorsale pour le noyau du toit. Le nerf vestibulaire est à destinée rigoureusement unilatérale. Certaines fibres se rendent directement par le corps juxtarestiforme au cortex du lobe floculonodulaire et de l'uvula. Des fibres efférentes, non sensorielles, interviennent dans des phénomènes de régulation sensorielle. Noyaux vestibulaires Situés sous le plancher du 4e ventricule [15], à la jonction bulboprotubérantielle, ils sont au nombre de quatre, bilatéraux et symétriques : • • • • noyau vestibulaire inférieur ; noyau latéral (ou de Deiters) ; noyau médian (ou triangulaire de Schwalbe) ; noyau supérieur de Bechterew ; on y adjoint les noyaux du toit (ou noyau festigial). Ces différents noyaux sont connectés entre eux et avec ceux du côté opposé. La distribution des fibres vestibulaires est très complexe. Nous renvoyons à la systématisation donnée par Burt [24]. Fibres vestibulaires secondaires Fibres médullaires Les faisceaux vestibulospinaux restent directs, ils proviennent du noyau latéral de Deiters et du noyau triangulaire. Ils ont un effet facilitant sur les neurones alpha et gamma des extenseurs. La rigidité de décélération n'est que l'exaltation de leur fonctionnement ; chez l'animal elle disparaît par section des nerfs vestibulaires. L'appareil vestibulaire favorise les réflexes de redressement en particulier de la tête en l'absence de contrôle de la vue. Ainsi avec les réflexes de postures sous la dépendance du cervelet, les réflexes de redressement à point de départ nuqual, le contrôle visuel, les réflexes labyrinthiques concourent au maintien du tonus antigravidique. Autres voies Des fibres destinées à la substance réticulée du tronc cérébral contrôlent de plus la motricité par l'intermédiaire de la boucle gamma. Les noyaux viscéraux et les formations sympathiques du tronc cérébral, le noyau du phrénique reçoivent des fibres provenant surtout du noyau triangulaire expliquant l'origine des manifestations végétatives du vertige. Noyaux des nerfs oculomoteurs Les connections vestibulo-oculaires sont directes, elles empruntent le faisceau longitudinal médian et concourent aux mouvements de l'oeil dans un plan horizontal et dans un plan vertical et oblique en fonction de leur niveau d'origine dans les noyaux vestibulaires. Les voies indirectes font relais dans la substance blanche réticulée pontique paramédiane et le noyau prepositus hypoglossi. Connections cérébellovestibulaires Cervelet et système vestibulaire sont en étroite relation anatomique et fonctionnelle, en particulier au niveau flocculonodulaire. Ces relations se font par des projections directes et indirectes pour atteindre cette structure mais aussi les noyaux festigial et dentelé. En retour, le cervelet exerce un contrôle sur les noyaux vestibulaires par des fibres corticofuges directes issues des noyaux fastigiaux. Centres supérieurs L'existence d'une voie de conduction vestibulocorticale est prouvée. Elle suivrait un trajet direct et gagnerait le noyau ventro-postéro-latéral du thalamus et le cortex controlatéral au voisinage de l'aire de projection de la face, région où convergent des influx proprioceptifs, ce qui fait penser que le système vestibulaire ne serait qu'un élément différencié du système proprioceptif. Clinique : syndrome vestibulaire Vertige [111] C'est un trouble subjectif que l'on peut définir comme une sensation erronée de déplacement dans l'espace par rapport au corps ou du corps par rapport à l'espace, mais la notion d'espace et celle d'image corporelle font appel à un ensemble de perceptions et à une intégration complexe des différentes proprioceptivités. • • • Les vertiges vrais comportent toujours une sensation de déplacement. Les vertiges d'origine labyrinthique sont habituellement rotatoires. Les vertiges non rotatoires (sensation de déplacement latéral, antéropostérieur ou vertical) sont plutôt d'origine centrale [21]. Les faux vertiges ne comportent pas d'impression de déplacement des objets. Il peut s'agir d'une impression de déséquilibre liée à une diplopie, d'une lipothymie, d'une perte de tonus brutal des membres inférieurs ou très fréquemment d'une crainte de " se trouver mal " qui entre dans le cadre des névroses phobiques. Le vrai vertige peut s'accompagner : o de signes cochléaires : acouphènes bilatéraux ou localisés à une oreille, surdité antérieure, contemporaine ou postérieure à l'apparition du vertige ; o et de troubles végétatifs : nausées, vomissements, pâleur, bradycardie, polypnée. Examen vestibulaire Déviations axiales Elles ne se manifestent qu'en position debout. Dans l'épreuve de Romberg labyrinthique, le patient est placé les pieds joints, les yeux ouverts puis fermés. À la fermeture des yeux, on observe une déviation de l'axe du corps qui se produit après un certain temps de latence, dans la direction de l'appareil vestibulaire hypovalent (donc dans le sens de la secousse lente du nystagmus). On peut modifier le sens de la