Franz Cumont : Astrologie - Académie des Inscriptions et Belles

Sélection d’ouvrages présentés en hommage
lors des séances 2016 de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.
www.aibl.fr 1
« J’ai l’honneur de déposer sur le bureau de
l’Académie le premier tome des Scripta Minora de
Franz Cumont, consacré à l’Astrologie. Il est édité par
Danny Praet, de l’université de Gand, et Béatrice
Bakhouche de l’université de Montpellier 3 Paul
Valéry.
En plus de 400 pages, ce volume rassemble 34
travaux de Cumont, initialement publiés entre 1896
et 1940, et dispersés dans diverses revues. Certes,
comme le rappelle Danny Praet dans la préface,
Cumont a publié plus de 1000 titres, mais ce recueil
n’en représente pas pour autant une goutte d’eau
dans un océan de science érudite et pénétrante, mais
bien une contribution majeure tant le thème de
l’astrologie occupe une place centrale dans la pensée
de Cumont, dans la longue durée qui va de ses
premiers travaux sur l’éternité des empereurs
romains jusqu’à l’inoubliable Lux perpetua. Les articles dûment sélectionnés donnent
donc à voir 45 ans de travaux et de réflexion sur cette “astronomie pervertie” qu’est
l’astrologie dans les termes mêmes de Cumont. Une discipline tantôt pédante, tantôt
ridicule et mensongère, mais expérimentale et fascinante, qui s’immisce dans la pensée
religieuse et produit une sorte de déterminisme astral, voire de mysticisme astral dans
lequel Cumont voit une étape essentielle sur le chemin qui conduit du paganisme au
christianisme. Répandue dans les milieux cultivés, dans les cercles du pouvoir, “elle
régna, écrit Cumont, souverainement dans l’empire romain du IIIe siècle”.
Les 34 essais rassemblés dans ce riche volume touchent à divers traités astrologiques ou
à quelques figures de grands astrologues ; ils abordent les questions de calendrier et de
géographie astrologiques ; ils éclairent le lien entre astrologie et magie ; ils s’intéressent
à la genèse babylonienne de l’astrologie gréco-romaine ; ils touchent aux présages et
même à la fin du monde… Comme il est de coutume dans les volumes de la Bibliotheca
Cumontiana, le recueil est enrichi d’une introduction qui les replace dans la pensée de
leur temps et dans le parcours de Cumont, qui souligne les spécificités de la méthode de
l’historien belge et l’acuité de sa plume qui produit parfois des formules efficaces,
comme celle-ci (au sujet du rôle de la magie et de l’astrologie) : “Le progrès du savoir a
appris à ignorer.”. L’avantage de travailler dans le temps long d’une carrière
particulièrement féconde, c’est aussi de mesurer les inflexions, les écarts, les nouvelles
formulations au gré de la découverte de nouveaux dossiers ou de lectures lumineuses,
comme celle de la Sphaera de Franz Boll, parue en 1903. Enfin, la contextualisation et la
relecture des travaux de Cumont tire grand bénéfice des archives romaines de
l’historien : brouillons, lettres, notes, projets qui restituent de manière plus vivace
encore le cheminement d’une pensée qui reste, à bien des égards, actuelle et stimulante.
Dans un monde où le flux et l’obsolescence des publications ne cessent de nous
inquiéter, Cumont demeure un point d’ancrage historiographique incontournable. C’est
pourquoi, en accord avec les éditeurs de ce beau volume, nous dirons que ces Scripta

Sélection d’ouvrages présentés en hommage
lors des séances 2016 de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.
www.aibl.fr 2
minora sont tout sauf mineurs. Six autres volumes sont programmés, sur la philosophie,
les cultes à mystères et les religions orientales, le manichéisme, le judaïsme, le
christianisme, ainsi que Doura-Europos. Ce premier volume est le gage d’un ensemble de
grande portée scientifique. »
Corinne BONNET
LE 27 MAI 2016
Franz Cumont : Astrologie
Brepols