Balenghien et al. Quels sont les vecteurs du virus West Nile dans le sud de la France ? 3
bassin méditerranéen français, une étude de mise à jour des connaissances sur les moustiques
responsables de la transmission était essentielle. L’équipe EPSP du laboratoire TIMC-IMAG
et de l’ENVL (École nationale vétérinaire de Lyon) a donc mené l’enquête pour démasquer
les responsables de la transmission du virus West Nile au sein des populations d’oiseaux et
aux hôtes sensibles (homme et cheval).
Les moustiques appartiennent à la famille des Culicidae qui comporte environ 3500
espèces dans le monde. On en recense une cinquantaine en France métropolitaine et une
vingtaine dans la zone camarguaise. Les espèces se distinguent entre elles par des différences
morphologiques, mais surtout comportementales. Par exemple, leur période d’activité, dans la
saison ou la journée, est différente. De même, les femelles hématophages piquent, selon les
espèces, préférentiellement les mammifères, les oiseaux ou encore les batraciens et reptiles.
Enfin, les larves, toujours aquatiques, se développent dans des gîtes présentant des variations
spécifiques importantes : trous d’arbre, récipients abandonnés, marais, rizières… Identifier
l’espèce vectrice, c’est se donner des moyens de lutte, car seule une lutte anti-larvaire est
réellement efficace.
Comment mène-t-on l’enquête ? Comme dans n’importe quelle enquête, l’identification
d’une espèce de moustique en tant que vecteur d’un virus repose sur la réunion d’un certain
nombre d’indices. En effet, pour être vecteur, cette espèce doit a) piquer les hôtes impliqués
dans les cycles de transmission, b) entrer en contact avec le virus en conditions naturelles,
c'est-à-dire qu’on doit trouver des moustiques capturés sur le terrain porteurs du virus, et c)
être capable d’amplifier et de transmettre le virus en conditions de laboratoire. Faisant appel à
des études sur le terrain et des expérimentations en laboratoire, des protocoles permettant de
récolter une à une les preuves nécessaires ont été mis en place.
Le principal foyer du virus West Nile dans le sud de la France est celui de Camargue, qui
est inscrit dans un arc de cercle passant par Montpellier, Beaucaire et Fos-sur-Mer et qui
comprend deux zones écologiquement très différentes : la zone humide sous influence du
delta rhodanien et la zone agricole sèche de la Costière dominée par la vigne (Figure 2).
Puisque les cycles de transmission dans chaque zone peuvent être différents, deux sites
d’études, témoins d’épisodes passés de fièvre West Nile, ont été choisis : la station biologique
de la Tour du Valat en Camargue humide et le centre équestre de Lunel-Viel en zone sèche.