
DOSSIER DOSSIER
376 377
LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 32 l N° 1001 l MAI 2018 LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 32 l N° 1001 l MAI 2018
bien qu’elle soit encore préconisée par certains.
Un bain chaud ou encore une séance d’acupunc-
ture peuvent aider. Certains centres spécialisés
proposent également des blocs paravertébraux ou
l’injection de lidocaïne dans la fosse lombaire et
dans la portion profonde du muscle psoas.
Cependant, ces traitements ne sont pas toujours
reproductibles. De nombreux médicaments sont
utilisés par voie orale ou parentérale. Le phloro-
glucinol (Spasfon), encore largement prescrit car
bien toléré, n’a pas démontré son intérêt. Le para-
cétamol seul ou associé au tramadol peut s’avérer
efficace si les douleurs sont de faible intensité.
Les AINS sont le traitement de référence. Ils
agissent en bloquant les cyclo-oxygénases impli-
quées dans la réaction inflammatoire et diminuent
l’œdème local tout en provoquant une relaxation
des fibres musculaires lisses de l’uretère. Ils rédui-
sent également le débit de filtration glomérulaire
(sans conséquence si fonction rénale normale).
Parmi les molécules utilisables (diclofénac, indo-
métacine, kétoprofène), seul le kétoprofène a
une AMM pour l’administration IV. Il a l’avantage
d’être maniable et relativement sûr, et ne néces-
site pas de titration. Sa durée d’action est prolon-
gée. C’est le médicament de première intention,
en l’absence de contre-indication (insuffisance
cardiaque, rénale ou hépatique sévère, grossesse,
ulcère gastrique, hypersensibilité au produit).
O
n préfère la voie intraveineuse. En général,
100 mg en IV lente, au maximum 3 fois/24 heures.
Le kétoprofène est utilisable per os en l’absence de
vomissement (100-200 mg/j). La morphine titrée
peut être injectée en IV en cas de non-réponse
au traitement initial ou de contre-indication aux
AINS
.
QUELLE IMAGERIE ?
En urgence, les examens d’imagerie sont indiqués
pour affirmer le diagnostic, évaluer la gravité (rein
unique, urinome par rupture des cavités excré-
trices) et préciser les chances d’expulsion sponta-
née du calcul (taille, localisation et morphologie).
L’association ASP/échographie rénovésicale
a une sensibilité de 80 à 90 % pour identifier le
calcul et l’obstruction.
Le scanner sans injection est très performant
pour le diagnostic de colique néphrétique :
ses
sensibilité et spécificité sont élevées, comprises
entre 96 et 100 %. Outre le calcul (taille et densité
en unités Hounsfield, UH) et sa localisation précise,
il met en évidence une dilatation pyélocalicielle et
une néphromégalie avec infiltration de la graisse
périrénale et péri-urétérale (fig. 2). C’est l’explora-
tion de référence avant un traitement urologique
afin de préciser au mieux la morphologie des
voies urinaires et les caractéristiques du calcul. Un
examen des voies urinaires avec injection est éga-
lement recommandé avant de traiter un calcul. 2-4
En cas de doute sur la valeur fonctionnelle du
rein atteint, une scintigraphie au DMSA ou au
MAG 3 (traceurs diurétiques éliminés par voie
rénale) peut être nécessaire.
DEVENIR DES CALCULS
URÉTÉRAUX
Leur élimination spontanée est fréquente au
décours d’une crise, d’autant plus qu’ils sont petits
et bas situés. Statistiquement, ceux dont la taille
est inférieure à 5 mm sont expulsés dans 46 à 85 %
des cas ; ils le sont dans 36 à 59 % si la taille est
supérieure à 5 mm. Les calculs de l’uretère dis-
tal s’éliminent dans 71 % des cas contre 46 % pour
ceux de l’uretère moyen et 22 % pour ceux de
l’uretère proximal. Au-delà de 8-10 mm, il n’y a
quasiment jamais d’évacuation.
Les alphabloquants augmentent le taux d’ex-
pulsion. Dans une étude récente, la tamsulosine
ou la silodosine permettaient d’obtenir 82 à 88 %
d’expulsion spontanée pour des calculs mesurant
de 3 à 10 mm. Pour les recueillir, il faut demander
au patient de filtrer ses urines et faire une ana-
lyse morphoconstitutionnelle par spectrométrie
infrarouge.
Si le calcul est toujours en place dans l’uretère
à 4-6 semaines, il a peu de chances de s’éliminer
spontanément : un traitement urologique doit
être proposé.
QUELLE PRISE EN CHARGE ?
Elle dépend de plusieurs éléments (encadré 3).2-6
Les sociétés savantes suggèrent de ne pas trai-
ter les petits calculs rénaux asymptomatiques,
en sachant que le seuil se situe généralement au-
delà de 5, voire 10 mm.2, 6 Ceux asymptomatiques
situés dans le calice inférieur ou dans des zones
considérées comme exclues, telles que les diver-
ticules caliciels, peuvent également faire l’objet
d’une surveillance.6 Cette stratégie doit néanmoins
être discutée avec le patient.
Chez des malades très fragiles, aux lourdes co-
morbidités, la surveillance peut être proposée
quelle que soit la taille des calculs, si toutefois ils
sont asymptomatiques.6
L’abstention thérapeutique doit s’accompa-
gner d’un suivi par ASP et/ou échographie rénale
annuelle. Un bilan métabolique sanguin et uri-
naire est également souhaitable afin de ne pas
méconnaître un facteur de risque de croissance du
calcul. De même, les recommandations hygiéno-
diététiques (encadré 4) doivent être rappelées au
patient ainsi que les risques évolutifs. En cas de
complication douloureuse et/ou infectieuse, il doit
immédiatement consulter.
Chez certains sujets, les calculs rénaux sont trai-
tés même si leur taille est inférieure au seuil.6 C’est
le cas des aviateurs et des spationautes. Les marins
3. Critères de prise
en charge
Liés au calcul :
– taille
– topographie
– composition et dureté,
connues ou présumées
Liés au patient :
– caractéristiques anatomiques
– comorbidités éventuelles
– anatomie de la voie excrétrice
supérieure
– fonction rénale globale et
valeurs fonctionnelles
respectives de chaque rein
– certains impératifs personnels
ou professionnels (aviateurs)
Liés à l’urologue :
– plateau technique dont
il dispose
Fig. 2 – Scanner montrant un calcul
préméatique droit.
!375!_MG1001_Dossier_Meria V2.indd 377 26/04/2018 16:04
TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE