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10 mars 2000
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MaĂźtrise de la
consommation d’eau et des
rejets des IAA
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par Carole MATHIEU-ANDRÉ
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Maütrise de la consommation d’eau
et des rejets des IAA
par
Carole MATHIEU-ANDRÉ
Ingénieur agronome
Institut national agronomique de Paris-Grignon
IngĂ©nieur d’opĂ©rations Ă  la direction des actions industrielles de l’Agence de l’Eau
de Seine-Normandie
es industries agroalimentaires, de par la nature de leurs productions, sont
grandes consommatrices d’eau de trĂšs bonne qualitĂ©. A l’autre bout de la
chaĂźne, leurs rejets reprĂ©sentent 20 % des eaux rĂ©siduaires de l’industrie fran-
çaise. La totale implication de l’agroalimentaire dans la chaüne de l’eau conduit
donc à ce que la préservation de la ressource constitue une de ses priorités. 10 %
des investissements des IAA sont rĂ©alisĂ©s pour la protection de l’environne-
ment. Parmi les principaux investisseurs, on retrouve les sucreries, les industries
du grain, le secteur de la viande et, enïŹn, les laiteries et les conserveries. Cepen-
dant, dans l’ensemble de ces activitĂ©s, les interventions liĂ©es Ă  des mesures prĂ©-
ventives ou à la recherche et aux innovations représentent une part relativement
modeste et ne concernent que 17 % des investissements en environnement.
Bien souvent, la lutte contre la pollution reste une action qui ne s’intĂ©resse pas
aux procĂ©dĂ©s de fabrication, pourtant Ă  l’origine des rejets dont la gestion ne
doit plus ĂȘtre considĂ©rĂ©e aujourd’hui comme fatale.
Par ailleurs, l’eau ne doit pas ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme un banal ïŹ‚uide, mais
comme une matiÚre premiÚre de qualité. A tous les niveaux (dans les procédés,
pour les lavages, pour le refroidissement ...), gĂ©rer l’eau, c’est Ă©conomiser sans
relĂąche, tant au niveau des consommations que des pollutions.
En outre, il convient de rappeler que quelles que soient les pistes qui peuvent
ĂȘtre proposĂ©es, il n’y a pas de solutions toutes faites mais toujours des cas parti-
culiers.
1. IntĂ©rĂȘt d’une gestion globale de l’eau ............................................... F 1 450 – 2
2. Les usages de l’eau dans les IAA ........................................................ — 3
3. CaractĂ©ristiques des efïŹ‚uents des IAA............................................. — 3
4. Audit prĂ©liminaire.................................................................................... — 5
5. Mise en place d’indicateurs .................................................................. — 6
6. Connaissance des rĂ©seaux d’évacuation d’eau............................... — 7
7. Optimisation des circuits d’eaux propres......................................... — 8
8. Production plus sobre ............................................................................ — 8
9. Optimisation des nettoyages................................................................ — 13
10. PrĂ©vention des pollutions accidentelles ........................................... — 15
11. Sensibilisation du personnel ................................................................ — 16
12. Traitements ultĂ©rieurs ............................................................................ — 16
Pour en savoir plus .......................................................................................... Doc. F 1 450
L
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MAÎTRISE DE LA CONSOMMATION D’EAU ET DES REJETS DES IAA ______________________________________________________________________________
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F 1 450 − 2© Techniques de l’IngĂ©nieur, traitĂ© Agroalimentaire
1. IntĂ©rĂȘt d’une gestion
globale de l’eau
1.1 Réduction et maßtrise des coûts
Le présumé paradoxe que constitue la conciliation du développe-
ment Ă©conomique et de la prĂ©servation de l’environnement est Ă 
prĂ©sent couramment admis comme la base d’un dĂ©veloppement
durable et, de ce fait, promu tant par les pouvoirs publics que par les
industriels. Il est possible de faire de l’environnement un atout, un
facteur de dĂ©veloppement Ă©conomique. La gestion de l’eau doit
ainsi se rĂ©aliser au cƓur des systĂšmes de production, aïŹn non seu-
lement de minimiser mais, également, de maßtriser les dépenses.
AïŹn d’aboutir, pour un Ă©tablissement, Ă  des solutions d’épuration
qui soient et demeurent techniquement ïŹables et ïŹnanciĂšrement
acceptables, il convient de maßtriser au maximum les débits et les
ïŹ‚ux gĂ©nĂ©rĂ©s dans les ateliers de l’usine. Cela se traduira Ă©galement
par une maßtrise plus forte des procédés de fabrication et par une
réduction des coûts de production (pertes en matiÚres premiÚres,
facture d’eau...).