déviation en changeant la position de la tête. Dans les atteintes centrales, le sujet oscille en tous sens, et ni la position de la tête ni la fermeture des yeux n'ont d'influence. Si l'on demande au sujet de " marquer le pas " ou de faire cinq pas en avant, cinq pas en arrière dans une direction donnée, les yeux fermés, il dévie du côté du labyrinthe hypovalent (démarche en étoile, épreuve de Babinski-Weill). En cas d'atteinte centrale, la marche est incertaine. Déviations segmentaires Chez le sujet normal, chacun des labyrinthes agit sur le tonus des deux moitiés du corps de façon symétrique. Lorsqu'un labyrinthe est hypovalent à l'épreuve des bras tendus les yeux fermés, on observe une déviation vers le côté lésé. L'épreuve de l'indication est plus sensible : la déviation se fera dans le plan perpendiculaire au plan de fonction du canal semi-circulaire atteint quand l'index balaie un angle de 45° dans un plan vertical puis horizontal. Des troubles du tonus et des adaptations posturales peuvent résulter d'une atteinte vestibulaire. Mais il est difficile de les distinguer de ceux qui résultent d'un syndrome cérébelleux statique d'autant plus que l'association est fréquente. Nystagmus. : tremblement associé des globes oculaires (Dejerine) Il est caractérisé par sa rythmicité, son sens, son aspect diphasique, sa symétrie sur les deux yeux. Il est constitué par : • une déviation oculaire conjuguée de vitesse relativement modérée (phase lente), conséquence d'un déséquilibre oculomoteur tonique induit par l'asymétrie entre les deux éléments stabilisateurs antagonistes des labyrinthes ; • et par une déviation rapide qui a pour but de ramener le regard en position d'équilibre visuel. Tel est le nystagmus " à ressort ", différent du nystagmus pendulaire d'origine congénital. La recherche du nystagmus est facilitée par les lunettes de Barthels qui éliminent le nystagmus de fixation. Le sens du nystagmus est par convention celui de la secousse rapide. Il peut être horizontal, rotatoire, vertical ou oblique. Le nystagmus d'origine périphérique est horizontorotatoire, jamais multiple. Le plus souvent " destructif ", il bat vers l'oreille saine, rarement " irritatif ", il bat alors vers l'oreille lésée. Le nystagmus spontané d'origine centrale est volontiers de forme pure : rotatoire (lésion bulbaire), horizontal (protubérantiel), vertical (pédonculaire) mais il peut être dissocié, c'est-à-dire d'intensité différente dans les deux yeux, traduisant une lésion associée du faisceau longitudinal médian. Vestibulométrie Électronystagmogramme L'oeil est un système polarisé. Il existe entre la rétine électronégative et la cornée électropositive un potentiel de repos. Ce dipôle électrique crée, au niveau du champ périorbitaire, un champ électrique dont les variations induites par les mouvements oculaires sont recueillies à partir d'électrodes cutanées, amplifiées et inscrites sur un papier se déroulant à vitesse constante. Le signal enregistré est le nystagmus. Aujourd'hui, l'aide de l'ordinateur va devenir le complément indispensable pour quantifier les diverses composantes du nystagmus : fréquence, vitesse de la phase lente, amplitude et nombre de secousses, en référence aux systèmes experts. De façon plus sophistiquée, le nystagmus peut être recueilli par le moyen d'une cellule photoélectrique captant la réflection d'un faisceau lumineux sur la cornée. Le traitement du signal sera le même et les renseignements très précis ; cette technique, qui est surtout utilisée en oculographie, nécessite un appareil plus coûteux. Méthodes de stimulation • L'épreuve calorique : pendant longtemps, l'observation des signes vestibulaires spontanés et du nystagmus provoqué par les épreuves caloriques et rotatoires de Barany a été la seule employée, mais ces épreuves comportaient un facteur subjectif dans l'appréciation des résultats, que le nystagmogramme permet d'éliminer. L'injection d'eau à 30 ° et 44 °C pendant 40 secondes avec un débit suffisant (5 à 6 mL par seconde) dans le conduit auditif externe reproduit : o pour l'irrigation froide, un syndrome vestibulaire déficitaire du côté interrogé (nystagmus de sens opposé et déviation des bras tendus homolatérale à l'excitation) ; o pour l'irrigation chaude, un syndrome irritatif (nystagmus battant vers l'oreille interrogée et déviation des bras vers le côté opposé). On suppose que cette épreuve entraîne un réchauffement ou un refroidissement de la paroi du canal semi-circulaire externe et un mouvement des liquides labyrinthiques : le déplacement de la cupule provoque des réponses subjectives (vertiges) et objectives (nystagmus et déviation). Chez le malade dans le coma, la stimulation du labyrinthe ne produit pas de nystagmus mais une déviation des yeux (qui correspond à la phase lente que comporterait le nystagmus chez le même sujet conscient). En cas de lésion du tronc cérébral, cette forme de motricité oculaire " réflexe " peut