LA CONCEPTION DES MISSIONS SPATIALES un thème très riche pour les TIPE 1. Pourquoi des missions spatiales ? 2. Stratégies de lancement / insertion et bilans de masse exigences des différentes missions, équation des fusées, différentes étapes depuis le sol insertion en orbite et atterrissage depuis l’orbite 3. Stratégies d’assistance gravitationnelle assistance « simple », manœuvres en espace profond survols planétaires multiples assistances gravitationnelles dans les systèmes de satellites 4. Propulsion à faible poussée propulsion électrique (solaire ou nucléaire), voile solaire Yves Langevin, Institut d’Astrophysique Spatiale UMR 8617, CNRS / Université Paris-Sud 11 POURQUOI PROGRAMMER DES MISSIONS SPATIALES ? • les missions spatiales sont coûteuses (300 Ŕ 1000 Meuros) et risquées (taux de succès de 75% pour les missions martiennes) • Indispensable pour les études in-situ ou le retour d’échantillons magnétosphère de la terre, héliosphère surfaces et atmosphères planétaires couronne solaire • Observatoires spatiaux : ouverture de nouvelles fenêtres continuité des observations • Développements technologiques nouvelles capacités pour les satellites miniaturisation • Communication vers le grand public attractivité pour les filières scientifiques enjeux qui débordent le cadre scientifique (origine de la vie) LA TÉLÉDÉTECTION g X longueur d’onde énergie 100 keV température processus transitions physiques nucléaires profondeur (surfaces) 1m UV 1 nm 1.3 keV 3 MK visible 0.3 µm 0.7 µm 4 eV 1.8 eV 3000 K 4500 K transitions électroniques qq cm IR sub-mm radio 100 µm 1 mm 30 K 3K transitions rotation, moléculaires structure fine qq longueurs d’ondes rayonn. synchrotron jusqu’à qq km (sondage radar) Le spectre électromagnétique procure une manne d’informations sur tous les objets d’étude de l’astrophysique en particulier les corps constitutifs du système solaire Thèmes possibles : processus d’émission et d’absorption des photons, limite de diffraction, profondeur d’arrêt OUVRIR DE NOUVELLES FENÊTRES POUR L’ASTRONOMIE l’atmosphère de la terre bloque la plupart des longueurs d’onde - hautes (énergies (X, g), UV - la plus grande partie de l’infrarouge et du sub-millimétrique visible H20 CO2 Longueur d’onde (µm)) Thème possible : l’atmosphère terrestre en tant que bouclier (gaz, nuages, trou d’ozone…) EXPLORATION DU SYSTÈME SOLAIRE • télédétection: nouvelles fenêtres, meilleure résolution spatiale !!! - à la limite de diffraction, même signal pour une source étendue S = D2 W = (l/D)2 S W ne dépend pas de l’ouverture Mercure téléscope 10 m 15 km caméra en orbite 1 m Vénus Mars Vesta Jupiter 10 km 6 km 20 km 60 km 1 m 20 cm 1 m 200 m Saturne 130 km 600 m • études in-situ - toutes les méthodes de la géophysique et de géochimie - requièrent une mission spatiale !!! • séquence logique : - 1ère exploration par un survol (Mariner 10, Voyager, Giotto…) - couverture complète avec un orbiteur (Mars Express, Cassini) - études in-situ: atterrisseurs, véhicules, ballons (Huygens, MERs) - retour d’échantillons (puis vols habités??) MISSIONS D’EXPLORATION Luna 3 (1959) Giotto : face cachée de la Lune première GIOTTO’s visite Close d’un noyau cométaire (1986) Voyager quitte Saturne (1983) 1993: Galileo découvre le satellite d’Ida, Dactyl LES OBJECTIFS DES MISSIONS PLANÉTAIRES (1) • La phase d’exploration sera complète en 2015 - dernier sur la liste: les Objets de Kuiper (dont Pluton), au-delà de Neptune survol de Pluton par « New Horizons » (NASA) en 2015 • La phase de couverture globale est bien avancée : - programme Mars (MGS, Mars Odyssey, Mars Express, MRO) - atmosphère de Venus (Venus Express) - BepiColombo: télédétection et physique des plasmas autour de Mercure - Dawn: rendez-vous avec les deux plus gros astéroïdes, Céres et Vesta - Rosetta: rendez-vous un noyau cométaire (Churyumov-Gerasimenko) pièces manquantes du