L`imparfait grec ancien et l`imparfait français Édson Reis Meira

Cahiers Linguistiques D’Ottawa, Numéro 37/août 2012
L’imparfait grec ancien et l’imparfait français
Édson Reis Meira
University of Ottawa
Résumé : Il n’y a pas d’unanimité chez les spécialistes relativement à la nature
sémantique de l’imparfait. Les uns affirment que son sens provient du contexte dans
lequel il est inséré, les autres soutiennent qu’il a des valeurs de base à partir des
quelles proviennent des sens secondaires. Dans cet article, en m’appuyant sur les
données du grec ancien et du français moderne, je me prononce en faveur de la
seconde hypothèse. Je soutiens que l’imparfait présente bel et bien deux sens
primordiaux : l’un aspectuel le duratif et l’autre modal le modérateur.
Mots clés : aspect, modalité, imparfait, grec ancien, français moderne
1. Introduction : Qu’est-ce que l’imparfait?
La forme verbale qu’on appelle, en français, imparfait a été définie par les
grammairiens grecs comme παρατατικός [paratatikós], un terme dont l’étymologie est
le verbe παρατείνω-ομαι [paratenō-omai], qui signifie prolonger-se prolonger. Donc,
par ce terme on envisage une action ou une situation qui se prolonge dans le temps,
tandis que le terme français, du latin imperfectum, exprime une action ou une situation
qui n’est pas achevée, qui n’est pas complѐte. Morphologiquement, en grec ancien,
l’imparfait constitue la combinaison du temps passé avec l’aspect imperfectif (Bary,
2009 : 6).
Meillet (1919: 180) a signalé que « une forme grammaticale ne peut
s’observer que dans des phrases particulières où elle a des emplois particuliers » et
qu’ « en matière de valeur de formes, il est presque toujours difficile de trouver un
exemple net, dégagé des circonstances accessoires ». C’est très clair le retentissement
de ces remarques de Meillet sur plusieurs spécialistes qui se sont occupés de
l’imparfait (surtout de l’imparfait français), pour qui cette forme n'a pas d'autonomie
référentielle (Ducrot : 1979, Rohrer: 1981a, Kamp : 1981, Kamp et Rohrer : 1983,
parmi d’autres).
Cette conception de voir l’imparfait français comme une forme dont le sens
résulte des contextes a été largement exposée par Berthoneau-Kleiber dans divers
travaux (1993,1998, 1999, 2003, 2006 etc.), où ils font un bilan des points de vue de
leurs prédécesseurs et présentent leurs remarques personnelles. Dans le cadre de leur
théorie anaphorique méronomique1, ils postulent que « l'imparfait est un temps
anaphorique, parce que son interprétation exige toujours la prise en compte d'une
situation temporelle du passé, donc d'un antécédent, explicite ou implicite » (1993 :13
Je remercie le Bureau Canadien de l’Éducation Internationale pour le soutien. Je remercie également
ma superviseur de recherche, Madame Maria Luisa Rivero, la diréctrice du Département de
Linguistique de l’Université d’Ottawa, Madame Marie-Hélène Côté, et Monsieur Andrés Pablo
Salanova pour leurs colaboration, commentaires et suggestions. Mes remerciements aussi aux réviseurs
des Cahiers de Linguistique d’Ottawa dont les commentaires, les questions et corrections ont été très
importants pour la forme finale de cet article. Il va sans dire que les fautes et les équivoques eventuels
ici commis sont de mon entière responsabilité.
1 Ce terme a été bati sur le grec μέρος [meros], partie, dans ce sens que l’imparfait constitue une partie
d’un tout.
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2
et 15) et que « la relation anaphorique entre la situation antécédente du passé et la
situation présentée à l'imparfait est une relation de type partie (imparfait) tout
(antécédent) » (p. 15). Desclés (2000 : 16-7), bien qu’il ne suive pas exactement la
même approche théorique, il reconnait l’importance des contextes pour lever
l’indétermination sémantique de l'imparfait dans certains cas. Les marqueurs
linguistiques ou indices contextuels constituent des auxiliaires indispensables pour la
distinction entre les valeurs sémantiques de l’imparfait.
