Document

publicité
Soudan
2012
www.africaneconomicoutlook.org
Soudan
La sécession du Sud-Soudan en juillet 2011, qui a entraîné la perte de recettes pétrolières et d’une partie
de la population, devrait expliquer en grande partie la croissance modérée du PIB réel en 2012 et 2013.
Confronté à une détérioration de la situation économique et sociale, le gouvernement a tenté d’y répondre
par des mesures d’austérité.
Le fort chômage des jeunes, et plus particulièrement des diplômés du supérieur, continue de progresser.
Vue d'ensemble
Depuis la sécession du Sud-Soudan en juillet 2011, le Soudan n’a plus produit de données économiques
détaillées. Les données macroéconomiques utilisées dans la présente note s’appuient par conséquent sur les
estimations extraites du projet de budget 2012 pour 2011 et 2012[1]. D’après ce document, la croissance du PIB
aurait chuté, passant de 5 % en 2010 à 2.8 % en 2011, un résultat imputable à la sécession du Sud du pays,
amputé ainsi d’environ 20 % de sa population et de 75 % de ses recettes pétrolières.
L’inflation moyenne a bondi à 20 % en 2011, contre 15 % en 2010, sur fond de hausse des prix des denrées
alimentaires et de dépréciation de la livre soudanaise (SDG). Le déficit du compte courant s’est contracté à
7.5 % du PIB en 2010, mais devrait de nouveau se creuser à 10.5 % du PIB en 2011. De 5.0 % en 2011, le
déficit budgétaire devrait s’alourdir à 5.4 % du PIB en 2012, plombé par la perte des recettes pétrolières, la
recrudescence des conflits armés et les menaces croissantes sur la sécurité du pays. La création de nouveaux
États et le financement des accords de paix vont en outre peser un peu plus sur le budget. Conséquence des
sanctions américaines et du lourd endettement du Soudan, les options d’emprunt extérieur sont sérieusement
étriquées alors que l’emprunt intérieur devrait s’amplifier.
Le gouvernement a mis en place un programme économique d’urgence de trois ans qui prévoit l’introduction de
mesures d’austérité avec, en ligne de mire, la réduction des dépenses. Dans ce cadre, le gouvernement a
supprimé une partie de ses subventions sur le sucre et les produits pétroliers, une mesure saluée par le Fonds
monétaire international (FMI). Le Soudan prône dans sa politique budgétaire un retour à la prudence à tous les
niveaux du gouvernement par la maîtrise des dépenses à moyen terme, en utilisant le déficit non pétrolier
comme indicateur budgétaire de référence. Il entend également renforcer l’affectation responsable des fonds
publics et multiplier les moyens pour optimiser l’allocation des ressources, y compris dans les États tenus de
dispenser des services de première ligne.
La sécession du Sud a épuisé les réserves de change. Le gouverneur de la Banque du Soudan (Bank of Sudan –
BoS) a par conséquent appelé les pays arabes à déposer des fonds auprès de la banque centrale et des banques
commerciales. Le Soudan mise également sur les taxes de transit dont doit s’acquitter le Sud en contrepartie de
l’utilisation de ses oléoducs pour atténuer les conséquences de la sécession, mais les négociations sur le montant
de ces taxes ainsi que sur d’autres questions litigieuses sont au point mort depuis janvier 2012.
Avec une croissance du PIB estimée à 2 % en 2012, les perspectives économiques à moyen terme ne sont guère
prometteuses. Le pays doit en effet se relever après la sécession du Sud-Soudan qui l’a contraint à réajuster son
budget, alors que les conflits armés s’intensifient dans la région du Darfour et dans les États du Kordofan
méridional et du Nil bleu. Il est en outre pénalisé par l’étroitesse de sa structure de production et par des
politiques macroéconomiques contreproductives, à l’image d’un taux de change réel plus que surévalué.
En 2009, le taux d’activité et le taux de chômage chez les jeunes étaient respectivement de 32.9 et 22 %,
contre 43.0 et 11 % chez les adultes. Le fort taux de croissance démographique du Soudan s’est traduit par une
population relativement jeune et par une forte proportion de jeunes en âge de travailler en temps de pénurie
d’emplois. Malheureusement, aucune stratégie nationale cohérente en matière de croissance et d’emploi ne
permet de coordonner efficacement les programmes en cours, pénalisés de surcroît par l’absence de mesures
visant à effacer les disparités entre zones rurales et urbaines et celles liées au genre.
[1] La Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique a engagé des discussions avec le bureau du
Programme des Nations Unies pour le développement à Khartoum et l’antenne nationale de la Banque africaine
de développement au Soudan pour aider le Bureau central des statistiques à préparer des données
macroéconomiques historiques distinctes pour le Soudan. Ces travaux sont toujours en cours.
Perspectives économiques en Afrique 2012
2 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA
Figure 1 : Taux de croissance du PIB réel (Orientale)
12.5%
Crois s ance réelle du PIB (%)
10%
7.5%
5%
2.5%
0%
2003
2004
2005
Taux de crois s ance du PIB réel (%)
2006
2007
2008
2009
Afrique de l'Es t - Taux de crois s ance du PIB réel (%)
2010
2011
2012
2013
Afrique - Taux de crois s ance du PIB réel (%)
2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions.
http://dx.doi.org/10.1787/888932624276
Tableau 1 : Indicateurs macro-économiques
2010
2011
2012
2013
Taux de croissance du PIB réel
5
2.8
2
2.8
Taux de croissance du PIB réel par habitant
2.5
0.4
-0.4
0.4
Inflation IPC
13
15.3
19.8
17
Balance budgétaire % PIB
-3.1
-4.3
-3.4
-4.3
Balance courante % PIB
-6.4
-7.5
-12.3
-8
2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions.
http://dx.doi.org/10.1787/888932605694
Perspectives économiques en Afrique 2012
3 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA
Développements récents et perspectives
Tableau 2 : PIB par Secteur (en pourcentage du PIB)
2006 2011
Agriculture, foresterie, pêche et chasse
32.9
33.1
Agriculture, élevage, sylviculture et pêche
-
-
dont agriculture
-
-
Mines et extraction
9.6
10.1
dont pétrole
-
-
Industries manufacturières
7.4
8.6
Electricité, gaz et eau
2.2
1.8
Electricité, eau et assainissement
-
-
Construction
4.4
4.7
Vente en gros et de détail, hôtels et restaurants
15
15.6
dont hôtels et restaurants
-
-
Transports, entreposages et communications
13.9
12.5
Transport et stockage, information et communication
-
-
Finance, immobilier et services aux entreprises
6.7
6.6
Intermédiation financière, services immobiliers, services aux entreprises et autres services
-
-
Services des administrations publiques
-
-
Administration publique et défense, sécurité sociale, éducation, santé et travaux sociaux
-
-
Administration publique, éducation, santé
-
-
Administration publique, éducation, santé et autres services sociaux et personnels
5.6
5.3
Autres services communautaires, sociaux et personnels
-
-
Autres services
2.1
1.9
Produit intérieur brut aux prix de base / au coût des facteurs
100
100
Vente en gros et de détail, hôtels et restaurants
-
-
2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions.
http://dx.doi.org/10.1787/888932626252
La sécession du Sud-Soudan s’est traduite par une perte de rentrées de devises de 80 % et par une baisse des
recettes budgétaires de 35.6 %. Le PIB réel n’a progressé que de 2.8 % en 2011, en repli par rapport aux 5 %
enregistrés en 2010. Ce ralentissement est imputable à la disparition d’une partie de la population et de
recettes pétrolières, alors que la croissance du PIB devrait encore reculer, à 2 %, en 2012.