puzzle: - mission post Galileo (1995-1999) vers le système de Jupiter Galileo a été très pénalisé par le très bas débit (40 bits/s) intérêt pour les satellites (Io, Europe, Ganymède, Callisto) mission commune ESA-NASA envisagée pour 2020 (EJSM) - Neptune-Triton (plus intéressant qu’ Uranus) Triton est probablement un Objet de Kuiper capturé trajet très long (20 ans): Propulsion Nucleaire Electrique ? LES OBJECTIFS DES MISSIONS PLANÉTAIRES (2) • atterrisseurs et retours d’échantillons : des données essentielles - structure interne (sismologie), très mal connue (sauf pour la Terre !) - âges absolus (radiochronologie), anomalies isotopiques - exobiologie, un domaine qui se développe rapidement (Mars, Europe, Titan) l’Europe est relativement bien placée, derrière la NASA - Huygens : sonde de descente dans l’atmosphère de Titan - atterrisseur de Rosetta (noyau cométaire) • succès récents, mais aussi contre-temps - les deux véhicules Spirit et Opportunity ont obtenu des résultats majeurs MAIS - le véhicule NASA « Mars Surface laboratory » : décalé de 2009 à 2011 - le véhicule ExoMars (ESA) : décalé de 2013 à 2018 - le retour d’échantillons Martien : décalé de 2005 à 2025 (!!!) restaurer un programme ambitieux d’études in-situ est un enjeu majeur pour la période 2015-2025 2. Stratégies de lancement / insertion et bilans de masse CONTRAINTES DE LANCEMENT DES MISSIONS SPATIALES • Les missions d’exploration du système solaire doivent quitter la Terre à l’exception des observatoires en orbite et des missions lunaires • altitude de perigée Rper: typiquement 320 km (1,05 Rt) • orbite circulaire : 7,9/(Rper0,5) km/s Vlib = 11,2/(Rper0,5) km/s • Autres orbites d’intérêt « GTO »: de l’orbite basse à 42000 km (Ariane 5) orbite « translunaire » (apogée à 320000 km = 50 Rt ou plus) • conservation de l’énergie pour les orbites d’échappement : la vitesse loin de la terre (Vdep) est liée à la vitesse au périgée Vper 2E/M = Vdep2 = Vper2 Ŕ Vlib2 = « C3 » Vper = (120 + Vdep2)0,5 Vcirc : orbite translunaire : départ à 3 km/s : à 7 km/s : C3 négatif : orbites liées pour Rper = 1,05 (altitude: 320 km) : 7,71 km/s 10,60 km/s 11,31 km/s 12,96 km/s GTO: 10,14 km/s Vlib : 10,91 km/s à 5 km/s : 12,00 km/s à 9 km/s : 14,14 km/s (près de 2 x Vcirc) Quelle est vitesse de départ nécessaire pour une cible donnée ? Quelle est la meilleure stratégie de lancement pour l’atteindre ? L’APPROXIMATION CIRCULAIRE ET COPLANAIRE • les orbites dans le système solaire sont proches de cercles (ellipses de faible eccentricité) et peu inclinées (exception: comètes !) • le transfert optimum de la terre vers un corps planétaire à une distance R2 du soleil en unités astronomiques (UA, 149,6 milllions de km) est une ellipse tangente aux deux cercles (transfert de Hohman) La vitesse moyenne de la Terre sur son orbite est de 29,8 km/s vitesse de départ : 29,8 km/s x ((2 - 2/(1+R2))0.5 - 1) vitesse d’arrivée : 29,8 km/s x ((1/R20.5 - (2/R2-2/(1+R2))0.5) • Le transfert ne peut être effectué que quand la terre et la cible sont dans la bonne position relative (phasage) le rythme de répétition des périodes favorables (fenêtres) est la période synodique qui est liée à la période orbitale P2 : Psyn = P2 / (P2- 1) Psyn = P2 / (1 - P2) pour les planètes extérieures (P2 > 1 an), pour les planètes intérieures (P2 < 1 an), TRANSFERTS COPLANAIRES DANS LE SYSTÈME SOLAIRE période synodique départ (années) (km/s) Mercure Vénus La Lune Mars Jupiter Saturne Vesta comète 0,32 1,60 NA 2,15 1,10 1,05 1,40 5,45 - 7,53 - 2,50 NA 2,94 8,80 9,60 5,50 8,80 Vper Ŕ Vlib (km/s) arrivée (km/s) 2,35 0,30 - 0,10 0,40 3,10 4,10 1,40 2,05 9,60 2,70 - 0,80 - 2,65 - 5,65 - 5,45 - 4,45 - 0,15 Vper - Vlib (km/s) 6,35 0,34 0,14 0,70 0,25 0,60 4,45 0,15 La Lune, Vénus et Mars sont relativement faciles à atteindre (mais les fenêtres vers Mars sont éloignées) Vénus et Mars sont plus proches