chapitre 1 Comptabilite nationale Pr. kerrouch Hanae (1) (2) (1)

Telechargé par Yas een
CHAPITRE
I
LA
PRODUCTION
EN
COMPTABILITE
NATIONALE
La
production,
tout
comme
le
chômage
et
l’inflation,
est
un
concept
central
en
macroéconomie
et
occupe
une place
essentielle
dans
la
pensée
économique.
Reconnue
comme
le
moteur
de
la
croissance
économique,
la
production
est
au
cœur
des
préoccupations
des
systèmes
de
comptabilité
nationale
(CN),
car
elle
constitue
la
base
de
toute
comptabilisation
économique.
En
effet,
sans
activité
productive,
il
n’existerait
aucun
flux
économique
à
enregistrer
dans
les
comptes
nationaux.
SECTION
I
:
LA
PRODUCTION
EN
COMPTABILITE
NATIONALE
L
Les
conceptions
de
la
production
1.
Les
conceptions
de
la
production
dans
la
pensée
économique
=
François
Quesnay
(Physiocrate)
Selon
Quesnay,
le
seul
revenu
véritablement
productif
est
celui
issu
de
l'agriculture,
car
il
considère
la
terre
comme
la
source
exclusive
de
richesse.
En
comparaison,
les
autres
activités
sont
perçues
comme
stériles,
car elles
n'apportent
aucune
valeur
ajoutée
aux
matières
premières.
Il
souligne
également
l'importance
de ne
pas
alourdir
l'agriculture
par
une
imposition
excessive,
afin
de
préserver
son
rôle
central
dans
l'économie.
=
Adam
Smith
Dans
son
livre
«
la
recherche
de
la
nature
et
des
causes
de
richesse
desnations
»,
A.
Smith
souligne
que
:
«
la
valeur
d’une
denrée
quelconque
pour
celui
qui
la
possède
(...)
est
égale
à
la
quantité
de
travail
que
cette
denrée
le
met
en
état
14
Va
d’acheter
ou
de
commander.
Le
travail
est
donc
la
mesure
réelle
de
la
valeur
échangeable
de
toute
marchandise
»'.
Selon
cette
perspective,
A.Smith
propose
que
le
travail,
en
combinaison
avec
la
terre,
constitue
les
facteurs
primordiaux
de
l’activité
économique.
Contrairement
aux
physiocrates,
pour
qui
la
terre
représentait
le
seul
facteur
productif,
Smith
enrichit
cette
vision
en
ajoutant
le
travail
comme
un
facteur
déterminant
dans
la
création
de
valeur
et
dans
l’organisation
de
l’économie.
=
Jean-Baptiste
Say
Jean-Baptiste
Say,
dans
sa
théorie
économique,
soutient
que
la
valeur
d’échange
d’un
bien
n’est
que
le
reflet
de
son
utilité.
Selon
lui,
«
l'utilité
des
choses
est
le
premier
fondement
de
leur
valeur
»*,
une
idée
qui
établit
un
lien
direct
entre
la
valeur
et
l’utilité
que
procure
un
bien
à
celui
qui
le
possède.
Cette
conception
se
distingue
des
théories
classiques,
comme
celles
d’Adam
Smith
et
de
David
Ricardo,
qui
accordent
une
place
primordiale
au
travail
dans
la
détermination
de
la
valeur
d'échange.
Pour
Say,
ce
sont
donc
les
besoins
humains,
satisfaits
par
l’utilité
des
biens,
qui en
constituent
la
véritable
source
de
valeur.
Par
ailleurs,
Say
est
l’auteur
de
la
célèbre
répartition
tripartite
:
production,
répartition
et
consommation.
Selon
lui,
la
production
est
avant
tout
une
opération
de
création
de
richesses,
dans
laquelle
les
facteurs
de
production
(travail,
capital,
et
terre)
se
combinent
pour
générer
de
la
valeur.
