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Soudan
2012
Soudan
La sécession du Sud-Soudan en juillet 2011, qui a entraîné la perte de recettes pétrolières et d’une partie
de la population, devrait expliquer en grande partie la croissance modérée du PIB réel en 2012 et 2013.
Confronté à une détérioration de la situation économique et sociale, le gouvernement a tenté d’y répondre
par des mesures d’austérité.
Le fort chômage des jeunes, et plus particulièrement des diplômés du supérieur, continue de progresser.
Vue d'ensemble
Depuis la sécession du Sud-Soudan en juillet 2011, le Soudan n’a plus produit de données économiques
détaillées. Les données macroéconomiques utilisées dans la présente note sappuient par conséquent sur les
estimations extraites du projet de budget 2012 pour 2011 et 2012[1]. D’après ce document, la croissance du PIB
aurait chuté, passant de 5 % en 2010 à 2.8 % en 2011, un résultat imputable à la sécession du Sud du pays,
amputé ainsi d’environ 20 % de sa population et de 75 % de ses recettes pétrolières.
L’inflation moyenne a bondi à 20 % en 2011, contre 15 % en 2010, sur fond de hausse des prix des denrées
alimentaires et de dépréciation de la livre soudanaise (SDG). Le déficit du compte courant sest contrac à
7.5 % du PIB en 2010, mais devrait de nouveau se creuser à 10.5 % du PIB en 2011. De 5.0 % en 2011, le
déficit budgétaire devrait salourdir à 5.4 % du PIB en 2012, plombé par la perte des recettes pétrolières, la
recrudescence des conflits armés et les menaces croissantes sur la sécurité du pays. La création de nouveaux
États et le financement des accords de paix vont en outre peser un peu plus sur le budget. Conséquence des
sanctions américaines et du lourd endettement du Soudan, les options d’emprunt extérieur sont sérieusement
étriquées alors que l’emprunt intérieur devrait s’amplifier.
Le gouvernement a mis en place un programme économique d’urgence de trois ans qui prévoit l’introduction de
mesures d’austérité avec, en ligne de mire, la réduction des dépenses. Dans ce cadre, le gouvernement a
supprimé une partie de ses subventions sur le sucre et les produits pétroliers, une mesure saluée par le Fonds
monétaire international (FMI). Le Soudan prône dans sa politique budgétaire un retour à la prudence à tous les
niveaux du gouvernement par la maîtrise des dépenses à moyen terme, en utilisant le déficit non pétrolier
comme indicateur budgétaire de référence. Il entend également renforcer l’aectation responsable des fonds
publics et multiplier les moyens pour optimiser l’allocation des ressources, y compris dans les États tenus de
dispenser des services de première ligne.
La sécession du Sud a épuisé les réserves de change. Le gouverneur de la Banque du Soudan (Bank of Sudan
BoS) a par conséquent appelé les pays arabes à déposer des fonds auprès de la banque centrale et des banques
commerciales. Le Soudan mise également sur les taxes de transit dont doit s’acquitter le Sud en contrepartie de
l’utilisation de ses oléoducs pour atténuer les conséquences de la sécession, mais les négociations sur le montant
de ces taxes ainsi que sur d’autres questions litigieuses sont au point mort depuis janvier 2012.
Avec une croissance du PIB estimée à 2 % en 2012, les perspectives économiques à moyen terme ne sont guère
prometteuses. Le pays doit en effet se relever après la sécession du Sud-Soudan qui l’a contraint à réajuster son
budget, alors que les conits armés s’intensifient dans la région du Darfour et dans les États du Kordofan
méridional et du Nil bleu. Il est en outre pénalisé par l’étroitesse de sa structure de production et par des
politiques macroéconomiques contreproductives, à l’image d’un taux de change réel plus que surévalué.
En 2009, le taux d’activi et le taux de chômage chez les jeunes étaient respectivement de 32.9 et 22 %,
contre 43.0 et 11 % chez les adultes. Le fort taux de croissance démographique du Soudan sest traduit par une
population relativement jeune et par une forte proportion de jeunes en âge de travailler en temps de pénurie
d’emplois. Malheureusement, aucune stratégie nationale cohérente en matière de croissance et d’emploi ne
permet de coordonner efficacement les programmes en cours, pénalisés de surcroît par l’absence de mesures
visant à effacer les disparités entre zones rurales et urbaines et celles liées au genre.
