Otto Dix : Apport d'Amstutz et Guichard à la problématique

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Travail de fin de session
Apport des textes de Nina Amstutz (2020) et Charlotte Guichard (2018) à la
formulation de la problématique du projet de mémoire portant sur l’œuvre du peintre
et graveur moderne Otto Dix (1891-1969)
Travail présenté à
Madame Peggy Davis
HAR 806D - 30
Histoire de l'art et historiographie.
Approches actuelles de l’art des XVIIIe et XIXe siècles
par
Michelle LESSARD-HÉBERT
LESM18604905
Maîtrise en histoire de l’art (3163)
Université du Québec à Montréal
23 avril 2025
Table des matières
Page
TABLE DES MATIÈRES ............................................................................................. I
INTRODUCTION ........................................................................................................ 1
PROBLÉMATIQUE DE RECHERCHE ...................................................................... 2
1. Otto Dix et la Nouvelle Objectivité : Conjugaison de l’art à l’indicatif présent
du XXe siècle.......................................................................................................... 2
2. Otto Dix et les maîtres anciens : Conjugaison de l’art au passé composé
et apport des ouvrages de Amstutz (2020) et de Guichard (2018) ......................... 5
2.1 L’apport du texte de Amstutz à notre problématique ....................................... 7
2.2 L’apport du texte de Guichard à notre problématique ................................... 13
CONCLUSION ........................................................................................................... 15
BIBLIOGRAPHIE ...................................................................................................... 16
INTRODUCTION
Grâce à l’apport d’idées nouvelles tirées de deux ouvrages analysés dans le cadre du
séminaire Approches actuelles de l’art des XVIIIe et XIXe siècles, nous entendons
enrichir la formulation de notre problématique de recherche dont le sujet portera sur
les œuvres et le discours du peintre et graveur moderne Otto Dix (1891-1969), analysés
sous l’angle du ou des régimes d’historicité et du type d’ontologie qui les sous-tendent
1
.
À la lumière de l’ouvrage de Nina Amstutz (2020), Caspar David Friedrich: Nature
and the Self, nous montrerons en quoi l’approche naturaliste romantique du paysage et
la pensée analogique associées à la production artistique de Friedrich entrent en
résonance avec l’approche de la Nouvelle Objectivité et le travail paysagiste d’Otto
Dix après 1933, pendant son « exil intérieur » imposé par la situation politique
prévalant alors dans l’Allemagne nazie. De plus, considérant les idées exposées par
Charlotte Guichard (2018) dans La griffe du peintre. La valeur de l'art (1730-1820),
nous examinerons la question de l’attribution possible d’une valeur symbolique
archaïsante au type de signature largement adoptée par Dix au cours de sa carrière : le
monogramme. Cette pratique prendrait ainsi place au cœur d’un faisceau d’indices
pointant vers un travail d’inscription de son œuvre sur le temps long de l’histoire de
l’art. Ces idées nouvelles enrichissent notre problématique et nous font mieux voir la
coordination d’une double conjugaison de l’œuvre de Dix au temps présent de son
approche dite de la Nouvelle Objectivité et au temps passé de la source d’inspiration
que fut, pour lui, l’œuvre de grands maîtres de la Renaissance et du XIXe siècle.
1
Le dépôt de notre sujet se fera à l’automne 2025.
264
PROBLÉMATIQUE DE RECHERCHE
1. Otto Dix et la Nouvelle Objectivité : Conjugaison de l’art à l’indicatif présent du
XXe siècle
Otto Dix est un peintre figuratif et graveur allemand associé à plusieurs mouvements
des avant-gardes européennes du premier tiers du XXe siècle : futurisme,
expressionnisme, Dada, puis Nouvelle Objectivité, dont il fut « l’un des chefs de file »
(Musée de Grenoble, 2003, p. 32). Au cours de la Grande Guerre (1914-1918), l’artiste
combat sur le front et son œuvre en sera profondément marquée
2
. Après sa formation
à l’Académie des beaux-arts de Dresde, Dix devient surtout célèbre comme portraitiste
auprès d’une riche clientèle bourgeoise et obtient un poste de professeur à l’Académie
de Dresde. En 1933, l’arrivée au pouvoir du gime nazi met un frein à sa carrière
jusque-florissante. Le peintre est destitué de son poste et se voit interdit d’exposition.