La relance de l’agriculture est essentielle si le pays veut profiter d’une croissance économique généralisée et
réduire la pauvreté, notamment dans les régions rurales. Le poids de l’agriculture dans le PIB du Soudan a
progressé, de 31.2 % en 2010 à 34.1 % en 2011, et devrait encore s’amplifier pour atteindre 39.4 % en 2012.
La valeur ajoutée dans le secteur a augmenté de 9.3 % en 2011 et devrait encore grimper de 15 % en 2012.
L’agriculture est le principal bassin d’emploi du pays, puisque le secteur emploie directement 45 % des jeunes
Perspectives économiques en Afrique 2012
4 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA
et 42 % des adultes.
Le secteur minier a lourdement pâti du déclin de la production pétrolière après la sécession du Sud-Soudan. Le
gouvernement a redoublé d’efforts pour intensifier la production, de 117 900 barils par jour en moyenne à
180 000 d’ici la fin 2012, en augmentant les taux de récupération[1] dans les gisements existants et en
exploitant un nouveau champ pétrolifère (Al-Rawat). L’or s’est imposé comme l’un des principaux produits
d’exportation, en ayant contribué aux recettes d’exportation pour 1.5 milliard de dollars (USD) en 2011, en
hausse par rapport aux 0.45 milliard USD enregistrés en 2010. Les recettes provenant des exportations d’or
devraient doubler en 2012. Les activités d’extraction informelle de l’or et leur impact sur l’environnement
suscitent toutefois une inquiétude croissante. Plus de 200 000 travailleurs pratiqueraient ce genre d’activité
dans des camps dépourvus d’installations, même rudimentaires.
Le secteur industriel, activité minière incluse, a pesé pour 20.3 % du PIB en 2011, une part qui devrait reculer à
15.9 % en 2012, sur fond de baisse de la production pétrolière et des activités de traitement qui s’y rapportent.
La valeur ajoutée manufacturière a progressé de 10.8 % en 2011 grâce au regain des activités de traitement du
sucre et du ciment. Le gouvernement poursuit ses mesures d’incitation fiscale et autres pour attirer les
investissements intérieurs et étrangers dans le secteur manufacturier, en phase avec la stratégie de
diversification engagée. Les exportations de produits manufacturiers devraient atteindre 10 % du total des
exportations d’ici 2013. Ayant bénéficié de 130 millions USD d’investissements en provenance des États arabes
du Golfe en 2011, l’usine de ciment Barbar devrait en produire 1.7 million de tonnes par an.
Le secteur de la construction continue de se développer, tiré par le développement des infrastructures liées aux
services publics engagé par le gouvernement dans le cadre des accords de paix du Soudan oriental et du
Darfour (Doha). En outre, les efforts des autorités pour poursuivre la reconstruction dans d’autres régions en
conflit, notamment dans les États du Nil bleu et du Kordofan méridional, devraient soutenir la croissance de ce
secteur.
La contribution du secteur des services dans le PIB a augmenté, de 42.8 % en 2010 à 44.6 % en 2011, une
progression qui s’explique en partie par la contraction de l’industrie et par l’essor des services financiers, qui se
poursuit. Pour autant, la part du commerce de gros et de détail et des télécommunications dans les services a
reculé à cause de la perte démographique et de la hausse des impôts sur les bénéfices des sociétés de
télécommunication.
La demande intérieure, qui englobe également la consommation et l’investissement publics et privés, s’est
contractée en 2011 sous l’effet de la sécession du Sud-Soudan qui a entraîné une perte de 75 % des revenus
pétroliers et de 20 % de la population. La consommation et l’investissement privés devraient continuer de se
replier en 2012-13 sous le coup des lourdes répercussions induites par les ajustements post-sécession et des
risques politiques engendrés par la persistance des conflits armés. De 7.5 % du PIB en 2011, le déficit du compte
courant devrait se creuser à 10.5 % en 2012. Afin de juguler la croissance des importations, le gouvernement a
introduit toute une série de mesures, au nombre desquelles l’interdiction d’importer des produits de luxe et
l’imposition d’une taxe comprise entre 50 et 100 % sur 18 produits de consommation importés.
Il est néanmoins à craindre que les ajustements budgétaires, axés sur la réduction des dépenses et
l’augmentation des impôts, ne nuisent gravement à la prestation de services en faveur des populations
défavorisées et aux perspectives de croissance à long terme. Les transferts fédéraux aux gouvernements d’État,
principal outil de financement des prestations de services dans le cadre de la décentralisation, n’ont représenté
que 3.3 % du PIB en 2011, moins que les 4.1 % inscrits au budget.
L’action de la politique économique a été affectée en 2011 par les problèmes qui ont suivi la sécession,
notamment par les différends concernant la zone pétrolifère d’Abyei et d’autres tracés frontaliers, par la perte
des recettes pétrolières et par les répercussions de ce manque à gagner sur le budget public, les réserves et le
taux de change. Face à ces défis, le gouvernement du Soudan a introduit des mesures d’austérité et
d’assainissement budgétaire, ainsi que des mesures de promotion des exportations non pétrolières. Il est
également toujours en pourparlers avec le gouvernement du Sud-Soudan sur le montant des frais de transport
du pétrole sud-soudanais qui transite par le Soudan.
Dans le cadre d’un plan quinquennal de 2011-16, le parlement a adopté un programme de stabilité économique
de trois ans (2011-14) après la sécession du Sud-Soudan. Ce programme vise à faciliter la diversification
économique du pays, en dehors de la production pétrolière, pour procurer de la croissance par l’agriculture et
les industries manufacturières, et prévoit des mesures de sécurité sociale en conséquence. À court terme, ce
programme s’attachera à stabiliser l’économie, à promouvoir l’autosuffisance en produits de base, à renforcer le
rôle du secteur privé et à créer des emplois.
[1] Rapport entre la part de pétrole que l’on peut récupérer dans un gisement et la totalité du pétrole qu’il
Perspectives économiques en Afrique 2012
5 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA
contient.
Perspectives économiques en Afrique 2012
6 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA
Politiques macroéconomiques
Politique budgétaire
De 2012 à 2017, la politique économique du Soudan s’appuiera sur le second plan stratégique quinquennal
(2012-17), dont l’objectif est de diversifier l’économie nationale au profit de l’agriculture et des autres secteurs
de l’économie, en dehors du secteur pétrolier, ainsi que sur le programme d’austérité d’urgence de trois ans,
soutenu par le FMI. Si le pays a connu la plus forte croissance de son histoire au cours de cette dernière
décennie (1999-2010), grâce aux revenus du pétrole, les ajustements budgétaires au lendemain de la sécession
et leurs répercussions négatives sur la croissance réelle du Soudan et son développement social suscitent les
plus vives inquiétudes. Les remaniements qui ont suivi la partition du pays ont eu des incidences immédiates sur
la politique budgétaire : un budget complémentaire a dû être voté au second semestre 2011 pour intégrer les
35.6 % de perte de recettes sans compromettre la croissance. En 2011, la BoS a relevé d’un point de
pourcentage le taux de réserves, qui était de 11 % en 2010, et a continué d’utiliser le taux de change nominal
comme point d’ancrage nominal pour maintenir les prix stables. S’il veut voir de telles politiques porter leurs
fruits, le gouvernement doit parvenir à juguler le déficit budgétaire et faire face aux risques économiques et
sociaux.