[1] La Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique a enga des discussions avec le bureau du
Programme des Nations Unies pour le développement à Khartoum et l’antenne nationale de la Banque africaine
de développement au Soudan pour aider le Bureau central des statistiques à préparer des données
macroéconomiques historiques distinctes pour le Soudan. Ces travaux sont toujours en cours.
Perspectives économiques en Afrique 2012
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http://dx.doi.org/10.1787/888932624276
http://dx.doi.org/10.1787/888932605694
Figure 1 : Taux de croissance du PIB réel (Orientale)
2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions.
Tableau 1 : Indicateurs macro-économiques
2010 2011 2012 2013
Taux de croissance du PIB réel 5 2.8 2 2.8
Taux de croissance du PIB réel par habitant 2.5 0.4 -0.4 0.4
Inflation IPC 13 15.3 19.8 17
Balance budgétaire % PIB -3.1 -4.3 -3.4 -4.3
Balance courante % PIB -6.4 -7.5 -12.3 -8
2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions.
Taux de crois s ance du PIB el (%) Afrique de l'Es t - Taux de croissance du PIB réel (%) Afrique - Taux de croissance du PIB réel (%)
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
0%
2.5%
5%
7.5%
10%
12.5%
Croiss ance réelle du PIB (%)
Perspectives économiques en Afrique 2012
3 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA
http://dx.doi.org/10.1787/888932626252
Développements récents et perspectives
Tableau 2 : PIB par Secteur (en pourcentage du PIB)
2006 2011
Agriculture, foresterie, pêche et chasse 32.9 33.1
Agriculture, élevage, sylviculture et pêche - -
dont agriculture - -
Mines et extraction 9.6 10.1
dont pétrole - -
Industries manufacturières 7.4 8.6
Electricité, gaz et eau 2.2 1.8
Electricité, eau et assainissement - -
Construction 4.4 4.7
Vente en gros et de détail, hôtels et restaurants 15 15.6
dont hôtels et restaurants - -
Transports, entreposages et communications 13.9 12.5
Transport et stockage, information et communication - -
Finance, immobilier et services aux entreprises 6.7 6.6
Intermédiation financière, services immobiliers, services aux entreprises et autres services - -
Services des administrations publiques - -
Administration publique et défense, curi sociale, éducation, santé et travaux sociaux - -
Administration publique, éducation, santé - -
Administration publique, éducation, santé et autres services sociaux et personnels 5.6 5.3
Autres services communautaires, sociaux et personnels - -
Autres services 2.1 1.9
Produit intérieur brut aux prix de base / au coût des facteurs 100 100
Vente en gros et de détail, hôtels et restaurants - -
2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions.
La sécession du Sud-Soudan sest traduite par une perte de rentrées de devises de 80 % et par une baisse des
recettes budgétaires de 35.6 %. Le PIB réel n’a progressé que de 2.8 % en 2011, en repli par rapport aux 5 %
enregistrés en 2010. Ce ralentissement est imputable à la disparition d’une partie de la population et de
recettes pétrolières, alors que la croissance du PIB devrait encore reculer, à 2 %, en 2012.
La relance de l’agriculture est essentielle si le pays veut profiter d’une croissance économique généralisée et
réduire la pauvreté, notamment dans les régions rurales. Le poids de l’agriculture dans le PIB du Soudan a
progressé, de 31.2 % en 2010 à 34.1 % en 2011, et devrait encore samplifier pour atteindre 39.4 % en 2012.
La valeur ajoutée dans le secteur a augmenté de 9.3 % en 2011 et devrait encore grimper de 15 % en 2012.
L’agriculture est le principal bassin d’emploi du pays, puisque le secteur emploie directement 45 % des jeunes
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et 42 % des adultes.
Le secteur minier a lourdement ti du déclin de la production pétrolière après la sécession du Sud-Soudan. Le
gouvernement a redoublé d’efforts pour intensifier la production, de 117 900 barils par jour en moyenne à
180 000 d’ici la fin 2012, en augmentant les taux de récupération[1] dans les gisements existants et en
exploitant un nouveau champ pétrolifère (Al-Rawat). L’or sest imposé comme l’un des principaux produits
d’exportation, en ayant contrib aux recettes d’exportation pour 1.5 milliard de dollars (USD) en 2011, en
hausse par rapport aux 0.45 milliard USD enregistrés en 2010. Les recettes provenant des exportations d’or
devraient doubler en 2012. Les activités d’extraction informelle de l’or et leur impact sur l’environnement
suscitent toutefois une inquiétude croissante. Plus de 200 000 travailleurs pratiqueraient ce genre d’activité
dans des camps dépourvus d’installations, même rudimentaires.