Les amĂ©nagements qui peuvent ĂȘtre rĂ©alisĂ©s ne nĂ©cessitent
d’ailleurs pas forcĂ©ment de gros budgets. La mise en commun des
compétences de chacun, un examen attentif des procédés et des
pratiques de production induisant des modiïŹcations de circuits ou
de matériels, ainsi que la formation du personnel à de bonnes prati-
ques, conduisent à des améliorations sensibles.
Sur les sites anciens, les industriels doivent intégrer cette
rĂ©ïŹ‚exion pour toute modernisation, toute extension d’atelier, en fai-
sant appel aux meilleures technologies disponibles ; l’implantation
des nouvelles unitĂ©s doit ĂȘtre conçue en envisageant tous les procĂ©-
dés « sobres » possibles.
■Facture d’eau
La diminution des consommations d’eau dans le cas d’un raccor-
dement à un réseau de distribution public se traduit par une réduc-
tion de la facture d’eau. L’impact est d’autant plus important que le
prix de l’eau de ville a rĂ©guliĂšrement augmentĂ© ces derniĂšres
années et poursuivra sans doute sa progression dans le futur.
■Redevances
Les redevances « Pollution » des agences de l’eau sont basĂ©es sur
des coefïŹcients spĂ©ciïŹques qui sont en fait des ratios de polluants
ramenĂ©s Ă  la production. Plus le ïŹ‚ux polluant sera faible, plus fai-
bles seront ces coefïŹcients spĂ©ciïŹques, ce qui se traduira d’emblĂ©e,
à activité égale, par une réduction des redevances « Pollution ».
De mĂȘme, dans le cas d’un prĂ©lĂšvement direct, la diminution des
consommations d’eau permet une Ă©conomie sur la redevance
« PrélÚvement ».
Dans le cas d’un rejet au rĂ©seau communal, la rĂ©duction des ïŹ‚ux
polluants générés verra également la réduction des redevances
d’« Assainissement ».
■CoĂ»ts de stockage et de traitement des dĂ©chets
Les coûts de traitement, mais, aussi, de mise en décharge des
dĂ©chets sont Ă©galement en pleine croissance. A l’échĂ©ance de 2002,
les envois en décharge de déchets non ultimes ne seront de toute
façon plus possibles.
La réduction et la maßtrise des productions des déchets condui-
sent à des économies grùce à la réduction de gaspillages de matiÚ-
res premiĂšres et de produits ïŹnis, mais Ă©galement grĂące Ă  la
récupération, au recyclage, à la valorisation des déchets, lorsque
cela est possible, et Ă  la rationalisation de leur stockage et de leur
Ă©limination, lorsqu’ils ne sont pas rĂ©cupĂ©rables.
■CoĂ»ts du traitement des eaux rĂ©siduaires
Si un industriel s’oriente vers une solution curative plutît que
vers une solution préventive, il lui faudra construire et entretenir des
ouvrages d’épuration. Or, une station d’épuration, outre le fait qu’il
s’agit d’un investissement improductif, est un outil qui coĂ»te cher et
dont l’exploitation demande beaucoup d’attention.
La rĂ©duction des pollutions et des ïŹ‚ux hydrauliques pourra per-
mettre la maĂźtrise des coĂ»ts d’investissement et Ă©vitera ainsi
l’implantation ou l’extension d’un dispositif d’épuration en cas
d’augmentation de production.
D’importantes Ă©conomies peuvent ĂȘtre rĂ©alisĂ©es sur les coĂ»ts
d’exploitation : maintenance, main-d’Ɠuvre, consommables, pro-
duits, Ă©nergie, traitement et destination des boues.
1.2 Respect des contraintes
environnementales
Tout industriel est directement concerné par le problÚme, parce
que le lĂ©gislateur l’a rendu responsable des dĂ©chets et des rejets
qu’il produit ainsi que des dommages que ceux-ci peuvent causer à
l’environnement, mĂȘme s’il en a dĂ©lĂ©guĂ© l’élimination Ă  un tiers.
■Exigences rĂ©glementaires
Dans le cas de rejets au milieu naturel, les exigences régle-
mentaires de plus en plus poussées [1] [2] contraignent les indus-
triels Ă  mettre en Ɠuvre des dispositifs d’épuration de plus en plus
sophistiquĂ©s et de plus en plus coĂ»teux. L’arrĂȘtĂ© du 2 fĂ©vrier 1998
(cf. [Doc. F 1 450]) précise les nouvelles dispositions en matiÚre de
rejets pour les installations classées soumises à autorisation.
