il y a ceux qui suivent les exigences du code du travail formalisées par un contrat, ainsi
que les exigences du régime général. De l'autre, les pasteurs dépendent du régime
spécifique des associations cultuelles et ne relèvent pas du droit du travail. Il existe
donc une certaine singularité de la fonction pastorale. Sans horaires de travail stricts, il
est parfois délicat pour le pasteur, comme pour ses paroissiens, de savoir ce qui, dans
ses activités, rentre dans le cadre d'un métier ou non, ni même parfois de savoir ce qu'il
fait ou ne fait pas. Cette zone de flou, tout comme la diversité des attentes réciproques,
montre la difficulté de l'engagement pastoral. Jonathan Ward souligne :
"Quand certaines Églises demandent un pasteur, elles désirent une personne avec la
puissance d'un aigle, la douceur d'une colombe, la grâce d'un cygne, l'œil perçant d'un
faucon, la fidélité d'une hirondelle, l'endurance noctambule d'un hibou, l'activité d'un
pivert, l'allure d'un paon, la persistance d'un jars... et quand elles trouvent cet "oiseau
rare", elles veulent qu'il vive sur le menu d'un canari(1), www.lecnef.org
De telles attentes, dont certaines sont peu réalistes, ouvrent la voie à des tensions, des
incompréhensions et des conflits pouvant aller jusqu'à des ruptures de collaboration. Si
dans le monde du travail les situations d'épuisement professionnel (ou de burn-out),
comme celles de harcèle-ment moral sont de plus en plus fréquentes aujourd'hui, la vie
de nos Églises ne semble pas non plus épargnée par de telles problématiques.
Si de multiples raisons conduisent à la réalité des abandons dans le ministère, Étienne
Lhermenault, en évoquant l'usure dans le ministère, précise que :
"... les serviteurs de Dieu ont des limites et ne peuvent les ignorer sans mettre leur vie
en danger. Nous tendons à oublier ce principe simple, parce que nous vivons dans une
société de la performance qui exige le dépassement de soi et déteint sur les pasteurs
que nous sommes, ne serait-ce que parce que nos frères et sœurs vivent sous cette
pression et nous communiquent leur stress "(2).
Comment bien vivre le ministère pastoral ? Comment fonctionner dans le respect des
limites de chacun ? Comment bénéficier de la richesse du travail en équipe ? Comment
servir sans s'asservir ? Comment gérer les attentes et les non-dits dans le cadre du
travail pastoral ? Sans prétendre pouvoir répondre en détail à ces questions de fond, il
nous semble utile de considérer la réalité de la pression des attentes, quelques défis
propres au ministère pastoral, ainsi que des considérations spécifiques sur la gestion
du stress.
1- LA PRESSION DES ATTENTES IMPLICITES
La question des attentes n'est jamais simple à aborder. Un des grands défis dans les
contacts entre le pasteur et l'Église au début d'une collaboration est de bien clarifier les
attentes réciproques. Avec la joie de pouvoir envisager une future collaboration, on ne
pense pas à prendre le temps de parler en détail des attentes réciproques, car les