disparaître. • Les épreuves rotatoires ont l'avantage d'appliquer au système des canaux semicirculaires leur stimulus physiologique : l'accélération angulaire, mais elles ont en revanche l'inconvénient d'exciter l'ensemble du couple des deux systèmes droit et gauche ; elles étudient l'équilibre dynamique du système. Actuellement, on utilise deux méthodes : o L'épreuve giratoire liminaire applique aux vestibules une accélération angulaire constante et entretenue. On recherche le seuil de réaction minimal ou les réactions supraliminaires ; o l'épreuve rotatoire pendulaire est plus employée. L'appareil fait appel au principe du pendule de torsion. Le fauteuil sur lequel le sujet a pris place est écarté de 180° de sa positon d'équilibre. Une fois libéré, il décrit une série de rotations horaires et antihoraires par période de 20 secondes et d'amplitude amortie sur 15 poussées. Le nystagmus giratoire enregistre ainsi le nystagmus provoqué. Syndromes vestibulaires centraux et périphériques • • Le syndrome vestibulaire périphérique résulte soit d'une atteinte de l'oreille interne, soit d'une atteinte du nerf vestibulaire. Le vertige endolabyrinthique est généralement brutal, rotatoire et systématisé. Il s'accompagne de signes végétatifs et souvent de signes auditifs (acouphènes et hypoacousie). Lorsque les signes vestibulaires existent, ils donnent un syndrome harmonieux : le nystagmus est horizontogiratoire, battant du côté opposé à l'oreille lésée. Les déviations axiales et segmentaires se font du côté de l'oreille atteinte. Les épreuves confirment l'hypo- ou l'aréflexie uni- ou bilatérale. Un phénomène de compensation s'établit en 6 à 8 semaines. Le syndrome vestibulaire central résulte soit d'une atteinte nucléaire, soit le plus souvent d'une lésion des voies supranucléaires. Tous les types de vertiges peuvent être ressentis mais en général, il s'agit de sensations vertigineuses mal définies (insécurité, déséquilibre). Les signes auditifs manquent et les réactions d'accompagnement sont très variables. Il existe souvent d'autres désordres neurologiques en particulier un syndrome cérébelleux. Les signes vestibulaires sont de type " dysharmonieux ". Le nystagmus peut être de type otologique, mais ses caractéristiques peuvent être modifiées par des lésions associées, en particulier des nerfs oculomoteurs. Les déviations ne sont pas systématisées. Les épreuves dynamiques font apparaître des phénomènes temporels (habituation, fatigue). Étiologie des syndromes vestibulaires Syndrome périphérique Il peut reconnaître : • une origine endolabyrinthique : le syndrome de Ménière est caractérisé par le trépied : vertige, acouphène, surdité auxquels il faut ajouter l'évolution paroxystique. Le vertige est souvent le signe inaugural de l'" hydrops endolabyrinthique ". La courbe audiométrique est caractéristique en " plateau " avec recrutement. Il n'y a pas de séquelle vestibulaire spontanée ou provoquée en période intercritique. L'évolution se fait à long terme vers la diminution de la fréquence des crises et l'aggravation de la surdité ; - citons l'atteinte endolabyrinthique au cours des traumatismes, des hémorragies, notamment au cours des hémopathies, des labyrinthites aiguës ou • • • chroniques, des atteintes vasculaires du labyrinthe (avec ou sans atteinte cochléaire) ou des labyrinthotoxicoses (quinine) ; un vertige bénin paroxystique : c'est le type de vertiges le plus fréquemment rencontré dans la pratique quotidienne. Survenant par accès de durée variable, il se déclenche de façon brutale par une sensation de vertige rotatoire intense au début, isolée ou avec quelques phénomènes végétatifs, puis se reproduit moins intensément avec les changements de position de la tête, faisant intervenir les accélérations antéropostérieures. Un nystagmus unidirectionnel, contemporain du vertige, est souvent observé, il disparaît dès que cesse la sensation subjective. Les épreuves audiovestibulaires ne sont pas altérées pendant la crise, on peut cependant enregistrer le nystagmus de position. L'évolution est spontanément favorable, sans séquelle, il peut récidiver, même dans un laps de temps très long. Il se voit à tout âge. On évoque à son origine une modification physicochimique des structures otolithiques. Bénin, il est isolé mais il devra toujours être confronté au reste de l'examen neurologique car il pourrait révéler une pathologie du système nerveux ; une origine rétrolabyrinthique : le neurinome de l'acoustique donne des vertiges discrets, souvent sous forme d'instabilité aggravant une surdité unilatéral progressive de type perceptif (sans recrutement). À l'examen, le nystagmus manque rarement (sous ENG [électronystagmogramme]). Aux épreuves, il existe une hyporéflectivité unilatérale compensée de grande valeur dans ce tableau ; les autres atteintes du nerf peuvent être : o toxiques (mêmes étiologies que les atteintes cochléaires et la labyrinthite toxique, la