de la Lune que de Mercure ou Jupiter ! Jupiter et Saturne sont difficiles à atteindre (~ 9 km/s au départ), Mais leur très fort champ de gravité facilite la capture en orbite Mercure est le challenge le plus difficile pour un rendez-vous direct Avec un « Delta V » total énorme (8.7 km/s) OBJECTIFS DE LA STRATÉGIE DE LANCEMENT • vitesse à atteindre au périgée orbite translunaire: 10,6 km/s vers la Lune, la magnétosphère externe départ à 0 km/s : 10,9 km/s vers les points de Lagrange L1 ou L2 départ à 3 km/s: 11,3 km/s vers Vénus, Mars départ à 6 km/s: 12,8 km/s vers Vesta départ à 9+ km/s: > 14,0 km/s pour des lancements directs vers Jupiter, Saturne, Mercure, les comètes, les objets de Kuiper L’EQUATION DES FUSÉES • relation entre la vitesse d’éjection Vej, la masse initiale Mi, la masse finale Mf et l’incrément de vitesse DV dV = - Vej dM/M DVtot = Vej log(Mi/Mf) Mf/Mi = exp(-DVtot/Vej) le carburant ne peut pas être stocké et arriver à la tuyère tout seul : masse induite pour les réservoirs, la structure, les tuyaux, le moteur… Ce « tankage factor » peut dépasser 14% de la masse de carburant 3ème étage d’Ariane 5 : 11,2 tonnes, masse à sec : 1,5 tonnes Mu = Mi (1,14 exp (-DVtot/Vej) Ŕ 0,14) Où Mu est la masse utile (hors réservoirs, structure, tuyaux…) pour DVtot = 2,1 Vej, la masse utile tombe à 0 pour DVtot = 1,55 Vej, la masse utile tombe à 10% de la masse initiale Vej = 2,85 km/s (fusées à poudre), 3,10 km/s (moteurs à carburant et comburants liquides), 4,2 km/s (moteurs cryogéniques) DVtot < 6,5 km/s << vitesses requises (10,6 à 14 km/s) Des étages sont requis pour réduire le « tankage factor » LE LANCEUR ARIANE 5 • conçu pour atteindre l’orbite de transfert géostationaire (GTO) vitesse à atteindre au périgée : 10,14 km/s vitesse de libération : 10,9 km/s; départ à 3 km/s (Mars): 11,3 km/s • composite sur le pas de tir: 680 tonnes • 1er « étage » : 2 boosters à poudre : Vej = 2,8 km/s 2 x 235 tonnes de carburant, masse à sec : 2 x 15 tonnes poussée : 1000 tonnes (!), 3,6 tonnes / s (!), durée : 130 sec accélération initiale : 1,65 g (doit être > 1 g !), finale : ~ 4 g • 2ème étage : Vulcain ; étage cryogenique : Vej = 4.25 km/s masse initiale : 170 tonnes, masse à sec : 12,2 tonnes (+ 3ème stage) poussée : 116 tonnes (1,14 MNewton), 263 kg/s, durée: 600 sec • 3ème étage : Aestus ; moteur bi-liquide : Vej = 3,2 km/s masse initiale : 11,2 tonnes, masse à sec : 1500 kg (+ charge utile !) poussée : 3 tonnes (29 kN), 9 kg/s, durée : 1000 sec BALANCE DES FORCES SUR UN LANCEUR accélération verticale (combat la gravité et augmente la vitesse verticale) accélération totale (poussée / masse) inclinaison force centrifuge: Vh2 / 6,4 m/s2 (Vh en km/s) joue un rôle majeur dans les dernières phases Gravité (9,81 m/s2) accélération horizontale augmente la vitesse horizontale Vh 7,8 km/s requis (à 200 km) Au lancement (boosters + Vulcain) : 16 m/s2 juste avant le largage des boosters : 50 m/s2 juste après (Vulcain seul) : 6 m/s2 fin de la poussée Vulcain : 42 m/s2 TIPE possible avec un modèle 2D « terre plate » (mais on tient compte de la force centrifuge) LA STRATÉGIE DE LANCEMENT ARIANE 5 Lancement à Kourou (5° N): vitesse horizontale 470 m/s « gratuite » (rotation terrestre), Mais seulement si le lancement est plein Est (Baikonour: 47°N, 320 m/s) Au lancement, 60% de la poussée est « perdue » pour compenser la gravité. Il faut aussi traverser l’atmosphère dense (40 km) Aussi vite que possible (composante verticale) Seule la composante horizontale est utile, donc on s’incline aussi vite que possible lorsque la masse décroît (5 g à 129 sec) Initialement, Vulcain une fois seul ne procure que 0.6 g. Ariane continue à grimper sur sa lancée, puis « tombe » provisoirement avant d’atteindre la vitesse circulaire après < 600 sec 600 sec: séparation du Vulcain 130 sec: séparation des boosters Optimiser la stratégie