Le secteur industriel, activité minière incluse, a pesé pour 20.3 % du PIB en 2011, une part qui devrait reculer à
15.9 % en 2012, sur fond de baisse de la production pétrolière et des activités de traitement qui sy rapportent.
La valeur ajoutée manufacturière a progressé de 10.8 % en 2011 grâce au regain des activités de traitement du
sucre et du ciment. Le gouvernement poursuit ses mesures d’incitation fiscale et autres pour attirer les
investissements intérieurs et étrangers dans le secteur manufacturier, en phase avec la stratégie de
diversification engagée. Les exportations de produits manufacturiers devraient atteindre 10 % du total des
exportations d’ici 2013. Ayant bénéficde 130 millions USD d’investissements en provenance des États arabes
du Golfe en 2011, l’usine de ciment Barbar devrait en produire 1.7 million de tonnes par an.
Le secteur de la construction continue de se développer, tiré par le développement des infrastructures liées aux
services publics enga par le gouvernement dans le cadre des accords de paix du Soudan oriental et du
Darfour (Doha). En outre, les efforts des autorités pour poursuivre la reconstruction dans d’autres régions en
conflit, notamment dans les États du Nil bleu et du Kordofan méridional, devraient soutenir la croissance de ce
secteur.
La contribution du secteur des services dans le PIB a augmenté, de 42.8 % en 2010 à 44.6 % en 2011, une
progression qui s’explique en partie par la contraction de l’industrie et par l’essor des services financiers, qui se
poursuit. Pour autant, la part du commerce de gros et de détail et des télécommunications dans les services a
reculé à cause de la perte démographique et de la hausse des impôts sur les bénéfices des sociétés de
télécommunication.
La demande intérieure, qui englobe également la consommation et l’investissement publics et privés, s’est
contrace en 2011 sous l’effet de la sécession du Sud-Soudan qui a entraîné une perte de 75 % des revenus
pétroliers et de 20 % de la population. La consommation et l’investissement privés devraient continuer de se
replier en 2012-13 sous le coup des lourdes répercussions induites par les ajustements post-sécession et des
risques politiques engendrés par la persistance des conflits armés. De 7.5 % du PIB en 2011, le déficit du compte
courant devrait se creuser à 10.5 % en 2012. Afin de juguler la croissance des importations, le gouvernement a
introduit toute une série de mesures, au nombre desquelles l’interdiction d’importer des produits de luxe et
l’imposition d’une taxe comprise entre 50 et 100 % sur 18 produits de consommation importés.
Il est néanmoins à craindre que les ajustements budgétaires, axés sur la réduction des dépenses et
l’augmentation des impôts, ne nuisent gravement à la prestation de services en faveur des populations
défavorisées et aux perspectives de croissance à long terme. Les transferts fédéraux aux gouvernements d’État,
principal outil de financement des prestations de services dans le cadre de la décentralisation, n’ont représenté
que 3.3 % du PIB en 2011, moins que les 4.1 % inscrits au budget.
L’action de la politique économique a été aectée en 2011 par les problèmes qui ont suivi la sécession,
notamment par les différends concernant la zone pétrolifère d’Abyei et d’autres tracés frontaliers, par la perte
des recettes pétrolières et par les répercussions de ce manque à gagner sur le budget public, les réserves et le
taux de change. Face à ces défis, le gouvernement du Soudan a introduit des mesures d’austérité et
d’assainissement budgétaire, ainsi que des mesures de promotion des exportations non pétrolières. Il est
également toujours en pourparlers avec le gouvernement du Sud-Soudan sur le montant des frais de transport
du pétrole sud-soudanais qui transite par le Soudan.
Dans le cadre d’un plan quinquennal de 2011-16, le parlement a adopté un programme de stabilité économique
de trois ans (2011-14) après la sécession du Sud-Soudan. Ce programme vise à faciliter la diversification
économique du pays, en dehors de la production pétrolière, pour procurer de la croissance par l’agriculture et
les industries manufacturières, et prévoit des mesures de sécurité sociale en conséquence. À court terme, ce
programme sattachera à stabiliser l’économie, à promouvoir l’autosuffisance en produits de base, à renforcer le
rôle du secteur privé et à créer des emplois.
[1] Rapport entre la part de pétrole que l’on peut récupérer dans un gisement et la totalité du pétrole quil
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