streptomycine lésant plus la cochlée et la gentamicine, davantage le labyrinthe) ; o infectieuses (boréliose, syphilis, neuronite vestibulaire présumée virale) ; o ischémiques (dans le territoire de l'artère auditive interne : branche vestibulaire). L'hématome cérébelleux aigu provoque soit un vertige intense, soit des troubles de l'équilibre avec un nystagmus multidirectionnel, qui devra rapidement être opéré pour éviter un engagement. Syndromes vestibulaires centraux [29] Ils peuvent prendre le masque d'une atteinte endolabyrinthique au cours d'un syndrome de Wallenberg, de la syringobulbie. Dans la sclérose en plaques, les vertiges s'observent dans 70 % des cas et peuvent être inauguraux dans 4 à 25 % des cas. Il s'agit plus souvent d'une impression d'instabilité que d'un grand vertige. Toutes les formes de nystagmus peuvent s'observer. L'hyperréflectivité aux épreuves rotatives (habituellement bilatérale) serait plus fréquente que l'hyperréflectivité calorique. L'insuffisance vertébrobasilaire est une des causes de syndrome vestibulaire central, les vertiges à rechute y sont brefs et souvent déclenchés par une position anormale de la tête. Ils s'accompagnent fréquemment de troubles oculomoteurs ou de troubles de l'équilibre. Les lésions hérédodégénératives, les tumeurs du tronc cérébral peuvent donner lieu à un syndrome vestibulaire central. L'imagerie radiologique de choix devant tout syndrome vestibulaire rétrolabyrinthique ou central sera l'IRM. Nerf glossopharyngien (IXe paire) Rappel anatomique Il s'agit d'un nerf mixte constitué par cinq ou six filets nerveux nés du bulbe immédiatement en arrière de l'olive inférieure. Il sort du crâne par le trou déchiré postérieur où deux ganglions (pétreux inférieur et pétreux supérieur) représentent des relais sensitifs. Dans le cou, le nerf passe entre l'artère carotide interne et la veine jugulaire interne, puis en dehors de la carotide interne, avant de se diriger vers la base de la langue. La vascularisation de ce nerf est assurée par l'artère pharyngienne ascendante, branche de la carotide externe [66]. Le IX véhicule cinq contingents fonctionnels importants. • • • • • Les efférences viscérales spéciales sont des fibres motrices issues de neurones situés dans la partie rostrale du noyau ambigu, destinées au muscle stylopharyngien, et dans certains cas au constricteur supérieur du pharynx (parfois innervé par le X). Les efférences viscérales générales, fibres sécrétoires pour la parotide, sont issues du noyau salivaire inférieur situé au-dessus du noyau dorsal du vague. Elles se détachent du IX sous le ganglion pétreux inférieur, empruntent la branche tympanique du nerf de Jacobson, puis le plexus tympanique et le nerf pétreux profond, gagnent ensuite le ganglion otique, où elles font relais avec les fibres postganglionnaires parasympathiques destinées à la parotide. Les afférences viscérales spéciales véhiculent les sensations gustatives du tiers postérieur de la langue, en arrière du V lingual. Les corps cellulaires de ces fibres siègent dans le ganglion pétreux inférieur, et les afférences se terminent dans la partie rostrale du noyau du faisceau solitaire. Les afférences viscérales générales véhiculent les sensations tactiles, thermiques et douloureuses des muqueuses du tympan, du système de pneumatisation mastoïdien, de la trompe d'Eustache, du tiers postérieur de la langue, de l'amygdale, des piliers du voile du palais et de la paroi latérale et postérieure du pharynx. Elles sont également issues de neurones situés dans le ganglion pétreux inférieur et se terminent dans la partie moyenne du noyau du faisceau solitaire. Une petite branche sensitive innerve les barorécepteurs du sinus carotidien, et se termine en partie dans le noyau dorsal du X et dans le noyau du faisceau solitaire. Les afférences somatiques générales sont une composante sensitive cutanée qui innerve une petite zone de la partie postérieure de la conque de l'oreille, emprunte la branche auriculaire du X et se termine dans la racine descendante du trijumeau. Les corps neuronaux siègent dans le ganglion pétreux supérieur. Sémiologie L'atteinte du IX peut entraîner une gêne à la déglutition et un trouble du goût. L'agueusie du tiers postérieur ipsilatéral de la langue (sensations amères) est parfois difficile à mettre en évidence. Il existe également une hypoesthésie du tiers postérieur du voile, de l'amygdale, du pharynx. Le réflexe nauséeux est diminué ou aboli. Les sécrétions salivaires parotidiennes peuvent être diminuées. La paralysie du constricteur supérieur du pharynx donne le signe du rideau où la paroi postérieure du pharynx se déplace vers le côté sain quand on fait prononcer la lettre A. La névralgie du glossopharyngien se manifeste par une douleur intense et unilatérale de la base de la langue, du pharynx, irradiant vers la conduit auditif externe ou l'angle de la mâchoire. La douleur peut être provoquée ou accentuée