Avec le budget 2011 amendé, le gouvernement a prévu de réduire ses dépenses, d’augmenter les impôts et de
supprimer les subventions. Certaines mesures de sécurité sociale ont été introduites dans le but d’atténuer les
conséquences de l’assainissement budgétaire, au nombre desquelles une prime mensuelle forfaitaire de
100 SDG pour tous les fonctionnaires, un soutien monétaire ciblé sur les ménages pauvres et les étudiants, un
renforcement des transferts vers l’assurance maladie, ainsi que des ressources supplémentaires pour les fonds
de développement social. Si le budget amendé a été préparé en prévision de la pire hypothèse quant à l’issue
des négociations avec le Sud sur les droits de transit du pétrole, il n’a pas pu prendre en compte la totalité des
pertes de recettes pétrolières.
Afin de contenir le déficit budgétaire, le gouvernement a cessé de subventionner les principaux combustibles
ainsi que le sucre, pour économiser environ 1 % du PIB en 2011. Il met actuellement en place tout un arsenal
de mesures budgétaires, qui comprend notamment une révision de la politique fiscale et prévoit de réduire les
exonérations de TVA, de réformer la structure des droits d’importation ainsi que celle de l’impôt sur les revenus
des particuliers (en abaissant le seuil d’imposition et en supprimant les exonérations des personnes âgées de 50
ans et plus), de rationaliser les exonérations prévues en vertu de la loi pour la promotion des investissements
(Investment Encouragement Act) et de clarifier les questions de compétences fiscales avec les pouvoirs locaux.
La taxe sur les télécommunications a été relevée de 20 à 30 % au cours du second semestre 2011 et un impôt
pour le développement de 5 à 10 % a été prélevé sur une sélection d’importations de biens de consommation.
Les recettes fiscales ont ainsi augmenté de 0.3 % du PIB par rapport aux premières prévisions de 2011.
Toutefois, le fort niveau de transactions non déclarées dans le secteur informel, avoisinant les 60 % du PIB, et la
fraude fiscale qui échappe aux contrôles continuent d’entraver le respect des règles fiscales.
Nonobstant ces réformes budgétaires, la réduction des dépenses est restée en deçà du niveau requis pour
compenser la perte de recettes, entraînant un déficit budgétaire global de 5 % du PIB en 2011. Il devrait
toutefois se replier à 3.4 % du PIB en 2012. Sur fond d’intensification des conflits armés, de mécontentement
face à la politique menée et de création de nouveaux États, l’orientation budgétaire reste largement
expansionniste. Les salaires des fonctionnaires ont totalisé 44 % des dépenses publiques en 2011 mais devraient
se réduire à 40 % en 2012. Cette dépense relativement élevée en 2011 est essentiellement imputable à la
création de 25 000 nouveaux postes dans le secteur public. La part des transferts fédéraux aux gouvernements
d’État représentait 27 % des recettes publiques, soit 5 % de moins que le montant inscrit au budget. Elle restera
identique en 2012. Les dépenses publiques pour les services sociaux, y compris les dépenses de santé et
d’éducation, étaient de 1.1 % du budget et devraient se contracter à 0.9 % en 2012. Enfin, 8.2 % du budget
2011 ont été consacrés aux dépenses en capital, soit 50 % de moins que le montant initialement prévu, même si
ces dépenses devraient augmenter à 12.2 % en 2012. Le principal défi à relever consiste à équilibrer le
financement combiné du déficit. Outre la mise en vente d’obligations publiques, le gouvernement doit redoubler
d’efforts pour mobiliser les donneurs et négocier leur aide budgétaire à des conditions favorables. L’encours
élevé de la dette extérieure du Soudan, conjugué aux sanctions économiques imposées par les États-Unis, freine
toujours l’accès du pays aux marchés internationaux du crédit. Le gouvernement doit renforcer la viabilité de la
dette et introduire des réformes en profondeur s’il veut obtenir le soutien le plus large pour un allégement de
sa dette.
Perspectives économiques en Afrique 2012
7 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA
Tableau 3 : Opérations financières de l'Etat (en pourcentage du PIB)
2003
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
Recettes totales (avec dons)
16
21.0
20.6
22.7
16.3
16.4
12.1
10.7
10.6
Recettes fiscales
5.8
7.4
6.9
6.6
7.1
6.5
7.5
5.2
5.1
Recettes pétrolières
9.1
11.2
11.6
14.9
7.9
8.5
5.3
2.6
2.5
Dons
-
-
-
-
-
-
-
-
-
Dépenses totales (et prêts nets) (a)
15.3
25.6
26
24.2
21.2
19.5
16.4
14.1
14.9
Dépenses courantes
12.7
21.1
21.1
20.9
18.2
16.8
14.8
11.5
11.8
Sans les intérêts
11.1
20.0
20.2
20
17.2
15.9
13.3
9.6
9.7
Salaires
4.1
5.8
6.8
5.1
5.6
4.9
5.1
4.9
5
Intérêts
1.6
1.2
1
0.9
1
0.9
1.5
1.9
2.1
Solde primaire
2.3
-3.4
-4.4
-0.6
-3.8
-2.2
-2.8
-1.5
-2.2
Solde global
0.7
-4.6
-5.4
-1.5
-4.8
-3.1
-4.3
-3.4
-4.3
2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions.
http://dx.doi.org/10.1787/888932627240
Politique monétaire
De 15 % fin 2011, le taux d’inflation des prix à la consommation (IPC) devrait bondir à 20 % en 2012,
principalement en raison de la hausse des prix des denrées alimentaires, qui comptent pour 52 % du panier de
l’IPC, et de la rapide dépréciation de la livre soudanaise. La politique monétaire menée par la BoS consiste
essentiellement à émettre des obligations de la banque centrale ou des titres Musharaka (Musharaka
Certificates – GMC), à fixer le niveau de réserves obligatoires et à manipuler le taux de change. Les réserves et
la masse monétaire au sens large ont respectivement progressé de 18 et 29 % en 2011 ; la masse monétaire au
sens large devrait augmenter de 16 % en 2012. La croissance monétaire est essentiellement alimentée par
l’accroissement des prêts au gouvernement. En 2011, la BoS a relevé le taux de réserve à 12 %, contre 11 %
en 2010, afin de contenir les tensions inflationnistes. Pour encourager les exportateurs, elle continue par ailleurs
de pratiquer un taux de change bonifié de 4.77 %, au-dessus du taux officiel, par une dévaluation de fait. En
décembre 2011 toutefois, le taux du marché libre était 50 % supérieur au taux officiel, entravant sérieusement
l’ancrage du taux de change en vigueur.
