L
A
COLLECTION
ÉGYPTIENNE
AU
M
USÉE
ROYAL
DE
M
ARIEMONT
DOCUMENTATION PÉDAGOGIQUE
MUSÉE ROYAL DE MARIEMONT
Chaussée de Mariemont 100
7140 Morlanwelz
064 21 21 93
www.musee-mariemont.be
Musée ouvert tous les jours (sauf les lundis non fériés)
Photographies : Musée royal de Mariemont - Michel Lechien
2
1. O
RIGINES
DES
COLLECTIONS
Même si sa scolarité classique l’a plutôt
orienté dans un premier temps vers la
collection d’objets grecs et romains, Raoul
Warocqué a très tôt montré de l’intérêt pour
la civilisation égyptienne à travers ses goûts
bibliophiliques.
En 1888, alors qu’il est étudiant à Paris, il
acquiert une édition de la Description de
l'Égypte, ou Recueil des observations et des
recherches qui ont été faites en Égypte
pendant l'expédition de l'Armée française. Il
poursuit sur sa lancée en achetant des
autographes d’égyptologues (dont J.-Fr. Champollion), des ouvrages et
photographies ayant trait à l’Égypte.
Poussé par son goût pour les sculptures monumentales en général, il
achète une statue d’Isis en diorite provenant de Rome et un fragment de
sarcophage en pierre.
Mais le point de départ d’une véritable collection d’antiques égyptiens à
Mariemont est la « Vente Amélineau » qui a lieu à Paris en 1904. Cet
événement exceptionnel rassemble la collection personnelle de l’archéo-
logue composée d’objets bien documentés par la connaissance de leur
contexte et découverts lors de ses fouilles à Abydos. Raoul Warocqué y
achète 29 pièces dont le mortier du roi Den et la statue d’Horus faucon.
Lors de la « Vente Somzée » la même année, Warocqué montre un inté-
rêt pour les pièces illustrant le culte d’Isis et sa diffusion hors de l’Égypte,
sujet cher à son ami et conseiller en antiquités, Franz Cumont (il fut con-
servateur au Musées royaux d’Art et d’Histoire du Cinquantenaire).
Entre 1905 et 1910, seules quelques acquisition égyptiennes sont à dé-
nombrer : quelques pièces achetées à des antiquaires, quelques cadeaux
de sa cousine Renée Orville ou de Franz Cumont
L’année 1911 est celle du voyage de Raoul Warocqué en Égypte pour les
fêtes de fin d’année. Si nous ne possédons pas de récit de ce voyage, les
courriers, cartes postales et contacts noués sur place nous permettent de
comprendre ce que fut ce périple d’un mois.
Après avoir sacrifà la mode du passage à la nouvelle année au pied
des pyramides, nous pensons que Raoul Warocqué a visité le Caire et les
sites de Karnak, Louxor, Abydos et Edfou. Durant tout ce séjour, il est pris
d’une frénésie d’achats et ramène une quarantaine de pièces.
Isis debout, diorite
Fin de l’époque ptolémaïque - début de
l’époque romaine, inv. B.130.
Fragment de couvercle de sarcophage, calcaire
XXX
e
dynastie - 3
e
siècle av. J.-C., inv. B.1.
Faucon, calcaire, traces de polychromie
XVIII
e
dynastie, inv. B.126.
Vasque du roi Den, grauwacke
I
re
dynastie, inv. B.101.
3
Lors de ce voyage, il fait la connaissance de l’archéologue Albert Daninos
Pacha. C’est à cette occasion que Raoul Warocqué achète le buste
colossal de Cléopâtre qui deviendra le clou de sa collection.
Daninos Pacha conclut aussi un accord avec lui à propos du financement
de fouilles sur le site antique d’Héliopolis. Bien que soutenu financière-
ment par Raoul Warocqué et son compatriote le baron Empain, le résultat
des fouilles est décevant et ne permet pas d’agrandir la collection d’anti-
quités égyptiennes. Daninos Pacha reste toutefois en contact avec
Warocqué et lui fournit notamment quatre vases canopes et des
statuettes de divinités.