par la déglutition, la parole, la toux, l'éternuement et s'accompagner de salivation, larmoiement, sueurs, tachycardie, hypertension, vertiges. Des crises épileptiques, des syncopes et des bradycardies par stimulation vagale réflexe ont été décrites [119]. Les crises douloureuses peuvent durer de quelques minutes à plusieurs jours, et surviennent en moyenne deux à trois fois par an [109]. Étiologies Lésions intramédullaires Elles donnent rarement une atteinte isolée du IX et s'accompagnent généralement de signes en faveur de lésions des noyaux du VIII et du X, et d'une atteinte des voies longues. Des lésions vasculaires, néoplasiques, inflammatoires ou plus rarement une syringobulbie peuvent être en cause. Lésions extramédullaires Dans l'angle pontocérébelleux, le IX peut être le siège d'un neurinome, mais le tableau clinique est souvent dominé par une atteinte du VIII. Les tumeurs du glomus jugulaire dans le trou déchiré postérieur donnent plus souvent une atteinte multiple (IX, X, XI) sous la forme d'un syndrome de Vernet. Des chordomes, des métastases ou des fractures de la base du crâne peuvent aussi être en cause. Le tabès est devenue une cause rare de lésion du IX. Une mononévrite du IX peut survenir en cas de diabète. Dans le syndrome de Guillain-Barré, l'atteinte des afférences des barorécepteurs carotidiens peut rendre compte des troubles végétatifs comme les déséquilibres tensionnels ou les troubles du rythme. La névralgie du IX peut être idiopathique, ou secondaire. Des tumeurs de la fosse postérieure, des infections locales, des occlusions de la carotide, des compressions par une artère vertébrale tortueuse [65], l'artère cérébelleuse postério-inférieure [92] ou par l'apophyse styloïde ont été rapportées. Enfin, une névralgie du IX éventuellement accompagnée de syncope semble être " un signe classique de récidive d'une tumeur ORL dans la région péricarotidienne " [117]. Dans les formes idiopathiques, la carbamazépine semble être le traitement de choix. Nerf pneumogastrique ou nerf vague (Xe paire) Rappel anatomique Le X ou nerf vague est un nerf mixte qui naît du bulbe, au niveau du sillon collatéral postérieur, et sort du crâne avec le IX et le XI par le trou déchiré postérieur, où se trouve le ganglion jugulaire (ou supérieur). Il descend dans l'espace rétrostylien et forme le ganglion plexiforme (ou inférieur). Puis il chemine dans le cou entre la carotide interne et la veine jugulaire interne. À droite, le X pénètre dans le thorax en avant de l'artère sous-clavière. Il descend en arrière de l'oesophage, traverse avec lui le diaphragme et forme le plexus gastrique postérieur. Le X gauche passe en avant de la crosse de l'aorte, descend en avant de l'oesophage et forme le plexus gastrique ventral. La vascularisation de ce nerf est assurée par l'artère pharyngienne ascendante [66]. Outre ses nombreuses branches viscérales thoraciques et abdominales, le X donne les branches cervicales suivantes : • • • • • le nerf auriculaire (né entre les ganglions supérieur et inférieur), qui véhicule également des fibres du IX et du VII, assure l'innervation sensitive de la partie postérieure de la conque de l'oreille et du conduit auditif externe ; le nerf méningé, né sous le ganglion supérieur, rentre dans le crâne et innerve la duremère de la fosse postérieure ; les nerfs pharyngés quittent le X sous le ganglion inférieur et forment avec des branches du IX le plexus pharyngé ; le nerf laryngé supérieur, né sous le ganglion inférieur, descend le long du mur latéral du pharynx et se divise en deux branches : o la branche interne assure l'innervation sensitive du larynx au-dessous des cordes vocales ; o et la branche externe l'innervation motrice du constricteur inférieur du pharynx et du muscle tenseur des cordes vocales (cricothyroïde) ; le nerf laryngé inférieur ou nerf récurrent se détache du X gauche au niveau de la crosse de l'aorte et fait une boucle au-dessous d'elle pour remonter vers le larynx entre la trachée et l'oesophage. Le récurrent droit fait de même autour de la sous-clavière. Les récurrents assurent la motricité de la musculature intrinsèque du larynx sauf le cricothyroïde. Le nerf pneumogastrique répond à la systématisation suivante : • • • les afférences somatiques générales sont véhiculées par le rameau auriculaire cité plus haut, assurant l'innervation sensitive de la région postérieure de l'oreille externe. Les corps neuronaux sont situés dans le ganglion supérieur, et les afférences se terminent dans le noyau spinal du trijumeau ; les afférences viscérales spéciales sont issues des bourgeons du goût situés sur l'épiglotte, et gagnent la partie supérieure du faisceau solitaire par l'intermédiaire du ganglion inférieur ; les afférences viscérales générales transmettent les sensations viscérales du voile du palais, de l'épiglotte, de la base de la langue et du pharynx, en commun avec le glossopharyngien. Par la branche