Les réserves brutes de change du Soudan ont reculé d’un mois de couverture des importations fin 2010 à moins
de 0.9 mois fin 2011, plombées par le déclin des recettes d’exportation et du financement extérieur et par les
interventions continues pour stabiliser le taux de change. Un système de change plus approprié est
indispensable si le gouvernement veut juguler l’inflation, promouvoir l’investissement et renforcer la
compétitivité dans le cadre de son plan stratégique quinquennal (2012-17). Afin de renforcer la politique
monétaire, le gouvernement a continué de rembourser ses arriérés aux banques, ce qui a eu pour conséquence
de réduire la part des prêts improductifs dans le montant total de l’encours des prêts en 2011 (17 %), par
rapport à 2010 (20 %). Toutefois, les crédits bancaires accordés au secteur privé tardent à s’intensifier avec une
croissance d’à peine 15 % du PIB nominal, en baisse par rapport aux 19 % enregistrés en 2010.
La BoS a ordonné à l’ensemble des banques commerciales d’allouer au moins 12 % de leur portefeuille
d’investissement aux projets de microfinance en 2012. En outre, près de 15 millions USD ont été affectés au
Fonds d’emploi pour les jeunes diplômés (Graduate Employment Fund). Les banques sont encouragées par des
mesures incitatives à constituer des portefeuilles de financement conjoints pour promouvoir les exportations de
coton, de bétail, de gomme arabique et de minerais (y compris d’or) et pour financer la production locale de
sucre, de blé, d’huile alimentaire et de produits pharmaceutiques.
Coopération économique, intégration régionale et commerce
Perspectives économiques en Afrique 2012
8 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA
Après avoir enregistré un déficit de 0.37 milliard USD en 2011, la balance commerciale du Soudan devrait se
détériorer de 6.3 milliards USD en 2012, sur fond de perte de recettes pétrolières et d’une reprise des
importations de produits pétroliers. Les exportations devraient reculer de 6.0 milliards USD en 2012, contre
8.5 milliards USD de 2011, alors que les importations ne devraient perdre que 58 millions USD, par rapport aux
8.8 milliards de 2011. Les mouvements de capitaux, y compris les investissements directs étrangers (IDE),
devraient diminuer à court terme. Pour autant, le compte des transactions courantes bénéficiera de la baisse des
paiements destinés aux compagnies pétrolières.
La Chine a capté 73 % des exportations du Soudan en 2010-11, alors que les États arabes et le Marché commun
d’Afrique australe et d’Afrique orientale (Comesa) se sont respectivement partagé 14 et 6.4 % des exportations
soudanaises. Les importations sont relativement plus diversifiées et sont dominées par les denrées alimentaires
et les produits manufacturiers à respectivement 43 et 20 %. Sous l’effet de l’ajustement budgétaire du second
semestre 2011, les importations de denrées alimentaires ont reculé de 50 % alors que la part des machines a
progressé de 12 à 24 %. Le Soudan traverse une véritable crise de la dette et l’aide étrangère, essentiellement
en provenance du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et des partenaires, devrait
atteindre 3.5 % du montant total des importations en 2012. Les emprunts extérieurs du Soudan devraient
reculer à 2.34 milliards USD en 2012, contre 3.1 milliards USD en 2011, la plupart des prêts provenant de
créanciers bilatéraux non membres du Club de Paris.
Une portion d’autoroute de 26 kilomètres reliant le Soudan à l’Érythrée a été officiellement inaugurée en
octobre 2011. Début 2011, le Soudan, le Tchad et la République centrafricaine (RCA) ont signé un accord en
vue d’instaurer un mécanisme consultatif pour répondre aux problèmes communs de sécurité, renforcer la
coexistence pacifique entre les tribus frontalières et encourager le retour volontaire des réfugiés. Par la suite,
un certain nombre d’accords de transport ont été conclus dans le but de faciliter les échanges de la RCA et du
Tchad via Port-Soudan, avec notamment la construction d’une ligne de chemin de fer pour relier les trois pays.
Tableau 4 : Comptes courants (en pourcentage du PIB)
2003
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
Balance commerciale
0.2
-3.5
2.5
6.1
-1.3
3.6
-1
-8.6
-2.7
Exportations de biens (f.o.b.)
14.5
16.0
19.1
22.4
14.9
17.1
14.5
7.9
9
Importations de biens (f.o.b.)
14.3
19.5
16.6
16.3
16.2
13.4
15.5
16.5
11.7
Services
-4.5
-7.4
-6.3
-5.3
-4.7
-4
-2.2
-2.3
-2.4
Revenu des facteurs
-7.7
-8.1
-10
-10.2
-9.9
-9.2
-5.3
-3.3
-4.9
Transferts courants
4.1
3.8
1.3
0
2
3.1
1
1.9
2
Solde des comptes courants
-7.9
-15.2
-12.5
-9.4
-13.9
-6.4
-7.5
-12.3
-8
2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions.
http://dx.doi.org/10.1787/888932628228
Politique de la dette
À 61 % du PIB, la dette extérieure du Soudan – qui atteignait avant la sécession près de 39.7 milliards USD fin
2011 – dépasse le seuil au-delà duquel elle n’est plus viable pour le pays. En outre, 84 % de sa dette se
compose d’arriérés. De 7.8 % du PIB en 2010, la dette publique intérieure devrait encore se creuser à 10.8 %
par an en 2011-12, conséquence des besoins en financement du secteur public sans cesse plus importants. Le
Soudan ne pourra pas supporter sa dette extérieure sans un allégement et, dans l’impossibilité de négocier des
prêts à des conditions préférentielles, le gouvernement continue d’emprunter auprès de créanciers bilatéraux
non membres du Club de Paris.
La capacité d’emprunter et d’assurer le service de la dette du Soudan a été encore restreinte en 2011 avec la
chute des recettes pétrolières. Le gouvernement désire bénéficier d’un réaménagement de sa dette en vertu
de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) et le Groupe de travail technique sur la dette du
Soudan s’est réuni en février 2011 pour convenir d’un programme de travail. Dans l’évaluation 2011 des
politiques et des institutions du pays (CPIA) réalisée par la Banque mondiale et la Banque africaine de
Perspectives économiques en Afrique 2012
9 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA
développement (BAfD), la politique de la dette du Soudan a obtenu la note de 2, la plus faible d’Afrique. Ce
classement devrait empirer sans un allégement de la dette, compte tenu de la multiplication de prêts aux
conditions du marché et de l’accumulation des arriérés.