Desclés (p. 9 et 24) pose des questions sur l’imparfait français que je considère
fondamentales également pour la recherche sur le grec classique: « Doit-on considérer
qu’il y a plusieurs « imparfaits » sans liens étroits entre eux et renoncer à l’uni
sémantique de cette forme grammaticale ou, au contraire, doit-on chercher à
caractériser un invariant sémantique compatible avec cette valeur particulière ? »
Autrement dit, « Y a-t-il un invariant de l’imparfait ? » D’après lui, « les occurrences
de l'imparfait renvoient à plusieurs valeurs sémantiques selon les contextes » (p. 23)
et « de façon plus générale, l'imparfait dénote soit des situations statives (état
descriptif, nouvel état, nouvel état créé par un événement) ou des classes ouvertes
d’événements (valeur d’habitude) ou des situations processuelles inaccomplies. »
Ici, je suppose que l’imparfait présente un noyau sémantique primordial : il
constitue l’expression de l’aspect duratif, soit par une action ou situation habituel, soit
par une action ou situation processuelle inaccomplie2. Il faut donc reconnaître que le
sens premier de l’imparfait est aspectuel. En utilisant les mots de Gosselin (1999: 30),
je dirais que l’imparfait a « une valeur abstraite, stable, définie hors contexte et
permettant de calculer les effets de sens contextuels. » Gosselin (p. 47) affirme aussi
que des effets de sens « résultent d’une interaction complexe de la valeur de base de
l’imparfait avec celles des autres marqueurs constitutifs de l’énoncé et avec des
principes pragmatiques généraux. »
La distinction entre l’habituel et le processuel se réalise par des facteurs aussi
bien contextuels que sémantiques, comme nous le verrons plus bas. Les deux sens
primordiaux de l’imparfait sont nuancés par ces facteurs dans bien des cas, dont
résultent une foule de sens secondaires de nature tantôt aspectuelle tantôt modale. On
verra que dans la relation avec son contexte l’imparfait n’est pas un élément tout à fait
influençable, mais un élément qui exerce lui aussi une influence sur le contexte. Cela
constitue une preuve suffisante qu’il a un sens primordial et que c’est avec celui-ci
qu’il peut nuancer le contexte dans lequel il est inséré.
En concluant cette introduction, je dirais qu’il m’est assez difficile d’imaginer
un élément linguistique qui soit tout à fait vide sémantiquement. Chaque élément
existe pour jouer un rôle dans la langue. Quand on utilise un élement linguistique, il y
a une raison qui l’emmène à le choisir et non un autre. Autrement dit, c’est par son
contenu sémantique et par les effets qui en resultent dans la phrase qu’on le choisit.
Par conséquent, il n’aurait pas raison d’être s’il était vide. Aussi, pour ce qui est de
l’imparfait, le fait qu’il existe par opposition au passé simple ou au passé composé, en
français, ou à l’aoriste3, en grec, indique qu’il a une identité propre qui justifie sa
présence dans ces langues. Il se trouve qu’assez souvent les interprétations qu’on
attribue à l’imparfait sont vraiement tirées du contexte, pourtant cela n’implique pas
qu’il soit vide sémantiquement. Le contexte peut apporter des spécifications au sens
de l’imparfait, ce qui ne signifie pas qu’il lui donne chaque fois le sens. Si l’on
2 Ces deux sens de l’imparfait sont appelés valeurs de basepar Théoret et Mareuil (1991), mais aussi
par Gosselin (1999).
3 Voir la note 6.
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3
considérait l’imparfait comme un élément dépourvu de sens propre, ce serait accepter
qu’il n’est qu’une entité purement morphologique.
