calcul et ses modèles (ce qui aujourd’hui
impressionne encore le gogo). En moins d’un
siècle, l’astrologie orientale s’est totalement
transformée; en particulier son sanctuaire est
devenu la prévision des événements qui affec-
tent les individus, l’apotélesmatique indivi-
duelle, ou généthlialogie – réponse dérisoire et
désespérée au tourment d’ignorer, désespérée
et désespérante, « puisqu’elle prend le risque
de substituer à ce tourment d’ignorer, celui de
prévoir sans espérer4».
Ptolémée, Grec d’Alexandrie, incarne
cette synthèse incroyable, puisque, après avoir
écrit l’Almageste, bible des astronomes, il publia
la Tétrabible ou les quatre livres des jugements des
astres, bible des astrologues. Livre fascinant
qui, dès ses premières pages, nous livre toute
l’ambiguïté des rapports entre l’astronomie et
l’astrologie, toutes les incertitudes de Ptolémée
lui-même. Pour ce dernier, les prédictions
astronomiques ressortissent à deux sciences
principales. L’une, l’astronomie, qui est la pre-
mière en ordre et en certitude, par laquelle
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apparences avec des combinaisons diffé-
rentes), et celle des « réalistes», qui connais-
saient également ces diverses combinaisons
possibles, mais se préoccupaient de savoir
laquelle Dieu avait réalisé au ciel.
Quoi qu’il en soit, ce progrès nous le
devons aux Grecs, mais nous leur devons
aussi le « progrès » de l’astrologie. Car ces
Grecs, qui nous ont donné Homère et Pla-
ton, Aristote et Phidias, Euclide et Sophocle,
Hérodote et Aristophane, ces mêmes Grecs,
éperdus de clarté, lisaient l’avenir dans le vol
des oiseaux et les entrailles de leurs chiens.
L’astrologie telle que la pratiqueront les
Grecs, puis, par l’intermédiaire des Arabes,
l’Occident médiéval, devait naître de la ren-
contre, vers le IIIesiècle avant notre ère, entre
la religion astrale chaldéenne et la science
astronomique grecque. L’incroyable est que le
greffon n’a pas été rejeté et que la greffe a
engendré cet arbre bâtard : l’astrologie
grecque. La divination, armée de sa causalité
fausse, irrationnelle ou aberrante, de ses analo-
gies simplistes et de ses raisonnements méta-
phoriques, où les «comme» remplacent les
«parce que», a emprunté à l’astronomie non
seulement ses observations brutes, mais aussi
ses principes, ses mesures, ses méthodes de
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4. Cf. A. Bouché-Leclercq, L
’Astrologie grecque,Paris, 1899,
réimpr. Scientia Verlag Aalen, 1979 : un de ces « grands livres »
qui, vieux de plus d’un siècle, reste la référence incontournable
sur le sujet.
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