interne du nerf laryngé supérieur, elles transmettent les sensations viscérales du larynx. Les sensations viscérales inconscientes de la trachée, de l'oesophage et des viscères thoraciques et abdominaux sont également véhiculées par ces afférences, dont les corps neuronaux siègent dans le ganglion inférieur. Elles se terminent dans la partie inférieure du noyau du faisceau solitaire. L'innervation des barorécepteurs du sinus carotidien comporte des fibres du IX et du X et se termine dans le noyau dorsal du vague ou le noyau du faisceau solitaire. • Les efférences viscérales spéciales sont issues du noyau ambigu qui contient les motoneurones de tous les muscles du pharynx et du larynx. Le X assure l'innervation de tous ces muscles, sauf le stylopharyngien qui dépend du IX, et le muscle tenseur du voile du palais qui dépend du V. Le noyau ambigu reçoit des fibres issues des fuseaux neuromusculaires de ces différents muscles, des voies afférentes viscérales, de la • substance réticulée et des noyaux du VIII, à l'origine de phénomènes réflexes comme la toux, les vomissements, les nausées et les vertiges ; les efférences viscérales générales, à partir du noyau dorsal du vague, sont à destinée cardiaque, pulmonaire, oesophagienne, coeliaque, hépatique, splénique et mésentérique, ainsi que l'innervation des glandes muqueuses du larynx. Les synapses entre fibres pré- et postganglionnaires sont situées dans les parois viscérales. Sémiologie • • • • • L'atteinte des efférences viscérales spéciales entraîne une paralysie ou une parésie des muscles laryngés et pharyngés. L'atteinte d'un hémivoile se traduit par une voix nasonnée, une déviation de la luette du côté sain, une réponse au réflexe du voile limitée au côté sain, et une dysphagie avec fausses routes et reflux des liquides par le nez. En cas de paralysie du larynx, les abducteurs sont touchés en premier lieu. Les cordes vocales se trouvent en position paramédiane si le nerf laryngé supérieur est intact, et en position cadavérique s'il est atteint. Selon que la paralysie est unilatérale ou bilatérale, on observe une voix bitonale ou une aphonie. Une paralysie isolée d'une corde vocale peut rester asymptomatique. Une dyspnée et une insuffisance respiratoire aiguë peuvent survenir en cas de lésion brutale bilatérale, notamment dans le syndrome de Gerhardt, qui réalise une paralysie isolée des dilatateurs de la glotte sans modification de la voix (alors que la dyspnée est intense avec tirage et cornage). Cette forme clinique particulière est en rapport avec une atteinte nucléaire du X. L'atteinte des efférences viscérales générales modifie peu la motricité et la sécrétion gastro-intestinale car le neurone postganglionnaire est doué d'une certaine autonomie. Cependant, on peut observer une parésie gastrique et une diarrhée motrice dans les neuropathies diabétiques. L'hypoactivité vagale de ces neuropathies diabétiques et des neuropathies dysautonomiques primitives n'entraîne pas de tachycardie car il existe généralement une atteinte parallèle du système sympathique. En revanche, on n'observe pas la réponse cardiaque physiologique à l'hyperventilation. L'atteinte des afférences produit une anesthésie du voile, de la base de langue, du larynx et du pharynx, responsable de troubles de la déglutition, de fausses routes et d'une abolition des réflexes nauséeux et du voile. Cependant, si le IX est intact, le territoire anesthésié est très réduit. La névralgie du nerf laryngé supérieur est une affection rare qui se manifeste par une douleur intense dans la région du cartilage thyroïde, du sinus piriforme, de l'angle de la mâchoire et plus rarement de l'oreille. Parfois, la douleur irradie vers le thorax. Il existe souvent une zone " gâchette " dans le larynx, et les mêmes circonstances déclenchantes que la névralgie du glossopharyngien qui d'ailleurs peut lui être associée. Étiologies Lésions intramédullaires Les lésions centrales sont rarement responsables d'atteintes isolées du X, quelle que soit la nature de la lésion responsable : néoplasique, inflammatoire notamment dans la sclérose en plaques, vasculaire comme dans le syndrome de Wallenberg. Le tabès peut être responsable d'un syndrome de Gerhardt par atteinte nucléaire, de même que les atrophies multisystématisées [82]. Dans ces pathologies, comme dans la syringobulbie [109] ou les maladies du motoneurone, l'atteinte du X s'intègre dans un tableau clinique souvent plus complexe. Il faut souligner qu'en cas d'interruption unilatérale des voies corticobulbaires, le patient est le plus souvent asymptomatique puisque les projections sont bilatérales. Dans les états lacunaires où les lésions sont multiples et bilatérales, on observe souvent une parésie pharyngolaryngée. Lésions extramédullaires Les causes périphériques sont multiples. Les tumeurs de la fosse postérieure peuvent comprimer le nerf dans son trajet intracrânien. Des tumeurs du nerf lui-même (neurinomes) ont été rapportées [42]. En dehors du crâne, le X ou une de ses branches, en particulier le récurrent, peuvent être le siège de lésions inflammatoires ou infectieuses : sarcoïdose, maladie de Lyme, GuillainBarré, diphtérie, lupus érythémateux disséminé [28]. Des causes toxiques ou nutritionnelles sont possibles, comme les neuropathies alcooliques ou le béribéri. De rares observations de paralysie isolée du X ont été décrites au cours du diabète. Des atteintes du X secondaires aux chimiothérapies, en particulier la vincristine, ont été décrites [33]. Le nerf récurrent est particulièrement exposé aux compressions, au cou comme au médiastin. Il peut s'agir d'un anévrysme de la carotide interne ou de l'aorte, d'une adénopathie tuberculeuse médiastinale, de cardiomégalies évoluées (devenues plus rares actuellement), ou de tumeurs malignes : carcinomes bronchiques essentiellement, mais aussi trachéaux, oesophagiens, thyroïdiens, métastases médiastinales, lymphomes hodgkiniens et non hodgkiniens. L'atteinte du récurrent est classique au cours d'une thyroïdectomie, mais peut aussi survenir au cours d'une diverticulotomie ou d'un traumatisme non chirurgical du cou. Enfin, un nombre important de paralysies du X ou du récurrent sont dites idiopathiques, dans une proportion variant entre 25 et 33 % des cas [109]. Une cause virale a souvent été suspectée dans ces conditions, mais seules quelques observations de paralysie des cordes vocales ont pu être authentifiées comme secondaires au virus Herpès [37] ou au Cytomégalovirus dans le sida [104]. Nerf spinal (XIe paire) Le nerf spinal, ou nerf accessoire spinal, est un nerf moteur qui correspond davantage à un type particulier de nerf rachidien qu'à un véritable nerf crânien. La composante bulbaire de ce nerf est maintenant considérée comme un groupe aberrant de fibres appartenant au nerf vague [24], réalisant ainsi un complexe vagospinal. Rappel anatomique La branche interne ou bulbaire du nerf spinal naît de la partie inférieure du noyau ambigu, et se réunit à la branche externe avant de franchir le trou déchiré postérieur. À la sortie du crâne, elle se détache de la branche externe et gagne le ganglion inférieur plexiforme du X. Cette branche constituerait l'origine du nerf récurrent. La branche externe ou branche médullaire constitue le véritable nerf accessoire spinal, nerf rachidien détourné dans le crâne. Les fibres sont issues de motoneurones situés dans la corne antérieure de la moelle cervicale (de C1 à C6), et se réunissent en un tronc commun qui monte dans le canal rachidien, entre les racines ventrales et dorsales, en arrière du ligament dentelé. Ce tronc nerveux franchit le trou occipital puis s'unit au spinal interne et traverse le trou déchiré postérieur. Quand le nerf accessoire spinal sort du crâne, les fibres de la branche interne ont déjà rejoint le nerf vague. Le XI descend alors dans le cou en compagnie de la veine jugulaire. Il pénètre dans la partie moyenne du sterno-cléido-mastoïdien, puis dans le creux sus-claviculaire et dans la partie supérieure du trapèze. La partie inférieure du trapèze est innervée selon les cas par le XI ou les racines C3-C4 du plexus brachial [109]. Le noyau du XI est en relation avec la bandelette longitudinale postérieure, avec la substance réticulée et de nombreux noyaux du voisinage, assurant les mouvements céphalogyres d'origine réflexe. Le XI véhicule aussi des fibres afférentes probablement d'origine musculaire. Le XI est vascularisé par l'artère pharyngienne ascendante [66]. Sémiologie L'atteinte du sterno-cléido-mastoïdien (fléchisseur et rotateur de la tête) entraîne un déficit de la rotation de la tête du côté opposé à la lésion. La corde qui traduit la contraction de ce muscle lors du mouvement de flexion en avant et de rotation vers le côté opposé n'est plus visible ni palpable. Lorsque le trapèze est atteint, le creux sus-claviculaire est plus profond, l'angulaire de l'omoplate fait saillie, le moignon de l'épaule est abaissé. De dos, l'omoplate paraît déjetée en dehors. L'épaule ne peut être haussée et se déplace en avant. L'élévation du bras latéralement est souvent incomplète, avec un décollement de l'omoplate qui s'accentue dans ce mouvement. La paralysie du XI réalise le plus souvent un tableau typique d'atteinte du motoneurone inférieur, associant une paralysie flasque et parfois une amyotrophie. Étiologies Lésions intramédullaires Les causes intramédullaires (accidents vasculaires cérébraux, maladie du motoneurone, tumeurs, sclérose en plaques, syringobulbie) ne donnent généralement pas une atteinte isolée du XI. Lésions extramédullaires Les lésions intracrâniennes comme les tumeurs de la fosse postérieure (méningiomes, neurinomes) réalisent aussi un tableau clinique plus riche. Au cou, les causes d'atteinte du XI sont nombreuses : traumatismes externes, chirurgie du cou et étirements cervicaux [70], endartériectomie [107], canulation