Lorsque l’entreprise est soumise Ă  simple dĂ©claration, ce sont les
arrĂȘtĂ©s types gĂ©nĂ©raux ou relatifs Ă  son secteur d’activitĂ© qui font foi.
EnïŹn la loi sur l’eau de 1992 (cf. [Doc. F 1 450]) dĂ©ïŹnit un certain
nombre de conditions et s’applique notamment pour les Ă©tablisse-
ments non classĂ©s. Il apparaĂźt, en particulier, qu’aucun Ă©tablisse-
ment ne peut envoyer ses eaux usées au milieu naturel sans
traitement ou, tout au moins, sans y ĂȘtre autorisĂ©.
Dans le cadre d’un raccordement au rĂ©seau public, la maĂźtrise des
rejets d’un Ă©tablissement peut permettre la mise en conformitĂ© par
rapport aux exigences des conventions de raccordement, une efïŹca-
cité accrue des prétraitements et, éventuellement, une révision des
clauses techniques de la convention et de leur incidence ïŹnanciĂšre.
■Anticipation des Ă©volutions rĂ©glementaires
Le choix entre un investissement au cƓur des procĂ©dĂ©s et un trai-
tement ïŹnal doit Ă©galement prendre en compte l’évolution possible
de la réglementation. Un changement réglementaire intervenant
pendant la durĂ©e de l’amortissement pourra compromettre la renta-
bilitĂ© d’un traitement curatif plutĂŽt que prĂ©ventif. La mise en place
de nouveaux seuils réglementaires pourrait aboutir à rendre obso-
lĂšte le traitement choisi ou, tout au moins, nĂ©cessiter l’application
d’un traitement supplĂ©mentaire.
■Accùs aux normes de management environnemental
Les actions de gestion prĂ©ventive des eaux usĂ©es s’inscrivent par-
faitement dans une démarche de management environnemental et,
à ce titre, constituent une solide base de départ pour un accÚs à la
norme ISO 14001 ou au rùglement Éco-audit (cf. [doc F 1 450]).
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1.3 FiabilitĂ© de l’épuration
Au-delĂ  des aspects ïŹnanciers relatifs Ă  l’épuration des eaux, il
convient de garantir le fonctionnement des ouvrages et la qualité
des rejets.
Le dimensionnement des installations d’épuration des eaux
s’appuie sur l’évaluation de la charge polluante Ă  traiter et des
débits. Il est inutile de surdimensionner initialement les ouvrages ;
un ïŹ‚ux rĂ©gulier et limitĂ© conduit Ă  un traitement plus efïŹcace et plus
sûr en aval.
La réduction des charges polluantes à la source doit également
ĂȘtre recherchĂ©e dans tout projet puisqu’elle est beaucoup plus ïŹable
qu’un traitement en aval. Une meilleure connaissance des arrivĂ©es
permet une anticipation des événements et, ainsi, une prévention
des dysfonctionnements de la station.
1.4 Actions sur la production
La pollution est induite généralement par des pertes de matiÚres
ou de ïŹ‚uides qu’il convient de rĂ©cupĂ©rer. DĂ©polluer Ă  la source per-
met d’économiser, en amĂ©liorant le bilan matiĂšre. Des gains de pro-
ductivité sont généralement constatés.
Une meilleure gestion peut également conduire à une améliora-
tion des conditions de travail, d’hygiĂšne et de sĂ©curitĂ©. L’augmenta-
tion du sens des responsabilités du personnel peut ainsi conforter
des actions de réduction des accidents du travail.
Il est Ă©galement pertinent d’inscrire la dĂ©marche « technologie
propre », c’est-Ă -dire la mise en place de procĂ©dĂ©s ou pratiques limi-
tant les impacts sur l’environnement en rĂ©duisant la consommation
d’eau ou la production de dĂ©chets et d’eaux usĂ©es, dans la dĂ©mar-
che qualitĂ© : l’adoption d’une technologie propre, qui peut conduire
Ă  une meilleure maĂźtrise du procĂ©dĂ©, peut aussi permettre d’amĂ©lio-
rer la qualité des produits.
1.5 AmĂ©lioration de l’image de marque
Pour la dĂ©fense du site tout d’abord, il convient d’avoir une image
positive auprĂšs des riverains, des Ă©lus locaux et des associations.