d’inclinaison vaut des kg de charge utile (donc des M€ !): près de 1 km/s sont consommés par la gravité dans les 1ères phases PERTES DE GRAVITÉ ET MISE A FEU DIFFÉRÉE POUR LE 3ème ETAGE Vcur = sqrt(2/R Ŕ 1/a) plus faible dE = m Vcur dV séparation du « Vulcain » Ignition directe ~180° entre Kourou et l’asymptote : quoi qu’on fasse, on part à déclinaison faible (près du plan de l’équateur) une grande partie de la poussée est effectuée loin de la Terre : R est plus grand, Vcur est plus faible Performances réduites Ignition différée 110° entre Kourou et l’asymptote : On peut modifier la déclinaison en en lancant vers le Nord ou vers le Sud (mais attention au Brésil, à l’Afrique…) Toute la poussée du 3ème étage est effectuée près de la Terre : 12% de masse en plus à 3.4 km/s (lancement de ROSETTA en janvier 2004) LE LANCEUR SOYUZ FREGAT • Beaucoup de satellites (scientifiques ou non) n’ont pas besoin de la capacité de lancement d’Ariane 5 (8 tonnes GTO, 4 tonnes interplanétaire) • Lancements Soyuz depuis Baikonour (47°N) : Mars Express (2003) : 1200 kg vers Mars • Soyuz bientôt lancé de Kourou : complémentarité avec Ariane 5 10% de performances en plus en GTO par rapport à Baikonour Lancement Ignition Fregat après 90 min Les capacités de lancement 2400 Lune Mercure, Jupiter, Saturne, les comètes : Mars 1000 9 km/s : C3 ~ 80 Bilan de masse négatif ! 0 « C3 » = Vdep 2 30 INSERTION EN ORBITE Processus inverse d’une ignition différée du 3ème étage d’un lanceur Orbite 10 jours Mars Express : masse : 1150 kg, moteur : 400 N Poussée faible : arcs étendus, donc pertes de gravité Vitesse d’approche : 2.7 km/s DV minimum : 760 m/s DV réel : 800 m/s masse sur une orbite 10 jours : 880 kg 1,51 Rm approche 1,08 Rm 1,68 Rm 800 m/s en 2200 sec Pertes de gravité : 40 m/s ATTERRISSAGE DEPUIS L’ORBITE • corps avec atmosphère (Terre, Mars, Vénus, planètes géantes, Titan) bouclier de rentrée + parachute (problèmes très intéressants..) • corps sans atmosphère (Lune, Mercure, satellites de glace) processus inverse d’un lancement en orbite basse la masse diminue à proximité du sol (c’est un avantage !) mais les poussées sont faibles (400 à 800 N) même problème d’optimisation de l’inclinaison meilleure approche : inverser le sens du temps (la masse augmente au lieu de diminuer…) paramètre critique : la vitesse de libération Lune (2,4 km/s) : 130 kg pour un atterrisseur de 50 kg Mercure (5,4 km/s) : 650 kg pour un atterrisseur de 50 kg ! TIPE possibles • du lancement à l’orbite circulaire : modèle 2D « terre plate » → tests de différentes stratégies d’inclinaison du lanceur problème inverse pour un atterrisseur sur un corps sans atmosphère • de l’orbite circulaire à l’orbite interplanétaire (pas évident !) : 1) construire un intégrateur 2D pour une orbite autour d’un corps central accélération : g = -GMc→ R / R3, intervalles de temps dt faibles, R évalué au milieu de l’intervalle selon Vini + 1 itération vérifier que les orbites obtenues sont stables et en accord avec Kepler 2) rajouter une poussée constante alignée sur le vecteur vitesse - accélération = poussée (en kN) du 3ème étage choisi / masse - masse évoluant selon l’équation des fusées 3) tester les différentes stratégies (injection directe, injection différée) • insertion en orbite (atterrissage) : mêmes intégrateurs 2D (M change !) - la condition initiale est l’approche : vitesse relative, paramètre d’impact (distance de l’asymptote d’arrivée au centre de la planète e.g. à 200 Rp) - freinage aligné sur le vecteur vitesse (ou non pour un atterrissage) - optimisation du moment où on commence le freinage - examiner l’influence de la poussée (MBB : 400 N) sur les pertes de gravité Conclusions (section 2) • les lanceurs actuels ont été développés pour atteindre l’orbite de transfert géostationnaire (Ariane) ou l’orbite basse (Soyuz) • Ils permettent d’atteindre la