Figure 2 : Part de l’encours de la dette extérieure dans le PIB et ratio du service de la dette sur les
exportations (en pourcentage)
150%
125%
Pourcentage
100%
75%
50%
25%
0%
2003
2004
2005
2006
Dette/PIB
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
Service de la dette/Exportations
2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions.
http://dx.doi.org/10.1787/888932624276
Perspectives économiques en Afrique 2012
10 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA
Gouvernance économique et politique
Secteur privé
Dans son rapport Doing Business de 2012, la Banque mondiale classe le Soudan 154e sur 183 économies, sans
changement depuis 2010. Le pays arrive également à la 35e position sur 40 économies dans le classement tiré
de l’évaluation CPIA, préparé conjointement par la Banque mondiale et la BAfD en matière de cadre
réglementaire des entreprises. Si le Soudan veut renforcer le rôle du secteur privé dans les investissements et
le développement, il doit impérativement rétablir un climat plus propice aux affaires, une condition également
indispensable sur le plan général de la gestion et de la gouvernance économique. Le pays doit plus
particulièrement s’efforcer d’élargir l’accès au crédit et d’accroître ses rendements fiscaux. Particulièrement
strictes dans leurs procédures de prêt, notamment à l’égard des petites et moyennes entreprises, les banques
commerciales observent la même politique envers les programmes publics. Le projet d’emploi pour les jeunes
diplômés dans l’État du Nil bleu a dû être suspendu en raison de son financement exorbitant. Les banques
doivent être encouragées à octroyer suffisamment de crédits par des instruments de microfinance afin de
soutenir les petites entreprises susceptibles de créer des emplois pour les jeunes.
Point positif, le Soudan se classait parmi les 37 premiers pays dans le rapport Doing Business de 2011 pour ce
qui est de la facilité d’enregistrer des titres de propriété, avec un délai de 9 jours, contre 65 jours en moyenne
dans la région subsaharienne – un bon résultat dû au caractère abordable du coût d’enregistrement (3 % de la
valeur du bien). Pour autant, un régime efficace de droits de propriété intellectuelle fait défaut au pays et ce,
malgré les quelques progrès réalisés en la matière avec l’aide de l’Organisation mondiale de la propriété
intellectuelle (OMPI).
Secteur financier
Le système financier soudanais reste dominé par les banques commerciales, alors que le financement de
moyenne à longue durée via les marchés obligataires et boursiers y est particulièrement sous-développé. La
BoS a introduit il y a peu un certain nombre de mesures pour stimuler les services financiers et renforcer le
cadre réglementaire et prudentiel, en mettant l’accent sur le provisionnement des prêts et l’adéquation des
capitaux. Toutes les banques devaient relever à 100 millions SDG d’ici fin 2011 leur minimum de capital requis,
qui était de 80 millions SDG en 2010.
La Banque nationale d’Omdurman, première banque commerciale du pays avec un taux de prêts improductifs
de 50 %, est en cours de restructuration, malgré quelques retards. La Bourse de Khartoum facilite la négociation
d’obligations publiques (les certificats Shahama) sur le court terme ; le volume des transactions a atteint
3.5 milliards SDG en 2011. L’évaluation CPIA préparée par la Banque mondiale et la BAfD classe le Soudan 40e
sur 41 économies en matière de développement du secteur financier en 2011. Il reste encore beaucoup à faire
pour améliorer les services financiers. La dérégulation des coûts de financement, l’ouverture du compte de
capital et la libéralisation des échanges transfrontaliers permettront notamment de débloquer plus efficacement
les fonds pour une meilleure contribution du secteur financier à la croissance du pays. Les services financiers
officiels restent concentrés dans les principales villes du Soudan et la politique de développement du secteur
financier devrait plus particulièrement s’intéresser aux besoins des habitants dans les régions rurales et des
petites entreprises.
Gestion du secteur public, institutions et réformes
Le Soudan n’a publié à ce jour aucun diagnostic au titre du programme d’évaluation des dépenses publiques et
de la responsabilité financière (PEFA). On observe toujours d’importants écarts entre les projections budgétaires
et les résultats obtenus, signe d’un manque de réalisme dans la préparation du budget en l’absence de discipline
budgétaire. La perte de recettes pétrolières risque en outre de dégrader un peu plus la précision des prévisions
de recettes intérieures et d’affecter les postes de dépenses inscrites au budget ainsi que l’évaluation globale de
l’exécution budgétaire.
Le gouvernement a commandé une enquête de suivi des dépenses publiques (ESDP) dans le secteur de la santé
en mai 2011. Les résultats de cette ESDP ont révélé d’importants freins dans l’allocation efficace des
financements aux structures de santé qui dispensent les services et ont mis en lumière le besoin d’un budget
plus crédible. Les très faibles retombées des subventions fédérales aux échelons inférieurs, pour les
gouvernements d’État et les structures de santé pourraient venir compliquer le processus de décentralisation,
notamment avec la réduction des transferts verticaux aux gouvernements d’État imposée par le programme
d’austérité dans le courant du second semestre 2011.
Le contrôle du budget prévu par la loi reste faible, le législateur n’ayant pas les pleins pouvoirs pour amender
les propositions budgétaires du corps exécutif soumises en début d’exercice, ni pour approuver toute
Perspectives économiques en Afrique 2012
11 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA
modification du budget apportée en cours d’exercice. De la même manière, l’institution supérieure de contrôle
des finances publiques du Soudan est freinée dans sa mission par un certain nombre de lacunes, au nombre
desquelles l’absence d’un plein pouvoir discrétionnaire pour déterminer les domaines qu’elle contrôlera,
l’insuffisance de moyens pour exercer utilement son mandat, le retard dans la publication des rapports de
contrôle sur les dépenses définitives des administrations nationales et le manque de communication appropriée
avec le public. En outre, les mesures de suivi entreprises par le corps exécutif pour appliquer les
recommandations de contrôle ne sont pas correctement consignées.
Le Soudan a toutefois quelque peu progressé dans la gestion des finances publiques ces dernières années,
puisque le pays a commencé à publier un rapport consolidé de fin d’année sur le budget ainsi qu’un rapport de
contrôle. À ce jour, la nomenclature budgétaire offre un aperçu relativement précis des activités globalement
entreprises par le gouvernement, mais la surveillance budgétaire et les systèmes de contrôle restent inadaptés.
Des mesures ont été adoptées pour renforcer les mécanismes de contrôle des dépenses publiques afin de
réduire les délais de préparation et de soumission des comptes publics au législateur, pour veiller à donner suite
aux rapports budgétaires et aux conclusions d’audit et pour introduire de la transparence dans les transferts aux
États.
La corruption est perçue comme endémique et le Soudan reste l’une des nations parmi les plus corrompues de
la planète selon l’indice de perception de la corruption (IPC) compilé par Transparency International pour 2011.
Avec un IPC de 1.6, le Soudan s’est classé 176e sur 182 pays. Selon l’inspecteur général, de nombreuses
agences auraient refusé de se soumettre au contrôle ou n’auraient pas autorisé l’accès à leurs registres. Aucune
loi ne prévoit la consultation publique des données du gouvernement, lequel veille jalousement sur ces
informations. Le Soudan ressort à la 48e place (sur 53) dans l’indice Ibrahim de 2011, ce qui témoigne de ses
mauvais résultats en termes de gouvernance à l’échelle du continent.
Gestion des ressources naturelles et environnement
Sur le plan environnemental, le Soudan est confronté à de graves problèmes, dont la forte dégradation des sols,
la déforestation, la désertification ainsi que d’autres répercussions du changement climatique qui menacent les
perspectives d’une paix et d’un développement durables. Principale cause de l’exploitation intensive des terres
marginales, de l’eau et des ressources forestières, la pauvreté vient encore déstabiliser l’équilibre écologique
déjà fragile et restreint du pays. Il existe des liens évidents entre les modes d’utilisation des ressources
environnementales et le conflit qui persiste au Darfour, ainsi que les autres conflits historiques et actuels au
Soudan.