La
production
précède
ainsi
la
consommation
et
doit
être
comprise
comme
un
processus
dynamique,
la
valeur
générée
doit
trouver
une
issue
dans
la
répartition
des
revenus
et
la
consommation
des
biens.
Cette
vision
met
en
avant
l'idée
que
la
consommation
ne
peut
avoir
lieu
que
si
la
production
a
d'abord
créé
les
biens
nécessaires.
!
Smith,
A.,
(1776),
«la
recherche
de
la
nature
et
des
causes
de
richesse
des
nations
».
?
Say,
1.B.,
(1803),
«
Traité
d’économie
politique
ou
simple
exposition
de
la
manière
dont
se
forment,
se
distribuent
et
se
composent
les
richesses»
15
=
Karl
Marx
Karl
Marx,
en
s'appuyant
sur
les
travaux
d'Adam
Smith,
distingue
deux
types
de
travail
:
le
travail
productif
et le
travail
improductif.
Le
travail
productif
est
celui
qui
génère
un
surplus
de
valeur
et
aboutit
à
la
création
de
biens
matériels,
contribuant
ainsi
directement
à
l'économie.
En
revanche,
le
travail
improductif,
bien
qu'il
réponde
à
des
besoins
sociaux,
ne
produit
aucun
bien
matériel
et
n'ajoute
pas
de
valeur
tangible
à
l'économie.
Marx
développe
sa
théorie
de
la
valeur
en
affirmant
que
la
valeur
d’une
marchandise
est
déterminée
par
la
quantité
de
travail
socialement
nécessaire
pour
sa
production,
incluant
à
la
fois
le
travail
direct
et
indirect.
Cette
perspective
met
en
lumière
l'importance
du
travail
dans
la
création
de
valeur.
=
Les
néoclassiques
Dans
la
pensée
néoclassique,
la
notion
d'utilité
est
centrale
pour
déterminer
la
valeur
des
biens.
Les
économistes
néoclassiques
mettent
particulièrement
en
avant
le
concept
d'utilité
marginale,
c'est-à-dire
l'utilité
supplémentaire
procurée
par
la
consommation
d'une
unité
additionnelle
d'un bien
ou
d'un
service,
qui
fonde
leur
analyse
économique.
Contrairement
à
Marx,
qui
base
la
valeur
sur
le
coût
de
production,
les
néoclassiques
estiment
que
la
valeur
d'un
bien
dépend
uniquement
de
son
utilité
pour
le
consommateur.
Ainsi,
ils
élargissent
la
définition
de
la
production,
en
considérant
comme
productif
tout
ce
qui
répond
aux
besoins
humains.
2.
La
production
au
sens
de
la
comptabilité
nationale
La
notion
de
production
en
comptabilité
nationale
a
évolué
au
fil
du
temps,
adoptant
successivement
plusieurs
définitions
:
une
conception
stricte,
une
conception
intermédiaire,
et
une
conception
élargie.
16
=
La
conception
respective
de
la
production
Cette
conception
a
été
adoptée
par
les
systèmes
de
comptabilité
nationale
des
pays
socialistes
avant
la
dissolution
de
l’Union
soviétique.
Elle
limite
la
notion
de
production
à
la
fabrication
de
biens
et
de
services
matériels,
lesquels
englobent
les
services
dédiés
à
la
conservation,
à
l’enregistrement
et
à
la
circulation
des
marchandises.
Cette
vision
repose
implicitement
sur
la
distinction
de
Karl
Marx
entre
le
travail
productif
et
le
travail
improductif,
et
introduit
deux
sphéres
au
sein
de
l’économie
:
e
la
sphère
de
la
valorisation
du
capital
;
e
la
sphère
des
échanges.
Ainsi,
les
services
liés
à
la
réalisation
et
à
la
circulation
de
la
production
matérielle
(tels
que
le
transport,
l'entretien,
et
la
sécurité)
sont
associés
à
la
valeur
de
cette
production,
à
condition
qu'ils
soient
fournis
par
l'entreprise
productrice
elle-méme.
