
PROBLÉMATIQUE DE RECHERCHE
1. Otto Dix et la Nouvelle Objectivité : Conjugaison de l’art à l’indicatif présent du
XXe siècle
Otto Dix est un peintre figuratif et graveur allemand associé à plusieurs mouvements
des avant-gardes européennes du premier tiers du XXe siècle : futurisme,
expressionnisme, Dada, puis Nouvelle Objectivité, dont il fut « l’un des chefs de file »
(Musée de Grenoble, 2003, p. 32). Au cours de la Grande Guerre (1914-1918), l’artiste
combat sur le front et son œuvre en sera profondément marquée
. Après sa formation
à l’Académie des beaux-arts de Dresde, Dix devient surtout célèbre comme portraitiste
auprès d’une riche clientèle bourgeoise et obtient un poste de professeur à l’Académie
de Dresde. En 1933, l’arrivée au pouvoir du régime nazi met un frein à sa carrière
jusque-là florissante. Le peintre est destitué de son poste et se voit interdit d’exposition.
Son art est qualifié de « dégénéré »
et 260 de ses œuvres sont confisquées, certaines
détruites. Contraint à une longue « émigration intérieure » (1933-1946), Dix quitte la
ville de Dresde et s’installe à la campagne, près de la frontière germano-suisse (Goerig-
Hergott, 2016, p. 168-191). Discrètement cependant, il poursuit son travail artistique,
se tournant principalement vers le dessin et la peinture de paysages, effectuant divers
séjours dans cette région limitrophe et en Suisse
.
Formé à la gravure, Dix produit ainsi le cycle de cinquante eaux-fortes La guerre (1924). Ses dessins,
gouaches ou tableaux représentent souvent des « gueules cassées », des invalides et prostituées qui
tentent de survivre dans les rues des grandes villes. Dix peint deux importants triptyques pendant l’entre-
deux-guerres : La grande ville, en 1927-1928, et La Guerre, entre 1929 et 1932. Vers la fin de la
Deuxième Guerre (1939-1945), au début de 1945, Dix est conscrit dans le Volkssturm (Bataillon du
Peuple) de l’armée allemande pour participer, contre son gré, à un ultime effort de guerre. En avril, il
est fait prisonnier par l’armée française et demeure détenu au camp de Colmar (Alsace) jusqu’à sa
libération, en 1946. De nombreuses œuvres seront inspirées de cette expérience de prisonnier.
Dans le contexte contemporain, ces événements politiques trouvent une forte résonance; ainsi, le Musée
national Picasso-Paris présente l’exposition L’art dégénéré. Le procès de l’art moderne sous le nazisme,
du 18 février au 25 mai 2025 (Popelard, 2025).
Soulignons d’ailleurs qu’à l’automne 2024, une exposition spéciale, intitulée Otto Dix und die Schweiz
(Otto Dix et la Suisse), est organisée autour des paysages de Dix et un catalogue est publié par le Musée
d’art des Grisons de Coire, en Engadine (Suisse) (Kunz et Jessen, 2024).