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Le monde est en plein tumulte en raison de
la pandémie de COVID-19, qui a fait
desmillions de morts et frappé de plein fouet
des pays et des familles dans le monde
entier. La pandémie a provoqué une crise
économique mondiale. Le PIB de l’Afrique
s’est contracté de 2,1% en 2020 —la pre-
mière récession du continent en un demi-
siècle. On estime qu’à défaut d’un soutien
approprié, environ 39 millions d’Africains
pourraient tomber dans l’extrême pauvreté
en 2021, avec des effets disproportionnés
pour les femmes.
En réaction à la crise, la Banque afri-
caine de développement a rapidement mis
en place une facilité de réponse pour aider
ses pays membres régionaux à atténuer les
effets sanitaires et économiques de la crise.
La Banque a en outre lancé un emprunt obli-
gataire social, « Combattre la COVID-19 »,
pour un montant de 3 milliards d’USD sur les
marchés financiers mondiaux, le plus gros
emprunt social libellé en dollars américains
jamais émis. Il est désormais coté à la Bourse
de Londres, à la Bourse de Luxembourg et
au Nasdaq.
Le continent devrait connaître une crois-
sance économique de 3,4 % en 2021.
Cependant, le choc de la pandémie et la
crise économique qu’il a provoquée ont eu
des implications directes sur les soldes bud-
gétaires et le fardeau de la dette des pays ; et
le ratio moyen dette/PIB de l’Afrique devrait
augmenter de 10 à 15 points de pourcen-
tage à court et moyen terme. Par consé-
quent, l’Afrique pourrait se voir confrontée à
de graves problèmes de dette, et les défauts
de paiement et les résolutions prolongées
pourraient entraver les progrès de l’Afrique
vers la prospérité.
Avec le thème des Perspectives écono-
miques en Afrique 2021 — « De la résolu-
tion de la dette à la croissance : une feuille
de route pour l’Afrique » —, la Banque a fait
un choix stratégique et tourné vers l’avenir
d’évoquer un sujet qui pourrait devenir une
préoccupation politique clé à court terme.
Comme le souligne le rapport, les récentes
restructurations de la dette en Afrique se sont
avérées longues et coûteuses, en raison des
asymétries d’information, des problèmes de
coordination des créanciers et de l’utilisa-
tion d’instruments de dette plus complexes.
Le rapport analyse les défis qui se posent
actuellement concernant l’architecture inter-
nationale de résolution de la dette. Il évoque
les réformes juridiques, l’innovation finan-
cière, le renforcement de la coordination
mondiale et l’élargissement des outils à dis-
position des institutions financières interna-
tionales, comme moyens possibles de corri-
ger cette architecture.
Pour éviter de « perdre encore une décen-
nie » et pour bâtir des économies résilientes,
nous devons relever les défis de la dette et du
financement du développement de l’Afrique,
en partenariat avec la communauté interna-
tionale. Des efforts de partenariats mondiaux
sont actuellement mis en œuvre par le G20
pour soutenir l’allégement temporaire de la
dette des pays en développement, par le
biais de l’Initiative de suspension du service
de la dette. Cependant, celle-ci ne fait que
différer les remboursements de la dette, et
l’initiative ne couvre qu’une petite partie de
la dette bilatérale totale de l’Afrique. L’Afrique
AVANT-PROPOS