2. Les sens aspectuels de l’imparfait
2.1 Le sens primordial : le duratif (l’habituel et le processuel)
Ensuite, je présente des exemples qui prouvent mes assomptions relatives au caractère
sémantique de l’imparfait. On verra que dans chaque exemple le sens qui se distingue
est celui de l’aspect duratif dans le passé, soit le duratif habituel soit le duratif
processuel. Le trait commun qui les distingue est l'absence de borne, leur caractère
imperfectif. Il y a trois facteurs principaux qui précisent s’il s’agit du duratif habituel
ou du duratif processuel : les éléments contextuels, la connaissance de faits4 et la
sémantique verbale (voir les exemples 5 et 6 et leurs commentaires). En s’appuyant
sur ce fait, on pourrait signaler une contradiction dans les affirmations que je viens de
faire relativement à l’identité sémantique de l’imparfait : Or, si l’imparfait dispose
d’un sens propre, pourquoi on a besoin de prendre en considération d’aures facteurs
pour décider s’il exprime l’habituel ou le processuel ? Néanmoins, cette contradiction
n’est qu’illusoire, car, indépendamment de la nuance apportée par ces facteurs
(nuance habituelle / nuance processuelle), le noyau sémantique de l’imparfait reste
inchangeable, c’est-à-dire qu’il exprime toujours le duratif. Sa contribuition pour la
production du sens global de l’énoncé est toujours la même : il exprime l’aspect
duratif. Voici les premiers exemples5:
(1) Σωκρτης τε οὕτω κα αὐτὸς ποίει (Xénophon, Mémoires 1.3.1)
Socratēs te hútō kai autós epoíei
Socrates et ainsi aussi lui-même faire IMP. 3P
F: C’est précisément la conduite que Socrate adoptait.
4 Par exemple, les locuteurs savent que le sujet dont on parle est une personne qui est déjà morte
(comme dans l’exemple 1).
5 Dans ce travail, je me sers des plus prestigieuses traductions des textes grecs : celles des éditions Les
Belles Lettres et Gallimard (françaises), Loeb Classical Lybrary (anglaise), Kaktos et Epikerotita
(grecques). Pour la compréhension des sens des formes verbales grecques, j’utilise non seulement les
divers travaux de la filologie et de la linguistique grecque de nos jours, mais aussi ceux des anciens
philosophes et grammairiens grecs, qui nous ont legué des descriptions très importantes de leur langue.
Ils ont bâti les termes qui désignent les parties du discours, les cas des éléments nominaux, les temps et
les modes verbaux. C’est ainsi, par les témoins de ces anciens locuteurs natifs du grec, qu’on sait, par
exemple, que l’imparfait paratatikós, comme nous l’avons déjà vu désigne une action ou un état qui
se prolonge dans le temps par oposition à l’aoriste (όριστος dont le sens littéral est « indéfini ») qui
exprime un événement ponctuel. En d’autre termes, le paratatikós exprime l’aspect imperfectif et
l’aoriste l’aspect perfectif dans les contextes passés. Cependant, tandis que le paratatikós (dans ses
valeurs de base) n’exprime que le temps passé, l’aoriste présente un sens tantôt passé tantôt virtuel.
Cette différence est morphologiquement marquée, étant donné que le paratatikós ne se présente
qu’avec les désinences du passé, alors que l’aoriste peut prendre celles des modes exprimant le virtuel.
Aussi, pour bien saisir les sens des formes verbales grecques (ou de n’importe quelle langue ancienne),
il faut procéder à une étude très attentive des contextes dans lesquels elles se présentent. Assez souvent
les traductions divergent sur le sens d’une forme ou d’une tournure, alors la prise en considération du
contexte est encore plus nécessaire pour qu’on puisse faire le bon choix (voir, par exemple, la
discussion de l’exemple 9).
Édson Reis Meira
4
(2) Παῖς ὢν φοίτας εἰς τίνος διδασκάλου; (Aristophanes, Cavaliers 1235)
paīs ōn ephoítas eis tínos didaskálu
enfant être PCP. M. NM. S. fréquenter IMP. 2S en quel maître
F: Enfant, (chez)6 quel maître fréquentais-tu ?
(3) Τοιατα μέντοι κα πρότερόν σργάζετο… (Aristophanes, Cavaliers 1221)
toiaūta méntoi kai próterón s’ ērgázeto
telles choses pourtant aussi avant te faire IMP. 3S
F: Voilà pourtant comme jusqu’ici il te traitait.