Son art est qualifié de « dégéné »
3
et 260 de ses œuvres sont confisquées, certaines
détruites. Contraint à une longue « émigration intérieure » (1933-1946), Dix quitte la
ville de Dresde et s’installe à la campagne, près de la frontière germano-suisse (Goerig-
Hergott, 2016, p. 168-191). Discrètement cependant, il poursuit son travail artistique,
se tournant principalement vers le dessin et la peinture de paysages, effectuant divers
séjours dans cette région limitrophe et en Suisse
4
.
2
Formé à la gravure, Dix produit ainsi le cycle de cinquante eaux-fortes La guerre (1924). Ses dessins,
gouaches ou tableaux représentent souvent des « gueules cassées », des invalides et prostituées qui
tentent de survivre dans les rues des grandes villes. Dix peint deux importants triptyques pendant l’entre-
deux-guerres : La grande ville, en 1927-1928, et La Guerre, entre 1929 et 1932. Vers la fin de la
Deuxième Guerre (1939-1945), au début de 1945, Dix est conscrit dans le Volkssturm (Bataillon du
Peuple) de l’armée allemande pour participer, contre son gré, à un ultime effort de guerre. En avril, il
est fait prisonnier par l’armée française et demeure détenu au camp de Colmar (Alsace) jusqu’à sa
libération, en 1946. De nombreuses œuvres seront inspirées de cette expérience de prisonnier.
3
Dans le contexte contemporain, ces événements politiques trouvent une forte résonance; ainsi, le Musée
national Picasso-Paris présente l’exposition L’art dégénéré. Le procès de l’art moderne sous le nazisme,
du 18 février au 25 mai 2025 (Popelard, 2025).
4
Soulignons d’ailleurs qu’à l’automne 2024, une exposition spéciale, intitulée Otto Dix und die Schweiz
(Otto Dix et la Suisse), est organisée autour des paysages de Dix et un catalogue est publié par le Musée
d’art des Grisons de Coire, en Engadine (Suisse) (Kunz et Jessen, 2024).
3
Si la carrière de Dix est marquée d’une apparente césure temporelle, spatiale et
culturelle (avant et après 1933, les grandes villes et la ruralité, les portraits ou scènes
de genre et les paysages, la culture moderne et la nature), nous soutenons, cependant,
que son intérêt pour la peinture de paysages s’inscrit tout à fait en continuité avec sa
démarche artistique associée à la Nouvelle Objectivité.
Une revue de littérature nous a permis de constater que l’historiographie s’intéresse
principalement aux aspects iconologiques et sémiotiques de l’œuvre de Dix et à ses
thèmes récurrents, profanes ou religieux: la guerre, la mort (« Thanatos ») et la
crucifixion, la violence, le vieillissement, la vie moderne dans les grandes villes et leurs
rues, les femmes et la sexualité (« Eros »), (Karcher, 2012, p. 62, 76 et 80). Le grand
nombre d’autoportraits et l’importance du portrait dans la carrière de Dix, surtout avant
1933, sont également soulignés à grands traits, ainsi que son rôle marquant dans le
mouvement de la Nouvelle Objectivité en Allemagne, au cours des années 1920
5
. Ce
courant touchait plusieurs domaines de la vie culturelle. « Pour moi, en tout cas,
affirme Dix (2007, p. 438), c’est l’objet qui compte en premier, et la forme n’est donnée
que par l’objet. Aussi ai-je toujours attaché une grande importance à m’approcher le
plus possible de la chose que je vois. () Ce n’est qu’à partir du quoi que s’élabore le
comment! ». L’historienne de l’art Eva Karcher (2012, p. 7) soutient que « Otto Dix
était le peintre de la Nouvelle Objectivité par excellence. Cela, affirme-t-elle, parce
qu’il ne se soumettait pas aux règles de style »
6
.
5
Voir Centre national d’art et de culture Georges Pompidou (2022), Schlesser (2011), Musée de
Grenoble (2003), Adkins (2002) et Pratt (1998).
6
». Le Kunstmuseum de Stuttgart organisait d’ailleurs, en 2012, une exposition intitulée The Eye of the
World. Otto Dix and the New Objectivity : « In Stuttgart, the Kunstmuseum used its important collection
of works by Otto Dix as a basis to understand this style as a major artistic language in modernism. Otto
Dix self-confidently seized upon one of the great currents of twentieth-century art: “The New Objectivity,
I invented that.” (…) Even after 1933, Dix continued working in the style of the New Objectivity in
his landscapes » (https://www.kunstmuseum-stuttgart.de/en/exhibitions/eye-world). Le caractère gras
est de nous.
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