Au-delà de la qualité des produits, les consommateurs se sou-
cient de plus en plus des conditions de production. Les mesures pri-
ses par l’entreprise visant à mieux respecter l’environnement sont
des atouts pour dĂ©velopper son image d’entreprise responsable et
Ă©cologique auprĂšs du public.
Cette différenciation positive peut également jouer son rÎle
auprùs des distributeurs. Certains donneurs d’ordre inscrivent
d’ores et dĂ©jĂ  de tels critĂšres dans le cahier des charges de leurs
fournisseurs et font mĂȘme rĂ©aliser des audits sur ces bases.
2. Les usages de l’eau
dans les IAA
Les industries agroalimentaires sont trĂšs exigeantes pour leur
approvisionnement en eau tant en volume qu’en qualitĂ©.
■Les volumes consommĂ©s par les Ă©tablissements exerçant une
mĂȘme activitĂ© agroalimentaire sont trĂšs variables en fonction non
seulement du process, mais Ă©galement du niveau de gaspillage et
du recyclage. De par sa nature et ses propriĂ©tĂ©s, l’eau se retrouve Ă 
de multiples postes d’utilisation parmi lesquels on peut citer
notamment :
— le lavage et le rinçage des matiĂšres premiĂšres Ă  leur rĂ©ception,
des produits en cours de transformation, des produits finis (tuber-
cules, légumes, fruits, poissons) ;
— le lavage des rĂ©cipients de conditionnement final (bouteilles,
bocaux, boßtes métalliques) ;
— le transport de matiĂšres premiĂšres, de produits finis (lĂ©gumes,
fruits), de déchets (matiÚres stercoraires, plumes) ;
— l’emploi comme matiùre premiùre pour des jus et bouillons de
cuisson, pour les glaces et les sorbets, l’eau de coupage des bois-
sons alcoolisĂ©es, l’eau de reconstitution de jus de fruit Ă  partir de
concentrés ;
— le trempage (de l’orge dans les malteries) ;
— l’extraction ou la purification d’un des composants contenus
dans un mĂ©lange de plusieurs substances Ă  l’état de solide ou de
liquide (industrie de la fermentation, amidonnerie, glucoserie) ;
— la cuisson, le blanchiment, l’appertisation ;
— le refroidissement des produits (chaudins en boyauderie) ;
— le lavage des matĂ©riels (rĂ©cipients de manutention, paillasses
des laboratoires de fabrication...), des sols, des canalisations et des
appareils de process ;
— l’emploi comme fluide caloporteur : eaux de chauffage et de
climatisation des locaux de production et des bureaux ;
— l’emploi comme vapeur d’alimentation des pasteurisateurs,
des stĂ©rilisateurs, des bacs de blanchiment, d’appertisation, de
précuisson ;
— le refroidissement des pasteurisateurs, des stĂ©rilisateurs, des
groupes frigorifiques ;
— l’humidification d’air des centrales de climatisation (particuliù-
rement pour les zones sensibles et ultrasensibles) ;
— les usages sanitaires.
En industries agroalimentaires, certaines activités génÚrent plus
d’eau qu’elles n’en consomment, du fait de la teneur en eau des
matiĂšres premiĂšres (sucreries, fĂ©culeries...). Ces eaux devront ĂȘtre
traitées si nécessaire.
■CaractĂ©ristiques des eaux utilisĂ©es
Une trĂšs grande qualitĂ© d’eau est notamment nĂ©cessaire pour la
production de vapeur et pour les eaux de constitution.
Un Ă©tablissement est donc amenĂ© Ă  s’approvisionner principale-
ment en eau de nappe ou de distribution et, Ă©ventuellement, en eau
de surface en effectuant les traitements indispensables (ïŹltration,
déminéralisation, décarbonatation). Il convient à cette occasion de
veiller à une optimisation de ces traitements d’eau et à une bonne
destination des sous-produits générés (par exemple, épandage agri-
cole des boues des carbonates). Les eaux de surface sont générale-
ment utilisées pour les circuits de refroidissement.
Tous ces usages de l’eau sont à l’origine de pertes de matiùres qui
vont ĂȘtre entraĂźnĂ©es, puis solubilisĂ©es vont contaminer les eaux et
constituer ainsi les eaux résiduaires.
