Pour un développement du musée romain, pour

publicité
Au Conseil Communal de Nyon
Postulat pour un développement du musée romain, pour une réhabilitation de
l’esplanade Jules César et pour un engagement contre le vandalisme dans le quartier du
forum romain.
Le présent postulat a pour vocation de dynamiser l’esplanade Jules César ainsi que
l’attractivité du musée romain. Pour ce faire, les postulants partent d’un projet imaginé il y a
quelques dizaines d’années déjà, lors de la construction du musée, ainsi que de diverses
suggestions, fruits de réflexion et discussions participatives entre les postulants, le service des
bâtiments et le musée romain. Les postulants partagent par ailleurs une partie des constats du
postulat de Monsieur Pierre Wahlen « Pour une réhabilitation de la rue du Vieux-Marché »,
mais ne sont pas entièrement satisfaits des solutions proposées, qui ne leur semblent pas
donner suffisamment d’importance à la charge culturelle de l’emplacement, en dépit du fait
qu’il s’agisse du centre névralgique du forum romain.
Les postulants font en effet les constats suivants :
-
L’esplanade Jules César est un lieu en souffrance. Les blocs en béton, posés dans les
années 70 pour montrer aux passants l’emplacement des colonnes, obstruent la place
sans ne rien lui offrir d’autre que des sièges de fortune sales. La fresque en trompel’œil, dont chacun jugera pour lui de l’esthétique, ne correspond plus à l’actualité
scientifique des recherches historiques sur la basilique ; les passants la regardent sans
en comprendre la perspective, car l’emplacement unique où cette dernière est correcte
et pertinente, à l’origine marqué d’une croix au sol, est désormais introuvable pour
quelqu’un qui en ignorerait l’emplacement.
-
Le Musée Romain, situé sous l’esplanade au sein même des murs de la basilique
découverte en 1974, souffre quant à lui non seulement d’infiltrations d’eau, mais
surtout d’un manque de place criant en regard des multiples découvertes réalisées dans
« Nyon la Romaine ». De nombreuses pièces magnifiques croupissent dans des dépôts
sans que le public ne puisse les admirer, notamment la mosaïque dite « d’Artémis »,
joyau remarquable car unique au nord des Alpes. Ce problème a été évoqué dans les
préavis 124 et 93 de 2009.
-
Le vandalisme est récurrent dans ce quartier, notamment dans les jardins à la romaine
situés juste au-dessus du musée (barrières cassées, jardins grossièrement foulés, etc)
ainsi que sur la statue de Jules César, qui n’est plus en mesure de compter sur ses
doigts les agressions dont elle a fait l’objet parce qu’elle n’en a plus, et dont la tête
même a été récemment fracturée.
Les améliorations à apporter à ces lieux sont énumérées par les cinq objectifs suivants :
1) Aménagement de la place Jules César pour dynamiser son utilisation, sa fréquentation
et sa visibilité culturelle.
2) Augmentation significative de l’espace d’exposition du musée romain afin de pouvoir
présenter des pièces maîtresses de valeur archéologique européenne.
3) Mise aux normes de sécurité du musée romain : système électrique,
ventilation/climatisation, sortie de secours, infiltrations d’eau répétées dans le musée,
etc. Ce dernier problème a déjà été exposé dans préavis 93 de 2009.
4) Réduction des déprédations régulières sur ces lieux.
5) Optimisation et densification constructive et réfléchie de cet emplacement ;
aménagement de logements.
Pour atteindre l’ensemble de ces cinq objectifs, ambitieux mais réalisables, les postulants
proposent une construction qui ne se limiterait pas à la place, mais également à l’espace situé
au-dessus du musée, c’est-à-dire l’emplacement actuellement occupé par les jardins à la
romaine et la statue de Jules César. En effet, le deuil de la place en tant que telle étant
consommé par l’idée même d’une construction, l’espace visuel situé derrière n’aurait plus
vraiment lieu d’être préservé.
Sur la place même, on aurait un bâtiment dont le premier niveau, celui de la route, serait
entièrement consacré à un hall ou à une place couverte rendant à César ce qui lui appartient,
c’est-à-dire un lieu « à la romaine » aménagé dans le plus grand respect possible des
recherches historiques actuelles à propos de la basilique. Des colonnes de style romain
seraient à l’endroit exact de celles qui y demeuraient. La hauteur de ce hall serait à la mesure
de ce que pouvait être la basilique, soit 6 à 7 mètres. Au dessus du hall, on aurait des
logements, jusqu’à une hauteur comparable aux bâtiments des alentours (objectif 5).
L’entrée du musée se ferait à partir de ce hall/place couverte, depuis l’actuelle esplanade.
Ce hall devrait être fermé la nuit afin d’éviter les déprédations constatées, soit par une grille
de fer forgé comme on en voit souvent autour des lieux publics inaccessibles la nuit (du type
du jardin du Luxembourg à Paris, toutes proportions gardées), soit par des portes vitrées
(objectif 4). La statue de César, restaurée ou carrément refaite, serait dans le hall, dos au mur
actuellement occupé par le trompe-l’œil, faisant face aux visiteurs, ce qui serait bien plus dans
l’esprit de l’art de la sculpture romaine. A charge de la Municipalité de décider s’il est plus
opportun de laisser le hall à l’air libre (grilles) ou l’intégrer dans le bâtiment (portes vitrées).
