
10-2019
© Editions T.I.
REX 301 - 4
RETOUR D’EXPÉRIENCE
font soudainement ressurgir des soubassements de notre
mémoire de lointains souvenirs, chargés d’émotion. Il peut faci-
liter le travail des soignants en complétant ce qu’ils savent sur
le patient, en apprenant sur son parcours, en approfondissant
les données récoltées lors de l’histoire de vie. Pour aboutir à
une interaction satisfaisante, le personnel soignant doit être en
mesure d’initier, maintenir et surtout interpréter les signes
(gestes, mimiques…) de l’interlocuteur en les indexant à une
signification pertinente en contexte (Carrion-Martinaud, 2016).
■Un outil supplémentaire dans le quotidien du soignant : c’est
un médiateur pour le personnel soignant qui peut compléter
ces informations sur l’histoire et le vécu du patient transmis
en général par sa famille (Dolbeau-Bandin, 2018). Il permet
de découvrir d’autres facettes indispensables pour adapter la
thérapie non médicamenteuse. Au-delà du bénéfice clinique
qu’il peut procurer aux patients, l’étude montre qu’il a un
impact sur leur qualité de vie en permettant de limiter leur
agitation, leur déambulation, leur apathie et/ou leur agressi-
vité. Cela aide ces professionnels dans leur travail quotidien,
dans leurs relations avec les patients, et c’est bien en train de
transformer l’organisation de leur service. Leur expérience de
la maladie est favorable à l’intégration du robot et constitue
une ressource dans la création du contact médiatisé par la
gérontechnologie (Carrion-Martinaud, 2016). Ici, il n’y a pas
d’excès de technicisation et le soignant ne se centre pas uni-
quement sur le soin réalisé : il laisse la place à la relation.
Dans cette approche globale du patient, PARO® permet
notamment d’assurer le confort de vie et de redonner un sens
cohérent aux actes des soignants (Dolbeau-Bandin, 2018).
■Un nouveau support de médiation : PARO® reconnaît les émo-
tions, y répond de façon adaptée et interagit de manière simple
et naturelle avec autrui. Il propose « des mimiques et des into-
nations simplifiées ». Il faut voir les robots comme une technique
additionnelle (Baddoura, 2016) pour aider les soignants dans
leur travail. Il est souhaitable que les soignants restent toujours
présents et que les robots soient des « cobots » c’est-à-dire des
partenaires de soin (Dolbeau-Bandin, 2018). L’étude montre que
ce robot apporte dans certains cas des ressources nouvelles,
intéressantes, et qu’il en amplifie d’autres. Cette thérapie non
médicamenteuse doit être perçue comme un outil complémen-
taire au travail du personnel soignant (Baddoura, 2016).
3.2 Points négatifs
■L’effet de PARO® ne semble perdurer que sur la durée de
l’intervention et améliore à court terme l’état émotionnel des
patients (Dolbeau-Bandin, 2018). On peut s’interroger sur
l’efficacité limitée.
■On constate des cas de rejet de la part des soignants et des
soignés. Tous les soignants ne manifestent pas l’envie d’adopter
l’outil. D’autres sont aussi déstabilisés ; une AS était mal à l’aise
face à ce robot la première fois qu’elle l’a vu en marche. Certains
patients le rejettent, refusent de le toucher et évoquent des sou-
venirs douloureux avec des animaux ou de jeunes enfants.
■D’autres difficultés souvent évoquées sont en lien avec la
représentation du jeu, la peur de l’infantilisation toujours en
arrière-fond de la pensée des professionnels qui utilisent le jeu,
se détournant ainsi de toute une offre qui pourrait pourtant
être adaptée (Carrion-Martinaud, 2016). Certains soignants
trouvent infantilisant pour un adulte de parler à une peluche
interactive, surtout devant les membres de la famille. En géné-
ral, le personnel soignant évite l’infantilisation du patient en lui
parlant doucement et normalement. Une régression a souvent
lieu (souvenirs d’enfance) mais elle est bénéfique (souvenirs,
ressources pour affronter la réalité) et de courte durée.