Cela
justifie
leur
inclusion
dans
la
valeur
globale
de
la
production.
En
revanche,
d’autres
services,
tels
que
ceux
fournis
par
un
médecin,
un
conseiller
en
gestion
ou
un
comptable,
ne
sont
pas
considérés
comme
relevant
de
l’activité
productive,
car
ils
n’entrent
pas
dans
la
production
matérielle
selon
cette
approche.
=
La
conception
intermédiaire
de
la
production
L’approche
théorique
de
Jean-Baptiste
Say,
avec
sa
loi
des
débouchés,
sous-tend
cette
conception
de
la
production,
qui
englobe
tous
les
biens
et
services
susceptibles
d’échange
sur
le
marché.
Selon
cette
vision
intermédiaire,
la
production
inclut
non
seulement
les
biens
matériels
mais
également
tous
les
services
marchands
(comme
le
conseil
et
le
consulting),
à
condition
qu’ils
soient
valorisés
par
un
prix.
En
revanche,
les
services
fournis
par
un
enseignant,
une
administration
ou
tout
prestataire
de
services
non
marchands,
en
raison
de
l’absence
de
prix,
échappent
à
cette
sphère
de
production.
Cette
conception
était
dominante
dans
les
pays
développés
et
dans
bon
nombre
de
pays
en
développement
avant
1968,
année
le
Système
de
Comptabilité
Nationale
(SCN
68)
a
introduit
une
nouvelle
définition
17
élargie
de
la
production.
=
La
conception
élargie
de
la
production
Dans
cette
perspective,
toute
activité
visant
à
satisfaire
un
besoin
est
considérée
comme
une
activité
productive.
Ancrée
dans
l'approche
néoclassique
de
l'économie,
cette
conception
repose
sur
la
théorie
de
la
valeur
d'utilité,
selon
laquelle
la
valeur
des
biens
et
services
ne
dépend
pas
de
leur
échange
sur
un
marché,
mais
de
l'utilité
qu'ils
procurent
aux
consommateurs.
Par
conséquent,
tout
bien,
qu'il
soit
matériel
ou
immatériel,
est
inclus
dans
la
production
s'il
répond
à
un
besoin,
élargissant
ainsi
la
définition
traditionnelle
de
la
production
économique.
IL.
Le
contenu
de
la
production
dans
le
Système
Marocain
de
Comptabilité
Nationale
(SMCN)
Dans
le
Système
de
Comptabilité
Nationale
(SCN),
la
production
est
définie
comme
une
activité
socialement
organisée
visant
à
créer
des
biens
et
services
généralement
échangés
sur
le
marché
et/ou
obtenus
grâce
à
des
facteurs
de
production
échangeables
sur
le
marché.
Selon
cette
définition,
sont
également
inclus
les
services
fournis
à
titre
gratuit
ou
quasi-gratuit
par
les
administrations,
ainsi
que
les
services
rendus
par
les
employés
domestiques
aux
ménages.
Cette
approche
permet
de
distinguer
entre
la
production
marchande
et la
production
non
marchande
:
=
la
production
marchande
:
comprend
tous
les
biens
et
services
destinés
à
être
vendus
à
un
prix
couvrant
au
minimum
l'ensemble
des
coûts
de
production.
Elle
est
principalement
assurée
par
les
entreprises
du
secteur
non
financier
et
par
les
institutions
financières,
dont
l’objectif
est
de
réaliser
un
profit
à
travers
des
transactions
marchandes.
*
la
production
non
marchande
:
est
constituée
par
l’ensemble
des
services
offerts
gratuitement
ou
à
un
prix
symbolique,
sans
intention
de
réaliser
un
profit.
Elle
est
principalement
assurée
par
les
administrations
publiques,
les
institutions
privées
à
but
non
lucratif,
ainsi
que
les
services
domestiques
au
sein
des
ménages.
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