Lune, Mars ou Venus de manière relativement efficace • Pour les missions exigeantes (Mercure, Jupiter, Saturne, comètes) les capacités de lancement sont négatives • Seules les méthodes d’assistance gravitationnelles rendent possibles ce type de mission avec la propulsion chimique 3. Les stratégies d’assistance gravitationnelles • Survol planétaire : l’attraction fournit du DV « gratuit » survol derrière la planète : augmente la vitesse orbitale survol devant la planète : diminue la vitesse orbitale survol à haute latitude : change le plan de l’orbite • approche très fructueuse (Mariner 10, Voyager, Rosetta) tout (ou presque) est possible mais… MASSE = TEMPS DE TRAJET 11 ans pour une comète, 14 ans pour Uranus.. ASSISTANCE GRAVITATIONELLE (I) deux changements de référentiel Vitesse héliocentrique après la rencontre Vitesse relative Vr Après la rencontre Vitesse orbitale de la planète Rp : distance au péricentre (unité : rayon planétaire) Vitesse héliocentrique avant la rencontre Vitesse relative Vr avant la rencontre Soleil ASSISTANCE GRAVITATIONNELLE (II) Paramètres critiques : - vitesse relative Vr - vitesse circulaire Vc Terre : 7.904 km/s Mars : 3.553 km/s - distance d’approche Rp (unité : rayon planétaire) Après le survol « DV gratuit » fourni par la planète Avant le survol Angle de rotation : 2 arcsin(1/ (1 + Rp (Vr/Vc)2) Modification de la vitesse (DV) : 2 Vr / (1 + Rp (Vr/Vc)2) exercice simple : retrouver ces relations avec Newton et Kepler ASSISTANCE GRAVITATIONNELLE (III) Hypothèse conservatrice : Rp = 1,1 (altitude: 640 km pour la Terre) DV: plus de 0,7 Vc pour une vitesse relative Vr de 0,42 à 2,2 Vc Terre : DV > 5,5 km/s pour Vr de 3,2 km/s à 17,5 km/s Un seul survol peut apporter un DV plus important qu’un étage de lanceur ! Vitesse relative (unité: Vc) Angle de rotation : Seule une vitesse relative Vr < 0.62 Rc (Terre : 4,8 km/s) peut être tournée de de 90°. Au-delà, ça « frotte » Vitesse relative (unité: Vc) POTENTIELS D’ASSISTANCE GRAVITATIONNELLE DES CORPS PLANÉTAIRES Vc altitude min 0,2 x vitesse orbitale km/s km (vitesse “locale”, km/s) 2. Mercure Vénus Terre Mars Jupiter Saturne Lune 3,1 7,6 7,9 3,55 45 30 1,7 200 km 300 km 250 km 200 km 50000 km 80000 km 200 km 10 7 5,8 4,8 2,6 1,8 0,2 • assistance gravitationnelle : DV équivalent > système de propulsion modification du demi-grand axe (Voyager), modification de l’eccentricité (ROSETTA, sonde solaire), modification du plan de l’orbite (Solar Orbiter !) LE PROBLÈME « TERRE SEULE » • Quitter la Terre à une vitesse élevée requiert deux étapes : - augmenter la vitesse relative (p.e. jusqu’à 9 km/s for Jupiter) - orienter cette vitesse vers l’avant (Jupiter). Pour ne pas « frotter », il faut que la période avant le dernier survol de la Terre soit de 2 ans ou plus • 1ère hypothèse : seulement 3 corps dans le système solaire, la Terre, le Soleil et la cible (Jupiter, Mercure…) •Un survol de la Terre ne peut pas changer la vitesse relative seul interêt: lancer à la déclination optimum (gain en masse, en particulier avec Ariane 5) • L’augmentation de vitesse peut être obtenue par une manœuvre au voisinage de l’aphélie SURVOL DE LA TERRE APRES UNE MANOEUVRE • orbite revenant à la Terre après un nombre entier d’années avec une manoeuvre propulsive à l’aphélie • exemple avec une orbite de 2 ans avant départ pour Jupiter Vdep = 5,1 km/s, tangent à l’orbite : “a” = 1,585 UA, “e” = 0,37 Vt = 29,8 km/s, Vh = Vt + 5,1 = 34,9 km/s • coup de frein de 0,55 km/s à l’apocentre : R = 2.17 UA = (1+e)/(1-e) V = 0.46 Vt = (1-e)/(1+e) Vt moment orbital : - 2.17 dV énergie orbitale : - 0.46 x dV x Vt retour à 1 UA: dVh = -1.2 km/s (- 2.17 x dV), dE = -Vt x 0.25 conservation de l’énergie : -0.25 Vt = - Vh x dVh + 0.5 Vr2 vitesse radiale : Vr = (2 x Vt x (1.2 - 0.25))0.5 = 8.1 km/s vitesse relative vers l’avant radiale - au lancement 5,1 0 - au retour 