Respectivement 59.3 et 31.2 % de la population ont accès à l’eau potable et aux services d’assainissement, mais
l’on observe d’importantes disparités d’un État à l’autre. Avec l’appui du Fonds pour l’environnement mondial
(FEM), le PNUD a assisté ces dernières années les autorités du Soudan à préparer leur plan d’action stratégique
national de protection de la biodiversité et à identifier les priorités propres au pays pour la préservation de la
biodiversité. Le gouvernement a en outre rédigé son deuxième rapport national sur les changements
climatiques. Le PNUD prête actuellement concours au Haut conseil pour la préservation de l’environnement et
des ressources naturelles (Higher Council for Environment and Natural Resources) dans la préparation du plan
d’adaptation national du Soudan sur le changement climatique, ainsi que d’un plan national d’exécution dans le
but d’interdire progressivement les polluants organiques persistants. Ces deux documents ont reçu l’aval du
gouvernement avant d’être soumis au secrétariat concerné du FEM. Le PNUD soutient également les
partenaires nationaux et internationaux dans la formulation d’un cadre environnemental stratégique pour la
gestion des eaux transfrontalières et des problèmes environnementaux dans le bassin du Nil.
Désireux de rallier les efforts de la communauté internationale face aux problèmes environnementaux, le
Soudan a ratifié les conventions mondiales sur l’environnement, conformément aux objectifs environnementaux
convenus lors de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement de Rio de Janeiro
en 1992, et aux instruments internationaux connexes.
Contexte politique
À la suite de sécession du Sud-Soudan, un nouveau gouvernement a fini par être constitué en décembre 2011,
après cinq mois d’intenses consultations avec les autres partis politiques, menées par le parti du Congrès
national (National Congress Party – NCP), au pouvoir. D’ouverture plus large, ce nouveau gouvernement
intègre des représentants de 14 partis, ainsi que des représentants des anciens groupes rebelles qui ont signé
des accords de paix avec le gouvernement du NCP. Les autres partis d’opposition ont refusé d’y prendre part,
comme le parti Umma et le Congrès du peuple. Avec 60 ministres, ce nouveau gouvernement est le plus
important de toute l’histoire du Soudan, à l’image des complexités et des enjeux politiques auxquels le pays est
confronté. Parallèlement, l’opposition armée s’est regroupée dans une alliance baptisée Kauda dans le but de
faire pression sur le gouvernement et de demander un changement de régime.
Perspectives économiques en Afrique 2012
12 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA
La stabilité politique du Soudan pourrait être sérieusement mise à mal par la détermination du gouvernement à
mettre en œuvre son programme d’austérité. L’inflation continue d’augmenter, notamment depuis l’envolée
des exportations de bétail et de viande pour compenser le manque à gagner des recettes pétrolières et les
perturbations dans l’approvisionnement de bétail dues aux troubles civils. Afin de juguler la hausse des prix à la
consommation, le gouvernement a mis en place un certain nombre de mesures, comme la baisse du prix de la
viande et la lutte contre la spéculation monétaire. Le prix de l’huile alimentaire et de certains légumes a reculé
grâce à une campagne agricole favorable.
Six quotidiens ont été suspendus après la sécession en raison de leurs attaches avec le Sud-Soudan. Les
journaux Ra’ al-Shaab et al-Wan ont également été interdits en octobre 2011 et en janvier 2012
respectivement, pour violation de la réglementation en vigueur concernant les médias et les publications.
Perspectives économiques en Afrique 2012
13 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA
Contexte social et développement humain
Développement des ressources humaines
Sur le plan social, la politique gouvernementale cherche à étendre la fourniture des services de base en matière
de santé, d’éducation, d’eau et d’assainissement. Elle privilégie les projets ayant d’importantes retombées et
profitant rapidement aux personnes déplacées et aux rapatriés, ainsi que les solutions intensifiées pour
éradiquer l’épidémie de VIH/sida.
Selon les données compilées par le Bureau central des statistiques (CBS) en 2009, les taux bruts de scolarisation
en primaire étaient de 55.0 % pour les filles et de 58.0 % pour les garçons, contre respectivement 32.0 et
41.0 % dans l’enseignement secondaire. Le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans était de 106
pour 1 000 naissances vivantes, alors que le taux de VIH/sida a avoisiné les 2.3 % en 2010, en hausse par
rapport aux 1.6 % estimés en 2002. La prévalence du paludisme et de la tuberculose est estimée à 17 et 10 %
respectivement. Le Soudan se classe 39e sur 41 pays africains dans l’indice 2011 de développement des
ressources humaines compilé dans le cadre des évaluations CPIA. Le Soudan risque de ne pas pouvoir réaliser
les deuxième, quatrième et sixième objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), s’il ne renforce pas
les moyens de ses structures de santé pour combattre le paludisme, la tuberculose et le VIH/sida, principales
causes des décès survenant à hôpital.
Dans l’ensemble, l’éducation et les services de formation sont très contrastés. Si, techniquement, la fourniture
de ces services a bien été étendue, de nombreux enfants en régions rurales, et plus particulièrement les filles,
sont privés de scolarisation, même élémentaire. L’enseignement secondaire et supérieur s’est bien développé,
mais les structures restent limitées et la qualité de l’enseignement médiocre.
Réduction de la pauvreté, protection sociale et travail
Malgré d’importantes ressources naturelles, la performance économique du Soudan a considérablement pâti de
la guerre civile et des problèmes de gouvernance qui en ont résulté. Avec la hausse des dépenses pour assurer
la défense et la sécurité du pays à la suite des conflits armés, les enveloppes budgétaires consacrées aux
infrastructures, à la santé et aux services sociaux ont vu leur montant diminuer. Les conflits et le déplacement
intérieur de civils sont à l’origine d’une situation d’insécurité alimentaire dans certaines régions du pays et
continuent de provoquer d’atroces souffrances et des décès. D’après l’enquête de référence 2009 sur les
ménages réalisée par le CBS, 46.5 % des Soudanais sont considérés comme pauvres. En outre, la croissance
n’est pas suffisamment généralisée à l’ensemble des catégories de la population pour réduire l’incidence de la
pauvreté. Les fortes inégalités de revenus et l’allocation des ressources biaisée au profit de la sécurité vont très
certainement accentuer la pauvreté, dont la réduction reste un enjeu de taille.
Le gouvernement a néanmoins compris la nécessité de réduire la pauvreté tant sur le plan économique que
politique. En 2011, il a préparé un document stratégique intérimaire de réduction de la pauvreté afin de
surmonter les graves problèmes qu’elle induit et de remplir les conditions requises pour obtenir un allégement
de dette.
Compte tenu de la situation politique, le Soudan ne compte que peu d’organismes de protection sociale. Le
partage des richesses est très inégal, tant sur le plan social que régional, et l’agriculture de subsistance reste la
forme d’emploi la plus répandue. La croissance économique continue d’être inégalement répartie, ce qui creuse
les inégalités. Conséquence de l’insécurité dans la région du Darfour ainsi que le long des États frontaliers, les
déplacements de civils et la perte de moyens de subsistance devraient se poursuivre. L’on peut s’attendre à une
aggravation des taux de malnutrition dans les mois à venir, compte tenu du manque d’accès adéquat aux
denrées alimentaires. L’État ne dispense que les services médicaux les plus élémentaires dans les zones urbaines
et ceux-ci ne sont même pas gratuits. Les organisations non gouvernementales (ONG) locales et nationales
offrent également quelques services qui peinent à répondre aux besoins sanitaires de la population.