de la jugulaire interne, radiothérapie du cou [14]. On peut observer une atteinte isolée du trapèze, respectant le sterno-cléido-mastoïdien, dans la chirurgie des adénopathies cervicales [24]. Des paralysies idiopathiques du XI avec déficit moteur et douleurs du sterno-cléidomastoïdien, de la région sous-occipitale puis de l'épaule, parfois récurrentes ont été décrites [26]. L'électromyogramme et la mesure des latences des réponses musculaires sont utiles pour confirmer le diagnostic. Nerf grand hypoglosse (XIIe paire) Rappel anatomique Le XII est un nerf moteur destiné à la langue. Le noyau d'origine est situé dans le bulbe sous le plancher du IVe ventricule. Les axones des neurones moteurs quittent le tronc cérébral entre l'olive inférieure et les pyramides bulbaires, sous la forme de 10 ou 15 filets qui se réunissent en un tronc nerveux. Après avoir franchi le canal condylien antérieur, le nerf descend dans l'espace sous-parotidien postérieur, avec le IX, le X, le XI, le sympathique, la carotide interne et la jugulaire interne, jusqu'au niveau de l'os hyoïde. Il pénètre alors dans la langue et innerve ses muscles intrinsèques et extrinsèques. Des fibres provenant d'un ou deux nerfs cervicaux rejoignent l'hypoglosse dans son trajet au cou, et le quittent rapidement pour former deux branches : une branche pour les muscles géniohyoïdien et thyrohyoïdien, et la branche supérieure de l'anse cervicale destinée aux muscles infrahyoïdiens. Le XII contient également des fibres sympathiques postganglionnaires provenant du ganglion cervical supérieur, assurant l'innervation des vaisseaux de la langue et des glandes buccales. Enfin, la possibilité de fibres afférentes de fuseaux neuromusculaires de la langue a été suggérée [17]. L'artère pharyngienne ascendante assure la vascularisation de ce nerf [66]. Sémiologie L'atteinte du XII détermine une paralysie et une amyotrophie de l'hémilangue ipsilatérale, typique d'une maladie du motoneurone inférieur. À la protraction, la langue paraît déviée du côté paralysé, par action non contrariée du géniogliose et géniohyoïdien du côté sain. La langue peut être le siège de fasciculations, avec des bords festonnés. En cas d'atteinte bilatérale, peut survenir une gêne à la mastication, la déglutition et la parole. Si l'atteinte est supranucléaire, la paralysie est alors controlatérale, sans atrophie ni fasciculations. Étiologies Lésions intramédullaires Les causes centrales telles que la poliomyélite, les maladies du motoneurone, la syringobulbie, les infarctus du tronc cérébral, les tumeurs primitives ou les métastases du tronc cérébral [58, 110] ne donnent que rarement une atteinte isolée du XII. Lésions extramédullaires Les lésions intracrâniennes rapportées sont : • • de rares tumeurs du nerf lui-même comme les neurinomes [115] ; des métastases de la base du crâne ; • • des carcinomes nasopharyngés ou des lymphomes [58, 110] ; des localisations de leucémies, des méningites néoplasiques. Dans le canal condylien antérieur, il peut s'agir de tumeurs du glomus jugulaire [58], de méningiomes, chordomes ou cholestéatomes [109]. Des conflits vasculonerveux ont été décrits [114], le plus souvent par anomalie de position de la bifurcation carotidienne (cas personnel), anévrysme ou ectasie de la carotide interne [87]. Une paralysie isolée du XII par embolisation de l'artère pharyngienne ascendante fut rapportée [68]. Dans les cas de dissections de la carotide interne [77], le XII est l'un des nerfs crâniens les plus souvent atteints, de façon isolée parfois. Le mécanisme physiopathologique évoqué est la compression par l'hématome sous-adventitiel, ou éventuellement une lésion indirecte ischémique par compression de la pharyngienne ascendante. L'IRM semble être supérieure à l'angiographie pour visualiser ces dissections sous-adventitielles qui donnent rarement un rétrécissement de la lumière vasculaire. Les endarteriectomies carotidiennes peuvent aussi être responsables de paralysies du XII, souvent transitoires dans une proportion variant entre 5 et 20 % des cas [72]. Le XII est le nerf crânien le plus exposé aux traumatismes externes, notamment les plaies par balle [59]. L'atteinte du XII peut aussi être la conséquence tardive de radiothérapie du cou [14, 108]. Des causes plus rares sont les fractures de la base du crâne, des subluxations de l'odontoïde dans la polyarthrite rhumatoïde, des traumatismes dentaires, des causes infectieuses ou inflammatoires telles la mononucléose infectieuse ou la sarcoïdose. Enfin des cas dits idiopathiques et des hystéries ont été rapportés [58]. © 1997 Éditions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS - Tous droits réservés Toute référence à cet article doit porter la mention : Bernard Lechevalier, Vincent de la Sayette, Stéphane Schaeffer, Christian Schupp, Françoise Bertran, Gwénaël Raoul. Atteintes isolées des nerfs crâniens. EMC - Neurologie 1997:1-0 [Article 17-085-B-10].