3,9 8,1 - après survol 8,7 2,2 totale 5,1 9,0 9.0 + 3,9 km/s pour un DV de 0.55 km/s: facteur de levier de 7.1 LES DEUX TYPES D’ASSISTANCE AVEC MANŒUVRE Vitesse radiale vers l’extérieur Vitesse radiale vers l’intérieur versJupiter Vers Jupiter Terre man. Terre man. ASSISTANCE APRÈS MANOEUVRE : FACTEURS DE LEVIER rapport entre D-énergie et D-moment : (1-e)2 / (1+e)2 Le facteur de levier augmente avec l’eccentricité La résonance 3:4 (0,75 ans) marche aussi bien que la 4:3 (1,333 ans) Résonance 1:1 4:3 (3:4) 3:2 (2:3) 2:1 (1:2) 3:1 , avant DV après facteur de levier 1,40 - 1,220 = 5,13 2,55 - 0,143 = 3,52 3,44 - 0,245 = 5,10 5,10 - 0,55 = 9,0 6,93 - 0,220 = 9,20 3,0 6,8 6,8 7,1 10,3 SÉQUENCES D’ASSISTANCE AVEC MANŒUVRE • bon bilan de masse « Terre seule » vers Jupiter - lancement sur une orbite translunaire (1800 kg avec Soyuz-Fregat) départ à 2,55 km/s : 365 m/s 4:3 DV AG → 3,44 km/s : 130 m/s 3:2 DV AG → 5,10 km/s : 245 m/s 2:1 DV AG → 6,93 km/s : 220 m/s 3:1 DV AG → 9,20 km/s : 220 m/s total : 1180 m/s au 1er périgée à l’aphélie idem idem idem 1200 kg à l’approche de Jupiter avec un Soyuz T2 lancé de Kourou mais 11 + 3 (terre-jupiter) = 14 ans de trajet ! On peut faire beaucoup mieux en utilisant les autres planètes ASSISTANCES TERRE - PLANÈTE - TERRE - assistance gravitationnelle avec manœuvre, mais c’est un survol de Mars ou Vénus qui se substitue (gratuitement !) à la manœuvre - Vénus : deux possibilités de stratégies utilisant l’orbite 1 an 1,1 ans : retour à 7.8 - 10 km/s 1,9 ans : retour à 11 Ŕ 11,5 km/s 1er survol de la Terre pour atteindre l’orbite 2 ans (total : 3,1 ans) 2ème survol de la Terre pour atteindre Jupiter, les comètes… - Mars : stratégie utilisant l’orbite 3:2 (3 ans), retour à 9 km/s un seul survol de la Terre peut suffire pour atteindre Jupiter - budget en masse : 1500 kg avec Soyuz à Kourou 3 + 3 = 6 ans de trajet pour Jupiter !!! - Seul problème : les dates et positions de départ sont limitées aux fenêtres vers Vénus (tous les 1,6 ans) et Mars (tous les 2,2 ans) EXEMPLE: TERRE-VÉNUS-TERRE VERS JUPITER EN 2013 Lancement : 10/2013 (1) Départ : 3,68 km/s, 6° N 1530 kg avec Soyuz T2 3 5 1 Survol de Vénus: 02/2014 (2) vitesse relative : 6.21 km/s 2 Retour à la Terre : 12/2014 (3) Vitesse relative : 8.9 km/s 2:1 DV AG (vers l’intérieur) manœuvre : 180 m/s (4) 4 retour à la Terre : 11/2014 (5) Vitesse relative : 10 km/s arrivée à Jupiter: 07/2019 (6) Vitesse relative : 5.84 km/s 1440 kg à l’approche de Jupiter Temps de trajet 5.7 years DVGA : 1180 kg, 9 years 6 CASSINI, novembre 1997: Stratégie T-V-DV-V-T Départ : 3,2 km/s (1) Rencontre de Vénus : 6,1 km/s (2) 2:1 DV AG de Vénus à Vénus manœuvre : 410 m/s (3) 4 5 2 Retour à Vénus: 9.1 km/s (4) Survol de la Terre (5) à 16 km/s au bout de 1,8 ans 1 3 ans pour Jupiter, 7.5 ans pour Saturne Transfert de Hohman idéal : Départ 10.3 km, 5 ans 3 ROSETTA (janvier 2004) : T-DV-T-M-T-T-comète Lancement: 26/02/2004 (1) 3.4 km/s, 0° (idéal pour A5) 1:1 DV AG, 200 m/s (2) Retour à 3.85 km/s (3) AG Terre - Mars - Terre (3-4-5) Retour à 9.3 km/s (5), Orbite 2:1 (5-7, 2 ans) Survol final (7) vers la comète Churyumov-Gerasimenko DV total : 1,6 km/s, RV compris 1,6 tonnes en rendez-vous Arrivée : août 2014 Durée de trajet : 10,5 ans STATÉGIE SANS PROPULSION POUR SOLAR ORBITER Mission exigeante : orbites très inclinées Une vitesse relative à Vénus de 18 à 20 km/s est nécessaire 01/2017 : lancement at 3,4 km/s (1) 5.7 km/s à Venus (2) T-V-T AG (1-2-3): survol de la Terre à 10.4 km/s V-T-T-V AG (2-5): Survol de Vénus à 19 km/s (5) après 4 ans, DV NUL !! Survols polaires de Vénus (5,6,7..) Sur une orbite 2:3 (1,2 ans): Inclinaison > 30° orbite 2:3 SOLAR ORBITER: LA SÉQUENCE D’ORBITES INCLINÉES Après 4 survols de Vénus l’inclination dépasse 30°, avec un périhélie à 0.3 UA Vues rapprochées des pôles du Soleil 1500 kg 7.6 ans pour i > 30° SONDE SOLAIRE (2016) : NOUVELLE STRATÉGIE NASA • début comme Solar Orbiter • survols successifs de la face avant de Vénus à 21 km/s • le périhélie diminue • après 10 ans : approche tous les 90 jours à 10 rayons solaires (7 millions de km) flux solaire : 6 Mwatt / m2 !!! manœuvre L’ASSISTANCE GRAVITATIONNELLE DANS LES SYSTÈMES DE SATELLITES • les systèmes de satellites sont des systèmes solaires en miniature - périodes orbitales plus courtes • Trois situations dans le système solaire : - aucun satellite avec un potentiel d’assistance > 200 m/s Mercure, Vénus, Mars, Uranus ¿ - un satellite avec un potentiel d’assistance important période (jours) Terre / Lune Saturne / Titan Neptune / Triton 27,30 15,93 5,88 V orbite V circulaire 1,0 km/s 1.68 km/s 5,6 1.94 4,4 1.02 - le système de Jupiter : quatre satellites efficaces Io 1,77 17,3 1,82 Europe 3,55 13,7 1,44 Ganymede 7,15 10,9 1,95 Callisto 16,69 8,2 1,67 CASSINI DANS LE SYSTEME DE SATURNE Titan: seul satellite avec un bon potentiel (Vc: 1.94 km/s) période orbitale : 16 jours, vitesse orbitale 5,56 km/s La vitesse relative à Titan est constante (sauf DV) meilleur choix : vitesse relative = vitesse orbitale = 5.56 km/s DV maximum procuré par un survol de Titan : 1.1 km/s Rotation de la ligne des apses - conditions d’éclairement de satellites en rotation synchrone Excursions à haute latitude : - observations des régions polaires de Saturne, des anneaux étude de la magnétosphère de Saturne ÉLÉMENTS CONSTITUTIFS D’UN “TOUR” À UN SATELLITE manœuvre « pétale » on passe devant Titan (2), puis derrière Titan (3) rotation de 40° en 78 jours Séquences d’orbites inclinées Orbite 1:1 (15,95 jours), survols polaires de Titan Inclinaison : 20.7°, 36.5°, 46.7°, 53°, 57°, 59° 16 jours par pas vers le haut ou vers le bas 1,2,3,4,5… TOUR CASSINI : 11/2004 TO 11/2008 (vue en plan) E. orbites inclinées à courte période (1:2 = 8 jours) D. 2ème excursion à haute latitude B. 1ère excursion à haute latitude C. pétales A. Insertion et descente de la sonde Huygens dans l’atmosphère de Titan (1,5 bars d’azote !) TOUR CASSINI : 11/2004 TO 11/2008 (vue de côté) E. orbites inclinées à courte période (1:2 = 7,5 jours) D. 2ème excursion à haute latitude C. pétales B. 1ère excursion à haute latitude A. Insertion et descente de la sonde Huygens dans l’atmosphère de Titan (1,5 bars d’azote !) LA MISSION « EJSM » VERS LE SYSTÈME DE JUPITER Mission coordonnée entre l’ESA (orbiteur de Ganymède JGO) et la NASA (orbiteur d’Europe, JEO) Trajet Terre ŔVénus Ŕ Terre - Terre « standard » (6,4 ans) LA MISSION JGO (ESA) L’insertion dans le système de Jupiter (JOI) requiert 1,2 km/s un premier survol de Ganymède avant l’insertion économie 300 m/s des survols successifs de Ganymède (G) associés à des assistances de Callisto (C1, C2) réduisent gratuitement les vitesses relatives (8 km/s à G1, 2 km/s à C2) Après 10 survols de Callisto, une stratégie DV AG permet de mettre la sonde en orbite polaire autour de Ganymède pour un DV de 900 m/s Direction du Soleil Lors de l’insertion CONCLUSIONS DE LA SECTION 3 (1) • L’assistance gravitationnelle, avec ou sans manœuvre (DV AG) et les approches à plusieurs planètes ont permis : - une visite de toutes les planètes géantes (Voyager) - une mission orbiteur et sonde (2 tonnes au total) vers Saturne (Cassini) - une mission de rendez-vous cométaire avec aterrisseur (Rosetta) • Des missions encore plus ambitieuses sont programmées - 1.5 tonne à > 30° inclination (Solar Orbiter) - 1.1 tonne à 7 millions de km du Soleil (Solar probe) - 1 tonne en orbite polaire autour de Ganymède et Europe (EJSM) Quel est l’intérêt de nouvelles méthodes de propulsion ? CONCLUSIONS DE LA SECTION 3 (2) • Le bilan de masse impose des trajets de plus en plus long avec le couple propulsion chimique / assistances gravitationnelles - 11 ans pour Rosetta - 10 ans pour la sonde solaire - 14 ans pour