Dans le premier exemple, l’imparfait se présente absolument libre, n’ayant même pas
besoin d’un adverbe ou d’une autre proposition qui lui serve de cadre temporel. Cela
est possible parce qu’il est connu des locuteurs qu’on parle de quelqu’un qui ne vit
plus. Donc, une question comme « à quelle époque ça se passait? » n’est pas du tout
nécessaire, puisque il est sous-entendu qu’il agit de toute la vie7 de la personne dont
on parle. En examinant quelques aspects de la vie et de l’enseignement de Socrate, qui
était déjà mort, Xénophon suggère, sans utiliser aucun élément qui s’y rapporte, que
Socrate, pendant sa vie « agissait de la sorte. » Cette indépendance de l’imparfait par
rapport au contexte met en relief son sens primordial, c'est-à-dire le duratif/habituel.
Dans le second exemple, où le sujet est vivant, la proposition Παῖς ὢν / Quand tu
étais enfant précise le cadre temporel de l’imparfait. Toutefois, on ne dirait pas
qu’elle est absolument nécessaire, étant donné que le contenu sémantique de la
proposition principale renvoie à l’enfance du sujet (on fréquente le maître, on va à
l’école quand on est enfant). Par conséquent, à l’instar de l’exemple précédent,
l’imparfait dispense la présence des marqueurs linguistiques, leur utilisation étant
plutôt facultative ou même redondante. Dans le troisième exemple, quoique le sens
duratif, c'est-à-dire le sens primordial de l’imparfait, soit très net, on utilise l’adverbe
πρότερον/avant pour préciser le cadre temporel du verbe ργάζετο/faisait. On ne dirait
pas que l’adverbe soit absolument nécessaire, puisqu’une proposition comme Τοιαῦτα
μέντοι σ’ ργάζετο/ est parfaitement possible, le locuteur pouvant, exprès, omettre
6 Les principales traductions françaises (voir Les Belles Lettres et Gallimard, par exemple) présentent
la préposition chez, traduisant le grec εις [es], probablement pour rester fidèles au texte ancien. En tout
cas, on pourrait aisément traduire la proposition en omettant la préposition en question : Enfant, quel
maître fréquentais-tu ?
7Deux réviseurs anonymes m’ont questionné sur la possibilité d’interprétations différentes de
l’imparfait dans l’exemple 1. Le premier se demande comment sais-je qu’on a affaire à un état duratif
se rapportant à toute la vie de Socrate. Il se demande également pourquoi ne pas attribuer à l’énoncé en
question une valeur modale. Dans cette perspective, l’imparfait serait utilisé pour indiquer la manque
de certitude. J’imagine que le réviseur pense à une interprétation telle que : « C’est précisément la
conduite que Socrate adopterait (s’il vivait encore). » Le second réviseur souligne qu’ « en ce qui
concerne toute la vie, on pourrait quand même vouloir dire, selon le contexte, que c’est une conduite
que Socrate adoptait à un moment précis par exemple. » L’exemple en question est inseré dans une
partie du récit de Xenophon où il parle des usages concernant les libations aux dieux et les soins dûs
aux ancêtres. L’auteur ne conjecture pas sur ce que Socrate pourrait faire dans un moment précis, mais
affirme expréssement que Socrate respectait les usages de la ville, lesquels étaient protégés par loi, et
encourageait ses concitoyens à faire le même. Il est sous-entendu que telle était sa conduite jusqu’à sa
morte, puisque le respect aux lois était un trait du caractère de Socrate. Il n’y a pas un seul élément du
context qui puisse indiquer une autre interprétation. Comme nous voyons dans les exemples suivants
(2, 3, 4, parmi d’autres), quand il s’agit d’un moment précis, l’imparfait devient plus dépendant du
contexte ou d’éléments linguistiques (surtout d’adverbes ou de propositions adverbiales). S’il s’agissait
d’un moment précis de la vie de Socrates, l’imparfait aurait besoin d’être acompagné d’un élément qui
en exprimerait le cadre temporel, ce qui ne se vérifie pas dans l’exemple ci-dessus.
