Saint Saturnin de Toulouse : Histoire et Martyre

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Saint Saturnin de Toulouse
Liénard de Lachieze
Missel romain
1492
Alexandre Roux
Publication sur X
24 février 2024

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Introduction
I. Contexte historique
II. Les sources du récit de la vie et du martyre de saint Saturnin
III. Le récit du martyre de saint Saturnin
IV. La Traslatio de Saint Saturnin
V. L’héritage spirituel et culturel de Saint Saturnin
Conclusion
Documents
Introduction
Le Toulousain se distingue par son attachement à la « Ville Rose » : son patrimoine, la
culture occitane, le cassoulet et la saucisse de Toulouse. Il est fier de son équipe de rugby, le
Stade Toulousain et des derniers exploits du TFC (Toulouse Football Club). Toulouse est à la
fois une ville dynamique grâce à son industrie aéronautique, et une ville ancrée dans l’histoire
à l’image de sa basilique Saint Sernin, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Saint
Sernin, ou saint Saturnin de Toulouse, premier évêque et martyre légendaire de la ville, fait
partie de l’identité toulousaine, que l’on soit catholique ou non, c’est une figure fédérative de
la ville.
L’étude de la figure Sernin, est une porte d’entrée pour examiner la construction de l’image
de la sainteté dans le christianisme. Ce mémoire propose une analyse critique des sources
historiques, hagiographiques et archéologiques afin de retracer les contours historiques de la
vie de saint Saturnin de Toulouse et d’évaluer la portée des récits légendaires qui lui sont
associés.
Le contexte historique de Toulouse, depuis son intégration dans l’Empire romain jusqu’à la
période wisigothique, nous aidera à appréhender la place occupée par Saturnin dans
l’émergence du christianisme local. La Passio Sancti Saturnini, les martyrologes et d’autres
sources liturgiques offrent des éléments clés pour distinguer les faits historiques des
embellissements hagiographiques. Par ailleurs, l’étude des témoignages archéologiques, tels
que les vestiges de la basilique dédiée au saint et du Capitole, lieu présumé de son martyre,
permet d’éclairer les conditions matérielles et culturelles ayant favorisé le développement de
son culte. Une analyse iconographique des représentations de Saturnin au fil des siècles révèle
également les dynamiques évolutives de son image dans la mémoire collective.

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Ce travail s’inscrit dans une perspective critique visant à comprendre le rôle de saint Saturnin
dans la structuration religieuse et culturelle de Toulouse. En confrontant les différentes
sources disponibles, ce travail est une approche concrète à l’étude de l’hagiographie et à la
compréhension de l’impact des figures saintes sur les communautés locales.
I. Contexte Historique
L’histoire de saint Saturnin, premier évêque de la ville de Toulouse, ne peut se
comprendre sans avoir une première approche historique de la ville.
A) Naissance et développement de la ville de Toulouse
Toulouse, à l'époque romaine, se révèle être un carrefour majeur, tant sur le plan
géographique que politique et économique. L'histoire de la ville commence avec Vieille-
Toulouse, un oppidum celte situé à 13 km au sud de la ville moderne, près du confluent de
l'Ariège et de la Garonne. Cet emplacement stratégique, à 239 mètres d'altitude, servait
initialement de refuge pour les populations locales en cas d'invasion. La transition de cet
oppidum vers la ville de Toulouse elle-même marque un tournant, celle-ci étant décrite par
Strabon comme un village dans une zone marécageuse. Malgré cette description, Toulouse a
rapidement prospéré grâce à sa position avantageuse sur la Garonne. En tant que capitale des
Tectosages, elle est devenue un emporium commercial de premier plan, favorisant une
organisation politique forte. La ville était un point de convergence pour les échanges
commerciaux, ce qui a contribué à son essor et à sa structuration politique.
L'intégration de Toulouse dans l'Empire romain a marqué une nouvelle étape de son
développement. Elle a d'abord été soumise à la domination des Arvernes, puis est passée sous
le contrôle des Romains, jusqu'à la constitution de la province Narbonnaise. Bien que
Toulouse n'ait jamais acquis le statut de colonie, elle a bénéficié du droit latin sous Jules
César et Auguste. Cette concession a favorisé son rayonnement et son développement urbain.
Au Ier siècle de notre ère, Martial la célèbre sous le nom de Tolosa Palladia, soulignant sa
réputation en matière de culture intellectuelle. La construction d'un amphithéâtre sous Galba
témoigne de son importance à cette période. De plus, dès le IVe siècle, la ville possédait des
écoles, confirmant ainsi son statut parmi les cités majeures de la Gaule. Toulouse occupait
alors le troisième rang parmi les villes de la Gaule. Le christianisme s'y est développé et elle
devint un siège épiscopal avec saint Saturnin.
Cependant, l'histoire de Toulouse n'a pas été exempte de bouleversements. Lors de
l'invasion des Cimbres, elle a brièvement secoué le joug romain avant de retomber sous son
contrôle. Au début du Ve siècle, l'évêque Exupère a défendu la ville contre les Vandales.
Cependant, en 413, Toulouse est tombée sous le contrôle d'Ataulphe et des Goths. En 419,
Wallia y a installé la capitale du royaume wisigoth. Cette période wisigothique, qui a duré
jusqu'en 507, a été marquée par des tensions et des rapports complexes avec les autres
royaumes goths, notamment en Espagne. Malgré cela, le royaume wisigoth de Toulouse a
connu un certain éclat avec ses rois ariens, parmi lesquels Wallia, Théodoric, Théodoric II,

