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La vie de Galilée
La Vie de Galilée raconte la destruction d’un certain ordre du monde et l’édification d’un
autre. En Italie, au début du XVIIe siècle, Galilée braque un télescope vers les astres, déplace
la terre, abolit le ciel, cherche et trouve des preuves, fait voler en éclats les sphères de cristal
où Ptolémée a enfermé le monde et éteint la raison et l’imagination des hommes. Il fait
vaciller le théâtre de l’Eglise et donne le vertige à ses acteurs. L’Inquisition lui fera baisser les
bras, abjurer ses théories sans pouvoir l’empêcher de travailler secrètement à la « signature »
de son œuvre, ses Discorsi.
Brecht, dans une langue limpide, un immense poème construit comme une suite de
variations, met en scène un chœur de femmes et d’hommes séduits et terrifiés par
l’irrésistible visage de la raison qui les appelle à abandonner leurs repères : la terre n’est pas
le centre de l’univers, il n’y a pas de centre, il n’y a pas de sens. Et Galilée, « jouisseur de la
pensée », à la fois Faust et Falstaff, « penseur par tous les sens », résolument tourné vers le
peuple pour lui offrir, avec l’art du doute, la liberté de regarder autrement la puissance de
l’Eglise et les mouvements de l’univers.
La Vie de Galilée est une fable sur le jeu de la raison et de l’imagination, et sur le vertige qui
en résulte. On essaiera de saisir ce vertige et le trouble de cet autoportrait de l’auteur se
taillant dans Galilée un costume sur mesure, pour dire « sa vie dans l’art » et l’ambiguïté de
son propre rapport avec l’autorité ; on essaiera de lire dans le regard obstiné de Galilée vers
le ciel, celui de Brecht scrutant les régions inexplorées du théâtre qu’il lui reste à inventer.
Jean
JeanJean
Jean-
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-François Sivadier
François SivadierFrançois Sivadier
François Sivadier