Mais dans les deux cas, ce hall (ou place couverte) devrait être visible depuis la rue, de
manière à assurer une large visibilité à ce lieu chargé d’histoire, ainsi qu’au musée romain.
Dans le hall, les postulants imaginent un tea-room ou une caféteria, établissement aux prix
populaires faisant cruellement défaut dans le quartier, notamment pour les visiteurs du musée
qui ne savent pas où se tenir avant ou après la visite. Des tables pourraient être aménagées
sous les colonnes, et des bancs autour de ces dernières, permettant aux visiteurs nonconsommateurs de s’asseoir pour profiter du lieu. Ce serait les gérants du tea-room qui
auraient la responsabilité de fermer les grilles, respectivement les portes vitrées, ce qui
permettrait à l’établissement public d’avoir des horaires plus larges que le musée proprement
dit, et donc au public de visiter la place en dehors des heures d’ouverture du musée. Il en
résulterait un espace protégé des intempéries, accessible au public, aux classes scolaires et
autres groupes de visiteurs, permettant la continuation voire le développement des ateliers
pragmatiques pour enfants et adultes et autres activités muséographiques (objectif 1).
Dans le prolongement du hall, le nouveau bâtiment du musée, érigé au-dessus de l’entrée
actuelle et de l’emplacement de la statue, constituerait un magnifique agrandissement au
musée dont il a urgemment besoin et auquel il a largement droit de l’avis des postulants. Ces
derniers imaginent la fameuse mosaïque exposée derrière une vitre près de l’entrée et par
conséquent visible depuis la place couverte ; ce joyau ne pourrait que donner envie de visiter
le musée dans son ensemble. L’entrée du musée se ferait donc depuis l’actuel emplacement
des jardins ou de la statue de César. Des étages nouvellement aménagés au-dessus offriraient
enfin la possibilité d’exposer des pièces qui raviraient le public (objectif 2), ainsi que des
espaces de travail pour les collaborateurs, permettant d’effectuer leurs tâches administratives
à l’abri du public. Cela présenterait en outre l’avantage de libérer un espace conséquent dans
les dépôts où sont stockés ces biens culturels. Bien entendu, l’ensemble de ces travaux
permettrait de se remettre entièrement aux normes de sécurité quant aux salles déjà existantes
dans les murs de la basilique (objectif 3).
Pour la construction de ce bâtiment, on peut tout à fait imaginer un concours d’architecture,
dans le même esprit que pour l’extension que le musée du Léman. Bien entendu, sa réalisation
se ferait dans un avenir dicté par la situation financière de la ville, sans urgence extrême.
Conclusion :
Oui, l’esplanade Jules César est une place en souffrance. Mais elle est chargée d’histoire, elle
est le cœur de Nyon la Romaine, et elle mérite que l’on s’occupe d’elle afin qu’elle puisse
s’exprimer, même en cas de construction sur son emplacement.
La Municipalité et le conseil communal se sont donnés les moyens de rendre sa splendeur au
château. L’agrandissement et la modernisation du musée du Léman se profilent. Le musée
romain et la culture romaine seraient-ils les « parents pauvres » ? Permettons-leur maintenant,
à eux aussi, de se développer pleinement et de pouvoir présenter non des bouts de cailloux
comme certains le pensent, mais bien une partie parmi les plus importantes de notre histoire,
débutée il y a plus de 2000 ans et qui a fait la grandeur de notre cité. Nyon fut la plus grande
ville romaine construite en Helvétie au Ier siècle avant Jésus-Christ, avant même celles
d’Avenches ou Augst, ces trois cités étant les plus importantes de l’Helvétie romaine. Il est
temps de rendre à la Colonia Julia Equestris l’écrin auquel elle a droit, comme l’ont eu ses
deux sœurs, et ce malgré les autres défis que notre ville a actuellement.
C’est pourquoi les postulants souhaitent que l’esplanade Jules César et l’espace situé audessus du musée romain soient repensés avec les objectifs proposés par ce postulat, dans le
sens d’une extension conséquente du musée au-dessus de son entrée qui comporterait
notamment les mosaïques actuellement enfermées dans des dépôts, ainsi que d’une place
couverte sur l’esplanade, bâtie selon le style romain et au plus proche des recherches
historiques actuelles, dont l’accès serait fermé la nuit par des grilles ou des portes vitrées à
poser le long de la rue du Vieux-Marché afin de la protéger du vandalisme, tout en assurant de
nouveaux logements au-dessus.
Nous désirons que ce postulat soit directement envoyé à la Municipalité pour étude et rapport,
valant pour réponse à la fois au postulat Wahlen « Pour la réhabilitation de la rue du VieuxMarché » et au présent postulat.
Maurice Frei
Annexe : - illustration de l’idée.
David Lugeon
Téléchargement