La population active serait de 7.1 millions environ pour un taux de chômage de 15.8 % en 2011. Le secteur
agricole emploie environ 42 % de la population active, contre respectivement 19 et 11 % dans les services
publics et le commerce. Depuis les années 1990, le secteur informel a littéralement explosé avec la
multiplication de petits employeurs ; près de 60 % de la main-d’œuvre participerait directement au secteur
informel. Les codes du travail ne sont donc pas systématiquement respectés. Si les coûts non salariaux des
travailleurs restent modérés, les licenciements sont complexes et coûteux. La réglementation qui encadre les
limitations des heures de travail est assez flexible. Les employeurs ont du mal à recruter du personnel
correctement formé et le Soudan fait piètre figure par rapport aux autres pays de la région. Le rapport Doing
Business de la Banque mondiale a classé le Soudan 153e sur 183 pays en matière d’emploi des travailleurs en
2010.
Perspectives économiques en Afrique 2012
14 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA
Égalité hommes-femmes
Les inégalités entre les hommes et les femmes sont criantes au Soudan, puisque les femmes sont loin d’être
égales face aux hommes en termes d’éducation, d’alphabétisation et de qualité de vie : 48 % des femmes sont
illettrées ; l’indice des inégalités hommes-femmes est de 0.708 et le taux de mortalité maternelle de 750 pour
100 000 naissances vivantes. En outre, le Soudan n’a jamais signé ni ratifié la Convention sur l’élimination de
toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW).
Les procédures de divorce sont inégales : les deux époux peuvent demander le divorce qui reste pourtant plus
difficile à obtenir pour les femmes que pour les hommes. Il n’existe aucune loi particulière qui interdise la
violence conjugale, qui est courante au Soudan. En général, la police ne se déplace pas, à moins d’être
contactée. La communauté prévoit bien des sanctions censées régler ce type de situations, mais elles n’ont
aucun effet dissuasif. Alors que les communautés traditionnelles considèrent que la place de la femme, une fois
mariée, est généralement à la maison, les femmes éduquées, notamment dans les villes, sont de plus en plus
nombreuses à continuer de travailler après le mariage.
De nombreux facteurs sociaux restreignent l’activité et l’emploi des femmes au Soudan. En général, les femmes
tendent à travailler au foyer à plein temps et restent limitées dans leur mobilité par le poids des traditions et de
la culture. Les taux d’activité et de chômage des femmes étaient respectivement de 19.7 et 24 % en 2009,
contre 53 et 79 % chez les hommes. Les employeurs privés dans le secteur formel comme informel sont
souvent découragés par la loi sur les congés maternité, qui autorise les femmes salariées à prendre un congé
payé de deux mois pour rester chez elles. Les femmes sont donc davantage employées dans le secteur public et
les ONG que dans le secteur privé. La part d’entreprises détenues par des femmes (travailleurs indépendants et
employeurs) était de 5.2 % en 2009, contre 36.3 % pour les hommes (données 2009 du CBS). Cet écart est
essentiellement dû aux obstacles liés au genre qui persistent au-delà des problèmes que rencontrent toutes les
petites entreprises pour accéder aux informations, aux crédits et aux marchés. La représentation politique des
femmes s’est améliorée ; ainsi par exemple, leur taux de participation dans le corps législatif a bondi de 10 à
25.6 %, à la faveur de l’Accord de paix global, qui prévoit un quota de 25 % minimum de femmes au parlement.
Perspectives économiques en Afrique 2012
15 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA
Analyse thématique : Promouvoir l’emploi des jeunes
En 2008, sur les 30.5 millions d’habitants que comptait le pays, 17 % étaient des jeunes âgés de 15 à 24 ans.
Selon l’enquête nationale auprès des ménages de 2009, le taux d’activité et de chômage des jeunes était
respectivement de 32.9 et de 22 %, contre 43.0 et 11 % chez les adultes.
Au Soudan, le marché de l’offre et de la demande, de même que certains facteurs institutionnels impactent le
taux d’activité et de chômage des jeunes. Le fort taux de croissance démographique s’est traduit par une
population relativement jeune et par une forte proportion de jeunes en âge de travailler en temps de pénurie
d’emplois. Les jeunes sont également plus mobiles que les autres catégories de la population ; le taux
d’urbanisation des jeunes était de 40.5 % en 2008, contre 31.4 % chez les adultes. Ce fort taux d’urbanisation
des jeunes est imputable, d’une part, à la migration de la main-d’œuvre à la recherche de meilleures conditions
de vie dans les villes et, d’autre part, aux déplacements de population provoqués par les conflits qui persistent
dans le pays. En outre, après l’Accord de paix global de 2005, un nombre considérable de rapatriés et d’anciens
combattants, la plupart étant âgés de moins de 30 ans, ont choisi de se réinstaller dans les zones urbaines du
pays, d’après les données du PNUD. Les importantes disparités entre les régions rurales et urbaines en matière
d’infrastructures, d’investissements et de services contribuent aux forts taux de migration chez les jeunes, un
phénomène qui nuit à la productivité agricole et aggrave la pauvreté, à la campagne comme dans les villes.
Le faible niveau d’études initial et le manque de dispositifs d’adéquation censés faciliter la transition vers le
monde du travail constituent d’autres facteurs liés à l’offre. L’enseignement primaire est gratuit au Soudan,
contrairement à l’enseignement secondaire et supérieur. Les établissements d’enseignement secondaire et
supérieur mettent moins l’accent sur les services d’orientation et d’accompagnement professionnel. Les
employeurs rencontrent souvent des difficultés pour trouver des personnes qualifiées et ce, malgré le fort taux
de chômage. Les diplômés de l’enseignement secondaire et de l’enseignement supérieur ont représenté
respectivement 49 et 28.7 % des jeunes sans emploi en 2008. Le fort taux de chômage chez les diplômés de
l’enseignement secondaire s’explique principalement par un manque de connaissances et de compétences
élémentaires pour occuper un emploi rémunéré, une situation qui les prive un peu plus de la possibilité de se
former au cours de leur vie professionnelle.
La hausse du chômage chez les jeunes diplômés, à l’heure où l’enseignement supérieur connaît un essor rapide,
reste particulièrement préoccupante au Soudan. L’inadéquation entre l’enseignement supérieur et les
compétences recherchées par les employeurs est criante. En effet, on recense presque deux fois plus
d’étudiants inscrits en sciences humaines (62 %) qu’en sciences (32 %), alors que les offres d’emploi pour les
jeunes se concentrent dans l’agriculture (42 %), les services publics (19 %) et le commerce (19 %).
Conséquence, les jeunes diplômés sont nombreux à occuper des emplois qui ne demandent que peu de
qualifications.
