BIOLOGIE HISTORIQUE ET ÉVOLUTIONNISME 425
Selon ce schéma classique, on distinguait généralement :
a) les Mosasaurinae, mésorhyncques, au tronc allongé, queue comprimée en
nageoire, aux carpes et tarses ossifiés, pattes postérieures à 4orteils. Ils sont compris
comme des nageurs de surface, avec des genres tels que Clidastes, Mosasaurus,
Leiodon et Plotosaurus, ce dernier aux membres très modifiés en palettes ;
b) les Platecarpinae, microrhyncques, au tronc court et à la queue allongée mais
non différenciée en nageoire, aux carpes et tarses incomplètement ossifiés, et
pourvus de 5orteils. Ils sont considérés comme des plongeurs profonds, avec une
oreille moyenne (carré, tympan et stapes) très spécialisée, capable de résister à de
très fortes pressions. On y situait Platecarpus, Baptosaurus, Dollosaurus,
Plioplatecarpus et Taniwhasaurus, ce dernier de Nouvelle Zélande ;
c) les Tylosaurinae, megarhyncques, de grande taille, au tronc court et à la queue
allongée, un peu dilatée en nageoire, aux pattes postérieures à 5orteils, aux carpes
et tarses entièrement cartilagineux, avec Tylosaurus, Macrosaurus et Hainosaurus ;
d) les Globidentinae, au crâne court et massif, à dents globuleuses, littoraux, avec
Globidens et Carinodens.
Au cours des vingt dernières années, l’analyse phylogénétique du groupe a assez
considérablement modifié ce schéma. D’abord les études nouvelles des Aigialosaures,
considérés comme la souche des Mosasaures du Crétacé supérieur, ont montré la
paraphylie de ce « groupe » mais réaffirmé l’enracinement des Mosasaures sensu lato
(incl. Aigialosaures) dans les Varanidés (Carroll et de Braga, 1992, 1993). D’autre
part, les analyses cladistiques de Bell (1993, 1997), Caldwell et al. (1995), etc. ont
conduit à un certain consensus sur la structure phylogénétique du groupe. À titre
d’exemple, j’ai détaillé la technique de codage des différents états de caractères
utilisés par les auteurs dans la construction du cladogramme. Selon les conceptions
actuelles, le clade Mosasauroidea est représenté « basalement » par Opetiosaurus,
plésiomorphe relativement aux Mosasauridae, plus dérivés. Ceux-ci comprennent
« basalement » une série de formes encore « primitives » (Aegialosaurus,
Halisaurus…), s’opposant au clade des Natantia, plus dérivés. Au sein de ces
derniers, un premier clade regroupe Tylosaurus, Platecarpus et Plioplatecarpus, etc.,
adaptés à la plongée profonde. Tous les autres mosasaures se regrouperaient dans
un clade apical des Mosasaurinae, où divers taxons plurispécifiques « classiques »
comme Clidastes et Mosasaurus apparaissent comme para- ou polyphylétiques.
Plotosaurus, avec des membres totalement transformés en palettes natatoires avec
polyphalangie apparaît comme le mosasaure le plus dérivé par l’ensemble de ses
caractères. J’ai complété ce tableau par la présentation de diverses découvertes
récentes sur le groupe : je ne relate ici que la découverte de restes dispersés de
Mosasaurus (Gallager et al., 2005) dans des « tsunamites », sédiments particuliers
constituant la limite KT, dans l’État du Missouri, entre les formations Owl creek
(Crétacé terminal) et Clayton (Paléocène inférieur). Cela constitue un saisissant
« post scriptum » à la vision de Cuvier utilisant déjà le Mosasaure de Maestricht
pour établir le concept « d’espèces perdues » et le catastrophisme !
En « complément de programme », j’ai invité le Dr. Alexandra Houssaye à
présenter les principaux résultats de sa thèse récente portant sur les particularités