3. Caractéristiques
des efïŹ‚uents des IAA
3.1 Composition des efïŹ‚uents
Les rejets des industries agroalimentaires sont généralement trÚs
concentrés, notamment en matiÚres organiques biodégradables,
compte tenu des produits traités.
Les graisses peuvent ĂȘtre prĂ©sentes en quantitĂ©s trĂšs importan-
tes, particuliĂšrement dans les secteurs de la viande, des plats cuisi-
nés ou de la beurrerie.
Exemple :
— pour la brasserie, l’eau qui entre dans le produit fini doit avoir une
qualité de potabilité parfaite et des caractéristiques physico-chimiques
précises (pas de carbonates, pas de nitrates ni de nitrites...) ;
— les eaux de lavage des produits (abattoirs) ou des matĂ©riels (lai-
teries) doivent ĂȘtre bactĂ©riologiquement pures.
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Suivant le type d’activitĂ©, le taux de matiĂšres en suspension
(MES) est plus ou moins important, mais leur présence est fré-
quente.
Les efïŹ‚uents sont gĂ©nĂ©ralement dĂ©pourvus de substances immĂ©-
diatement toxiques et présentent une grande variation des concen-
tration en nutriments, suivant notamment le type d’activitĂ©.
Certaines activités peuvent avoir des rejets importants en sels,
notamment dans le cas d’utilisations de saumures.
3.2 Caractéristiques physiques
Les efïŹ‚uents de l’industrie agroalimentaire se caractĂ©risent gĂ©nĂ©-
ralement par une température élevée. Les jus de cuisson, les eaux
de refroidissement sont à une température supérieure à 30°C. Cela
implique un refroidissement ou la mise en place de bacs tampons
dans l’usine, Ă  la source de chaleur, ou Ă  la sortie de l’établissement,
avant rejet, aïŹn d’abaisser les tempĂ©ratures. Cette disposition est
trĂšs importante dans le cas d’efïŹ‚uents graisseux, aïŹn que la tempĂ©-
rature des eaux ne vienne pas perturber le fonctionnement des
ouvrages de dégraissage.
De par leur nature organique et fortement biodégradable (rapport
DCO/DBO (cf. § 3.3) de 1 Ă  3 en gĂ©nĂ©ral), les efïŹ‚uents stockĂ©s sont
trÚs fermentescibles. Un stockage trop important, non aéré ni
brassĂ©, conduit Ă  une acidiïŹcation des efïŹ‚uents et Ă  la gĂ©nĂ©ration
d’odeurs trop importantes.
Des variations instantanĂ©es importantes des ïŹ‚ux polluants jour-
naliĂšres (lavages de ïŹn de journĂ©e), hebdomadaires (lavages de ïŹn
de semaine) et saisonniÚres (activité saisonniÚre) sont une des
caractĂ©ristiques de ces efïŹ‚uents. Cela dĂ©pend bien Ă©videmment du
type d’activitĂ©.
3.3 CritĂšres d’évaluation de la pollution
Pour de plus amples renseignements, on pourra consulter les
rĂ©fĂ©rences [1] [2] [3] des Techniques de l’IngĂ©nieur.
■DCO, DBO, MO
●La DCO (demande chimique en oxygùne) correspond à la
consommation globale à chaud de l’oxygùne du dichromate de
potassium (méthode normalisée NF T 90 101). Elle est représenta-
tive de la majeure partie des composés organiques ainsi que des
sels minéraux oxydables. La DCOad2 correspond à la DCO du surna-
geant aprĂšs dĂ©cantation de l’échantillon pendant 2 h.
●La DBO (demande biologique en oxygùne) correspond à la
quantitĂ© d’oxygĂšne consommĂ©e Ă  20 °C et Ă  l’obscuritĂ© pour assurer
par voie biologique l’oxydation des matiĂšres organiques prĂ©sentes
dans l’eau. Il faut compter 21 jours pour mesurer une DBO ; on uti-
lise cependant conventionnellement la DBO5 (soit 5 jours
d’incubation – mĂ©thode normalisĂ©e NF T 90 103). Cette DBO5 reprĂ©-
sente la pollution organique carbonée rapidement biodégradable.
La DBO5ad2 correspond à la DBO5 du surnageant aprÚs décantation
de l’échantillon pendant 2 h.