L’imparfait grec ancien et l’imparfait français
5
l’adverbe. Dans ce cas, l’interlocuteur pourrait poser la question πότε; / quand, à
quelle époque ?, car le sens du verbe en question ne renvoie pas à un cadre temporel
précis (il faisait les mêmes choses avant quelques minutes/hier/la semaine passée
(action processuelle) ou durant toute sa vie (action habituelle). De toute manière, le
sens primordial de l’imparfait reste inchangeable: il est toujours duratif. Selon le sens
du verbe, on peut avoir des cas d’ambiguïté, ce qui entraîne des questions pour en
expliciter le sens ou plus précisément pour expliciter le cadre temporel où l’action
se produisait. Toutefois, cela n’altère pas du tout le sens de duratif de l’imparfait. Le
tout est de préciser s’il s’agit d’une durée habituelle ou processuelle. Dans l’exemple
suivant,
(4) κα τατα ἐποίουν μέχρι σκότος γένετο (Xénophon, Anabase 4.2.4)
kai taūta epoíun mékhri skótos egéneto
et ces choses faire IMP. 3P jusque obscurité arriver AOR. 3S
F: Ils prolongèrent cette manœuvre jusqu’au moment où la nuit vint.
Jusqu’au moment où la nuit vint, ils prolongeaient cette manœuvre.
la proposition circonstancielle μέχρι σκότος γένετο / jusqu’au moment où la nuit vint
indique le cadre où l’action τατα ἐποίουν / ils prolongèrent-prolongeaient cette
manœuvre se développait. Mais, imaginons l’énoncé principal sans la proposition
circonstancielle et dans un contexte imprécis. Imaginons, par exemple, que quelqu’un
arrivait chez son parent et le voyait réaliser quelques activités. Après l’avoir saluer, il
lui dirait : τατα ἐποίουν καὶ οἱ μο φίλοι / Mes amis faisaient, eux aussi, ces mêmes
choses (que tu es en train de faire). S’il s’agissait des activités ou des situations du
quotidien des êtres humains dans toute leur existence, comme, par exemple, faire le
ménage, manger, prendre une douche, dormir, etc., le plus probable serait que le
locuteur se rapportait à un cadre temporel très récent et aisément saisissable par le
contenu sémantique du verbe ou de l’expression. Mais si, par contre, on avait affaire à
des activités ou des situations qui ne se réalisent pas quotidiennement ou qui ne se
réalisent pas obligatoirement par toutes les personnes pendant leur vie, comme, par
exemple, écrire, lire, peindre, etc., l’énoncé présenterait une certaine ambiguïté. On
pourrait penser soit à un cadre temporel récent - τήμερον πρω / aujourd’hui de
bonne heure, par exemple, soit à une habitude du passé πρότερον /auparavant. Une
dernière remarque sur l’exemple 4, c’est que, en français, on peut utiliser également
l’imparfait et le passé simple dans la proposition principale, tandis que la nuance
aspectuelle est prise en charge par la subordonnée introduite par μέχρι / jusqu’au
moment où. En grec, le sens aspectuel de la subordonnée impose l’imparfait dans la
principale.
Il y a quelques verbes dont le sens renvoie à un aspect précis,
indépendamment de l’utilisation d’adverbes ou de propositions circonstancielles. En
voici un exemple :
(5) Οὕτω γοῦν φίλουν τὴν πατρίδα πάντες...(Lycurgue, Contre Léocrate 71)
hūtō gūn efílūn tēn patrída pántes
à tel point car aimer IMP3P la patrie tous
F: Car ils aimaient tous à tel point leur patrie
Le verbe φιλώ / aimer, soit en grec soit en français, lorsqu’il est utilisé à l’imparfait,
ne renvoie qu’à un état permanent du passé. Le sens de ce verbe est tel qu’il ne permet
pas qu’on ait des doutes relativement au cadre temporel du sentiment d’aimer.
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