■Les séances avec PARO® peuvent être régulièrement mises
à mal par la pathologie Alzheimer et une difficulté en lien avec
le manque de formation spécifique à son usage (Carrion-
Martinaud, 2016). Ces difficultés influent sur le personnel soi-
gnant dans son usage du robot auprès de personnes
démentes, et il s’agit souvent d’intervenir auprès des profes-
sionnels en première intention pour rendre compte d’une
situation de jeu adaptée au contexte d’intervention.
■D’autres points gênants sont relatifs à son maniement : il
pèse 2,5 kg et toutes les personnes âgées n’ont pas la force
de le porter. De plus, son poids peut être dangereux s’il tombe
sur le pied d’un malade. Il peut y avoir des allergies à la four-
rure synthétique. Son autonomie est limitée (2 heures) ; les
robots actuels ont, pour la plupart, une batterie particulière-
ment faible et passent parfois plus de temps en charge qu’en
activité. On peut l’utiliser branché mais le câble limite et com-
plexifie le bon déroulement des séances.
■L’intégration de ce robot social nécessite un entretien quoti-
dien et une supervision permanente. On recense en général
un PARO® pour un service ou des services, ce qui demande
beaucoup de temps aux soignants. Le lieu où on le stocke
peut constituer un frein à son usage : à Valognes, le person-
nel signale régulièrement qu’il est dans sa réserve, caché et
loin, ce qui les empêche de l’utiliser plus souvent. Des pro-
blèmes techniques peuvent compliquer cet usage : à
Valognes, une des nageoires du PARO® est endommagée et
chacun de ses mouvements s’accompagne d’un bruit méca-
nique, une sorte de grincement pouvant gêner certains soi-
gnants et soignés. Ce qui conduit à réduire son usage et à
l’envoyer en réparation, et les réparations sont assez longues
(plusieurs semaines) et coûteuses.
3.3 Axes d’amélioration
Les technologies telles que PARO® ne remplaceront pas le
personnel, mais elles constituent et constitueront des moyens
d’assistance complémentaires au travail des soignants, et
doivent être considérées comme tels (Dolbeau-Bandin, 2018).
Ces dispositifs ne peuvent être acceptés que s’ils permettent
d’offrir une meilleure qualité des soins ou des avantages
concrets dans le travail des soignants au quotidien, notam-
ment dans le soulagement de tâches physiquement difficiles
(Carrion-Martinaud, 2016). Le soignant peut s’approprier cet
outil facilement et en faire un usage adapté aux besoins des
patients et l’inscrire dans un projet thérapeutique global
(Dolbeau-Bandin, 2018). C’est bien une piste prometteuse qui
mérite le développement d’études plus standardisées portant
sur des échantillons plus larges (Sant’Anna, Morat & Rigaud,
2011).
Seulement, il faut rester vigilant au point de vue éthique :
pas de confusion, pour des personnes vulnérables… Il faut
connaître, repérer et structurer un cadre pour guider les pra-
tiques futures avec PARO® notamment en institutions géria-
triques (Dolbeau-Bandin, 2018). Il faut aussi repenser le cadre
et les enjeux éthiques de la robotique sociale en gériatrie en
conciliant la tension entre efficacité des unités hospitalières,
complémentarité et éthique du métier et amélioration des
soins pour les patients. Aujourd’hui et demain, pour vivre au
mieux la robotique de service et personnelle, il faut mener un
projet et une réflexion pluridisciplinaires ou communs.
Fiche entreprise
Nom de l’entreprise : Hôpital public de Valognes (Manche),
Normandie
Secteur d’activité : Santé
Nombre de collaborateurs : NC
Siège social : Valognes, Normandie
Site : http://www.ch-cotentin.fr/chpc/presentation-generale
Contact mail : NC
Parution : août 2019 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200034507 - universite de lille // 194.254.129.28
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