À la mort de Raoul Warocqué, sa collection (qui comprend aussi des
antiquités grecques, romaines, extrêmes et proches-orientales, mérovin-
giennes, gallo-romaines, des œuvres bibliophiliques, d’histoire régionale
et des porcelaines de Tournai) devient le musée que l’on connaît.
L’objectif des acquisitions depuis lors est de créer un outil pédagogique à
partir de la collection d’un amateur. C’est pour cette raison qu’ont été pri-
vilégiées des pièces qui permettent de présenter un panorama plus
complet des époques, des thèmes (société civile, momification…) et des
matériaux (papyrus, bois, métaux, céramique, pierre,…).
Buste de reine, granitoïde
Époque ptolémaïque, inv. B.505.1.
Quatre vases canopes, calcite à décor peint
Nouvel Empire, inv. B.513.1-4.
Livre de l’Amdouat, papyrus
XXI
e
dynastie, inv. Ac.90/7.
4
2. P
ARCOURS
DANS
LA
COLLECTION
A. Les périodes de formation
La civilisation de Nagada doit son nom à un site de Haute Égypte. Elle
marque l’origine de la culture égyptienne. À cette époque (de 3800 à
2800 av. J.-C.), les hommes réalisent des objets en céramique, pierre,
cuivre, faïence… et les déposent dans les tombes de leurs défunts.
La période de Nagada est divisée en trois parties selon le style de l’artisa-
nat :
l’époque « Nagada I » (3800-3500 av. J.-C.), les potiers décorent leur
production de motifs géométriques clairs sur fond rouge.
l’époque « Nagada II » (3500-3200), on préfère des décors foncés sur
fond crème. Certains artistes s’essayent à la représentation de la figure
humaine.
-À l’époque « Nagada III » (3300-3100), on découvre l’art du relief sous la
forme de manches de couteaux ou de « palettes à fard » décorés.
Dans l’histoire de l’art égyptien vient ensuite l’époque thinite (3100-2700
av. J.-C.) Son nom vient de la ville de This (ou Thinis), près d’Abydos.
C’est à cette époque que vont se mettre en place les bases de la civilisa-
tion égyptienne pharaonique.
Les hommes établissent l’organisation du territoire, élaborent les tech-
niques de l’agriculture, les pratiques funéraires, l’ébauche des codes ar-
tistiques et de l’artisanat, l’organisation sociale…
Nous savons très peu de cette période mais nous connaissons par des
inscriptions les noms des premiers rois qui ont unifié les deux Égypte
(haute et basse) : Narmer, Aha, Djer, Ouadji-Djet, Den
On a découvert à Abydos les tombes de ces premiers pharaons garnies
de mobilier luxueux : vases en pierre, céramiques, meubles, bijoux, outils
et armes en cuivre…qui témoignent d’un grand savoir-faire. C’est aussi à
cette époque que naît l’architecture monumentale en brique crue. Nous la
connaissons par ces tombeaux qui imitent l’aspect des forteresses.
B. Mythes et cultes
La manifestation de la religiosité est un des thèmes dominants de l’art
égyptien. Ce fait s’explique en partie par l’importance de l’image dans la
pratique cultuelle.
La base de la religion égyptienne est le respect de la
Maât. Il s’agit de la règle, de l’équilibre entre les entités
divines et humaines dans l’harmonie universelle.
Les Égyptiens vénèrent une multitude de dieux. Les cultes prépondérants
varient selon les époques, les gions, la dynastie en place. On compte
des dieux dynastiques, nationaux, liés à des provinces ou des zones fron-
tières, des hommes divinisés et des dieux étrangers dans un processus
d’assimilation continu.
Les dieux sont généralement liés à un animal. Certains pensent voir le
souvenir des totems des premiers clans organisés en Égypte prédynas-
tique. Le dieu peut prendre la forme de l’animal, ou arborer une de ses
Jarre à anses tubulaires, argile
Nagada IID, inv. Ac.85/30.