●Le paramùtre MO (matiùres oxydables), conventionnellement
utilisĂ© par les agences de l’eau pour le calcul des redevances «Pollu-
tion», est déterminé selon la formule suivante :
MO = (DCOad2 + 2DBOad2)/3
●Le carbone organique total ou COT reprĂ©sente la teneur en car-
bone lié à la matiÚre organique et repose sur une mesure de CO2
aprÚs oxydation complÚte. Il est généralement nécessaire de
s’affranchir des matiùres en suspension avant cette mesure, qui est
en revanche rapide à réaliser.
Les matiùres oxydables sont à l’origine de la consommation de
l’oxygĂšne de l’eau du milieu du rejet et donc d’une rarĂ©faction de
cette ressource, pouvant conduire Ă  une asphyxie du monde aqua-
tique et, notamment, des poissons.
■MES
Les MES ou matiÚres en suspension caractérisent la fraction non
dissoute. Elles englobent tous les éléments en suspension dans
l’eau dont la taille permet leur rĂ©tention sur un ïŹltre de porositĂ© don-
née (méthode normalisée NF T EN 872).
Les MES rĂ©duisent la luminositĂ© des cours d’eau et limitent de ce
fait l’activitĂ© biologique. Elles peuvent Ă©galement nuire Ă  la faune
piscicole en se déposant sur les branchies. Présentes en grandes
quantités, elles occasionnent des dépÎts intempestifs.
■Nutriments
L’azote Kjeldahl correspond à la teneur en azote organique et
ammoniacal d’un Ă©chantillon exprimĂ© en N (mĂ©thode normalisĂ©e
NF T EN 25 663).
L’azote ammoniacal reprĂ©sente la somme des formes ions ammo-
nium et azote ammoniacal libre.
Le phosphore total couvre l’ensemble des formes phosphorĂ©es
prĂ©sentes dans l’eau (phosphates, polyphosphates et organophos-
phates – mĂ©thode normalisĂ©e NF T 90 023).
Les nutriments participent notamment aux phĂ©nomĂšnes d’eutro-
phisation des lacs et des cours d’eau et prĂ©sentent un risque de pol-
lution des nappes souterraines. A dose élevée, les nitrates
constituent un risque pour la santé humaine.
■Matiùres inhibitrices
Les matiĂšres inhibitrices reprĂ©sentent la toxicitĂ© immĂ©diate d’un
efïŹ‚uent par mesure de l’inhibition de la mobilitĂ© d’un crustacĂ© cla-
docĂšre, la
Daphniamagna-straus
(méthode normalisée NF T 90 301).
■pH
Ce paramĂštre Ă©value l’aciditĂ© ou la basicitĂ© d’un efïŹ‚uent
(méthode normalisée NF T 90 008). Une variation du pH peut
induire des modiïŹcations d’équilibres physico-chimiques dans les
milieux naturels et avoir une inïŹ‚uence nĂ©faste sur la vie piscicole.
Un pH mal contrĂŽlĂ© peut Ă©galement ĂȘtre Ă  l’origine des phĂ©nomĂšnes
de corrosion dans les ouvrages de traitement ou les conduites
d’amenĂ©e des efïŹ‚uents.
■Graisses
Les graisses peuvent ĂȘtre mesurĂ©es soit par extraction au chloro-
forme (SEC – substances extractibles au chloroforme), soit par
extraction à l’hexane (SEH – substances extractibles à l’hexane).
Outre les dépÎts fermentescibles, et donc fortement odorants, qui
peuvent se former sur les conduites ou dans les postes de relĂšve-
ment, les graisses peuvent ĂȘtre la cause d’une dĂ©gradation des
ouvrages (acides gras) et d’une rĂ©duction des rendements Ă©puratoi-
res.
■SalinitĂ©
La détermination des sels solubles est effectuée selon la méthode
normalisée NF T 90 111.
Une concentration forte des sels peut ĂȘtre Ă  l’origine de perturba-
tions importantes du fonctionnement des ouvrages d’épuration
(bactéries sensibles aux variations de salinité).
3.4 Consommations spĂ©ciïŹques et ratios
de pollution
La nature des eaux des industries suivant le type d’activitĂ© peut
ĂȘtre caractĂ©risĂ©e par des ratios de pollution et des consommations
spĂ©ciïŹques par rapport Ă  la production, dont la dĂ©ïŹnition est don-
née ci-dessous :
Consommation spĂ©ciïŹque = Consommation/rĂ©fĂ©rentiel de pro-
duction
Ratio de pollution = Flux polluant/référentiel de production
Exemple :
—abattoir : forte teneur en azote ;
—fromagerie : forte teneur en phosphore dans le cas d’utilisation
d’acide phosphorique pour les lavages.
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