un orbiteur d’Uranus • quelques missions restent impossibles - rendez-vous multiple avec des astéroïdes - orbiteur polaire circulaire du soleil - retours d’échantillons de petits corps, de Mercure, du système de Jupiter • fort intérêt pour réduire le temps de trajet (c’est de l’argent !) et diminuer la masse de carburant • stratégies faibles poussées : propulsion électrique, voile solaire 4. Les propulsions à faible poussée NOUVEAUX SYSTÈMES DE PROPULSION • propulsion ionique : - source d’ions accélérés à travers une grille haute tension Vej: 30 à 100 km/s → forte réduction de la masse de carburant érosion ionique de la grille : durée de vie limitée (~ 2 ans de poussée) • Le problème de la source de puissance : - poussée : dm/dt Vej - puissance : 0.5 Vej2 dm/dt - watts / newton: 0.7 Vej (rendement 70%), 35 KW/N pour 50 km/s • Système solaire interne : Propulsion Electrique Solaire (5 - 20 kW) 1500 kg to 3000 kg, 0,2 à 0,6 Newton • Système solaire externe : Propulsion Nucléaire Electrique (> 100 kW) 5 à 15 tonnes, poussée 5 N, missions très chères ! FAIBLE POUSSÉE : LES ÉLÉMENTS DE BASE • propulsion ionique / propulsion chimique DV > 4 km/s (très peu de masse utile en chimique) des capacités plus importantes en DV réduisent le temps de trajet • DV typique : 20 à 40 m/s par jour (d’où « faible poussée ») pas d’intérêt à la poussée près d’une planète (survol : 2000 sec) 6 km/s à 12 km/s par an : très efficace en espace profond synergie évidente avec les approches DV AG • faire tourner le plan de l’orbite n’est pas évident on s’éloigne rapidement de l’une des deux positions optimum (intersection du plan actuel et du plan souhaité) La mission BepiColombo Vers Mercure • lancement en août 2014 par Ariane 5 • 4,3 km/s de DV embarqué (Xénon) • 6,4 ans de trajet • un survol de la Terre, deux de Vénus, quatre de Mercure avant l’arrivée fin 2020 difficulté spécifique : l’orbite de Mercure est inclinée de 7° sur l’écliptique accélération freinage LA VOILE SOLAIRE : UN CHALLENGE ! • pas de carburant consommé ! seule solution pour les missions à plus de 50 km/s de DV (orbiteur polaire du Soleil) • la composante radiale ne sert pratiquement à rien Poussée utile Voile 100% réfléchissante • meilleure position de la voile: angle 45° ; poussée utile = pression de radiation •p=E/c poussée = W / c 3.33 10-9 Newtons / watts; à la Terre : 1400 Watts, 5 10-6 Newtons / m2 • 50 km/s en 5 ans : 10 km/s par an véhicule de 500 kg, voile solaire de 1000 kg : 0.5 N, voile de 1 km2 • à 1 UA, 1 g / m2 en incluant la structure de support << les meilleurs spinnakers • problème du vieillissement de la voile (UV solaires) Conclusions de la section 4 • la propulsion ionique a été testée avec succès au début des années 2000 (DS1, SMART-1) • C’est aujourd’hui une technologie « mature » BepiColombo (ESA) : mission orbitale dédiée à Mercure DAWN (NASA) : rendez-vous avec Céres et Vesta Hayabusa 1-2 (Japon) : retour d’échantillons d’astéroïdes • Beaucoup reste à faire pour amener la voile solaire au même niveau de maturité (si c’est possible !) • Les propulsions à faible poussée sont une mine de TIPE plutôt difficiles : - 1ère étape : développer un intégrateur 3D - 2ème étape : tester les meilleures stratégies pour modifier le demi-grand axe, le plan de l’orbite CONCLUSIONS • l’analyse de missions permet d’aborder la dynamique de manière très concrète : - conservation de l’énergie - conservation du moment cinétique et du moment orbital - jeux de bascule entre ces quantités avec les survols planétaires • les outils à maîtriser couvrent une très large gamme de complexité - équation des fusées (exponentielle !) - équations du mouvement dans une force centrale - calcul de trajets entre planètes - poussée continue • l’optimisation requiert une approche mathématique complexe, mais une approche simplifiée permet d’être très proche de l’optimum