Grande jarre avec bord épais, terre alluviale
Nagada IIA-C, inv. Ac.98/1.
Silex en forme de scorpion, silex
Nagada II-III, inv. Ac.98/88. Vase à anses tubulaires, diorite-gabro
II
e
dynastie, inv. B.103.
Maât, bronze
Troisième Période Intermédiaire, inv. Ac.2006/242.
5
caractéristiques (cornes, sabots…) mais généralement, il se présente
sous la forme d’un humain à tête animale.
Les dieux sont organisés en groupes ou en familles imitant l’organisation
humaine (par exemple, la famille du dieu solaire ou du dieu funéraire
Osiris).
Des hommes peuvent aussi être divinisés, par leur descendant ou par
une communauté. Il s’agit le plus souvent d’un culte local. Le scribe Imo-
thep, par exemple, sera considéré comme le patron des médecins et des
scribes. Il aura même son temple à Philae.
Dans la cosmogonie égyptienne, les premiers dieux naissent sur un tertre
émergeant d’une inondation. Les circonstances précises et l’ordre d’arri-
vée des dieux varient selon la région. Certaines versions parlent du
couple Geb (la terre) et Nout (le ciel), d’autres d’une ennéade (groupe de
neuf dieux) ou d’une ogdoade (groupe de huit dieux primordiaux).
Le temple est considéré comme la maison du dieu, il abrite sa statue. Le
peuple n’est pas autorisé à y pénétrer. Il ne voit les figures divines que
lors des processions terrestres ou fluviales.
C. Croyances et pratiques funéraires
La mort était vue par les Égyptiens comme une étape de transition entre
deux mondes. Elle représente la dissociation des éléments de la person-
nalité humaine dont le siège se trouve dans les viscères. Le mort va
accéder à une forme de « paradis agricole ». Les objectifs des vivants qui
lui survivent sont que cette transition se fasse en douceur et que le défunt
profite de sa seconde vie dans les meilleures circonstances. Il faut pour
cela que son nom et son corps gardent leur intégrité. Le mort va devoir
subir des épreuves et un jugement et les vivants vont, par l’offrande funé-
raire, assurer sa survie alimentaire.
Afin que son corps se conserve pour l’Au-delà et que son âme retrouve
son intégrité, le mort va subir le rite de la momification. Pour cela, il va
être amené sur la rive ouest, territoire des morts, il va idéalement être
pris en charge pendant 70 jours par les embaumeurs et des prêtres spé-
cialisés dans un lieu appelé « ouabet », la place pure. Le corps est lavé et
rasé. Le cerveau est dissous à l’aide de drogues et retiré par la narine
avec un crochet. On pratique une incision sur le flanc gauche afin
d’extraire les viscères qui sont ensuite placés dans les quatre vases
canopes.
Le ur est replacé sous la protection du scarabée de cœur. Il s’agit
d’une amulette dont le texte gravé empêche le cœur du défunt de témoi-
gner contre lui au moment de la déclaration d’innocence.
Le corps est ensuite plongé dans du natron, un minéral qui va le dessé-
cher et empêcher son pourrissement. Il va y rester durant 40 jours. Il est
ensuite bourré de diverses substances destinées à lui rendre sa forme.
Le corps est emmailloté de bandelettes de lin entre lesquelles on glisse
diverses amulettes. On pratique ensuite le rituel de l’ouverture de la
bouche qui est un simulacre de la reprise des fonctions naturelles.
Osiris, bronze
Basse Époque, inv. B.486.
Isis lactans, bronze
Troisième Période Intermé-
diaire, inv. B.478.
Bastet debout, bronze
Basse Époque, inv. B.479. Anubis, bronze
Basse Époque, inv. B.481.
Table d’offrande de Iahirdis, Grauwacke
Période ptolémaïque, inv. Ac.97/7.
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