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Il joue le rôle d'un conservateur de la constitution et d'un grand électeur. C'est lui qui
choisit les consuls (pour l'avenir), les membres des deux assemblées législatives et (pour
l'avenir) ses propres membres par cooptation.
Ce qui fait que les trois assemblées ont plus ou moins directement pour origine la
volonté des consuls.
Paradoxalement, à la base de tout cela il existe bien un pseudo-système électoral. La
constitution de l'an VIII rétablit en principe le suffrage universel pour tout homme âgé de
21 ans, mais cette liberté n'est qu'une illusion : si tout le monde est électeurs, les électeurs
n'élisent personne = le suffrage est totalement escamoté.
En effet, le peuple n'élit personne, il propose simplement des listes de candidats = les
citoyens de chaque commune désignent un dixième d'entre eux pour former les listes de
confiance communales ou listes de notabilité, sur lesquelles sont choisis les fonctionnaires,
notamment les maires. En réalité, les listes ne sont établies qu'une seule fois et le
gouvernement a déjà organisé à sa guise tous les pouvoirs.
Avec de pareilles institutions, Bonaparte a les mains libres et très vite il gouverne seul.
Très peu sont ceux qui peuvent l'approcher. Contrairement à l'usage de la monarchie,
où le roi écoutait l'avis de ses ministres réunis en conseil, il n'y a pas de véritable conseil = les
ministres ne viennent que présenter des rapports, soumettre des projets, mais Bonaparte
décide seul et contrôle même l'application de ses décisions.
Voilà pour l’aspect institutionnel. Sur le plan politique, comment Bonaparte réussit-il à
imposer le nouveau régime ? 2 moyens :
Il va d'abord s'appuyer sur ses victoires militaires, qui aboutissent à la conquête de
toute l'Italie et à la paix conclue avec l'Autriche (9 février 1801) et l'Angleterre (26 Mars
1802).
Il va ensuite s'attacher à liquider les oppositions.
L'opposition jacobine (de gauche) n'est guère menaçante. Les jacobins hostiles à
son pouvoir personnel sont très surveillés par la police et n'ont plus les mêmes appuis dans les
milieux populaires.
Quoi qu'il en soit quelques machinations policières finissent de réduire leur menace :
on invente quelques complots jacobins pour exécuter les derniers agitateurs.
A droite, la menace royaliste est beaucoup plus sérieuse. Dans l'Ouest, la guerre des
Chouans s'est intensifiée en 1799. Bonaparte est sans pitié pour les irréductibles, qui sont
vaincus et fusillés en grand nombre au cours de l'année 1800 ; en revanche, il décide d'être
bienveillant avec ceux qui déposent les armes et acceptent de rallier le régime.
C'est pourquoi certains royalistes espèrent qu'il va soutenir une restauration
monarchique. Son refus fait prendre conscience aux royalistes que le compromis est
impossible et ils organisent un attentat contre Bonaparte le 24 décembre 1800. Une
« machine infernale » explose sur le passage du 1er consul.
Sorti indemne de l'attentat (+ de 20 morts) le premier Consul en profite pour ordonner
une répression sévère = les auteurs de l'attentat sont guillotinés, et parallèlement de nombreux
jacobins sont également déportés à titre préventif, alors qu’ils n’étaient pour rien dans cet
attentat.
Voilà comment il se débarrasse de l’opinion.