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Euric et Alaric II. L'intolérance de ces rois envers le catholicisme est mise en avant dans le
texte.
L’enceinte de la ville, quant à elle, témoigne de la longue histoire de Toulouse.
Ausone décrit les murs de briques de la ville, tandis que des découvertes archéologiques ont
révélé que l'enceinte antique était initialement faite de cailloux, avec des assises de pierre.
L'enceinte a connu des modifications au cours du temps, avec notamment la démolition des
tours par Simon de Montfort en 1215. Des vestiges de cette enceinte ont été retrouvés à divers
endroits, notamment sous le Palais de Justice et près de l'Hôtel de Ville. Des restes d'une
porte, appelée Porta Ariadis, avec des montants en fer rouillé, une voûte en pierre et des
débris de colonnes de marbre, ont également été découverts. Ces éléments montrent la
complexité de l'évolution de la ville et les transformations de son urbanisme.
En somme, le contexte historique de Toulouse à l'époque romaine et wisigothique est
caractérisé par une succession de dominations, un développement commercial et culturel,
ainsi que par des transformations urbaines. Ces éléments ont contribué à façonner l'identité de
la ville et à préparer le terrain pour l'arrivée et le développement du christianisme, avec
l'établissement de Saint Saturnin comme premier évêque. Cette période complexe et riche est
essentielle pour comprendre les enjeux qui ont marqué la vie et le martyre de Saint Saturnin.
B) Le Capitole de Toulouse : Centre Religieux et Politique de la Cité Antique
Le Capitole de Toulouse, situé au cœur du forum, occupait une place centrale dans la vie
religieuse et politique de la cité. Il était dédié à la triade capitoline, composée de Jupiter,
Junon et Minerve. Ce temple symbolisait le lien entre la communauté urbaine et les divinités
protectrices de Rome.
1. Architecture et Dimensions
Avec une façade monumentale de 27 mètres de large, rythmée par huit colonnes de
marbre d'une largeur de 1,5 mètre chacune, le Capitole était le plus grand temple de la ville et
l'un des plus imposants de la Gaule romaine. Cette structure imposante témoigne de la
prospérité de Toulouse entre le Ier et le IIIe siècle. Le temple était composé de trois chambres,
une pour chaque divinité de la triade.
2. Fonction Religieuse
Le Capitole était un lieu de culte où se déroulaient les rites essentiels pour garantir la
faveur des dieux. Les prêtres y accomplissaient les sacrifices et les cérémonies religieuses
importantes pour la vie de la cité. On y offrait des sacrifices, tels que des taureaux, mais les

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sacrifices publics étaient généralement réalisés au pied du podium, face à l’escalier, et non pas
au sommet (comme le récit du martyre de Saint Sernin pourra le laisser penser).
3. Fonction Politique
En tant que symbole de la puissance romaine, le Capitole était également un lieu
important pour la vie politique de la ville. Le forum, qui entourait le Capitole, était le centre
administratif, économique et judiciaire de la cité. Les bâtiments environnants et la
monumentalité du Capitole reflétaient l'intégration de Toulouse dans l'Empire romain et
participaient à l'affirmation de son identité urbaine et civique.
4. Emplacement
L’emplacement du Capitole antique ne correspond pas à l'actuelle place du Capitole.
Des recherches archéologiques situent le forum romain et donc le Capitole antique à
l'emplacement de l'actuelle place Esquirol, au croisement du cardo maximus et du decumanus.
Le podium du Capitole mesurait environ 24 m x 35 m, sans compter l'escalier monumental,
sur une hauteur de 25-26 m. Le Capitole de Toulouse était donc bien plus qu'un simple temple
; c'était un symbole de la puissance romaine et un centre de la vie religieuse et politique de la
ville. Son architecture monumentale, son emplacement central et son rôle dans la vie civique
ont marqué l'histoire de Toulouse.
I. Les Sources du récit de la vie et du martyre de Saint Saturnin
L'étude de Saint Saturnin repose sur une variété de sources textuelles, archéologiques
et iconographiques.
A) Les sources textuelles
La reconstitution de la vie de Saint Saturnin, repose sur plusieurs types de sources
textuelles, qu'il convient d'examiner avec un regard critique pour distinguer les faits
historiques des éléments légendaires. Ces sources comprennent :
1. La Passio Sancti Saturnini
Texte Hagiographique Tardif. Rédigée au Ve siècle, environ deux siècles après les
faits, la Passio est la source principale pour la vie et le martyre de Saint Saturnin. Ce texte
n'est pas un document historique au sens strict, mais plutôt un récit hagiographique visant à
glorifier le martyr et la foi chrétienne. Son style est exalté, avec des formules précises et un