Les facteurs liés à la demande sont tout aussi importants. La forte croissance du Soudan induite par le pétrole
ces dix dernières années s’est accompagnée d’un chômage croissant, en raison du « syndrome hollandais » et
des investissements limités dans les secteurs non pétroliers. L’envolée de la demande globale à la suite du boum
pétrolier a été largement satisfaite par des importations en hausse avec peu de répercussions sur le reste de
l’économie. L’agriculture, qui a employé 45 % des jeunes en 2011, a perdu en compétitivité alors que les
exportations de produits agricoles, pénalisées par un taux de change surévalué, ont considérablement reculé,
réduisant de ce fait les incitations dans le secteur, notamment pour les jeunes exploitants.
En l’absence d’assurance chômage et alors que le secteur formel est en perte d’emplois, de nombreux
chômeurs finissent par se tourner vers le secteur informel, où la productivité et les salaires sont
particulièrement bas. Si le secteur informel représente 60 % du revenu national, il fournit plus de 90 % des
revenus et des emplois dans les régions rurales. En revanche, 90 % des grandes entreprises sont concentrées
dans la capitale, Khartoum.
Les jeunes sans emploi sont désavantagés par leur relative inexpérience et par leur manque de compétences
recherchées. Ainsi, 21 % des employeurs privés dans le secteur formel de Khartoum ont indiqué dans une
enquête du ministère du Travail préférer embaucher des travailleurs étrangers pour leur efficacité et leurs
compétences. D’après les rapports Doing Business de 2009 et de 2010, le Soudan a été rétrogradé dans le
classement sur l’emploi des travailleurs, de la 144e place (sur 181 pays) à la 153e place (sur 183 pays),
conséquence, entre autres choses, des difficultés que rencontrent les recruteurs pour trouver des travailleurs
maîtrisant les compétences de base et de la rigidité de la réglementation encadrant le recrutement et le
licenciement des employés.
De nombreux facteurs sociaux liés aux stéréotypes de genre restreignent l’activité et l’emploi des jeunes
femmes au Soudan. D’après les données 2009 du CBS, les taux d’activité et de chômage des jeunes femmes
âgées entre 15 et 25 ans étaient respectivement de 9.5 et 26 %, contre 23 et 74 % chez les jeunes hommes.
Perspectives économiques en Afrique 2012
16 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA
Les jeunes femmes sont relativement moins frappées par le chômage (19 %) que la population masculine
(46 %), un phénomène qui s’explique essentiellement par leur faible taux de participation. En outre, les jeunes
femmes sont plus susceptibles que les hommes de s’occuper des tâches familiales non rémunérées (49 % contre
22 %), plutôt que de rester sans emploi.
Le chômage des jeunes est également imputable à certains facteurs structurels et institutionnels, au nombre
desquels un manque d’information sur les offres d’emploi, l’absence d’orientation professionnelle et des
institutions du marché du travail inefficaces. Les offres sont rarement diffusées sur le marché du travail : seuls
26 % des employeurs privés du secteur formel à Khartoum recrutent leur main-d’œuvre directement sur le
marché, quand le secteur informel fait exclusivement jouer les connaissances familiales et les réseaux
personnels.
Le gouvernement a largement pris la mesure de l’ampleur du chômage chez les jeunes Soudanais, comme
l’atteste sa décision de doubler les admissions auprès des établissements d’enseignement supérieur, prise en
1991. Un projet national pour l’embauche des jeunes diplômés a été introduit en 1999. Il fut suivi, en 2008, par
un programme plus élargi d’emploi des jeunes, mis en place avec la participation du PNUD, qui a été par la suite
transformé en fonds d’emploi pour les jeunes diplômés avec le soutien du ministère de la Protection sociale, de
la femme et de l’enfance (Ministry of Social Welfare, Women and Child Affairs – MSWWCA) et du fonds
fiduciaire multidonateurs pour le Soudan. Doté d’un budget de 319 millions USD, ce programme avait pour
objectif de fournir un emploi à 300 000 diplômés (soit 50 % de tous les diplômés sans emploi entre 2000 et
2009) au sein du gouvernement, mais aussi dans le secteur privé, en facilitant la mobilité et la remise à niveau
et en encourageant la création d’activités indépendantes dans des projets de petite à moyenne envergure. Le
pays a parallèlement instauré d’autres programmes d’emploi destinés aux jeunes diplômés, parmi lesquels le
Start Your Project (Démarrez votre projet) et le Small Business Incubators (Pépinières de petites entreprises).
Lancé en 2008, le premier est organisé par le MSWWCA et la Fédération des entrepreneurs et des employeurs
soudanais dans le but de remettre à niveau les diplômés dans des projets bénéficiant d’un dispositif de
microfinance. Sous la supervision directe d’experts, les stagiaires se forment pendant un à trois ans à la gestion
d’entreprise et les lauréats peuvent démarrer leur propre activité grâce au financement de la Banque de
Khartoum.
Pour autant, les retombées de ces initiatives sont restées limitées. Entre 2010 et 2011, seuls 350 diplômés ont
suivi des programmes spécifiques de remise à niveau axés sur le démarrage de projets ; 280 autres diplômés
ont été embauchés dans diverses branches d’activité, comme les services de marketing, la gestion d’entreprise,
l’élevage de volailles et l’assemblage de meubles.
Entré en vigueur en 2008, le programme Creating Opportunities for Youth Employment in Sudan (Créer des
perspectives d’emploi pour les jeunes au Soudan) devrait s’achever en 2012. Onze organismes affiliés du PNUD
se sont engagés à verser 15.7 millions USD pour son financement et 16 organisations gouvernementales ont
participé à sa mise en œuvre. Le programme s’appuie sur la stratégie préparée par le ministère fédéral de la
Jeunesse et des sports pour former 5 millions de jeunes, ainsi que sur la vision du pays pour renforcer les
services financiers en faveur des jeunes via des instruments de microfinance.
Les programmes d’emploi pour les jeunes en cours continuent de se heurter dans leur mise en œuvre au
passage difficile des études à l’emploi, auquel vient s’ajouter l’intégration délicate des victimes du conflit civil et
des anciens soldats dans la société civile. Malheureusement, aucune stratégie nationale cohérente en matière de
croissance et d’emploi ne permet de coordonner efficacement les initiatives actuelles, pénalisées de surcroît par
l’absence de mesures visant à effacer les disparités entre zones rurales et urbaines et celles liées au genre. Ces
programmes s’attachent à remettre à niveau les jeunes dans des centres de formation professionnelle existants,
où les étudiants sont en majorité des hommes (77 %). Les politiques d’emploi pour les jeunes au Soudan
devraient pouvoir se fonder sur une stratégie nationale intégrée de croissance et d’emploi qui s’attaque aux
problèmes posés par la segmentation du marché du travail, l’inadéquation des compétences et le manque
d’informations.
Notes
[1] La Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique a engagé des discussions avec le bureau du
Programme des Nations Unies pour le développement à Khartoum et l’antenne nationale de la Banque africaine
de développement au Soudan pour aider le Bureau central des statistiques à préparer des données
macroéconomiques historiques distinctes pour le Soudan. Ces travaux sont toujours en cours.
[2] Rapport entre la part de pétrole que l’on peut récupérer dans un gisement et la totalité du pétrole qu’il
contient.
Perspectives économiques en Afrique 2012
17 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA
Téléchargement