PHYSIOPATHOLOGIE CARDIOVASCULAIRE
© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 33AMC pratique n°198 mai 2011
Échocardiographie et valvulopathies
liées au benfluorex (Mediator®)
Ch. Tribouilloy
Centre hospitalier universitaire, Hôpital Sud, Amiens
par benfluorex de consulter leur médecin
traitant pour un examen clinique compre-
nant un interrogatoire et une auscultation
cardiaque pour envisager, au moindre doute
d’atteinte valvulaire ou sur demande des
patients, une consultation cardiologique spé-
cialisée pour réaliser un examen clinique
et une échocardiographie transthoracique.
Environ 200 000 patients étaient sous ben-
fluorex lors du retrait en novembre 2009 et
plus de 2 millions de personnes ont été trai-
tées en France depuis la commercialisation
(1976). Les cardiologues ont ainsi été amenés
ces derniers mois à effectuer de très nom-
breuses échocardiographies pour rechercher
des atteintes valvulaires ou une hypertension
artérielle pulmonaire secondaires à la prise
de benfluorex. On ne connaît pas précisé-
ment aujourd’hui la fréquence des atteintes
valvulaires ou des hypertensions artérielles
pulmonaires rencontrées lors de la prise de
benfluorex, mais les valvulopathies sévères
paraissent rares [3] alors que les fuites modé-
rées sont plus fréquentes.
Les signes
échocardiographiques
L’échocardiographie est la méthode de choix
pour rechercher une atteinte valvulaire
médicamenteuse et évaluer sa sévérité [2].
La sémiologie échocardiographique de ces
atteintes valvulaires médicamenteuses, qui
ressemblent un peu à celle du rhumatisme
articulaire aigu, est peu décrite dans la litté-
rature et donc pas toujours bien connue. Il
nous a paru utile de rappeler les principaux
éléments du diagnostic échocardiographique
qui n’est pas facile. Il doit être basé avant tout
sur l’étude de la texture et de la cinétique
La possibilité que des médicaments
soient inducteurs de valvulopathie
à type de fuite valvulaire a été évo-
quée dès les années 1960 pour des alca-
loïdes de l’ergot de seigle, utilisés comme
anti-migraineux : d’abord le méthysergide
(Désernil®) puis l’ergotamine (Gynergène®).
En 1997, le risque d’atteinte valvulaire lié
à la prise de deux anorexigènes, la fen-
fluramine (Pondéral®) et la dexfenflura-
mine (Isoméride®) est mis en évidence
par l’équipe de la Mayo Clinic [1]. Ces
deux médicaments étaient par ailleurs
déjà connus pour leur possibilité d’in-
duire des hypertensions artérielles pul-
monaires (HTAP) pré-capillaires. Ils ont
été retirés du marché en 1997. Le même
type d’atteinte valvulaire à type de fuite
a été rapporté en 2002 avec des agonistes
dopaminergiques ergotés, le pergolide qui
vient d’être retiré du marché (Célance®)
et la carbergoline (Dostinex®), puis avec
une drogue dite « récréative », le 3,4
méthylène-dioxy-méthyl-amphétamine ou
MDMA, plus connue sous la dénomina-
tion d’ecstasy [1, 2]. Enfin, le 30 novembre
2009, le benfluorex (Mediator®), apparenté
à la fenfluramine, a été retiré du marché
en France suite à l’évaluation de données
sur le risque de valvulopathie. Ce produit,
au moment de son retrait, était indiqué en
France comme adjuvant du régime adapté
chez les personnes diabétiques présentant
une surcharge pondérale, l’indication d’ad-
juvant du régime adapté dans les hyper-
triglycéridémies ayant été retirée en 2007
en raison de nouvelles données d’efficacité
jugées très insuffisantes. Il a aussi été lar-
gement prescrit pour traiter le surpoids.
Les autorités de santé de notre pays ont alors
recommandé aux patients ayant été traités