L’ACTUALITÉ DE LA FONDATION
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prouvée ou peut être fortement sus-
pectée.
Parmi les cancers non viro induits,
l’augmentation de risque la plus impor-
tante est observée pour les cancers des
reins natifs, de la vessie (en Asie sur-
tout) et de la thyroïde.
Il faut souligner que l’excès de risque,
pour les mêmes types de tumeurs, est
retrouvé à un plus faible niveau chez les
patients dialysés et insuffisants rénaux
chroniques.
Dépistage des cancers
pour les patients
transplantés rénaux
Le dépistage commence lors de l’éva-
luation du patient pour la transplanta-
tion rénale. Les objectifs sont d’éviter
de transplanter un patient avec un can-
cer méconnu (dont l’évolutivité post-
transplantation flambe sous immuno
-suppression maximale) et de permet-
tre d’établir un calendrier de dépistage
adapté pour la période post transplan-
tation.
Les cancers les plus fréquents sont par-
ticulièrement ciblés. Tout d’abord les
carcinomes cutanés pour lesquels il est
indispensable d’éduquer le patient (pro-
tection solaire, auto-examen…). La
consultation dermatologique systéma-
tique dans les premiers mois de la
greffe permettra d’informer à nouveau
le patient et définira, en fonction des
facteurs de risque du patient, le rythme
des consultations spécialisées ulté-
rieures. Ces consultations permettront
le traitement des lésions précancé-
reuses.
Les cancers urologiques sont dépistés
par la réalisation d’une échographie ab-
dominale annuelle. Le dépistage du
cancer de la prostate est réalisé par do-
sage annuel de la PSA après 50 ans.
Pour les cancers gynécologiques, un
frottis annuel est recommandé. Le dé-
pistage du cancer du sein et des can-
cers colorectaux sera similaire à celui de
la population générale.
Prise en charge
d’un transplanté avec un
cancer de novo.
De nombreuses études in vitro et in
vivo, montrent que certains traitements
immunosuppresseurs et en particulier
ceux de la famille des inhibiteurs de
calcineurine (CNI : CyclosporineA, Ta-
crolimus) accélèrent le développement
tumoral et la dissémination métasta-
tique.
Le premier principe de traitement peut
se résumer à une prise en charge iden-
tique à celle de la population générale
par chirurgie, chimiothérapie et/ou ra-
diothérapie. Le transplanté rénal pose
alors essentiellement des problèmes
spécifiques d’adaptation des chimio-
thérapies (type, posologie) à la fonction
rénale et d’interférences avec les trai-
tements immunosuppresseurs.
Le deuxième principe est celui de la di-
minution du niveau global d’immuno-
suppression selon des modalités faites
au cas par cas, en fonction du pronos-
tic du cancer et du risque de rejet.
Pour les autres cancers viro induits
comme les carcinomes cutanés, plu-
sieurs études, dont une étude française
(TUMORAPA, coordonnée par Lyon et
Nantes), ont démontré qu’il est préfé-
rable en terme de récidive (prévention
secondaire) d’arrêter les CNI et de les
remplacer par un traitement de la fa-
mille des inhibiteurs de la protéine
mTOR (ImTOR : Sirolimus/Rapamune® et
Everolimus/Certican®).
Un autre exemple de l’intérêt de ce relai
est le sarcome de Kaposi car les ImTOR
possèdent une activité anti angiogé-
nique clé pour le développement de ce
type de sarcome. Il faut d’ailleurs préci-
ser que la croissance d’une tumeur so-
lide ou d’une métastase, quelle qu’elle
soit, demande l’apport de nutriments
par voie vasculaire, hors les ImTOR, aux
doses utilisées en transplantation, inhi-
bent la création de cette néo-vascula-
risation tumorale. Cette famille
d’immunosuppresseurs apparait donc
comme ayant des propriétés antinéo-
plasiques tout en préservant le greffon
d’un éventuel rejet.
Les ImTOR sont aussi associés à une di-
minution d’incidence de cancers de
novo en prévention primaire que ce soit
à partir de donnés de registre ou
d’études prospectives (Etude CONVERT).
La diminution porte essentiellement sur
les cancers cutanés mais aussi dans une
moindre mesure sur les cancers pro-
fonds.
Malheureusement, si leur intérêt dans le
cadre de prévention ou de la prise en
charge des cancers de novo est bien re-
connue, ces traitements restent mal to-
lérés (25-30 % d’arrêt du traitement en
raison d’effets divers : pneumopathie,
protéinurie, aphtose…). Néanmoins, il
semble que leur utilisation puisse encore
être optimisée, comme cela est suggéré
par certaines études en cours.
L’objectif de la transplantation rénale
est de permettre aux patients de vivre
mieux et plus longtemps avec un gref-
fon fonctionnel.
De nombreux progrès ont été réalisés
dans la prise en charge de patients pour
lesquels les enjeux principaux évoluent
avec le temps.
Initialement principalement immunolo-
giques et infectieux, ces derniers se sont
déplacés sur les problèmes cardio-vas-
culaires et néoplasiques.
Bien que l’éducation du patient et le dé-
pistage ciblé permettent de prendre en
charge le plus précocement possible ces
lésions et d’en améliorer le pronostic,
cette problématique croissante repré-
sente une des limites à l’extension du
niveau de l’immunosuppression actuel-
lement pratiquée.`
Au CHU de Nantes, dans le contexte du
DHU (Département Hospitalo Universi-
taire) Oncogreffe, il a été mis en place
une filière de prise en charge multidis-
ciplinaires des cancers des patients
transplantés ; cutanés avec les derma-
tologues et hématologiques (lym-
phomes) avec les hématologues.
Pr. Jacques Dantal
Néphrologue
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Quels risques de cancer après transplantation ?